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Chap 7 - Droit du sport et responsabilité de l’intervenant

Introduction
Pourquoi le sport a-t-il affaire avec le droit ?
1) Un phénomène social majeur, qui pose un enjeu de sécurité
- 34 millions de personnes de plus de 15 ans déclarent au moins une activité physique et
sportive par semaine

- 16 millions de licenciés

- Région PDLL, région la plus sportive de France (taux de licenciation de 28%)

- « Palmarès » des fédérations :


 football : 2 millions de licenciés
 tennis : 1,1 million
 équitation (0,7), judo (0,6), handball et basket (0,5), golf (0,4), rugby (0,3)

- Ces fédérations définissent les Règles Techniques de Sécurité (RTS)

2) Un volume d’emploi non négligeable qui pose la question des conditions


d’exercice de ces salariés (quelle qualification ? Contrôle de l’honorabilité ?)
- 237 000 postes dont 104 000 dans la sphère publique (45 000 postes d’enseignants d’EPS
et 59 000 dans les collectivités) et 133 000 dans la sphère marchande.

3) Le sport, un objet reconnu d’intérêt général par l’État…


- L100-1 : « les APS constituent un élément important de l’éducation, de la culture, de
l’intégration et de la vie sociale. (…) La promotion et le développement des APS pour
tous, notamment pour les personnes handicapées, sont d’intérêt général. L’égal accès
des hommes et des femmes aux activités sportives, sous toutes leurs formes, est
d’intérêt général »

- Cette intervention de l’État ne va pas de soi. On pourrait en effet renvoyer le choix de


pratiquer ou de ne pas pratiquer une activité physique sportive à l’initiative privée,
individuelle

- Une intervention qui s’explique historiquement par une intervention hygiéniste


(cf épidémies de tuberculose du début du XXe siècle), sociale et morale du sport
(cf Front populaire et régime de Vichy)
4) … par conséquent pris en charge par la puissance publique soit directement
soit par l’intermédiaire de différents acteurs
- L100-1 précise en effet : « L’État, les collectivités territoriales et leurs groupements
[personnes morales de droit public], les associations, les fédérations sportives, les
entreprises (…) [personnes morales de droit privé] contribuent à la promotion et au
développement des APS. Ils veillent à assurer un égal accès aux pratiques sportives sur
l’ensemble du territoire. L’État et les associations et fédérations sportives assurent le
développement du sport de haut-niveau, avec le concours des collectivités territoriales,
de leurs groupements »

- Une mission partagée entre plusieurs acteurs (collectivités, État, associations) certes mais
qui reste sous le contrôle fort de l’État
 fédérations sportives délégataires de service public avec tout ce que cela implique :
- imposition de statuts types
- obligation de décliner les priorités ministérielles (développement du sport-
santé, sport-handicap) dans leur conventions d’objectifs
- associations sportives doivent être agréées par l’État ou affiliées à une
fédération agréée par lui, pour bénéficier de financement de ce dernier
- l’État reconnaît à ces fédérations délégataires, la responsabilité d’édicter des
règles techniques de sécurité (RTS) et de leur discipline

I) La police administrative des APS


A) Distinction Police administrative et Police Judiciaire
- Définition de la Police : depuis la Révolution Française, on la définit comme l’activité de
maintien de l’ordre public

- Fondement de cette définition : « le but de toute association politique est la conservation


des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété,
la sûreté et la résistance à l’oppression » (art 2 de la DDHC)

- Police judiciaire : mesures destinées à rechercher et à livrer à la justice les auteurs d’une
infraction déjà commise ou sur le point de l’être (action en aval)

- Police administrative : elle prend des mesures, soit afin de prévenir des désordres soit
afin de restituer l’ordre public quand celui-ci a été rompu (action préventive, en amont)

B) Distinction Police générale et Police spéciale


- Police administrative générale : peut viser tout type d’activité, peut s’exercer à tout
moment dès lors que surgit une situation de fait justifiant de prendre des mesures pour
prévenir un trouble.

- L’autorité de police administrative la plus fréquente est celle du maire : « La police


municipale a pour objet d'assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité
publiques » (Article L2212-2 du Code Général des Collectivités Territoriales)
- Mais sur d’autres matières (ordre public) elle relève du préfet (représentant de l’État dans
le département).

- Qu’elles soient prises par le maire ou le préfet, les mesures de police administrative
doivent être nécessaires et proportionnées.

- Exemple : arrêté préfectoral imposant le port du masque dans certaines villes ou quartiers
de villes dans le contexte de crise sanitaire ; arrêté décidant une mesure de confinement

- Le caractère nécessaire et proportionné des mesures de police administrative est


indispensable.

