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DÉBUT DE SCOLARISATION : L’ACCOMPAGNEMENT DES FAMILLES PAR

LES ASSISTANTS SOCIAUX DES CAMSP

Florence Colomb, Marie-Ange Mattera et Nadine Moreau


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ERES | « Contraste »

2015/2 N° 42 | pages 147 à 156


ISSN 1254-7689
ISBN 9782749242590
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-contraste-2015-2-page-147.htm
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Début de scolarisation :
l’accompagnement des familles
par les assistants sociaux des CAMSP
Florence Colomb, Marie-Ange Mattera,
Nadine Moreau

Résumé
Le moment de scolariser un enfant suivi en CAMSP est le plus souvent source de
nouvelles angoisses pour ses parents. Chaque transition ravive le traumatisme
de l’annonce d’un retard, d’un diagnostic, d’un handicap avéré. Il est nécessaire
d’accompagner les familles et de les soutenir dans cette nouvelle étape qui pourra
être semée d’embûches qu’elles devront trouver la force de surmonter. Trois
assistantes sociales de CAMSP nous livrent leur expérience.
Mots-clés
Scolarisation, handicap, accompagnement, travail de lien.

Florence Colomb, assistante sociale, CAMSP Les comptines, 1 place Youri-Gagarine,


93200 Saint-Denis, florence.colomb@camsplescomptines.fr
Marie-Ange Mattera, assistante sociale, CAMSP Le moulin vert, 192 rue Lecourbe,
75015 Paris, ma.mattera@lemoulinvert.org
Nadine Moreau, assistante sociale, CAMSP Janine Lévy, 27/31rue du Colonel Rozanoff,
75012 Paris, cae-ass1@eu-asso.fr

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CONTRASTE 42 ■ Scolarité

L
a naissance d’un enfant handicapé bouleverse la parentalité et
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désoriente les parents qui ont besoin d’être soutenus et guidés.
Le handicap reste un sujet tabou qui provoque la gêne, le silence,
la honte, où les parents peuvent être considérés comme responsables du
handicap de leur enfant. Les comportements de ces enfants déconcertent
et dérangent les habitudes ainsi que les modes de communication clas-
siques. Le handicap fait peur car il confronte aux limites de l’être
humain. Le modèle sociétal prône un physique parfait, la réussite, la
compétition, laissant peu de place à la différence et à l’incapacité.
Le moment de scolariser un enfant suivi en CAMSP est le plus souvent
source de nouvelles angoisses pour ses parents. Chaque transition
ravive le traumatisme de l’annonce de départ d’un retard, d’un diag-
nostic, d’un handicap avéré.
La plupart des enfants que nous suivons sont accueillis dans une struc-
ture de la petite enfance : dans une crèche collective municipale,
départementale ou associative ; dans une crèche familiale ou dans une
halte-garderie. L’assistant social et les thérapeutes du CAMSP accompa-
gnent cette première étape de socialisation de l’enfant.
Certains types de handicap ne permettent pas toujours une socialisa-
tion. Parfois, ce sont les parents qui ne sont pas prêts à confier leur
enfant à une collectivité. L’enfant est alors gardé à la maison par l’un
des parents, un membre proche de la famille ou par une nourrice.
L’école à 3 ans, en France, marque une étape importante dans le déve-
loppement de l’enfant. C’est un nouveau passage du monde de la
petite enfance – qui est souvent un milieu protégé et cocoonant –
vers un nouvel univers inconnu et plus normatif. Si, en France, la
scolarisation n’est pas obligatoire avant 6 ans, l’école maternelle reste
ancrée comme une norme. Elle représente une sorte de rite, un passage
obligé pour la plupart des parents. C’est un moment joyeux pour eux
où l’enfant devient « un grand ».

