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Valve tricuspide

L’orifice tricuspide est occupé par l’appareil valvulaire


tricuspide. Cette valve tricuspide est constituée de quatre
éléments anatomiques : le voile tricuspide ou élément valvulaire
à proprement parler, l’anneau tricuspide, les cordages tendineux
et les muscles papillaires.
Voile tricuspide
Vu par sa face auriculaire, l’orifice tricuspide a une forme
triangulaire avec trois côtés : antérieur, postérieur et septal. Le
voile tricuspide descend de son insertion annulaire comme un
rideau dans le ventricule droit. Son bord libre présente plusieurs
indentations de profondeur variable et comme pour le voile
mitral il convient d’abord de localiser les commissures. [1, 2]
Régions commissurales. Des cordages particuliers en éventail
sont utilisés pour délimiter les régions commissurales. Cependant,
ces cordages ne sont pas toujours présents sur les trois
commissures : on dispose alors d’autres repères.
Commissure antéroseptale. L’insertion basale de la valve
tricuspide atteint son point le plus élévé au niveau du septum
membraneux interventriculaire à l’union des faces antérieure et
septale du ventricule droit. À cet endroit, il existe une profonde
indentation, le tissu valvulaire est rarement absent. Cette région
est facilement identifiée et marque la commissure entre les
valves antérieure et septale. À ce niveau il existe un cordage en
éventail, celui-ci est court et a son origine sur le renforcement
septal de l’éperon. [2]
Commissure antéropostérieure. Elle forme une indentation dans
le voile tricuspide entre les valves antérieure et postérieure.
Généralement, la commissure antéropostérieure est située à la
hauteur du bord droit du ventricule et donne attache à un
cordage en éventail. Le muscle papillaire antérieur est habituellement
dirigé vers cette commissure et constitue aussi un repère.
Commissure postéroseptale. C’est une indentation dans le tissu
valvulaire au niveau de la jonction entre les faces postérieure et
septale du ventricule droit. La commissure postéroseptale est la
moins aisée à délimiter. On dispose de plusieurs repères :
• le cordage en éventail qui s’insère à ce niveau ;
• une colonne charnue située au milieu de la face postérieure
et donnant souvent naissance au cordage précédent ;
• enfin, un repli de tissu valvulaire situé sur la valve septale
proche de la commissure.
La commissure postéroseptale est celle dont l’étendue est la
plus large.
Valves tricuspides. La zone distale des valves tricuspides est
épaisse et rugueuse à la palpation et semi-opaque à la transillumination.
Mais cette zone est moins rugueuse et moins épaisse
qu’au niveau de la valve mitrale. [1, 2] Elle s’interrompt au
niveau des régions commissurales.
La zone basale des valves tricuspides s’étend sur la valve à
2-3 mm de l’anneau. Comme pour la valve mitrale, les cordages
basaux s’insèrent sur la face ventriculaire ; cependant, à l’inverse
de la valve mitrale, la zone basale des valves tricuspides persiste
au niveau des régions commissurales ; en outre, elle est présente
sur chacune des trois valves.
La zone lisse des valves tricuspides reçoit quelques insertions
tendineuses sur sa face ventriculaire (à la différence de la valve
mitrale).
Insertion basale des valves tricuspides. L’insertion de la valve
postérieure et de la moitié postéroseptale de la valve septale, est
presque horizontale, et environ 15 mm plus bas que le point le
plus élevé de l’attache tricuspide au niveau de la commissure
antéroseptale. À partir du milieu de la valve septale, l’attache
tricuspide marque un angle de 30° avec l’horizontale pour
atteindre la commissure antéroseptale. Puis, l’insertion de la
valve antérieure descend progressivement pour devenir à
nouveau horizontale au niveau de la commissure antéropostérieure.
Valve antérieure. La valve antérieure est la plus grande des
trois. Habituellement semi-circulaire, elle peut être quadrangulaire.
Sur son bord libre, proche de la commissure antéroseptale,
on observe généralement une fente. Cette fente est parfois aussi
profonde qu’une commissure, mais on la distingue aisément car
elle est marquée par un cordage issu du renforcement septal de
l’éperon et s’insérant sur la zone rugueuse.
Valve postérieure. Elle est située entre les commissures antéropostérieure
et postéroseptale. Son bord libre présente des
encoches qui permettent de la diviser en plusieurs portions.
Souvent, la portion commissurale antéropostérieure est la plus
