Vous êtes sur la page 1sur 43

Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers - Casablanca

Pr. KHATIB Hamza Année universitaire : 2021/2022

Objectifs du cours - Motivation

1
4

Définition d'une pièce mécanique


La réalisation d'une pièce mécanique nécessite la définition de trois paramètres :
-Géométrie de la pièce (BE);
-Matériau formant la pièce (BE);
-Le procédé utilisé pour donner au matériau la géométrie finale recherchée (BM).

La définition de la géométrie, du matériau et des procédés d'obtention sont des missions du BE et BM. Devant chaque projet
de conception et de réalisation, plusieurs solutions se présentent pour chaque paramètre. L'ensemble des solutions
admissibles doivent vérifier plusieurs critères (Cahier de charge, Optimisation (Géométrique, Poids, délais de fabrication,
coût)….).

Matériau Procédés mécaniques Géométrie

❖ Contraintes de choix : • Contraintes de choix :


-La résistance de la pièce; • Contraintes de choix :
-La précision de la pièce; -La résistance de la pièce;
-La simplicité de fabrication; -Le temps de réalisation;
-La dégradation de la pièce par l'usure; -L'encombrement;
-Le coût de la pièce…. -Le Poids….
-L'interaction de la pièce avec son
environnement (Oxydation…);
- Température de fonctionnement…

Le présent cours traite deux points essentiels du triangle (Géométrie, Matériau, Procédé). Il sera
organisé en trois parties:

Partie 1 : Elle sera consacrée à comprendre la structure de


la matière et l'influence de cette structure sur les Géométrie
propriétés mécaniques (rigidité, ductilité, dureté,
fragilité…). La maitrise de ces propriétés est fondamentale
pour comprendre et mener un processus de choix d'un Pièce
matériau dédié à une application précise (outil de coupe,
métaux de construction….).
Matériau Procédé

Une analyse à l'échelle atomique permettra de comprendre les origines de ces propriétés et les facteurs
influençant ces propriétés. On va pouvoir également comprendre pourquoi certains matériaux (aciers,
fontes, aluminiums….) présentent des propriétés particulières et pourquoi ils sont réservés à des
applications précises.

2
6

Partie 2 : Elle sera consacrée aux matériaux métalliques ferreux. D'autres matériaux plus complexes (Composites)
seront traités durant les années prochaines.
Cette partie permettre de comprendre la composition des aciers et les méthodes d'élaboration ainsi que les applications
pratiques de ces matériaux.

Partie 3 : Elle sera consacrée aux procédés mécaniques de réalisation des pièces. Particulièrement les techniques et
les paramètres opératoires de chaque procédé.

Chapitre 1 : Cohésion et structure de la matière

3
8

Plan

Partie 1 : Cohésion de la matière


1- Introduction
2- Electronégativité
3- Dipôle électrostatique et moment dipolaire
4- Energie de la liaison atomique
5-Les liaisons fortes
6-Les Liaisons faibles
7-Forces d'une une liaison interatomique

1- Introduction

4
1- Introduction 10

Quel est le matériau parfait recherché par un ingénieur ?

- Haute résistance mécanique.


- Poids léger (faible masse volumique).
- Haute température de fusion (capable de fonctionner dans un réacteur d'avion…).
- Résiste à la corrosion.
- Simple à mettre en forme et à usiner (Dilemme ???) ….
Avec un coût minimum.

Application : Réalisation des structures minces dures et rigides :


Exemples : Ailes d'avions

Plastique Aluminium Acier Matériau aux fibres


de Carbonne
Masse volumique Faible Moyenne Importante Faible

Résistance Faible Moyenne Importante Importante

Coût Faible Moyen Moyen Important

1- Introduction 11

L’endommagement par rupture d’une pièce mécanique résulte de L’apparition d’une séparation de la matière et la création
de deux nouvelles surfaces dissociées. La dissociation des deux surfaces montre une dissociation entre les éléments
microscopiques formant la pièce. Comprendre les mécanismes de rupture macroscopique nécessite la compréhension des
mécanismes de cohésion à l’échelle atomique. Plus la liaison entre les éléments microscopiques est forte plus la résistance
mécanique du matériau est importante.

5
1- Introduction 12

Similairement à un ressort, une liaison interatomique est déformable et peut stocker une énergie potentielle. Pour
rompre une liaison atomique, il est nécessaire d’apporter un travail mécanique ou une chaleur (énergie thermique)
suffisante. Si une liaison atomique est forte, le travail mécanique (Force x déplacement) nécessaire à rompre la liaison est
important. De point de vue thermique, La température de fusion (Energie cinétique nécessaire pour rompre les liaisons
atomiques) nécessaire pour rompre la liaison dans un cristal est importante.

