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La
qualité des
produits
industriels
Christian MARIA
Professeuragrégédegéniemécanique
Dunod
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@BORDAS,PARIS, 1991
ISBN2-04-018998-X
" Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite
sans le consentement de l'auteur, ou de ses ayants-droit, ou ayants-
cause, est illicite (loi du 11 mars 1957, alinéa 1er de l'article 40).
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et suivants du Code pénal.. La loi du 11 mars 1957 n'autorise, aux
termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, que les copies ou repro-
ductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non des-
tinées à une utilisation collective d'une part, et, d'autre part, que les
analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illus-
tration "
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Chapitre 1
Les concepts
Comprendre le concept de la qualité dans le contexte économique.
Connaître lesprincipes quiguident les actions en qualité.
«Lezérodéfautc'estunvoyage,
cen'estpasunevraiedestination.»
CROSBY
1. Historique et définition
1.1. Historique
L'esprit dela qualité est lié aux entreprises denotre civilisation. Les compa-
gnons bâtisseurs de cathédrales, les peintres de la Renaissance humaniste,
les artisans du Siècle des lumières, n'ont jamais cessé de rechercher, dans
leurs gestes, leurs méthodes, leur savoir-faire, l'excellence deleur travail. Et
si undoutenous assaille, il suffit pourle conjurer depénétrer sous les voûtes
des chapelles toscanes : Masacio y fait sortir les foules des ténèbres. Paolo
Ucello, qui passait ses nuits à résoudre des problèmes de perspective, y
raconte avec unevigueurcandidele choc des escadrons decavalerie. Filippo
Lippi y exagère les courbes, torture la démarche et le geste. Giotto,
l'Angelico, les Gaddi, Léonard, Raphaël, Michel Ange, tous s'y pressent
sous le regard impérieux des prophètes, pour nous indiquer les chemins de
l'avenir. Ils n'ont cessé de rechercher à travers l'excellence de leur produc-
tion, l'esthétique de leur vie. En ces temps où tout passe par la main de
l'homme, se crée unerecherche permanente dela qualité basée surles vertus
du beau, du bien, du vrai. Lanotion de qualité devient synonyme de travail
bien fait ouencore d'excellence.
Larévolution industrielle ne remet pas encause cette acception. Letayloris-
memet essentiellement l'accent sur la productivité. "L'organisation scienti-
fique dutravail" crée la partition des tâches. L'hommequi conçoit s'enferme
dans un bureau d'études qui devient peu à peu une forteresse inexpugnable.
L'homme de la production, mis au service de la machine, devient le princi-
pal responsable dela qualité.
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1.2.4. La non-qualité
Ladisqualité ou non-qualité constitue l'écart entre la qualité visée et la qua-
lité obtenue.
Pourunclient cet écart se traduit par une sous-qualité : le produit ne répond
pas aux attentes de l'utilisateur. Le taux de produits défectueux livrés est
jugé trop important.
Pourunconcepteur ayant engagétrop deprécautions, cet écart se traduit par
unesur-qualité.
Le défaut est la déviation d'une caractéristique. Il est de gravité variable :
défaut d'aspect, vibration, mauvaise maniabilité... Cette notion de gravité
est essentiellement liée àla nature duproduit :
- undéfaut d'aspect estmajeurpourunvêtementouunbijoux ;
-undéfaut demaniabilité estmajeurpourunetronçonneuse.
Le terme anomalie caractérise l'écart par rapport à ce qui est prévu. Un
défauttraduisant unenon-conformité estla cause d'une anomalie.
1.2.5. La valeur
La valeur est le jugement porté par l'utilisateur sur le produit. Elle traduit
un équilibre entre la qualité technique et la qualité économique. L'on diffé-
rencie la valeur d'usage qui traduit la satisfaction d'un besoin, et la valeur
d'estime qui caractérise la considération affective portée au produit. Le
niveau par rapport auquel se réfère le jugement du client est le niveau du
marché. Cejugement résulte d'une observation objective entre le service
rendu et le prix àengager.
La valeur est une grandeur qui croît lorsque la satisfaction du besoin de
l'utilisateur augmente ou que le coût duproduit diminue. Le schémasuivant
résumele type derelation entre la qualité et la valeur (fig. 1.2).
2. Les objectifs
Lesprincipes dela qualité furent développés et enseignés dans les industries
nippones, dès le début des années 1950, par des professeurs américains tels
queDeminget Juran. L'entité "entreprise" se trouve confrontée àtrois exi-
gences :
- l'exigence du client qui désire trouver sa satisfaction dans le produit ache-
té ou le service rendu. Cela correspond le plus souvent au rapport qualité-
prixjugé satisfaisant surle marché. C'est la qualité duproduit ;
- l'exigence des salariés qui désirent trouver un revenu financier et un enri-
chissement personneldans le travail. Elle concourt àla qualité de /' entrepri-
se ;
- l'exigence dela communautéqui désire quel'intérêt général soit respecté :
protection de l'environnement, mécénat sportif ou artistique. C'est la parti-
cipation del'entreprise àla qualité de la vie.
