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Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire.

Nador

Filière : Etudes Françaises


Sémantique (S5) : Corrigé des exercices

Ex : P2
c- Dans l’analyse sémantique, la distinction entre sens et signification est pertinente.
En vous appuyant sur des ouvrages de référence de votre choix, expliquez la
différence opposant les deux termes

Sens et signification

La distinction entre signification et sens est pertinente dans l’analyse sémantique.


Elle permet de mettre en lumière deux problématiques ayant dominé la tradition
épistémologique des sciences du langage. La première est centrée sur la cognition. Son
objet est le signe. Par contre, la deuxième, centrée sur la communication, a pour objet les
textes oraux et écrits.

Ces deux problématiques peuvent être opposées par la notion de contexte. Ainsi un
signe isolé de tout contexte n’a pas de sens, mais a une signification qui découle du
processus de décontextualisation comme le montre la sémantique lexicale. En revanche,
l’extraction du sens présuppose une contextualisation, entendue aussi bien dans le sens de
l’entourage linguistique que dans le sens de la situation sociale de communication, intégrant
la dimension pragmatique et énonciative.

Si l’analyse componentielle privilégie le signe et donc l’étude de la signification, la


sémantique interprétative prend pour objet le texte et donc le sens, lequel est défini comme
interprétation. Quoi qu’il en soit, l’étude des signes et des textes se complètent avec cette
caractéristique que la première a une grande autorité et une forte unité.

Pour ce qui est du contenu linguistique des deux notions, la tradition occidentale les
définit comme suit :

1-la signification est conçue comme la relation entre les plans du signe (signifiant, signifié ou
les corrélats du signe (concept, référent). Cette relation reste statique, typée susceptible
d’une expression logique.

2-le sens est défini comme parcours entre deux plans du texte (contenu et expression) et au
sein de chaque plan. Un parcours est un processus dynamique, obéissant à des paramètres
variables selon les situations particulières et les pratiques codifiées. Aussi Le sens n’est-il
pas donné, mais résulte du parcours interprétatif normé par une pratique.

Si dans la sémantique lexicale, on fait appel à la sémantique de la signification, dans


la sémantique interprétative, nous avons la sémantique du sens

Signification → objet : signe →activité cognitive ; décontextualisation : sémantique lexicale


(sémantique de la signification)

Sens →objet : textes oraux ou écrits →activité communicative ; processus de


contextualisation : sémantique interprétative (sémantique du sens).

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Ex : P10-11

1-Répondez par vrai ou faux


a- La macrosémantique opère au palier de complexité supérieur, le texte. R : Vrai
b- Le trait afférent (connoté) est toujours inscrit dans le dictionnaire. R : Faux
c-Le sème spécifique marque l’appartenance du sémème à une classe sémantique. R: Faux
d- La structuration des taxèmes nécessite la précision des sèmes spécifiques qui distinguent
leurs éléments. R : Vrai
e- Les sèmes afférents socialement normés n’ont pas le caractère définitoire des sèmes
inhérents. R : Vrai
f- Pour comprendre le trait afférent d’un mot, je dois analyser le contexte de sa
production.R : Vrai
g- L'archisémème désigne parfois l'ensemble des sèmes communs à plusieurs sémèmes.
R : Vrai
h- Pour les sémèmes «chaise, fauteuil, banc… », «pour s’asseoir» constitue un
archisémème. R :Vrai

2-Complétez le tableau suivant par + ou – pour chaque caractéristique sémantique

commun animé abstrait comptable humain


classe + - + + -
notion + - + + -
étudiant + + - + +
eau + - - - -
Ali - + - + +

3- Dans chaque paire de mots, soulignez le terme qui revêt une connotation péjorative
a- un flic/ un policier ; b-une maison/ une masure
c- une bagnole/ une voiture ; d-un homme / un type
e-de la musique/ de la cacophonie ; f- bled / pays
g- épave/ bateau b-chauffard/ chauffeur

4-Pour chacun des mots suivants, donnez au moins un sème afférent :


a- été→ vacances ; b- blanc→ innocence
c- télévision→ paresse d- grève→ congé
e-cigarette→ gaspillage ; f-bougie → sacrifice
g- faucille → récolte ; h-printemps→ jeunesse.
i- pluie→ bonheur ; j-enfance→ innocence

5- La signification d’un lexème est constituée d’un ensemble de traits : des traits
inhérents relevant du système fonctionnel de la langue et des traits afférents relevant
d’autres codifications : normes sociolectales, voire idiolectales. Analysez les relations
entre les significations des lexèmes soulignés

a1-Régine a vu rouge quand son fils lui a rendu sa voiture avec une bosse.
Traits sémantiques activés par le contexte (afférents) : être en colère
a2- Le coquelicot se caractérise par une fleur terminale rouge.
Traits sémantiques hérités (inhérents) : rougeur
b1- La forêt est infestée de renards.
Traits sémantiques hérités (inhérents) : animal
b2- Ce commerçant est un vrai renard
Traits sémantiques actualisés par le contexte (afférents) : rusé
c1- l’industrie s'est levée dans cette contrée où se concentraient le fer et la houille.
Traits sémantiques hérités (inhérents) : minerai.
c2- D'une santé de fer, elle survécut aussi à son fils aîné

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Traits sémantiques activés par le contexte (afférents) : très bonne santé physique
d1- Un éclair aveuglant a déchiré le ciel.
Traits sémantiques hérités (inhérents) : lumière éblouissante
d2. Le président a fait une visite éclair en Autriche.
traits sémantiques activés par le contexte : rapide

6-Trouvez le lexème auquel correspondent les sèmes (inhérents et afférents) ci-


dessous et employez-les dans deux phrases différentes.
Lexème sème inhérent (sème dénoté) sème afférent (connoté)
a-matin début de la journée naissance
b-automne saison tristesse
c-aigle oiseau rapace intransigeance
d-fourmi insecte de petite taille patience

7 Définissez les notions suivantes et illustrez-les avec, au moins, un exemple:


a- le sème : unité minimale de signification. (trait ou composant sémantique)
Ex: les sèmes de chaise : ’’pour s’assoir’’, ‘’sans bras’’, ‘’avec quatre pieds’’…
b- le sémantème :.ensemble de sèmes spécifiques
Ex: ‘’sans bras’’, ‘’avec quatre pieds’’,’’pour une seule personne’’
c- le classème : ensemble de sèmes génériques (partagés avec ses co-hyponymes :
fauteuil, tabouret, banc, pouf, canapet…)
Ex : ‘’objet fabriqué’’, ’’pour s’assoir’’
d- le sémème : ensemble de sèmes (générique et spécifique).
Ex: ‘’objet fabriqué’’+ ’’pour s’assoir’’+ ‘’sans bras’’+ ‘’avec quatre pieds’’+’,’’pour une
seule personne’’

Complétez le texte suivant par les mots manquants (2pts)

F.Rastier distingue différents types de sèmes génériques : les sèmes


microgénériques qui marquent l’appartenance d’un sémème à un taxème ; les sèmes
mésogénériques qui marquent l’appartenance d’un sémème à un domaine et les sèmes
macrogénériques qui marquent l’appartenance d’un sémème à une dimension

10-Soient les lexèmes ‘’train’’ et ‘’autobus’’ appartenant au même taxème (2pts)


a- Donnez le trait générique qui les associe. R moyen de transport
b- Donnez le trait spécifique qui les distingue. R /ferré/vs / routier/

___________________________________________
Ex : P25-32

Exercices généraux, sujets et questions de réflexion

1-Répondez par vrai ou faux. Justifiez votre réponse

a- L’objectif de l’analyse sémique n’est pas de préciser la place et la valeur des mots les uns
par rapport aux autres. R : Faux
b- L’isotopie regroupe des mots et non pas des sèmes. R : Faux
c- Le sème /adulte/ est un trait distinctif (sème spécifique ou sème nucléaire) dans le couple
de mots femme / fille. R : Vrai
d- Les propriétés sémantiques permettent de noter les catégories abstraites que l'esprit
utilise pour classifier les mots R : Vrai
e- Les sèmes /humain; non-male/ constituent l’archisémème pour le sémème femme et fille
R : Vrai
f- la reconnaissance d'une ou plusieurs isotopies dans un énoncé en assure la cohérence.
R : Vrai

