Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Nador
Ex : P2
c- Dans l’analyse sémantique, la distinction entre sens et signification est pertinente.
En vous appuyant sur des ouvrages de référence de votre choix, expliquez la
différence opposant les deux termes
Sens et signification
Ces deux problématiques peuvent être opposées par la notion de contexte. Ainsi un
signe isolé de tout contexte n’a pas de sens, mais a une signification qui découle du
processus de décontextualisation comme le montre la sémantique lexicale. En revanche,
l’extraction du sens présuppose une contextualisation, entendue aussi bien dans le sens de
l’entourage linguistique que dans le sens de la situation sociale de communication, intégrant
la dimension pragmatique et énonciative.
Pour ce qui est du contenu linguistique des deux notions, la tradition occidentale les
définit comme suit :
1-la signification est conçue comme la relation entre les plans du signe (signifiant, signifié ou
les corrélats du signe (concept, référent). Cette relation reste statique, typée susceptible
d’une expression logique.
2-le sens est défini comme parcours entre deux plans du texte (contenu et expression) et au
sein de chaque plan. Un parcours est un processus dynamique, obéissant à des paramètres
variables selon les situations particulières et les pratiques codifiées. Aussi Le sens n’est-il
pas donné, mais résulte du parcours interprétatif normé par une pratique.
Page 1 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
Ex : P10-11
3- Dans chaque paire de mots, soulignez le terme qui revêt une connotation péjorative
a- un flic/ un policier ; b-une maison/ une masure
c- une bagnole/ une voiture ; d-un homme / un type
e-de la musique/ de la cacophonie ; f- bled / pays
g- épave/ bateau b-chauffard/ chauffeur
5- La signification d’un lexème est constituée d’un ensemble de traits : des traits
inhérents relevant du système fonctionnel de la langue et des traits afférents relevant
d’autres codifications : normes sociolectales, voire idiolectales. Analysez les relations
entre les significations des lexèmes soulignés
a1-Régine a vu rouge quand son fils lui a rendu sa voiture avec une bosse.
Traits sémantiques activés par le contexte (afférents) : être en colère
a2- Le coquelicot se caractérise par une fleur terminale rouge.
Traits sémantiques hérités (inhérents) : rougeur
b1- La forêt est infestée de renards.
Traits sémantiques hérités (inhérents) : animal
b2- Ce commerçant est un vrai renard
Traits sémantiques actualisés par le contexte (afférents) : rusé
c1- l’industrie s'est levée dans cette contrée où se concentraient le fer et la houille.
Traits sémantiques hérités (inhérents) : minerai.
c2- D'une santé de fer, elle survécut aussi à son fils aîné
Page 2 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
Traits sémantiques activés par le contexte (afférents) : très bonne santé physique
d1- Un éclair aveuglant a déchiré le ciel.
Traits sémantiques hérités (inhérents) : lumière éblouissante
d2. Le président a fait une visite éclair en Autriche.
traits sémantiques activés par le contexte : rapide
___________________________________________
Ex : P25-32
a- L’objectif de l’analyse sémique n’est pas de préciser la place et la valeur des mots les uns
par rapport aux autres. R : Faux
b- L’isotopie regroupe des mots et non pas des sèmes. R : Faux
c- Le sème /adulte/ est un trait distinctif (sème spécifique ou sème nucléaire) dans le couple
de mots femme / fille. R : Vrai
d- Les propriétés sémantiques permettent de noter les catégories abstraites que l'esprit
utilise pour classifier les mots R : Vrai
e- Les sèmes /humain; non-male/ constituent l’archisémème pour le sémème femme et fille
R : Vrai
f- la reconnaissance d'une ou plusieurs isotopies dans un énoncé en assure la cohérence.
R : Vrai
Page 3 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
Page 4 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
4-Les phrases suivantes illustrent des isotopies en contexte, identifiez leur sème
isotopant
a- Tout le monde se pèse ici : je pèse 176 livres
R- Le trait générique récurrent est / déterminer le poids/
b- Le mérite de mes livres c’est qu’ils n’ont jamais été ouverts
R- Le trait générique récurrent est / lecture/
c- L’aube allume la source
R- Le trait spécifique récurrent est / inchoativité./
d- La cuisinière enrhumée fume encore une cigarette
R- le trait générique récurrent est /humain./
e- La cuisinière complètement rouillée fume avec lenteur.
R- le trait générique récurrent est /-humain./
f- En parlant de feux de signalisation, la couleur rouge indique une interdiction
R- le trait spécifique récurrent est /indication./
b-Donnez deux taxèmes dont les sémèmes de chaque paire sont réunis par un sème
microgénérique
taxème 1 : sémèmes : ’’train’’, ‘’métro’’
sème microgénérique. / ferré /
taxème 2 : sémèmes : ’’car ‘’, ‘’autobus’’
sème microgénérique. / routier /
Page 5 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
a-Quel est archisémème contenu dans le sémème des deux lexèmes considérés ?
