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Intro
Amorce: Le système de castes de l'Inde est l'une des plus anciennes formes de stratification
sociale ( il serait vieux de plus de 3 000 ans) et également une des plus complexes, ayant
survécu au fil des ans. Ce système est toujours en application aujourd’hui dans plusieurs
régions d’Inde.
Def: On associe souvent les castes en Inde au modèle des quatre "varna" (ou "couleurs") du
système brahmanique : les Brahmanes (prêtres), les Kshatriyas (guerriers), les Vaishyas
(commerçants), et enfin les Shudras (travailleurs manuels) auxquels s'ajoutent les Dalits
(hors-castes ou Intouchables). Ce système de castes sépare donc à la fois les différents
types de professions, mais également les ethnies et les lignages. Car ces derniers vont
également avoir une importance dans l’organisation des castes.
Ce découpage a donc eu des conséquences tant sociales que politiques sur la vie des
indiens.
Le découpage géographique se limite donc à l’Inde, un pays d’Asie de l’Est, frontalier avec
le Pakistan, la Chine, le Népal et le Bangladesh.
Pour le découpage chronologique on se situera dans l’époque moderne c’est-à-dire de la fin
du XV à la fin du XVIII.
On peut rappeler que les frontières de l’Inde à l’époque moderne ne sont pas les mêmes
que celles de l’Inde actuelle. La partie à l’Est du Bangladesh n’appartient pas à l’Inde vers
1475. Ou qu' une partie du Pakistan actuel appartenait à l’Inde en 1519.
Pb:
Ces quelques explications, parmi d’autres, tentent de trouver le fondement de la caste dans
une de ses caractéristiques. L’endogamie, la spécialisation professionnelle ou l’exclusivisme
sont, tour à tour, invoqués comme ayant mené à la caste. Ainsi que Hocart le montrera plus
tard, ces théories tendent toutes à sous-estimer le facteur religieux. Mais ce qui est plus
grave sans doute, c’est qu’elles privilégient un aspect de la caste aux dépens des autres. De
surcroît, bon nombre de ces auteurs ne se contentaient pas de saisir l’essence de la caste,
mais ils entendaient aussi donner un fondement historique à leur théorie en arguant que la
caste s’était historiquement développée à partir du trait qu’ils avaient mis en exergue. Or
leur hypothèse est, au mieux, plausible, mais, à l’image des théories évolutionnistes du XIXe
siècle, leur histoire reste conjecturale, elle repose sur des reconstructions hypothétiques et,
à ce titre, elle ressemble un peu, pour reprendre les termes d’Evans-Pritchard, à ces
histoires qui nous content pourquoi la peau des léopards est tachée.
Cette insistance sur l’aspect sociopolitique ne manque pas d’intérêt et elle a le mérite de
réintroduire le politique dans l’analyse d’une société dont les analystes ont surévalué
l’aspect religieux. Contrairement à Bouglé, et partant à Dumont, Baechler refuse, en effet, de
considérer le système comme fondé religieusement. Il y voit d’abord une question de
morphologie sociale qui peut très bien se passer de référence aux notions d’impureté : les
Pariahs seraient, sans doute, tout autant méprisés en l’absence d’une idéologie religieuse. Il
n’y a pas de lien génétique entre la religion et le système des castes, le sens religieux,
écrit-il, ne mène pas directement à la hiérarchie. Baechler se place dans une perspective
historique, en tout cas diachronique, et il recherche les causes du système des castes. Il a,
sans doute, raison de dire que la religion indienne ne contient pas des traits spécifiques qui
ont mené au développement spontané et endogène du système des castes. Mais là n’est
pas vraiment le souci de Bouglé ou de Dumont qui se bornent à constater que l’idéologie du
pur et de l’impur est bel et bien présente, quelle que soit son inéluctabilité historique.
