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Les modalités propres de chaque art dans leur puissance imitative : peinture et
sculpture =/= même imitation que la poésie ou la musique (4 saisons de Vivaldi par
exemple. Equivalence sonore du jaillissement des flamme chez ? imitation de la chose
ou bien imiter les idées de la chose)
Pas de concept de création exemple nihilo n ide concept d’art comme tel. Terme de
tekhne = toute forme de production technique requérant un savoir-faire.
Sur les conditions de possibilité de la production mimétique en Grèce antique : cf.
J.C. Bailly, Le chant mimétique. Pijaud, L’art et le vivant : un des enjeux fonda de
l’art grec : imiter le vivant, procède d’un mouvement fonda du vivant, le désir.
Imitation et désir : cf. récit de l’origine de la peinture chez Pline.
Pline l’Ancien. 1er siècle. Livre 35 de son Histoire naturelle : lie deux sortes d’histoire
matérialiste de la peinture. Recherche de dignité des œuvres d’art… §15. Récit de la
naissance paradoxale de la peinture à partir du simple tracé d’une ombre. « La
question des origines de la peinture est obscure… » L’origine de la peinture est
doublement obscure : car est à la fois incertaine du point de vue de l’exactitude
historique mais dans cette incertitude on accorde que procède du tracé du contour
d’une ombre. Le geste artistique comme secondarisé car il ne s’agit que de suivre, fixé
le contour d’une image déjà produite par la nature. Avec l’ombre circonscrite la
peinture = d’emblée une platitude = enregistrement du volume d’un corps à une
superficie. Toute la peinture illusionniste grecque (cf. PLINE mais voir aussi au 17 e
18e : idéal de représentation de la belle peinture) d’abord puis les innovations
picturales de la renaissance = lié à une volonté d’affranchisse la peinture des limites
de sa bi-dimentionialité, autant de solutions picturales apportées à la difficulté de la
définition de la peinture comme imitation : comment peut-on rendre la profondeur et
le relief du réel sur une surface. Léonard de Vinci, Traité de la peinture = c'est le 1 er
problème. Trouer la peinture, lui donner une profondeur vs. un certain art chrétien
sans ombre au MA qui neutralise la matérialité des corps. Cette bidimensionalité =
longtemps considérée comme limite de la nature puis au 20 e revendiqué comme
spécificité de la peinture, cf. Greenberg, 1940, « Towards a newer Laocoon » Lessing
vs Pollock Avant-garde picturale = reconnaissance de l’irréductibilité de son
médium : sa flatness, sa planéité (plat). La peinture moderniste = remonte à toute
visée illusionniste pour assumer sa qualité de superficie plate et s’émanciper de
modèle à imiter et notamment de sources littéraires.
Pline : récit romancé de l’origine du modelage, origine de l’image figurative. §51 : la
jeune fille de Corinthe qui fixe l’ombre de son amant avant qu’il ne parte. Récit de
l’origine dessinée de la peinture ou origine commune de la peinture et de la sculpture
dans le dessin. 1/ ce n'est pas le potier lui même qui a cette initiative, c'est sa fille,
poussée par un désir amoureux pour préserver qqch de son amant (part-il à la
guerre ?), l’origine de la représentation figurée : pas dans le geste d’un artisan mais
d’une jeune femme amoureuse. L’ombre De Vlanyck. Garder qqch de l’autre pour se
rappeler de la présence de l’autre. Image = trace d’une présence passée qui est aussi le
substitut d’une présence réelle. L’image est d’emblée livrée comme artefact mémoriel
qui rend présente l’absence, comme plus tard la photo. Livre 2, De pictura, Alberti :
« le peinture a une forme divine qui permet de rendre présents ceux qui sont absents et
de montrer plusieurs siècles après les morts aux vivants ». La représentation figurée
d’une chose = forme particulière par l’anticipation d’un désir de présence. L’image
tente de conjurer l’absence.
Le portrait cherchera a atteindre la singularité et l’essence d’un individu : Pascal « un
portrait porte absence et présence, plaisir et déplaisir ». Le mimétisme produit un effet
de présence. Le portrait : Entre ressemblance et exclusivité. Le portrait c'est pourquoi
il est lié au rituel funéraire. Bailly, Les portraits du…
Ajout du relief par le modelage. Le moulage que fait le père à partir du dessin de sa
fille devait ressemblait à une médaille. On peut y voir une version tronquée des statuts
rituelles de la Grèce antique, Kolossos, cf. Vernant, « Figuration de l’invisible ».
L’opération de la délinéation est la plus archaïque , encore plus que celle de coloriage
monochrome. Affirmation du caractère essentielle de la ligne et du dessin. Le
coloriage plus ornemental. La ligne = charge de déterminer la forme. La ligne du
dessin est comme le muthos qui est le principe, comme l’âme de la tragédie, Chapitre
6, Poétique : « c'est presque comme en peinture… » 1450a38. Le surcroît de charme
du désir = le plaisir pris à l’imitation = désir de reconnaissance de la forme de la
chose qui peut surmonter le déplaisir qui serait ressenti à la vue de la chose réelle.
Aristote : Tragédie : dessin = récit (couleur : tout ce qui est autre que le fil du
muthos).
Délimitation de l’ombre comme origine de la peinture. Art de la ligne originaire =/=
asservissement à un horizon mimétique. Car la ligne devient qqch qui n’est pas que le
réceptacle d’autre chose, elle peut devenir un chef d’œuvre a part entière et
s’émanciper de la ressemblance. Cf. L’art de la ligne : §81-83. Un contraste en la
ténuité extrême, la plus grande possible, des lignes et leur double amplitude inverse
car considérées comme sommet de l’art et en même temps occupe toute l’attention
des spectateurs au détriment des autres chefs d’œuvre en présence. Le sommet de l’art
ici : se donne comme prouesse technique, exercice de pure virtuosité qui ne relève pas
de la conformité mimétique vs. voile de Parisos par exemple. Effleurement minimale,
comme caresse =/= surcroît de travail pour une imitation parfaite = enregistrement
minimal du mouvement, la trace à peine visible, qui flirt avec l’invisible. Cf. Pont et
ligne sur plan, Kandinsky : « La ligne géométrique est un être invisible, elle est la
trace du point en mouvement, donc son produit, elle est née du mouvement, et en cela
par l’anéantissement de l’immobilité suprême du point ». Quand le point sort de ses
limites, qu’il est animé d’une direction, alors il est lignes et toutes les autres formes
peuvent être créées.
La jeune fille : son acte est moins un dessin a proprement parler qu’un décalque de
l’ombre déjà produire par la lanterne. Ombre, reflet, empreinte. L’ombre là a qqch de
mobile surtout la nuit quand la lumière provient d’une flamme : un vacillement qui
rend l’ombre non figée. Dessiner sur une ligne déjà figurée par l’ombre. L’origine
pour Pline du portrait de l’ombre = aussi origine de tous les portraits de profil ? car les
portraits de face, plus la tradition qu’on trouve dans l’origine de la peinture comme
reflet. Alberti : penser l’origine de la peinture, Traité de la peinture, livre 6 : « la
peinture est elle autre chose que d’embrasser ainsi la surface d’une fontaine » (cf.
Zola, La fortune des Rougon, Miette et Sylvère qui se rencontrent dans le puits). Avec
l’ombre, la peinture naît d’un désir, un désir de l’autre ; et avec le reflet : un désir du
même. Ombre et reflet : 2 images naturelles fuyantes que l’artifice tente de fixer.
L’ombre encore plus minimale car monochromatique : faut créer de la beauté à partir
de l’ombre 1ere qui n’a rien de beau en elle-même. Pouvoir de fascination , capture
du désir, qui fera l’objet de la critique platonicienne de la peinture et des poètes.
La critique platonicienne de l’imitation artistique. On réfléchira aux conditions d’une
bonne et d’une mauvaise imitation. Ne pas d’emblée trop caricaturer la position
platonicienne. Na pas trop vite exclure les poètes de la cité comme on le trouve dans
la République, X, 607b : une exclusion rendue nécessaire par l’argument, c'est une
exclusion théorique, abstraite qui découle de la déf de la cité juste. Pour ne pas être
accusé de rigidité ajoute t il : la poésie peut plaider sa cause pour justifier sa présence
alors elle sera accueillie avec joie. Ce ne sont pas tous les poètes qui sont visés mais
les dramaturges tragiques comme Homère. III, 192c etc : narration simple (style
indirect, instance narrative indépendante des perso et on entend bien du coup le poète
comme narrateur) =/= mimésis, narration par imitation : l’auteur dissimule sa voix
derrière ses personnages. Platon signale le danger d’une narration par imitation qui
agit de manière beaucoup plus puissante sur l’âme que la narration simple. L’éloge de
la narration simple se fait en raison du type de distance qu’elle peut instaurer par
rapport à l’histoire et donc aux passions mises en jeu dans cette histoire. L’imitation
mimésis = fusion = contamination passionnelle d’autant plus dangereuse car
irrésistible.