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g- Les sèmes afférents relèvent du système fonctionnel de la langue R : Faux


h- Les sèmes inhérents sont des sèmes présents uniquement en contexte. R : Faux
i- Le domaine est la classe minimale où les sémèmes sont interdéfinis. R : Vrai
j- Aucun sème n'est générique ou spécifique par nature. R : Vrai

2- Choisissez la bonne réponse


a- Le champ (sémantique – dérivationnel – lexical) comporte uniquement des mots
appartenant (à la même classe syntaxique – à des classes syntaxiques différentes).
b- « publier, reliure, librairie, lire, préface » appartiennent au champ lexical du (livre- corps)
c- « étudier, étude, étudiant, estudiantin » font partie d’un même champ (dérivationnel-
sémantique – lexical).
d- La substance (sémantique –phonologique) (d’un mot – d’un phonème) est constitué de
traits sémantiques, appelés sèmes
e- (L’archilexème – l’archisémème – l’archiphonème) désigne l’ensemble de sèmes
communs à deux sémèmes.
f- Isotopie (sémantique – sémiologique) est induite par la récurrence du (sème générique –
sème spécifique).
g- La sémantique (structurale – interprétative) étudie (la structure isolée du signifié –la
structuration des rapports entre signifiés)
h- L’isotopie microgénérique, traduisant une forte cohésion du discours qui la supporte,
s’inscrit dans (le domaine, la dimension, le taxème)
i- l’isotopie spécifique présente des liens sémantiques entre sémèmes de classes
(différentes, identique, inférieures).
j- Dans le vers ’’L'aube allume la source’’ de Éluard, l’isotopie est-elle (afférente, générique,
spécifique ?) ; le sème isotopant (/ inchoativité /, /navigation/, /animalité/ apparait dans
trois taxèmes différents.
k- Les sèmes (génériques- spécifiques) indexent le sémème dans des classes
sémantiques de généralité supérieure.
l- Les sèmes spécifiques différentient les sémèmes dans le contexte de lexies appartenant à
une classe (générale- minimale).
m- la classe sémantique (minimale- intermédiaire– de grande généralité) est appelée
(domaine- taxème-dimension).
n- (La microsémantique, la mésosémantique, la macrosémantique) est rattachée au niveau
intermédiaire représenté par (le mot, la phrase, le texte)

3- Les listes de mots suivants illustrent des isotopies en langue

a-procédez à l’extraction des sèmes génériques redondants


a1- pomme - orange – raisin – grenade - datte
R. le sème générique est / fruit/
a2- pomme - viande – salade – poisson- pain
R. le sème générique est /alimentation. /
a3- funeste, linceul deuil, morbide, tombeau, cimetière
R. le sème générique est /mort./
a4- vague, écume, océan, marin, navire, sable, naufrage
R. le sème générique est /navigation /
a5- tempête, orage, tornade, tourbillon, bourrasque, cyclone
R. le sème générique est / vent /

b-procédez à l’extraction des sèmes spécifiques redondants


b1-crépuscule- vieillesse- arrivée- éteindre- mort- conclusion
R. le sème spécifique est / fin /
b2- pomme –soleil –roue –auréole -disque
R. le sème spécifique est /sphérique /
b3-couteau – guillotine – scie- incisifs (dents).

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R. le sème spécifique est /couper /


b4- orange - soleil – ballon – boule
R. le sème spécifique est /rondeur (sphéricité) /

4-Les phrases suivantes illustrent des isotopies en contexte, identifiez leur sème
isotopant
a- Tout le monde se pèse ici : je pèse 176 livres
R- Le trait générique récurrent est / déterminer le poids/
b- Le mérite de mes livres c’est qu’ils n’ont jamais été ouverts
R- Le trait générique récurrent est / lecture/
c- L’aube allume la source
R- Le trait spécifique récurrent est / inchoativité./
d- La cuisinière enrhumée fume encore une cigarette
R- le trait générique récurrent est /humain./
e- La cuisinière complètement rouillée fume avec lenteur.
R- le trait générique récurrent est /-humain./
f- En parlant de feux de signalisation, la couleur rouge indique une interdiction
R- le trait spécifique récurrent est /indication./

5- Complétez le texte suivant (3pts)


Les sémèmes de métro, autobus, train, autocar relèvent du domaine de // transport //.
Ils sont articulés en deux taxèmes : le taxème // ferré // comprend les sémèmes de métro
et train (opposés par les sèmes spécifiques /intra-urbain / et /extra-urbain/) et le taxème
//routier// incluant les sémèmes de autobus et autocar.

6-Soit les sémèmes ‘’métro’’, ‘’train’’, ‘’autobus’’, ‘’car’’ appartenant au même


domaine,

a-Identifiez le sème mésogénérique associant l’ensemble des sémèmes


Tous les sémèmes sont associés par le sème mésogénérique / moyen de transport./

b-Donnez deux taxèmes dont les sémèmes de chaque paire sont réunis par un sème
microgénérique
taxème 1 : sémèmes : ’’train’’, ‘’métro’’
sème microgénérique. / ferré /
taxème 2 : sémèmes : ’’car ‘’, ‘’autobus’’
sème microgénérique. / routier /

c-Indiquez le sème spécifique des sémèmes d’une paire de taxème (taxème1 ou 2)


taxème (1ou2) : sémème : ‘’métro’’ ‘’train ‘’
sème spécifique /intra-urbain / , / extra-urbain./
sémème : ’’autobus ‘’ , ‘’car’’
sème spécifique / intra-urbain / , / extra-urbain./

7-Soient les lexèmes ‘’maison’’ et ‘’montagne’’ appartenant au même taxème


a- Donnez le classème qui les associe. R : /espace /.
b- Donnez le sémanthème qui les distingue. R: / haut / ≈ / bas /

8-Soient deux unités lexicales « chaise » et « canapé » auxquelles correspond un


sémème constitué par une somme de sèmes :

chaise = « sans bras » + « avec dossier » « pour asseoir » + « une personne »,


canapé = « avec bras » + « avec dossier » + « pour asseoir » + « plusieurs personnes »

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a-Quel est archisémème contenu dans le sémème des deux lexèmes considérés ?
R : « pour asseoir »
b-Quel est l’archilexème correspondant à cet archisémème ?
R : siège

9-Dans les phrases suivantes, donnez pour chacun lexème souligné un sème
actualisé par le contexte et un sème virtualisé.

a- Les femmes, ces chattes de velours qui n'ont jamais de griffes qu'au moral
Sème actualisé /personne méchante / ; sème virtualisé /animal./
b- Une fille épatante. De l'eau pure!
Sème actualisé / transparente / ; sème virtualisé /liquide incolore./
c- Cette petite femme, Madame Creton, est une fine mouche, une intrigante.
Sème actualisé / fine, (rusée, rapide) / ; sème virtualisé / insecte/
d- Descends, animal, que je te parle.
Sème actualisé /stupide/ ; sème virtualisé / animal/
e-Tu es fin, sagace, un vrai renard
Sème actualisé /rusé/ ; sème virtualisé /animal/
f- Cette faucille d'or dans le champ des étoiles
Sème actualisé /lune/ ; sème virtualisé / instrument/

10-Complétez le tableau avec ce qui convient

Sème Exemple Classe Exemples de sémèmes


sémantique (2ou3)
microgénérique /ustensiles de cuisine/ taxème couteau, cuiller

mésogénérique /transport / domaine train, car

macrogénérique /concret./ dimension pierre, cuiller, table, arbre,


train, os, âne…

11-Donnez une connotation positive et une connotation négative pour chacune des
unités lexicales suivantes.

lexème connotation positive connotation négative


a-vieillesse expérience, sagesse …. faiblesse, maladie….
b-internet ouverture, modernité isolement, paresse…
c-désert calme, liberté…. soif, sauvage….

