Plans de relance : cinq pistes pour des économies en crise
Après avoir engagé des moyens importants
pour sauver le système bancaire, un nombre
croissant de pays adoptent des plans afin de
conjurer le ralentissement de l'activité. La
France peut s'en inspirer.
Après avoir engagé des moyens importants
pour sauver le système bancaire, un nombre
croissant de pays adoptent des plans de
relance afin de conjurer le ralentissement de
l'activité. Financés par l'endettement ou,
dans le cas de la Chine par exemple, par un
prélèvement sur leurs réserves financières,
ces dispositifs utilisent différents leviers
pour stimuler l'activité :
La baisse de la TVA. C'est la mesure-phare
du plan de relance britannique qui prévoit
une baisse temporaire du taux normal de
TVA de 17,5% à 15% dès le 1er décembre et
ce, jusqu'à fin 2009. En créant un effet
d'aubaine temporaire, la baisse de la TVA
vise à inciter les ménages à consommer
davantage. Cette option a été écartée, pour
l'instant, par l'Allemagne et la France, les
deux pays arguant que l'inflation est déjà en
baisse après le recul des prix du pétrole et
des matières premières.
Diminuer la TVA comporte deux risques : le
premier est que la baisse des prix ne soit pas
répercutée sur les consommateurs - dans ce
cas elle sera favorable aux marges des
entreprises et des distributeurs, ce qui aura
un impact moins immédiat sur l'activité. Le
second est que la baisse de la TVA ne
renforce les craintes de déflation – c'est-à-
dire une spirale baissière de l'ensemble des
prix incitant au gel de l'activité économique,
les agents anticipant la poursuite de la baisse
des étiquettes. A terme, la reprise de
l'économie devrait cependant conjurer les
menaces déflationnistes. Le caractère
temporaire de la baisse de la TVA
britannique incite également les ménages
anglais à en profiter tout de suite, dès les
achats de Noël : c'est l'objectif du
gouvernement.
Source : Adrien de Tricornot, Plans de relance : cinq pistes pour des économies en crise, Le monde, novembre 2008
Les crédits d'impôts ou les aides directes
aux ménages. Début 2008, l'administration
Bush a déjà utilisé les crédits d'impôts – des
chèques du fisc ont été distribués aux
ménages – pour relancer la consommation.
Une mesure identique pourrait entrer en
vigueur au premier semestre 2009 dans le
cadre du plan de relance préparé par le
président élu Barack Obama. Ce type d'aide
peut intervenir soit sous la forme de baisse
d'impôts soit sous la forme d'"impôt
négatif" ou de crédit d'impôts pour les
ménages à bas revenus comme le prévoit
aussi le plan britannique.
"Le plan de relance américain devrait être
mis en œuvre rapidement après la prise de
fonction de Barack Obama le 20 janvier. Les
crédits d'impôts pourraient intervenir très
vite, sous la forme de suspension des
prélèvements puis sous forme de chèques
aux ménages : l'argent peut arriver en
février, mars, avril, en tout cas au premier
semestre", explique Jean-Louis Mourier,
économiste à la société de Bourse Aurel BGC.
Une question se pose néanmoins : dans un
contexte d'inquiétude, certains ménages ne
risquent-ils pas de garder cette somme par
précaution ou parce qu'ils sont confrontés à
des difficultés de paiement de leurs crédits ?
Le soutien aux ménages à bas revenus peut
aussi se traduire par une hausse des
allocations sociales comme l'aide aux petites
retraites décidée outre-Manche,
l'augmentation de la prime de Noël en
France, des aides aux ménages à faibles
revenus en Italie (chèque de bonus,
réduction des factures d'électricité et de gaz,
carte prépayée pour les biens de première
nécessité), ou une amélioration de
l'indemnisation du chômage partiel.
Les incitations fiscales aux investissements
des entreprises. Effrayées par la crise,
beaucoup d'entreprises gèlent leurs
décisions d'investissement. Leur accorder
des incitations fiscales pourrait les inciter à
changer d'avis. En France, à cet effet,
l'investissement a été exonéré de taxe
professionnelle jusqu'en 2010, et des
excédents financiers (Livret A) ont été
réorientés vers le crédit aux PME. Le plan
allemand repose aussi sur une série
d'incitations ciblées, notamment une aide au
financement des PME.
Les plans de soutien sectoriels. Des pays
comme les Etats-Unis, la France ou l'Espagne
préparent des soutiens directs aux
constructeurs automobiles. La France a
débloqué des crédits pour financer la
recherche sur les véhicules électriques.
L'Allemagne a accordé un soutien au secteur
automobile sous forme d'exonérations de la
taxe d'achat sur les voitures neuves.
En Chine, l'Etat a décidé de soutenir les
zones rurales, dont le revenu a beaucoup
moins progressé que celui des zones
urbaines, afin de limiter l'afflux des
travailleurs vers les usines et les villes. "La
particularité de la Chine, c'est que l'Etat
achète lui-même la production de blé et il a
donc une marge de manœuvre importante
pour améliorer les revenus des populations
rurales", explique Christian Parisot,
économiste à la société de Bourse Aurel BGC.
Les grands travaux. C'est l'un des axes
classiques de relance de la demande et de
l'emploi dans les politiques de soutien à
l'activité. La Chine a ainsi décidé d'accélérer
ses plans d'infrastructures énergétiques,
routières, ferroviaires et immobilières, en
réalisant en deux ans les travaux qui avaient
été planifiés au cours des cinq prochaines
années. La Grande-Bretagne avancera aussi
les crédits consacrés aux dépenses
d'infrastructures pour accélérer leur
réalisation.
Aux Etats-Unis, le plan du président élu
Barack Obama prévoit d'investir
massivement dans les énergies
renouvelables - panneaux solaires, éoliennes
- ainsi que dans les infrastructures comme
les routes ou les ponts, qui sont en mauvais
état.