grande. Des cordages en éventail s’insèrent sur le bord libre des
encoches.
Valve septale. Elle est située entre les commissures postéroseptale
et antéroseptale, elle s’insère en partie sur la face postérieure
mais surtout sur la face septale du ventricule droit. Proche du
milieu de la valve, son attache forme un angle qui marque la
transition entre les faces postérieure et septale. De cette
angulation résulte un repli de voile tissulaire sur la valve
septale. Près de l’attache valvulaire, ce repli est parallèle à
l’insertion annulaire de la valve. Puis le repli se dirige vers le
bord libre et se termine dans une fente sur le versant septal de
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Anatomie du coeur
4 Cardiologie
la commissure postéroseptale. Cette fente est toujours marquée
par un cordage de la zone rugueuse. La valve septale est semiovale.
La portion distale de la valve apparaît redondante.
Anneau tricuspide
Il est situé à la jonction atrioventriculaire droite. Il ne s’agit
pas d’un anneau fibreux continu bien défini. Alors que l’anneau
mitral présente deux structures collagènes majeures — les
trigones fibreux droit et gauche — seul le trigone fibreux droit
est présent au niveau de l’anneau tricuspide. [1, 3, 4] Cette partie
solide de l’anneau tricuspide correspond à l’insertion de la valve
septale et de la commissure antéroseptale. [5] Mais la plus grande
partie de la circonférence annulaire en dehors et en arrière est
en contact direct avec le myocarde. Les valves antérieure et
postérieure s’insèrent sur le myocarde. C’est dans cette région
moins solide que l’anneau se distend au cours des insuffisances
valvulaires.
Cordages tendineux
Comme la valve mitrale, la valve tricuspide est munie de
cordages en éventail, de cordages de la zone rugueuse et de
cordages basaux. [5, 6] Mais il existe deux types de cordages
supplémentaires au niveau de la valve tricuspide : les cordages
marginaux et les cordages profonds. [5]
Cordages en éventail. Leur morphologie est similaire qu’il
s’agisse de la valve mitrale ou tricuspide. Ces cordages s’insèrent
sur chacune des trois régions commissurales et sur les encoches
de la valve postérieure.
Cordages de la zone rugueuse. Ils s’insèrent sur la zone
rugueuse à la face ventriculaire des valves. Chaque cordage se
divise, peu après son origine, en trois branches :
• une s’insère sur le bord libre de la valve ;
• une autre près de la ligne de fermeture ;
• et une branche intermédiaire entre les deux.
Les cordages s’insérant sur le versant antéroseptal des valves
septale et antérieure sont souvent courts.
Cordages marginaux. Ils sont moniliformes et larges ; ils
prennent souvent leur origine au sommet du muscle papillaire
mais parfois à sa base. Ils s’insèrent sur le bord libre des valves.
Cordages profonds. Ce sont de larges cordages passant à
distance du bord libre pour s’insérer sur la face ventriculaire
dans la partie proximale de la zone rugueuse ou dans la zone
lisse. Ils se divisent parfois avant leur insertion en deux ou trois
branches. Ces branches sont souvent unies à la valve par un
repli tissulaire.
Cordages basaux. Ils sont habituellement moniliformes. Ils
peuvent être circulaires ou aplatis, longs et fragiles ou courts et
musculeux. Ils naissent directement du myocarde ou de petites
colonnes charnues et peuvent s’évaser juste avant leur insertion
sur la valve à 2 mm environ de l’anneau. Leur nombre est deux
fois plus important au niveau de la valve septale qu’au niveau
des deux autres valves.
Nombre et distribution des cordages. En moyenne 25 cordages
s’insèrent sur la valve tricuspide. Il n’y a pas de différence
significative selon le sexe. [7]
Muscles papillaires [8-10]
La valve tricuspide s’amarre à trois groupes de muscles
papillaires.
Pilier antérieur. Il a une forme conique et se détache de la
partie moyenne de la paroi ventriculaire antérieure. Les cordages
qui en émanent se terminent pour la plupart sur la valve
antérieure, quelques-uns se rendent à la valve postérieure.
Pilier postérieur. Il est parfois dédoublé et se détache de la
paroi ventriculaire postérieure, il fournit des cordages à la valve
postérieure et quelques-uns à la valve septale.
Cordages tendineux de la valve septale. Ils se détachent
pour la plupart de la paroi septale du ventricule directement ou
par l’intermédiaire de petites colonnes charnues. Parmi cellesci,
il en existe une, constante et conique, au voisinage de
l’extrémité supérieure