12- Classez les mots suivants selon leur appartenance à deux isotopies à identifier :
obscurcissement, luisant, ombre, resplendissement, nuit, lueur, clarté, éclat, rayon,
étincelant, ténébreux, sombre, noirceur

a-isotopie de la lumière.
sémèmes indexés. ‘’ Luisant, resplendissant, lueur, clarté, éclat, rayon, étincelant ‘’
b-isotopie de l’obscurité.
sémèmes indexés. ‘’Obscurcissement, ombre, nuit, ténébreux, sombre, noirceur’’

13-Dans ce qui suit, donnez pour chacun lexème souligné un sème afférent, activé par
le contexte.

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a- Pourtant, la famille de ce terroriste ne manque pas d’oxygène !...


-prospérité, vivacité…
b-L’homme est un roseau pensant.
-faible (personne de caractère faible)
c- Il a enlevé des centaines de civils… C’est vrai qu’avec une arme Kalachnikov, on est le
loup dans la bergerie face à des moutons tétanisés.
loup : personne cruelle ;
bergerie : habitat humaine ;
moutons :personnes douces et innocents
d- Il semble que vos Européens aient du lait dans les veines ; c'est du vitriol, c'est du feu qui
coule dans celles des habitants du mont Atlas et des pays voisins. On combattit avec la
fureur des lions, des tigres et des serpents de la contrée, pour savoir à qui nous aurait.
(Voltaire, Candide)
- lait : tendresse ; feu : violence ; lion : force ; tigre : féroce ; serpent : personne rusée,
malfaisante, médisante.

14-Distinguez, à partir de la liste suivante : personne, bled, maison, chauffard,


vêtements, type, haillons, baraque, laid, policier, moche, chauffeur, pays, flic, les
termes péjoratifs en les associant à leurs correspondants neutres (3pts)

Termes péjoratifs Termes neutres


a-type → a-personne.
b-bled. → b-pays
c-baraque → c-maison
d-chauffard → d-chauffeur
e-haillons → f-vêtements

15-Soit ce passage extrait de Voltaire. (1977: 48). Candide ou l’optimisme.


[…] Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui
tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglants ; là des filles éventrées après avoir
assouvi les besoins naturels de quelques héros, rendaient les derniers soupirs…
Identifiez les deux types de classèmes récurrents et qui regroupent les
sémèmes soulignés dans le texte
a- le sème générique inhérent /humain/
b- le sème générique afférent /faiblesse-innocence/

16- -Expliquez ces passages extraits du chapitre ‘’Qu’appelle-t-on pureté de la


langue ? Michel, Bréal (1897) Essai de Sémantique
a-Quand il s’agit de notre vie morale, la présence des mots étrangers peut faire l’impression
d’une dissonance1. Plus les sentiments à exprimer sont intimes, plus le cercle linguistique se
resserre. Il y a là pour le lecteur ou l’auditeur un plaisir intellectuel de nature très fine.
Comme les ménagères d’autrefois se faisaient honneur de ne consommer que le lait de leur
étable ou les fruits de leur jardin, un esprit délicat est sensible à un langage où tout vient du
même terroir et où se trouve répandu sur tous les mots un air de familiarité et de parenté. Ce
plaisir peut devenir très vif quand l’écrivain, en ce langage uni, exprime des sentiments

Les emprunts lexicaux, introduits dans le vocabulaire récipiendaire et relevant du


domaine affectif et intime d’une communauté, peuvent nuire à celle-ci et porter
préjudice à ce qui fait sa singularité et à sa saveur locale. Aussi faut-il conserver les
termes natifs et les préserver : ils reflètent l’atmosphère intime qui règne dans le
milieu socioculturel de la communauté en question et procurent du plaisir à ses
locuteurs.
1
manque d’accord, d’harmonie

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b-Chaque progrès dans le langage est d’abord le fait d’un individu, puis d’une minorité plus
ou moins grande. Un pays où il serait interdit d’innover, retirerait à son langage toute chance
de se développer. Par néologisme, il faut entendre aussi bien un sens nouveau donné à un
mot ancien qu’un vocable introduit de toutes pièces.

Le développement d’une langue est une nécessité vitale pour sa survie Il est
l’œuvre des individus capables de créer des mots nouveaux ou des sens nouveaux
greffés aux formes préexistantes. Ces innovations sémantiques ou néologismes qui,
au départ, sont des faits occasionnels de certains locuteurs, peuvent se propager et
se fixer pour devenir un usage typique de la communauté et faire partie de la langue
commune.

17-Commentez la citation suivante (A. J. Greimas, Sémantique structurale, Larousse,


1966, p.53).

"Un message ou une séquence quelconques [sic] du discours ne peuvent être considérés
comme isotopes que s'ils possèdent un ou plusieurs classèmes en commun"

L’homogénéité sémantique d’un texte quelconque, comme de son interprétation, ne


peut être assurée que si les unités qui le constituent sont liées par la répétition d’un
trait sémantique commun ou classème. Soit la phrase de Chomsky : ‘’ Des idées
vertes incolores dorment rageusement’’. En dépit de sa grammaticalité, elle ne peut
pas être jugée sémantiquement acceptable en vertu de l’absence d’un sème générique
qui se répète au niveau des unités de l’axe syntagmatique. La phrase montre une
incompatibilité de traits sémantiques : ‘’idée’’ possède un trait inhérent [abstrait]
alors que son qualificateur ‘’vertes’’ admet un trait [concret], aucune liaison
sémantique entre les différents éléments constitutifs de cette phrase d’où son
incohérence sémantique et la difficulté de lui attribuer une interprétation valable.

19-Expliquez, en vous appuyant sur des exemples, l’affirmation de Ch. Baylon, et P.


Fabre (1978 p74) sur le constituant sémantique : le sème.
« L'unité formellement indécomposable est décomposable sémantiquement en unités de
signification qu'on appelle sèmes, lesquels sont commutables séparément. »

Un signe linguistique est constitué de deux faces : le signifiant (ou la forme) et le


signifié (ou le contenu). Celui-ci peut être décomposé en plusieurs unités de
signification minimale, appelées sèmes ou traits sémantiques dont la fonction est
distinctive. Prenons l’exemple du mot ‘’chaise’’, unité formelle autonome ; son signifié
peut être décomposé en sèmes ‘’pour s’assoir’’, ‘’pour une personne’’, ‘’avec
dossier’’, sans bras’’. Le fait de permuter un sème par autre implique un changement
conceptuel. Ainsi commuter ‘’pour une seule personne’’ par ‘’pour plusieurs
personnes’’ on obtient la définition de ‘’banc’’.

21-Dans les extraits ci-dessous, identifiez les isotopies sémantiques et les sémèmes
indexés par les sèmes actualisés et récurrents. Enfin, montrez comment l’isotopie,
instrument sémantique, permet d’assurer l’unité et la cohérence du texte.

a-Là-dessus, M. Seguin emporta la chèvre dans une étable toute noire, dont il ferma la porte
à double tour. Malheureusement, il avait oublié la fenêtre, et à peine eut-il le dos tourné que
la petite s'en alla... Quand elle arriva dans la montagne, ce fut un ravissement général.
Jamais les vieux sapins n'avaient rien vu d'aussi joli. On la reçut comme une petite reine. Les
châtaigniers se baissaient jusqu'à terre pour la caresser du bout de leurs branches. Les
genêts d'or s'ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu'ils pouvaient. Toute la
montagne lui fit fête. Plus de corde. Plus de pieu... rien qui l'empêcha de gambader, de
brouter à sa guise... C'est là qu'il y en avait de l'herbe ! jusque par-dessus les cornes... Et

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quelle herbe ! Savoureuse, fine, dentelée, faite de mille plantes... C'était bien autre chose
que le gazon du clos. Et les fleurs donc !... De grandes campanules bleues, des digitales de
pourpre à longs calices, toute une forêt de fleurs sauvages débordant de sucs capiteux !
Alphonse Daudet, 1866, La Chèvre de Monsieur Seguin