R : « pour asseoir »
b-Quel est l’archilexème correspondant à cet archisémème ?
R : siège
9-Dans les phrases suivantes, donnez pour chacun lexème souligné un sème
actualisé par le contexte et un sème virtualisé.
a- Les femmes, ces chattes de velours qui n'ont jamais de griffes qu'au moral
Sème actualisé /personne méchante / ; sème virtualisé /animal./
b- Une fille épatante. De l'eau pure!
Sème actualisé / transparente / ; sème virtualisé /liquide incolore./
c- Cette petite femme, Madame Creton, est une fine mouche, une intrigante.
Sème actualisé / fine, (rusée, rapide) / ; sème virtualisé / insecte/
d- Descends, animal, que je te parle.
Sème actualisé /stupide/ ; sème virtualisé / animal/
e-Tu es fin, sagace, un vrai renard
Sème actualisé /rusé/ ; sème virtualisé /animal/
f- Cette faucille d'or dans le champ des étoiles
Sème actualisé /lune/ ; sème virtualisé / instrument/
11-Donnez une connotation positive et une connotation négative pour chacune des
unités lexicales suivantes.
12- Classez les mots suivants selon leur appartenance à deux isotopies à identifier :
obscurcissement, luisant, ombre, resplendissement, nuit, lueur, clarté, éclat, rayon,
étincelant, ténébreux, sombre, noirceur
a-isotopie de la lumière.
sémèmes indexés. ‘’ Luisant, resplendissant, lueur, clarté, éclat, rayon, étincelant ‘’
b-isotopie de l’obscurité.
sémèmes indexés. ‘’Obscurcissement, ombre, nuit, ténébreux, sombre, noirceur’’
13-Dans ce qui suit, donnez pour chacun lexème souligné un sème afférent, activé par
le contexte.
Page 6 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
Page 7 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
b-Chaque progrès dans le langage est d’abord le fait d’un individu, puis d’une minorité plus
ou moins grande. Un pays où il serait interdit d’innover, retirerait à son langage toute chance
de se développer. Par néologisme, il faut entendre aussi bien un sens nouveau donné à un
mot ancien qu’un vocable introduit de toutes pièces.
Le développement d’une langue est une nécessité vitale pour sa survie Il est
l’œuvre des individus capables de créer des mots nouveaux ou des sens nouveaux
greffés aux formes préexistantes. Ces innovations sémantiques ou néologismes qui,
au départ, sont des faits occasionnels de certains locuteurs, peuvent se propager et
se fixer pour devenir un usage typique de la communauté et faire partie de la langue
commune.
"Un message ou une séquence quelconques [sic] du discours ne peuvent être considérés
comme isotopes que s'ils possèdent un ou plusieurs classèmes en commun"
21-Dans les extraits ci-dessous, identifiez les isotopies sémantiques et les sémèmes
indexés par les sèmes actualisés et récurrents. Enfin, montrez comment l’isotopie,
instrument sémantique, permet d’assurer l’unité et la cohérence du texte.
a-Là-dessus, M. Seguin emporta la chèvre dans une étable toute noire, dont il ferma la porte
à double tour. Malheureusement, il avait oublié la fenêtre, et à peine eut-il le dos tourné que
la petite s'en alla... Quand elle arriva dans la montagne, ce fut un ravissement général.
Jamais les vieux sapins n'avaient rien vu d'aussi joli. On la reçut comme une petite reine. Les
châtaigniers se baissaient jusqu'à terre pour la caresser du bout de leurs branches. Les
genêts d'or s'ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu'ils pouvaient. Toute la
montagne lui fit fête. Plus de corde. Plus de pieu... rien qui l'empêcha de gambader, de
brouter à sa guise... C'est là qu'il y en avait de l'herbe ! jusque par-dessus les cornes... Et
Page 8 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
quelle herbe ! Savoureuse, fine, dentelée, faite de mille plantes... C'était bien autre chose
que le gazon du clos. Et les fleurs donc !... De grandes campanules bleues, des digitales de
pourpre à longs calices, toute une forêt de fleurs sauvages débordant de sucs capiteux !
