Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Bonnes feuilles
Peter Sloterdijk
2004/5 - no 19
pages 187 à 196
ISSN 0292-0107
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
http://www.cairn.info/revue-multitudes-2004-5-page-187.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des
conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre
établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que
ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en
France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
L I E N S · 187
de l’écume /
Sphères III
Sloterdijk
Page 187
être né
15:38
Peter
bonnes feuilles
13/06/06
n°19 — wrk 08
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
n°19 — wrk 08 13/06/06 15:38 Page 188
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
cordé au temps par la modernité, de la célèbre définition kantienne de l’espa-
ce — à savoir que la co-existence est ce qui rend l’espace possible dans sa cons-
truction par les actes expressifs des habitants (leurs installat i o n s).D’où, aussi,
la provocante élaboration d’un principe anti-gravitation qui n’est pas sans
produire de singulières mises en perspective dans le champ de l’urbanisme et
de l’architecture (voir le numéro spécial de la revue allemande Archplus,
169 / 170, mai 2004).
Concernant Sloterdijk, le lecteur de Multitudes se souviendra de l’Affaire
ayant porté son nom, avec la violente controverse qui l’a opposé à Habermas
en 1999 à la suite de la conférence intitulée « Règles pour le parc humain. Ré-
ponse à la Lettre sur l’humanisme de Heidegger » (éd. Mille et une nuits,
2000), sur laquelle nous étions longuement revenus dans un entretien publié
dans le premier numéro de la revue («Vivre chaud et penser froid »). La lec-
ture d’Écumes créera sans nul doute les conditions d’un tout autre débat sur
ladite postmodernité, débat impliquant ce que Sloterdijk dénonce comme la
« motivation religieuse » d’Empire de Negri et Hardt.
Merci à Maren Sell pour nous avoir permis de reproduire ce passage, à
Caroline Psyroukis et Valentin Thebault pour leur aimable assistance et dis-
ponibilité. La traduction est d’Olivier Mannoni.
EA
—
Et pour moi aussi, pour moi qui chéris la vie, les papillons
et les bulles de savon, et tout ce qui leur ressemble parmi les hommes,
me semblent le mieux connaître le bonheur.
Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.
—
Presque ri e n , et pourtant : pas ri e n . Un quelque chose, et cependant :
seulement un tissu formé d’espaces creux et de parois très subtiles. Une
donnée réelle, et pourtant : une entité qui redoute le contact, qui s’aban-
donne et éclate à la moindre tentative de s’en emparer. C’est l’écume
telle qu’elle se montre dans l’expérience quotidienne. L’apport d’air fait
perdre sa densité à un liquide ou à un solide ; ce qui paraissait homo-
n°19 — wrk 08 13/06/06 15:38 Page 189
L I E N S · 189
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
duction de chambres d’air dans des matériaux durs ou élastiques de
toute espèce est devenue une routine industri e l l e . « L’eau », en revanche,
associée à l’air, produit une écume humide, liquide et fugitive comme
celle de la mer et le dépôt sur les cuves en fermentation. C’est sur cette
liaison éphémère de gaz et de liquides que le concept courant d’écume
prend modèle. Il laisse entendre que dans des conditions inexpliquées
jusqu’à nouvel ordre, la densité, le continu, le massif est envahi par le
creux. L’air s’entend à pénétrer dans des lieux où nul ne l’attend — plus
encore, il investit des lieux où il n’y en avait pas auparavant. À quoi devrait,
dès lors, ressembler une première définition de l’écume ? De l’air en
un endroit inattendu ?
L’écume, sous sa forme fugitive, donne l’occasion d’observer de ses
propres yeux la subversion de la substance. On découvre en même temps
que la vengeance du solide ne se fait jamais attendre longtemps. Dès
que cesse l’agitation du mélange, celle qui assure l’acheminement d’air
dans le liquide, la majesté de l’écume retombe rapidement sur elle-même.
