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Le sinus sphénoïdal (figures 1, 2 et 3) les sinus droit et gauche sont le plus souvent symétriques. Ils ont
Creusé dans l’os sphénoïde, il présente une cloison médiane et grossièrement la forme d’une pyramide à sommet postérieur. Ils
une pneumatisation très variable, allant parfois jusqu’aux apo- présentent parfois quelques cloisons osseuses incomplètes qui
physes ptérygoïdes postérieures. circonscrivent des logettes, sources d’infection chronique.
a Figure 3. Coupes
a tomodensitométriques
frontales :
Figure 2. Coupes a, coupe passant par
tomodensitométriques les cellules
axiales chez sphénoïdales (s) ;
un sujet sain : b, coupe passant par
a, coupe passant par la partie antérieure
les sinus maxillaires des cellules
(m) ; les cornets sphénoïdales (s)
inférieurs (ci) et les sinus
et le septum nasal (sn) b maxillaires (m) ;
sont visibles ; les cornets supérieurs,
b et c, coupe passant moyens et inférieurs
par les parties basse sont visibles ; notez
(b) et haute (c) les rapports étroits
b du labyrinthe entre les sinus
ethmoïdal dont maxillaires
les cellules (e) sont et les racines
séparées par de fines dentaires ;
cloisons osseuses ; c, coupe passant par
le septum nasal (sn) les sinus maxillaires
c (m) et le labyrinthe
et les cellules
sphénoïdales (s) ethmoïdal (e) ;
sont visibles ; les cornets
d, coupe passant par moyens (cm)
les sinus frontaux (f). et inférieurs (ci)
La muqueuse des sont visibles ;
cavités nasales et notez l’asymétrie
sinusiennes n’est pas d’épaisseur
visible, les cavités sont de la muqueuse des
c entièrement aérées. fosses nasales et des
cornets liée au cycle
respiratoire ;
d, coupe passant par
les sinus frontaux (f).
Discrète hyperplasie
de la muqueuse
d d des sinus maxillaires.
images sont acquises dans les deux plans. Lors du suivi des
patients par des examens itératifs, on peut envisager la réa-
lisation de coupes tomodensitométriques dans un seul plan ;
le plan frontal, qui donne la même vision qu’un examen cli-
nique endonasal, paraît alors le plus intéressant, avec éven-
tuellement des reconstructions dans le plan axial. Toutefois,
si un geste de chirurgie endonasale est prévu, l’acquisition
de coupes dans les deux plans est indispensable. Des protec-
tions des gonades (tablier plombé) et du cristallin (protec-
tion bismuthée) peuvent être utilisées, en particulier chez
l’enfant. Enfin, le coût d’un examen tomodensitométrique a
est trois fois supérieur à celui des clichés simples.
Figure 4. Coupes
L’imagerie par résonance magnétique coronales :
a, asymétrie
L’IRM est moins intéressante que le scanner dans l’exploration d’épaisseur
morphologique des sinus, dont les cavités aériques et les parois de la muqueuse
osseuses sont mal analysées. Elle est cependant très utile dans la des fosses nasales
et des cornets ;
pathologie tumorale et l’étude des complications intracrâniennes b, complexes
des maladies infectieuses et tumorales des cavités sinusiennes. ostioméataux (com)
L’utilisation de séquences pondérées en T1 et en T2, de diffé- normaux limités par
rents plans de coupe et de produit de contraste apporte des ren- le cornet moyen
et le processus
seignements que le scanner ignore souvent. b
unciforme ;
c, concha bullosa
L’angiographie (pneumatisation
L’angiographie des artères vascularisant les cavités sinusiennes des cornets moyens)
prédominant du côté
(artère maxillaire et faciale, branches de la carotide externe et droit associée
artères ethmoïdales, branches de la carotide interne) est réservée à une déviation
aux épistaxis rebelles. du septum nasal
Au total, le choix de la technique d’imagerie dépend de la patho- vers la gauche ;
ces variantes
logie recherchée. Il doit être guidé par l’examen clinique ORL de la normale altèrent
du patient. Si un acte de chirurgie nasale endoscopique est envi- c la fonction
sagé, il est fondamental de signaler à l’opérateur les variantes des complexes
anatomiques mineures et majeures qui peuvent entraîner des com- ostioméataux
et favorisent
plications parfois graves. L’examen tomodensitométrique est la pathologie
alors indispensable (figure 4). de confinement ;
d, pneumatisation
du processus
PATHOLOGIES NASOSINUSIENNES unciforme (*) ;
même remarque.