- Car dans un État de droit, toute décision administrative ne respectant pas ce principe,
peut être attaqué auprès du juge administratif (cf jurisprudence Tribunal administratif de
Cergy-Pontoise où l’exploitant d’une salle de remise en forme a contesté la décision du
préfet de fermer ces salles durant la crise sanitaire) au motif qu’elle contrevient
à certaines libertés fondamentales (liberté de circuler, liberté de travailler…)

- Au sein de la Police administrative, on distingue :


 la police administrative dite spéciale eu égard à son domaine d’application
 la police administrative spéciale dispose de moyens plus contraignants : pouvoir
d’injonction, d’autorisation (le plus fréquent).
 la police des APS appartient à cette catégorie

II) Le caractère réglementé de la profession d’éducateur sportif et ses


conséquences juridiques
A) Une obligation de qualification
1) Cas général
- Art L212-1 du Code du Sport :
« I. - Seuls peuvent, contre rémunération, enseigner, animer ou encadrer une activité
physique ou sportive ou entraîner ses pratiquants, à titre d'occupation principale ou
secondaire, de façon habituelle, saisonnière ou occasionnelle, sous réserve des
dispositions du quatrième alinéa du présent article et de l'article L. 212-2 du présent
code, les titulaires d'un diplôme, titre à finalité professionnelle ou certificat de
qualification :
1° Garantissant la compétence de son titulaire en matière de sécurité des pratiquants et
des tiers dans l'activité considérée
2° Et enregistré au répertoire national des certifications professionnelles dans les
conditions prévues au II de l'article L. 335-6 du code de l'éducation.
Peuvent également exercer contre rémunération les fonctions mentionnées au premier alinéa
ci-dessus les personnes en cours de formation pour la préparation à un diplôme, titre à
finalité professionnelle ou certificat de qualification conforme aux prescriptions des 1° et
2° ci-dessus, dans les conditions prévues par le règlement de ce diplôme, titre ou certificat. »
Les éléments à retenir :
- Une obligation de qualification qui ne concerne pas l’encadrement bénévole ni les
enseignants ou ETAPS (Éducateurs Territoriaux des Activités Physiques et Sportives) qui
encadrent dans les conditions prévues par leurs statuts.

- Une notion de l’encadrement très extensive dans son objet (cf « enseigner, animer ou
encadrer une APS ou entraîner ses pratiquants ») ou sa durée (cf « à titre d’occupation
principale ou secondaire, de façon habituelle, saisonnière ou occasionnelle)

- Un encadrement juridique de la profession d’éducateur sportif fondé sur la nécessité de


protéger les pratiquants (cf « garantissant la compétence de son titulaire en matière de
sécurité des pratiquants et des tiers dans l’activité considérée »)

- Seuls sont reconnus les titres inscrits au RNCP (Répertoire National des Certifications
Professionnelles) qui permet de connaître en temps réel la totalité des certifications. Il
est établi par la CNCP (Commission Nationale de la Certification Professionnelle),
structure interministérielle, fondée par la loi dite de modernisation sociale (2002)

- Après instruction, avis de la CNCP et publication d’un arrêté au journal officiel, les
certifications sont inscrites au RNCP et bénéficient donc de la reconnaissance de l’État
et permettent donc d’encadrer contre rémunération

- Au sein du RNCP, on trouve :


- des titres à finalité professionnelle délivrés par des organismes privés ou publics.
ex : le Brevet de Moniteur de football délivré par la FFF
- des certificats de Qualification Professionnelle créées par les branches
professionnelles. ex : CQP Animateur de Loisir Sportif (ALS)
- des diplômes délivrés par l’État : BPJEPS, Licence STAPS

- Les certifications inscrites au RNCP font l’objet d’une classification par niveau gradué
de 3 à 8. La codification a été revue en 2019
 niveau 3 : CAP, BEP
 niveau 4 : Baccalauréat, BPJEPS
 niveau 5 : BTS, DUT, Licence 2 STAPS, DEJEPS
 niveau 6 : Licence STAPS, DESJEPS
 niveau 7 : Master
 niveau 8 : Doctorat

- Les prérogatives d’exercice des titulaires de diplômes sont consultables sur l’Annexe II-1
du code du sport :
 DEUG STAPS : encadrement et animation auprès de tout public des APS à un
niveau d’entretien ou de loisir (à l’exclusion des pratiques compétitives)
 Licence « Éducation et motricité » : encadrement et enseignement des APS
auprès des enfants, adolescents et jeunes adultes
 Licence « Entraînement sportif » : encadrement de différents publics à des fins
d’amélioration de la performance dans la discipline mentionnée dans l’annexe
descriptive du diplôme

- Les prérogatives d’exercice des titulaires de diplômes STAPS :