Alphonse Daudet, 1866, La Chèvre de Monsieur Seguin
Dans ‘’la chèvre de M. Seguin’’ d’A. Daudet, parmi les isotopies sémiologiques
à retenir, il ya lieu de citer, celle de la /spatialité/ articulable selon les oppositions /
bas /vs / haut /, sèmes spécifiques inhérents, rendus possibles grâce aux occurrences
comme ‘’étable’’, ‘’montagne’’. Cette isotopie peut être articulable en d’autres
oppositions telles que /clos / vs /ouvert/, qui produisent l’isotopie du /comportement
/ : comportement de conservation/ et /comportement naturelle/. Enfin, l’isotopie de
/condition de vie/ traduite par les oppositions sémiques : /servitude/ et /liberté/ qui
procurent respectivement insatisfaction (état dysphorique) et satisfaction (état
dysphorique). Le sème redondant /servitude/ indexe les sémèmes de ‘’ M.Seguin
(propriétaire de la chèvre)’’, ‘’emporta’’, ‘’étable’’, ‘’noire’’, ferma’’, ‘’porte’’, ‘’fenêtre’’
‘’plus de corde’’, ‘’plus de pieu’’ ‘’gazon du clos’’. Le sème /liberté/ se répète dans les
sémèmes de ‘’ montagne’’, ‘’ravissement’’, ‘’reçut’’, ‘’reine’’ ‘’se baissaient’’, ‘’bon’’,
fête’’, ‘’gambader’’, sa guise, ’’herbe’’, ‘’fleurs’’, forêt’’.
c-Je me souviens, comme si cela datait d’hier, de mon entrée à l’école. Un matin, mon père
arriva de la djemââ avec un petit air mystérieux et ému. J’étais dans notre cour crépie à la
bouse de vache, près d’un kanoun où se trouvait une casserole de lait. Ma mère venait de
rentrer à la maison. Elle allait prendre une pincée de sel et une motte de couscous, pour
apprêter son déjeuner du matin. […]
- Vite, vite, dit-il à ma mère, lave-le entièrement, les mains, la figure, le cou, les pieds.
Crois-tu que le cheikh acceptera un singe pareil ?
- Il y a aussi sa gandoura qui est sale, dit ma mère. Il faudrait peut-être attendre
demain. Je la laverai ainsi que son burnous. […]
- Demain toutes les places seront prises. Et puis il vaut mieux ne pas commencer
l’école par des absences. Il ne faut pas qu’il reçoive des coups par notre faute. D’ailleurs,
inutile d’arriver en retard aujourd’hui. Dépêchons-nous !
Plusieurs isotopies enchevêtrées dans le texte lui confèrent une certaine unité et
cohérence et par conséquent permettent de construire objectivement sa thématique.
Les mots choisis par l’auteur, de par les sèmes génériques redondants qui les
constituent, donnent naissance à des isotopies différentes mais qui se complètent et
s’interpellent. Ainsi, nous avons
-L’isotopie de /rentrée scolaire/ : école, gandoura, burnous, cheikh (professeur) coup,
retard, élève, cour. (événement central)
-L’isotopie de /l’alimentation/ : Kanoun, casserole, lait, pincée de sel, motte de
couscous, déjeuner. (mode de vie)
-L’isotopie des /personnages/ : je (auteur, Mouloud Feraoun) mère, père, sœur Titi
-L’isotopie des/ lieux/, conçus comme support de déplacement de ces derniers. Il
s’agit de la djemaa (espace du père, il est exclusivement masculin), la maison
(refuge de la mère et de la petite sœur, réservé pour l’univers des femmes), la cour
crépie et la cour de l’école : d’un lieu intime et familier pour l’enfant, l’auteur, à un
lieu qui lui est étrange et inhabituel. (Appropriation des espaces par les
personnages).
Page 9 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
Explication de texte
Les mots étrangers ont été ressentis dans le passé comme une contamination de la
langue réceptrice d’où les tentatives de certains pays - comme l’Allemagne et la France - de
lutter contre cette immigration de mots par la création de mots natifs à leur place. Face à cet
état des choses, l’on se demande si ce phénomène d’emprunt peut être traité de la même
manière et si l’on peut y opérer une distinction.
Selon l’auteur, les emprunts introduits dans la langue suite à l’introduction d’une
science, d’une technique…méritent d’être bien conservés et appropriés au lieu de forger une
nouvelle dénomination équivalente. Les mots italiens, relevant de la musique tels les mots
adagio, sonate, sont, à cet effet, révélateurs. Ce type de mots étrangers, qui s’est propagé
d’une langue source plus ou moins ancienne, est partagé par toutes les langues. Il s’est fixé
comme un lot commun pour l’ensemble des communautés où il n’est plus ressenti en tant
qu’emprunt. Digne d’être pérenne et stable, il est considéré comme un document historique.
Par ailleurs, si l’emprunt est jugé nécessaire, les tenants de la pureté recommande
des emprunts internes ayant lieu entre les langues apparentées comme le
français/espagnole/ italien. Toutefois, une telle recommandation ne constitue pas un procédé
passe-partout : car l’emprunt de nécessité, dû à l’introduction des objets à l’expérience
socio-culturelle d’une communauté, est fait à la langue qui possède ces objets. Ainsi,
l’anglais a fourni aux autres langues apparentées ou non les mots relevant de la vie
parlementaire.
