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L2SNV/Immunologie Année Universitaire 2018/2019

LES IMMUNOGLOBULINES
I- Définition
Les immunoglobulines (Ig) sont des glycoprotéines présentes dans le
plasma, les liquides extravasculaires et les sécrétions ; elles sont douées
d’activité anticorps c'est-à-dire du pouvoir de liaison spécifique avec l’épitope qui
a provoqué leur formation.
Elles sont secrétées par les plasmocytes qui dérivent des Lymphocytes B
et sont impliquées dans la réponse immunitaire à médiation humorale. Il existe
également des immunoglobulines membranaires correspondant au récepteur de
l’antigène membranaire des lymphocytes B (BCR : IgMm et IgDm) (Figure 1).

Figure 1. Forme membranaire et soluble des immunoglobulines

II- Structure et propriétés des immunoglobulines :


2.1- Structure générale des immunoglobulines
La structure de base d’une Ig est identique, quelle que soit la classe à laquelle
elle appartient : 4 chaînes polypeptidiques dont 2 chaînes légères (κ ou λ) et 2
chaînes lourdes identiques (γ,α,µ, δ ou ε) réunies entre elles par un nombre
variable de ponts disulfures (Figure 2).

2.1.1- Les chaines lourdes :


Elles varient selon les différentes classes et sous-classes
d’immunoglobulines : chaîne lourde γ,α,µ, δ ou ε, pour les IgG, IgA, IgM, IgD ou
IgE, respectivement. Chaque chaîne lourde comporte une séquence d’environ 450
acides aminés de PM 50 kDa. Elles sont reliées entre elles par une ou plusieurs
liaisons covalentes ponts disulfures.
Une zone flexible de la chaîne lourde située à mi-distance environ des
extrémités de la chaîne lourde est appelée zone charnière. Cette zone charnière
confère à la chaîne lourde une grande flexibilité, facilitant ainsi son interaction
avec l’antigène.

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Chaine lourde Chaine légère

Fragment
Fab
25.000 kD

Fragment cristallisable
Fc

50.000 kD

Figure 2. Structure générale des immunoglobulines et différents domaines des


chaines lourdes et des chaines légères

2.1.2- Les chaines légères :


Les chaînes légères se retrouvent dans toutes les immunoglobulines sous
forme de 2 types principaux de séquence polypeptidique : kappa (κ) ou lambda
(λ). Dans une molécule d’immunoglobuline donnée, les chaines légères sont
identiques, soit de type κ, soit de type λ. Les 2/3 des immunoglobulines environ
possèdent des chaînes lκ et 1/3, des chaînes λ.
Les chaînes légères sont composées d’environ 220 acides aminés, leur PM
est de 25 kDa. Elles sont reliées à une chaîne lourde par un pont disulfure

2.1.3 Différents domaines des immunoglobulines


Outre les ponts disulfures intercaténaires qui unissent les chaînes lourdes
entre elles et les chaînes légères aux chaînes lourdes, il existe des ponts
disulfures intracaténaires sur chaque chaîne lourde et sur chaque chaîne légère.
Ces ponts disulfures créent des régions d’environ 110 acides aminés, appelées
domaines. Chaque chaîne lourde présente 4 domaines (sauf les IgM qui en ont 5)
et chaque chaîne légère, 2 domaines.
Les chaînes lourdes et les chaînes légères comportent une partie
constante (C) située dans la partie C- terminale des chaînes polypeptidiques et
une partie variable (V) située dans la partie N- terminale de ces mêmes chaînes.
Chaque chaîne légère est donc constituée de 2 domaines : un domaine variable
situé à l’extrémité N- terminale de la chaîne (VL), et un domaine constant situé à
son extrémité C-terminale (CL). Les chaînes lourdes comportent un domaine
variable situé à l’extrémité N-terminale de la chaîne (VH), et 3 (ou 4 pour les
IgM) domaines constants situés à son extrémité C-terminale (CH).
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Le site de liaison à l’antigène est formé par le domaine variable d’une chaîne
légère associé au domaine variable de la chaîne lourde (Figure 2).
Seule une partie de la région variable des chaînes L et H, appelée zone
hypervariable, participe directement à la fixation de l’Ag.
2.2- CLIVAGE ENZYMATIQUE DES IMMUGLOBULINES :

C’est l’étude des fragments obtenus après action d’enzymes protéolytiques


sur les molécules d’immunoglobulines qui a permis d’élucider les relations existant
entre la structure et la fonction de la molécule d’anticorps (Figure 3). Ce clivage
est réalisé grâce à l’utilisation d’enzymes telles que la pepsine ou la papaïne.