Le problème exact de la poésie : les poètes tragiques s’adressent aux citoyens de la
cité en prétendant les éduquer. C'est cette prétention qui va commander le procès
politique qui sera fait à la poésie car pr éduquer faut ne unification de l’âme. Pas de
modèle e de vertu chez les poètes tragiques = suscite des passions = dimension de
pathétique généralisé qui est critiqué par Platon : des effets avant tout affectifs par des
situations pitoyables qui suscitent le chagrin et on prend plaisir à la lamentation du
personnage qui subit les Dieux. A l’inverse pour Platon, chacun est responsable de
son choix de vie 117e : le dieu n’est pas responsable. Homère se complet à la
figuration de personnage qui souffre car sont dépossédés d’eux-mêmes : une relation
homologique entre la situation des persos et celle des poètes : Dans Ion, les poètes pas
de présence propre, ne possède rien en propres, il revendique d’être possédé par les
muses, d’être dépossédé au moment même où ils agissent. 563c ? Inspiration =
dépossession fondamentale de soi, de sa raison. Ça explique en retour la dépossession
de leurs personnages qui laissent alors libre cours à leur passion vs. modèle de raison
et de vertu. Les mauvais rapsodes. En nous présentant les souffrances des perso, la
tragédie en vient à instituer en nous l’habitude de nous laisser aller à nos affects et on
va jusqu’à prendre plaisir à être triste ce qui est étrange. République, 10, 605d (cf.
EPI). Faut plutôt soumettre ses affects à la raison quand on est réellement affecté par
un malheur, c'est ce qu’il faut faire : rester calme, conserver une forme de rationalité.
La comédie de ce point de vue est plus efficace. Elle est critiquée car conduit à céder
aux plaisirs mais au moins cherche à nous faire rire des vices, ce qi permet d’instaurer
une distance avec eux. La tragédie = vecteur de la contagion des passions =} trouble
de l’âme. Extension exagérée de l’epitumia qui doit être contenu par le logos au
moyen du thumos. Donc complaisance favorisée. La poésie ne forme pas mais
déforme l’âme. Les poètes comme les peintres sont des imitateurs…etc. Produisent
des copies de copies, des fantômes. Les poètes prétendent pouvoir imiter tout même
les autres hommes, même les menuisiers, etc. : c'est là l’objet propre de l’imitation
tragique : la représentation d’hommes vivants en action. Pour prétendre bien imiter
toutes les actions, il faut les connaître, faut une connaissance universelle de ttes les
occupations et motivations humaines, un savoir qui ne peut être qu’un leurre. D’où
Socrate à Homère en 699d : mais cher Homère… Constat de l’ignorance d’Homère,
son savoir n’a produit aucun effet. Homère ne peut tromper avec ses poèmes que ceux
qui ne connaissent rien aux affaires humaines. Nuit à la détermination idéelle de la
cité juste, affaiblissement de la raison. Il y a peut-être une possibilité d’être poète mais
quand on a le savoir de ce que c'est que la vie bonne.
Le statut particulier de l’imitation chez Platon. Sophiste, 233d-236b : le sophiste :
celui qui est capable de produire toute chose à l’aide d’une unique technique : il
produit les êtres humains, vivants, la terre, le ciel, etc. il dépasse même le pouvoir de
l’homme dans la République qui se trimballe avec un miroir. Cette technique unique
c'est l’imitation. Platon cherche alors à déterminer les articulations naturelles de l’art
d’imiter qui englobe toutes les formes de production des images. Mimésis aekastike,
copie de la chose qui respecte les proportions et couleurs du modelés =/= Mimésis
fantastiké = copie de l’apparence de la chose, déformation des proportions et
transformations des couleurs en fonction du point de vue depuis lequel la copie sera
perçue. Imitation de l’apparence = exemple du peintre ou sculpteur monumental :
« car s’il reproduisait… » Une imitation qui représente les choses en intégrant l’effet
optique de distorsion produite par l’éloignement et l’angle de vue de celui qui regarde.
Elle intègre le point de vue de la perception sensible à sa propre opération = une
forme de confusion s’installe entre le modèle et le spectateur sensible. L’image
produite ne ressemble pas à son modèle ne vertu de ses proportions propres =
altérations pour qu’apparaisse comme belle. 633b-c. Panovski : deux sculpteurs grecs
qui devaient faire une statue d’Athéna. L’un respecte les proportions, l’autre non pour
créer une belle apparence. Le prix à payer : la destruction de la proportion de la chose.
La mimésis de l’apparence = engendre des simulacres qui ont l’apparence d’une copie
sans y être semblable = une mauvaise copie d’une copie. Platon distinguerait entre
une imitation savante (se fonde sur la chose telle qu’elle est) et une imitation doxo
mimétique (se fonde sur les conditions de perceptions sensibles, inscription dans le
devenir , dégradation du modèle, mimésis asservit à la position du spectateur, fait du
point de vue du spectateur la norme de l’activité mimétique en lieu et place de la
fidélité au modèle = objet déformé pour conformité à l’attente d’une vision plaisante
de l’objet depuis un point de vue déterminé. C'est l’homme qui devient alors la
mesure de toute chose. Platon décrit ici sous une forme outrée ce que deviendront les
anamorphoses à l’âge classique, aberrations géométriquement réglées… toute
puissance de la raison à introduire de l’ordre dans le désordre.
Contre modèle de perception totale, vue de tous les aspects de l’objet à la fois,
perception défaite de tout point de vue. La perception : toujours ce qui relève du point
de vue individuel, point de vue changeant =/= critère du vrai. Capacité rationnelle de
compter, peser, mesurer = opérations intellectuelles qui rendent possible une saisie
objective du réel car en viennent à soustraire l’âme à la particularité toujours
changeante du point de vue. La philosophie doit permettre de considérer la réalité de
manière départicularisée, d’une manière qui surmonterai le caractère partiel de la
perception sensible pour une vue objective : un point de vue à la fois totale et de nulle
part, paradoxale, qui est le point de vue de la raison.
Effet de tromperie picturale. Illusionnisme pictural. Cf. Pline. La perfection se mesure
au degré de tromperie, aux effets de tromperie produits.
Imitation fantastique Plaisir illusionniste qui flatte la partie irrationnelle de l’âme pour
Platon. Passage qu’Aristote critiquera !
Puissance du faux critiquée par Platon. On a affaire à qqch qui n’est pas radicalement
identifié au non être mais ne relève pas non plus de l’être : un genre d’être insolite qui
entrelace le non être et l’être.
La copie chez Platon : opération qui consiste en un transfert direct de certaines
propriétés de la chose, notamment les proportions du modèle. Rapport des parties
entre elles et des parties à l’égard du tout : détermination d’une unité de mesure. La
summetria mathématiques fait la beauté, elle cause la beauté dans les choses
sensibles. La copie : d’abord une imitation de rapport. Pas identique au modèle
ontologiquement mais conserve ses rapports entre les parties et le tout, l’ordre.
Articulation du respect de la disposition formelle au respect des couleurs qui relèvent
davantage du sensible. On respecte les formes et les couleurs. Il ne faut pas
d’altération en vue d’adaptation à la vue du spectateur. Pas d’usage contrasté des
couleurs, pas de jeu des contrastes des couleurs (peinture d’ombre : de l’ombre pour
faire ressortir la forme et la couleur pour imiter l’impression de réalité, contre ça
Platon évoquera parmi les plaisirs purs : qui ne procède pas d’un manque et pas mêlé
de douleur : les plaisirs de couleurs et les plaisirs de belles figures, beau parfum, beau
son, modalités de plaisirs purs). Bons exemples de copies : canon de Polyclète :
incarnation de la summetria. « La beauté ne réside pas dans les éléments mais dans
l’harmonieuse relation entre les parties. » Cf. Platon et l’art de son temps.
Modèle de la bonne copie du modèle possible chez Platon ? Cf. La figure originaire
de toute imitation chez Platon : une imitation qui produit le modèle même de ce qu’est
une imitation : la formation du monde dans le Timée. Faut un dieu plus primitif
encore que les dieux : un démiurge : celui qui va incarner la causalité paradigmatique
de l’intelligible : prend modèle sur les intelligibles purs par lié au devenir, il produit à
partir de 3 choses : le modèle intelligible à imiter, un matériau à informer et chôra,
pure réceptivité, réceptacle informe qui rend possible toute inscription mimétique.
