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 13-001-A-10

Anémies macrocytaires carentielles


de l’adulte et du sujet âgé
E. Andrès

Les anémies macrocytaires carentielles sont les anémies dues essentiellement aux carences en folates
(vitamine B9 ) et/ou en vitamine B12 (cobalamine). Les causes de carence en folates sont dominées
par les défauts d’apport, l’augmentation des besoins, la malabsorption et la prise de certains médi-
caments. Quant à la carence en vitamine B12 , son profil étiologique a connu un réel changement après
l’identification du syndrome de maldigestion des cobalamines alimentaires, devenu la première étiologie
de carence en vitamine B12 chez l’adulte et le sujet âgé au côté de la maladie de Biermer. Ce bouleverse-
ment a débouché sur d’importantes avancées thérapeutiques, avec une utilisation croissante de la voie
orale comme mode de supplémentation en vitamine B12 .
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Mots-clés : Anémie ; Macrocytose ; Mégaloblastose ; Vitamine B12 ; Acide folique

Plan  Introduction
■ Introduction 1 Les anémies macrocytaires carentielles regroupent les anémies
■ Données épidémiologiques 2 dues essentiellement à une carence en vitamine B12 (cobala-
Épidémiologie des carences en folates et vitamine B12 2 mine) et/ou en acide folique (vitamine B9 ). Classiquement, elles
Épidémiologie des anémies macrocytaires carentielles 2 s’accompagnent d’une mégaloblastose médullaire [1] . Il est à noter

que cette dernière peut également être observée, mais beaucoup
Métabolisme de l’acide folique et de la vitamine B12 2
plus rarement, en cas de carence en thiamine [2] .
Métabolisme des folates 2
Métabolisme de la vitamine B12 2
■ Données de physiopathologie
Fonctions de la vitamine B12 et des folates
Conséquences hématologiques et neurologiques
2
2 “ Point fort
des carences vitaminiques 3

Les anémies macrocytaires carentielles regroupent les ané-
Diagnostics positif et différentiel des anémies macrocytaires
carentielles 3 mies dues à une carence en vitamine B12 (cobalamine)
Conduite à tenir devant une anémie macrocytaire présumée et/ou en acide folique (vitamine B9 ). Classiquement, elles
carentielle 3 s’accompagnent d’une mégaloblastose médullaire.
Définition de la carence en vitamine B12 et en folates 5
■ Signes extrahématologiques des carences en vitamine
B12 et en folates 5 Chez l’adulte, ces anémies carentielles sont parmi les causes
Manifestations neurologiques de la carence en vitamine les plus fréquentes d’anémie macrocytaire. Leur prévalence est
B12 et en folates 6 également élevée chez le sujet âgé, au même titre que celle des
Manifestations de la carence en vitamine B12 et en folates anémies en rapport avec les syndromes myélodysplasiques. Elles
liées à l’atteinte des épithéliums 6 doivent impérativement être reconnues, car elles sont curables et
Manifestations vasculaires des carences en folates et vitamine potentiellement responsables, dans les formes diagnostiquées tar-
B12 6 divement, de tableaux hématologiques sévères [3] . Elles sont en
■ Diagnostic étiologique des anémies macrocytaires outre parfois associées à des manifestations neuropsychiatriques
carentielles 6 graves, parfois irréversibles, notamment chez la personne âgée [4] .
Causes de carence en folates 6 Il s’agit d’un problème d’actualité, en raison des avancées phy-
Causes de carence en vitamine B12 7 siopathologiques, étiologiques et thérapeutiques réalisées ces 20
■ Prise en charge thérapeutique des anémies macrocytaires dernières années, particulièrement pour la carence en vitamine
carentielles 9 B12 [5–8] . Ceci rend compte de l’importance pour le praticien
d’une actualisation permanente des connaissances afin de pouvoir

EMC - Hématologie 1
Volume 13 > n◦ 2 > mai 2018
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1984(17)83292-1

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assurer une prise en charge optimale, répondant aux critères de la Dans une étude prospective incluant 423 personnes âgées de
médecine factuelle, de ce type d’anémies. plus de 85 ans, l’anémie macrocytaire carentielle a été rapportée
Cet article s’inscrit dans cette optique et a pour objectif de comme fortement corrélée à la carence en folates, mais pas à la
mettre en exergue les différents aspects physiopathologiques, carence en vitamine B12 [23] .
diagnostiques et thérapeutiques des anémies macrocytaires caren-
tielles.
 Métabolisme de l’acide folique
 Données épidémiologiques et de la vitamine B12
Métabolisme des folates
Épidémiologie des carences en folates
Un régime alimentaire équilibré apporte environ 500 à 700 ␮g
et vitamine B12 d’acide folique par jour [24] . Cette quantité suffit théoriquement
La prévalence de la carence en folates est de 2 à 3 % dans la popu- pour satisfaire les besoins physiologiques de l’organisme. Les
lation générale (2,3 % en moyenne) [9] . Elle est plus basse (0,6 %) folates sont présents en grande quantité dans les légumes verts
dans les régions ou pays bénéficiant d’une supplémentation ali- frais, les fruits secs, les céréales, le foie et le jaune d’œuf.
mentaire systématique, comme au Canada et aux États-Unis, où L’absorption des folates se fait dans le duodénum et le jéju-
les céréales sont enrichies en folates [10] . Elle est au contraire plus num, et l’élimination est à la fois biliaire et urinaire. Les réserves
importante (> 5 %) dans certains contextes et désordres : malnutri- (10 à 15 mg) sont essentiellement hépatiques et suffisantes pour
tion ; alcoolisme ; malabsorption digestive (maladie cœliaque) ; quelques semaines (maximum de 4 mois) [25] .
chimiothérapie anticancéreuse [4] . Une prévalence augmentée a L’acide folique est présent dans le plasma sous forme de 5-
également été rapportée en cas de grossesse multiple et associée à méthyltétrahydrofolate et dans les cellules sous forme active
des malformations du tube neural, d’où la supplémentation habi- déméthylée (tétrahydrofolate) [26] .
tuelle chez les femmes enceintes [5, 9] .
Dans la cohorte de Framingham, la prévalence du déficit en
cobalamine est estimée à 15 % [11] . Dans la littérature, des chiffres
Métabolisme de la vitamine B12
extrêmement variables ont été rapportés, de 5 à 60 % selon La vitamine B12 est apportée exclusivement par l’alimentation.
la population étudiée, et selon les critères et normes utilisés Les besoins journaliers sont estimés entre 2 et 5 ␮g [24] . En pratique,
pour définir la carence en vitamine B12 [7, 8, 12] . Tous les travaux elle n’est présente que dans les produits d’origine animale. Elle est
s’accordent néanmoins pour montrer que cette prévalence aug- présente en grande quantité dans le foie, la viande de bœuf et les
mente chez les sujets âgés ; elle dépasserait 40 % chez les patients poissons. Elle se trouve en quantité moindre dans les œufs et les
de plus de 65 ans vivant en institution [4] . À l’hôpital (dans un ser- produits laitiers [25] . Les végétaliens stricts sont donc susceptibles
vice de médecine universitaire), en s’appuyant sur une définition de développer des carences en vitamine B12.
stricte de la carence en vitamine B12 (vitamine B12 < 200 pg/ml), la La vitamine B12 est initialement liée à des protéines alimen-
prévalence serait actuellement proche de 5 % chez des sujets âgés taires. Elle en est dissociée sous l’influence de l’acidité gastrique,
en moyenne de 70 ans [13] . puis liée aux haptocorrines (« cobalophilines » ou « R-protéines »),
glycoprotéines porteuses présentes dans les sécrétions salivaires et
gastriques [27] .
Épidémiologie des anémies macrocytaires Dans le duodénum, ces protéines sont progressivement digérées
carentielles et la vitamine B12 est alors liée au facteur intrinsèque, sous l’effet
des sécrétions biliaires et pancréatiques [28, 29] . Le complexe ainsi
formé se lie dans l’iléon terminal à son récepteur, la cubiline ; après
endocytose, la vitamine B12 est dissociée du facteur intrinsèque et

