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FSB/USTHB Année Universitaire 2018/2019

L2SNV/Immunologie

LE COMPLEMENT

I-INTRODUCTION
Le complément est un ensemble de protéines thermolabiles circulantes ou
membranaires. Leur rôle initialement reconnu était de compléter l'action des
immunoglobulines sériques, d'où leur nom.
Les protéines (Beta Globulines) du complément représentent environ 5%
des globulines plasmatiques et ont un poids moléculaire de 100 à 200 kDa. Les
différentes protéines du complément (environ 35) sont des pro-enzymes
inactives et qui sont activées en cascade par clivage. 12 composants sont
directement impliqués dans l’inflammation et le reste sont des régulateurs de la
réponse immunitaire.
Le système du complément possède plusieurs fonctions importantes : la
défense antibactérienne et antivirale, l'action pro-inflammatoires, l'opsonisation
de certains agents permettant leur phagocytose et le métabolisme des
complexes immuns circulants grâce aux récepteurs des fragments du
complément.

II- Les composants moléculaires du complément :


II-1-Nomenclature :
Les premiers composants du complément ont été désigné par la lettre C
suivie par un chiffre arabe en fonction de l’ordre de leur découverte (C1 à C9).
Les chaînes peptidiques composant les facteurs C1 à C9 sont désignées par les
lettres grecques α β. et γ. Les fragments protéolytiques sont désignés par une
lettre minuscule C3a C3b etc. Lorsqu’un composant ou l’un de ses fragments
possède une activité enzymatique, une barre est placée au-dessus du symbole :
C1q, C3b, C5b …etc. Les composants de la voie alterne sont désignés par les
lettres B, D, P. Enfin, les fragments protéolytiques de certains composants ayant
perdu leur activités enzymatiques sont précédés par la lettre i, exemple : iC3b,
IB…etc. Les complexes multimoléculaires sont désignés dans l’ordre de leur
formation en omettant la lettre C intermédiaire : 4b2b3b est un complexe
enzymatique résultant de l’addition chronologique successive des fragments C4b,
C2b et C3b.
Remarque : la nomenclature des fragments du C2 a été modifiée
récemment en considérant que le plus grand fragment est le fragment « C2b ».
Dans les anciens ouvrages, ce fragment était désigné « C2a ». La littérature
actuelle utilise les deux appellations.

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II-2-Sites cellulaires de synthèse
Les hépatocytes sont le lieu de sécrétion principal des composants du
complément. Les monocytes/macrophages sont aussi capables de synthétiser et
de secréter la plupart des protéines du complément (C2, C3, C4, C5, B, D, P, I et
A). Les cellules épithéliales, les fibroblastes et les cellules de système réticulo-
endothélial ne synthétisent que le fragment C1.

III- Les voies d’activation du complément (Figure 1) :


III-1. La voie classique :
La voie classique s'active à la suite de la fixation de C1 sur des molécules
d'immunoglobulines (IgG1, IgG3, IgM et faiblement IgG2) ayant spécifiquement
reconnu l'antigène. Le premier élément est C1, un polypeptide complexe composé
de dix-huit chaînes. Les sous-unités C1q, C1r et C1s, associées en présence d'ions
Ca2+, s'activent de manière séquentielle. C1 se fixe par l’intermédiaire des
extrémités C-terminales des sous unités C1q.
La fixation C1q–Ig se fait au niveau du domaine CH2 de l’IgG et CH4 de
l’IgM. La fixation du C1q provoque une cascade de réaction, C1r se clive en deux
sous-unités de 60kD et 35 kD. Le fragment C1r scinde ensuite C1s en deux sous-
unités. Le fragment C 1 s est une sérine-estérase qui clive le C4, en donnant un
fragment C4a et C4b.
Plusieurs fragments C4b clivés par une même molécule C 1 s se lient de
façon covalente à la membrane, à proximité immédiate du complexe Ag-Ac, ce qui
constitue une étape importante d'amplification de la réaction. Le fragment C4b,
en présence d'ions Mg2+ lie C2 permet son clivage par C1s en C2a, protéine
impliquée dans la réponse inflammatoire et C 2 b qui reste associé à C4b.
Le complexe C4b2b est labile, car la perte de C2b, peut à nouveau présenter
une nouvelle molécule C2 à C1s, et la réaction se poursuit. Le complexe C4b2b est
une C3-convertase qui fixe C3 par sa partie C4b, le rendant accessible à
l'activité sérine-estérase de C2b. Le fragment C3b reste fixé au complexe
C4b2b et s'associe de manière covalente à la membrane pour former le complexe
C4b2b3b, la C5-convertase. Le fragment C5b libéré, est capable de se fixer par
C5b à la membrane cellulaire de façon covalente après association avec C6 et C7.
Les composants C8 et C9 s’ajoutent enfin pour former un complexe 1C5b :1C6
1C7 1C8 : 8-18C9 de haut poids moléculaire intimement lié à la structure
phospholipidique membranaire. Au bout de quelques minutes, il se produit des
mouvements hydro-électrolytiques entrainant la fuite de potassium
intracellulaire suivie de celle des amino-acides et des ribonucléotides.

