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Rémi Gardenal A06 séance 6 TD droit civil 

: la défense de la propriété

Fiche d’arrêt cass civ , 18 octobre 2006

Faits :

Une femme se plaint d’un empiètement sur sa propriété à cause des branches de l’arbre de sa
voisine . Cette voisine cherche alors à faire état d’une servitude pour éventuellement ne pas devoir
couper ces branches car selon elle cet empiètement constitue un abus de droit

Procédure :

La voisine se présente alors devant le tribunal judiciaire , elle n’obtient pas gain de cause et interjette
appel devant la cour d’appel mais elle est déboutée de sa demande par celle-ci qui confirme le
jugement du TJ . Elle se pourvoit alors en cassation le 18 octobre 2006.

Problème de droit :

L’action en cessation d’un empiètement est elle opposable à une autre action en justice et peut elle
par ailleurs être considérée comme un abus de droit ?

Thèse :

La cour d’appel a démontrée que la victime de cet empiètement avait fait l’objet d’une certaine
tolérance mais de peur que les plantations ne deviennent trop imposantes elle a décidée par le biais
de l’article 673 du code civil de demander la cessation de l’empiètement pour couper les branches
allant sur sa propriété .

La voisine a alors pour tenter de contrer cette action en cessation d’empiètement essayée de
caractériser une servitude par destination du père de famille

Solution :

Cependant l’action en cessation d’un empiètement est imprescriptible et comme le rappelle la cour
de cassation ce droit légal ne peut être dérogé par un titre ou encore une servitude par destination
du père de famille . De plus aucun contrat express n’a été conclu entre les deux partis ce qui ne
caractérise pas cette servitude

Enfin , le temps presse et le propriétaire a tout intérêt à agir relativement tôt en justice pour que les
plantations ne poussent pas de manière démesurée . C’est pour cela que la cour de cassation rejette
le pourvoi et laisse à la victime d’un empiètement l’usage de son droit imprescriptible et qui ne
consiste en rien un abus .

Fiche d’arrêt cass civ , 20 mars 2002 :

Faits :

Deux voisins décident d’ériger une clôture mitoyenne entre leurs propriétés.  Un des deux parti
soulève un empiètement de la clôture sur son terrain et une violation du droit de propriété
Procédure :

La personne victime de cet empiètement s’est présentée devant le tribunal judiciaire pour obtenir
gain de cause mais n’a pas obtenu la qualification de l’empiètement . Elle a ensuite interjeté appel
mais n’a pas été débouté de sa demande par la cour d’appel . Elle se pourvoit en cassation le 20 mars
2002 .

Problème de droit :

Un empiètement même si il est minime peut il être caractérisé ?

Thèse :

La voisine qui suppose être victime d’un empiètement a été déboutée de sa demande par la cour
d’appel car l’empiètement de 0,5 centimètres avait été jugé négligeable

Solution :

Cependant le droit de propriété étant un droit absolu et la règle concernant l’empiètement étant
intangible et sévère , un empiètement même minime doit être caractérisé . C’est pour cela que la
cour de cassation casse et annule la decision de la cour d’appel pour donner raison à la personne
victime de l’empiètement en vertu de l’article 545

Cas pratique séance 6 :

Le cas soumis à notre appréciation est relatif à l’empiètement sur le droit de propriété

Faits :

Josselin est propriétaire d’un terrain ou se trouve son activité de chambre d’hôte . Ce terrain est
fortement mis en valeur par la présence de beaux chênes . Nicolas achète le terrain voisin pour
développer une éventuelle activité d’hébergement également . Celui-ci se plaint que les chênes
empiètent fortement sur son terrain et intente une action en justice pour faire cesser l’empiètement
tout en sachant que ces chênes de valeur ne survivront pas à un élagage .

Qualification des faits :

Les chênes constituent ils un empiètement sur le terrain de Nicolas et peut il en exiger l’élagage ?

Problème de droit :

-Comment caractériser un empiètement ?

-Peut on ordonner l’élagage ou la coupe d’un arbre en cas d’empiètement  ?

I/ La caractérisation de l’empiètement

1. Exposé de la règle de droit


Selon l’article 673 du code civil un empiètement végétal sur un fond voisin est facilement
caractérisable . En effet , il suffit qu’un empiètement même minime avec une branche d’arbre par
exemple soit existant pour intenter une action en justice qui est un droit imprescriptible . Cet
empiètement est une atteinte au droit de propriété qui est présumé absolu selon l’article 554 du
code civil . La victime peut alors demander la cessation de l’empiètement avec la démolition de la
construction ou l’élagage des branches . Cela peut être accompagné de dommages et intérêts en
vertu de l’article 1240 du code civil .

2.Confrontation du cas pratique à la règle de droit 

Dans le cas présent , Josselin , le propriétaire du fond , dépasse effectivement les limites de son
terrain sur celui de son voisin et cela sur plusieurs mètres . Les arbres rentrent dans le cadre de
l’article 673 du code civil . Le dépassement sur la propriété de Nicolas constitue alors un
empiètement et une atteinte au droit de propriété de celui-ci . De plus la jurisprudence du 20 mars
2002 confirme la grande sévérité du droit concernant l’empiètement . Un empiètement 0,5
centimètres avait été caractérisé . Nicolas peut donc en théorie demander l’élagage des branches des
chênes pour faire cesser l’empiètement .