Imitation qui produit le modèle de tout acte d’imitation antérieur. C'est le modèle de
l’imitation du modèle. Amphibologie du concept d’imitation chez Platon selon qu’il
s’applique au dieu ou aux hommes. La copie parfaite = une technique divine, il y a
qqch d’incommensurable avec la copie humaine. Sophiste, 265c : technique divine et
ce que les hommes combinent eux-mêmes c'est une copie humaine. Le dieu : c'est la
forme elle-même qu’il produit et donc du même coup la ressemblance et les hommes
ne peuvent qu’imiter la ressemblance. Toute imitation humaine = limitation du réel,
des formes, aux dimensions de l’homme. Tout l’enjeu = respecter les proportions
autant que possible et ne pas faire passer frauduleusement la copie pour le modèle. La
mimésis même accomplie doit accuser irréductiblement en elle une forme de
dissemblance au sein de la ressemblance sinon n’est pas l’image de la chose mais la
chose elle-même. Cratyle, 432 b : rectitude des mots procède aussi de leur capacité
imitative + « Pas besoin absolument de reproduire totalement ce qu’on représente si
on veut que ce soit une image ». cf. 414c. Le langage pour remontrer vers l’origine,
vers les modèles.
Possibilité de l’imitation de la vérité pas réductible à l’imitation de la semblance.
L’art de la copie qui ne se dissimule pas comme art, ne cache pas la différence : art
qui permet de ressaisir à travers la copie qqch du modèle / Une forme de positivité
attribuée par Platon à ces œuvres d’art qui invite à remonter de l’apparence sensible à
la forme intelligible qui sont représentation analogique vs. usurpation dans la copie de
la copie. Philèbe : une esthétique abstraite ? Œuvres belles, pourraient ne plus
s’embarrasser des choses sensibles pour imiter les intelligibles ? 51c-d.
Critère de la bonne imitation et cause de la beauté = le respect de la summetria. Cf. le
Timée, 28a. La beauté ne peut pas être réduite à une simple technique de la
fantastiquée ou belle apparence, c'est la forme par laquelle se rend le plus
immédiatement sensible l’intelligible. Cf. L’ascension érotique du Banquet.
Hippias majeur : 5 définitions du beau : la convenance, l’utile, l’utile et le bien, le
plaisir de la vue et de l’ouïe, le plaisir avantageux de la vue et de l’ouïe. Convenance /
avantageux / plaisir sensible : un triptyque. Impossible de capture le bien mais on peut
l’appréhender à partir de la triple forme : beauté, proportion et vérité. Le bien comme
bon mélange ? Le bien = beau car proportionné. Philèbe, 64c. Le beau pas la même
chose que le bien c'est une forme par laquelle le bien se dévoile. Juste rapport des
éléments par quoi ils ne vont plus être qu’un amalgame pour devenir un ordre,
harmonie, summetria. Valable pour les choses sensibles, mais aussi, lois, genres de
vie, coutumes… Rendre éclatant l’ordre = le beau.
Philèbe. Une théorie des arts qui prendra la forme d’un programme normatif pour
l’activité artistique, programme qui découle de la distinction entre les deux mimésis.
Ce programme doit se fonder sur l’idée que les œuvres ont pour horizon de respecter
la summetria du modèle On aurait plutôt une poétique qu’une esthétique, théorie de
règles de production des œuvres plutôt que théorie de la réception des œuvres mais
pas une théorie de l’art pour l’art. Une théorie des arts relève de l’éducation,
pédagogie de la vertu subordonne la théorie des arts. Deux principes articulés : 1 –
thèse sur l’ordre d’acquisitions des savoirs 2 – sur les pouvoirs anthropologiques de
l’imitation.
1- L’éducation platonicienne trouve son fondement dans la sensibilité.
L’éducation commence par le plaisir et la douleur, les premières sensations
éprouvé (Timée..) et les première approches de la vertu et du vice (Lois, II, ..)
L’éducation doit mener l’enfant vers une détermination juste de ses affects.
Aimer la raison. 655d : bonne imitation des manières de se conduire. Imitation
chorale de la vertu plutôt que de la perversité.
2- L’imitation est capable de transformer, d’imprimer durablement une certaine
forme à un tempérament pour instituer des attitudes de conduites et fabriquer
un naturel. L’éducation par l’art une propédeutique indispensable pour tout
ceux qui ne sont pas encore en âge d’entendre et suivre la voie de la raison. La
discipline des arts permet d’imprimer une certaine rectitude, fermeté dans la
nature humaine et ceux avant l’institution ferme de la droite raison. Les arts
devraient avoir pour fonction d’anticiper un raffermissement rationnel qui sera
ensuite soutenu par les lois. Choral : le chant et la danse : la voix et le corps.
Lois, 154b : « raffermir le rythme et l’harmonie dans l’âme mais aussi dans le
corps par les gestes, par la voix » car faut arriver à se faire un corps
susceptible d’entretenir un rapport harmonieux avec l’âme. Un corps apte à
être harmonisé avec son âme. Les enfants humains : naturellement ont le sens
du rythme et de l’harmonie. L’individu éduqué, harmonisé peut devenir une
règle incarnée du jugement de goût, car son jugement sera un jugement droit
sur les plaisirs sensibles produites par les œuvres d’imitation, République, III,
401e. Théorie de la musique : enjeu : trouver le mode musical susceptible de
favoriser la vertu. L’harmonie de type dorien qui sollicite le courage, plus utile
pour la cité.
Manque séance 3
Séance 4
La poétique d’Aristote et le problème de la circulation des passions d’un point de vue
moral et politique.
Poétique = d’abord se présente comme l’exposé d’un art particulier, présenter un
ensemble de règle qui permettent d’écrire une bonne tragédie et ce à partir des
modèles fournis et qu’on peut considérer comme des poétiques excellentes. Pourquoi
Œdipe roi est-elle la pièce la plus citée ?
Il est question de mobilier un concept d’abord technique et central : la poiesis = une
activité qui a sa fin en d’autres choses qu’elles même, càd dans la production d’une
chose extérieure, une œuvre. Règles de production de cette chose qu’il s’agit
d’énoncer. Le modèle technique est aussi important car permet de se souvenir que
l’activité artistique ne relève pas d’une inspiration divine mais d’un faire, plus proche
de l’artisanat.
Ce discours sur les conditions de production des bonnes œuvres servira de matrice
pour els différentes poétique ultérieures, pour les discours cherchant à fixer les règles
de production. Esthétique = discours sur l’effet produit par les œuvres plutôt.
=/= Platon qui cherche à énoncer des lois pour régler moralement de l’extérieur
depuis le point de vue philosophique, du bien, la pratique théâtrale. Ar : dégager des
lois de composition requis pour la formation des bonnes œuvres. Enjeu pour Aristote :
classificatoire et analytique = il s’agit à la fois de déterminer les différences
spécifiques internes au genre théâtral + de déterminer les principes directeurs du
théâtre qui en constitueront des règles.
La mimésis chez Aristote : le concept générique qui permet d’embrasser l’ensemble
des productions relevant de la poétique. Epopée, tragédie, comédie, l’art du
dithyrambe, art de la flûte…peinture, sculpture, danse. La mimésis = le genre à partir
duquel on tente de déterminer des espèces et les différences se font à partir des
moyens employer pour mettre en œuvre la mimésis (langage, rythme, couleurs,
mouvement…) pouvant être utilisé seuls ou combinés + diffèrent aussi quant à leurs
objets : les hommes en actions = des hommes nobles ou bas =} hommes pires,
meilleurs, semblables à nous. Chp. 1 et 2 : la Poétique ne désigne au moins que le 1 er
livre qu’un ensemble plus vaste. Le 2e livre consacré à la comédie a été perdu.
1/ La détermination des causes de l’art poétique ; 2/ Le problème de la mise en
intrigue et de la production de l’universel ; 3/ Le problème du processus cathartique
1/ La détermination des causes de l’art poétique
Aristote avant de déterminer particulièrement l’origine de l’art de la tragédie, comédie
et épopée, au chp. 4 se penche sur l’origine de l’art poétique en général. 2 causes
naturelles :
*La présence en l’homme dès l’enfance d’une tendance naturelle à l’imitation =
rudiment de différence anthropologique : à la diff des autres animaux, l’homme est un
être très apte aux imitations et grâce à ça il acquiert ses 1eres connaissances. Un cadre
d’analyse qui relève du domaine général biologique, car ce sont de tendances
naturelles de l’homme en tant qu’être vivant et en tant qu’il se distingue des autres
animaux par degré et non par nature. L’homme = le plus imitative, le plus enclin à
imiter.
*Le signe de cette naturalité de l’imitation = le plaisir qui est pris aux imitations, aux
produits de l’imitation, aux représentations, aux images. Le signe du signe, la preuve
qu’il s’agit bien d’un plaisir pris aux imitations elles-mêmes et non aux modèles
imités, tient à ce plaisir paradoxal qu’on prend à regarder les images les plus précises
des choses dont la vue nous répugne pourtant dans la réalité. Cf. Parties des animaux,
I, 5 : argument semblable : la précision de la connaissance permet de surmonter la
moindre dignité ontologique de la chose connue. On prend plaisir à regarder les
représentations de cadavres ou monstres. Mais double paradoxal : on prend plaisir à
l’image de ce qui nous répugne dans la réalité + plaisir à voir des images plus
détaillées même que ces choses qu’elles représentations =} distinction entre deux
opérations perceptives souvent confondues = voir (horomen) – voir une chose
naturelle – mais on regarde les représentations d’une chose naturelle (theorountes) =
autre opération psychique différente selon la nature de ce qu’on voit, de l’objet.