Dans ‘’la chèvre de M. Seguin’’ d’A. Daudet, parmi les isotopies sémiologiques
à retenir, il ya lieu de citer, celle de la /spatialité/ articulable selon les oppositions /
bas /vs / haut /, sèmes spécifiques inhérents, rendus possibles grâce aux occurrences
comme ‘’étable’’, ‘’montagne’’. Cette isotopie peut être articulable en d’autres
oppositions telles que /clos / vs /ouvert/, qui produisent l’isotopie du /comportement
/ : comportement de conservation/ et /comportement naturelle/. Enfin, l’isotopie de
/condition de vie/ traduite par les oppositions sémiques : /servitude/ et /liberté/ qui
procurent respectivement insatisfaction (état dysphorique) et satisfaction (état
dysphorique). Le sème redondant /servitude/ indexe les sémèmes de ‘’ M.Seguin
(propriétaire de la chèvre)’’, ‘’emporta’’, ‘’étable’’, ‘’noire’’, ferma’’, ‘’porte’’, ‘’fenêtre’’
‘’plus de corde’’, ‘’plus de pieu’’ ‘’gazon du clos’’. Le sème /liberté/ se répète dans les
sémèmes de ‘’ montagne’’, ‘’ravissement’’, ‘’reçut’’, ‘’reine’’ ‘’se baissaient’’, ‘’bon’’,
fête’’, ‘’gambader’’, sa guise, ’’herbe’’, ‘’fleurs’’, forêt’’.

c-Je me souviens, comme si cela datait d’hier, de mon entrée à l’école. Un matin, mon père
arriva de la djemââ avec un petit air mystérieux et ému. J’étais dans notre cour crépie à la
bouse de vache, près d’un kanoun où se trouvait une casserole de lait. Ma mère venait de
rentrer à la maison. Elle allait prendre une pincée de sel et une motte de couscous, pour
apprêter son déjeuner du matin. […]
- Vite, vite, dit-il à ma mère, lave-le entièrement, les mains, la figure, le cou, les pieds.
Crois-tu que le cheikh acceptera un singe pareil ?

- Il y a aussi sa gandoura qui est sale, dit ma mère. Il faudrait peut-être attendre
demain. Je la laverai ainsi que son burnous. […]

- Demain toutes les places seront prises. Et puis il vaut mieux ne pas commencer
l’école par des absences. Il ne faut pas qu’il reçoive des coups par notre faute. D’ailleurs,
inutile d’arriver en retard aujourd’hui. Dépêchons-nous !

Je fus débarbouillé en hâte et cinq minutes après, encore abasourdi, je débarquai


dans la vaste cour de l‘école, toute grouillante d’élèves…à cent lieues de mon déjeuner.
Seule dans la maison, ma petite sœur Titi fêta l’événement en s’octroyant la casserole de
couscous… Mouloud Feraoun (1950), le fils du pauvre

Plusieurs isotopies enchevêtrées dans le texte lui confèrent une certaine unité et
cohérence et par conséquent permettent de construire objectivement sa thématique.
Les mots choisis par l’auteur, de par les sèmes génériques redondants qui les
constituent, donnent naissance à des isotopies différentes mais qui se complètent et
s’interpellent. Ainsi, nous avons
-L’isotopie de /rentrée scolaire/ : école, gandoura, burnous, cheikh (professeur) coup,
retard, élève, cour. (événement central)
-L’isotopie de /l’alimentation/ : Kanoun, casserole, lait, pincée de sel, motte de
couscous, déjeuner. (mode de vie)
-L’isotopie des /personnages/ : je (auteur, Mouloud Feraoun) mère, père, sœur Titi
-L’isotopie des/ lieux/, conçus comme support de déplacement de ces derniers. Il
s’agit de la djemaa (espace du père, il est exclusivement masculin), la maison
(refuge de la mère et de la petite sœur, réservé pour l’univers des femmes), la cour
crépie et la cour de l’école : d’un lieu intime et familier pour l’enfant, l’auteur, à un
lieu qui lui est étrange et inhabituel. (Appropriation des espaces par les
personnages).

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Explication de texte

Qu’appelle-t-on la pureté de la langue ?

La question de la pureté de la langue a constitué au fil du temps une préoccupation


des linguistes. Elle les a divisés quant à l’examen d’un bon nombre de points dont celui de
l’emprunt.

Les mots étrangers ont été ressentis dans le passé comme une contamination de la
langue réceptrice d’où les tentatives de certains pays - comme l’Allemagne et la France - de
lutter contre cette immigration de mots par la création de mots natifs à leur place. Face à cet
état des choses, l’on se demande si ce phénomène d’emprunt peut être traité de la même
manière et si l’on peut y opérer une distinction.

Selon l’auteur, les emprunts introduits dans la langue suite à l’introduction d’une
science, d’une technique…méritent d’être bien conservés et appropriés au lieu de forger une
nouvelle dénomination équivalente. Les mots italiens, relevant de la musique tels les mots
adagio, sonate, sont, à cet effet, révélateurs. Ce type de mots étrangers, qui s’est propagé
d’une langue source plus ou moins ancienne, est partagé par toutes les langues. Il s’est fixé
comme un lot commun pour l’ensemble des communautés où il n’est plus ressenti en tant
qu’emprunt. Digne d’être pérenne et stable, il est considéré comme un document historique.

Par ailleurs, si l’emprunt est jugé nécessaire, les tenants de la pureté recommande
des emprunts internes ayant lieu entre les langues apparentées comme le
français/espagnole/ italien. Toutefois, une telle recommandation ne constitue pas un procédé
passe-partout : car l’emprunt de nécessité, dû à l’introduction des objets à l’expérience
socio-culturelle d’une communauté, est fait à la langue qui possède ces objets. Ainsi,
l’anglais a fourni aux autres langues apparentées ou non les mots relevant de la vie
parlementaire.

Les emprunts ne devront pas être intégrés tels quels avec leur traits insolites mais
soumis aux canons de la langue réceptrice pour qu’ils s’y installent confortablement et
fonctionnent au même titre que les unités natives. Si, en régime d’oralité, ce processus
d’intégration s’accompli sans difficulté, dans le cas de l’écrit, au contraire, les unités
empruntées ne sont pas soumises à de grandes altérations.

Toutefois, en ce qui concerne les termes scientifiques, réputés comme étant une
propriété commune, il est nécessaire qu’ils gardent leur saveur d’origine, leurs traits insolites.
Cela permettra de faciliter les rapports de communication généralisée.

_______________________________
Corrigé du devoir : L’albatros

L’albatros
Dans cet exposé, centré sur le contenu du poème, nous tenterons d’y
examiner les différentes isotopies qui le tissent et qui permettent son interprétation comme
texte homogène au niveau de la signification. Le poème se prête à deux interprétations, à
deux lectures. Celle d’une histoire d’un oiseau captif au cours d’un voyage sur mer, sujet
superficiel, et celle d’un poète, comparé explicitement à cet oiseau (‘’Le Poète est semblable
au prince des nuées’’ vers13) et qui constitue le sujet profond. Si la première s’énonce dès le
titre et s’exprime au niveau dénotatif, la seconde, au contraire, latente n’apparait que dans le
quatrième quatrain ce qui contraint le lecteur à réinterpréter la scène racontée dans les trois
premiers quatrains et l’invite à voir dans l’ensemble du texte une nouvelle signification
d’ordre morale et philosophique.

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-isotopie de la /spatialité/

Elle oppose deux espaces bien distincts : espace céleste ‘’azure’’, dominé par l’albatros et
espace terrestre, établi sur ‘’le navire’’ et contrôlé par les hommes d’équipage’’. Ils sont
caractérisés respectivement par les sèmes spécifiques de la /vastitude/ et de /l’étroitesse/,
opposition véhiculée par plusieurs éléments :

*leur dimension : ‘’azur’’: infini, ouvert / ‘’navire’’: limité, fermé.