Les objectifs afférents àces trois axes constituent le support d'une politique
de la qualité.
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Le clientfinal n'est pas toujours connu de tous. Dans les grands projets le
client n'est pas l'utilisateur. Les filtres sont parfois nombreux.
Mais il existe toujours un client direct. Et chaque service, chaque individu
doit prendre en compte son ou ses clients directs. Un client direct doit satis-
fait au même titre qu'un client final. Pour le bureau d'études le service de
fabrication qui désire recevoir un dossier complet est un client direct. Pour
un service maintenance qui doit assurer le maintien en état de fonctionne-
mentdes moyens deproduction, le service deproduction est unclient direct.
Le slogan "La qualité est l'affaire de tous" prend pleinement son sens dans
la responsabilisation à travers le respect du client direct. Tout se passe
commesi, enpassant commande,le client donnait procuration de son besoin
d'être satisfait àtous les membresdel'entreprise.
Le schéma dela figure 1.6 illustre le conceptduclient direct : dans le systè-
me entreprise chaque service considère les autres services comme des
clients. Chaque groupe ou chaque individu considère les autres groupes ou
les autres individus commedes clients (fig. 1.6).
2.3. Améliorer sans cesse
Le niveau de qualité se mesure par un critère : un nombre mensuel de
rebuts, unnombre de défauts par unité de surface, untemps, un kilométrage
parcouru. Le suivi régulier d'un critère permet :
- desituer le niveau dans le temps ;
- de vérifier si les actions engagées ont conduit à une réelle amélioration
de ceniveau.
Les figures suivantes présentent un graphique de suivi de la qualité dans le
temps.
La figure 1.7 donne le résultat d'un groupe d'intervention d'urgence qui
ramène le niveau de qualité au niveau moyen obtenu dans le temps. Ce
groupe "pompier" réagit à une brusque détérioration dont l'origine est une
2.5 Récapitulatif
3. La mesure
Lamesure estl'acte fondamental dela qualité.
3.1. Les différents niveaux de mesure
Laqualité se mesure auniveau :
- duclient ;
- duproduit ouduservice ;
- duprocessus.
Chaque niveau est assorti d'indicateurs spécifiques. Les trois niveaux sont
complémentaires pourl'obtention dela qualité fmale.
Auniveau du client la mesure de la qualité s'effectue à l'aide d'indices de
satisfaction ou de taux de réponses favorables. Les questionnaires fermés
(oui, non, plutôt mieux...) sont les plus utilisés. Leur intérêt est de pouvoir
décelerl'évolution globale dela qualité.
Au niveau du produit les indicateurs qualité sont établis à partir de réfé-
rences contractuelles oudecaractéristiques à atteindre :indicateur de dys-
fonctionnement, tauxderetour enclientèle, indice dedémérite...
Auniveau du processus on mesure un taux de rebut : dans un îlot de pro-
duction, sur une presse à filer, dans un service de facturation. Onmesure le
dysfonctionnement du processus, ou du procédé, par le niveau des défauts,
despannes, des erreurs, des retouches.
3.2. Caractéristiques de la mesure
L'indicateur de qualité se différencie de l'indicateur de productivité. L'indi-
cateur de productivité indique le niveau de performance du processus par
rapport autemps. L'indicateurqualité fournitl'écart par rapport àl'excellen-
ce. Quelquesexemples :
indicateur de production indicateur de qualite
nombre de pièces/heure nombre de pièces rebutées
pourcent pièces produites
nombre de factures taux de factures erronées
traitées dans le mois
Ces indicateurs se traduisent souvent par un taux : sur 1000 ébauches mises
en production on compte 8pièces à rebuter.
Letaux derebut sera de : 8/ 1000=0,008
ouencore enpourcentage : 0,8 %
ou encore enppm(partie par million) : 8000ppm
0,8 %est perçu commepetit, alors que 8000ppmest perçu commegrand.
Lorsque la mesure de la qualité traduit un dysfonctionnement il y atoujours
intérêt à ce que le nombre représentatif soit supérieur à dix. L'effet psycho-
logique produit le fera alors ressentir comme grand. Le nombre utilisé est
supérieur aux dix doigts de la main. Et la motivation pour chercher à le
rabaissern'en sera queplus grande.
Unindicateur de qualité doit être :
- simple ;
- pertinent : il doit décrire complètementle phénomène analysé ;
- fiable ;
- auditable :untiers doit pouvoir s'assurer dela validité dela méthodeuti-
lisée.
Il est dit :
- élémentaire s'il netraduit qu'un effet ;
- agrégataire s'il intègre un ensemble d'effets. C'est souvent le cas des
contrôles de fonctionnalité enfin deligne deproduction ;
- critique s'il se situe àune étape fondamentale duprocessus dans laquelle
toute erreur est fatale pourle produit.