Chacune : deux types d’affects distincts : peine / plaisir. Aristote ne fustige pas une
complaisance morbide de l’âme qui céderait à sa bassesse (vs. Platon) ; mais il s’agit
de souligner la nature théorique de ce plaisir visuel qui se donne déjà lexicalement à
voir par le verbe theorountes (même racine que théorétique)… un désir intellectuel de
reconnaissance du modèle imité grâce à la ressemblance de l’image. Mais pourquoi
tire-t-on ce plaisir à voir une image de cadavre ? Pourquoi plus de plaisir à regarder
une représentation plutôt que de voir un vrai cadavre ? Anachronisme : le plaisir
romantique = transformer la boue en or à la manière d’un alchimiste grâce aux mots
(cf. L’homme qui rit Victor Hugo et la Venus de Rimbaud). Il ne s’agit pas non plus
un sens trop faible à reconnaissance de l’individu singulier : pour Aristote, toute
œuvre mimétique est une transposition qui dégage une forme en la dissociant de la
matière à laquelle elle est en fait associé dans la réalité = c'est toujours une forme qui
fait l’objet de la reconnaissance donc toute mimésis = une opération d’abstraction
formelle : l’imitateur met en évidence la cause formelle de l’objet, sa forme, alors on
donne à l’intelligence l’occasion d’une activité accomplie car l’intelligence s’active
sur ce qui dans une chose est le plus accomplie : sa forme ; c'est cette reconnaissance
de la forme qui procure du plaisir. Le plaisir est le signe de la naturalité de l’imitation
c'est bien un plaisir de reconnaissance de la forme abstraite dans et par l’opération
mimétique. Les imitations font mieux voir les formes que les sensations car engagent
déjà un processus d’abstraction de la forme qui sera nécessaire dans la saisie de
l’universel requise par les sciences. Education : prépare la connaissance car favorise
l’extraction de la forme de la matière. Cf. Chapitre 19, livre II, Seconds Analytiques.
Reconnaissance de la forme qui pour pouvoir opérer doit se fonder sur une reco de la
différence entre le modèle et l’image : l’image ne peut pas être la réplique exacte de
l’objet sinon elle susciterait la même réaction affective. Une distinction fondamentale
car elle permet de distinguer par comparaison la matière changeante et la forme
identique dans la chose. L’image d’un cadavre plaisante : car on reconnaît que c'est un
cadavre et alors on se rend capable de comprendre ce qu’est l’essence du cadavre. Les
deux exemples pris par Aristote sont significatifs : monstres et cadavres : point
commun = leur déficit de forme : soit on est dans l’informe = la confusion des formes
avec le monstre soit on est dans la disparition, la décomposition de la forme avec le
cadavre ; le monstre et le cadavre = image d’une matérialité excédentaire par rapport à
la forme. Donc le plaisir est d’autant plus grand et paradoxal qu’il en vient à retrouver
du formel, de la forme là où elle semblait faire défaut. Le plaisir visé = plaisir pris à
voir une forme se dégager d’un corps matériel informe = faire de ces choses des
objets de connaissance possibles. Même type de plaisir que celui éprouvé par le sage
théoréticien qui éprouve du plaisir dans la connaissance : renouvellement du plaisir de
faire l’expérience de notre pouvoir de connaître. Art graphique = « nous rend apte à
regarder la beauté des corps ».
=} le plaisir artistique : réduit à un simple désir cognitif ? conception très
intellectualiste ?
*Non car il continue en imaginant des cas de plaisir pris aux imitations de choses dont
on ne reconnaît pas de modèle car on n’a jamais vu la chose. Il envisage donc une
forme de plaisir non pas dans la forme : « la finesse dans l’exécution, la couleur ou
autre chose de ce genre » : la qualité matérielle de la représentation, de l’image, et non
plus formel de l’imitation qui est visé, la beauté du trait, de l’arrangement
chromatique… Ce qui semble, ce qu’il présente comme une exception se joue la
détermination précise d’un plaisir esthétique immédiat qui ne fait plus détour par cette
médiation théorique de la forme, et se concentre sur la considération des moyens de la
représentation et non plus sur la forme représentée. Cette distinction découle p ê des
deux modes perceptifs : regarder porte la charge intellective du plaisir de
reconnaissance de la forme par la ressemblance de l’image au modèle / quand on n’a
pas de modèle réel pour comparaison alors le regard redevient vision, simple voir qui
porte non pas sur le contenu de l’image mais sa réalité sensible, l’image comme
simple étant parmi d’autres : les propriétés visées ne sont pas tant représentatives que
techniques. Aristote ouvre la possibilité à un plaisir esthétique en tant que tel mais
pour le secondariser immédiatement et ne plus le réinvoquer ensuite pour caractériser
le plaisir propre pris à la tragédie.
*2e cause de l’art poétique : cf. Sève, « les deux causes de… » : cette 2e cause doit être
comprise comme une suite et une particularisation de cette 1er cause : la tendance
naturelle à l’imitation. La tendance spontanée, enfantine = condition nécessaire mais
pas suffisante pour penser l’origine de l’art poétique car faut supposer un dev
technique de l’art d’imitation, comment on devient un poétique. Mélodie et rythme =
genèse de l’art musical et chorégraphique = 1er tendance. Les aptitudes
particulièrement développées de certains individus dans leur capacité à imiter : tout le
monde peut improviser des imitations mais seuls les plus doués parviennent à donner
forme à leur improvisation et pour donner forme à ces improvisations, il faut
adjoindre une certaine technicité. Dans cette 2e cause naturelle : il y a une genèse de
l’art poétique à partir de l’improvisation : l’art poétique a pour fonction de dépasser et
accomplir ce premier moment de l’improvisation qui ne requiert que la tendance
naturelle première à imiter. Pour faire œuvre poétique faut la dépasser par élaboration
technique, il faut avoir certaines dispositions particulières pour ça. 2 causes
naturelles : dans la nature humaine en général et dans la nature individuelle, le naturel
individuel, ou (chp. 22) « la nature bien douée » de certains individus seulement. Ce
dédoublement des causes naturelles permet d’expliquer que tous les hommes peuvent
prendre plaisir à regarder l’imitation sans pour autant être tous des poètes, des
techniciens accomplis ; on comprend alors pourquoi beaucoup se croit poète quand ils
improvisent. L’improvisation = étape intermédiaire entre la nature et la technique,
c'est une première mise en forme, information, spontanée et à laquelle une
détermination formelle complète fait encore défaut, et la détermination formelle c'est
la technê poetikê permet d’objectiver la représentation en lui donnant une forme
déterminée. Cette objectivation porte sur ce qui fait son objet propre : la façon de
composer les intrigues : c'est là que la technique intervient. Or une intrigue, muthos :
un assemblage ou système de faits. Une synthèse de faits. Pour faire œuvre poétique
faut parvenir à les composer, les synthétiser selon des règles précises.
2/ La mise en intrigue et la production de l’universel
Chp 6 : la règle fondamentale = l’assemblage des faits qui relève de l’intrigue qui est
comme le principe ou l’art de la tragédie. La notion de totalité, de totalité narrative est
décisive car les éléments de l’action de la tragédie doivent se suivre avec nécessité ou
vraisemblance : un ordre causal strict, càd où il faut que l’effet soit toujours annoncé
par sa cause =} un tel mode de liaison des faits exclut une chose : le hasard, l’absence
d’ordre dans les liaisons causales. La vraisemblance pour Aristote =/= refus de
l’exceptionnel = réinscription dans ordre causal nécessaire qui produit unité d’action
même si cette unité contient des événements qui se produisent contre toute attente
(para ten doxan), qui sont même plus efficace pour susciter la pitié et la peine. On ne
s’y attend pas mais ce n'est pas forcément hasardeux. Ce dont on ne peut pas en supp
une partie sans en altérer la nature = un tout. Comparaison entre totalité poétique et
totalité organique. Une tragédie bien faite a autant d’unité qu’un être vivant =} or
unité = tendance vers l’accomplissement d’une certaine fin. Chp 7 : la tragédie doit
avoir une certaine étendue pour pouvoir être ressaisît par le regard, et unité dans
l’enchaînement des faits )} l’unité de l’intrigue ne peut pas être superposable à la
simple individualité de la vie du personnage car il se passe trop de choses dans la vie
d’un homme, pas d’unité (chp. 8). Le déroulement ordinaire, naturel de l’existence
humaine, loin de fournir un modèle de cohérence, d’ordre ou d’unité, relève plutôt
d’une sorte de multiplicité bigarré, d’éléments divers dispersés les uns par rapport aux
ordres. Sublunaire = domaine de la contingence dont peuvent émerger au mieux des
régularité. Il félicite Homère de n’avoir pas composer l’Odyssée qu’en racontant ce
qui est arriver à Ulysse selon une chrono stricte mais sélection des éléments
permettant d’avoir un tout nécessaire. Un exercice d’intégration de forme et d’ordre :
il faut projeter de l’ordre dans le cours en partie toujours désordonné des existences
des individus particuliers. Il faut introduire une sorte de surcroît de simplicité, la
contingence, la succession temporelle de fait, la transformer en succession temporelle
nécessaire. La tragédie rend possible la saisie de la forme ou essences des actions
humaines effectives. La tragédie fait surgir l’universel et produit un effet de vérité par
une reconfiguration poétique des événements =/= simple restitution des événements.