“ Point fort se lie principalement à la transcobalamine de type II [27, 28] .


Le complexe ainsi formé, nommé holotranscobalamine II,
passe dans la circulation sanguine et assure le transport de la
vitamine B12 aux cellules tissulaires [27, 28] . Les formes intracellu-
Chez l’adulte, les anémies carentielles sont parmi les causes
laires actives de cobalamine sont représentées par la méthyl- et
les plus fréquentes d’anémie macrocytaire. Elles repré- l’adénosylcobalamine.
sentent jusqu’à 40 % des anémies macrocytaires du sujet Les réserves hépatiques (2 à 3 mg) et l’existence d’un cycle enté-
âgé. rohépatique [29] expliquent le délai en général supérieur à cinq ans
entre l’installation d’un déficit en vitamine B12 et l’apparition de
manifestations cliniques.
En pratique, plus de 1 % de la vitamine B12 est absorbé par un
La prévalence de l’anémie macrocytaire dans la population mécanisme de diffusion passive, mécanisme qui est à la base du
adulte « en bonne santé » est mal documentée. Néanmoins, cer- traitement par voie orale des carences en cobalamine [27] .
taines données, extrapolées notamment à partir des cohortes de La Figure 1 résume les principales étapes du métabolisme de la
donneurs de sang, permettent d’avancer des chiffres de quelques vitamine B12 .
pour-cent dans la population des pays industrialisés (0,5 à
5 %) [14, 15] .
Chez le sujet âgé, il a été clairement montré que la prévalence de  Données de physiopathologie
l’anémie, y compris l’anémie macrocytaire, augmente après l’âge
de 65 ans, surtout chez les hommes, pouvant atteindre 20 % dans Fonctions de la vitamine B12 et des folates
la population des sujets de plus de 85 ans [15–19] .
Les données épidémiologiques américaines du programme La vitamine B12 et l’acide folique, à travers leurs formes
Third National Health And Nutrition Examination Survey (NHANES actives respectives, méthyl- et adénosylcobalamine et 5-
III) montrent que 34 % de ces anémies du sujet âgé sont d’origine méthyltétrahydrofolate et tétrahydrofolate, sont essentiels pour
carentielle, 60 % étant liées à un déficit martial et 40 % en rapport la synthèse de l’acide désoxyribonucléique (ADN) et de la méthio-
avec une carence en vitamine B12 et/ou en acide folique [20, 21] . nine à partir de l’homocystéine [25, 27, 31] .
Une prévalence de l’anémie carentielle de l’ordre de 28 % a Les cobalamines interviennent dans deux réactions, à savoir
été rapportée dans une population de 300 patients anémiques, comme cofacteur vitaminique de la méthyl-malonyl CoA mutase
âgés de plus de 65 ans, hospitalisés en médecine dans un hôpital d’une part, et de la méthionine synthétase de l’autre [27] . Dans
universitaire [22] . cette dernière, la cobalamine intervient comme cofacteur du

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Aliments Carence d’apport Figure 1. Métabolisme de la vita-


(cobalamines (régime végétalien) mine B12 et principales étiologies
alimentaires) des carences en vitamine B12 chez
l’adulte (d’après [30] ). Cbl : coba-
Malabsorption lamine ; TCII : transcobalamine de
Protéases type II ; THF : tétrahydrofolate ;
FI
MTHFR : méthyltétrahydrofolate
Hydrolyse
(HCI) réductase ; MS : méthionine syn-

CUBN
Cbl-FI Maladie de Biermer thase ; LRP : low density lipoprotein-

AMN
Maladie de receptor related protein ; MCM :
Gastrectomie
Imerslund- méthylmalonyl-CoA mutase ; RAP :
Iléon

LRP-2
RAP
Gräsbeck receptor-associated protein ; CUBN :
Maldigestion des
cubiline ; AMN : amnionless ; FI :
cobalamines
Estomac alimentaires facteur intrinsèque.

TCII
Cbl
non liée Cbl-
TCII Déficits congénitaux
en transporteurs,
notamment en TCII
Cbl-TCII
Sang

TCII-R
LRP-2
N-méthyl- Homocystéine
THF Cbl-TCII
Me Me Déficits congénitaux
Me Me en enzymes
Méthyl-Cbl MTHFR MS Cbl intracellulaires
Lysosome
Purines THF Méthionine
Pyrimidines
Méthylmalonyl-
CoA Ad Ad Tissus
MCM Ad Ad
Adénosyl-Cbl
Succinyl-CoA
Mitochondrie