Les emprunts ne devront pas être intégrés tels quels avec leur traits insolites mais
soumis aux canons de la langue réceptrice pour qu’ils s’y installent confortablement et
fonctionnent au même titre que les unités natives. Si, en régime d’oralité, ce processus
d’intégration s’accompli sans difficulté, dans le cas de l’écrit, au contraire, les unités
empruntées ne sont pas soumises à de grandes altérations.
Toutefois, en ce qui concerne les termes scientifiques, réputés comme étant une
propriété commune, il est nécessaire qu’ils gardent leur saveur d’origine, leurs traits insolites.
Cela permettra de faciliter les rapports de communication généralisée.
_______________________________
Corrigé du devoir : L’albatros
L’albatros
Dans cet exposé, centré sur le contenu du poème, nous tenterons d’y
examiner les différentes isotopies qui le tissent et qui permettent son interprétation comme
texte homogène au niveau de la signification. Le poème se prête à deux interprétations, à
deux lectures. Celle d’une histoire d’un oiseau captif au cours d’un voyage sur mer, sujet
superficiel, et celle d’un poète, comparé explicitement à cet oiseau (‘’Le Poète est semblable
au prince des nuées’’ vers13) et qui constitue le sujet profond. Si la première s’énonce dès le
titre et s’exprime au niveau dénotatif, la seconde, au contraire, latente n’apparait que dans le
quatrième quatrain ce qui contraint le lecteur à réinterpréter la scène racontée dans les trois
premiers quatrains et l’invite à voir dans l’ensemble du texte une nouvelle signification
d’ordre morale et philosophique.
Page 10 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
-isotopie de la /spatialité/
Elle oppose deux espaces bien distincts : espace céleste ‘’azure’’, dominé par l’albatros et
espace terrestre, établi sur ‘’le navire’’ et contrôlé par les hommes d’équipage’’. Ils sont
caractérisés respectivement par les sèmes spécifiques de la /vastitude/ et de /l’étroitesse/,
opposition véhiculée par plusieurs éléments :
-isotopie de la /grandeur/
* ‘’azur’’vers6 (feuille)
- Le ciel est pour l’albatros ce que la feuille est pour le poète, c’est-à-dire un environnement
idéal, un espace de liberté.
Page 11 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
Dans cette périphrase, le terme mis au pluriel « des mers » traduit une universalité et un
pouvoir exercé par les albatros sur le monde.
* ‘’rit’’, ‘’hante’’vers14
- l’oiseau‘’ se rit de l’archer’’, car il plane si haut que les flèches des humains ne peuvent
l’atteindre et occupe par sa présence la ‘’tempête’ qu’il ‘’hante’’. Dans ce contexte naturel et
écologique : le ciel, l’oiseau fait preuve de sa supériorité et de son invincibilité
Le changement d’espace par l’albatros, de son univers propre, suite à sa capture par
les hommes d’équipage, est sévèrement sanctionné. Désormais, sa liberté préservée ailleurs
sur’’ l’azure’’ est perdue dans l’environnement clos du navire. Il est transformé en objet de
risée.
*’’s’amuser’’vers1
-les hommes d’équipage meublent le temps en se divertissant dans une cruauté habituelle:
‘’Souvent pour s’amuser, les hommes d’équipage/ Prennent les albatros vastes oiseaux des
mers’’. L’emploi de l’adverbe ‘’souvent’’ montre la fréquence de l’action.
*’’ prennent’’vers2
-les hommes d’équipage’’ ont capturé des albatros et les ont transformés en objet
d’amusement et de persécution. Ils les ont arrachés à leur essence et de leur milieu naturel.
* ‘’déposés’’ vers6
- le texte comme un tout où sont truffées des périphrases telles que ‘’roi d’azur’’, ‘’prince des
nuées’’ nous autorise à réduire la polysémie du verbe ‘’déposés’’, à le délimiter à l’acte de
destituer les albatros, de les dépouiller de leur autorité et souveraineté Aussi sont-ils
transformés en objet vil et méprisable après avoir perdu leur habitat naturel : le ciel.
-isotopie de la /déchéance/
Sans doute, la croyance selon laquelle l’albatros est signe de mauvais augure, sème
afférent normé socialement, a présidé sa déchéance. Les marins de l’époque voyaient
souvent cet oiseau comme malfaisant, qui attaquait à coup de bec les corps des hommes
tombés à la mer et qu’on ne pouvait pas repêcher. Toutefois, ce préjugé n’est pas partagé
par l’auteur qui considère plutôt l’oiseau comme signe de bon augure. L’albatros et le poète
ne sont pas acceptés par les hommes : ils deviennent objets de la dérision et de la
Page 12 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
moquerie. Quoi qu’il en soit, dans le poème, la chute de l’oiseau est dramatisée d’une façon
brusque ‘’A peine les ont-ils déposés sur les planchers’’.
