Vous êtes sur la page 1sur 4

LA REVUE DES LIVRES

Charles Ducrocq

Association Francophone de Comptabilité | « Comptabilité - Contrôle - Audit »


Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:31 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:31 - © Association Francophone de Comptabilité
2017/2 Tome 23 | pages 143 à 145
ISSN 1262-2788
ISBN 9791093449104
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.inforevue-comptabilite-controle-audit-2017-2-page-143.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Association Francophone de Comptabilité.


© Association Francophone de Comptabilité. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


LA REVUE DES LIVRES 143

La revue des livres

L’histoire comme méthode pour comprendre le management. Mélanges en l’honneur du


Professeur Marc Nikitin
Mathieu Floquet, Pierre Labardin, et Yves Levant (sous la direction de), L’Harmattan, Paris, 2017,
362 p., 36,50 €
ISBN 978-2-343-10518-5

Avec des mélanges en l’honneur du Professeur Marc Nikitin, il est évident qu’histoire et comptabilité
sont au rendez-vous, puisqu’il n’a eu de cesse de les associer depuis trente ans, avec l’ambition de
nous aider à comprendre les conditions qui ont présidé à l’élaboration de nos actuelles méthodes de
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:31 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:31 - © Association Francophone de Comptabilité
comptabilité.
Ils sont trente contributeurs à lui rendre hommage, parmi lesquels sept anciens présidents de
l’Association Francophone de Comptabilité, comme le fut Marc de 2005 à 2007. Ses anciens docto-
rants Mathieu Floquet et Pierre Labardin se sont associés à Yves Levant pour orchestrer ces contribu-
tions.
Avec beaucoup d’humour, Bernard Colasse, son directeur de thèse à Dauphine, reprend en préface la
biographie de Marc Nikitin qui montre comment on s’aventure dans une thèse de doctorat consacrée
à la naissance de la comptabilité industrielle en France, et l’histoire des pratiques de calcul des coûts,
comment depuis les années 1990, il redynamise la recherche française en histoire de la comptabilité.
Marc Nikitin nous aide à mieux comprendre les mécanismes d’évolution des méthodes de calcul de
coûts, avec l’abandon de la seule comptabilité en recettes et dépenses pour passer à la partie double,
la comptabilité industrielle et le calcul de frais de fabrication qui se répandent dans les années 1820.
Les thèmes chers à Marc Nikitin se retrouvent dans les contributions des auteurs, certains ayant mené
des fouilles semblables dans des archives départementales ou nationales. Y. Lemarchand, son com-
parse depuis leur thèse soutenue à quelques jours d’intervalle, retourne précisément aux origines de
la comptabilité industrielle pour décortiquer un ouvrage de 1818 qui explique comment les forges de
Haute-Marne abandonnent la tenue des livres en recettes et dépenses, pour passer à une comptabilité
en partie double, avec déjà les effets à payer et autres comptes qui nous sont toujours familiers, sans
nécessairement intégrer le calcul des coûts.
S. Maugeri nous rappelle que les sociologues se sont intéressés au développement de la comptabilité,
notamment W. Sombart, pour qui la comptabilité homogénéise, unidimentionnalise les organisations,
en rapportant toutes les activités marchandes à la seule logique des nombres, conduisant à entretenir
la capacité d’accumulation de l’entreprise capitaliste via la comptabilité en partie(s) double(s).
Notre trio français d’historiens de la comptabilité, Y. Lemarchand, Y. Levant et H. Zimnovitch fait
le constat que les managers se retrouvent inlassablement confrontés à des dilemmes récurrents. Les
méthodes d’imputation des frais généraux offrent un exemple de dilemme entre simplicité et com-
plexité autour de la précision des calculs, conduisant périodiquement à des retours en arrière dans
l’utilisation des outils.
D. Zelinschi s’appuie sur la comptabilité analytique et la répartition des charges indirectes pour mon-
trer que les calculs s’adaptent au sens que l’on veut leur donner : obtenir une meilleure connaissance
des coûts ou orienter les comportements des individus.

Comptabilité – Contrôle – Audit / Tome 23 – Volume 2 – Septembre 2017 (p. 143 à 145)
144 LA REVUE DES LIVRES