transfert du radical méthyle (méthyltransférase), dépendant de et par l’« ambiance » cytokinique myélosuppressive qu’elles
la disponibilité en N5-méthyl-tétrahydrofolate [7, 12, 27] . La carence entraînent [34–36] .
en vitamine B12 ne ralentit la synthèse des bases puriques qu’en Les mécanismes du syndrome neurologique lié au déficit
« piégeant » le N5-méthyl-tétrahydrofolate à cette étape de son vitaminique sont complexes et encore très imparfaitement
métabolisme. L’augmentation de l’homocystéine plasmatique est compris [6, 37, 38] . L’altération de la synthèse de méthionine est le
le reflet direct de ce « piège métabolique » [7, 12] . principal mécanisme incriminé [6, 37] . Elle entraîne un défaut de
Les cellules à renouvellement rapide et le système nerveux sont synthèse de la protéine basique de la myéline, avec des anomalies
de ce fait la première cible des manifestations cliniques, expli- de conduction nerveuse [37] .
quant ainsi la triade syndromique hématologique, neurologique Un rôle de la vitamine B12 dans la régulation de la synthèse
et épithéliale caractéristique du déficit en cobalamine et/ou en et de l’activité de certaines cytokines à tropisme neurologique a
acide folique [7, 12, 32] . été également évoqué pour expliquer les troubles neurologiques.
Ce rôle serait indépendant de toute activité coenzymatique de la
vitamine B12 [6, 37] . Selon certaines observations, la vitamine B12
Conséquences hématologiques pourrait, dans le sérum et le liquide céphalorachidien, moduler
le taux de diverses cytokines : tumor necrosis factor-α, nerve growth
et neurologiques des carences vitaminiques factor, midkine, anciennement neurite growth-promoting factor 2 et
interleukine 6 [37, 39] . Un rôle délétère du stress oxydant dans la
Au plan hématologique, la mégaloblastose médullaire et la
physiopathologie de ces carences a également été évoqué.
macrocytose sanguine sont consécutives au trouble de synthèse de
l’ADN [32] . Il est à souligner que ce blocage de la synthèse d’ADN
et la synthèse conservée d’acide ribonucléique sont à l’origine,
outre de l’anémie, d’un asynchronisme nucléocytoplasmique et  Diagnostics positif et différentiel
d’une hématopoïèse inefficace avec « avortement » intramédul- des anémies macrocytaires
laire [29] . Cette dernière, liée à une apoptose érythrocytaire et à une
phagocytose médullaire accrue, ainsi que la mégaloblastose, sont carentielles
responsables de tableaux cliniques et biologiques pouvant simu-
ler une authentique anémie hémolytique, une microangiopathie Conduite à tenir devant une anémie
thrombotique ou encore une leucose aiguë [7, 33] . macrocytaire présumée carentielle
Il est à noter que, chez le sujet âgé, une anémie carentielle
est souvent aggravée par la présence de maladies chroniques Une approche systématisée dans la prise en charge d’une ané-
associées (insuffisance rénale, inflammations chroniques, etc.) mie (hémoglobine inférieure à 13 g/dl chez l’homme et à 12 g/dl

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Figure 2. Arbre décisionnel. Conduite à tenir


Anémie macrocytaire (volume devant une anémie macrocytaire de l’adulte.
globulaire moyen > 95 fl)

Éliminer causes évidentes :


- hypothyroïdie
- hépatopathie
- éthylisme
- prise médicamenteuse

Taux des réticulocytes

< 120 G/l > 120 G/l


= anémie arégénérative = anémie régénérative

Dosage vitamine B12 Hémolyse


Dosage folates érythrocytaires Hémorragie subaiguë

Déficit + Déficit - ou taux limite

Substitution Myélogramme Myélodysplasie


+ recherche étiologique ± biopsie de moelle Myélofibrose, aplasie, etc.

chez la femme) macrocytaire (volume globulaire moyen > 100 fl) Tableau 1.


reste le meilleur moyen pour mettre en évidence une anémie par Principaux médicaments responsables d’une macrocytose [40–42] .
carence en vitamine B12 ou en folates [40–43] . La Figure 2 résume la Chimiothérapie et Cyclophosphamide (Endoxan ),
®

conduite à tenir pratique que nous proposons devant une anémie immunomodulateurs hydroxyurée, méthotrexate, azathioprine
macrocytaire. ® ®
(Imurel ), mercaptopurine (Purinéthol ),
Il faut noter d’emblée que la présence sur le frottis d’une cladribine, cytarabine, 5-fluoro-uracile,
anisocytose et surtout d’une macro-ovalocytose ou d’une hyper- salazopyrine
segmentation nucléaire des neutrophiles (déviation vers la droite ® ®
Antirétroviraux Zidovudine (Rétrovir ), stavudine (Zérit ),
de la formule d’Arneth) peut orienter le diagnostic vers une origine ®
lamivudine (Épivir )
carentielle [6, 32, 44] .
Anti-inflammatoire Sulfasalazine
Il faut également souligner que l’absence de macrocytose ne
permet pas d’écarter une carence en cobalamine ou en folates. Antimicrobiens Pyriméthamine,
En effet, lorsque celle-ci est associée à une cause de microcytose, sulfaméthoxazole/triméthoprime ou
®

notamment une carence martiale, une inflammation chronique cotrimoxazole (Bactrim ), valaciclovir
®

ou plus rarement une thalassémie, la résultante peut alors être (Zélitrex )


® ®
une fausse normocytose, voire une microcytose. Un index de dis- Hypoglycémiant Metformine (Glucophage , Stagid )
tribution globulaire augmenté peut alors avoir toute son utilité en Hypolipémiant Cholestyramine (Questran )
®

orientant vers une anisocytose et donc vers une origine multifac- Diurétique Triamtérène
torielle de l’anémie [36, 45] . ®
Antiépileptiques Phénytoïne (Dilantin ), primidone, acide
La première étape diagnostique devant une anémie macro- ®
valproïque (Dépakine )
cytaire est l’élimination des causes évidentes de macrocy-
tose, à savoir les hépatopathies chroniques, l’alcoolisme et Autres Monoxyde d’azote
l’hypothyroïdie [40–42] . Il convient également de rechercher la prise
de certains médicaments susceptibles de s’accompagner d’une
macrocytose. La liste de ces médicaments est présentée dans le l’haptoglobine, élévation de la bilirubine et des lacticodéshydro-
Tableau 1[40–42] . génases) [3, 25, 44] . Il faut cependant veiller à ne pas méconnaître
L’anamnèse permet rapidement d’éliminer les prises médica- une anémie carentielle devant un taux élevé de réticulocytes si
menteuses le plus souvent responsables de macrocytose, comme cette dernière est substituée (la vitamine B12 est parfois cachée
le méthotrexate, le triméthoprime (cotrimoxazole) et les antiépi- dans certaines préparations médicinales).
leptiques [41, 42] . Une pancytopénie sévère peut également révéler une carence
Par la suite, un taux bas des réticulocytes (< 120 000/mm3 ) en folates ou vitamine B12 , tout comme des tableaux de pseudo-
permet d’affirmer le caractère central, arégénératif, de l’anémie microangiopathie (associant anémie hémolytique mécanique
macrocytaire [40–43] . Il s’agit d’une étape cruciale au diagnostic, avec schizocytose et thrombopénie) [45, 46] . Le Tableau 2 reprend
surtout lorsqu’on sait que dans les anémies mégaloblastiques l’ensemble des anomalies hématologiques décrites dans la littéra-
l’« avortement » intramédullaire est classiquement à l’origine d’un ture en présence de carence en vitamine B12 et/ou folates [2, 8, 25] .
syndrome d’hémolyse qui peut être au premier plan et simu- Les dosages de la vitamine B12 et des folates sériques permettent
ler une authentique anémie hémolytique périphérique (baisse de alors de confirmer le diagnostic de carence [42, 43] . En outre, il faut

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Tableau 2. Tableau 3.
Éléments diagnostiques hématologiques de carence en vitamines B9 et Définitions de la carence en vitamine B12 [7, 12, 51] .