Nous n’évoquerons que brièvement la pathologie traumatique,
malformative et tumorale pour nous étendre sur les pathologies d
inflammatoires et infectieuses.
Pathologie traumatique, malformative et tumorale anomalies sont rencontrées chez 30 à 50 % des sujets ; l’hyper-
Fractures du massif facial et des cavités sinusiennes plasie ou l’hypoplasie des sinus sont considérées comme des
Leur exploration se fait par des clichés simples de “débrouillage”, variantes de la normale. Font également partie de ce groupe les
complétés obligatoirement, si une réparation chirurgicale est envi- dysostoses cranio-faciales, mandibulo-faciales ou maxillo-
sagée, par un examen tomodensitométrique. Les coupes natives, nasales, les fentes alvéolo-palatines et cranio-faciales, les atré-
les reconstructions bi- ou tridimensionnelles permettent au chi- sies choanales, les dysplasies fibreuses et les fibromes ossifiants.
rurgien une intervention optimale en mesurant les différents L’exploration de ce cadre nosologique fait appel exclusivement
angles du massif facial. Cet examen doit s’effectuer en dehors de à l’examen tomodensitométrique.
l’urgence, une à deux semaines après le traumatisme.
Pathologies tumorales
Malformations et dystrophies Qu’elles soient bénignes (fibrome nasopharyngien, papillome,
Elles regroupent toutes les anomalies du développement embryo- adénome...) ou malignes (adénocarcinome de l’ethmoïde, carci-
logique de la face et se traduisent communément par des agéné- nome épidermoïde du sinus maxillaire, carcinome indifférencié,
sies, hypoplasies ou hyperplasies d’un ou plusieurs sinus. Ces mélanome, lymphome, plasmocytome...), leur exploration fait
.../...
110 La Lettre du Pneumologue - Volume III - no 3 - juin 2000
Une revue pour
les médecins généralistes
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appel à la fois au scanner pour l’étude de l’extension osseuse et • La sinusite aiguë
à l’IRM pour analyser l’extension aux parties molles de la face C’est une inflammation aiguë de la muqueuse nasosinusienne qui
et à l’encéphale, ainsi que les éventuelles complications ménin- s’accompagne habituellement d’une hypersécrétion et de la stase
gées ou encéphaliques. des sécrétions dans les cavités sinusiennes. Lorsqu’elles ne sont
pas surinfectées, elles peuvent être asymptomatiques. L’inflam-
Pathologie inflammatoire (tableau I) mation de la muqueuse sinusienne et la surinfection des sécré-
Sans entrer trop avant dans les considérations physiopatholo- tions peuvent être liées à une obstruction des complexes ostio-
giques et cliniques des différents cadres nosologiques de la méataux, à une anomalie de la fonction mucociliaire ou à des
pathologie nasosinusienne, nous décrirons les signes radiolo- modifications physicochimiques du mucus. L’inflammation de
giques rencontrés pour chacun d’entre eux et leur substratum la muqueuse des cavités nasosinusiennes se traduit par une hyper-
anatomique. Les signes radiologiques, assez monomorphes, sont trophie de celle-ci, visible sur les clichés simples (figure 5), mais
représentés par : encore plus sur le scanner ou l’IRM. La muqueuse est le plus sou-
– un épaississement de la muqueuse des cavités sinusiennes et na- vent épaissie en cadre et présente un aspect polylobé. Cet épais-
sales qui peut prendre un aspect régulier ou non, localisé ou diffus ; sissement vient compléter l’obstruction des ostia sinusiens. Sa
– une accumulation de sécrétions dans les cavités sinusiennes qui conséquence directe est l’apparition d’une hypersécrétion de la
peut ou non laisser persister une aération partielle ; muqueuse qui s’accumule dans les cavités sinusiennes et se tra-
– des modifications des parois osseuses des cavités sinusiennes ; duit sur les examens radiologiques par la présence d’un niveau
– des complications de la pathologie inflammatoire. hydro-aérique horizontal, si la cavité reste partiellement aérée
La répartition des lésions, leur évolution et le contexte clinique (figure 5), ou d’un comblement total du sinus, si les sécrétions
sont autant d’éléments qui orienteront le diagnostic final. Les le remplissent complètement. Il est impossible en imagerie de
grands cadres nosologiques auxquels le pneumologue peut être différencier les sécrétions séreuses simples de sécrétions infec-
confronté sont représentés par la pathologie infectieuse, l’asthme tées. En outre, si les sécrétions comblent entièrement les sinus,
et la polypose nasosinusienne, les granulomatoses et le tabagisme. il devient très difficile d’évaluer l’importance de l’épaississement
Dans la pathogénie de toutes ces affections, les cavités nasosi- muqueux associé car sécrétions et muqueuse hypertrophiée ont
nusiennes peuvent être impliquées.