D’où que la philosophie est plus poétique que l’histoire car traite de la généralité.
Tragédie : organise les événements en un tout cohérent. Poésie : faire sentir la
nécessité de ce qui arrive. L’avenir c'est ce qui est annoncé avec nécessité par ce qui
précède = ce quoi on peut s’attendre, ce qui pourrait arrvier selon le vraisemblable ou
le nécessaire. Contrairement à ce que pourrait dire Platon, la mimésis =/= éloignement
à l’égard du réel et de l’intelligible = donne forme à ce qui pouvait rester informe ou
peu formé dans la réalité = introduction de la formalité dans le cours de l’existence.
3/ La catharsis : ce qui doit être produit par cette technique de mise en système des
faits. Pas de précision. Pas beaucoup de développement sur le thème même de
catharsis : chp. 6 : « la tragédie…cette imitation est exécuter par des persos agissants
et par le biais de la pitié ou de la crainte elle opère la purgation des passions de ce
genre ». C'est la finalité de l’activité tragique mais Aristote ne revient pas sur
l’opération visée. Chp. 13 et 14 : nous dit comment susciter la crainte et la pitié. Pièce
cathartique par excellence : Œdipe Roi car dans cette pièce on a l’unification la plus
efficace du renversement, de la péripétie et de la reconnaissance par Œdipe de sa
propre culpabilité qui indique en même temps sa faute et le signe de son innocence ;
C'est un coup de théâtre pour Œdipe.
Cathartique : deux sens : un sens : 1) religion ou moral = purification par l’eau (chp.
17) 2) médical = purgation. Deux sens non contradictoires : la purification par un
liquide = aussi pour fonction de purger le corps d’éléments jugés nuisibles.
2 = permet d’évacuer un certain excès : se purger d’une forme d’hubris qu’on aurait
reconnu être à l’origine des actions représentées. Position plus morale : a catharsis
porte sur tout sur La crainte et la pitié pour les équilibrer en expulsant les passions
contraires, extrêmes. Purification de la crainte et de la pitié pour produire un
tempérament équilibré chez le spectateur, atteindre la médiété.
On pourrait aussi faire valoir un dernier sens 3) la catharsis comme épuration
passionnelle : exemple : expliquer un paradoxe : que les passions pénibles crainte et
pitié procurent du plaisir quand éprouvé à l’occasion d’une tragédie. Epuration
produite par l’imitation = intermédiaire avec le réel qui permet de désamorcer la
charge monstrueuse et répubgnante de ce qui peut y avoir comme passions. Epurer la
charge pathologie pour l’homme. Epure passionnelle que le spectateur pourrait
reconnaître les formes affectives représentées donc le spectateur peut supporter ça. =
très intellectualiste, on perd un peu l’enjeu moral.
Catharsis : acte théorique qui rend possible la considération intellectuelle de la forme
même des passions qu’on est en train d’éprouver ce qui est très délicat dans la vie
réelle. L’imitation : un bon moyen pour commencer à connaître les passions. Car les
passions permettent d’isoler la forme et donc de les mettre à distance. En ce sens : on
peut envisager que ce qui purge les passions c'est la matière. Purgation de la matière
pour atteindre la forme. Mais là on est dans une interprétation très intellectuelle. On
va essayer de voir le côté plus moral.
La crainte et la pitié =/= objet de la catharsis, elle sont ses moyens. Pourquoi ?
Les objets précis de la crainte et pitié : cf. Livre II, Rhétorique, Chapitres 5 et 8. La
crainte = « une souffrance et une perturbation issue de la représentation ou
imagination d’un mal à venir susceptible de causer destruction ou souffrance » et la
pitié = la souffrance provoquée par le spectacle d’un mal susceptible de faire mal ou
souffrir qqn sans raison et donc on pourrait être menacé soi même ou l’un des siens. 2
passions distinctes en droit mais en fait sont très proches : même objet : un mal
pouvant causer destruction ou souffrance. La pitié rapport le mal à autrui dont
j’imagine que c'est un semblable mais cette pitié pour autrui suppose TOUJOURS
qu’on se considère soi même comme menacé, donc qu’on a peur de ce mal.
Articulation crainte/pitié à propos du sujet qui se présente. « Pour épouvrer de la pitié
pour un autre faut avoir de la crainte pour soi. Si on estime hors d’attente on épouve
pas de pitié ou si on a tllmt souffert alors ça ne nous fait rien. Si la pitié suppose une
forme de proximité car ça fait d’autant mieux faire appraitrr que ça peut m’arriver
aussi. La Poétique fait fond sur la similarité profonde dans la Rhétorique : sont quasi
toujours évoquées ensemble. Identification et mise à distance de ce qui est un danger
pour nous et ainsi Aristote prend ses distances avec Platon. Platon reproche aux
tragédies que ça propose des modèles de vices à imiter, mauvais gouvernement de
l’âme. « aptitude à corrompre même les gens dignes capable de modération » dit
Platon. La tragédie pour Aristote peut produire un plaisir non destructeur pour l’âme.
Car la catharsis permet de nous purger de ce qu’on aura effectivement éprouvé durant
le temps de l’imitation tragique : on s’est vu nous-mêmes dans d’autres perso
commettre des actions qui conduisent aux plus grand malheur. Plaisir d’imitation =
désir de connaissance alors c'est pas que pour dire que c'est X que je vois là
(identification en termes de particulier) : les perso qui agssent =/= modèle de vertu =
des contre-modèles, des modèles de vice. Des modèles de ces excès passionnels dont
il s’agit de se prémunir. Œdipe Roi ou Œdipe Tyran = excès des désirs, tyrannie des
passions ; On les reconnait comme des excès sur la scène et alors on pourrra mieux
s’en prévenir dans la vie. République : 9 désir débridé : hors la loi, ce sont des désirs
non réservés à certains individus, mais existent chez tous même ceux qui semblent les
plus tempérants, le rêve nous le montre : on y accomplit des actions terribles, libre
cours au désir. Cauchemar = modèle visible, manifestation de l’excès de désir ce qu’il
s’agit de repoussait au max dans l’obscurité du sommeil vs. tragédien, la mettre en
lumière. La tragédie nous fait voir ces modèles et suscite crain et pitié pour
transformer ces formes en anti-formes, contre-modèles passionnels pour expurger
l’idée des passions. On éprouve la crainte et la pitié pour purger ces passions
représentées. On éprouve les désirs tyranniques + conséquence nécessaire de ces
désirs = c'est pour ça que c'est très important l’enchaînement nécessaire (faut pas
qu’on puisse se dire que c'est de la malchance si Œdipe finit au bout du rouleau) : faut
montrer pourquoi ça doit rester en puissance ces désirs. Plaisir de faire triompher
l’ordre en nous. Dimension fondamentalement politique de la catharsis tragique :
cathariser la violence archaïque qui nuit au gouvernement de la cité, la cité grecque de
l’époque tragique donne corps à cette tyrannie à laquelle elle s’est arrachée pour
conjurer le désir de sa réactivation.
Un modèle pour la codification des productions artistiques et pas que tragiques à
l’époque classique. Au moment où on rejette la science aristotélicienne, dans l’art
Aristote fait pleinement autorité.
Les règles classiques qui prétendront être aristotélicienne. Moins la règle des trois
unités finalement, qui est une contrainte très relative en plus (l’unité du lieu : le faire
éclater en un espace de théâtre : cf. Corneille) et plasticité. Mais règle de
subordination du règlement technique à la production du plaisir. Cf. Poussin, lettre à
Chambray, en mars 65 : « une imitation faite avec ligne et couleur… sa fin est la
délectation ». Stratification qu’on retrouve chez Racine, par exemple dans la préface
de Bérénice : la principale règle est de plaire et de toucher et toutes les autres sont
faites que pour parvenir à cette 1ere. Les règles des 3 unités : n’a de sens que par le
plaisir qu’elle rend possible dit Corneille dans la préface de Médée (Pléiade, Œuvres
complète, Corneille, Tome I, p. 535) : les règles ne sont que des adresses pour en
faciliter les moyens aux poètes » en vue de plaire, « et non pas des raisons pour
convaincre le spectateur que la règle doit être apprécier. » Le seul juge : l’expérience
du théâtre, la seule règle qui doit influer sur le travail du dramaturge et être la cause
du désir. Chez Corneille : le plaisir dramaturgique par excellence et un plaisir pas
d’abord effet d’une reconnaissance ou effet d’une approbation morale mais qu’on
peut qualifier de plaisir esthétique, qui se donne à voir dans la manière dont il reprend
l’interprétation de la catharsis.