 Licence « APAS » : encadrement des APS à destination de différents publics dans
une perspective de prévention santé ou de réadaptation ou d’intégration de
personnes présentant l’altération d’une fonction physique ou psychique
 attention, les titulaires d’une licence APAS n’ont pas de prérogatives d’exercice
en matière d’encadrement de l’aquagym, même en direction de publics en
situation de handicap

2) Cas particulier des disciplines à « environnement spécifique »


- Art. R212-7 : « Les activités s'exerçant dans un environnement spécifique impliquant le
respect de mesures de sécurité particulières mentionnées à l'article L. 212-2 sont celles
relatives à la pratique : »
 de la plongée en scaphandre, du canoë-kayak et des disciplines associées en
rivière de classe supérieure à trois, de la voile au-delà de 200 milles nautiques,
de l'escalade, du canyonisme, du parachutisme, du ski, de l'alpinisme et de leurs
activités assimilées, de la spéléologie, du surf de mer, du vol…

- Pour toutes ces disciplines (il s’agit des sports de nature), l’encadrement contre
rémunération est subordonné à la possession d’une certification délivrée par l’État :
 Art. L212-2 : « Lorsque l'activité mentionnée au premier alinéa de l'article
L. 212-1 s'exerce dans un environnement spécifique impliquant le respect de
mesures de sécurité particulières, seule la détention d'un diplôme permet son
exercice.
 Ce diplôme est délivré par l'autorité administrative dans le cadre d'une formation
coordonnée par les services du ministre chargé des sports

- Sanctions prévues en cas de manquement à l’obligation de qualification


 Art. 212-8 : « Est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende le
fait pour toute personne :
1° D'exercer contre rémunération l'une des fonctions de professeur, moniteur,
éducateur, entraîneur ou animateur d'une activité physique ou sportive ou de faire
usage de ces titres ou de tout autre titre similaire sans posséder la qualification
requise au I de l'article L. 212-1 »

B) Une obligation de déclaration d’activité


- Article L212-11 : « les personnes exerçant contre rémunération les activités mentionnées
au premier alinéa de l'article L. 212-1 déclarent leur activité à l'autorité administrative ».
Cette déclaration peut se faire par voie dématérialisée et donne lieu à la délivrance par
le SDJES d’une carte professionnelle, valable 5 ans. Celle-ci mentionne les prérogatives
d’exercice.
- Article L212-12 : « Le fait pour toute personne d'exercer contre rémunération une des
fonctions mentionnées au premier alinéa de l'article L. 212-1 sans avoir procédé à la
déclaration prévue à l'article L. 212-11 est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000
euros d'amende. »

- Les pièces demandées :


 copie d’une pièce d’identité
 photo d’identité
 copie des diplômes
 certificat médical d’aptitude à la pratique et à l’encadrement datant de moins
d’un an

- L’intérêt de la déclaration pour le SDJES :


 elle permet de vérifier à la fois les obligations de qualification et d’honorabilité

- Une obligation de déclaration qui ne concerne pas l’encadrement bénévole ni les


enseignants qui encadrent dans les conditions prévues par leurs statuts particuliers.

- En revanche, si ces derniers encadrent contre rémunération en dehors de leurs statuts (par
exemple, un professeur d’EPS qui encadre contre rémunération la natation dans un club),
ils sont soumis à cette obligation de déclaration.

- Modèle de carte professionnelle


depuis 2014

C) Une obligation d’honorabilité


1) L’incapacité juridique d’exercer
- Contrairement à l’obligation de qualification, l’obligation d’honorabilité s’applique aussi
à l’encadrement bénévole

- Art L212-9 : « Nul ne peut exercer les fonctions mentionnées au premier alinéa de
l’article L201-1 à titre rémunéré ou bénévole, s'il a fait l'objet d'une condamnation pour
crime ou pour l'un des délits prévus » dans différents codes : code pénal (atteintes
sexuelles, trafics de stupéfiants…), code de la route (conduite en état d’ébriété ou sous
l’emprise de stupéfiants...), code de la sécurité intérieure (trafic d’armes), de la santé
publique. (usage et trafic de stupéfiants…) …

- L’incapacité juridique d’exercer est prononcée quel que soit le niveau de sanction (peine
de prison, ferme ou avec sursis). Autrement dit, il n’y a pas de quantum de sanction.
- Article L212-10 : « Le fait pour toute personne d'exercer, à titre rémunéré ou bénévole,
l'une des fonctions de professeur, moniteur, éducateur, entraîneur ou animateur d'une
activité physique ou sportive ou de faire usage de ces titres ou de tout autre titre similaire
en méconnaissance de l'article L. 212-9 est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000
euros d'amende.

- Cette honorabilité est vérifiée pour les professionnels au moment de la télédéclaration


d’activité auprès du SDJES et chaque année.

