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« Vous vous plaignez avec raison, Monsieur, du badinage perpétuel des faiseurs
d’esprit, et de la loquacité des auteurs d’aujourd’hui, qui écrivent d’un ton de grand seigneur
sans avoir d’autre bon goût que de disserter sur le bon goût. Mais, à mon avis, c’est là
l’euthanasie de la fausse philosophie, qui expire en fadaises, et c’est bien pis lorsqu’elle est
portée au tombeau dans des rêveries profondes et fausses, avec la pompe d’une méthode solide.
Avant que la vraie philosophie ne revive, il est nécessaire que l’ancienne se détruise elle-même,
et de même que la putréfaction est la dissolution la plus accomplie, qui se produit toujours
préalablement quand doit commencer une nouvelle création, ainsi la crise du savoir, en une
époque comme la nôtre où il ne manque pourtant pas de bonnes têtes, me donne le meilleur
espoir que la grande révolution des sciences, si longtemps souhaitée, n’est plus très éloignée. »
Kant, Lettre à Lambert, 31 décembre 1765.
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Exemplier cours Agrégation Kant (5 premières séances)
Citations hors Critiques
ENS 2022-2023
« Pour qu’une représentation soit une connaissance (par où j’entends toujours ici une
connaissance théorique), il faut que le concept et l’intuition d’un objet soient liés dans cette
même représentation, de telle sorte que le premier soit représenté selon la manière dont il
contient sous lui la seconde. »
Kant, Les Progrès de la métaphysique, Paris, Flammarion, 2013, Ak X 273-274, p. 99.
« Les idées sensitives dépendent du détail des figures et mouvements et les expriment
exactement, quoique nous ne puissions pas y démêler ce détail dans la confusion d’une trop
grande multitude et petitesse des actions mécaniques, qui frappent nos sens. Cependant, si nous
étions parvenus à la constitution interne de quelques corps, nous verrions aussi quand ils
devraient avoir ces qualités, qui seraient réduites elles-mêmes à leurs raisons intelligibles ».
Leibniz, Nouveaux Essais sur l’entendement humain, IV, 6, §7.
« Un totum syntheticum est celui dont la composition se fonde quant à sa possibilité sur
les parties, qui se laissent encore penser sans aucune composition. Un totum analyticum est
celui dont les parties quant à leur possibilité présupposent déjà la composition dans le tout.
L’espace et le temps sont des tota analytica ».
Kant, Réflexion 3789, Ak XVII 293.
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« C’est seulement en tant qu’il se fonde sur une telle ipséité temporelle que l’être fini
peut être ce qu’il doit être, un être soumis à la réceptivité. »
Heidegger, Kant Buch, p. 157 et p. 244.
« Cette œuvre, qui exerce sans cesse l’intelligence du lecteur, même si elle ne l’instruit
pas toujours, qui souvent fatigue l’attention jusqu’à l’épuisement, qui parfois lui vient en aide
au moyen d’images heureuses ou l’en récompense par des conclusions inattendues et d’intérêt
général, est un système de l’idéalisme supérieur ou, comme le définit l’auteur, de l’idéalisme
transcendantal, qui embrasse de la même manière l’esprit et la matière, qui transforme le monde
et nous-mêmes en représentations et fait ainsi surgir tous les objets des phénomènes. »
Recension Feder-Garve.
« Il nous est donné des choses, en tant qu’objets de nos sens situés hors de nous, mais,
de ce qu’elles peuvent bien être en soi, nous ne savons rien, nous ne connaissons que leurs
phénomènes, c’est-à-dire les représentations qu’elles produisent en nous en affectant nos sens.»
Kant, Prolégomènes, Remarque II du §13
« La preuve que l’espace est une condition subjective, c’est que les propositions portant
sur lui sont synthétiques et que des objets peuvent ainsi être connus a priori. Ce serait impossible
si l’espace n’était pas une condition subjective de la représentation de ces objets »
Réflexion 4673, Ak XVII 645.
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Citations hors Critiques
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concept et d’en passer par l’intuition empirique ou pure. Or des jugements synthétiques a priori
impliquent une intuition pure ; mais l’intuition pure n’est possible que comme forme de notre
sensibilité »
Réflexion 5927, Ak XVIII 388-389.
« Le biangle est logiquement possible ; s’il est impossible, c’est dans l’intuition de
l’espace, telle que nous l’avons. Pour être logiquement possible, le décaèdre est néanmoins
inconstructible. Si le jugement « tout trilatère a trois angles » est synthétique, c’est parce qu’il
n’est pas une vérité logique, parce qu’il n’y aurait aucune contradiction à ce qu’un trilatère n’en
eût que deux et qu’il n’y a que par sa construction dans l’intuition pure que je vois qu’il ne peut
être construit que si je construis trois angles. La thèse kantienne du caractère synthétique des
mathématiques signifie que l’objet des mathématiques est limité à ce qui peut être construit,
que les concepts mathématiques ne peuvent être connus par l’entendement seul parce qu’ils
n’en procèdent pas. Que les mathématiques ne sont pas une promotion de la logique et que les
axiomes ne peuvent être démontrés par les seuls principes d’identité et de non contradiction,
c’est ce qui donne raison à Kant contre Leibniz. Kant a découvert l’autonomie de la
connaissance mathématique, son indépendance à l’égard de l’expérience comme par rapport à
la logique ; il la défend, à bon droit, contre les usurpations de la logique formelle. »
F.-X. Chenet, L’assise de l’ontologie critique, p. 171-172.
« C’est dans la forme que consiste l’essence de la chose (forma dat esse rei, disait-on
chez les scolastiques), en tant que cette essence doit être connue par la raison. Si cette chose est
un objet des sens, la forme des choses (comme phénomènes) est dans l’intuition, et même la
mathématique pure n’est rien d’autre qu’une doctrine des formes de l’intuition pure ; de même
que la métaphysique, comme philosophie pure, fonde avant tout sa connaissance sur les formes
de la pensée sous lesquelles ensuite tout objet (matière de la connaissance) doit être subsumé ».
Kant, Sur un ton supérieur nouvellement pris en philosophie, Ak VIII 404, p. 414.
« Tous nos jugements commencent par être de simples jugements de perception ; ils
valent uniquement pour nous, c’est-à-dire pour notre subjectivité, et ce n’est qu’ensuite que
nous leur procurons une nouvelle relation, la relation à un objet, et que nous voulons qu’ils
soient également valables pour nous toujours et de même pour chacun ; car lorsqu’un jugement
s’accorde à un objet, il faut que tous les jugements sur le même objet s’accordent également
entre eux, et la validité objective du jugement d’expérience ne veut rien dire d’autre que sa
nécessaire validité universelle. »
Kant, Prolégomènes, §18.