1- Introduction 13

6
14

2- Electronégativité

2- Electronégativité 15

L’électronégativité est une propriété propre à chaque élément chimique de la table de Mendeleïev. Elle caractérise le
potentiel et la capacité de l’atome à attirer des électrons lors de la formation d’une liaison chimique (Linus Pauling : « La
nature de la liaison chimique»).

La différence de l’électronégativité entre deux atomes liés dans une molécule détermine la nature de la liaison atomique.
La notion de l’électronégativité permet de comprendre également les mécanismes réactionnels et la densité de répartition
électronique dans une liaison.

Pauling a mis en place une échelle caractérisant l'électronégativité de chaque particule. Elle permet de comparer et
calculer l’écart de cette électronégativité dans une liaison entre deux atomes.

Sur la table périodique des éléments chimiques, L’électronégativité a une tendance croissante de gauche à droite (les
éléments présentant un électron manquant ont une tendance attractive des électrons de l’autre atome de la liaison).

7
2- Electronégativité 16

Ainsi le fluor situé à droite en haut du tableau constitue l’élément le plus électronégative avec une valeur proche de 4. Il
présente un pouvoir oxydant très élevé (arrachement des électrons pour la formation d’une liaison avec un atome).
L’oxygène présente également un pouvoir électronégatif important (3,5) ce qui implique un pouvoir oxydant significatif.

2- Electronégativité 17

Electronégativité des liaisons

Exemple (H-Cl) :
L’électronégativité du chlore est de (3,16) et celle de l’hydrogène est de (2,2). L’atome le plus électronégatif
(Cl) aspire les électrons de la liaison vers son environnement proche, au détriment de l’autre atome. Les deux
électrons de la liaison sont le plus souvent autour du chlore que de l’hydrogène. La figure suivante indique la
répartition des électrons de liaison.

Ainsi, l’atome de chlore présente une charge électrique négative partielle et l’hydrogène une charge positive
partielle, d’où la présence d'un dipôle.

8
2- Electronégativité 18

Exemple (Liaison covalent apolaire) :

La liaison carbone-carbone est réalisée entre deux atomes identiques de même électronégativité. La
distribution des électrons de liaison est identique entre les deux atomes et la différence de l’électronégativité
est nulle. On dit que la liaison est covalente apolaire.

Pour considérer que la liaison est polarisée, il faut que la différence de l’électronégativité soit
suffisante (généralement >0,5).

2- Electronégativité 19

Exemple (Liaison Ionique) :

Si la différence de l’électronégativité est importante (dépasse généralement un seuil de 1,7). L’attraction des
électrons devient plus intense, dans ce cas, la liaison est dite ionique.

Pour que la liaison soit ionique, il faut que la différence de l'électronégativité soit élevée. Cette condition est
obtenue généralement si la liaison est établie entres atome de la partie gauche et atome de la partie droite
de la table périodique.

9
20

3- Dipôle électrostatique et moment dipolaire

3- Dipôle électrostatique et moment dipolaire 21

Un dipôle électrostatique se définit par une répartition de charges électriques de somme nulle tel que le
barycentre des charges positives ne coïncide pas avec celui des charges négatives.

Quand un objet possède une charge électrique totale nulle, on associe à cet objet un vecteur nommé moment
dipolaire (P) qui représente la réparation des charges de cet objet. Si les barycentres des charges positives et
négatives sont situés sur le même point, le moment dipolaire est nul on dit que l’objet est apolaire (Exemple
atome de CO2), si non l’objet et dit dipolaire. Sous l’effet d’un champ électrique externe, une molécule
apolaire peut devenir polarisée (il est polarisable).

  0.
 = 0.   0.

10
3- Dipôle électrostatique et moment dipolaire 22

En présence d’une réparation de (qi) charges. Le moment dipolaire est défini par l’expression :

PO =  OM i .qi
i

En présence de deux charges opposées (+q) au point (P) et (-q) au point (N). Le moment dipolaire sera :

P = OP.q − ON .q = NP .q

L'unité du moment dipolaire est le Debye.


1 Debye = 3,333 10-30 C.m

3- Dipôle électrostatique et moment dipolaire 23

11
24

4- Energie de la liaison atomique

4- Energie de la liaison atomique 25

Il nous sera utile de classifier les liaisons atomiques en des liaisons fortes et des liaisons faibles. L'énergie
d'une liaison est l’énergie nécessaire pour rompre cette liaison. Cette énergie sera un indicateur de la force de
cohésion.