- Nouveau depuis Septembre 2021, pour les bénévoles, les fédérations renseignent leur
identité (civilité, nom, prénom, date et lieu de naissance). Cette nouvelle disposition est
la conséquence de la libération de la parole sur les violences sexuelles dans le champ du
sport. Avant cette mesure, il n’était pas techniquement possible de vérifier l’honorabilité
des bénévoles de manière automatisée.

2) Les mesures administratives de suspension ou d’interdiction


- Mais même en l’absence de condamnation, un éducateur sportif peut-être suspendu ou
interdit :

- Article L212-13 : « L'autorité administrative peut, par arrêté motivé, prononcer à


l'encontre de toute personne dont le maintien en activité constituerait un danger pour
la santé et la sécurité physique ou morale des pratiquants l'interdiction d'exercer, à
titre temporaire ou définitif, tout ou pare des fonctions mentionnées à l'article L. 212-1
(…). Cet arrêté est pris après avis d'une commission comprenant des représentants de
l’État, du mouvement sportif et des différentes catégories de personnes intéressées.
Toutefois, en cas d'urgence, l'autorité administrative peut, sans consultation de la
commission, prononcer une interdiction temporaire d'exercice limitée à six mois. »

- « par arrêté motivé » : sous-entendu, par arrêté du préfet. Et comme toute mesure de
police administrative, susceptible de porter atteinte aux libertés, elle doit être nécessaire
et proportionnée. Celle-ci peut s’appliquer en dehors de toute condamnation pénale
(principe de l’indépendance des procédures administrative et pénale)

- L’arrêté de suspension ou d’interdiction doit rappeler les faits portés à la connaissance du


préfet (audition de témoins, voie de presse …) à la suite d’une enquête administrative,
qui laissent penser que le maintien en activité est susceptible de représenter un danger
pour le pratiquant.

- Le Préfet précise la nature de la mesure administrative (suspension ou interdiction), et sa


durée après avoir recueilli l’avis consultatif du CDJSVA (Comité Départemental de la
Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative)

- Sans attendre l’avis de cette commission, il peut prendre une mesure de suspension en
urgence, pour une durée de six mois
III) La notion d’Établissement des Activités Physiques et Sportives (EAPS) et ses
implications juridiques
A) Définition
- Trois critères constants et cumulatifs permettent depuis l’instruction ministérielle 094-049
JS du 7 mars 1994 de définir cette notion :
 un équipement fixe ou mobile (bateau, chevaux, parapentes etc)…
 … donnant lieu à la pratique d’une APS…
 … durant une certaine durée (de façon permanente ou saisonnière)

- Sont donc concernés les clubs de sport ou les loueurs de matériels (ex : canoë kayak) :
 quel que soit leur statut juridique (associatif ou commercial)
 la nature ou les conditions de pratique de l’APS (prestations rémunérées ou non
d’enseignement, d’encadrement, d’accompagnement ou simple mise à
disposition d’équipement)

- Bref, la définition est très extensive et réunit sous la même entité juridique des établissements
très différents : piscines, baignades aménagées, centres équestres, salles de remise en forme,
parcours acrobatiques en hauteur, clubs de tir etc.

B) Les obligations communes à tous les EAPS


• Une obligation de déclaration supprimée
 pendant longtemps (depuis une loi de 1984), l’État a imposé une obligation
de déclaration, supprimée par la loi n° 2014-1545 du 20 décembre 2014 au
titre de la simplification administrative.

Les autres obligations instaurées par la loi de 1984 subsistent toujours

• Une obligation d’honorabilité de l’exploitant


 art L 322-1 : « Nul ne peut exploiter soit directement soit par l’intermédiaire
d’un tiers, un établissement dans lequel sont pratiquées des APS s’il a fait l’objet
d’une condamnation »
 une obligation plus difficile à faire respecter depuis la suppression de l’obligation
de déclaration des EAPS.

• Une obligation de qualification des éducateurs salariés


 art L 212-8 : « Est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende le
fait pour toute personne (…) d'employer une personne qui exerce les fonctions
mentionnées au premier alinéa de l'article L. 212-1 sans posséder la qualification
requise »

• L’organisation des secours


 les EAPS doivent disposer d'une trousse de secours, d’un moyen de communication
permettant d'alerter rapidement les services de secours et un tableau d'organisation
des secours affiché dans l'établissement comportant les adresses et numéros de
téléphone des secours
• Une obligation d’assurance
 souscription par l'exploitant d'un contrat d'assurance couvrant sa responsabilité
civile, celle des enseignants mentionnés à l'article
 et de tout préposé de l'exploitant, ainsi que des personnes habituellement ou
occasionnellement admises dans l'établissement pour y exercer les activités qui y
sont enseignées
 le fait d'exploiter un EAPS sans souscrire aux garanties d'assurance prévues est
puni de six mois d'emprisonnement et 7 500 euros d'amende.