la même densité au scanner. Seule l’IRM permet de différencier quelques patients asymptomatiques (4, 5). À l’inverse, l’épais-
les deux. Il est important, lors de l’interprétation d’un scanner, sissement muqueux des sinus maxillaires ne semble pas corrélé à
en particulier des coupes coronales, de savoir dans quelle posi- l’asthme et est relativement banal chez des sujets sains. Cet
tion celles-ci ont été effectuées : décubitus ou procubitus ; les épaississement est très variable, allant de trois millimètres à plus
sécrétions sont en effet déclives. Le diagnostic de sinusite aiguë d’un centimètre, et intéresse une ou plusieurs cavités, sans que
est clinique et ne nécessite aucun examen complémentaire. S’il cela soit corrélé à la sévérité de l’asthme. Le suivi tomodensito-
existe un doute, des clichés simples sont suffisants. métrique des patients montre une amélioration des lésions sinu-
siennes à distance de l’épisode aigu (4). Plus encore, l’améliora-
• La sinusite chronique tion de la fonction nasosinusienne par chirurgie endonasale semble
C’est une maladie inflammatoire récidivante de la muqueuse naso- améliorer la symptomatologie asthmatique des patients (6).
sinusienne dont l’origine peut être allergique, inflammatoire, D’autres associations ont été décrites avec des épisodes de sinu-
infectieuse, génétique ou dégénérative. L’hypersécrétion, si elle sites aiguës (7) ou avec une polypose nasosinusienne (8).
existe, entraîne l’accumulation de liquide dans le sinus. La surin- La polypose nasosinusienne est une forme de sinusite chronique
fection des sécrétions est source de poussées aiguës. L’hyperpla- qui survient habituellement sur un terrain d’hyperréactivité nasale
sie de la muqueuse se traduit par un épaississement régulier, en ou rhinobronchique et qui entraîne une dégénérescence œdéma-
cadre. L’œdème localisé se manifeste par un aspect polypoïde de teuse de la muqueuse nasosinusienne. Elle s’accompagne fré-
la muqueuse localisé aux régions déclives, avec des bords poly- quemment d’autres manifestations liées à l’atteinte de la muqueuse
lobés. Dans les formes les plus importantes, un aspect de pansi- respiratoire, en particulier l’asthme. Il peut exister une composante
nusite peut se voir avec un comblement de l’ensemble des cavi- allergique rarement déterminante qui, si elle est présente, s’intègre
tés sinusiennes. Enfin, l’ostéocondensation des parois des cavités le plus souvent dans une maladie de Widal (8). L’association
sinusiennes est un bon signe de chronicité ; elle est surtout visible d’une polypose nasosinusienne et d’un asthme doit faire recher-
au niveau de la paroi postérolatérale des sinus maxillaires. Au sein cher une intolérance à l’aspirine. L’hypertrophie de la muqueuse
des sécrétions peuvent exister des structures modérément hyper- explique l’obstruction des complexes ostioméataux et donc les sur-
denses correspondant à de petites hémorragies ou à des sécrétions infections possibles. Elle concerne particulièrement l’ethmoïde anté-
en voie de dessiccation. Des opacités plus denses doivent faire rieur, le méat moyen et les cellules sinusiennes postérieures. Au
évoquer une aspergillose ou la présence de matériel dentaire. Les stade initial de la maladie, elle est limitée avec des zones encore
sinusites mycosiques sont une forme particulière habituellement partiellement ventilées ; au fur et à mesure de l’évolution, elle se
liée à l’aspergillose. D’autres champignons peuvent être en cause : complète pour intéresser toutes les cavités sinusiennes et nasales.
mucormycose, actinomycose. Le site habituel est le sinus maxil- L’extension de la maladie se fait à la fois par l’extension du pro-
laire, et la présence de matériel dentaire est fréquemment mais cessus œdémateux et des polypes, mais également par la rétention
non obligatoirement associée aux sinusites mycosiques (3). La liée à l’obstruction des orifices de drainage. L’atteinte est habituel-
sinusite chronique peut se compliquer d’une sinusite aiguë. Son lement bilatérale mais peut être unilatérale au stade initial de la
exploration se fait par scanner ; les clichés simples ne sont pas maladie. La distinction entre polypes et œdème est impossible au
indiqués. De façon consensuelle, le scanner sera réalisé devant scanner et il devient très difficile, dans le cas d’un comblement com-
des symptômes persistant au-delà de trois mois. plet des sinus, de mettre en évidence une petite tumeur associée.
