Vous êtes sur la page 1sur 9

Cours d’économie monétaire et financière I

- S3 -

Equipe pédagogique :

Pr. Amina HAOUDI


Pr. Bouchra BENYACOUB
Pr. Mohamed EL KHODARY

1
Chapitre 1 : La monnaie et les agrégats monétaires

Section 3 : La masse monétaire et ses indicateurs statistiques

« La masse monétaire est constituée par les moyens de paiement disponibles


et réalisables sans effet de moins value et de plus value. » Sur le plan
comptable elle est recensée à l’actif des agents non financiers. Les agrégats
sont de leur côté des grandeurs qui entrent dans la composition de la masse
monétaire. Ils sont définis par l’Institut d’Emission qui s’en sert pour la
détermination des objectifs de sa politique de contrôle. Mais ils servent
également pour la construction de certains ratios comme la vitesse de
circulation de la monnaie, le taux de liquidité de l’économie ou le taux
d’endettement global.

Sur le plan méthodologique le recensement des composantes de la masse


monétaire présente quelques difficultés du fait que la facilité avec laquelle
s’opère la transformation d’une forme de monnaie en une autre rendent de
plus en plus imperceptible les frontière entre :

- La monnaie destinée aux transactions (monnaie stricto sensu)

- Actifs financiers non risqués (placements monétaires)

En effet la difficulté surgit quand il s’agit de mesurer la capacité de dépenses


potentielles ou globales des agents non financiers (ANF) (ce qui correspond à la
monnaie au sens large). Si on ne s’en tenait qu’à la capacité immédiate des ces
agents le problème serait résolu et donc on prendrait les actifs en circulation
pouvant remplir la seule fonction d’instrument de paiement (la monnaie au
sens strict du terme ou instrument de paiement immédiat), à savoir la monnaie
fiduciaire et la monnaie scripturale. Mais si on doit mesurer la capacité des

2
dépenses globales des ANF, on doit intégrer aux moyens de paiements
immédiats les moyens potentiels ou différés détenus par les ANF, ces derniers
correspondent aux actifs susceptibles d’être transformés en moyens de
paiement immédiats sans délais important ni risque de perte en capital
autrement dit les actifs qui peuvent être utilisés en règlement de transaction
après conversion rapide et facile en instruments de paiement sans risque de
perte en capital.

===➔ Les titres de placement monétaires font partie de la masse monétaire


===➔ Les titres financiers quand à eux en sont exclus.

En effet, Il est généralement admis que les actifs monétaires peuvent être
monétisés sans risque de perte en capital, Ils sont à l’abri des fluctuations de
cours, alors que les titres financiers peuvent être vendus à perte. Cependant
cette distinction a tendance à perdre de sa pertinence à cause des
caractéristiques actuelles des instruments financiers et de la multiplicité de
leurs échéances.

Le critère de liquidité sera donc pris en compte lors de l’élaborations des


instruments de mesure de la monnaie au côté dé du critère fonctionnel qui
permet de distinguer les moyens de paiement immédiats et le non immédiats.

Ainsi les moyens de paiement différés seront classés selon un degré


décroissant de liquidité.

Un troisième critère est pris en compte c’est le critère institutionnel à savoir


que ne seront retenus que les actifs liquides qui sont émis par les institutions
financières monétaires = celles qui créent de la monnaie.

Tels sont les trois critères pris en compte lors de la construction des agrégats
de monnaie : - Critère de liquidité
- critère fonctionnel
- critère institutionnel
En outre la conduite de la politique monétaire suppose que soit connu à la
fois le volume et la composition du stock de moyens de paiement en
circulation. C’est à cette nécessité qu’a répondu la création des agrégats
monétaires qui représentent aujourd’hui un instrument important de la
conduite de la politique monétaire.

1) Les agrégats monétaires

3
Un agrégat monétaire est défini comme étant un ensemble homogène
d’actifs (ayant des caractéristiques similaires) susceptible d’être utilisés comme
moyens de paiement. Par ensemble homogène nous entendons le fait que
figureront dans un agrégat monétaire donné des actifs ayant une liquidité
équivalente

Il est utile d’abord de soulever les principales qualités d’un agrégat monétaire,
elles sont au nombre de quatre :
- La fiabilité
- La disponibilité
- La représentativité
- La cohérence
En principe l’intérêt du suivi des agrégats monétaires est double :
- Leur évolution est susceptible de renseigner sur l’ampleur des chocs
affectant l’économie.
- Ils contiennent des renseignements sur l’inflation future.