-‘’azur‘’ (ciel, espace infini, ouvert de l’albatros, mais aussi symbole de l’idéal, de l’absolu, de
la sérénité, l’espoir, la pureté chez le poète) /, ‘’navire’’ (espace limité et fermé de
l’équipage ; il est défini comme bateau conçu pour la navigation - sens dénotatif -, il
symbolise aussi la société, la terre, la vie quotidienne –sens connotatif)

*leur situation : ‘’azur’’ : haut / ‘’navire’’ : bas


-‘’l’azur’’ se situe au dessus du sol, du ‘’navire’’, ‘’des planches’’ (désignent par métonymie le
pont du bateau et le bateau lui-même, mais aussi, ils désignent métaphoriquement la scène
de théâtre), elle renvoie à la position élevée de l’albatros et au rang social élevé du poète,
symbolisé par l’oiseau, qui contraste avec celui des hommes d’équipage cloué sur leur
navire.

*leur connotation : ‘’azur’’ positive / ‘’navire’’ négative


‘’l’azur’’ connote la liberté, l’évasion, l’élévation par le vol qui y est inscrit et qui contraste
avec la restriction de la liberté, la captivité, l’avilissement enregistré sur le navire.

*leur occupant : ‘’azur’’ espace de l’albatros / ‘’navire’’ espace de l’équipage


- ’’vastes oiseaux’’ (dont l’aspect physique et plus particulièrement l’envergure de leurs ailes
est important - sens dénotatif- mais aussi dont l’action, la portée, le rayonnement est étendu
sur le plan intellectuel, philosophique ou moral -sens connotatif, véhiculé par l’albatros en
tant que symbole du poète.) / ’’ les hommes d’équipage, caractérisés par une étroitesse
d’esprit, un manque largeur de vues. Ils sont impitoyables, vulgaires et cruels. Leurs actes
ont porté préjudice à l’oiseau au lieu de manifester à son égard, comme le poète, une
grande compassion et une grande lucidité

-isotopie de la /grandeur/

Elle constitue le lot commun de l’albatros et du poète :

*‘’aile’’ vers7 (plume)


-L’oiseau et le poète ont en commun la plume ou l’’’aile’’, l’outil de liberté. La plume de
l’albatros l’aide à voler au même titre que celle du poète lui permet d’écrire : pour l’un comme
pour l’autre, c’est le seul moyen de s’exprimer, d’être libre et de vivre un idéal.

* ‘’azur’’vers6 (feuille)
- Le ciel est pour l’albatros ce que la feuille est pour le poète, c’est-à-dire un environnement
idéal, un espace de liberté.

* ‘’rois de l’azure’’vers6 ; ‘’prince des nuées ’’vers13


Ces périphrases font partie de l’univers de la grandeur, de la puissance et de la domination.
Le poète, comme l’oiseau, est souverain dans son propre univers et chacun y exerce sa
plénitude. A noter que ‘’Poète’’, comparé au ‘’prince des nuée’’, est en majuscule ce qui
représente une sorte idéalisation du monde des poètes, noblesse du monde de l’esprit.

*‘’ oiseaux des mers’’vers2

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Dans cette périphrase, le terme mis au pluriel « des mers » traduit une universalité et un
pouvoir exercé par les albatros sur le monde.

* ‘’rit’’, ‘’hante’’vers14
- l’oiseau‘’ se rit de l’archer’’, car il plane si haut que les flèches des humains ne peuvent
l’atteindre et occupe par sa présence la ‘’tempête’ qu’il ‘’hante’’. Dans ce contexte naturel et
écologique : le ciel, l’oiseau fait preuve de sa supériorité et de son invincibilité

-isotopie de la /captivité de l’oiseau /

Le changement d’espace par l’albatros, de son univers propre, suite à sa capture par
les hommes d’équipage, est sévèrement sanctionné. Désormais, sa liberté préservée ailleurs
sur’’ l’azure’’ est perdue dans l’environnement clos du navire. Il est transformé en objet de
risée.

*’’s’amuser’’vers1
-les hommes d’équipage meublent le temps en se divertissant dans une cruauté habituelle:
‘’Souvent pour s’amuser, les hommes d’équipage/ Prennent les albatros vastes oiseaux des
mers’’. L’emploi de l’adverbe ‘’souvent’’ montre la fréquence de l’action.

*’’ prennent’’vers2
-les hommes d’équipage’’ ont capturé des albatros et les ont transformés en objet
d’amusement et de persécution. Ils les ont arrachés à leur essence et de leur milieu naturel.

* ‘’déposés’’ vers6
- le texte comme un tout où sont truffées des périphrases telles que ‘’roi d’azur’’, ‘’prince des
nuées’’ nous autorise à réduire la polysémie du verbe ‘’déposés’’, à le délimiter à l’acte de
destituer les albatros, de les dépouiller de leur autorité et souveraineté Aussi sont-ils
transformés en objet vil et méprisable après avoir perdu leur habitat naturel : le ciel.

*‘’grandes ailes blanches’’vers7


- Ces membres - qui permettent de voler, de mouvoir avec facilité- une fois l’oiseau ‘’exilé’’
sur le sol, ont perdu leur fonction naturelle et se transforment, désormais, en lourd fardeau
pour leur propriétaire : elles l’’’empêche de marcher’’.

*’’rois d’azure’’ vers12,’’prince des nuées’’ vers13,


-Exilés sur le sol, arraché de son pouvoir, l’albatros est devenu un objet de risée sur lequel
se déchaînent toutes les tensions accumulées au cours du voyage entre les hommes
d’équipage. Des tortures lui ont été infligées : physique ‘’l’un agace son bec avec un brûle-
gueule/ l’autre mime en boitant l’infirme qui volait’’ et morale, représentée par les moqueries
cruelles des marins soulignées par les trois exclamations v.9’10-et 12.

-isotopie de la /déchéance/

*albatros : mauvais augure /bon augure

Sans doute, la croyance selon laquelle l’albatros est signe de mauvais augure, sème
afférent normé socialement, a présidé sa déchéance. Les marins de l’époque voyaient
souvent cet oiseau comme malfaisant, qui attaquait à coup de bec les corps des hommes
tombés à la mer et qu’on ne pouvait pas repêcher. Toutefois, ce préjugé n’est pas partagé
par l’auteur qui considère plutôt l’oiseau comme signe de bon augure. L’albatros et le poète
ne sont pas acceptés par les hommes : ils deviennent objets de la dérision et de la

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moquerie. Quoi qu’il en soit, dans le poème, la chute de l’oiseau est dramatisée d’une façon
brusque ‘’A peine les ont-ils déposés sur les planchers’’.

*’’ailes’’, ‘’avirons’’
-les ‘’ailes’’ ne consistent plus comme auparavant à voler dans l’’’azure’’ mais plutôt, elles
sont comparées à des avirons, genre de fardeau, que l’oiseau captif, démuni et infirme
traîne à côté de lui et qui, par conséquent, ‘’empêchent’’ sa marche et le paralysent dans le
navire.

* ‘’bec’’, bouche
-Le ‘’bec’’ de l’oiseau est ‘’agacé avec un ‘brûle- gueule’’, genre de pipe à tuyau très court, ce
qui empêche cet organe de s’exprimer. De la même manière, la société cloue le bec du
poète et le prive ainsi de l’outil de la parole et de l’expression, condition de son inspiration.

*’’Gauche et ‘’veule’’, ‘’comique et laid’’, ‘’indolents’’, ‘’maladroits’’, ‘’honteux’’, ‘’piteusement’’,


‘’infirme’’’
-Ces attributs humains et négatifs soulignent les transformations profondes ayant affectés
‘’ le ‘’roi d’azur’’, l’albatros, capturé par les hommes d’équipage. L’auteur s’identifie avec cet
oiseau dans un mouvement de sympathie inversé à celui des hommes : ce qui provoque leur
cruauté suscite la compassion du poète, lui-même est un albatros.