Clivage protéolytique par la papaïne

Clivage protéolytique par la pepsine

Figure 3. Hydrolyse enzymatique des immunoglobulines

III- Différentes classes d’immunoglobulines et propriétés:


Il existe 05 classes d’immunoglobulines : IgG, IgA, IgM, IgE et IgD
d’après la structure de leurs chaînes lourdes (Figure 4). Certaines classes d’Ig
comportent des s/classes, les IgG et les IgA (Tableau I).

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Tableau I. Propriétés physicochimiques et biologiques des immunoglobulines


Classe
IgG IgA IgM IgE IgD

Propriétés des immunoglobulines


Chaînes γ α µ ε δ
lourdes
Chaînes κ ou λ κ ou λ κ ou λ κ ou λ κ ou λ
légères
S/Classe et IgG1 (γ1) IgG2 IgA1 (α 1 - - -
chaînes (γ2), IgG3 (γ3), sérique) et
lourdes IgG4(γ4) IgA2 (α 2
associées sécrétions)
Localisation Sang Muqueuses Sang Basophiles Lymp B
principale Secrétions Lym B Mastocytes
Sang
Proportion 70 à 75 % 15 à 20 % 10 % Moins de 1 % Moins de 1 %
dans le sang
PM (Da) 150 000 385 000 900 000 185 000 190 000
(170 000)
Valence 2 2à4 2 à 10 2 2
Activités biologiques des immunoglobulines
Transfert + - - - -
placentaire sauf IgG2
Activation + - + - -
du C par la sauf IgG4
voie
classique
Fixation aux + + - + -
macrophages essentiellement expression
IgG1 et IgG3 inductible
Fixation aux - - - + -
basophiles expression
et constitutive
mastocytes
Présent sur - - + - +
la membrane
des cellules
B matures

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c IgA sécrétoire
Chaine J

Pièce (composant) sécrétoire

Figures 4.Schéma représentant la structure de base des 3 classes


d’immunoglobulines IgG, IgM et IgA

IV- Biosynthèse des immunoglobulines


4.1- Ontogenèse des immunoglobulines
Chez l’enfant, à la naissance, les IgG présentes dans son sérum sont,
essentiellement, d’origine maternelle ; leur concentration dans le sérum de
l’enfant est pratiquement identique à la concentration des IgG maternelles. La
demi-vie des IgG étant d’environ 3 semaines, les IgG maternelles disparaissent,
en moyenne, vers le 4e mois (Figure 5).

Par la suite, une augmentation des IgG correspondant à la propre synthèse


des IgG de l’enfant est notée ; leur concentration est égale à celle de l’adulte
vers l’âge de 6 ans. En l’absence d’infection congénitale, les IgM et les IgA sont
quasiment indétectables à la naissance. Les IgM atteignent le taux de l’adulte
vers l’âge d’un an, en revanche les IgA n’atteignent ce taux que vers l’âge de 10
ans.

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Figure 5. Ontogénie de la réponse immunitaire

4.2- Synthèse des immunoglobulines après stimulation antigénique

Après stimulation antigénique par un antigène thymo-dépendant, on


observe, après une phase de latence variable (quelques jours à quelques
semaines), l’apparition d’IgM, puis d’IgG (c’est le phénomène de commutation de
classe = SWITCH). Les IgM ne sont plus détectables au bout de quelques
semaines, alors que les IgG persistent, même si leur concentration diminue avec
le temps. Les IgG synthétisées ont une faible affinité (avidité) pour l’antigène
(Figure 6).

Lors d’une nouvelle stimulation antigénique (réinfection, réactivation) par


un antigène thymodépendant, un certain nombre de phénomènes se produisent
(Figure 6) :

- Synthèse d’anticorps, sans phase de latence ou bien très courte,

- Augmentation très importante de la concentration des IgG /production d’une


plus faible concnetration d’IgM

- Augmentation de l’affinité (avidité) des IgG en raison des hypermutations


somatiques des lymphocytes B.