Les agrégats monétaires sont « des indicateurs statistiques qui reflètent la


capacité de dépense des agents non financiers résidents. Ils regroupent les
moyens de paiement de ces agents et parmi leurs placements financiers, ceux
qui peuvent être utilisés en règlement des transactions après conversion facile
et rapide en moyens de paiement sans risque de perte en capital.
Au Maroc Bank Al Maghrib distingue deux catégories d’agrégats : les agrégats
de monnaie et les agrégats de placement liquide.

1) Les agrégats de monnaie

Les agrégats de monnaie sont au nombre de trois :


- M1 correspond à la définition la plus étroite de la monnaie,
- M2 constitue un ensemble intermédiaire,
- M3 représente la masse monétaire au sens large.
Ils sont « classés par ordre décroissant du degré de liquidité des actifs
financiers les constituant.
Ainsi pour Bank Al Maghrib (B.A.M).

M1 comprend la masse monétaire au sens étroit. Ce sont les disponibilités


monétaires c’est à dire l’ensemble des moyens de paiement mis
immédiatement à la disposition des agents non financiers. Ils sont constitués
par la monnaie fiduciaire (billets et pièces) nets des encaisses des institutions

4
de dépôts (ID) en plus des dépôts transférables auprès de la Banque centrale,
des banques commerciales et du Trésor.

M1 =
La monnaie divisionnaire
+ Les billets
- encaisses des banques
= La monnaie fiduciaire (1)
+ Les dépôts à vue auprès de la BAM
+ Les dépôts à vue auprès des banques (banques conventionnelles et participatives)
+ Les dépôts à vue auprès du trésor
= La monnaie scripturale (2)

M1 = La monnaie fiduciaire + la monnaie scripturale

M2 : En plus de M1 comprend des actifs de moindre liquidité que M1 qui


correspondent aux avoirs à vue non mobilisables par chèque sous forme de
comptes sur carnet et comptes sur livret. On ajoute donc à M1 des placements
à rendement non transférables qui peuvent être rapidement convertible en
moyens de paiement. Ils représentent donc les proches substituts des moyens
de paiement constituant M1.

M2 = M1 + les placements à vue (les comptes d’épargne auprès des banques)


L’agrégat M3 comptabilise tout ce que les ANF considèrent comme des
placements à court terme auprès des institutions financières.

M3 correspond à la masse monétaire au sens large du terme.

M3 = M2
+
- Les comptes à terme et les bons de caisse auprès des banques
- Les titres des OPCVM monétaires
- Les dépôts en devises (dépôts à terme et à vue en devises auprès des
banques)
- Les valeurs données en pension
- Les certificats de dépôts à date résiduelle inférieure ou égale à 2 ans
- Les dépôts à terme auprès du Trésor.
- Autres dépôts (emprunts contractés par des banques auprès des sociétés
financières)

5
Schématiquement on peut représenter la structure des agrégats monétaires
comme suit : schéma des agrégats de monnaie emboités.

2) Les agrégats de placement liquides

Les agrégats de placement liquides sont également au nombre de trois mais


ne sont pas emboités les uns dans les autres comme les agrégats monétaires.
On distingue ainsi PL1, PL2 et PL3 ; ces ensembles « reflètent une volonté
d’épargne des agents économiques non financiers résidents et constitue une
réserve de pouvoir d’achat rapidement mobilisable. »

- L’agrégat PL1 comprend :

- Les titres d’OPCVM contractuels


+Les titres de créance négociables (TCN) (à l’exclusion des certificats de dépôt
déjà recensés dans l’agrégat M3 = Bons du Trésor émis par adjudication, les
bons des sociétés de financement et les billets de trésorerie).

- L’agrégat PL2 est constitué des titres émis par les OPCVM obligations

- L’agrégat PL3 inclut les titres émis par les OPCVM actions et diversifiés.

Malgré leur pertinence apparente ces agrégats restent tributaire « de


l’existence d’un appareil statistique national fiable vue la complexité de la
réalité financière qu’ils doivent retracer. » En outre les autorités monétaires
doivent veiller à les publier aussi rapidement que possible. Si l’information sur
ces données n’est pas donnée à temps elles perdent leur intérêt pour les
décideurs.
2) Le rôle des autres indicateurs monétaires

A côté des agrégats la Banque centrale utilise d’autres indicateurs monétaires


fondamentaux comme la vitesse de circulation de la monnaie, le taux de
liquidité et l’endettement intérieur total ( EIT ) pour apprécier le
comportement des agents économiques en général et mesurer l’impact des
politiques monétaires en cours.

La vitesse de circulation de la monnaie.