*’’ailes’’, ‘’avirons’’
-les ‘’ailes’’ ne consistent plus comme auparavant à voler dans l’’’azure’’ mais plutôt, elles
sont comparées à des avirons, genre de fardeau, que l’oiseau captif, démuni et infirme
traîne à côté de lui et qui, par conséquent, ‘’empêchent’’ sa marche et le paralysent dans le
navire.
* ‘’bec’’, bouche
-Le ‘’bec’’ de l’oiseau est ‘’agacé avec un ‘brûle- gueule’’, genre de pipe à tuyau très court, ce
qui empêche cet organe de s’exprimer. De la même manière, la société cloue le bec du
poète et le prive ainsi de l’outil de la parole et de l’expression, condition de son inspiration.
*‘’exilé’’,
Exclu, condamné parmi les hommes, l’albatros, réputé par son vol est devenu infirme,
incapable de mener une vie normale sur la terre à cause même de ses ‘’ailes géants’’,
transformées en ‘’avirons’’ qu’il traîne et qui l’empêchent de marcher.
Le poète est l’albatros paralysé par ses ailes-elles-mêmes, un roi de l’azur destiné à
amuser les hommes d’équipage avec ses mouvements gauches : une condamnation
impitoyable qui mène le poète du ciel de la poésie au gouffre de la terre parmi les hommes.
_______________________
Lexique :
indolent : qui manifeste peu de vitalité, qui évite de se donner la peine, agit avec lenteur
gouffre : trou profond et large qui s’ouvre à la surface du sol
veule ; qui manque de force, d’énergie, qui n’a aucune volonté
brûle-gueule : pipe à tuyau très court
nuée : nuages de grande étendue, épais et sombre
huée : cris poussés par les chasseurs pour lever, rabattre, effrayer le gibier
archer : tireur à l’arc ou arbalète.
Page 13 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
Introduction
Le petit chaperon rouge est un conte populaire qui propose une histoire volontiers
moralisatrice, destinée aux enfants. Il contient des thèmes ayant trait à la sexualité, à la
violence et au cannibalisme, des valeurs véhiculées essentiellement par le comportement
des personnages. Le choix de ce texte court, agréable à lire, apprécié, connu et familier aux
lecteurs, s’explique par le fait qu’il constitue un exemple de description d’un texte réputé
comme étant poly-isotopique et se prêtant donc à des lectures multiples. La méthode utilisée
pour y parvenir est celle qui est mise en œuvre par les apports de la sémantique
interprétative dont plus particulièrement le concept d’isotopie qui est limité, rappelons-le, au
plan du contenu et qui permet de surmonter les problèmes de la lecture face au problème de
polysémie du texte. Nous tenterons de découvrir les isotopies qui le constituent et que l’on
ne perçoit pas toujours à la première lecture ou même relecture. Son analyse va nous
permettre de nous familiariser et de mieux saisir la méthode d’analyse textuelle que nous
proposons.
Isotopie de la /spatialité/
Le conte se situe dans un monde dépourvu de cadre géographique précis. Les lieux
présentés sont la maison de la mère, la forêt et la maison de Grand-mère. Ils constituent le
support des déplacements du Chaperon rouge.
a- La maison
La maison de la mère est un endroit sûr, une étape dans la vie, celle de l’enfance. Ici
l’enfant pubère est protégé par sa mère contre les aléas du monde extérieur. Au contraire
celle de la Grand-mère n’apporte pas cette protection en raison de son âge avancé et
aggravé par son état de santé car elle est bien ‘’malade’’ et ‘’enrhumé’’. Bien plus, comme on
le verra vers la fin du conte, sa rencontre avec le loup va changer de fond en comble
l’atmosphère sécurisant qui régnait chez elle, dans ce lieu. Mais avant d’arriver à ce second
lieu, seconde vie celle d’adulte, Chaperon doit emprunter un chemin qui traverse la forêt et
qui est parsemé d’embûches.
Entre la maison du départ et celle d’arrivée, il existe une frontière représentée par la
forêt. Cette frontière, qui interdit tout retour du Chaperon rouge en arrière, ne peut être
franchit sans que l’on ne soit puni. En traversant ce seuil, Chaperon se trouve à l’orée de son
destin. Le processus de son initiation débute par une rupture avec sa mère. Le conte oppose
l’univers de la maison de la mère qui est un univers sûr à celui de la forêt.
b-La forêt
Page 14 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
Isotopie de la /couleur/
Cette isotopie indexe les unités lexicales dont le sème, élément de contenu, présente
le sème générique /couleur/ qui peut avoir le statut de sème inhérent ou afférent. Les
couleurs dont il est question dans le conte sont au nombre de quatre : le rouge, le blanc, le
noir et le vert. Ces couleurs, de par leur symbolisme, ont une grande importance dans le
conte car elles montrent visuellement la personnalité de l’individu et de l’ambiance des lieux.