la commissure postéroseptale. Cette fente est toujours marquée


par un cordage de la zone rugueuse. La valve septale est semiovale.
La portion distale de la valve apparaît redondante.
Formation de la valve tricuspide
Elle comporte deux phases successives : d’abord l’établissement
de la connexion entre l’oreillette droite et le ventricule
droit, qui n’existe pas au stade initial du développement
cardiaque ; puis la formation de la valve elle-même et de son
appareil sous-valvulaire. Le développement de la tricuspide est
donc intimement lié au processus de septation. L’entonnoir
tricuspidien est une structure musculaire développée à partir de
l’expansion postéro-inférieure de l’anneau primitif à partir du
35e jour de vie intra-utérine [48, 57, 61]. Cet entonnoir va
conduire le sang de l’oreillette droite, sous le myocarde de la
courbure interne, vers le milieu du ventricule droit, par un
orifice antérieur dirigé vers le conotruncus. Au stade de convergence
apparaissent des fenestrations à la partie inférieure de
l’entonnoir tricuspidien, créant l’orifice inférieur définitif de la
valve tricuspide, pendant que l’élargissement des trabéculations
et la croissance vers le bas de la cavité ventriculaire droite
aboutissent à la formation des piliers. L’orifice antérieur de
l’entonnoir tricuspide (orifice tricuspide primitif) devient la
commissure antéroseptale. À partir de la 8e semaine de vie intrautérine,
une fois la septation achevée, se produit la délamination,
c’est-à-dire l’apparition par séparation à partir du
myocarde ventriculaire, d’abord des feuillets antérieur et
inférieur, puis, vers 10 semaines, du feuillet septal, de bas en
haut, jusqu’au muscle papillaire du conus. La délamination rend
également compte de l’apparition des piliers. Entre 10 et
17 semaines le myocarde ventriculaire disparaît des feuillets
valvulaires primitifs par apoptose [1, 57] pour laisser place au
versant ventriculaire des bourgeons endocardiques du canal
atrioventriculaire [1, 62] (Fig. 15). Les cordages sont eux aussi
formés à partir des bourgeons endocardiques, par fragmentation
de la partie distale du versant ventriculaire des valves et
transformation en tissu fibreux [62].

Anatomie fonctionnelle
Anneau tricuspidien
Il est arrondi en diastole et plutôt ellipsoïdal en systole en
sachant que sa partie septale est aplatie et la partie correspondant
à la paroi libre est arrondie. Sa superficie est de 6-7cm2 chez les
sujets sains. L’anneau tricuspide est une structure plutôt virtuelle
et structurellement hétérogène. Les variations systolodiastoliques
sont importantes : de 20% à 30%[18]. Chez les sujets normaux, le
diamètre de l’anneau tricuspidien mesuré dans la section quatre
chambres est de 20 }5mm. La dilatation de l’anneau tricuspidien
est définie par un diamètre diastolique supérieur à 35mm
(21mm/m2) en coupe quatre cavités [83]. À cause du fait que le

feuillet septal est attaché au septum interventriculaire, qui est une


structure musculaire rigide, la dilatation de l’anneau tricuspidien
se produit de préférence dans l’axe antéropostérieur