Exemple: L’énergie de dissociation de l'hydrogène (H2) est 436 Kj/mol.


Ainsi, pour dissocier une molécule H2 en deux atomes H, il faut fournir 4,52 eV.

Energie de liaison = 436.103/(6,022.1023 x 1,60. 10-19)


( Nav= 6,022.1023 1ev= 1,602 .10-19 J)

La température et la pression sont des paramètres qui peuvent influencer la quantité d'énergie nécessaire à la
dissociation. En général, les valeurs mesurées sont à pression constante, on obtient ainsi les enthalpies de
liaison au lieu des énergies.

12
26

5-Les liaisons fortes

5-Les liaisons fortes 27

Pour briser les liaisons fortes, il faut fournir des énergies de dissociation de l’ordre de 200 à 500 kJ par
mole de liaison diatomique soit environ 2 à 5 eV par liaison.

13
5-Les liaisons fortes 28

La liaison covalente

Elle se forme entre atomes d’électronégativités voisines, On dit que la


liaison est covalente apolaire. Cette liaison est réalisée par une paire
d’électrons ce qui stabilise les atomes liées (on a alors affaire à une liaison
simple, notée σ) ou plusieurs paires (liaisons multiples : une liaison σ et
une ou deux liaisons π).

Les liaisons covalentes sont des liaisons fortes. Le gain en énergie est généralement supérieur à 5 eV.

5-Les liaisons fortes 29

Exemple 1 (Cl) : L'atome du chlore possède 7 électrons sur la couche externe. La mise en commun d'un
électron de chaque atome donne lieu à une liaison covalente.

Exemple 2 (Ge): Le germanium possède 4 électrons sur la couche périphérique, chaque atome se combine
avec 4 atomes. Chacune de ces quatre atomes partage un électron avec l'atome centrale afin de compléter 8
électrons sur la couche supérieure.

14
5-Les liaisons fortes 30

La liaison ionique

Elle se forme entre atomes d’électronégativités très différentes à partir des colonnes opposées de la classification
périodique, comme les halogénures alcalins (NaCl) ou alcalino-terreux (CaCl2).

5-Les liaisons fortes 31

Liaison métallique

La liaison métallique résulte de l’action électrique du fluide d’électron délocalisé sur les atomes ionisés
positivement qui se trouvent immobilisés. La liaison s’établit entre des atomes possédant peu d’électrons sur
leur couche externe, elle ne peut se former que s’il y a un nombre suffisamment grand de tels atomes
nécessaires à produire un nuage électronique consistant.

Un métal est décrit comme un assemblage


(régulier, si c’est un solide) d’ions positifs
baignant dans un nuage (ou une mer)
électronique et dont les électrons sont
facilement mobiles, d’où la conductibilité
électrique des métaux.

15
5-Les liaisons fortes 32

33

6- Les Liaisons faibles

16
5-Les liaisons faibles 34

La liaison hydrogène (Intermoléculaire)

C’est une liaison intermoléculaire (Entre deux molécules). Elle se produit entre un atome d’hydrogène déjà lié à un atome
très électronégatif dans une même molécule, et un autre atome très électronégatif qui est, lui aussi, déjà engagé dans une
deuxième molécule.

L’intensité de cette liaison (appelée également pont H) est plus importante que les liaisons dipôles-dipôles, elle assure la
liaison entre des molécules fortement polarisées (Forte électronégativité d’un atome qui se combine avec l’hydrogène).

La réalisation d’une liaison hydrogène nécessite deux conditions sur les deux molécules :
1- Une molécule donneuse du pont (H): C’est la molécule qui présente l’atome d’hydrogène, cette atome est liée à un atome
très électronégative (F, O, N, Cl). Cette molécule présente une liaison polaire dont le pole positif est situé sur l’hydrogène.
2- Une Molécule réceptrice du pont (H) : Cette molécule doit présenter un atome très électronégatif (F, O, N, Cl).

5-Les liaisons faibles 35

A: Les atomes d’hydrogènes sont liés à un atome de carbone qui n’a pas une électronégativité importante.
B: Un atome d’hydrogène dans une molécule est liée à l’oxygène (Electronégatif). D’autre par l’autre molécule présente un atome d’oxygène
(Electronégatif).
C : Dans ce cas, les atomes d’hydrogènes sont liés au carbone (non pas au fluor). Donc la liaison n’est pas polarisée.

17
5-Les liaisons faibles 36

Les liaisons et interactions de van der Waals :

Elles sont en général très faibles (exemples : He, Ne…) et de nature électrostatiques. Elles sont responsables
de la condensation en liquide ou en solide à basse température, lorsqu’il n’y a pas d’autres liaisons plus
fortes à l’œuvre.