Parmi les définitions plus spécifiques, on peut reprendre celle de Srinivas qui voit la caste
comme un groupe localisé, héréditaire et endogame, associé à un métier et occupant une
position particulière dans la hiérarchie. Les relations entre castes, poursuit l’ethnologue indien,
sont gouvernées par les concepts de pollution et de pureté qui régissent notamment les règles
de commensalité. Cette définition n’est pas tellement éloignée de celle que proposait Bouglé
selon lequel la caste comprend trois caractéristiques essentielles : la spécialisation héréditaire, la
répulsion (avec pour corollaire l’endogamie) et la hiérarchie. Bouglé considère qu’une société est
soumise à ce « régime » si elle est divisée en un grand nombre de groupes héréditairement
spécialisés, hiérarchiquement superposés et mutuellement opposés. Les deux points de vue se
rejoignent sur l’essentiel : accent sur l’endogamie, la spécialisation héréditaire, la hiérarchie et le
caractère systémique. Nous pouvons à présent passer ces caractéristiques en revue, mais il
nous faut préalablement noter que la plupart de ces traits ne sont plus vraiment opérationnels
aujourd’hui. Autrement dit, si nous pensons que les castes sont encore des castes, il convient de
revoir notre définition. Avant d’en arriver là, passons en revue les traits essentiels de cette
première tentative de définition qui nous permet de considérer les choses telles qu’elles sont été
avant les transformations contemporaines.
Traditionnellement, la plupart des menuisiers appartiennent à la caste des menuisiers même si,
au cours des dernières décennies, on note de ce point de vue certains changements, notamment
ceux qui sont dus à la mobilité sociale : au Karnataka, par exemple, les artisans n’appartiennent
souvent plus à la caste liée à ces métiers1. Plus profondément, en dehors sans doute des castes
de paysans, la plupart des membres d’une caste n’exercent plus aujourd’hui la profession
traditionnelle : l’agriculture est pratiquée par beaucoup ainsi que l’exemple de Rampura, exposé
ci-dessous, nous le montrera. Mais la diversification des professions liées à la modernité a
transformé l’interdépendance entre les castes en concurrence. Toutes aspirent aujourd’hui à une
vie meilleure et la lutte pour les emplois enviables est même devenue l’enjeu crucial des luttes
de castes. On peut même dire que la raison d’être des associations de castes réside dans cette
volonté d’accès au secteur organisé de l’économie.
Les jeunes mariés appartenant à la même caste, il en va de même de leur progéniture. Cela
signifie aussi que la caste est un « groupe fermé » auquel on accède à la naissance et à la
naissance seulement. Hormis quelques rares exceptions, la seule façon d’appartenir à une caste
est donc de naître de parents membres de cette caste et une personne reste membre de sa
caste toute la vie. Il existait dans le passé des procédures d’excommunication, le plus souvent
temporaires. Gandhi lui-même avait été excommunié de sa caste pour s’être rendu en Angleterre
et avoir ainsi bravé l’interdiction de traverser la mer, mais les mesures d’excommunication
semblent bien moins fréquentes aujourd’hui. La plupart des Indiens meurent dans cette caste qui
les a vus naître. L’endogamie permet ainsi de préserver la caste des dangers de l’extérieur car
tous les membres d’une même caste sont censés partager une substance commune.
Le terme même de jati, le plus usité pour désigner les castes, signifie quelque chose comme «
espèce ». Un charpentier de Kangra explique ainsi que les castes sont comme des espèces de
bois et que le sang des membres d’une caste est différent de celui des autres castes.
Pareillement, les Vellalar du Tamil Nadu considèrent que les membres d’une caste partagent une
substance commune qui est incompatible avec d’autres. L’endogamie et la peur de toute
contamination extérieure qui y est liée conduisent à un certain exclusivisme, à une séparation
entre les castes. Tous les membres d’une caste se considèrent comme différents des membres
des autres castes. Les relations de parenté se cantonnent donc à l’intérieur de la caste.
Les différentes castes évitent non seulement toute relation matrimoniale avec d’autres castes,
mais elles s’appliquent aussi à maintenir une certaine distance sociale vis-à-vis de ces dernières.
Ainsi, les membres d’une caste refusent de consommer de la nourriture préparée par d’autres
castes ; souvent ils n’acceptent de boire l’eau que des membres de certaines castes et excluent
tout contact social avec les membres des castes inférieures et particulièrement avec les
intouchables qui se situent tout au bas de l’échelle sociale. Par rapport aux autres
caractéristiques, celle-ci est la plus tenace et celle qui a le mieux résisté à la modernisation de la
vie sociale. C’est pourquoi nous la tenons pour essentielle
Les classes, appelées varnas, ont imposé des divisions dans les populations qui affectent
encore aujourd’hui cette région du monde. Vers l’an 1000 avant Jésus-Christ, les
Indo-Aryens ont développé quatre principales distinctions de castes : Brahmanes, composée
de prêtres, d’érudits et d’enseignants ; Kshatriyas, les rois, les gouverneurs et les guerriers ;
Vaishyas, composée d’agriculteurs, d’artisans et de marchands ; et Shûdras, les prestataires
de services et les artisans qui n’étaient pas d’origine aryenne mais qui ont été admis dans la
société védique.