Dans son discours sur la tragédie (cf. 3 préfaces, 3 discours sur le poème dramatique,
cf. GF) Corneille dit c'est peu clair ce que dit Aristote, tout ce qu’il dit. Il essaie de
conformer le cid à la catharsis. « Mais je ne sais pas si elle nous la donne ». Pour
Corneille : y a un hiatus entre l’exigence cathartique, la belle idée d’Aristote, et la
réalité pratique du théâtre. Il n’essaie pas que de s’accommoder avec Aristote. Dans
l’Examen de Nicomède en 1660 : Corneille oppose une nouvelle manière de purger les
passions : « ce héro sort des règles de la tragédie … cherche pas à faire pitié… mais
admiration…aussi agréable que la compassion…il n’en fait naître quelqu’une mais
pas de larme…on forme des souhaits pour sa prospérité…manière plus sur de purger
les passions que par la crainte et pitié…avoir plutôt de la haine pour le vice…et de
l’amour pour la vertu… » Il faut substituer l’admiration à la crainte et la pitié comme
passions cathartique : rapport d’équivalence entre admiration et compassion du point
de vue du plaisir pris par le spectateur. Plaisir comme finalité propre du théâtre. 2e
raison pour cette substitution : faire valoir un principe d’économie et d’efficacité,
l’admiration ou amour pour une vertu contient déjà en elle une aversion pour le vice
contraire : alors que la crainte éprouvée à la vue de troubles auxquels conduit la
lâcheté n’entraîne pas automatiquement l’amour pour les vertus contraires comme le
courage. A l’inverse, l’amour éprouvé pour le courage engendre nécessairement une
forme de répulsion pour le vice contraire, la lâcheté. Au mouvement simple et négatif
de la crainte, haine du vice, Corneille substitue le mouvement dédoublé de
l’admiration qui contient l’amour de la vertu et la haine du vice contraire. Ce moyen
est plus efficace alors que semble plus indirect car c'est plus sûr de faire comme ça car
on évite d’exposer le spectateur à la vue directe du vice et de susciter des passions
dont les excès pourraient être fort dangereuse. La tendance à la compassion peut
devenir apitoiement et la crainte terreur (on retrouve un peu Platon). Mais quel est
l’objet précis Corneille entend il donner à cette catharsis ? On pourrait dire que c'est la
vertu des personnages : on admire le courage de Nicomède. Une interprétation
moralisante du théâtre de Corneille. Ça ne fonctionne pas bien cette lecture. Exigence
cathartique chez des personnages qui ne donnent à voir que le vice pourtant : par
excellence la fureur infanticide dans Cléopâtre ? Quel objet précis de la poésie
dramatique visé ? Cf. Corneille où il revient sur les 4 conditions au meurtre : bonne,
semblable et égale : C refuse l’identification de la bonté à la qualité morale qui serait
la vertu : bonté =/= vertu. Si la vertu des personnages était la règle de la tragédie, y
aurait peu de tragédie dans l’histoire en fait. Corneille essaie de déf une forme étrange
de bonté qui puisse être compatible avec la production du vice : la bonté pour
Corneille désigne la grandeur brute d’un caractère, la force d’un caractère qui est
justement en deçà de la distinction morale entre vice et vertu, par-delà bien et mal,
comme force physique. Une puissance d’action ferme et stabilisée, càd soustraite à
l’irrésolution, aux variations circonstancielles et ça vaut pour tout le théâtre, même la
comédie. 2 niveaux de réalité objectifs auxquels se rapporte 2 affects distincts voire
contraires : on admire et en même temps on déteste Cléopâtre : car faut distinguer
effet et origine de cette force. Effet de cette force : les actions dans leur pluralité et
ambivalence morale, on peut les juger bonne ou mauvaises selon les critères / origine
singulière de cette diversité d’action, leur source, c'est là que se trouve leur grandeur :
on est contraint d’admirer cette source qui est moralement neutre, en-deçà du bien et
du mal (cf. Kant : l’anthropologie d’un point de vue pragmatique, II, §3, section du
caractère comme mode de pensée : p. 226 ed. Vrin). Enjeu pour Corneille : reconduire
le regard des spectateurs au-delà du régime superficiel de l’approbation moral pour ne
plus considérer l’exercice d’une pure puissance de déploiement, origine de la force
brute qui se déploie et qui fait la grandeur du personnage. Niveau moral / niveau
neutre : même pour la comédie ça vaut. Admirer ou aimer la fermeté d’âme doit
imprimer l’aversion pour la faiblesse de la volonté, irrésolution ou inconstance. Si le
spectateur est conduit à considérer les puissances brutes, c'est d’une impuissance qu’il
est amené à se purger, impuissance à atteindre un jugement esthétique. Ne pas
éprouver de la peur face aux actes représentés sur scène en dépit de leur caractère
immoral : chaque spectateur est comme conduit à faire lui même l’exercice de sa
fermeté d’âme en surmontant l’horreur morale et à affronter la tendance spontanée à
juger moralement pour ne contempler que la force brute qui se déploie dans les
actions des personnages = juger esthétiquement le spectacle.
Plein de critiques font s’abattre sur cette conception de Corneille ; notamment des
augustiniens. Querelle de la moralité au théâtre : ce sont les adversaires au théâtre qui
reconnaissent la plus grande force psychique et affective du théâtre. C'est irréductible
à l’acte du texte, à des corps sur scène, ça produit des effets propres. Les défenseurs
minorent les effets du théâtre, y voit un plaisir temporaire, repos nécessaire de l’âme
pour reprendre ses forces (cf. Augustin). Le traité de la comédie de Pierre Nicole :
contrairement à ce qu’affirmait Corneil : y a aucune sureté possible au théatre, c'est de
la concupiscence qui s’adresse à la concupiscence : avec des moyens insensibles, des
perceptions insensibles qui se diffusent qu’on le veuille ou non. C'est la défaite
assurée de la raison. Nicole critique l’idée d’Aristote d’un plaisir spécifique de
l’imitation : quand on passe du monde réel au théâtre, il n’y a pas inversion des causes
du plaisir mais intensification des causes du plaisir. L’imitation =/= transmutation qui
rend aimable ce qui est habituellement considéré comme haïssable ou terrible. LE
plaisir pris signale l’existence d’une irréductible complaisance morale à l’égard des
modèles représentés. Y a une part de vérité dans le théâtre mais elle tient au fait qu’on
exhibe notre attirance secrète (« notre fonds de corruption ») pour les choses
représentées. Prendre plaisir à voir représenter des choses qui nous répugnent.
Supporter la vue de ces vices c'est toujours déjà y consentir. Le spectacle de
l’imitation attire le spectateur mais c'est aussi ce qui attaque la personne morale car
pas de mise à distance possible. La vertu est profondément d’essence non
spectaculaire car la vertu chrétienne est faite de retenue, modération, méditation
silencieuse… le personnage le plus ennuyeux sur une scène de théâtre :
incompatibilité entre les effets sur des corps de la vertu et ce qu’on demande à des
corps sur la scène d’un théâtre : la visibilité théâtre requiert un excès passionnel
incompatible avec toute forme de vertu. Caractère non-apparaissant de mal = pensées
imperceptibles qui font bien effet sur l’âme, même si on condamne le méchant à la fin
de la pièce. Cf. L. Thirouin, L’aveuglement sanitaire, le réquisitoire contre le théâtre
classique. 16h Merc. 26 Janv. Séminaire.
La reprise par Rousseau de ce fond critique proche de Nicole. Lettre à d’Alembert.
Abolir tout rapport de représentation. Chacun doit être à la fois spectateur et acteur.
Cf. Chapitre 15, III, CS. Promouvoir le modèle de la fête comme véritable spectacle
qui suscite la vertu, pour que la vertu devienne opératoire.
Séance 5
Plotin : Un programme plastique singulier.
Art grec qui va du 4e au 15e siècle, on l’appelle l’art byzantin : jouit d’une unité
d’expression et moyen plastique inédite sur un temps aussi long : caractère stable de
la forme artistique qui tient de la stabilité politique de la période.
Enjeu de la période : par quels moyens visibles peut on faire voir l’intelligible qui
relève proprement de l’invisible : comment produire à l’intérieur même des images
une différence interne qui indique qu’il s’agit d’une figuration de l’invisible et pas
qu’une figuration du monde sensible ? Comment on fabrique un certain type d’image
pourrait être regardé avec les yeux de l’esprit, seuls yeux capables de voir l’invisible
et pas que les yeux charnels ?