• Une obligation d’affichage


 doit être affichée, en un lieu visible de tous, une copie : des diplômes et titres
des personnes exerçant dans l'établissement ainsi que des cartes professionnelles
ou des attestations de stagiaire
 de l'attestation du contrat d'assurance conclu par l'exploitant de l'établissement

• La déclaration d’accident
 l'exploitant d'un établissement est tenu d'informer le préfet :
- de tout accident grave
- de toute situation présentant ou ayant présenté des risques graves par
leur probabilité et leurs conséquences éventuelles pour la santé et la
sécurité physique ou morale des pratiquants.
 celle-ci se fait au moyen d’un imprimé ministériel.

• Les règles d’hygiène et de sécurité :


 les établissements doivent présenter des garanties d'hygiène et de sécurité
 les produits et les services doivent présenter la sécurité à laquelle on peut
légitimement s'attendre et ne pas porter atteinte à la santé des personnes

- Au vu des décisions rendues, on peut identifier 5 obligations différentes,


communes à tous les établissements, dégagées par la jurisprudence:
 la vérification préalable des aptitudes des participants et des conditions de
pratique
 un encadrement expérimenté et qualifié
 le conseil et la surveillance des pratiquants par le responsable du groupe
 l'encadrement en nombre suffisant
 le comportement en cas d'accident (premiers soins et premiers secours)

C) Les mesures administratives prises en cas de manquement


- Art R 322-9 : « Le préfet peut adresser à l'exploitant de l'établissement les mises en
demeure nécessaires et lui impartir un délai pour mettre fin :
1° Aux manquements aux garanties d'hygiène et de sécurité ;
2° Au défaut de souscription du contrat d'assurance mentionné à l'article L. 321-1 ;
3° Aux risques particuliers que présente l'activité de l'établissement pour la santé et
la sécurité physique ou morale des pratiquants »
- Question : que se passe-t-il si l’exploitant ne remédie pas aux manquements dans le
délai prescrit ?
 le préfet peut s'opposer à l'ouverture ou prononcer la fermeture temporaire ou
définitive de l'établissement, par arrêté motivé, si l'exploitant n'a pas remédié aux
situations qui ont fait l'objet des mises en demeure
 en cas d'urgence, l'opposition à ouverture ou la fermeture temporaire peut être
prononcée sans mise en demeure préalable

- Question : que se passe-t-il si l’exploitant s’oppose au contrôle de l’administration ?


 le préfet peut prononcer la fermeture de l'établissement dont l'exploitant s'oppose
ou tente de s'opposer au contrôle par l'autorité administrative

IV) L’exercice de la profession d’éducateur sportif avec le statut d’auto


entrepreneur : avantages et pièges à éviter
1) Les contours du statut
A) Le statut d’auto-entrepreneur ou micro-entrepreneur en quelques mots
 statut créé en 2008, entré en vigueur au 1er janvier 2009
 objectif : favoriser la création d’entreprises dans tous secteurs (transports,
services à la personne…)
 en 2018, deux entreprises créées sur 5 sont des micro-entreprises
 plus de 1 million de micro-entreprises recensées

B) Une montée en puissance qui s’explique par les avantages offerts par ce statut
- Ce qui séduit l’auto-entrepreneur : la simplicité
 un mode de déclaration en ligne très simple (pas d’inscription au registre du
commerce). On enregistre tous secteurs confondus, 1200 nouvelles déclarations/j
 une comptabilité simplifiée réduite au maintien d’un registre recettes et dépenses

- Ce qui séduit l’auto-entrepreneur : des avantages économiques


 un paiement des cotisations sociales qui est fonction du chiffre d’affaires
 il établit des factures sans TVA, ce qui lui permet de proposer des tarifs attractifs
à ses clients (cette franchise en base TVA ne vaut que jusqu’à un certain seuil :
82 500 € pour la vente de marchandises et 33 200 € pour la prestation de services)

- Ce qui séduit l’auto-entrepreneur : la liberté


 une liberté laissée à l’auto-entrepreneur : choix des clients, absence de pression
d’un employeur
C) Des avantages liés au statut toutefois encadrés par certains seuils
- Au-delà de 82 500 € pour la vente de marchandises et 33 200 € pour la prestation de
services, le micro-entrepreneur ne bénéficie plus de la franchise en base TVA

- Un plafond de chiffre d’affaires à ne pas dépasser sous peine de basculer dans le régime
de l’entreprise individuelle (avec imposition aux impôts commerciaux, nécessité
d’établir une comptabilité normée avec bilan et compte de résultat) : 170 000 € pour la
vente de marchandises et 70 000 € pour la prestation de service.