Les liaisons de van der Waals proviennent de l’attraction entre dipôles électriques permanents (Molécules
polaires) ou induits dans les atomes ou molécules.

L’appellation «liaison de van der Waals» recouvre trois types de liaisons. Pour Arriver à l’équation des gaz
qui porte son nom, van der Waals avait introduit une attraction électrostatique faible qui existe entre deux
dipôles. L’attraction supposée décroître avec la distance R entre molécules.

5-Les liaisons faibles 37

Ces liaisons sont de faible intensité. Elles assurent la cohésion des


macromolécules présentent dans les polymères thermoplastiques.

18
5-Les liaisons faibles 38

Moment dipolaire instantané ou moment dipolaire induit.

Soit une molécule ou un atome. En présence d’un champ électrique E créé par une charge ou un dipôle
externe, le nuage électronique de cette molécule se déforme sous l’effet de ce champ. La densité électronique
est modifiée, et il apparaît un moment dipolaire, dit moment dipolaire instantané ou moment dipolaire
induit.

Le moment dipolaire instantané est proportionnel au champ électrique perçu :

α est appelée polarisabilité de la molécule. Elle traduit la capacité du nuage électronique à se déformer sous
l’effet d’un champ électrique. La polarisabilité est d’autant plus grande que la molécule – ou l’atome – est
volumineuse.

5-Les liaisons faibles 39

Interaction dipôle permanent - dipôle permanent ou effet d’orientation de Keesom

Ce type d’interaction se développe entre deux molécules polaires.

19
5-Les liaisons faibles 40

Interaction dipôle permanent - dipôle instantané ou effet d’induction de Debye.

Les interactions de Debye se manifestent entre une molécule polaire et une molécule quelconque (Polaire ou
apolaire).
En présence d’une molécule polaire, un champ électrique (E) sera créé à son voisinage. Ce champ sera capable
de déformer le nuage électronique d’une molécule voisine. On raison du décalage des centres des charges, la
molécule initialement apolaire, sera polarisée en créant un dipôle induit. Le dipôle permanant et le dipôle
induit vont alors s’attirer.

5-Les liaisons faibles 41

20
5-Les liaisons faibles 42

Interaction dipôle instantané - dipôle instantané ou dispersion de London

Une molécule initialement apolaire, peut présenter à un instant (t) un faible décalage entre le centre de la charge
positif et négatif ce qui produit un moment dipolaire. Ce moment influence la distribution du nuage électronique
des molécules proches induisant de nouveaux moments dipolaires ce qui produit une interaction attractive.

5-Les liaisons faibles 43

Bilan énergétique :
La somme des trois effets présentés conduit à une énergie potentielle attractive :
l’énergie de Van der Waals.

21
5-Les liaisons faibles 44

Energies de liaison pour quelques substances :

45

7-Forces d'une une liaison interatomique

22
7-Forces d'une une liaison interatomique 46

Exemple : Liaison ionique

Considérant un dipôle A+ et B- (cation et anion). La force


d'attraction colombienne entre les deux ions s'ecrit :

Ce champ de force dérive de l'énergie potentiel électrostatique (Ep) qui


s'exprime par :

En raison de la taille non nulle des ions, la distance (R)


ne peut pas être inférieure à une valeur limite (Somme
des deux rayons).

7-Forces d'une une liaison interatomique 47

A courte distance, les ions ne peuvent s’interpénétrer. Si on


considère que les sphères sont infiniment rigides. La force
d'attraction stabilise les deux particules à une distance R = R0.

Si chaque ion se comporte comme une sphère rigide impénétrable. L’énergie


potentielle de répulsion est :

Dans ce cas, l'énergie qu'un ion doit avoir pour


s'approcher d'une distance inférieure à (R) est infinie.

23
7-Forces d'une une liaison interatomique 48

L’énergie potentielle du dipôle prend alors la forme :

7-Forces d'une une liaison interatomique 49

Le modèle de la répulsion en R−n

Ainsi, la distance entre les deux centres peut être inférieure à R0 (Déformation
des particules). Cette énergie devient très élevée pour des valeurs de "n" élevées.

L'énergie potentielle du dipôle s'exprime par :

La représentation des deux courbes donne l'évolution de l'énergie


potentielle du dipôle. Elle présente un point extrémum d'équilibre
stable À R0.

La comparaison avec les résultats expérimentaux permet


d’estimer la valeur de n qui est de l'ordre de 9 pour ce type de
liaison.