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Le moment où le CAMSP évoque l’école avec les parents


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L’enfant est suivi en rééducation au CAMSP ; il va avoir 3 ans dans
l’année et est censé pouvoir aller à l’école maternelle à la rentrée
scolaire de septembre. L’école est une question sous-jacente tout au
long du suivi, évoquée sous différentes formes par les parents avec le
médecin en consultation, les thérapeutes en séance, l’assistant social
dans des entretiens répétés et aussi en concertation avec le lieu d’accueil
petite enfance (crèche, halte-garderie) quand l’enfant n’est pas gardé à
la maison.
Si certains CAMSP proposent des réunions d’information générale
ouvertes à tous les parents concernés, toutes les étapes de la scolarisa-
tion sont accompagnées individuellement.
L’équipe du CAMSP anticipe la question de la scolarisation. Lorsque le
projet d’école est une évidence car adapté aux besoins et à l’évolution
de l’enfant, chacun en a une représentation positive.
Pour certains enfants, la scolarisation est pensable, mais ils paraissent
plus fragiles pour y être vraiment en sécurité. À Paris, les jardins d’en-
fants de la ville de Paris peuvent être une alternative à l’école. Ce sont
des petites structures accueillant une vingtaine d’enfants maximum
par section. Chaque groupe d’âge est encadré par une éducatrice de
jeunes enfants qui accompagne son groupe tout au long de la journée,
tant sur le temps éducatif que sur le temps du déjeuner. Cette conti-
nuité de personnes et ce cadre plus enveloppant permettent de faire
des apprentissages dans des conditions privilégiées, avec des profes-
sionnels de la petite enfance.
Il existe également des jardins d’enfants associatifs incluant dans leur
projet d’établissement l’accueil d’un tiers d’enfants en situation de
handicap et deux tiers d’enfants « tout-venant ». Ce choix, dans le
réel intérêt de l’enfant, peut éventuellement engendrer une organisa-
tion compliquée (transport adapté et/ou accompagnement…).
L’assistant social réfléchit avec les parents aux solutions possibles et les
aide à élaborer les dossiers nécessaires.

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CONTRASTE 42 ■ Scolarité

Une autre alternative à l’école est possible quand l’enfant ne nous


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semble pas encore prêt pour y être intégré : le maintien dans le lieu de
socialisation une année supplémentaire par dérogation, ce qui lui
laisse le temps de grandir et de devenir plus autonome. Les parents
sont parfois soulagés par cette perspective. Le projet est discuté en
réunion avec l’équipe de socialisation. La PMI, pour l’accepter, s’assure
que le maintien en crèche n’est pas une fin en soi sans autre perspec-
tive, mais un jalon soit vers l’école envisageable l’année suivante, soit
pour permettre la maturation d’un projet d’orientation en institution
spécialisée. Dans ce cas, indépendamment du travail engagé par
l’équipe avec les parents pour préparer l’avenir et l’après CAMSP, la
demande de dérogation précipite les parents à penser l’impossibilité
de l’école et donc à réfléchir avec le CAMSP à l’orientation spécialisée
adaptée et à commencer les démarches en ce sens.

Soutenir les parents dans la procédure administrative


Pour les parents d’un enfant en situation de handicap, le passage vers
l’école implique des démarches qui n’aboutissent pas toujours positi-
vement. Il peut se transformer en une épreuve qui réactive le vécu
difficile, éprouvant, du parent où la douleur de l’annonce du diag-
nostic est toujours présente. Il n’est pas facile pour ces parents d’af-
fronter le regard des autres. Ils peuvent se sentir blessés et jugés. À
chaque fois, il leur est rappelé leur blessure et leur incapacité à faire
des bébés qui rentrent dans les normes émises par la société. Ils peuvent
se replier dans une solitude silencieuse, avec le sentiment de vivre une
expérience qui les sépare définitivement des autres, ne pouvant ni se
comprendre, ni se partager. Ils se sentent seuls à porter le poids du
handicap de leur enfant.
La loi du 11 février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées » prévoit les
modalités de la scolarisation des enfants handicapés.
Tous les parents savent que l’école maternelle n’est pas obligatoire,
qu’elle ne s’impose pas à eux mais que c’est un droit pour leur enfant

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à partir du moment où ils décident de le scolariser. La scolarisation a