2) Le recours à la micro-entreprise dans le champ du sport


A) Un recours à ce statut dans le secteur du sport en nette croissance depuis 2009
- 2014 : 13 897 créations d’entreprises dans le champ du sport (source INSEE) contre
69 23 en 2008

- A titre d’exemple, une enquête de la fédération de tennis menée en 2014, montre que 20 %
des enseignants professionnels exercent exclusivement avec ce statut, et 20 % cumulant
leur activité d’auto-entrepreneur avec le statut de salarié

- question en débat : cette dynamique traduit-elle un réel développement de l’activité


économique dans le champ du sport ou bien s’agit-il d’un « non salariat » par défaut en
période de mauvaise conjoncture économique ?

B) Ce qui peut séduire un club ou société commerciale (par exemple, salle de remise
en forme) faisant appel aux services d’un auto-entrepreneur
- L’établissement est déchargé de toutes les contraintes liées à la fonction employeur :
édition d’un contrat de travail, management du salarié. Il lui suffit de payer des factures

- Le coût d’une prestation peut être moindre que le paiement d’un salaire (avec cotisations
sociales)

- Le lien avec l’auto-entrepreneur étant de nature commerciale et non juridique,


l’établissement peut ne plus faire appel à ses services du jour au lendemain sans
préavis (et sans indemnité de licenciement)

C) Les risques pour l’auto-entrepreneur


- Faute de chiffre d’affaires suffisant, la protection sociale contre certains risques (maladie,
chômage, validation des trimestres pour la retraite) est limitée.

- Ce statut a été imaginé initialement pour permettre à des personnes étant salariées par
ailleurs, de compléter leurs revenus avec une autre activité ou d’expérimenter, de faire
mûrir leur projet de création d’entreprise
D) Le risque de requalification en contrat de travail pour le club ou EAPS faisant
appel aux services d’un auto-entrepreneur
- En cas de relation salariale « déguisée », l’association ou la société commerciale
recourant aux services d’un auto-entrepreneur s’expose à une requalification de la
relation en contrat de travail.

- Le services de l’URSSAF procèdent en cas de contrôle par faisceau d’indices. Le risque


de requalification en contrat de travail est élevé si :
 l’auto-entrepreneur est un ancien salarié de la structure
 si c’est la structure qui organise son travail : fixe ses horaires, son planning,
fournit son public, son matériel, si son nom apparaît dans l’organigramme de
la structure, ou si celle-ci lui donne des directives dans la conduite de ses séances
 les prix sont fixés par la structure faisant appel à « ses services »
 la structure effectue à sa place ses démarches administratives (déclaration
d’activité, établissement de factures etc)
 la structure est le seul établissement avec qui il travaille

V) La réglementation spécifique des piscines et baignades aménagées


A) Une réglementation régie par différents codes
 le code de la santé publique (CSP)
 le code du sport (CS)
 le code général des collectivités territoriales (CGCT)
 le code de la consommation (CC)

B) Le maire exerce son pouvoir de police


 générale : la police municipale a pour objet d'assurer le bon ordre, la sûreté, la
sécurité et la salubrité publiques
 spéciale : art du CGCT : « Le maire exerce la police des baignades ». Cela
signifie qu'il prend un arrêté municipal qui classe une baignade dans l'une des
trois catégories décrites ci-après. En cas de défaillance dans l'exercice de son
pouvoir de police, le préfet peut se substituer à lui après une mise en demeure.

C) Le classement des baignades


- Le Maire classe par arrêté municipal, les baignades, au titre de son pouvoir de police en
trois catégories :

• Les baignades dangereuses, interdites


 lorsqu’elles présentent un danger particulier pour la sécurité des baigneurs en
raison de la qualité de l’eau ou de toute autre raison (fort courant par exemple) :
- le maire doit assurer l’affichage explicite du danger
- pas d’obligation de surveillance
• Les baignades non aménagées, non interdites et non surveillées
 la baignade se fait aux risques et périls des personnes mais le maire doit
l'indiquer par voie d'affichage
 pas d’obligation de surveillance mais le maire doit prévoir un accès pompier et
une borne d’appel d’urgence

• Les baignades aménagées, ouvertes au public, d’accès gratuit ou payant


 la notion d’aménagement s’apprécie au regard d’un faisceau d’indices :
signalétique indiquant un lieu de baignade, présence de parking, de jeux pour
enfants, d’une buvette, d’une plage, de plongeoirs etc. Ces aménagements sont
appréciés par le juge administratif comme des incitations à la baignade
 obligation d’assurer une surveillance
 le Maire définit les périodes, les zones et les horaires de la surveillance. En
dehors de ceux-ci, il ne peut être tenu responsable d’une noyade.
 cependant, la période de surveillance doit prendre en compte l’affluence du public
 le Maire informe le public par une publicité appropriée des conditions dans
lesquelles les baignades et les activités nautiques sont réglementées
 il pourvoit d'urgence à toutes les mesures d'assistance et de secours