*‘’exilé’’,
Exclu, condamné parmi les hommes, l’albatros, réputé par son vol est devenu infirme,
incapable de mener une vie normale sur la terre à cause même de ses ‘’ailes géants’’,
transformées en ‘’avirons’’ qu’il traîne et qui l’empêchent de marcher.

Le poète est l’albatros paralysé par ses ailes-elles-mêmes, un roi de l’azur destiné à
amuser les hommes d’équipage avec ses mouvements gauches : une condamnation
impitoyable qui mène le poète du ciel de la poésie au gouffre de la terre parmi les hommes.

La déchéance de l’albatros est aussi celle du poète. Ils se ressemblent ‘’ Le poète


est semblable au prince des nuées’’ et plusieurs caractéristiques les conjoints. Ils sont
majestueux, isolé, méprisés, maudits, étranges et incompris par leur entourage et leurs
contemporains. Malgré son idéal poétique qui lui permet de se libérer de l’ennui de la vie
quotidienne, le poète ne peut s’épanouir complètement : la société lui pèse ; par sa dureté et
sa trivialité, elle cherche à l’empêcher de s’exprimer. Son débat dans la société prouve sa
difficulté d’adaptation. Le poème finit sur une touche pessimiste (on l’empêche de marcher).
Mais il lui est impossible de demeurer toujours dans l’élément spirituel : il est obligé de
gagner sa vie, de se mêler aux autres hommes…

_______________________

Lexique :

indolent : qui manifeste peu de vitalité, qui évite de se donner la peine, agit avec lenteur
gouffre : trou profond et large qui s’ouvre à la surface du sol
veule ; qui manque de force, d’énergie, qui n’a aucune volonté
brûle-gueule : pipe à tuyau très court
nuée : nuages de grande étendue, épais et sombre
huée : cris poussés par les chasseurs pour lever, rabattre, effrayer le gibier
archer : tireur à l’arc ou arbalète.

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Étude isotopique du conte : le petit chaperon rouge

Introduction

Le petit chaperon rouge est un conte populaire qui propose une histoire volontiers
moralisatrice, destinée aux enfants. Il contient des thèmes ayant trait à la sexualité, à la
violence et au cannibalisme, des valeurs véhiculées essentiellement par le comportement
des personnages. Le choix de ce texte court, agréable à lire, apprécié, connu et familier aux
lecteurs, s’explique par le fait qu’il constitue un exemple de description d’un texte réputé
comme étant poly-isotopique et se prêtant donc à des lectures multiples. La méthode utilisée
pour y parvenir est celle qui est mise en œuvre par les apports de la sémantique
interprétative dont plus particulièrement le concept d’isotopie qui est limité, rappelons-le, au
plan du contenu et qui permet de surmonter les problèmes de la lecture face au problème de
polysémie du texte. Nous tenterons de découvrir les isotopies qui le constituent et que l’on
ne perçoit pas toujours à la première lecture ou même relecture. Son analyse va nous
permettre de nous familiariser et de mieux saisir la méthode d’analyse textuelle que nous
proposons.

Isotopie de la /spatialité/

Le conte se situe dans un monde dépourvu de cadre géographique précis. Les lieux
présentés sont la maison de la mère, la forêt et la maison de Grand-mère. Ils constituent le
support des déplacements du Chaperon rouge.

a- La maison

La maison de la mère est un endroit sûr, une étape dans la vie, celle de l’enfance. Ici
l’enfant pubère est protégé par sa mère contre les aléas du monde extérieur. Au contraire
celle de la Grand-mère n’apporte pas cette protection en raison de son âge avancé et
aggravé par son état de santé car elle est bien ‘’malade’’ et ‘’enrhumé’’. Bien plus, comme on
le verra vers la fin du conte, sa rencontre avec le loup va changer de fond en comble
l’atmosphère sécurisant qui régnait chez elle, dans ce lieu. Mais avant d’arriver à ce second
lieu, seconde vie celle d’adulte, Chaperon doit emprunter un chemin qui traverse la forêt et
qui est parsemé d’embûches.

Entre la maison du départ et celle d’arrivée, il existe une frontière représentée par la
forêt. Cette frontière, qui interdit tout retour du Chaperon rouge en arrière, ne peut être
franchit sans que l’on ne soit puni. En traversant ce seuil, Chaperon se trouve à l’orée de son
destin. Le processus de son initiation débute par une rupture avec sa mère. Le conte oppose
l’univers de la maison de la mère qui est un univers sûr à celui de la forêt.

b-La forêt

La forêt, ouverte et dense, est un lieu privilégié de loisirs, de détente, de découverte


de la faune, de la flore, des paysages, de la cueillette et de la chasse. C’est un lieu qui fait
peur parce qu’on peut s’y perdre. Elle est aussi le domaine de l’homme sauvage, le refuge
des hors-la loi, des coupeurs de routes. Elle est encore peuplée d’autres dangers. Sa
traversée peut entraîner la chute du héros dans un fossé, sa noyade dans une rivière, la
perte de son chemin, la rencontre avec un animal sauvage…Bref, elle est l’incarnation de la
nature à l’état asocial, l’espace où l’ordre des choses n’est pas encore établi et où l’ordre
humain est encore à naître comme le souligne la présence des bûcherons. Elle est le lieu de
rencontre du loup avec le Petit Chaperon Rouge, le lieu qui a contribué à retarder la course
de celle-ci vers la maison de grand-mère.

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Isotopie de la /couleur/

Cette isotopie indexe les unités lexicales dont le sème, élément de contenu, présente
le sème générique /couleur/ qui peut avoir le statut de sème inhérent ou afférent. Les
couleurs dont il est question dans le conte sont au nombre de quatre : le rouge, le blanc, le
noir et le vert. Ces couleurs, de par leur symbolisme, ont une grande importance dans le
conte car elles montrent visuellement la personnalité de l’individu et de l’ambiance des lieux.
Leur récurrence donne une impression visuelle de ‘’contraste coloré’’

a- Le rouge : le seul lexème trouvé dans le texte et qui est explicitement relié au champ
générique des couleurs est le rouge, répété 13fois ; la même couleur rouge peut être
construite à partir d’une relation d’afférence. En effet, le verbe ‘’manger’’ ‘’dévorer’’
‘’éventrer’’qui admettent un complément d’objet pourvu du trait lexical [+Animé ] contient
implicitement le sème [rougeur] du fait de l’acte de dévoration ou d’éventrement qui
présuppose la chaire et le sang. La même couleur rouge peut être associée aux fruits
rouges’’ noisettes’’ que cueille la fillette en chemin et qu’elle veut porter à sa grand-mère.

Parmi toutes les couleurs évoquées dans le texte, le rouge est celui qui ressort le
plus et donne une optique assez intéressante par sa nature. Il est symbole de la chaleur, de
la force vitale d’émotion, du danger qui menace le Petit Chaperon Rouge, le sang qui va
couler, le sang des menstruations, le sang de la défloration, la cruauté sanguinaire du loup,
la dévoration de la grand-mère et de la fillette…Psychanalytiquement parlant, il revêt une
connotation sexuelle, la petite fille serait déjà pubère et aurait au fond très envie de se
retrouver dans le lit avec le loup. Le conte illustre bien cette correspondance entre le rouge
et la sexualité. La petite fille affiche avec ostentatoire cette sexualité par le port d’un
chaperon de couleur rouge.

b- le blanc : il est construit selon une relation d’afférence. Le terme qui contient ce sème
blancheur, entrant par afférence dans la classe sémantique des couleurs, est ‘’beurre’’ étant
donné que terme est défini comme matière alimentaire grasse, obtenue à partir du lait dont
la couleur est blanche. Il est aussi le symbole de l’innocence du cœur de Chaperon sans
expérience dans la vie, de la pureté et de la candeur de son âme qui se manifeste par un
comportement simple et sincère. D’ailleurs la candeur étymologiquement signifie ‘’blancheur,
clarté’’ de la pureté de l’âme de Chaperon rouge

c- le noire, il est fondée par inhérence à une caractéristique du pelage du loup, jaunâtre
mêlée de noir mais aussi au ventre du loup‘’ il fait noir dans le ventre du loup’’. Cette couleur
est le symbole de la mort du loup, de l’obscurité, de la tristesse et du deuil

d-Le vert : c’est une couleur présupposée par l’existence des arbres, des plantes. Il
symbolise la venue longuement attendue du printemps, saison pendant laquelle Chaperon
prend contact avec sa grand-mère après une longue séparation. Comme il est de coutume
en ce moment, la famille de chaperon confectionne une galette qu’elle partage entre ses
membres.