C’est ce que nous allons voir dans une seconde partie .

II/ L’élagage éventuel des branches

1. Exposé de la règle de droit

En vertu de l’article 673 du code civil tout empiètement concernant un arbre peut donner lieu à un
élagage des branches pour faire cesser un empiètement et cela même pour un empiètement
minime .

En revanche , le droit , bien que sévère à ce sujet , celui-ci émet certaines réserves qui sont les
suivantes . Tout d’abord il ne faut en aucun cas tomber dans l’abus de droit concernant les
empiètements , il convient d’avoir des intérêts sérieux et légitimes et de ne pas montrer de caractère
malveillant .

De plus le droit de l’environnement et de l’urbanisme permet la sauvegarde même en cas


d’empiétement de monuments historiques ou végétaux de prestige ou nécessaires dans le cadre de
l’intérêt général . La biodiversité doit être préservée et peut être priorisée par rapport à la propriété .
C’est dans ce sens que la cour de cassation dans un arrêt du 31 juin 2012 a refusée d’ordonner
l’élagage d’un pin dans un but de conservation de la végétation existante .

2. Confrontation de la règle de droit au cas pratique

En vertu de l’article 673 du code civil le dépassement constitue un empiètement qui en théorie
provoque l’élagage du chêne . Cependant , ici, le droit doit emmètre certaines réserves . Les chênes
sont très anciens et donc rares et à préserver . De plus une association locale de protection de la
nature entretient ces chênes ce qui renforce cette idée de préservation de la biodiversité . La
jurisprudence associée à ce même article datant du 31 juin 2012 ouvre la porte à une dérogation vis-
à-vis de l’empiètement . Celui-ci a déjà été écarté auparavant dans l’objectif de la conservation de la
végétation comme cela pourrait être le cas des chênes de Josselin tout en sachant que le terrain de
Nicolas est constitué de plusieurs hectares , il est donc vaste .

Solution :

En l’état actuel du droit , les chênes de Josselin élément clés de son fond de commerce mais aussi de
la biodiversité locale constituent en effet un empiètement sur le terrain de Nicolas . Nicolas demande
l’élagage des arbres mais celui-ci parait difficilement envisageable en vertu des jurisprudences
récentes et du droit de l’environnement d’autant plus que cet élément est cher au fond de
commerce de Josselin mais pourrait à l’avenir l’être aussi pour celui de Nicolas . Celui-ci dispose d’un
grand terrain ce qui ne jouerait pas en sa faveur pour l’élagage car la priorité serait de conserver les
arbres centenaires sur le terrain tout en sachant que cette pratique d’élagage leur serait fatales

Question de réflexion :

L’empiètement est caractérisé par le dépassement de constructions ou de végétaux sur le terrain


d’autrui . Le droit concernant celui-ci est très sévère ,une jurisprudence du 20 mars 2002 a
caractérisé un empiètement pour 0,5 centimètres seulement.

Une action en justice est possible pour un dépassement minime voir ridicule presque abusif.
Plusieurs démarches récentes cherchent à adoucir ces solutions relatives à l’empiètement , trop
dures et qui datent de 1804 .

De plus , l’essor du droit de l’environnement et de l’urbanisme ont tendance à privilégier le maintient


de végétaux même en cas d’empiètement au profit de la biodiversité comme le démontre la
jurisprudence du 31 juin 2012 qui a refusé un élagage et donc mis une réserve à l’action en cessation
de l’empiètement .

Par ailleurs , ces dernières années les contrôles de proportionnalité ont connus un véritable essor . Ils
consistent à vérifier qu’une règle de droit commun ne porte pas atteinte à un droit fondamental .

Or , il y a ici un paradoxe et l’on peut se demander si les mesures relatives à l’empiètement sont en
adéquation avec l’exercice de ces contrôles .

En effet , l’empiètement constitue une atteinte au droit de propriété , droit absolu et surtout droit
fondamental inscrit à l’article 17 de la DDHC . La sévérité du droit à ce sujet est alors en adéquation
avec ces contrôles d’un point de vue juridique car il ne faut en aucun cas toucher au droit de
propriété .

En revanche , les dérogations liées à l’environnement dans les jurisprudences récentes sont elles en
contrariété avec les contrôles de proportionnalité car elles ont tendance à passer outre le droit de
propriété qui est un droit fondamental .

C’est pour cela que les règles concernant l’empiètement qui sont sévères sont en adéquation avec les
contrôles de proportionnalité d’un point de vue juridique . Cependant , d’un point de vue humain ,
ces mesures sont sévères et mériteraient certains adoucissements tout en sachant que le droit de
l’environnement qui a permis de déroger partiellement à l’absolutisme du droit de propriété est
également un droit fondamental depuis l’instauration de la chartre de l’environnement dans la
constitution en 2005 . Une conciliation est alors possible entre ces deux droits vis-à-vis de ces
contrôles d’une part puis vis-à-vis de la sévérité de l’empiètement d’autre part

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