D) Les obligations de qualification pour assurer la surveillance et l’enseignement


de la natation dépendent du type d’établissement
1) Piscines ou baignade d’accès gratuit durant les heures d’ouverture au public
 la surveillance des baignades ouvertes gratuitement au public, aménagées et
autorisées doit être assurée par du personnel titulaire d'un diplôme dont les
modalités de délivrance sont définies par arrêté conjoint du ministre de l'intérieur
et du ministre chargé des sports
 les diplômes conférant le titre de maître nageur sauveteur
 le brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique

2) Piscines ou baignade d’accès payant durant les heures d’ouverture au public


 les établissements de baignade d'accès payant sont les établissements d'APS dans
lesquels ces activités font partie de prestations de services offertes en contrepartie
du paiement d'un droit d'accès, qu'il soit ou non spécifique.
 les piscines des centres de remise en forme entrent dans cette catégorie au même
titre que les piscines municipales ou en gestion privée.

 le principe général est que la surveillance de ces établissements est assurée par
des MNS, titulaires de diplômes professionnels (BPJEPS AAN, BEESAN...)
 la surveillance des établissements d’accès payant est garantie, pendant les heures
d'ouverture au public, par des personnels titulaires d'un des diplômes dont les
modalités de délivrance sont définies par arrêté du ministre chargé des sports.
Ces personnels portent le titre de maître nageur sauveteur.
- Les diplômes conférant le titre de MNS (permettant à la fois d’enseigner et de surveiller
les baignades et piscines d’accès payant en autonomie) sont (liste non exhaustive) :
 BEESAN, BPJEPS AAN, BPJEPS AA complété d’un certificat de spécialisation
« sauvetage et sécurité en milieu aquatique »
 Licence pro AGOAPS avec la spécialité « activités aquatiques » et l’unité
d’enseignement « sauvetage et sécurité en milieu aquatique », Licence STAPS
avec mention « entraînement sportif » complétée de l’unité d’enseignement
« sauvetage et sécurité en milieu aquatique »

- Les MNS peuvent toutefois être assistés par des titulaires du BNSSA (Min Int) :
 ces personnels peuvent être assistés de personnes titulaires d'un des diplômes
figurant sur une liste arrêtée par les ministres chargés de la sécurité civile et des
sports.
 BNSSA = le brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique

- Les titulaires du BNSSA peuvent aussi surveiller en autonomie dans ces établissements
en lieu et place des MNS dans un cadre dérogatoire :
 lors de l'accroissement saisonnier des risques [entre Juin et septembre) le préfet
peut autoriser par arrêté, du personnel titulaire du BNSSA à surveiller un
établissement de baignade d'accès payant, lorsque l'exploitant de l'établissement
concerné a préalablement démontré qu'il n'a pu recruter du personnel portant le
titre de maître nageur sauveteur. L'autorisation est délivrée pour une durée qui ne
peut être inférieure à un mois ni supérieure à quatre mois. Elle peut être retirée
à tout moment en cas d'urgence ou d'atteinte à la sécurité des personnes.

3) L’obligation de surveillance en dehors des heures d’ouverture au public (créneaux


utilisés par les clubs)
- Mais attention, le niveau de qualification exigé pour les piscines d'accès payant, ne vaut
que « pendant les heures d'ouverture au public » (art D322-13), ce qui rend parfois
difficile à trancher le cas des piscines dont certains créneaux horaires sont réservés à des
clubs :
 ce ne sont pas des piscines d’accès payant car le ministère ne leur reconnaît pas
ce statut aux créneaux des clubs
 les dispositions des piscines d'accès gratuit ne leur sont pas applicables car
les activités des clubs ne se déroulent pas sur les heures d'ouverture au public.

- Conclusion : c'est le code de la consommation qui s'applique (art L221-1) :


 « les produits et les services doivent dans les conditions normales d'utilisation
(…) présenter la sécurité à laquelle on peut légitimement s'attendre et ne pas
porter atteinte à la santé des personnes ».

- La question de la qualification des surveillants relève de la responsabilité des associations.


Faute de textes réglementaires, il faut raisonner en obligations de moyens et de
compétence et non pas en termes d'obligations. Le recours à une personne au moins
titulaire du BNSSA est donc fortement recommandé.
E) Les piscines privatives à usage collectif
- Définition : 3 types visés par cette catégorie. Il s'agit des piscines d'hôtels, de camping et
de villages-vacances.