B12 [2, 8, 25] .


Vitamine B12 sérique à deux reprises < 200 pg/ml (ou 148 pmol/l)
Hémogramme Anémie macrocytaire franche, normochrome et ou
arégénérative vitamine B12 sérique < 160 pg/ml
Leucopénie et thrombopénie modérées, en ou
général associées vitamine B12 sérique < 200 pg/ml + homocystéine totale sérique
Rarement pancytopénie et exceptionnellement > 13 ␮mol/l ou acide méthylmalonique > 0,4 ␮mol/l (en l’absence
tableau de pseudo-microangiopathie d’insuffisance rénale, de déficit en folate ou en vitamine B6 et/ou
thrombotique (associant anémie, thrombopénie d’un mutant thermolabile de la méthyltétrahydrofolate réductase)
et schizocytose) ou
Frottis sanguin Hématies de grande taille, anisocytose, vitamine B12 sérique < 200 pg/ml + signes cliniques (neurologiques)
poïkilocytose, corps de Jolly, déformations et/ou anomalies hématologiques compatibles avec une carence en
globulaires sous forme d’ovalocytes vitamine B12
(macro-ovalocytose), hématies en « poire », ou
polychromasie holotranscobalamine diminuée
Granulocytes de grande taille avec noyaux
hypersegmentés (déviation vers la droite de la
Tableau 4.
formule d’Arneth)
Principales manifestations cliniques des carences en vitamine B12 , en
Biologie Élévation du taux de LDH et de bilirubine libre dehors des atteintes hématologiques [7, 8, 25, 52] .
et diminution du taux d’haptoglobine
(hémolyse par avortement intramédullaire) Manifestations Fréquentes : polynévrite (surtout sensitive),
neuropsychiatriques ataxie, signe de Babinski
Frottis médullaire Moelle riche et bleue du fait de
Classiques : sclérose combinée de la moelle
l’hyperbasophilie cytoplasmique ;
Rares : syndrome cérébelleux, atteinte des
érythroblastose médullaire accrue avec
nerfs crâniens dont névrite optique, atrophie
érythroblastes mégaloblastiques
optique, incontinence urinaire et/ou fécale
Tous les stades de maturation érythroblastique
En cours d’étude : altérations des fonctions
sont représentés mais l’asynchronisme de
supérieures, voire démences, accident
maturation nucléocytoplasmique est marqué,
vasculaire et athérosclérose
avec des noyaux jeunes et un cytoplasme déjà
(hyperhomocystéinémie), syndromes
acidophile
parkinsoniens, dépression, épilepsie,
LDH : lacticodéshydrogénase. troubles du sommeil
Manifestations Classiques : glossite de Hunter, ictère et
digestives élévation des LDH et de la bilirubine
souligner que la régression des anomalies sous traitement appro- (« avortement intramédullaire »)
prié (« test thérapeutique ») permet d’apporter la preuve définitive Liens discutables : douleurs abdominales,
du rôle de la carence dans l’anomalie constatée [8] . Certains auteurs dyspepsie, nausées et vomissements,
semblent accorder une plus grande confiance aux dosages des diarrhée, troubles fonctionnels intestinaux
folates intraérythrocytaires et à celui de l’holotranscobalamine, Rares : ulcère cutanéomuqueux rebelle et/ou
sans que les données de la littérature scientifique actuelle per- récidivant
mettent de valider cette attitude. Manifestations Classiques : atrophie de la muqueuse
Une exploration médullaire peut parfois s’avérer indispensable gynéco-obstétricales, vaginale et infections chroniques vaginales
à l’évaluation d’une anémie macrocytaire lorsque le taux vita- fertilité (surtout mycoses) et/ou urinaires
minique n’est pas franchement bas, surtout en présence d’une En cours d’étude : hypofertilité et
bicytopénie et chez le sujet âgé, ou lorsqu’un autre diagnos- avortements à répétition (infertilité
tic paraît possible, notamment une myélodysplasie, une aplasie masculine)
médullaire ou une autre hémopathie centrale [1, 7, 19, 25] . Autres En cours d’étude : maladie
Dans les anémies macrocytaires carentielles, le myélogramme thromboembolique veineuse, cardiopathies
montre habituellement une mégaloblastose qui donne à la ischémiques et accident vasculaire cérébral
moelle un aspect bleuté en rapport avec l’hypercellularité et (rôle dans la prévention) via
l’hyperbasophilie [40, 41, 47] . Il est néanmoins à souligner que cet l’hyperhomocystéinémie
examen ne doit plus être systématique, d’autant que des aspects
LDH : lacticodéshydrogénase.
plus atypiques ont été rapportés, notamment à type de « pseudo-
myélodysplasie » ou de moelle normale, aspects qui peuvent faire
errer le diagnostic [3] . travaux complémentaires sont en cours pour trancher définitive-
ment cette question.
Pour l’acide folique, le meilleur marqueur de carence est le taux
Définition de la carence en vitamine B12 des folates érythrocytaires, le taux des folates sériques étant faci-
et en folates lement influencé par les prises alimentaires récentes [48] . Chez le
sujet non carencé, le taux de l’acide folique érythrocytaire est
Différentes définitions ont été proposées pour le diagnostic supérieur à 140 ng/ml.
positif d’une carence en vitamine B12 [48–51] ; celles proposées par
Snow et par Andrès et al. semblent être les plus appropriées, du
moins à la routine clinique [49, 51] . Quelle que soit la définition  Signes extrahématologiques
retenue, la concentration de vitamine B12 sérique est inférieure
à 200 pg/ml (ou 148 pmol/l). Un consensus semble également des carences en vitamine B12
se dégager sur l’intérêt du dosage de l’homocystéine et de l’acide
méthylmalonique, dont l’augmentation est un marqueur robuste
et en folates
de carence fonctionnelle [7, 12, 51] . Parallèlement à cette démarche diagnostique centrée sur
Le Tableau 3 reprend dans le détail ces différentes défini- l’anémie, il est important pour le praticien de connaître les dif-
tions [7, 12, 51] . Le dosage de l’holotranscobalamine (forme active férents signes et symptômes extrahématologiques de la carence
de vitamine B12 ) mis au point par l’équipe de Hvas et Nexo [12] en vitamine B12 et en acide folique. Leur présence permet
ne semble pas apporter à ce jour d’avantage décisif en pratique en effet d’orienter d’emblée le diagnostic vers une étiologie
clinique. Néanmoins, les avis sur son intérêt sont partagés et des carentielle. Dans le Tableau 4 sont résumées les principales