III-2 La voie alterne


L’initiation de la voie alterne est un phénomène non spécifique
déterminé par la nature de la surface activatrice. La première étape de la
voie alterne est l'utilisation de C3b qui, lié à une surface dite « activatrice
» et en présence d'ions Mg2+, forme avec le facteur B un complexe C3bBb

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ayant les propriétés d'une C3 convertase. Le fragment C3b peut provenir
d'une activation de C3 par la C3-convertase classique C4b2b et en ce sens,
la voie alterne est considérée comme un système d'amplification de la voie
classique.
L’association C34B expose B à l’activité enzymatique du facteur D. La
C3 convertase de la voie alterne C3bBb stabilisée par la properdine P a deux
propriétés :
-Le clivage d’une molécule C3 en C3a et C3b, le nouveau fragment C3b
est capable d’initier une nouvelle C3-convertase alterne, etc.
-Le clivage d’une molécule C5 en C5a et C5b permettant l’élaboration du
complexe lytique C5b-9.

III-3. La voie des lectines


Une protéine globulaire, la Mannose Binding Protein (MBP), peut interagir
avec les résidus mannose ou N-acétylglucosamine (GlcNac) des microorganismes.
Sa structure est homologue au C1q. Sa fixation sur des mannoses de bactéries
active deux sérine-protéases MASP1 et MASP2 ou MASP3 qui clivent et activent
C4 et C2, rejoignant ainsi la voie classique.

IV- Activités biologiques du complément


IV-1-Activité cytolytique : Les différentes voies activant le complément
aboutissent à la formation d'une C3 Convertase, point de départ de la voie
effectrice commune qui détruit la cible en formant un canal transmembranaire
(C5-9), permettant l'entrée de molécules d'eau dans la cellule antigénique.

IV-2- Activité anaphylactique :


Elle est liée aux fragments de clivage C3a et C5a. Elle se traduit par une
augmentation de la perméabilité vasculaire avec formation d’un œdème, une
vasodilatation et une contraction du muscle lisse.

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C2a
C4b2b

Figure 01 : Voies d’activation du complément

IV-3 Activité chimiotactique :


Elle est due aux fragments de clivage C3a, C4a et C5a et au complexe
activé C5C6C7 quand il ne se fixe pas sur la membrane cellulaire.
IV-4- Opsonisation :
Elle est caractérisée par la fixation des fragments C3b, iC3b, C5b et C4b
sur les surfaces antigéniques puis captés par certaines cellules telles que les
macrophages, les polynucléaires, les globules rouges ou plaquettes, qui possèdent
des récepteurs membranaires spécifiques pour le complément.
L’immuno-adhérence favorise la phagocytose, des bactéries et des virus. Elle
entraîne également la libération de substances vaso-actives et des enzymes
lysosomiales par les plaquettes et les polynucléaires.

V- Régulation de l’activation du complément :


Elle s'effectue grâce à différentes protéines :
• Le facteur H qui agit sur la dissociation de la C3 et C5 convertase alterne
et comme cofacteur du facteur I dans l'inactivation du C3b en C3bi. Le
facteur H intervient pour contrôler l'activation de la voie alterne en phase
fluide.
• Le facteur I qui inactive le C3b en C3bi puis en C3c et C3dg, en présence
de facteur H
• la properdine ou facteur P qui stabilise le complexe C3bBbC3b

Au niveau des membranes, la régulation de l'activation de la voie alterne se fait


grâce à différentes protéines membranaires : le récepteur du complément, CR1
(C3b, C4b), le facteur d'accélération de dissociation (DAF), la protéine

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cofacteur de membrane (MCP) ou CD46. Ces protéines agissent comme cofacteur
du facteur I pour dégrader C3b et C4b ou comme accélérateur de la dissociation
des C3/C5 convertase alterne ou classique (CR1 et DAF).

V- Variations pathologiques du complément :


Une augmentation du taux sérique du complément sérique s’observe dans
de nombreux états pathologiques (infections aigus, affections malignes
rhumatisme articulaire aigu, infarctus du myocarde). Une diminution du
complément est plus rare. Elle s’observe au cours des cirrhoses et dans le lupus
érythémateux disséminé, et au cours de certaines glomérulopathies. Des déficits
héréditaires dans l’expression des fractions C2 et C3 sont également connus
(tableau 1).

Tableau 1 : Déficiences en complément et maladies

Voie/composant Maladie Mécanisme


Voie classique
C1INH Angio-œdème Surproduction de C2b (prokinine)
héréditaire
C1, C2, C4 Prédisposition Ces composants opsonisent les complexes
au lupus immuns permettant leur maintien à l’état
soluble : une déficience en ces composants
favorise la précipitation de complexes immuns
dans les tissus générant une inflammation.
Voie des
lectines
MBL Susceptibilité Impossibilité d’initier la voie des lectines
accrue des
enfants ou des
individus
immunodéprimés
aux infections
bactériennes
Voie alterne
Facteurs B Susceptibilité Absence d’opsonisation des bactéries
ou D accrue aux
infections
bactériennes
pyogéniques
(générant du
pus)

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C3 Susceptibilité Absence d’opsonisation des bactéries et
accrue aux d’utilisation du complexe d’attaque
infections membranaire
bactériennes
C5, C6, C7 Susceptibilité Pas d’attaque de la membrane externe des
C8, et C9 accrue aux bactéries Gram-négatives
infections par
des bactéries
Gram-
Properdine Susceptibilité Absence d’opsonisation des bactéries
(liée à l’X) aux méningites
à
Meningocoques
Facteurs H Déficience en Activation incontrôlée du C3 par la voie alterne
ou I C3 et conduisant à une déplétion en C3
susceptibilité
accrue aux
infections
bactériennes

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