Leur récurrence donne une impression visuelle de ‘’contraste coloré’’
a- Le rouge : le seul lexème trouvé dans le texte et qui est explicitement relié au champ
générique des couleurs est le rouge, répété 13fois ; la même couleur rouge peut être
construite à partir d’une relation d’afférence. En effet, le verbe ‘’manger’’ ‘’dévorer’’
‘’éventrer’’qui admettent un complément d’objet pourvu du trait lexical [+Animé ] contient
implicitement le sème [rougeur] du fait de l’acte de dévoration ou d’éventrement qui
présuppose la chaire et le sang. La même couleur rouge peut être associée aux fruits
rouges’’ noisettes’’ que cueille la fillette en chemin et qu’elle veut porter à sa grand-mère.
Parmi toutes les couleurs évoquées dans le texte, le rouge est celui qui ressort le
plus et donne une optique assez intéressante par sa nature. Il est symbole de la chaleur, de
la force vitale d’émotion, du danger qui menace le Petit Chaperon Rouge, le sang qui va
couler, le sang des menstruations, le sang de la défloration, la cruauté sanguinaire du loup,
la dévoration de la grand-mère et de la fillette…Psychanalytiquement parlant, il revêt une
connotation sexuelle, la petite fille serait déjà pubère et aurait au fond très envie de se
retrouver dans le lit avec le loup. Le conte illustre bien cette correspondance entre le rouge
et la sexualité. La petite fille affiche avec ostentatoire cette sexualité par le port d’un
chaperon de couleur rouge.
b- le blanc : il est construit selon une relation d’afférence. Le terme qui contient ce sème
blancheur, entrant par afférence dans la classe sémantique des couleurs, est ‘’beurre’’ étant
donné que terme est défini comme matière alimentaire grasse, obtenue à partir du lait dont
la couleur est blanche. Il est aussi le symbole de l’innocence du cœur de Chaperon sans
expérience dans la vie, de la pureté et de la candeur de son âme qui se manifeste par un
comportement simple et sincère. D’ailleurs la candeur étymologiquement signifie ‘’blancheur,
clarté’’ de la pureté de l’âme de Chaperon rouge
c- le noire, il est fondée par inhérence à une caractéristique du pelage du loup, jaunâtre
mêlée de noir mais aussi au ventre du loup‘’ il fait noir dans le ventre du loup’’. Cette couleur
est le symbole de la mort du loup, de l’obscurité, de la tristesse et du deuil
d-Le vert : c’est une couleur présupposée par l’existence des arbres, des plantes. Il
symbolise la venue longuement attendue du printemps, saison pendant laquelle Chaperon
prend contact avec sa grand-mère après une longue séparation. Comme il est de coutume
en ce moment, la famille de chaperon confectionne une galette qu’elle partage entre ses
membres.
Le choix des couleurs n’est pas gratuit mais voulu en vertu des significations qu’ils
revêtent. Ils insufflent les états d’âme des personnages, leurs sentiments et l’ambiance que
l’on désire créée.
Isotopie du /célibat/
Page 15 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
célibataires, un autre mais de sexe masculin, le loup dévorant, qui lui aussi est indexé du
même sème de célibat.
Le petit Chaperon Rouge n’a pas de père avoué de sorte que les relations de parenté
sont présentées comme des relations chronologiques, qui passe de la grand-mère, à la mère
pour aboutir à la fille. Un tel schéma matrilinéaire surestime les liens de parentés verticaux.
Dès la situation initiale, qui revêt une importance capitale puisqu’elle expose la nature du
problème, le lecteur est en présence d’une structure matriarcale dans laquelle il n’y a pas de
place pour une autorité paternelle. La puissance est retenue par la grand-mère qui est la
mère de la mère du petit Chaperon Rouge.
Isotopie de l’/humain/
Le trait inhérent /animal/ du loup, sème générique, est virtuel dans le texte tout en
restant latent dans la mémoire associative du lecteur. Il est neutralisé au profit du sème
afférent /humain/ contracté et construit à partir du texte et des normes socialisées de la
culture. C’est un loup habillé, qui parle, qui interroge, qui écoute, qui propose, qui embrasse,
qui ruse, qui trompe et qui dévore. Ainsi, le loup n’est pas un animal carnassier, mais une
métaphore du mâle séducteur et meurtrier anthropophage, pourvu de la pensée humaine, de
la cruauté, de la ruse et des qualités antisociales. De tout temps et dans l’imaginaire
occidental, il est le symbole du mal, du danger et de la sauvagerie.