- L'avis du Conseil d’État 353-358 rendu le 26 janvier 1993 exonère celles-ci :


 de l'obligation de surveillance. Elles sont toutefois tenues à une obligation de
sécurité au titre de l'article L 221-1 du CC qui dispose que « les produits et les
services doivent dans les conditions normales d'utilisation (…) présenter la
sécurité à laquelle on peut légitimement s'attendre et ne pas porter atteinte à la
santé des personnes ».
En revanche, titre de MNS requis si enseignement d'activités aquatiques
 de l'obligation de souscription d'un contrat d'assurance en responsabilité civile
des personnes admises dans l'établissement pour la pratique d'une activité sportive

- L'arrêté du 14/09/2014 prévoit toutefois un plan de sécurité qui regroupe l'ensemble des
mesures de prévention des accidents et de planification des secours (notamment affichage
des numéros d'urgence et des procédures d'alarme à proximité immédiate du bassin)

- Remarque : obligation de qualification si enseignement d'activités aquatiques contre


rémunération (cf art L212-1 du code du sport)

F) Les grands principes de la surveillance


- Constante (article L 322-7 du CS) :
 un MNS a été condamné pour avoir interrompu la surveillance pour prendre un
café à l'accueil

- Exclusive de toute autre activité :


 condamnation de MNS qui n'exerçaient de fait plus de surveillance pour donner
des leçons particulières

- Vigilante :
 condamnation de bavardages dos au bassin. Le Poss doit par ailleurs intégrer
différents paramètres qui impactent l'attention des surveillants : la gestion des
pauses, le bruit, la chaleur etc

- Active :
 un défaut de mobilité, une surveillance en position fixe peut être retenue contre
l'exploitant s'il y a affluence, ou encore des MNS ont été reconnus défaillants
pour ne pas avoir porter les premiers soins au bord du bassin mais seulement à
l'infirmerie
G) Le POSS (Plan d’Organisation de la Surveillance et des secours)
- Il est établi par l'exploitant de l'établissement de baignade d'accès payant. Il prend place
dans l'organisation générale de la sécurité dans l'établissement. Il regroupe pour un
même établissement l'ensemble des mesures de prévention des accidents liés aux activités
aquatiques, de baignades et de natation et de planification des secours et a pour objectif :
 de prévenir les accidents liés aux dites activités par une surveillance adaptée aux
caractéristiques de l'établissement
 de préciser les procédures d'alarme à l'intérieur de l'établissement et les
procédures d'alerte des services de secours extérieurs
 de préciser les mesures d'urgence définies par l'exploitant en cas de sinistre ou
d'accident.

- Il comprend « un descriptif accompagné d'un plan d'ensemble des installations situant


notamment (...) :
 les zones de surveillance
 les postes de surveillance
 l'emplacement des matériels de recherche, de sauvetage et de secours

 les caractéristiques des bassins et des zones d'évolution du public


 l'identification du matériel de secours disponible pendant les heures d'ouverture
au public
 l'identification des moyens de communication dont dispose l'établissement.
 il comprend également un descriptif du fonctionnement général de l'établissement :
- les horaires d'ouverture au public
- les types de fréquentation et les moments de forte fréquentation prévisibles

- Il fixe le nombre et la qualification des personnes affectées à la surveillance, la FMI


(Fréquence Maximale Instantanée)

- Il doit être connu de tous les personnels permanents ou occasionnels de l'établissement. Il


doit donc être testé avant la haute saison au cours d'un exercice simulant une situation de
noyade.

- En cas d’accident et en l’absence de test, la responsabilité de l’exploitant et des MNS


pourra être recherchée par le juge.

H) Le Poste de secours
- Il est prévu aussi bien pour les piscines que pour les baignades aménagées dans le
code de la santé publique

- Le matériel qu’il doit contenir constitue un modèle de POSS :


 matériel de recherche (pour baignades en milieu naturel) : palmes, masque, tuba...
 matériel de secourisme : 1 brancard rigide, 1 couverture métallisée, des attelles
gonflables ...
 matériel de ranimation : 1 bouteille d'oxygène ...
I) Les spécificités des formations BNSSA et des MNS
- Les MNS et titulaires du BNSSA sont formés aux techniques de sauvetage et de
ranimation. Le passage du PSE1 (Premiers Secours en Équipe) fait en effet partie
intégrante de leur cursus. Celui-ci doit être « recyclé » tous les ans.

- Les MNS et titulaires du BNSSA doivent par ailleurs, passer un « recyclage »


quinquennal de leur diplôme afin de vérifier le maintien de leurs acquis. Pour les MNS,
celui-ci se fait à l’occasion du passage d’une session de CAEPMNS (Certificat d’aptitude
à l’exercice de la profession de MNS) qui a valeur de formation et d’évaluation (avec
épreuves aquatiques). En cas d’échec à une épreuve, ils ne peuvent exercer.

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