Feuillets : antérieur (le plus grand),


septal (le plus petit) et postérieur
L’insertion du feuillet septal est décalée versl’apex par rapport à
l’insertion de la valve mitrale. La valve tricuspide est une structure
antérieure (à distance de la sonde ETO) et son examen peut être
difficile. Elle est investiguée en avanc¸ant la sonde dans la partie
inférieure de l’oesophage à 0◦ et par la suite en faisant un balayage
(0◦-180◦). À cause de la configuration anatomique, l’ETO 2D visualise
rarement les trois feuillets à la fois. Le feuillet postérieur de
la valve tricuspide (difficilement visible par ETT) devient visible
par ETO en section transgastrique. L’ETO 3D permet la visualisation
simultanée des trois feuillets, avec une perspective frontale
de la valve tricuspide similaire à celle observée dans le champ
opératoire.
Cette vue de la valve tricuspide est utile non seulement pour
l’examen de la valve native, mais aussi pour l’évaluation des plasties
tricuspides, des prothèses et pour la mesure de la surface de
l’anneau.
Insuffisance tricuspide
Elle est de loin la pathologie la plus fréquente chez l’adulte, le
rétrécissement étant rarissime. L’analyse valvulaire se fait selon
les mêmes critères de Carpentier, ayant quelques traits spécifiques
liés à la fonction du ventricule droit. Le ventricule droit
a un volume supérieur à celui du VG, pouvant s’adapter à de
fortes variations de retour veineux, ceci impliquant d’importantes
variations du volume de la chambre d’admission du ventricule
droit. Une situation d’hypovolémie (absolue ou relative)
va entraîner une diminution de la surface de l’anneau et de la
chambre d’admission du ventricule droit, avec protrusion des
feuillets dans l’oreillette droite, souvent rythmée par le cycle
respiratoire.
L’insuffisance tricuspide est fortement précharge-dépendante,
si bien que d’importantes variations peuvent être observées en
échographie. L’ETO peropératoire risque de sous-estimer gravement
les fuites tricuspidiennes fonctionnelles. L’insuffisance
tricuspide est organique dans moins de 20% des cas. Dans
l’endocardite infectieuse, l’ETO peut apporter des informations
précieuses concernant les lésions valvulaires : rupture de cordages,
perforation ou rupture valvulaire, végétations, etc. (Fig. 24).
Analyse du mécanisme de la régurgitation
L’insuffisance tricuspide est le plus souvent fonctionnelle, son
substrat étant la dilatation de l’anneau tricuspidien. D’ailleurs,
la dilatation de l’anneau tricuspidien est considérée aujourd’hui
comme un indicateur de sévérité de la fuite valvulaire, meilleur
que la fuite en soi [98]. Le prolapsus tricuspidien est une pathologie

rare, dont les causes prépondérantes sont l’endocardite par rupture


de cordages et/ou des feuillets, un traumatisme valvulaire
(par exemple procédures intracavitaires, traumatisme thoracique).
L’atteinte rhumatismale ou d’autres causes inflammatoires
(syndrome carcinoïde, dérivés d’amphétamine) produisent un
raccourcissement et un épaississement des feuillets, à l’origine
d’une insuffisance tricuspide par restriction systolique (type III
de Carpentier). Ce type d’insuffisance tricuspide est difficilement
réparable.
ETO peropératoire
D’après certains auteurs, la dilatation de
l’anneau tricuspidien
est un facteur prédictif puissant pour
l’indication de correction
chirurgicale et ceci indépendamment de la sévérité de la fuite
observée au moment de l’examen [99]. La quantification de la
régurgitation tricuspidienne par Doppler est rarement pratiquée
par ETO. La régurgitation tricuspidienne est fortement influencée
par la précharge et la fonction ventriculaire droite si bien que
l’ETO peropératoire est une mauvaise circonstance d’évaluation
de la sévérité de la fuite. La décision de correction chirurgicale
doit être toujours prise avant le bloc opératoire. Néanmoins, il
faut garder à l’esprit qu’une fuite (Doppler couleur) est beaucoup
plus variable que la distension de l’anneau. Si la fuite a
tendance à diminuer au bloc opératoire, voire à presque disparaître,
en revanche l’anneau valvulaire reste dilaté, d’où l’intérêt
de considérer cet indice comme un bon indicateur de fuite
sévère.
“ Point fort
Pathologie de la valve tricuspide
• Valve tricuspide bien visible dans la partie basse de
l’oesophage et la partie juxtacardiale de l’estomac
• Mesurer l’anneau valvulaire

Chirurgie tricuspide
Avant l’intervention, l’ETO permet de préciser :
• plus que la sévérité de l’insuffisance tricuspide (en règle sousestimée
au bloc opératoire), le degré de dilatation annulaire ;
le chiffre seuil au-delà duquel une annuloplastie tricuspide est
recommandée en cas de chirurgie gauche [3] est de 40mm (ou
21mm/m2) ; cette stratégie est validée par une amélioration
des signes fonctionnels [9], une diminution significative de la
progression de l’insuffisance tricuspide et une amélioration du
remodelage ventriculaire droit [18] ;
• le mécanisme de l’atteinte valvulaire tricuspide, en particulier
le type de dysfonction fondé sur les mouvements valvulaires :
annuloplastie isolée de Carpentier en cas de type I, annuloplastie
de Carpentier associée à un patch de la valve antérieure en
cas de type IIIb avec forte dilatation ventriculaire droite [19].
L’ETO peropératoire permet de s’assurer du résultat fonctionnel
immédiat après chirurgie tricuspide ; on vérifie surtout la distance
de coaptation (au moins 4 à 5mm) et/ou l’existence d’une
éventuelle fuite centrale résiduelle. Enfin, on vérifie la qualité de
6 EMC – Cardiologie

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