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quelque chose de normatif qui peut laisser penser chez certains qu’elle
va faire disparaître le handicap.
Dans tous les cas les parents effectuent les formalités administratives
de droit commun en inscrivant leur enfant à la mairie dont ils dépen-
dent puis auprès de la direction de l’école du secteur. L’école référente
de l’enfant est ainsi connue. Lorsque le projet de scolarisation est
adapté aux besoins de l’enfant, il faut encore, pour ceux qui sont
atteints de handicap moteur, s’assurer que l’école de secteur est acces-
sible. Dans le cas contraire, l’assistant social de CAMSP se met en lien
avec l’enseignant référent pour trouver une autre école soit de plain-
pied, soit avec un ascenseur. Une demande de prise en charge par le
Syndicat des transports d’Île-de-France (STIF) est alors nécessaire pour
le trajet domicile/école. Ce manque d’accessibilité renforce la diffé-
rence et rajoute des démarches aux parents.
L’assistant social du CAMSP – en accord avec les parents – se met en
relation avec la direction de l’école et l’enseignant référent attaché à
cette école qui réunissent l’équipe éducative en vue d’élaborer le projet
personnalisé de scolarisation (PPS). Celui-ci l’enverra ensuite à la
maison départementale des personnes handicapées (MDPH) où l’enfant
doit avoir été inscrit.
La question de l’inscription à la MDPH est abordée par le médecin du
CAMSP soit à l’arrivée de l’enfant, soit au cours du suivi, selon la
nature, la gravité de ses difficultés et de là où en sont les parents. Elle
est présentée comme l’ouverture de droits spécifiques pour leur enfant,
dont celui de bénéficier d’une aide humaine à l’école qui facilitera sa
scolarisation.
Au CAMSP, le projet de scolarisation est préparé en amont par les
thérapeutes et le médecin qui suivent l’enfant. Ils pourront proposer
la participation de l’enfant à un groupe pour soutenir le développe-
ment des capacités requises pour aborder l’école. Ce groupe lui
permettra également d’être confronté à ses pairs.

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CONTRASTE 42 ■ Scolarité

Avant le premier rendez-vous à l’école, certains parents nous posent la


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question : « Que dois-je dire des difficultés de mon enfant ? Devons-
nous parler du CAMSP ? » Ils craignent les complications, le rejet. Nous
échangeons avec eux sur ce qu’ils souhaitent dire des difficultés de
leur enfant. Nous les encourageons à parler aussi de ses capacités et à
« le défendre ».
Il peut arriver que l’enfant ne soit pas inscrit à la MDPH car ses parents
n’étaient prêts ni à entendre le terme « handicap », ni à constituer le
dossier. En effet, la confrontation au mot « handicap » n’est ni envisa-
geable, ni dépassable. De ce fait, au premier rendez-vous d’inscription
à l’école, ils ne peuvent pas évoquer le suivi par le CAMSP.
Le directeur peut être alerté par l’apparence de l’enfant et/ou son
comportement. Il aborde alors avec les parents la question de l’aide
possible par une auxiliaire de vie scolaire (AVS) pour un meilleur accueil
de leur enfant, et propose qu’ils rencontrent le médecin scolaire pour
les informer des démarches en vue d’obtenir l’AVS.
Ainsi l’inscription à l’école s’assortissant du passage obligé par la MDPH
déclenche chez les parents une accélération du processus d’acceptation
de constituer un dossier MDPH. Pour ce faire, au CAMSP, ils reprennent
cette question avec le médecin en ce qui concerne le certificat médical.
L’assistant social propose son aide pour compléter le formulaire admi-
nistratif dont le projet de vie. Remplir ce dossier dans ces circonstances
est pour les parents un moment de grande tension. Dans certains cas,
nous leur proposons de ne formuler la demande d’inscription à la
MDPH qu’au seul motif du besoin d’aide humaine pour s’assurer que
leur enfant va pouvoir aller à l’école. Certains tiennent à écrire explici-
tement qu’ils ne demandent pas d’AEEH et ne veulent pas la percevoir.