J.-L. Malo prolonge jusqu’à la nouvelle donne que constitue l’omniprésence du gratuit et s’interroge
sur la manière dont la comptabilité de gestion peut en rendre compte, tel le travail bénévole dans les
associations, les émissions de gaz à effet de serre, etc.
B. Touchelay revient sur la création d’un service spécialisé dans les vérifications des comptabilités
dans les années 1930 pour pallier les difficultés de recouvrement des impôts. L’absence de comptabi-
lité normalisée entretient ces difficultés et aboutit au Plan comptable général de 1947. T. Jeanjean et
I. Martinez s’intéressent à l’évolution des mesures comptables de la performance financière et à la per-
tinence informationnelle à accorder aux différentes formes de résultat (opérationnel, net comptable,
global). A. Burlaud et C. Hoarau confirment que la comptabilité se développe dans un contexte social
qui lui donne des caractéristiques variables au cours du temps. La relation d’agence a fait évoluer le
principal de propriétaire de troupeau à industriel, à actionnaire et à gestionnaire de portefeuille, et
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:31 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:31 - © Association Francophone de Comptabilité
l’agent de berger à manager. L’approche patrimoniale de la comptabilité a elle-même évolué vers le
reporting financier, complété maintenant par du reporting sociétal, avec des données extra-financières
puisées dans le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises. J.-P. Lafontaine
surenchérit en montrant qu’avec la notion de performance globale, l’élargissement du champ de la
responsabilité des organisations amène à diffuser de plus en plus d’informations variées, à destination
d’un public de plus en plus large ; les organisations adaptent leur système d’information dans des
domaines qui dépassent la seule performance financière, avec la prise en compte de préoccupations
sociales, environnementales et sociétales. J. Igalens précise les obligations de publication d’informa-
tions sociales dans les rapports de gestion, depuis le bilan social foisonnant d’indicateurs jusqu’au
reporting sous le sceau de la RSE, plus resserré mais ouvert à un public plus large, passant de politique
sociale d’entreprise à impact social.
Marc Nikitin fait le constat que les managers se retrouvent inlassablement confrontés à des dilemmes
récurrents. A. Ragaigne nous fait réfléchir à ce qui peut constituer un tel dilemme : informer-influen-
cer ; déjà sous Colbert, les contrôleurs des manufactures étaient à la fois chargés d’informer sur des
améliorations, mais également d’influencer les employés à travers des dispositifs de surveillance.
D. Bensadon, au travers de l’histoire sociale, nous présente également une facette du contrôle des
organisations au sens de surveillance, en l’occurrence de la population juive à Paris dès le XVIIIe siècle,
et montre que l’on pouvait déjà être plus ou moins zélé dans la tenue des livres d’inventaire. N. Berland
et H. Stolowy nous entraînent dans l’évolution du profil de whistleblower, dénonciateur de pratiques
illégales, immorales ou illégitimes, jusqu’à donneur d’alerte. D. Lambert et C. Richard nous amènent
aux années 2000 avec l’émergence des agences en conseil de vote, en faveur des principes de bonne
gouvernance.
La thèse de Marc Nikitin en 1992 évoquait l’histoire des outils du contrôle de gestion (calcul de coût
de revient, budget, outils de choix d’investissement, etc.). B. Dreveton poursuit avec l’évolution du
contrôle de gestion dans les organisations publiques, véhiculé depuis les années 1970 par le New
Public Management, la RCB, la LOLF, la MAP, et s’interroge sur le transfert des outils du privé et
leur adaptation. P. Fabre et F. Letort en font le constat dubitatif pour ce qui concerne le contrôle de
gestion dit externe qu’exercent les communes depuis les années 2000 sur les associations, les SEM,
les DSP, et s’interrogent sur la complexité des profils de poste. M. Floquet et P. Labardin y ajoutent
l’idée d’évolution de carrière au sein d’une organisation, tenant compte de la complexité des tâches.
L’internationalisation des pratiques et des outils retient l’intérêt de plusieurs auteurs.

Comptabilité – Contrôle – Audit / Tome 23 – Volume 2 – Septembre 2017 (p. 143 à 145)
LA REVUE DES LIVRES 145

R. Sandu nous fait partager son expérience de l’Europe centrale où s’est posé un autre dilemme durant
la transition vers l’économie de marché : l’approche qui s’appuie sur la rupture radicale par rapport
aux héritages du passé, et l’approche qui intègre les continuités institutionnelles et les expériences
accumulées. E. Barbu montre comment le processus d’harmonisation comptable internationale abou-
tit à l’application généralisée des normes IAS/IFRS. J. Boutant, C. Godowski et M. Saboly constatent
une diminution de l’intérêt du commissaire à la fusion (français) au profit d’un développement de
l’expertise indépendante qui va jusqu’à établir une fairness opinion.
Les éditeurs laissent la conclusion à H. Zimnovitch : si la gestion est une science, ce ne peut être
qu’une science historique.
Comptables et non comptables auront plaisir à lire ces références et évolutions historiques qui nous
poussent à l’humilité, en nous confirmant l’idée que ce qui nous paraît nouveau n’est souvent qu’une
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:31 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:31 - © Association Francophone de Comptabilité
ancienne réponse remise plus ou moins habilement au goût du jour.
■■ Charles DUCROCQ
Université Paris Descartes – Cedag

Comptabilité – Contrôle – Audit / Tome 23 – Volume 2 – Septembre 2017 (p. 143 à 145)

Vous aimerez peut-être aussi