Conformément au principe de la perfection la mesure doit être ressentie
comme un moyen d'amélioration et non comme unjugement. Les mesures
doivent être pratiquées par les personnes qui ont la responsabilité de la pro-
duction oupar des personnes qui travaillent enéquipe avec elles. Lamesure
dela qualité constitue unoutil précieux pourpiloter le système vers l'excel-
lence.
. le tableau de bord d'un service contient les indicateurs qualité relatifs aux
activités duservice ;
. le tableau de bord du service qualité regroupe tous les indices qualité de
l'entreprise ;
. le tableau de bord de la direction ne retient que les indices globaux néces-
saires aupilotage del'entreprise et àdéfinition dela politique de la qualité.
Les informations intéressant un service sont souvent regroupées sous forme
degraphique et affichées àla vue detous.
Chaqueligne de production possède les informations qualité qui renseignent
le personnel sur :
- le niveau atteint durantles derniersjours deproduction ;
- le niveau moyende qualité, sur l'année ou sur le mois ;
- le niveau objectiffixé par le plan d'amélioration en cours ;
- l'état d'avancement du projet d'amélioration, les résultats de certains
cercles dequalité, les objectifs àlong terme.
Ces informations aident la prise en compte des problèmes de qualité par
l'ensemble du personnel. Elles constituent un soutien efficace à la réussite
d'un plan d'amélioration. Le synoptique suivant résume la structure d'un
tableau debord (fig. 1.10).
3.4. Application
Le synoptique suivant présente une ligne de production de bidons en alumi-
nium (fig. 1.11).
L'investissement dans la qualité des hommes, regroupe toutes les actions qui
concourent à ce que l'homme s'épanouisse au sein de l'entreprise. Notons
(voir chapitre 4) :
Letravail de groupe, l'auto-contrôle, la formation, la
motivation, l'information, les cercles de qualité, la déonto-
logie professionnelle, la culture d'entreprise.
La panoplie des outils est ouverte. Certaines entreprises utilisent des gou-
rous catalyseurs d'énergie. Denombreux psychologues cherchent à y intro-
duire leurs méthodes. Cet axe s'ouvre facilement sur des divagations qui
n'ont aucunlien deparenté avecla recherche dela qualité.
4.4. Les plans
Les trois axes associés deux à deux permettent de définir trois plans. Leur
analyse peut pennettre de situer le type d'investissement en qualité que l'on
doit effectuer.
Leplan de la qualité de l'entreprise
Il est défini entre les axes d'amélioration et d'assurance qualité. La qualité
del'entreprise se construit àtravers la qualité de ses hommes et la qualité de
sesméthodes.
Uninvestissement dans la qualité del'organisation ou (et) dans la qualité du
potentiel humainconduira àrenforcerla qualité del'entreprise.
Leplan de la qualité desproduits
Il est défini entre l'axe de garantie de qualité des produits et l'axe d'amélio-
ration de la qualité. Un investissement sur l'un des deux axes (ou sur les
deux) conduira àaméliorerla qualité duproduit.
Leplan de la garantie de la qualité
Il est compris entre l'axe garantie de qualité des produits et l'axe assurance
qualité. Un investissement sur ces axes conduira à diminuer les risques
(défaillance d'un moteur d'avion, fissure de réacteur nucléaire, rupture de
digue...). Il augmentele niveau deconfiance.
L'investissement enqualité peut donc s'effectuer selon trois directions. Elles
sont complémentaires. Mais chaque entreprise, en fonction de ses produits,
dupersonnel et du degré detechnicité investira différemment sur chacun de
ces axes.
L'état global de la qualité d'une entreprise peut se représenter de façon très
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flexion des arbres. C'est ainsi que l'encombrement des réducteurs, pour des
caractéristiques mécaniques équivalentes, a été encinquante années notable-
mentdiminué. Lafigure 1.20 donneune image de cette évolution.
L'évolution des paliers de roues de voitures automobiles est significatif des
tendances de la conception de grande série. Les paliers furent réalisés
jusqu'aux années 1980parle montage dedeux roulements àcontact oblique
serrés sur les bagues extérieures. Ledessin dela figure 1.21 présente ce type
de montage. Lejeu interne, de 0à 0,05 , est réglé aumontage par serrage de
l'écrou axial. Cette solution offre l'avantage de pouvoir recourir à des élé-
ments standards.
Figure 1.23. Hub Unit 2 (©La Revue Figure 1.24.Hub Unit3 (@LaRevue
des roulements n° 217, SKFSA). des roulements n° 217, SKFSA).
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6. Les coûts
6.1. Le coût des produits
D'après la NFX50 152 :"La notion de coûtcouvre les charges oudépenses
supportées par un intervenant économique par suite de la production ou de
l'utilisation d'un produit ou de l'ensemble des deux." La marge nette est
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