24
7-Forces d'une une liaison interatomique 50

Modèle électrostatique des interactions

(n=8 à 12) et m dépend du type de


liaison (de 1 à 8 selon le type de
liaison).

7-Forces d'une une liaison interatomique 51

Uo: Energie de cohésion atomique.


ao : Distance inter-atomique au zéro absolu.
Ua : Potentiel d’attraction.
Ur : Potentiel de répulsion.

Pic pointu, profondeur Uo élevée : Liaisons covalentes, ioniques, métalliques.

Pic évasé, profondeur Uo faible : Forces de liaison faibles.

25
7-Forces d'une une liaison interatomique 52

Comparaison des propriétés des liaisons

53

Partie 2 : Structure des matériaux

1- Classes des matériaux en ingénierie


2- Ordre et désordre dans les matériaux
3- Structure des matériaux cristallin

26
54

1- Classification des matériaux en ingénierie

1-Classification des matériaux en ingénierie 55

En ingénierie, les matériaux sont classés en quartes catégories.

A ces trois classes s’ajoute la classe des composites qui permet de combiner plusieurs points forts
rencontrés au niveau des trois catégories précédentes.

27
1-Classification des matériaux en ingénierie 56

1-Classification des matériaux en ingénierie 57

Matériaux céramiques

Les matériaux céramiques (Oxydes, nitrures, carbures…) sont formés à partir des liaisons covalentes ou
ioniques. L'intensité de ces liaisons est très forte ce qui explique la dureté de ces matériaux et leur
température de fusion très élevée.

La famille des matériaux céramiques se divise en deux catégories :


1- Les céramiques traditionnels;
2-Les céramiques techniques ou industriels.

28
1-Classification des matériaux en ingénierie 58

Les Céramiques traditionnelles

Composition :

Argile : L'argile utilisé est dit Kaolin (Al2O3, 2SiO2). C'est un produit
naturel obtenu grâce aux facteurs naturels d'érosion ce qui lui donne une
granulométrie très fine. Le mélange de l'argile et l'eau donne lieu à une
pate plastique qui présente une très forte rétraction après séchage.

Sable: Composé principalement de la silice (SiO2). Il améliore la rigidité et


permet de réduire le retrait de la partie argileuse (La silice se caractérise par
un retrait métallique quasi nul).

Feldspath : Il peut être potassique (Orthose : K2O, Al2O, 6SiO2) ou sodique (Albite: Na2O,Al2O3, 6SiO2). Il
donne lieu à la phase vitreuse qui se forme après sa fusion à une température relativement faible. Cette
phase permet de cémenter les grains et réduire la porosité (elle joue le rôle de fondant).

1-Classification des matériaux en ingénierie 59

Objets à bases des céramiques traditionnelles :

29
1-Classification des matériaux en ingénierie 60

Quelques types de céramiques traditionnels et leurs applications

Type Caractéristiques Utilisation


Terre cuite Porosité 15 à 20% Briques, poterie,
T° Cuisson : 950-1050 °C conduite de fumées
Faïences Porosité : 10 à 15% Equipement sanitaire
T° Cuisson : 950 – 1020 °C Vaisselles
Porcelaines Porosité 0 à 2% Vaisselles- isolant
T° Cuisson : 1100 à 1400 °C électriques

1-Classification des matériaux en ingénierie 61

Céramiques industrielles – Céramiques techniques

Ils sont généralement à base des :


- Oxydes (SiO2, Al2O3, MgO….)
- Carbures (SiC, TiC…)
- Nitrures (TiN, TaN…)
- Borures

Ils sont utilisés en industrie en raison de leurs caractéristiques particulières par rapport aux métaux
ordinaires:
-Résistance à la corrosion, au frottement et à l'usure.
-Faible coefficient de frottement.
-Faible densité.
-Haute température de fusion.
-Dureté élevée.

Exemples
-Oxyde d'aluminium (Al2O3): Dureté élevée (1800 HV), bonne résistance à l'usure et à la haute température (Isolant à haute température, isolant
en haute tension).
-Carbure de tungstène (WC) : Dureté élevée (3600 HV) et bon rapport qualité prix (Outils de coupe, outils de forage)
-Carbure de Bore (B4C): Dureté très élevée (4000HV), il est utilisé pour la protection en cas de chocs (blindage).

30
1-Classification des matériaux en ingénierie 62

Notion des matériaux réfractaires

Réfractaire est une nomination qui est donnée aux matériaux qui présentent une forte résistance à un
facteur physique, ou chimiques (Insensibilité à la température, insensibilité aux substances corrosives).
Cette dénomination est généralement réservée aux matériaux qui présentent une haute température de
fusion.