Reste une inquiétude : ce qui a l’audace de saper la substance, ne
serait-ce que pour une brève péri o d e , ne participe-t-il pas de ce qui doit
forcément apparaître comme le mauvais, le suspect, peut-être même
le diabolique ? C’est ainsi que la tradition, la plupart du temps, a consi-
déré ce « quelque chose » précaire — en se méfiant de lui comme d’une
perversion. Structure instable d’espaces creux emplis de gaz qui pren-
nent le dessus sur le solide comme s’ils menaient un coup d’État noc-
turne, l’écume se présente comme une inversion de l’ordre naturel au
cœur de la nature. On dirait que ces saturnales physiques ont entraîné
la matière elle-même loin du droit chemin et l’ont poussée à se vouer
à l’absence de perspective. Ce n’est pas un hasard si l’écume, pendant
une ère entière, a été affligée de la tare consistant à devoir servir de méta-
phore à l’inessentiel et à l’intenable. La nuit, les gens donnent du cré-
dit aux fantômes ; au crépuscule, c’est aux utopies ; mais que viennent
le jour politique et le soleil du matin, et « tout cela se dissipe comme
écume vaniteuse » (Heinrich Heine). C’est la légèreté de la coquille, la
n°19 — wrk 08 13/06/06 15:38 Page 190
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
Que reste-t-il ? L’air de l’écume revient dans l’atmosphère générale, la
substance plus solide se décompose en poussière de gouttes. Le presque
rien se transforme en presque rien. Si, de ce genre d’embrassades avec
le néant, la matière solide ne sort qu’avec des grossesses nerveuses, qui
pourrait affirmer qu’il s’agit d’un phénomène inattendu ?
La déception est donc garantie là où surgit l’écume. De la même ma-
nière que les rêves, autrefois, ne semblaient rien représenter d’autre
qu’une annexe vide du réel, qu’on était en droit de négliger tranquil-
lement, et même dont il fallait autant que possible faire abstraction si
l’on voulait demeurer dans la sphère du cat é g o riel, du substantiel et du
public, il manquait aussi aux écumes tout ce qui pouvait être relié aux
sphères du durablement valide, celles qui imposaient le respect.
L’avertissement d’Héraclite, qui demandait que l’on suive l’élément com-
mun (koínon) fut pendant toute une époque perçue comme une invi-
tation à se tenir éloigné du nocturne et du privé, de l’onirique et de l’écu-
meux, ces agents du non-commun, du non public, du non mondial.
Allie-toi avec la clarté du jour, ainsi tu auras raison. Là où le commun
est éprouvé dans la lucidité, l’Être se donne une allure administrative.
Dans la phrase : Les rêves sont des écumes (Träume sind Schäume), on
établit une équation entre deux types de néants. Traum et Schaum, rêve
et écume : une inexistence rime avec une autre. Goethe, étudiant à
Leipzig, blâme encore avec une sagesse précoce la « tête vide qui écume
sur le trépied / Et rêve des oracles comme la Pythie ». L’écume est, dans
une certaine mesure, la tromperie réelle — le non-Étant sous forme de
quelque chose qui demeure pourtant quelque part un Étant, ou une
illusion d’Être, un symbole du Faux Premier, emblème de la subver-
sion du solide par l’intenable — un feu follet, un excès, une humeur,
un gaz paludéen, habité par une subjectivité trouble.
Les Académiciens, les fondamentalistes de l’Essence qui succédèrent
à Platon, n’ont pas été les seuls à penser ainsi ; de la même manière,
une bonhomie antique et populaire a depuis toujours voulu bat t r e
froid l’écumeux, le fugitif, le trop léger. Entre la métaphysique classique
n°19 — wrk 08 13/06/06 15:38 Page 192
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
neur des illusions collectives. On ne sait que trop bien ce qu’il en est
de ce genre de choses : lorsque les cavités sont arrivées au pouvoir, elles
laissent un sillage de phrases éclatées. Les rêveurs et les agitateurs sont
chez eux dans l’écume, comme dans les châteaux de cart e s.On n’y ren-
contrera jamais les adultes, les sérieux, ceux qui agissent avec mesure.
Qui est adulte ? Celui qui se refuse à chercher un appui sur ce qui n’a
pas d’appui. Seuls les séducteurs et les escrocs, prenant le parti de l’im-
possible, veulent emporter leurs victimes dans leur excitation sans
fond. L’écume est l’uniforme de gala du nihil, d’où rien ne peut sortir,
pour autant que l’on peut encore croire l’indication que nous donne
Lucrèce ; il est l’intenable, l’entité à « l’âge unique » qui se trahit par sa
stérilité et son inaction. L’écumeux, on l’entend dire dans les milieux
bien informés, n’existe que dans une relation vide à soi-même, il ne mène
pas au-delà de simples épisodes, à tout jamais captif de son propre gon-
flement et de son propre affaissement. Ce qui n’a d’autre perspective
que sa déchéance n’est qu’enflure de mauvaise espèce, anecdote par-
venue au pouvoir. L’écume ne met rien au monde, elle ne crée aucune
succession. Sans espérance de vie ni génération à venir, elle ne connaît
plus que la fuite en avant vers son propre éclatement. Dès lors, de toutes
les filles merveilleuses du chaos, l’écume n’en est peut-être pas l’aînée,
mais à tout le moins la plus méprisable.