On rencontre, outre le comblement des cavités par l’hypertrophie
• Les complications des sinusites muqueuse et les sécrétions, un aspect de destruction des cloisons
Les complications des sinusites méritent une place à part. Sinu- osseuses (septum nasal et cloisons ethmoïdales) liée à l’importante
sites chroniques ou aiguës peuvent se compliquer d’une muco- déminéralisation, et des images polypoïdes (figure 6) (9). Enfin,
cèle qui se manifeste par une collection liquidienne refoulant les contrairement aux sinusites chroniques, il n’existe jamais d’ostéo-
parois osseuses de la cellule sinusienne, de faible densité en scan- condensation des parois osseuses des sinus. Le diagnostic radiolo-
ner et de signal variable à l’IRM. Leur siège préférentiel est eth- gique est évoqué devant l’étendue des lésions, en particulier devant
moïdo-frontal. Des complications graves sont possibles : exten- l’atteinte des cavités sinusiennes postérieures, et la présence de
sion de l’infection vers l’orbite avec risque de cellulite orbitaire polypes méataux. Les clichés simples ne sont pas utiles ; l’image-
ou d’abcès (densification de la graisse intraorbitaire au scanner, rie nécessaire est un scanner, qui permet un bilan d’extension des
collection), complications intracrâniennes après lyse osseuse lésions et une cartographie préopératoire des variantes de la nor-
(méningite, empyème, abcès, thrombophlébite). En cas de com- male, et qui servira d’examen de référence pour apprécier l’évolu-
plications, un scanner ou une IRM sont indispensables. tion des lésions. L’indication opératoire repose sur la non-régression
des anomalies tomodensitométriques sous traitement corticoïde.
• Asthme, polypose nasosinusienne et cavités nasosinusiennes
Des épaississements de la muqueuse nasosinusienne sont fré- • Granulomatoses et cavités nasosinusiennes
quemment rencontrés chez les patients asthmatiques (figure 5c). La maladie de Wegener, la sarcoïdose et la tuberculose peuvent
Plusieurs études ont montré qu’il existe une corrélation entre associer des lésions inflammatoires de la muqueuse, une sympto-
l’asthme aigu et l’épaississement muqueux au niveau des fosses matologie de sinusite et des destructions osseuses qui intéressent
nasales, des complexes ostioméataux, du sinus ethmoïdal et du volontiers le septum nasal (10). Ces lésions ne sont pas spécifiques
sinus sphénoïdal, même si celui-ci est également retrouvé chez au scanner, qui est le seul examen radiologique à réaliser.
Figure 6. Polypose
nasosinusienne,
coupes axiales étagées
avec comblement
de tous les sinus
de la face et des fosses
nasales. Certaines
b cellules restent
partiellement aérées,
en particulier le sinus
maxillaire gauche,
qui présente
un épaississement
muqueux a
polypoïde (*).
Notez la lyse Figure 7. Polype
de certaines cloisons muqueux (pm) ;
osseuses ethmoïdales a, Blondeau ;
sur l’image b. b, coupe
tomodensitométrique
frontale du même
c patient ; notez
l’hyperplasie associée
de la muqueuse
des fosses nasales
et des cornets (hm) ;
b c, autre patient,
rhinite allergique,
polype de la partie
inférieure du sinus
maxillaire droit (pm),
concha bullosa (*),
d hypertrophie
de la muqueuse
des fosses nasales ;
d, autre patient,
• Obstruction nasale, rhinites et cavités nasosinusiennes aucune
L’obstruction nasale peut être liée à des causes anatomiques, c symptomatologie
clinique, polypes
inflammatoires, traumatiques, ou à des troubles de la ventilation. muqueux du sinus
Les rhinites sont de nature allergique, chronique non allergique, sphénoïdal (pm).
infectieuse (bactériennes, virales, mycosiques), hyperplasique
(hyperplasie de la muqueuse nasale, de la muqueuse des cornets),
iatrogène (atrophie muqueuse par topiques ou par traitement
général), polyposique, psychologique, métabolique, endocri-
nienne (11, 12). Elles se traduisent par un écoulement nasal
séreux, clair, et évoluent ou non par crises, s’associent ou non d
à des éternuements et à une obstruction nasale. Entre les
crises, le fonctionnement nasal peut être normal ou subnor-