Le choix des couleurs n’est pas gratuit mais voulu en vertu des significations qu’ils
revêtent. Ils insufflent les états d’âme des personnages, leurs sentiments et l’ambiance que
l’on désire créée.

Isotopie du /célibat/

Trois femmes, représentant trois générations différentes sont indexées du sème


isotopant /célibat/, trait afférent construit à partir du texte. Il s’agit, en l’occurrence, de la
grand-mère, de la mère et du petit Chaperon Rouge. S’ajoute à ces personnages féminins et

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célibataires, un autre mais de sexe masculin, le loup dévorant, qui lui aussi est indexé du
même sème de célibat.

Le petit Chaperon Rouge n’a pas de père avoué de sorte que les relations de parenté
sont présentées comme des relations chronologiques, qui passe de la grand-mère, à la mère
pour aboutir à la fille. Un tel schéma matrilinéaire surestime les liens de parentés verticaux.
Dès la situation initiale, qui revêt une importance capitale puisqu’elle expose la nature du
problème, le lecteur est en présence d’une structure matriarcale dans laquelle il n’y a pas de
place pour une autorité paternelle. La puissance est retenue par la grand-mère qui est la
mère de la mère du petit Chaperon Rouge.

En marge de cette structure familiale exclusivement féminine dont le refuge reste la


maison, il y a quand même des hommes qui ont comme lieu commun la forêt : ce sont
quelques bûcherons et le loup. Les premiers, de par leur présence quelque part dans ce lieu,
ont servi à la protection quoique provisoire du chaperon rouge contre le loup prédateur, qui
avait bien envie de manger Chaperon rouge mais s’apercevant qu’il court à sa perte, il
retarde son projet jusqu’à ce que les conditions propices soient réunies. ‘’ en passant dans
un bois, elle rencontra compère le loup, qui eut bien envie de la manger, mais il n’osa à
cause de quelques bûcherons qui était dans la forêt’’. Cette bouffée de sécurité n’a pas
longtemps duré. Le loup chassé de la forêt, trouve dans la maison de grand-mère les
circonstances favorables pour exhausser son désir.

Aspects de la personnalité du loup

Isotopie de l’/humain/

Le trait inhérent /animal/ du loup, sème générique, est virtuel dans le texte tout en
restant latent dans la mémoire associative du lecteur. Il est neutralisé au profit du sème
afférent /humain/ contracté et construit à partir du texte et des normes socialisées de la
culture. C’est un loup habillé, qui parle, qui interroge, qui écoute, qui propose, qui embrasse,
qui ruse, qui trompe et qui dévore. Ainsi, le loup n’est pas un animal carnassier, mais une
métaphore du mâle séducteur et meurtrier anthropophage, pourvu de la pensée humaine, de
la cruauté, de la ruse et des qualités antisociales. De tout temps et dans l’imaginaire
occidental, il est le symbole du mal, du danger et de la sauvagerie.

Isotopie de la /cruauté /

La cruauté du loup n’a pas de limite. Elle se manifeste, d’une part, dans l’acte
cannibalesque de dévorer une femme âgée ‘’grand-mère’’ et de surcroît malade, d’autre part,
il a abusé du Chaperon rouge, après avoir usé de la perfidie : ‘’il ment effrontément’’,
‘’contrefaisant sa voix’’ ‘’se cache sous la couverture’’. Le loup s’est régalé des créatures
plus faibles que lui ; il a dévoré coup sur coup la grand-mère et la fille ce qui accentue son
caractère sanguinaire et cruel.

Isotopie de la /ruse/

En contraste avec la nonchalance du chaperon qui flâne en chemin, nous avons


l’empressement du loup qui veut arriver le premier et assouvir donc ces désirs. ’’Le loup se
mit à courir de toutes ses forces par le chemin qui était le plus court et la petite fille s’en alla
par le chemin le plus long, s’amusant à cueillir…’’

Le choix du chemin le plus court intervient juste après que le loup s’est informé du
chaperon de sa destination, maison où se trouve grand-mère ‘’Eh bien dit le loup, je veux
l’aller voir aussi, je m’y vais par ce chemin là et nous verrons à qui plutôt y sera’’. Le loup se

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met à courir de toutes ses forces par le chemin qui était le plus court et la fille s’en alla par le
chemin le plus long.

Les ruses dont il usé, les différents déguisements qu’il a savamment maniés ont bien
fonctionné tout au long de la narration jusqu’à la fin du conte où le loup révèle sa nudité et sa
véritable nature ‘’viens te coucher avec moi’’. Il a exploité à son avantage les réponses
d’autrui. Chaperon rouge lui a fourni la première clé lui permettant de s’introduire dans la
maison de grand-mère ‘’c’est votre fille Chaperon rouge qui vous apporte une galette et un
petit pot de beurre que ma mère vous apporte’’. Ce faisant, le loup obtient par la ruse la
deuxième clé qui va lui permettre de faire tomber chaperon rouge dans ses bras ‘’ tire la
chevillette, la bobinette cherra’’. Ainsi le loup, après avoir trompé Grand-mère et Chaperon
rouge et détenu les clés lui permettant de s’infiltrer dans la maison de Grand-mère, va
dévorer l’une après l’autre. Par ailleurs, il faut signaler que si l’espace favori du loup pour
traquer ses victimes et assouvir ses désirs est la forêt, dans ce conte, le loup ne s’attaque
pas à sa proie dans la première rencontre dans la forêt mais lors de la deuxième rencontre
ayant lieu à la maison sécurisée de Grand-mère. Il est vu comme un prédateur sexuel, qui
par un acte réfléchi, choisi le lieu et le moment opportun pour terroriser ses proies

Aspects de la personnalité de Chaperon rouge

Isotopie /découverte du sexe/

Cette découverte est rendue possible grâce à un certain nombre de lexèmes et


expressions qui dénotent explicitement cette isotopie afférente. ‘’ Le petit Chaperon se
déshabille, et va se mettre dans le lit où elle fut bien étonnée de voir comment sa grand-
mère était faite en son déshabillé’’. Chaperon rouge fait preuve de son voyeurisme en tirant
plaisir à la vue de la nudité du loup, plaisir doublé d’étonnement.

Isotopie /exploration du corps/

L’évocation des parties du corps : bras, jambes, oreilles, yeux, dents et leur finalité
respective suivant une trajectoire dramatique : embrasser, courir, écouter, manger qui
rappellent ce que le loup vient d’accomplir c’est-à-dire après avoir ‘’écouté’’ Chaperon,
‘’couru’’ à travers le bois, et maintenant ‘’embrasse’’ et ‘’dévore’’ sa proie. Par cette
exploration du corps sous formes d’un inventaire, l’héroïne acquiert la faculté génésique de
son aïeule et découvre le corps masculinisé.

Isotopie /étonnement/

Dans les interjections suivantes :’’ Que vous avez de grands bras ! ‘’, ‘’Que vous avez
de grandes jambes !’’ , ‘’Que vous avez de grandes dents !’’ , ‘’Que vous avez de grandes
oreilles !’’ , ‘’Que vous avez de grands yeux !’’ , nous trouvons le sème isotopant de
/étonnement/ et nous comprenons que ce sentiment est suscité par la taille de tels organes
et leur possesseur.