Isotopie de la /cruauté /
La cruauté du loup n’a pas de limite. Elle se manifeste, d’une part, dans l’acte
cannibalesque de dévorer une femme âgée ‘’grand-mère’’ et de surcroît malade, d’autre part,
il a abusé du Chaperon rouge, après avoir usé de la perfidie : ‘’il ment effrontément’’,
‘’contrefaisant sa voix’’ ‘’se cache sous la couverture’’. Le loup s’est régalé des créatures
plus faibles que lui ; il a dévoré coup sur coup la grand-mère et la fille ce qui accentue son
caractère sanguinaire et cruel.
Isotopie de la /ruse/
Le choix du chemin le plus court intervient juste après que le loup s’est informé du
chaperon de sa destination, maison où se trouve grand-mère ‘’Eh bien dit le loup, je veux
l’aller voir aussi, je m’y vais par ce chemin là et nous verrons à qui plutôt y sera’’. Le loup se
Page 16 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
met à courir de toutes ses forces par le chemin qui était le plus court et la fille s’en alla par le
chemin le plus long.
Les ruses dont il usé, les différents déguisements qu’il a savamment maniés ont bien
fonctionné tout au long de la narration jusqu’à la fin du conte où le loup révèle sa nudité et sa
véritable nature ‘’viens te coucher avec moi’’. Il a exploité à son avantage les réponses
d’autrui. Chaperon rouge lui a fourni la première clé lui permettant de s’introduire dans la
maison de grand-mère ‘’c’est votre fille Chaperon rouge qui vous apporte une galette et un
petit pot de beurre que ma mère vous apporte’’. Ce faisant, le loup obtient par la ruse la
deuxième clé qui va lui permettre de faire tomber chaperon rouge dans ses bras ‘’ tire la
chevillette, la bobinette cherra’’. Ainsi le loup, après avoir trompé Grand-mère et Chaperon
rouge et détenu les clés lui permettant de s’infiltrer dans la maison de Grand-mère, va
dévorer l’une après l’autre. Par ailleurs, il faut signaler que si l’espace favori du loup pour
traquer ses victimes et assouvir ses désirs est la forêt, dans ce conte, le loup ne s’attaque
pas à sa proie dans la première rencontre dans la forêt mais lors de la deuxième rencontre
ayant lieu à la maison sécurisée de Grand-mère. Il est vu comme un prédateur sexuel, qui
par un acte réfléchi, choisi le lieu et le moment opportun pour terroriser ses proies
L’évocation des parties du corps : bras, jambes, oreilles, yeux, dents et leur finalité
respective suivant une trajectoire dramatique : embrasser, courir, écouter, manger qui
rappellent ce que le loup vient d’accomplir c’est-à-dire après avoir ‘’écouté’’ Chaperon,
‘’couru’’ à travers le bois, et maintenant ‘’embrasse’’ et ‘’dévore’’ sa proie. Par cette
exploration du corps sous formes d’un inventaire, l’héroïne acquiert la faculté génésique de
son aïeule et découvre le corps masculinisé.
Isotopie /étonnement/
Dans les interjections suivantes :’’ Que vous avez de grands bras ! ‘’, ‘’Que vous avez
de grandes jambes !’’ , ‘’Que vous avez de grandes dents !’’ , ‘’Que vous avez de grandes
oreilles !’’ , ‘’Que vous avez de grands yeux !’’ , nous trouvons le sème isotopant de
/étonnement/ et nous comprenons que ce sentiment est suscité par la taille de tels organes
et leur possesseur.
Chaperon rouge se trouve dans une situation particulière où elle est invitée à se
coucher avec le loup. Il est tout à fait normal qu’elle éprouve de l’étonnement en observant
les organes démesurés du loup qui contrastent fort avec les siens et avec ceux de sa grand-
mère. Face à l’étonnement de la fillette et à sa situation d’embarras, le loup lui fournit une
suite de réponses dont le trait récurent est le sème spécifique inhérent de la /raison/. Cette
hypothèse est appuyée par l’articulateur causale ‘’parce que’’.
Page 17 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
tout en essayant de la convaincre des raisons d’être de ses organe fini par la finir et c’est
ainsi que le conte se termine par une fin tragique.
Isotopie /admiration/
Dans la situation initiale, l’héroïne, le Petit Chaperon Rouge est présentée comme un
personnage estimé supérieurement beau et ravissante. Elle est regardée, elle séduit. De ce
fait, elle met sa mère et sa grand-mère dans un état d’exaltation causé par une émotion forte
poussée au paroxysme. Ce plaisir exalté est motivé par la supériorité qu’on lui reconnait
aussi bien dans le côté moral que dans le côté physique. Les lexèmes ‘’gentille’’,
‘’jolie’’,’’folle’’ sont investis d’un sème générique inhérent /admiration/. Dès le début du texte,
la fille est décrite comme la fille la plus belle du village, une fille tellement délicieuse
tellement charmante qu’elle excite l’appétit sexuel et se présente comme un objet de désire,
une proie qui pourrait être dévorée.