Chaque varna était divisée en jatis, ou sous-castes, qui identifiaient la profession de
l’individu et imposaient des restrictions au mariage. Le mariage n’était possible qu’entre
membres d’une même jati ou de deux jati très proches. Les varna et les jatis déterminaient
tous deux le niveau de pureté d’une personne. Les membres de varnas ou de jatis
supérieurs avaient des niveaux de pureté plus élevés, et s’ils étaient contaminés par des
membres de groupes sociaux inférieurs, même par le toucher, ils devaient subir des rites de
purification étendus.
Les castes forment en réalité un système, car une caste ne peut pas survivre sans l’autre au sein du
varna. Il est cependant nécessaire de nuancer : il n’existe pas qu’une seule catégorie de prêtres, de
guerriers ou de commerçants, mais plusieurs. Comme l’on pourrait affirmer qu’il existe plusieurs
espèces dans la catégorie des félins ou des canidés, il existe plusieurs sous-castes au sein d’une
même catégorie, que l’on appelle alors des jati. Aussi, en Inde, un individu ne se réfère pas au varna
pour évoquer sa classe sociale, mais bien à son jati.
D’autre part, selon la région, d’autres castes peuvent exister et à l’inverse, certains jatis ne sont pas
utilisés pour définir un rang social. Ce système, toujours en place à l’heure actuelle en Inde, touche
tous les domaines de la société et notamment celui du travail. Chaque métier appartient à une caste
et se situe sur une échelle de pureté. Comme nous l’avons vu précédemment, les hommes et les
femmes dont la profession a un rapport direct avec le sang sont exclus du varna, ce sont les
intouchables.
Aussi, la professionnalisation est régie par l’idéologie du pur et de l’impur. L’activité religieuse est la
plus respectée, elle se trouve donc au sommet de la hiérarchie. Cela implique également que la
personne qui la pratique est végétarienne et supposément plus intelligente que les individus des
classes inférieures. Le guerrier mange de la viande et ôte des vies, il est moins pur que le prête, mais
plus pur qu’un marchant car ce dernier appartient à la catégorie de population inférieure.
De ce fait, la transmission d’une caste se fait de manière héréditaire et chaque nouveau-né devra
exercer plus tard le métier qui correspond à celle-ci. Il est d’ailleurs impossible de changer de caste.
En ce sens, il est également interdit de se marier avec une personne issue d’une caste inférieure ou
supérieure, chacun devant préserver son rang social.
Caste et profession
III Des conséquences politiques
A) Accès au pouvoir
Dans les zones rurales du nord de l’Inde, les castes supérieures et moyennes dominent la
propriété foncière. Ils ont pu transférer ce contrôle sur la richesse en domination politique sur la
décision du Panchayat. Le Panchayat est une unité de gouvernement local chargée du
décaissement des ressources. Les groupes de castes dominants ont monopolisé les postes de
direction dans le Panchayat, obtenant ainsi plus de possibilités de contrats gouvernementaux,
d’emploi et de financement.
L’accès à l’assistance policière et judiciaire dépend également de la caste à laquelle on
appartient. En corrompant, en influençant et en intimidant la police et les fonctionnaires
judiciaires, les castes moyennes et supérieures rurales du nord de l’Inde ont tendance à
manipuler la police locale et le pouvoir judiciaire avec plus de succès. Ces types de recherche de
rente politique ont également contribué à garantir l’offre de rentes aux castes dominantes par
d’autres canaux tels que « truquer les élections du Panchayat, capturer les isoloirs électoraux et
[3]
utiliser des tactiques d’intimidation préélectorales lors des élections à l’assemblée de l’État ».
La question de savoir si un individu ou un groupe peut collecter suffisamment d’argent pour des
pots-de-vin constants dépend du statut socio-économique basé sur la caste. Par conséquent,
l’avantage d’accéder aux ressources économiques non seulement se transfère aux groupes de
castes dominants, mais renforce également leur puissance politique.