Chaperon rouge se trouve dans une situation particulière où elle est invitée à se
coucher avec le loup. Il est tout à fait normal qu’elle éprouve de l’étonnement en observant
les organes démesurés du loup qui contrastent fort avec les siens et avec ceux de sa grand-
mère. Face à l’étonnement de la fillette et à sa situation d’embarras, le loup lui fournit une
suite de réponses dont le trait récurent est le sème spécifique inhérent de la /raison/. Cette
hypothèse est appuyée par l’articulateur causale ‘’parce que’’.

Cette isotopie de la sexualité est évidente surtout lorsque Chaperon va se coucher


avec le loup. Elle se prête d’ailleurs au jeu de déshabillage. Aucune crainte n’a été décelée
dans son comportement si ce n’est l’étonnement de la découverte du matériel masculin. Une
fois déshabillée et au lit, elle éprouve de l’étonnement face au portrait physique du loup qui

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tout en essayant de la convaincre des raisons d’être de ses organe fini par la finir et c’est
ainsi que le conte se termine par une fin tragique.

Isotopie /admiration/

Dans la situation initiale, l’héroïne, le Petit Chaperon Rouge est présentée comme un
personnage estimé supérieurement beau et ravissante. Elle est regardée, elle séduit. De ce
fait, elle met sa mère et sa grand-mère dans un état d’exaltation causé par une émotion forte
poussée au paroxysme. Ce plaisir exalté est motivé par la supériorité qu’on lui reconnait
aussi bien dans le côté moral que dans le côté physique. Les lexèmes ‘’gentille’’,
‘’jolie’’,’’folle’’ sont investis d’un sème générique inhérent /admiration/. Dès le début du texte,
la fille est décrite comme la fille la plus belle du village, une fille tellement délicieuse
tellement charmante qu’elle excite l’appétit sexuel et se présente comme un objet de désire,
une proie qui pourrait être dévorée.

Isotopie connotative /enfance/

Le pauvre enfant n’a pas de nom si ce n’est celui du nom descriptif du Petit Chaperon
Rouge. C’est sa coiffure, son fameux chaperon rouge, dont sa grand-mère lui fit don, qui lui
a valu ce surnom de genre masculin. Un des aspects de la personnalité de ce personnage
principal est qu’il est en période d’enfance comme le suggère cette isotopie connotative de
l’enfance. En fait, il n’existe pas dans le texte de lexèmes se référant directement à l’entité
de l’enfance, mais nous avons, tout au long du texte, un ensemble de mots ou expression
dont la signification implicite comme valeur connotative évoque cette isotopie

a--Isotopie de la /petitesse/

Nous avons l’itération de l’adjectif ‘’petit’’, onze occurrences au total ; Petit chaperon Rouge
auxquels s’ajoutent le petit pot de beure, petites fleurs, sans oublier la série galette2 ,
noisettes3 , chevillette,4 bobinette5 , village6, papillons. Dans leur ensemble, ils, de par leur
dimension, dénotent la petitesse et connotent l’enfance sans y renvoyer explicitement.

b--isotopie de la naïveté

*Par son ignorance qu’il est dangereux de s’arrêter à écouter un loup et, à plus forte raison,
à lui livrer toutes les indications nécessaires lui permettant de se rendre chez la grand-mère,
Chaperon fait preuve de sa naïveté qui un autre trait de l’enfance.

* Par l’insouciance et l’innocence de Chaperon rouge à courir après les papillons et à faire
des bouquets de petites fleurs qu’elle rencontre, rejoignant ainsi par cet acte de folâtrerie
dans le bois, au hasard des découvertes émerveillées ses rêveries, mais oublie, ce faisant,
le concours de vitesse proposé par le loup.

2
Gâteau rond et plat fait le plus souvent de pâte feuilletée et cuit au four. Le mot dérivant
historiquement de gale ’’gâteau plat’’
3
Fruit du noisetier, constitué d'une coque ligneuse de forme ovoïde ou ronde, de couleur brun-roux ou
rougeâtre, recouverte à sa base d'un involucre à bords découpés, contenant une amande oléagineuse
et comestible, de saveur agréable, que l'on utilise notamment en pâtisserie et en confiserie le terme
dérive de noix auquel est suffixé le diminutif ‘’ette’’.
4
Petite cheville, dérivé obtenu par l’adjonction du suffixe du diminutif ‘’ette’ à cheville
5
Vieilli. HABITAT RURAL. Pièce de bois mobile, maintenue contre le battant d'une porte par une
cheville et qui tombe quand on enlève celle-ci pour ouvrir la porte. Historiquement et
étymologiquement, il dérive de bobine et du suffixe. -ette*;
6 Agglomération rurale; groupe d'habitations assez important pour former une unité administrative,

religieuse ou tout au moins pouvant avoir une vie propre. Etymologiquement, il dérive du lat. villa «
id. » (ville*); suff. -age*.

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Université Mohammed Premier .Faculté Pluridisciplinaire. Nador

*Par la méconnaissance du loup, déguisé en grand-mère. Elle est tellement naïve qu’elle ne
reconnaît ni les bras, ni les jambes, ni les jeux, ni les oreilles, ni les dents du loup jusqu’à ce
qu’elle se laisse engloutir sans jamais rien comprendre

L’humeur de Perrault résulte donc d’une double lecture inégalitaire du conte, celle de
l’enfant ignorant la différence des sexes et celle de l’adulte qui jouit de son savoir et donc de
sa supériorité à ce sujet

c--Isotopie de l’activité ludique

L’énumération des paries du corps : bras, jambes…est un calque des exercices


amusants utilisés en pédagogie pour inculquer aux petits enfants la connaissance de leur
propre corps. Chaperon se pose des questions sur les parties du corps du loup, essayant
par ce procédé à découvrir et à explorer le corps masculin. L’acte de poser de telles
questions est un fait tout à fait normal pour Chaperon rouge qui apprend, par ce procédé, à
se servir de son corps et à comprendre comment il fonctionne. C’est une sorte d’initiation.
Dans cette activité ludique, la fille n’est plus passive comme au début, dans la situation
initiale : elle séduit, elle regardée, mais plutôt active et regardant.

Isotopie de la /nature/

Un ensemble de réalités matérielles : noisettes, papillons, fleurs se présentent aux


yeux de Chaperon Rouge au cours de son chemin. Ces lexèmes sont définis par le trait
générique /nature riante/. Ils se réfèrent à des objets qu’on trouve dans un domaine forestier
et qui ne sont pas modelés ou humanisés par l’activité humaine mais sont à l’état naturel.
Ces objets ravissent et comblent la fillette. La forêt qui incarne cette isotopie de la nature
marque la limite spatiale entre la colonisation du territoire par l’homme et la nature sauvage.
Dans cet espace le principe de réalité s’évanouit au profit du principe de plaisir.

Isotopie de l’alimentation

Le Petit Chaperon Rouge a été mandatée par sa mère qui lui a confié un objet à
transmettre à sa grand-mère bien malade. La nature de cet objet de valeur est représentée
par une galette7 et du beurre, deux lexèmes contenant le sème isotopant de /alimentation/
qui est un sème inhérent.

Cette isotopie de la nourriture fait intervenir trois personnages ayant chacun un rôle
bien défini. Celui de la mère, qui reste dans l’ombre, est relégué à servir le cadeau ; c’est elle
qui le prépare et le donne ; celui du Petit Chaperon Rouge comme intermédiaire qui le fait
passer - démarche tout à fait ordinaire dans le contexte villageois où porter à manger aux
vieux fait partie des services que les enfants rendent – celui de Grand-mère supposé en être
destinataire et dans le conte, elle ne le reçoit pas. L’acte de donation intervient après la
venue du printemps où les membres de chaque famille, comme de coutume, fêtent
l’événement en partageant la galette confectionnée. Cette nourriture, présentée dans la
situation initiale et associée à la fête du printemps constitue par la même occasion le mobile
de la tragédie encourue par Petit Chaperon rouge, le tremplin qui va la catapulter et
l’exposer dans un univers dangereux.

7 Gâteau rond et plat fait le plus souvent de pâte feuilletée et cuit au four.

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