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13-001-A-10  Anémies macrocytaires carentielles de l’adulte et du sujet âgé

manifestations extrahématologiques des carences en vitamine B12 site atrophique de Hunter est la manifestation la plus classique.
et en folates [7, 8, 25, 52] . La langue est dépapillée, sèche, lisse, avec une gêne douloureuse
Il est à souligner que ces signes sont souvent associés à l’anémie, à l’alimentation. D’autres symptômes à type de vomissements,
mais peuvent être présents de manière isolée (dans plus de 30 % dyspepsie, diarrhée ou troubles fonctionnels digestifs ont été
des cas de carence avérée), c’est-à-dire en l’absence de tout syn- observés, mais le lien certain et exclusif avec la carence en folates
drome hématologique [8, 52] . ou vitamine B12 n’est pas encore démontré [55] .
Dans la série de Lindenbaum et al., qui comporte 141 patients Les autres manifestations épithéliales de la carence vitaminique
avec anomalies neuropsychiatriques dues à un déficit en coba- sont les ulcères cutanéomuqueux récidivants, l’atrophie vaginale
lamine, l’anémie et la macrocytose étaient absentes dans 28 % et les infections urogénitales à répétition, liées à une défaillance
des cas [52] . Dans la cohorte strasbourgeoise, les manifestations de la barrière muqueuse de l’appareil urinaire et à une possible
neuropsychiatriques sont isolées et révélatrices de la carence en immunodépression [55] .
vitamine B12 dans un quart des cas [3] .

Manifestations neurologiques de la carence Manifestations vasculaires des carences


en vitamine B12 et en folates en folates et vitamine B12
Les manifestations neurologiques les plus fréquentes sont les La carence en folates ou en vitamine B12 est une des causes
polynévrites, le plus souvent sensitives pures à type de paresthé- d’hyperhomocystéinémie [6, 12, 25] . Cette dernière est actuellement
sies, avec ataxie et signe de Romberg [37, 53] . Le tableau de sclérose reconnue comme un facteur de risque indépendant de maladie
combinée de la moelle est le plus classique, mais il est rarement thromboembolique veineuse, avec un risque relatif relativement
observé actuellement. Il associe un syndrome cordonal postérieur modéré, de 1,5 à 2 selon les études [58, 59] . Cependant, les cas de
et un syndrome pyramidal déficitaire, marqué en général par le thrombose veineuse avec carence en cobalamine bien documen-
signe de Babinski [53] . Dans le cadre du syndrome neuroanémique, tés demeurent peu fréquemment rapportés dans la littérature [55] .
il s’y ajoute la composante hématologique avec l’anémie macro- Ceci serait dû au caractère modéré de l’hyperhomocystéinémie
cytaire arégénérative. secondaire à la carence en vitamine B12 [58, 59] . La plupart des cas
de carence en vitamine B12 révélés par une thrombose veineuse
profonde rapportés dans la littérature sont en rapport avec une
maladie de Biermer ou avec une insuffisance d’apport exogène.
“ Point fort La présence d’une hyperhomocystéinémie majeure (supérieure
à 80, voire 100 ␮mol/l) doit faire rechercher d’autres causes
associées comme l’insuffisance rénale, l’âge avancé, le déficit en
Les anémies carentielles doivent impérativement être folates et les dysthyroïdies, la mutation homozygote C677 T de
reconnues, car elles sont curables et responsables, en cas la méthyl-tétrahydrofolate réductase (MTHFR), en plus des causes
de diagnostic tardif, de tableaux hématologiques sévères héréditaires comme les déficits d’autres enzymes impliquées dans
(anémie profonde, pancytopénie). Elles sont en outre par- la transformation de l’homocystéine en méthionine, comme la
fois associées à des manifestations neuropsychiatriques cystathionine bêtasynthase [55, 60] .
L’athérosclérose et les accidents vasculaires ont été évoqués
graves (sclérose combinée, tableau démentiel), notam-
comme des manifestations associées à l’hyperhomocystéinémie
ment chez la personne âgée. due aux carences en vitamines du groupe B (vitamines B6 , B9
et B12 ). Le lien n’est toutefois pas encore, loin s’en faut, bien
documenté, même s’il est séduisant sur le plan physiopatholo-
Il est à souligner que ces manifestations neurologiques sont gique [58, 61, 62] .
susceptibles de se révéler, voire de s’aggraver, laissant alors des En particulier, les différentes études d’intervention avec une
séquelles irréversibles, lors d’une supplémentation isolée et inop- supplémentation en vitamines du groupe B ne corroborent pas les
portune en folates en présence d’une carence en vitamine B12 données des études épidémiologiques [61, 62] . Ainsi la supplémenta-
(« piège à folates ») [37] . tion en vitamines B9 et B12 a été comparée au placebo et à une prise
Au plan radiologique, l’imagerie par résonance magnétique en charge standard dans 17 essais cliniques menés auprès de plus
peut montrer un hypersignal cordonal postérieur en T2, le plus de 39 000 personnes et les résultats montrent que cette supplé-
souvent cervicodorsal, associé ou non à un renflement médullaire mentation n’a pas eu d’impact positif sur l’infarctus du myocarde,
œdémateux en T1 [37, 54] . l’accident cérébral vasculaire ou la mortalité cardiovasculaire [63] .
Une atteinte spinothalamique douloureuse, une ataxie céré- Toutefois, théoriquement, l’hyperhomocystéinémie, même
belleuse, des troubles sphinctériens ou une névrite optique modérée, a des effets procoagulants sur les cellules endo-
rétrobulbaire sont également décrits, surtout dans les carences en théliales vasculaires, agit sur les cellules musculaires lisses
vitamine B12 [37] . D’autres manifestations ont été décrites : syn- vasculaires, et favorise l’initiation et la progression des processus
dromes parkinsoniens, dépression, états maniaques, psychoses, d’athérothrombose [64] .
troubles obsessionnels compulsifs et troubles du sommeil, mais
pour l’ensemble de ces manifestations le rapport de causalité n’est
pas encore démontré [37, 55] .  Diagnostic étiologique
Un lien statistique a été mis en évidence entre la carence en
cobalamines et la présence de troubles cognitifs, voire de tableaux des anémies macrocytaires
démentiels [56, 57] . Néanmoins, les résultats quant à l’amélioration carentielles
des altérations des fonctions supérieures après supplémentation
sont discutés, discordants et souvent peu pertinents sur le plan cli- Causes de carence en folates
nique (amélioration d’échelles fonctionnelles du type Mini Mental
Score) [37, 55] . Des études complémentaires, répondant aux critères La principale cause d’anémie par carence en folates est
de la médecine factuelle, sont en cours pour trancher définitive- l’insuffisance d’apport alimentaire [25, 26, 31] . Les capacités physio-
ment cette question. logiques de stockage d’acide folique n’assurent en effet qu’une
réserve maximale de quatre mois, expliquant l’extrême sensibi-
lité à tout défaut d’apport, aussi minime soit-il. Les sujets les plus
Manifestations de la carence en vitamine B12 touchés sont les sans-domicile-fixe, les éthyliques chroniques, les
et en folates liées à l’atteinte des épithéliums patients âgés, notamment institutionnalisés, et beaucoup plus
rarement dans notre pays les femmes enceintes, qui reçoivent une
Les manifestations épithéliales de la carence vitaminique sont supplémentation systématique, préconisée durant la grossesse
dominées principalement par les signes digestifs [53, 55] . La glos- pour prévenir les défauts de fermeture du tube neural [25, 26, 65] .