Les réfractaires sont indispensables pour l'industrie de la fonderie et la sidérurgie. Ils sont principalement
utilisés pour former des enceintes chauffées à haute température pour assurer la fusion des métaux ou des
traitements thermiques (Four de fusion– four de traitement thermique).

Ils se caractérisent par :


- Une rigidité à chaud;
- Un pouvoir isolant important;
- Une Résistance aux chocs thermiques….

1-Classification des matériaux en ingénierie 63

Les polymères (Matériaux plastiques)

Ils sont formés par la répétition d'un motif atomique élémentaire appelé motif constitutif, la répétition de ce
motif donne lieu à une molécule de taille importante (Macromolécule). Un polymère est obtenu par une
réaction de polymérisation qui résulte de la mise en liaison des monomères afin de former un polymère. Un
grand nombre de polymères est constitué par une alternance des groupements de méthylène (—CH2— ;
=CH2…).

Polychlorure de
vinyle (PVC)

La faible intensité des liaisons intermoléculaires de Van der Waals qui contribuent à la formation des polymères
thermoplastiques, explique la résistance mécanique et thermique faible de ces matériaux par rapport aux céramiques et
aux métaux.

31
1-Classification des matériaux en ingénierie 64

Exemple 1 : PE (Polyéthylène)

La densité dépend du nombre et la


taille des ramifications

HDPE (High density Polyehtylene) : Présente un manque


d’élasticité, il se froisse facilement sous la main avec un broui
craquant. Il est utilisé pour des produits plastique rigides
(flacons et bouteille par exemple)

LDPE (Low density Polyehtylene) : Présente un


comportement plus élastique et ductile, il se froisse sans
bruit, se perce facilement avec le doigt. Il est utilisé dans les
sacs en plastique et les récipients souples.

Remarque : Le chiffre (2) est utilisé pour désigné le (HDPE) le (4) pour le (LDPE)

1-Classification des matériaux en ingénierie 65

Classification selon le comportement sous l’effet de la température

Les polymères thermoplastiques (Thermoplastics)

Ils sont constitués des macromolécules obtenues par la mise en liaison des motifs élémentaires par une
réaction de polymérisation. Les liaisons faibles sont rompues par l'effet de la température, et elles se
construisent à basse température. La réversibilité de formation des liaisons donne la possibilité de recycler
ces plastiques.

Les polymères thermodurcissables (Thermosets)


Ils sont obtenus à partir d'une réaction de polymérisation irréversible qui donne lieu à un solide rigide qui
ne fond pas à haute température mais se décompose. Ils sont obtenus à partir d'un mélange de résine
(réagissant) et d'un catalyseur activant la polymérisation.

Les polymères thermodurcissables sont utilisés pour la réalisation des pièces minces par moulage
(Réservoirs, Coques ….). Dans ce cas, la résine est mélangée à des éléments de renforcement (fibre de verre
par exemple). La polymérisation est amorcée par l'ajout du catalyseur provoquant la solidification du
mélange.

32
1-Classification des matériaux en ingénierie 66

Les matériaux métalliques

L'intensité moyenne de la liaison métallique donne aux métaux une résistance mécanique moyenne et
une température de fusion intermédiaire.

Composition:
Dans un matériau cristallin, les atomes occupent des positions géométriques ordonnées, on dit qu'on a
un ordre à grand distance.
En général, un matériau cristallin se compose d'une multitude de petits volumes polyédriques appelés
grains ou cristaux. La taille des grains varie entre quelques microns à quelques centaines de microns. Le
volume du grain est limité par des joints de grain.

67

2- Ordre et désordre dans les matériaux

33
2- Ordre et désordre dans les matériaux 68

structure cristalline

Une structure cristalline est une structure atomique où les atomes sont positionnés suivant une succession
déterminée qui se reproduit périodiquement dans les trois dimensions de l'espace.
Les cristaux sont des solides qui sont constitués par des édifices réguliers d’atomes, d’ions ou de
molécules, liés entre eux par les différents types de liaisons chimiques.

2- Ordre et désordre dans les matériaux 69

structure amorphes

Les corps amorphes diffèrent largement des corps cristallins. Ils sont caractérisés par la disposition
chaotique de leurs atomes ce qui donne une structure interne désordonnée (similaire à un liquide).
L'organisation des atomes d'un corps amorphe n'a pas de forme géométrique qui le caractérise, il est
assimilé à un liquide figé.