Et pourtant : lorsque, dans la nouvelle logique de Hegel, la pensée
accomplit sa percée vers la polyvalence, on entrevoit un retournement
positif du négat i f, et avec lui une possibilité de réhabiliter l’écume : « De
la ferm e n t ation de la finitude, avant qu’elle ne se transforme en écume,
s’évapore l’esprit. » L’ e s p rit lui-même, le média dans lequel la substance
se développe pour devenir sujet, devrait-il tout de même devoir aussi
quelque chose à l’écume ? Est-ce en lui, le bâtard ontologique, le
médian, que le spirituel et le substantiel se sont retrouvés pour former
la concrétude de l’existence ? Est-il le tiers dans lequel la terreur et l’idio-
tie du binaire seraient dépassées ? Aristote avait-il un pressentiment de
ce type d’amalgames lorsque, dans les Problemata physica, il classait la
n°19 — wrk 08 13/06/06 15:38 Page 193
L I E N S · 193
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
Le désir qu’éprouve ce type d’hommes va vers le vin pour autant qu’il
les rend amoureux selon sa teneur en écume et en air. Si l’on en croit
Aristote, même l’éjaculation masculine est, comme l’érection, un effet
pneumatique — elle ne serait donc, elle aussi, que de l’air à l’endroit
où on ne l’attend pas : car « l’expulsion (du sperme) se produit mani-
festement aussi parce que l’air exerce une pression ».
***
Le fait que, dans la grande mutation de l’image du monde survenue
aux XIX e et au XX e siècle, les rêves, comme les écumes, n’aient pu res-
ter à leur place dans l’ancien cosmos des essences constitue — avec de
nombreuses autres inversions des signes avant-coureurs et de surpre-
nants redéploiements des forces — l’une des signatures intimes de la
forme du monde que l’on appelle aujourd’hui, tranquillement, la form e
moderne. Si l’on a pu, malgré ses traits conservateurs, compter la psy-
chanalyse viennoise parmi les moteurs de la modernisation mentale,
c’est en premier lieu parce qu’on y a pratiqué un nouveau mode de rela-
tions avec ce qui était en apparence marginal, jusqu’alors accessoire et
jadis insignifiant. En se situant sur le lieu épistémologique où des
concepts de mécanisme relevant de la technique des sciences de la nature
devaient se réunir avec les philosophies de l’inconscient remontant à
l’idéalisme tardif ou au romantisme, l’avant-garde psychanalytique par-
vint à formuler un concept de signe qui permettait une nouvelle vision
sur l’insignifiant. En rendant les symptômes psychiques interprétables
comme des textes, Freud a pu devenir un « Galilée du monde mental
factuel », comme l’a dit Arnold Gehlen. Ce qui était quantité négligeable
passa au centre de l’attention et devint susceptible d’avoir une signifi-
cation. Le fait que Freud ait décidé de bonne heure de désigner le rêve
comme la « voie royale vers le psychisme inconscient » a exprimé le chan-
gement d’accent « révolutionnaire » entre le central et le périphérique.
La parution de L’interprétation des rêves en 1900 ne marqua cependant
pas seulement, on l’a encore vu tout récemment à l’occasion du cen-
n°19 — wrk 08 13/06/06 15:38 Page 194
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
dans la conscience du primaire, de ce qui donnait un fond, de ce qui
apportait une signification — un processus qui revenait à un véritable
bouleve rsement culturel : les ondes de choc de l’intervention menée par
Nietzsche contre l’idéalisme métaphysique y confluaient avec les irri-
t ations déclenchées par les critiques marxistes et positivistes de la
superstructure. Le nouvel art de lire des signes pratiquement imper-
ceptibles d’ensembles cohérents, intimes ou éloignés, i n t é grait les idées
les plus privées, les tics, les éruptions et les actes manqués dans un champ
de suppositions sémantiques élargies de manière subversive. Dans la
mesure où cette révision des choses à prendre au sérieux arpentait de
nouveau les frontières entre sens et absurdité, sérieux et non-sérieux,
elle donnait à l’espace culturel un formatage radicalement transformé.