6
La vitesse de circulation de la monnaie mesure l’intensité d’utilisation de la
masse monétaire. Elle peut être de transaction ou de revenu. La vitesse de
transaction est un paramètre qui permet de mesurer le nombre de paiements
réalisés par les unités monétaires durant une période donnée. Elle est
représentée par le rapport du volume des transactions sur la masse monétaire
en circulation. C’est la vitesse dégagée par Irving Fisher à partir de son équation
des transactions M V = PT. La vitesse revenu est définie théoriquement
comme étant le nombre de fois où la monnaie entre dans le patrimoine d’un
agent en tant que revenu pour être dépensée. Elle est particulièrement mise
en lumière par l’école de Chicago de Milton Friedman.

La vitesse de circulation est un concept qui permet de saisir la part de la


monnaie active qui agit sur le revenu par opposition aux encaisses oisives qui
sont thésaurisées. En effet l’évolution de V est révélatrice du comportement
des particuliers en face de la liquidité. C’est ainsi que son accroissement reflète
la diminution des encaisses oisives et un besoin accru de liquidités, ce qui est
en général le cas des phases d’expansion. En revanche les phases de récession
s’accompagnent de l’accroissement des encaisses thésaurisées et de la baisse
de V.

Enfin il est commode de mesurer cette vitesse par le rapport d’un agrégat
comptable, le PIB, sur un agrégat monétaire V= PIB / M , il s’agit le plus
souvent de M3. C’est un outil d’analyse primordial car si on multiplie V par M3,
l’ensemble des liquidités placées et disponibles, on obtient la capacité
potentielle totale de dépense des agents non financiers. Ce qui constitue une
donnée capitale pour les décideurs au moment de l’élaboration des politiques
conjoncturelles de relance ou de stabilisation.

Le taux de liquidité

Le taux de liquidité de l’économie est le rapport entre un agrégat monétaire et


un agrégat physique (PIB,…) . Il représente le rapport entre l’accroissement que
connait un agrégat monétaire M1 ou M2 durant une année et l’évolution du
PIB pendant la même période.

Taux de liquidité = M/PIB ==➔ = 1/V (vitesse de circulation de la monnaie)

=========➔ il correspond donc à l’inverse de la vitesse de circulation de la


monnaie.

7
L’Endettement Intérieur (EIT) .

Indicateur privilégié de la politique monétaire venant en complément des


agrégats de monnaie, cet autre outil d’analyse s’est imposé à cause de
l’ampleur de l’innovation financière et la part grandissante des émissions de
titres qui tendent parfois à se substituer au crédit bancaire. L’EIT permet de
recenser l’ensemble des financements des agents non financiers (ANF)
résidents obtenus par voie d’endettement. Il s’agit essentiellement des prêts
distribués par les banques, de la dette publique non négociable, des
financements résultants des différentes émissions obligataires et monétaires
sur les marchés des capitaux ainsi que les prêts et financement provenant de
l’étranger. En sont exclus cependant les émissions d’actions et les apports en
fonds propres. Ces données font de l’EIT un indicateur privilégié pour connaître
à la fois la quantité globale des ressources d’emprunt mises à la disposition des
agents économiques, les possibilités offertes à ces agents pour substituer
certaines formes d’endettement à d’autres et la répartition de leurs
placements entre les actifs monétaires et les actifs non monétaires. Il permet
ainsi aux autorités monétaires de savoir si le financement disponible est en
mesure de couvrir les besoins de l’économie nationale pour atteindre les
objectifs de croissance désirés.

Le concept de la base monétaire.

La base monétaire représente l’ensemble de la monnaie émise par l’Institut


d’Emission. Elle a deux composantes :

- Les billets et la monnaie divisionnaire détenus par les agents non


financiers.
- Les réserves en monnaie centrale du Trésor et des différents
intermédiaires financiers, figurant dans les comptes courants
créditeurs de ces organismes auprès de la Banque Centrale.

Ce concept plus proche des préoccupations des analystes monétaristes, est


intéressant par la relation de proportionnalité qui le lie à la masse monétaire
dans son ensemble. Il est la clef de voute de toute politique visant le contrôle
de l’expansion de cette dernière.

8
Conclusion du chapitre.

L’émergence de la monnaie comme instrument de mesure des valeurs, comme


intermédiaire d’échange et comme réservoir des valeurs ne peut se
comprendre uniquement par la prolifération de l’échange entre les hommes.
Le développement des signes monétaires reflète surtout la place grandissante
des rapports sociaux de type marchand. Les mutations économiques et sociales
qu’a connues l’Europe au sortir du moyen âge se sont répercutées sur les
formes monétaires qui se sont adaptés progressivement à ces transformations.
Ainsi parallèlement à la succession des révolutions industrielles et à
l’affinement du progrès technique, la monnaie métallique a cédé la place
d’abord à la monnaie fiduciaire puis à la monnaie scripturale. Ce qui se traduit
également par une certaine dématérialisation rampante de la monnaie qui
s’est surtout accentuée avec le développement des technologies de
l’information.

Vous aimerez peut-être aussi