Deux configurations différentes de SiO4 illustrent les situations d'ordre et de désordre qui peuvent exister dans un solide.
Les atomes de silicium au centre (en gris) sont entourés des atomes d'oxygène (en rouge).
[a]: Le cristal de quartz résulte d'une organisation périodique des tétraèdres (piézoélectricité).
[b]: Les liaisons chimiques entre les molécules sont désordonnées (Cas du verre).

34
2- Ordre et désordre dans les matériaux 70

Comportement isotrope et anisotrope

Un matériau est dit isotrope si ses propriétés sont identiques suivants toutes les directions.
Ainsi sa réponse mécanique à un effort (déformation par exemple) ne doit pas dépondre de l'orientation du
solide par rapport à la force appliquée.

Si le matériau présente une direction privilégiée (direction où son comportement présente une
différence), le matériau est dit anisotrope.

2- Ordre et désordre dans les matériaux 71

Solide Monocristallin

C'est un solide composé d'un seul cristal. Ainsi la répartition des


positions des atomes conserve la même périodicité sur tout le solide.
On dit que le matériau est composé d'un seul grain.

Solide poly cristallin

C'est un solide composé de plusieurs cristaux ou grains. A l'intérieure de chaque grain, la périodicité de
répartition des atomes est respectée. Par contre, l'orientation du réseau cristallin constituant chaque cristal
est différente des autres cristaux. Dans le cas général des alliages de fer, la taille du grain varie entre
quelques microns à quelques centaines de microns. La surface délimitant chaque grain est appelée joint de
grain.

35
72

3- Structure des matériaux cristallins

3- Structure des matériaux cristallins 73

Bases et mailles élémentaires

Dans un cristal, la répartition des atomes suivant chaque direction de l'espace est effectuée selon une
périodicité précise. L’espace ayant 3 dimensions, on peut choisir une base de trois vecteurs (a, b, c) donnant
les périodes de translation minimale dans trois directions non coplanaires. Tout autre vecteur de translation
élémentaire suivant une direction peut se décomposer sur la base (a,b,c).

Définition : Le parallélépipède construit sur les trois vecteurs de base est appelé la maille
élémentaire du cristal

36
3- Structure des matériaux cristallins 74

On trouve 7 systèmes cristallins selon les valeurs des côtes et des angles.

3- Structure des matériaux cristallins 75

Plans et directions cristallographiques

On identifie une direction dans le système de repérage déjà


créé par un triplé de trois indices [uvw]. Considérant une
droite passant par l'origine, les valeurs (u) (v) et (w)
constituent les coordonnées du deuxième point qui
appartient à cette droite.
Pour simplifier l'écriture, on retient les entiers les plus
petits.
Une barre est mise au-dessus d'un indice s'il est négatif. Par
exemple :

Un plan est désigné par trois indices (hkl) appelés indices de


Miller. Si m, n et p sont les positions d'intersection du plan
avec les trois axes, alors h, k et l sont les plus petits entiers
proportionnels à 1/m, 1/n et 1/p.

37
3- Structure des matériaux cristallins 76

Exemple :

3- Structure des matériaux cristallins 77

Cristaux métalliques
Les cristaux métalliques sont les structures cristallographiques propres aux métaux (selon la classification
périodique). Les liaisons métalliques formées présentent des énergies de cohésion de l’ordre de −125 à −850
Kj/mol.

Structures cristallines des métaux

Presque tous les métaux solides ont une des trois structures
suivantes :
-Cubique centré;
-Cubique faces centrées;
-Hexagonal compact.

Cubique à faces centrées (CFC) Cubique centrée (CC) Hexagonal compact (HC)

38
3- Structure des matériaux cristallins 78

Structure cubique centrée (CC)

La structure cubique centrée comprend dans sa maille 2 atomes, 1 au


centre et 8 aux sommet du cube dont chacun appartient à 8 mailles.

En effet, les 8 atomes situés aux sommets du cube sont communs à 8


mailles, On ne considère que 1/8 de l'atome qui appartient à la maille,
l'atome du centre appartient par contre en entier à la maille.

On trouve plusieurs matériaux qui se cristallisent dans une structure (CC) :


Fer(), Cr, Mo….

Sur une telle structure, les plans les plus denses sont les plans (110) et les directions les plus denses sont [111].