Cette réponse secondaire est liée à la génération de lymphocytes T et B


mémoires.

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Figure 6. Réponse immunitaire après stimulation antigénique

V- L’ASPECT GENETIQUE DES IMMUNOGLOBULINES


Les gènes des chaînes lourdes et des chaînes légères sont situés sur des
chromosomes distincts. Chez l’homme, il existe 3 groupes de gènes codant pour
les immunoglobulines humaines:

1 - les gènes codant pour les régions variables et constantes des chaînes lourdes
portés par le chromosome 14
2 - les gènes codant pour les régions variables et constantes des chaînes légères
κ portés par le chromosome 2
3 - les gènes codant pour les régions variables et constantes des chaînes légères
λ portés par le chromosome 22.

Les domaines variables des chaînes légères sont codés par 2 segments
géniques, V et J. Les domaines variables des chaînes lourdes sont codés par 3
segments géniques, V, D et J (Figure 6). Le domaine constant (C) des chaînes
légères est codé par un seul exon. Les domaines constants (C) des chaînes
lourdes sont codés par plusieurs exons, chaque exon codant pour un domaine
(Figure 7).

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Les gènes des immunoglobulines sont réunis par des mécanismes de


réarrangement aléatoire de séquence nucléotidiques durant la différenciation
des lymphocytes B. Deux phénomènes sont retrouvés :
L’exclusion allélique : Les gènes fonctionnels des immunoglobulines sont soit
issus des chromosomes maternels ou paternels mais jamais les deux à la fois.

L’exclusion isotypique : Chaque lymphocyte B ne synthétise qu’un seul type de


chaînes légères et une seule classe ou s/classe de chaînes lourdes.

Figure 7. Réarrangement des gènes de la chaine lourde (a) et de la chaine légère (b)

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Deux types de remaniements affectent également les gènes des


immunoglobulines :
- une mutagénèse aléatoire (hypermutation) : Au cours de la prolifération du
lymphocyte B stimulé par un antigène, des mutations surviennent au niveau des
gènes des immunoglobulines, spécifiquement dans des régions que l'on
dénomme "hypervariables". Ces mutations se font totalement au hasard. Dans
certains cas, cela ne change pas l'affinité du nouveau domaine variable pour
l'antigène. Dans d'autre cas, cette affinité est diminuée ou elle est
augmentée.
- une recombinaison non-homologue (commutation isotypique) : la
commutation de classe ou isotypique ("switch") est le processus par lequel la
cellule peut modifier la classe d'immunoglobuline qu'elle produit tout en
conservant la même spécificité́ antigénique (parties variables identiques mais
la partie constante différente).

VI- Propriétés antigéniques des immunoglobulines


Les immunoglobulines étant de nature glycopoteïque, ils peuvent se
comporter eux même comme des puissants immunogènes pour induire une réponse
anticorps. Les déterminants antigéniques des immunoglobulines se classent dans
3 catégories (Tableau II):
- Déterminant isotypique (spécificité propre à l’espèce)
- Déterminant allotypique (spécificité propre à l’individu)
- Déterminant idiotypiques (spécificité propre à la protéine)

Tableau II. Propriétés antigéniques des immunoglobulines


Nature Distribution Localisation
Déterminants isotypiques Présents chez tous les Régions constantes des
individus de l’espèce chaînes H
humaine Régions constantes des
chaînes L
(classe et s/classe)
Déterminants allotypiques Présents seulement chez Régions constante des
quelques individus, sécrétés chaînes H (δ et α2) et des
d’une façon mendélienne chaînes légères (κ)
Déterminants Présents uniquement sur Régions variables des
Idiotypiques* une population d’Ig produite chaînes H et L
par un clone plasmocytaire
* il faut que l’individu immunisé n’ai jamais été en contact avec l’antigène contre
lequel cet idiotype est dirigé

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Déterminants isotypiques

IgG1 de souris Mouse


IgA IgA
de souris
Déterminants allotypiques

IgG1 de souris IgG1 de souris


(Souche A) (Souche B)

Déterminants idiotypiques

IgG1 de souris anti-antigène a IgG1 de souris anti-antigène b

Figure 8. Les déterminants antigéniques des immunoglobulines.

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