Le pauvre enfant n’a pas de nom si ce n’est celui du nom descriptif du Petit Chaperon
Rouge. C’est sa coiffure, son fameux chaperon rouge, dont sa grand-mère lui fit don, qui lui
a valu ce surnom de genre masculin. Un des aspects de la personnalité de ce personnage
principal est qu’il est en période d’enfance comme le suggère cette isotopie connotative de
l’enfance. En fait, il n’existe pas dans le texte de lexèmes se référant directement à l’entité
de l’enfance, mais nous avons, tout au long du texte, un ensemble de mots ou expression
dont la signification implicite comme valeur connotative évoque cette isotopie
a--Isotopie de la /petitesse/
Nous avons l’itération de l’adjectif ‘’petit’’, onze occurrences au total ; Petit chaperon Rouge
auxquels s’ajoutent le petit pot de beure, petites fleurs, sans oublier la série galette2 ,
noisettes3 , chevillette,4 bobinette5 , village6, papillons. Dans leur ensemble, ils, de par leur
dimension, dénotent la petitesse et connotent l’enfance sans y renvoyer explicitement.
b--isotopie de la naïveté
*Par son ignorance qu’il est dangereux de s’arrêter à écouter un loup et, à plus forte raison,
à lui livrer toutes les indications nécessaires lui permettant de se rendre chez la grand-mère,
Chaperon fait preuve de sa naïveté qui un autre trait de l’enfance.
* Par l’insouciance et l’innocence de Chaperon rouge à courir après les papillons et à faire
des bouquets de petites fleurs qu’elle rencontre, rejoignant ainsi par cet acte de folâtrerie
dans le bois, au hasard des découvertes émerveillées ses rêveries, mais oublie, ce faisant,
le concours de vitesse proposé par le loup.
2
Gâteau rond et plat fait le plus souvent de pâte feuilletée et cuit au four. Le mot dérivant
historiquement de gale ’’gâteau plat’’
3
Fruit du noisetier, constitué d'une coque ligneuse de forme ovoïde ou ronde, de couleur brun-roux ou
rougeâtre, recouverte à sa base d'un involucre à bords découpés, contenant une amande oléagineuse
et comestible, de saveur agréable, que l'on utilise notamment en pâtisserie et en confiserie le terme
dérive de noix auquel est suffixé le diminutif ‘’ette’’.
4
Petite cheville, dérivé obtenu par l’adjonction du suffixe du diminutif ‘’ette’ à cheville
5
Vieilli. HABITAT RURAL. Pièce de bois mobile, maintenue contre le battant d'une porte par une
cheville et qui tombe quand on enlève celle-ci pour ouvrir la porte. Historiquement et
étymologiquement, il dérive de bobine et du suffixe. -ette*;
6 Agglomération rurale; groupe d'habitations assez important pour former une unité administrative,
religieuse ou tout au moins pouvant avoir une vie propre. Etymologiquement, il dérive du lat. villa «
id. » (ville*); suff. -age*.
Page 18 sur 19
Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador
*Par la méconnaissance du loup, déguisé en grand-mère. Elle est tellement naïve qu’elle ne
reconnaît ni les bras, ni les jambes, ni les jeux, ni les oreilles, ni les dents du loup jusqu’à ce
qu’elle se laisse engloutir sans jamais rien comprendre
L’humeur de Perrault résulte donc d’une double lecture inégalitaire du conte, celle de
l’enfant ignorant la différence des sexes et celle de l’adulte qui jouit de son savoir et donc de
sa supériorité à ce sujet
Isotopie de la /nature/
Isotopie de l’alimentation
Le Petit Chaperon Rouge a été mandatée par sa mère qui lui a confié un objet à
transmettre à sa grand-mère bien malade. La nature de cet objet de valeur est représentée
par une galette7 et du beurre, deux lexèmes contenant le sème isotopant de /alimentation/
qui est un sème inhérent.
Cette isotopie de la nourriture fait intervenir trois personnages ayant chacun un rôle
bien défini. Celui de la mère, qui reste dans l’ombre, est relégué à servir le cadeau ; c’est elle
qui le prépare et le donne ; celui du Petit Chaperon Rouge comme intermédiaire qui le fait
passer - démarche tout à fait ordinaire dans le contexte villageois où porter à manger aux
vieux fait partie des services que les enfants rendent – celui de Grand-mère supposé en être
destinataire et dans le conte, elle ne le reçoit pas. L’acte de donation intervient après la
venue du printemps où les membres de chaque famille, comme de coutume, fêtent
l’événement en partageant la galette confectionnée. Cette nourriture, présentée dans la
situation initiale et associée à la fête du printemps constitue par la même occasion le mobile
de la tragédie encourue par Petit Chaperon rouge, le tremplin qui va la catapulter et
l’exposer dans un univers dangereux.
7 Gâteau rond et plat fait le plus souvent de pâte feuilletée et cuit au four.
Page 19 sur 19