Plotin : Les Ennéades. Selon Porphyre et les commentateurs modernes, le 1 er traité
écrit est consacré au beau, et le traité 31 traite de la beauté intelligible. Le beau : point
de départ de l’analyse de Plotin mais un point de départ d’ordre plus métaphysique
qu’esthétique et en un certain sens éthique. Le beau pensé d’abord comme la propriété
de l’intelligible, et finalement notre âme découvre par l’apaisement qu’elle éprouve à
l’égard du beau, son aspiration vers la forme et vers l’intelligible qui détermine la
forme. Le beau = ce qui présente une forme et qui par là procure un certain plaisir. Le
plaisir de la forme vient du fait qu’il existe entre l’unité de la forme du beau et celle
de l’âme profonde. Car dans les 2 cas on atteint une forme de simplicité = résultat de
la puissance d’unification de la forme. Une origine commune entre l’âme et le beau ce
qui explique la reconn que l’âme reconnaît dans le beau : voit une simplicité qu’elle
porte aussi en elle. C'est pour cela que l’âme souffre devant la laideur qui relève de
l’informe, informe = diversité pure, l’indéterminé, insaisissable sur quoi l’âme n’a pas
prise, l’indistinct, manque de contour, l’âme ne peut s’y connaître. Originalité de
Plotin : sa conception de la beauté et Plotin veut là rompre avec la conception
traditionnelle du beau d’alors qui la déf par purs rapports mathématiques des
proportions, de rythme : le beau comme summetria. Une critique radicale de cette
idée. Traité 1 : « Bien sûr tout le monde ou presque tout le monde… » Plotin interroge
la pertinence de l’identification de la beauté à la summetria à partir de son champ
d’expansion possible : cette conception classique est-elle opératoire pour la pensée
des beaux corps seulement ? ou peut-elle aussi valoir pour la beauté de l’âme et des
activités de l’âme (Banquet à la fin Diotime : du beau corps vers les belles actions. Cf.
4, 13, 31 Cicéron). Cette déf est problématique car ne vaut que pour les « objets
composés » et non pour ce qui est simple. Le concept de summetria fonctionne quand
on se donne une diversité de parties qu’on a agencées. La pluralité est le fondement
nécessaire de toute composition harmonique. Pour Plotin la pluralité est toujours le
signe d’une décomposition possible donc d’une infériorité ontologique par rapport à
ce qui est simple, un. Autre problème de la conception : d’ordre métrologique : un
tout ne saurait être beau si ses parties ne le sont pas déjà. Plotin va constater
l’existence de sonorité simple, pure, qui sont belles sans pour autant entrer dans des
compositions. Pareil pour la beauté des astres, d’un éclair dans la nuit. L’exemple du
visage : un objet composé qui peut nous apparaître parfois beau parfois laid alors
même que ses proportions sont les mêmes. Le visage d’une personne morte ne peut
pas être dit beau comme quand était vivant (traité 38, §22). Ce qui relève de la
summetria : il ne dit pas que ce n'est pas beau mais il dit que ça ne suffit pas, il faut
autre chose qui rende belle la summetria qui ne peut être la cause dernière de la
beauté, elle est un effet de qqch d’autre. Ne prendre l’effet pour la cause. Faut
prolonger l’enquête et remonter au-delà de l’enquête mathématique de l’ordre et des
figures jusqu’à la chose unitaire : la forme de la chose sensible. Un beau visage =/=
visage dont les parties sont strictement proportionné = un visage qui manifeste
l’essence de l’homme, vertu et intelligence, mode par lesquelles l’homme ordonne
son action et sa pensée à la forme intelligence du bien. C'est la puissance expressive
de l’intelligible, l’un, qui se manifeste dans le sensible en le transfigurant par là.
Expérience de la beauté = manière de retrouver le fil d’une contemplation unitaire de
l’être transcendant rendu très difficile dans la vie ordinaire car l’existence sensible =
existence de la séparation, de la multiplicité, une vie dans laquelle on fait toujours
l’expérience du morcellement des choses notamment à cause du langage. Considérer
la beauté = renouer avec l’unité de la forme, unité de l’intelligence en nous, et
principe d’intelligence, nous, du tout. Les beautés naturelles = reflets, ombres, images
de la véritable beauté vers laquelle faut tendre. §8 : narcisse = celui qui se perd dans
son reflet, qui ne se détourne pas des beaux corps dont il est épris au point d’être
englouti dans eux / Ulysse = celui refuse les attraits sensibles de Circée et Calypso car
il a compris que notre vraie patrie c'est le lieu dont on est venu, le 1 er principe de toute
choses. Deux rapports à l’image : on s’y arrête ou on cherche à atteindre son principe.
Il n’y a pas chez Plotin de rejet radical de la beauté sensible même type summetria,
mais restriction de son champ de réalité, et une relativisation de cette forme de beauté,
au sens où elle est reconduite à sa juste place par rapport à son principe transcendant,
formel. Le beau exprime une splendeur de l’intelligible, un éclat qui transfigure le
sensible. C'est cet éclat du beau qui donne une vie au sensible, Traité 38, §22, GF, p.
78-9 : « pourquoi donc en effet… » = le beau ne procède pas d’une simple proportion
numérique, qu’on peut appliquer aux êtres inanimé mais à la part vivante des choses,
31, §10 = la beauté = « ce qui s’épanouit » = épanouissement vital = un objet de désir
mais ce désir de la vie =/= désir du corps seul, bien proportionné, mais désir d’un
corps vivant, transfiguré par la présence en lui d’une âme qui le fait participer au bien
et c'est cette participation de la chose belle à la vie de l’intellect qui se donne à voir
par son rayonnement propre, son éclat, sa lumière = cette propriété irradiante éclatante
= le kharis =} qui donnera charme, charisme et souvent traduit par « grâce ». La
grâce, l’éclat = ce qui permet de reconnaître une chose belle en tant que fait l’objet
d’un désir spirituel, un désir tendu vers le bien et ce désir vient du fait que l’âme à la
vue d’une belle chose, d’une chose pénétrée par l’intelligence du tout, l’âme reconnaît
sa patrie originelle et commencer son chemin progressif vers son lieu naturel,
l’intelligible. Le beau fait tendre l’âme vers l’intelligible, cf. 31 : « illumine toute
chose ». Encore lexique de la luminosité, de l’éclat. Au terme de cette ascèse réussi,
on soutient par le regard le soleil lumineux alors le sujet lui-même devient la brillance
même ce qui conduit à une dissolution du sujet comme individu séparé : il s’agit d’en
venir à ce point d’intensité où on ne peut plus distinguer ce qui est moi et ce qui est
toi. L’âme finit par s’assimiler à ce à quoi elle s’applique. La beauté permet la tension
vers la région de l’intelligible : que Plotin présente sur le mode du ressouvenir : le
mouvement de l’amour = mouvement par lequel on va vers l’intelligible . L’amour =
mot du transport vers l’intelligible qui prend son origine dans 1, §4 une stupeur, un
bouleversement affectif 1er qui va engendrer une forme de réminiscence qui est la voie
privilégiée du dépassement de la multiplié sensible pour en venir à la saisie de l’unité
présente dans chaque chose. Traité 33, §16 : « car même dans le cas des peintures,
ceux qui contemplent avec les yeux ». Ascèse progressive rendue possible par le beau.
Fonction propédeutique du beau, c'est le point de départ de l’odyssée de l’âme par
laquelle elle en vient à une purification de l’attrait des seules beautés sensibles pour se
tourner vers les beautés intelligibles, source de toute beauté. Modèle de la vision pour
penser la purification = il s’agit de devenir une vision = « tu es devenu une vision » =
désubjectivation dans l’acte de voir. Cette théorie du beau fonctionne pour le beau
naturel et pour comprendre la place que Plotin assigne aux œuvres d’art qui ont pour
fonction de faire advnir cette présence lumineuse, cet éclat de l’idée dans la manière
et dans le Traité 27, §11, Plotin explique que la fonction élémentaire des œuvres d’art
c'est de se présenter comme miroirs intelligibles des choses représentées. De la même
manière qu’un miroir sensible saisie reflète l’apparence de ce qu’elle reflète, l’image
peinte doit capter l’essence intelligible dans les choses, comme ce qui assure l’unité
formelle de la chose : toute chose, même la plus matérielle qui soit tient son être et
animation véritable du principe 1er dont elle découle : elle n’est qu’une forme d’effet.