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Anémies macrocytaires carentielles de l’adulte et du sujet âgé  13-001-A-10

Tableau 5.

“ Point fort Critères diagnostiques du syndrome de maldigestion des cobalamines


alimentaires [67] .
Critères du diagnostic Concentration sérique de vitamine
Les causes de carence en folates sont dominées par B12 < 200 pg/ml ou < 150 pmol/l
les défauts d’apport (éthyliques chroniques, sujets âgés), Test de Schilling standard (avec de la
cyanocobalamine libre marquée au cobalt
l’augmentation des besoins (grossesse), la malabsorption
58) normal ou test de Schilling « modifié »
et la prise de certains médicaments (méthotrexate, cotri- (utilisant de la vitamine B12 radioactive liée
moxazole, certains antiépileptiques). à des protéines alimentaires) anormal a
Apport nutritionnel en vitamine B12 > 2 ␮g/j
Existence d’un facteur Gastrite atrophique b , infection chronique à
Les malabsorptions digestives, comme la maladie cœliaque, prédisposant à la Helicobacter pylori, gastrectomie, by-pass
les résections chirurgicales duodénojéjunales et la prise de cer- carence en vitamine gastrique
tains médicaments comme le méthotrexate, la salazopyrine, le B12 Insuffisance pancréatique exocrine
cotrimoxazole, la pyriméthamine, la sulfasalazine et certains anti- (éthylisme, etc.)
épileptiques sont également des causes classiques de déficit en Prise d’antiacides (antihistaminiques 2,
folates (Tableau 1) [25, 26, 31] . inhibiteurs de la pompe à protons) ou de
biguanides (metformine)
Pullulation microbienne, sida
Causes de carence en vitamine B12 Syndrome de Sjögren, sclérodermie
« Idiopathique » lié à l’âge ou déficit
congénital homozygote en haptocorrine

“ Point fort a
b
Critère théorique, test non disponible en pratique clinique.
Facteur associé dans environ 40 % des cas.

La carence en vitamine B12 a vu son profil étiologique chan-


ger après l’identification du syndrome de maldigestion des hospitalisées en hôpital psychiatrique, notamment certains cas
d’anorexie mentale rebelle, et aux enfants de mère végétalienne
cobalamines alimentaires. Ce syndrome est devenu la pre-
nourris au sein [7, 12, 22] .
mière étiologie de carence en vitamine B12 chez l’adulte et Chez l’adulte, les gastrectomies ainsi que les résections chi-
le sujet âgé, au côté de la maladie de Biermer. rurgicales du grêle terminal sont des étiologies classiques de
malabsorption de la vitamine B12 , mais actuellement rares
(< 2 %), les indications chirurgicales étant moins nombreuses [22] .
Ces deux dernières décennies ont connu un réel bouleverse- Actuellement, l’étiologie la plus fréquente de malabsorption des
ment du profil étiologique des carences en vitamine B12 , avec cobalamines est ainsi devenue la pancréatite chronique alcoolique
la caractérisation du syndrome de maldigestion des cobalamines (> 5 %) [22] .
alimentaires ou de non-dissociation de la vitamine B12 de ses pro- Parmi les autres causes exceptionnelles de malabsorption, on
téines porteuses [22, 66–68] . Ce syndrome est ainsi devenu la première relève : la maladie de Crohn, les lymphomes du tube digestif,
étiologie de carence en vitamine B12 chez l’adulte et le sujet âgé, la tuberculose iléale, l’amylose, la sclérodermie, la maladie de
au côté de la maladie de Biermer [67] . Whipple, voire la maladie cœliaque, l’agammaglobulinémie, le
La Figure 3 présente la répartition des principales étiologies syndrome de l’immunodéficience humaine (sida), les bothrio-
actuelles de carences en vitamine B12 chez des adultes hospita- céphaloses (infections à Diphyllobothrium latum) [22] . Une telle
lisés [4, 22, 67] . Il est à noter d’emblée que les carences d’apport en malabsorption peut également être provoquée par la prise de col-
vitamine B12 , observées chez les végétaliens stricts, et les malab- chicine ou de cholestyramine.
sorptions, en dehors de la maladie de Biermer, sont actuellement
rares (moins de 10 % des étiologies) [7, 12, 22] .
Syndrome de maldigestion des cobalamines
Carences d’apport et malabsorption en vitamine alimentaires
B12 Le syndrome de maldigestion des cobalamines alimentaires
La carence d’apport se limite à de rares cas de régime d’exclusion (food cobalamin malabsorption pour les Anglo-Saxons) est un
stricte de type végétalien, en particulier chez des sujets déjà désordre lié principalement à une incapacité gastrique à assurer
dénutris : personnes âgées et/ou institutionnalisées, personnes la dissociation de la vitamine B12 de ses protéines porteuses et/ou
alimentaires, et donc sa liaison au facteur intrinsèque [66, 67] .
Sa caractérisation complète a été faite par Carmel dans les
Cause années 1990 [66] . Théoriquement, le syndrome de maldigestion
indéterminée (21 %) Maladies est défini par un test de Schilling « standard » normal et un test
chroniques (30 %) de Schilling « modifié » (faisant appel à la vitamine B12 liée à
des protéines de saumon ou de poulet) montrant une malabsorp-
tion [66, 67] . Ces deux tests ne sont actuellement plus disponibles.
Le Tableau 5 reprend les principaux critères diagnostiques
Myélodysplasies proposés par Andrès et al. pour le syndrome de maldigestion
(5 %) des cobalamines alimentaires [67] . En pratique, il faut souligner
qu’il demeure un diagnostic d’élimination, puisqu’il faut écar-
Hémorragies ter d’abord un défaut d’apport exogène, une malabsorption, et
surtout une maladie de Biermer par la recherche des anticorps
(7 %)
anti-facteur intrinsèque et anti-cellules pariétales gastriques, et/ou
Anémies
la réalisation d’une gastroscopie à la recherche d’une gastrite atro-
Insuffisance phique, prédominant initialement dans le fundus [22, 67] .
carentielles (28 %)
rénale (9 %) Toutes les pathologies gastriques, surtout antrales,
s’accompagnant d’hypochlorhydrie peuvent être à l’origine
Figure 3. Profil étiologique de l’anémie chez 300 patients âgés de plus de maldigestion, notamment la gastrite atrophique, présente
de 65 ans hospitalisés en médecine interne et en gériatrie au Centre chez environ 40 % des patients de plus de 80 ans. Le syndrome
hospitalier régional universitaire de Strasbourg (d’après [4] ). de maldigestion est favorisé par la présence d’Helicobacter pylori,