3- Structure des matériaux cristallins 79

Compacité (C) de la structure (CC)

On définit la compacité d'une maille par la formule :


C= Volume occupé par les atomes/Volume de la maille

Dans la structure (CC), les sphères représentant


les atomes sont en contact dans la direction [111].
3
Volume des atomes de la maille : Va = 2  ( R 3 )
4
Volume la maille : VM = a 3

En considérant la direction [111], on peut déduire


(a) en fonction du rayon (R) de l'atome. a 3 = 4R

On déduit donc la compacité :

3
4  R3  4  a 3  3  3
C = 2   3  = 2   3  =  0,68
3 a  
3  a  4   8

39
3- Structure des matériaux cristallins 80

Structure cubique à faces centrées (CFC)

Une maille CFC comprend 4 atomes par maille. Les atomes sur les faces appartenant chacun à deux mailles,
un atome au sommet est partagé par 8 mailles.

Ainsi, le nombre des atomes est de 4 .

Le plan cristallographique le plus dense est le plan (111). Les directions les plus denses sont les
directions [110].

On trouve plusieurs matériaux qui se cristallisent dans la structure (CFC) :


Fer(), Cu, Ni, Ag, Al….

3- Structure des matériaux cristallins 81

Compacité de la maille (CFC)

3
Volume des atomes : Va = 4  ( R 3 )
4

Volume de la maille : VM = a 3

Relation entre (a) et (R) a 2 = 4R

On déduit donc la compacité :

3
4  R3  4  a 3  2  2
C = 4   3  = 4   3  =  0,74
3 a  3  a  4  6

40
3- Structure des matériaux cristallins 82

Exemple : Carbure de tungstène (WC)


C'est matériau qui appartient à la famille des céramiques techniques (industriel).
Il s'agit d'une céramique réfractaire ultra dure. Il ne peut être poli qu'avec des abrasifs plus
durs, comme le nitrure de Bore cubique ou le diamant.

Les atomes de tungstène peuvent s'empiler l'un au-dessus de l'autre en formant des
couches hexagonales entre lesquelles les atomes de carbone remplissent les interstices.

Fraises
Trèpans de forages Plaquettes de coupe

3- Structure des matériaux cristallins 83

Défauts cristallins

Dans le cas idéal, les atomes occupent les positions telles qu'elles sont indiquées par la maille élémentaire.
Dans un réseau cristallin réel, cette configuration n'est pas obéie.

Défauts ponctuels

Lorsqu'un défaut concerne la position d'un seul


atome, on parle de défaut ponctuel. Ce défaut
déforme le réseau cristallin et génère des tensions
internes (traction ou compression) qui vont se
présenter au voisinage de la zone de présence du
défaut.

41
3- Structure des matériaux cristallins 84

Défauts ponctuels :

On trouve trois familles de défauts ponctuels : les lacunes, les interstitiels et les atomes en substitution.

Lacune (A) : Elle apparait sous la forme d'un site atomique


inoccupé. Les lacunes jouent un rôle fondamental dans la diffusion
des atomes étrangères à l'état solide, elles autorisent les
déplacements d'atomes sur de longues distances, elle est à la base
des traitements thermiques.

Défaut Interstitiel (B, B’) : Il apparait suite à l'insertion d'un


atome dans un emplacement vide non autorisé dans un réseau
cristallin idéal. Dans le cas particulier où l'atome insérée est de
même espèce que les atomes du réseau, le défaut est auto-
interstitiels (B').

Défaut d'insertion ou de substitution (C') et (C) : Il se manifeste par l'insertion d'un atome étranger dans
l'emplacement dédié à un atome du réseau. Ce défaut a un rôle important pour la formation des alliages.

3- Structure des matériaux cristallins 85

Défauts linéaires

Ce sont des défauts qui s'étendent suivant une dimension, ils sont appelés dislocations. On distingue deux
types de dislocations, les dislocations Coins et les dislocations Vis.

Dislocation coin Dislocation Vis

42
3- Structure des matériaux cristallins 86

Analyse par diffraction (X)

Les rayons (X) sont des ondes électromagnétiques dont la longueur d'onde s'approche de 1 A°, ce qui correspond aux
distances interatomiques.

Quand un faisceau de rayon (X) monochromatique (de longueur d'onde λ) attaque la surface d'un matériau, une partie du
faisceau est reflétée par le cristal sous forme de rayon (X) de même longueur d'onde. Pour que l'intensité du rayon (X) réémis
soit maximale, il faut que les rayonnements reflétés par différents atomes soient en phase. Cette condition est illustrée sur la
figure suivante.

Condition 2l=n
=> 2dsin()=n

3- Structure des matériaux cristallins 87

À une orientation spécifique, l'intensité du rayon diffracté sera maximale. Dans ce cas, l'angle () et la distance
entre les plans de la famille (dhkl) sont reliés par la loi de Bragg.

2d hkl sin( ) = n

43

Vous aimerez peut-être aussi