Préparer les parents aux différentes étapes


après l’inscription à l’école
Pour éviter que les parents ne soient perdus, il est important de leur
expliquer en amont ce qu’est une équipe éducative, un projet personna-
lisé de scolarisation (PPS), les différents partenaires présents (enseignant

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référent, médecin scolaire, psychologue scolaire, assistant social


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scolaire…), les sigles utilisés, la grille GEVASCO qui va permettre d’éva-
luer les besoins de l’enfant en termes d’accompagnement par une AVS.
Nous parlons du rôle du médecin scolaire qui est le seul dans l’école à
avoir connaissance de l’aspect médical du problème de l’enfant et de
l’intérêt qu’il le connaisse au plus tôt, si possible avant la réunion PPS.
En plus de son rôle dans l’instauration d’un éventuel projet d’accueil
individualisé (quand l’enfant a une maladie avec un traitement associé
à son handicap), le médecin scolaire peut être une personne ressource
soutenante. Il peut contribuer à dédramatiser les craintes du
directeur et/ou des enseignants sur les complications de l’accueil de
l’enfant ou au cours de l’année si survenaient des difficultés ou un
blocage dans les relations parents /école.
Il est utile de leur exposer aussi ce qu’est la commission des droits et
de l’autonomie (CDA) des personnes à la MDPH, qui prend une décision
qu’elle notifie aux parents. L’assistant social du CAMSP explique alors
la notification aux parents et vérifie que les droits accordés soient
conformes aux besoins de l’enfant. De même, pendant la réunion
avec l’équipe éducative, l’assistant social s’assure qu’un parent d’origine
étrangère comprend bien ce qui est échangé. Dans tous les cas, il est
important de veiller à ce que les parents puissent s’exprimer et parler
de leur enfant, avec leurs propres mots. Lors du PPS, l’assistant social
veille à organiser le planning de l’enfant entre les temps d’accueil et
de soins. Il peut aider les parents à demander une réévaluation de
l’AEEH s’ils doivent payer quelqu’un pour les accompagnements ou
pour garder l’enfant au domicile si celui-ci n’est pas scolarisé à temps
plein. La mise en place du congé de présence parentale est également
possible, avec le versement de l’allocation journalière de présence
parentale (AJPP) pour les parents qui exercent une activité profession-
nelle et qui souhaitent se rendre disponibles pour garder leur enfant.
La fluidité du travail est facilitée par une connaissance réciproque des
partenaires : elle se construit d’année en année. En effet, l’inclusion
scolaire d’un enfant porteur d’un handicap est plus aisée lorsque l’as-
sistant social connaît les différents enseignants référents, les inspecteurs

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CONTRASTE 42 ■ Scolarité

de l’Éducation nationale et les directeurs d’école. Pour cela, il peut


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organiser des réunions avec chacun des enseignants référents et certains
inspecteurs de l’Éducation nationale afin de définir ensemble la procé-
dure à mettre en place lorsque nous souhaitons scolariser un enfant
porteur d’un handicap. Son rôle est aussi d’intervenir quand il y a un
conflit entre l’école et les parents, d’où l’importance de ce travail de
partenariat. Le CAMSP a aussi un rôle d’information dans les écoles sur
le handicap en général, tout en veillant au respect du secret profes-
sionnel afin d’éviter les préjugés, le rejet, et les aider au mieux à s’oc-
cuper de l’enfant.
Le CAMSP est conscient des difficultés d’accueil de l’enfant à l’école
mais comment peut-il soutenir les parents dans leur demande de
scolarisation sans être pris en « otage » par l’école ? Comment faire
accepter aux parents des temps d’accueil qui ne correspondent pas
toujours à leurs souhaits ? La présence du CAMSP lors des réunions à
l’école est indispensable afin de soutenir les parents, de veiller à ce
que le temps de scolarisation proposé corresponde aux besoins de
l’enfant et que la non-acquisition de la propreté ne soit pas une condi-
tion pour refuser sa présence mais que le PPS mentionne la possibilité
pour l’AVS de le changer.
Avec l’accord des parents, l’assistant social de CAMSP anticipe l’organi-
sation de la réunion du PPS par un contact avec l’école et l’enseignant
référent. Le faire au plus tôt permet à la MDPH de notifier la décision
d’aménagement de la scolarité et l’attribution d’un AVS avant les
vacances scolaires d’été. Les parents la transmettent au pôle AVS de
l’académie qui a en principe le temps de recruter l’AVS afin que celui-
ci soit présent à la rentrée scolaire. Le manque d’AVS, selon la nature
du handicap, peut entraîner un report de l’accueil de l’enfant. Nous
connaissons cependant des écoles qui peuvent recevoir un enfant souf-
frant d’un trouble envahissant du comportement sans attendre l’arrivée
de l’AVS, sur des temps limités mais significatifs de la volonté de scola-
riser et de s’organiser pour y parvenir au mieux. Selon les situations,
l’école peut être d’accord pour accueillir l’enfant mais ne pas avoir les
moyens de respecter et de garantir les conditions d’accueil dont il a