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mais aussi par toute pullulation microbienne intestinale [67, 69] . • de divers anticorps dirigés contre le facteur intrinsèque (spéci-
Ces deux conditions doivent donc être recherchées et traitées de ficité > 98 %) et les cellules pariétales gastriques, en particulier
principe. contre la pompe à protons adénosine triphosphatase (ATPase)
Parmi les autres conditions associées (décrites dans le Tableau 5), H+ /K+ (sensibilité > 90 %) [51, 73–76] .
il convient de rechercher systématiquement la prise au long Une hypergastrinémie réactionnelle et une élévation de la chro-
cours de biguanides (metformine) et d’inhibiteurs de la pompe mogranine A ont été décrites [73–75] ; ces anomalies biologiques
à protons [70, 71] , bien que l’association entre l’utilisation de ces
dernières molécules et la carence en vitamine B12 soit discutée par
certains [72] . Tableau 6.
Plusieurs autres facteurs favorisants sont décrits mais plus rare- Éléments du diagnostic de maladie de Biermer [73–76] .
ment rencontrés : syndrome de Zollinger-Ellison, chirurgie ou
Gastrite atrophique auto-immune de type A, à prédominance
plastie gastrique (dont les by-pass pour obésité), insuffisance pan-
fundique, avec absence d’Helicobacter pylori dans les formes évoluées
créatique exocrine partielle, syndrome de Sjögren, sclérodermie et
de la maladie
déficits en haptocorrine [66, 67] . Présence de divers anticorps (Ac) dans le sang et le liquide gastrique :
Il est important de noter que la carence en vitamine B12 , la − Ac anti-facteur intrinsèque (FI) ; sensibilité : 50 %,
macrocytose et l’anémie semblent être plus marquées au cours de spécificité > 98 %
la maladie de Biermer que dans le syndrome de maldigestion des − Ac anti-cellules pariétales gastriques ; sensibilité : 90 %, spécificité :
cobalamines alimentaires [3, 67] . 50 %
Test de Schilling corrigé par l’adjonction de FI (spécificité > 99 %) a
Maladie de Biermer Hypergastrinémie (sensibilité > 80 %, spécificité < 50 %) ; élévation
de la chromogranine A ; baisse du pepsinogène (sensibilité : 92 %)
La maladie de Biermer est une maladie auto-immune caractéri-
Association fréquente à d’autres pathologies auto-immunes : vitiligo,
sée par la présence :
syndrome de Sjögren, diabète de type 1, thyroïdite, etc.
• d’une gastrite atrophique auto-immune de type A, prédomi-
nant dans la région fundique ; a
Critère théorique, test non disponible en pratique clinique.

Figure 4. Arbre décisionnel. Démarche diag-


Tableau clinique et/ou biologique évocateur nostique devant une carence en vitamine B12
de carence en vitamine B12 de l’adulte (adapté de [4] ). VIH : virus de
l’immunodéficience humaine ; H. pylori : Heli-
cobacter pylori.

Dosage de la vitamine B12 ± homocystéine

Examens cliniques et/ou biologiques

Malnutrition - dénutrition - malabsorption

Oui Non

Recherche étiologique Anticorps antifacteur intrinsèque,


anticellules pariétales
Gastroscopie + biopsie

Substitution et traitement
étiologique
Bilan positif Bilan négatif

Maladie de Biermer Diagnostic de


non-dissociation

Recherche étiologique

Gastrite atrophique, chirurgie gastrique


Pancréatite, alcool
Antisécrétoires gastriques, biguanides Âge avancé
Pullulation microbienne, VIH, H. pylori idiopathique
Syndrome de Sjögren, sclérodermie
Déficit congénital en haptocorrine

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peuvent orienter à tort, en l’absence de la prise d’inhibiteur de Tableau 7.