Certains scientifiques et activistes, tels que le Dr VA Shiva Ayyadurai , scientifique des systèmes
du MIT, accusent la caste de freiner l’innovation et la recherche scientifique en Inde, ce qui rend
5 [6]
difficile le maintien du progrès alors que l’organisation sociale régressive prévaut. [ ]
La caste, attribuée à la naissance, est également influencée par l’endroit où l’on est né. Les
lignes politiques en Inde ont souvent été tracées selon des lignes de caste; Cependant, ce n’est
qu’une partie de l’histoire. La caste est souvent spécifique à une région particulière. Ces poches
de castes créent une caste localement dominante. En raison de la structure politique en Inde, la
domination locale peut se traduire par une domination régionale. Cette concentration de la
population des castes a signifié que les castes plus petites et moins influentes ont l’opportunité
de revendiquer leurs revendications dans l’arène du pouvoir politique. Cependant, si une caste
non dominante n’est pas concentrée dans une région particulière, il est peu probable qu’elle soit
représentée sans s’associer à une autre caste pour accroître son influence. Cela signifie que « la
concentration localisée facilite un espace pour contester la domination de la caste dominante au
[7]
niveau de l’État ». Par exemple, la caste Maratha-Kunbi a des concentrations de populations
dans tous les États indiens. Ils ont ainsi réussi à obtenir une représentation maximale à la
[7]
législature de l’État.
Bien que le système des castes joue un rôle important dans la détermination de qui compose les
élites locales, il joue également un rôle énorme dans la détermination de l’influence et de la
représentation des femmes dans le système politique. Dans le système parlementaire bicaméral
de l’Inde, les femmes représentent une quantité minuscule de chaque chambre. Sur l’assemblée
populaire, composée de 545 membres, les femmes ne représentent que 5,2 % ; et à l’Assemblée
de l’État, avec 259 membres, les femmes ne représentent que 8,8 %. Les deux chambres ont
.
connu un déclin alarmant des représentantes féminines au cours des dernières décennies Sur
les 39 femmes représentantes au Parlement indien, la plupart appartenaient à des castes
supérieures. La caste, qui finit par affecter la classe, est l’un des facteurs les plus importants
pour déterminer l’inclusion réussie d’une femme dans le système politique. Cela peut être dû au
fait que les castes supérieures contestent le rôle de la femme indienne traditionnelle et que leur
position de caste leur donne donc un plus grand éventail d’options qui ne sont pas disponibles
pour les castes plus traditionnelles inférieures. Cette représentation exagérée de la caste de
l’élite dans les fonctions publiques signifie que l’impact qu’elles ont sur les politiques publiques
est disproportionné par rapport à leur nombre réel.
B) Clientéisme
La politique en Inde dépendait fortement des liens patron-client le long des lignes de caste
pendant la période de domination du Congrès. La caste à laquelle on appartient est un
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déterminant important de son mode de vote. En Inde, différents partis politiques représentent
les intérêts de différents groupes de castes. Les castes supérieures et marchandes telles que
Brahmane, Rajput et Kayasth et les riches groupes musulmans ont tendance à exprimer leurs
intérêts par l’intermédiaire du Parti du Congrès. Les Jats de caste supérieure agraire ont
tendance à voter pour les partis concurrents. Les partis numériquement mineurs, représentés
par le Jan Sangh, reçoivent des votes presque exclusivement des castes supérieures et
[9]
commerçantes. Cependant, la caste ne détermine pas uniquement les comportements
. [9]
électoraux. Les divergences se produisent surtout pour les groupes de castes supérieures
Cela signifie que tous les membres de la même caste ne voteraient pas pour un seul parti en
particulier. Les gens des castes supérieures ont plus de liberté de voter selon leurs convictions
politiques. La Commission Mandal couvrait plus de 3000 autres castes arriérées. Il n’est donc
pas clair quels partis sont associés à chaque caste.
Les groupes d’électeurs fidèles soutiennent généralement un certain candidat ou parti pendant
les élections dans l’espoir de recevoir des avantages une fois que leur candidat est au pouvoir.
Cette pratique, appelée « banque de votes », est prolifique dans la plupart des régions du pays.
De nombreux partis politiques en Inde se sont ouvertement livrés à une politique de banque de
votes basée sur les castes. Le parti du Congrès a utilisé la banque de votes pour se maintenir au
pouvoir; les partis concurrents ont construit des banques de votes pour contester la domination
du Congrès sur la politique.