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besoin pour sa sécurité et celle du groupe classe. Des propos alarmistes


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peuvent être tenus avec une évocation de difficultés : surcharge des
classes, rythme fatigant, tableau de l’école sombre…
Il en est souvent de même avec les commentaires sur les AVS : « On
trouve de tout et souvent pas du meilleur, elles ne sont pas formées… »
En réalité, les AVS sont souvent motivées et le duo enseignant/AVS
fonctionne avec le souci de rechercher les moyens d’une pédagogie
différenciée.
Les parents peuvent ressortir de la réunion déstabilisés. Nous en repar-
lons en entretien au CAMSP. Qu’il ait réagi ou non au cours de la
réunion de PPS, le parent a besoin de dire sa colère ou son dépit, ses
craintes ou sa détermination à lutter.
La scolarisation de l’enfant est ensuite ponctuée de réunions de suivi
de scolarisation, auxquelles participent différents membres de l’équipe
du CAMSP. L’assistant social fait un travail de lien au sein de l’équipe
afin de s’assurer qu’un membre de l’équipe sera présent aux réunions
scolaires. Lorsque l’assistant social s’y rend seul, un travail de coordi-
nation en amont est réalisé avec les thérapeutes qui suivent l’enfant,
pour avoir le plus d’éléments possible sur son développement et ses
besoins. Il est également important qu’une transmission ait lieu après
la réunion entre les thérapeutes et la personne qui a été à la réunion.
Les parents peuvent alors se questionner à nouveau : « Mon enfant
progresse, va-t-il pouvoir aller au CP ? Sinon, quelles alternatives ? »
C’est souvent en fin de moyenne section que le directeur de l’école ou
l’enseignant référent annonce que l’enfant aura des difficultés pour
acquérir les prérequis fondamentaux pour entrer dans les apprentis-
sages du CP. Cette annonce ravive la charge d’inquiétude et d’angoisse
chez les parents : le répit a été de courte durée depuis l’installation de
leur enfant en petite section de maternelle.
Nous réfléchissons alors avec eux à une orientation spécialisée : CLIS,
IME, hôpital de jour. Cette réalité est une nouvelle étape pour les
parents et les enfants, qui doivent être soutenus par l’équipe du CAMSP
car elle ravive le décalage entre l’enfant rêvé et l’enfant réel.

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CONTRASTE 42 ■ Scolarité

Conclusion
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L’équipe du CAMSP doit être à l’écoute des parents pour qu’ils puissent
exprimer leurs questionnements, leurs doutes, leurs incertitudes sur le
devenir de leur enfant porteur d’un handicap. Le CAMSP est présent
tout au long de la scolarisation et la soutient quand elle est adaptée à
l’enfant. Cela fait partie de ses missions, et donc de celles de l’assistant
social. Ce soutien demande une grande disponibilité psychique et en
temps (appels téléphoniques, réunions, etc.) à l’assistant social du CAMSP
qui a un rôle important d’écoute, que ce soit envers les parents, les
enfants, les membres de l’équipe du CAMSP ou bien les partenaires exté-
rieurs (enseignants référents, maîtres d’école, directeurs d’école, PMI…
). Le CAMSP veille à ce que l’enfant ne soit pas vu par l’école uniquement
par ses déficiences mais aussi par ses ressources. Nous devons écouter
ces enfants, souligner leurs capacités ainsi que leur personnalité, les
encourager pour leur offrir une opportunité d’exister.
L’impossibilité de scolariser un enfant handicapé vient réveiller chez
ses parents la blessure narcissique et marque une nouvelle fois la diffé-
rence de leur enfant. Ils ont besoin d’exprimer leur ressenti face à
cette impossibilité, qui engendrera dans la plupart des cas des
démarches vers des établissements spécialisés.

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