la pompe à protons, vers une tumeur neuroendocrine (gastri- Recommandations pratiques concernant le traitement par vitamine
nome, etc.) ou dérivée de la crête neurale (phéochromocytome). B12 [30, 80] .
Il convient également de noter l’absence d’H. pylori sur les pré- Maladie de Biermer Déficit nutritionnel et
lèvements gastriques dans les formes évoluées de la maladie de maldigestion des
Biermer [75] . cobalamines alimentaires
Le Tableau 6 reprend les principaux éléments orientant vers une
maladie de Biermer [73–76] . Administration Cyanocobalamine : Cyanocobalamine :
L’une des particularités de la maladie de Biermer est d’être parentérale 1000 ␮g/j pendant 1 1000 ␮g/j pendant 1
(intramusculaire) semaine semaine
associée à de nombreux désordres auto-immuns : diabète de
puis 1000 ␮g/semaine puis 1000 ␮g/semaine
type 1, dysthyroïdie (essentiellement thyroïdite de Hashimoto)
pendant 1 mois pendant 1 mois
et maladie d’Addison (en particulier chez les sujets de groupe
puis 1000 ␮g tous les puis 1000 ␮g tous les 1 à 3
human leukocyte antigen B8 DR3), mais également vitiligo, mois, le restant de la mois, jusqu’à ce que la
syndrome de Sjögren, etc. [75, 76] . La présence d’anticorps anti- vie cause potentielle de
thyroperoxydase est rapportée chez près de 20 % des patients. (au moins 1000 à carence soit supprimée ou
D’exceptionnelles associations avec des hépatites chroniques C 2000 ␮g/j pendant au le restant de la vie
(traitées par interféron-␣) ou des déficits immunitaires communs moins 1 à 3 mois dans (1000 ␮g/j pendant au
variables ont également été rapportées [75] . les formes moins 1 à 3 mois dans les
L’évolution de la maladie est marquée, au long cours, par neurologiques formes neurologiques
le risque de développer des néoplasmes gastriques : adénocar- sévères) a sévères) a
cinomes, lymphomes et tumeurs carcinoïdes [73–76] . Il est ainsi Administration Cyanocobalamine : Cyanocobalamine :
recommandé, de façon consensuelle, d’effectuer une surveillance orale 1000 ␮g/j pendant le 1000 ␮g/j pendant 1 mois
endoscopique avec des biopsies multiples systématiques tous les restant de la vie puis 125 à 1000 ␮g/j,
3 à 5 ans en l’absence de lésion macroscopique, tous les ans dans jusqu’à ce que la cause
le cas contraire [51, 75, 76] . potentielle de carence soit
La Figure 4 présente la démarche diagnostique proposée supprimée ou le restant de
par Andrès et al. devant une carence en vitamine B12 de la vie
l’adulte [4, 51, 77] . Le test de Schilling n’a plus sa place dans a
L’efficacité de la vitamine B12 administrée par voie orale dans les formes neu-
l’exploration. rologiques sévères n’est pas bien documentée à ce jour.

 Prise en charge thérapeutique traitement anticoagulant ou sous double anti-agrégation plaquet-


taire.
des anémies macrocytaires Dans le Tableau 7 sont résumés les schémas thérapeutiques
carentielles proposés par Andrès et al. pour la supplémentation en vitamine
B12 [80] . La dose de vitamine B12 préconisée per os est de 1000
La prise en charge de toute anémie passe prioritairement par à 2000 ␮g/j comme traitement d’attaque, suivie d’un relais à la
l’évaluation initiale du degré d’urgence, notamment transfusion- posologie de 125 à 1000 ␮g/j [30, 80] . Quant à la voie parentérale,
nelle, et du risque vital [78] . Dans les anémies macrocytaires essentiellement intramusculaire, les doses respectives d’attaque et
carentielles, l’urgence transfusionnelle est en général moindre, ces d’entretien sont de 1000 ␮g/j et de 1000 ␮g/mois.
anémies étant d’installation très progressive. La durée de la supplémentation en vitamine B12 dépend
L’appréciation de la profondeur de l’anémie et celle de sa tolé- de l’étiologie. Dans la maladie de Biermer, la supplémenta-
rance clinique doivent toujours aller de pair. Une baisse modérée tion est à vie et la surveillance gastroscopique est indispensable
du taux d’hémoglobine peut en effet avoir une gravité particulière pour détecter l’apparition d’une néoplasie sur fond de gastrite
chez le sujet âgé, du fait du risque de décompensation cardiovascu- atrophique [74, 75, 80] . En cas de maldigestion des cobalamines
laire ou respiratoire, voire de confusion [19] . Une hospitalisation et alimentaires, cette supplémentation peut être transitoire, notam-
une transfusion sanguine sans délai deviennent alors nécessaires. ment en cas d’éradication d’une infection à H. pylori ou d’une
Il faut souligner que les signes de décompensation cardiaque pullulation bactérienne [67, 69, 80] .
ou d’insuffisance ventriculaire gauche ne doivent pas contre- En ce qui concerne l’acide folique, une dose de 1 à 5 mg/j pour
indiquer une transfusion [79] . Ainsi, dans une étude sur 75 000 une durée de 3 à 6 mois est généralement suffisante [2, 26] .
patients âgés de plus de 65 ans, Wu et al. ont mis en évidence une Enfin, il faut souligner qu’un régime alimentaire quantitati-
mortalité à court terme plus élevée chez les patients anémiques et vement et qualitativement équilibré reste le meilleur moyen de
une amélioration du pronostic par la transfusion précoce [79] . prévenir la survenue d’anémie carentielle d’origine nutritionnelle.
En dehors de la transfusion, la supplémentation vitaminique et
le traitement étiologique sont les deux volets essentiels du traite-
Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts
ment de fond de toute anémie carentielle [4, 19] .
en relation avec cet article.

“ Point fort Remerciements : aux professeurs Marc Imler et Jean-Louis Schlienger qui
ont initié les premiers travaux strasbourgeois sur la vitamine B12 , au groupe des
cliniciens qui a permis la réalisation des travaux strasbourgeois (groupe d’étude
L’identification du syndrome de maldigestion a débouché des carences en vitamine B12 [CARE B12 ]), à la Société française d’hématologie et
à la Fondation de France pour son soutien, via le Prix Robert et Jacqueline Zittoun
sur une utilisation croissante de la voie orale comme mode pour l’année 2004, au titre de la connaissance des anémies et des anomalies du
de supplémentation en vitamine B12 . métabolisme de la vitamine B12 et des folates.

Actuellement, la supplémentation en vitamine B12 , qui était  Références


naguère quasi exclusivement parentérale, est de plus en plus sou-
vent assurée par la voie orale (sous forme de cyanocobalamine), [1] Wickramasinghe SN. Diagnosis of megaloblastic anaemias. Blood Rev
notamment depuis la description du syndrome de maldigestion, 2006;20:299–318.
et cela y compris dans la maladie de Biermer [80–83] . Cette dernière [2] Carmel R. Nutritional anemias and the elderly. Semin Hematol
voie trouve tout particulièrement son intérêt chez les patients sous 2008;45:225–34.

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Anémies macrocytaires carentielles de l’adulte et du sujet âgé  13-001-A-10

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E. Andrès (emmanuel.andres@chru-strasbourg.fr).
Service de médecine interne, diabète et maladies métaboliques, Clinique médicale B, Hôpital civil, Hôpitaux universitaires de Strasbourg, 1, place de l’Hôpital,
67091 Strasbourg cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Andrès E. Anémies macrocytaires carentielles de l’adulte et du sujet âgé. EMC - Hématologie
2018;13(2):1-11 [Article 13-001-A-10].

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