Désormais, l’insignifiant pouvait régler de vieux comptes avec le signi-
fiant. Depuis, les rêves ne sont plus des écumes — ils sont à la rigueur
l’indice d’un processus endogène de production d’écume au sein des
systèmes psychiques, et fournissent une occasion de formuler des hypo-
thèses sur les lois auxquelles sont soumises la constitution de symptômes
et le bouillonnement d’images internes.
Si la modernité se reconnaît aux déplacements du sérieux, qu’en est-
il de l’autre partie de l’équation entre les rêves et les écumes ? À quel
point le XX e siècle a-t-il su prendre l’écume au sérieux ? Quelle valeur
a-t-il attribuée à « l’air en un endroit inattendu » ? De quelle manière
a-t-il travaillé à la réhabilitation du fugitif, de ce qui est voué à la désa-
grégation ? Par quels moyens a-t-il tenté de tenir compte des espaces
caverneux auto-référentiels qui le concernaient directement, des sphères
internes emplies de valeurs idiosyncratiques, des intérieurs respirables
et des faits climatiques ? La réponse adéquate à ces questions, si elle
devait déjà être possible à notre époque, produirait un synopsis de la
modernisation, comme nouveau procédé global d’admission du fortuit,
du momentané, du vague, de l’éphémère et de l’atmosphérique — un
procédé auquel participent les arts, les théories et les formes de vie, c h a-
cun avec ses propres types d’engagement. Parmi ses résultat s , on trouve
n°19 — wrk 08 13/06/06 15:38 Page 195
L I E N S · 195
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
tités irrégulières. Il faudrait parler d’une révolte des choses discrètes, à
la suite de laquelle le petit et le fugitif se sont assurés une part de la
vue de la grande théorie — d’une science des traces qui voulait lire dans
les indices les plus insignifiants les signes annonçant les tendances de
l’histoire du monde. Au-delà du tournant « micrologique », il faudrait
parler d’une découverte de l’indéterminé grâce à laquelle — peut-être
pour la première fois dans l’histoire de la pensée — le non-néant, le
presque-rien et l’informe ont trouvé un accès à l’espace des réalités sus-
ceptibles d’être théorisées.
Aussi large que soit un tel aperçu sur la nouvelle répartition du sé-
rieux entre des signes et états de fait jusqu’ici ignorés et méconnus, il
devrait confirmer ce diagnostic : nulle part, on n’a réussi à rassembler
ces innovations de manière convaincante sur un horizon commun. La
grande ombre de la pensée de la substance qui, depuis l’Antiquité, prend
si peu de goût à l’accidentel, repose toujours sur les théories modernes
et les théories de la modernité. Le mépris du non-substantiel marque
jusqu’à une période toute récente les découvertes thématiques d’une
philosophie scolarisée où de très anciennes inerties continuent à agir.
Cela n’empêche pas que des esprits plus libres s’engagent sur les fronts
de l’actualité où le risque est largement présent — mais jusqu’ici, leurs
engagements n’ont pu déboucher sur une redéfinition cohérente de la
situation. Les rêves peuvent bien avoir cessé de passer pour de l’écume
— cela demeure une demi-conquête tant que les écumes n’ont pas éga-
lement réussi leur émancipation. Les bouleversements de la gravité et
les révisions du decorum de la modernité n’aboutiront vraiment que si
l’on adjoint à l’interprétation du rêve une interprétation de l’écume.
Sa mission serait d’accorder à « l’air en un point inattendu » l’attention
qui lui revient, au risque de voir apparaître de la théorie en un point
inattendu — de la théorie post-héroïque qui consacre au fugitif, à ce
qui ne pèse pas, une attention qui, dans la théorie héroïque, est tou-
jours allée au permanent, au substantiel, au primaire. Il s’avérera peut-
n°19 — wrk 08 13/06/06 15:38 Page 196
être que seule une action parallèle en faveur de l’écume permet d’expri-
mer ce que désignait l’interprétation des rêves. De la même manière
qu’Ernst Bloch, dans son ontologie politique de sa capacité humaine
d’anticipation — théorie presque déjà retombée dans l’oubli après ses
premières réussites — décomposait le part i - p ris de l’interprétation
freudienne des rêves en strates sémantiques régressives et nocturnes pour
redonner au rêve diurne sa dignité de puissance utopique et d’énergie
prospective capable de poser une réalité, l ’ i n t e rp r é t ation de l’écume ne
pourrait déboucher que sur une ontologie politique des espaces inté-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Corse - - 90.8.136.70 - 15/08/2014 13h05. © Assoc. Multitudes
ri e u rs animés dans lesquels le plus fragile est conçu comme le plus réel.