Cette espèce d’élément spirituel présent en chaque chose = noyau d’être réel de ces
choses. Tout le reste relève de la matière et du non être : en gros la matière est
négation de l’être. Traité 51, §5 : car la matière n’a même pas l’être… on le lui
accorde que par homonymie. Nuance : la distinction Non être existant =/= non être
absolu (traité 51 §3). La matière ne s’anéantit pas dans le non être absolu. L’œuvre
d’art aura pour fonction de refléter cette matière en tant qu’elle est seulement un
moyen pour connaître l’intellect : l’œuvre d’art doit chercher à devenir le reflet d’une
chose sensible elle-même reflet de la chose intelligible. La tâche de l’artiste = faire
advenir dans la matière sensible le beau intelligible, en lui donnant une forme qui
n’est pas une forme strictement déterminable par ses coordonnées mathématiques
mais par le type d’effet qu’elle produit. Cf. Début traité 31 : l’art conçu comme un
technique : l’art ne peut être l’opérateur de la production du beau que dans la mesure
où infuse dans cette activité technicienne par l’intermédiaire de l’âme de l’artiste, la
forme du beau, le rayonnement. Pas une reproduction servile de l’aspect sensible des
choses = translation de forme dans l’œuvre = essayer de produire dans l’œuvre les
conditions d’une conversion vers l’intelligible. On comprend bien que la théorie
plotinienne des arts a pu donc rendre possible un dépassement de la fonction imitative
de l’art, imitation de l’apparence des choses sensibles. Programme : rester au plus
proche de l’intelligible tout en produisant des objets sensibles : l’art devra employer
un ensemble de conventions déterminées qui permettront de marquer visiblement
l’écart avec une imitation stricte qui serait à vocation illusionniste (cf. PLINE mais
voir aussi au 17e 18e : idéal de représentation de la belle peinture : chez Plotin on a
déjà de quoi faire voler en éclat cet idéal).
De là, on peut voir que si l’ambition de Plotin =/= théorie des arts ; mais sa théorie
des arts et de l’activité artistique permet de rendre compte des choix artistiques
caractéristiques de l’art byzantin. Traité 35 : pour connaître la vraie grandeur des
choses, faudrait en pouvoir considérer tous les détails et considérer la distinction des
couleurs, et les distances réelles qui séparent les choses les unes des autres, faudrait
que les choses soient à porter de regard ; or pour parvenir à cette vision réelle, il faut
exclure le système perspective qui lui raccourcit les éléments éloigner, estompe les
couleurs, … l’idéal perceptif qui se dessine dans la théorie de la juste vision de la
grandeur des choses = projection de tous les objets représentés dans un 1 er plan unique
par lequel on pourrait tous les représenter de façon distincte avec leur détail et
couleurs propres sans les affecter avec la perspective atmosphérique. On retrouve ça
dans certaines peintures et bas-reliefs de l’art byzantin : fixer les choses sur un plan
unique en représentant avec beaucoup de détails les vêtements, les meubles, etc. avec
les couleurs locales. Condition pour voir les véritables propriétés et la véritable
grandeur des choses. Ce mode de perception ramenée à la surface, superficiel =
moyen de procéder à une discrimination par l’image entre ce qui relève de la forme et
ce qui relève de la matière = rendre le plus possible la matière inapparaissante : traité
12 : tout ce qui relève de la profondeur, de l’effet de distance = relève de la matière et
donc de l’obscurité, un déficit de forme. Les objets tendent à devenir transparent dans
un milieu un peu diaphane la vision peut s’exercer. « Par le beau toutes les choses
peuvent devenir transparentes » : transparence = lumière sans la résistance de la
matière. Problème : dans le monde sensible les choses se limitent réciproquement en
raison de leur matérialité d’où la nécessité de l’abolition de la matérialité pour que la
lumière traverse les corps. Art byzantin : processus de dématérialisation généralisée
qui implique de rompre avec la perspective, les ombres, l’extension géométrique.
Objets comme flottant dans les airs sur un fond indifférencié d’or, qui serait pour
Plotin l’image de l’unité de la simplicité de l’être permettant la figuration de l’infini.
Plan idéal de représentation, en 2D qui altère l’expérience ordinaire qu’on a de ces
objets. Montrer la dématéralisation des corps pour inciter celui qui regarde à lui-
même opérer le même travail de dématérialisation. L’image qui cherche à être un
reflet de ‘intelligible doit essayer de faire disparaitre ce qui relève de profondeur et
obscurité, ce qui relève de toute forme d’éclairage différencié en fonction de la
distance. Uniformément illuminé sans ombrage. Perspective renversée dans l’art
byzantin : certaine partie d’autant plus élargie que son éloignée par exemple.
L’image cherche autant que possible à proposer une vision intellectuelle qui permettra
de reléguer au loin la matière pour ne faire plus qu’apparaître ce qui relève de l’ordre
spirituel. Enjeu : si on achève le dégrossissement dans le traité 1 = devenir soi même
une unique et authentique lumière non susceptible d’ombrage, une « lumière sans
mesure », pour voir la grandeur du beau. §9 : « celui qui voit en effet doit s’être
devenu apparenté et semblable de ce qui est vu… » Dans l’état de vision
intellectuelle : la distinction entre la lumière et la source de la lumière finit par être
abolie : fusion du sujet et de l’objet : abolit la distinction entre spectateur, celui qui
perçoit et objet de la perception. Pour une saisie immédiate et totale de la chose dans
son essence intelligible.
Cette théorie du beau même des œuvres belles ne constitue pas pour autant un
programme esthétique. C'est avant tout un programme métaphysique. Le beau a avant
tout pour fonction de faire remonter l’âme vers l’un-bien. Le but est de dépasser ce
qui faisait le beau lui-même car ce qui relève de la sensibilité de la matière en lui
entrave encore l’unité entre l’âme et l’intellect : art = opérateur privilégié d’une
expérience métaphysique qui doit dépasser l’art. = toucher ou contact avec l’intellect
qui relève de l’ineffable. Alors même que Plotin réhabilite en partie la dimension
sensible et vivante du beau contre une réduction du beau à une simple proportion
rationnelle, abstraite : Plotin ne conduit pas à l’abolition de cette dimension dans une
extase sans mesure ?
Utile pour nous : contestation de l’image comme imitation du sensible.
Art byzantin : une tendance abstraite qui s’enracine dans le plotinisme. L’art chrétien
se fonde aussi sur le problème de l’image considérée dans sa dissemblance à ce
qu’elle représente. La rp de forme identique qui fait toutefois apparaître un hiatus
avec son modèle : pas de confusion de semblable. / Rp de qqch qui est d’un aspect
tout à faire différent de ce qu’elle représente / rp de choses qui ne dépeint rien de
reconnaissable et permet p-ê au mieux de représenter plus rien de reconnaissable. Une
typologie du dissemblable.
L’image chrétienne . Difficulté : l’interdit de la rp, de l’image, à différents moments,
qui sera à l’origine de la querelle des images ou la crise iconoclaste de l’art byzantin.
Par ordre d’apparition : dans l’Ancien Testament cf. EPI : idée d’image taillée, c'est
elle qui est interdite : la sculpture pose problème, l’idole désigne d’abord la rp
physique, matérielle de la chose produite en relief (cf. Problème de Pygmalion ou
portrait du jeune homme). Le modèle de cette image taillée : l’idole qui suscite des
pratiques dévotionnelles. Distinction classique entre idole = ce qui vient redoubler le
modèle pour prendre la place du modèle, qui capte sur lui la vénération pourtant due
au modèle et icône = l’image qui ne fait pas écran à ce dont elle est le modèle, au
contraire, elle reconduit les yeux de l’âme vers le modèle dont elle n’est qu’une image
dissemblante. Alors que l’idole fait écran, l’icône est conçue comme porte, qqch qui
fait signe vers ce à quoi elle se rapporte.
Reste à savoir ce qu’est une image et la diff se pose dès la Genèse : 1, 26 : faisons
l’homme à notre image et à la ressemblance / 1, 27 : Dieu créa l’homme à son image.
Pourquoi la ressemblance disparaît dans l’exécution alors qu’était présente dans
l’intention (rp du péché) ? Toute image pas toujours ressemblante. Il s’agit de se
demander quel type de pensée de l’image est mise en jeu dans l’affirmation : le Christ
est l’image de Dieu, une image qui est à la fois ressemblance, égalité, dissemblance.
Comment Comprendre que l’homme est créé à l’image de Dieu. Le problème de
l’image pour les Chrétien = affronter le mystère de l’incarnation du Verbe, qui a pu
s’incarner dans la personne visible du Christ, rendre commensurable ce qui est
incommensurable, rendre visible l’invisible ? La ressemblance s’accorde toujours de
dissemblance : la diss ontologique entre créateur / créature & diss morale = ce qui
résulte du péché qui fait qu’on perd la ressemblance. Le péché = ce qui fait passer
l’être humain de la ress à la diss. La 2sc nature de l’homme = « la région des
dissimilitudes ». Il existe toutefois dans la tradition chrétienne des modèles d’images
parfaites : des « images miraculeuses » ou « acheiropoietes » = « faites sans mains » =
« non faites de main d’homme ». Exemple le plus célèbre : les saintes faces :
Mandylion, l’image dans le drap, autoportrait de Jésus pour répondre à un Roi, image
par empreinte et non par exécution technicienne. Dans la tradition romaine on a la
véronique, l’image vraie, une image produite par le Christ quand il se serait imbibé le
visage sur un linge tendu quand il portait la croix. Image de contact pensé comme
trace de la présence réelle du christ, des images qui accomplissent avec la photo le
fantasme d’une peinture sans peintre, la disparition de l’artiste derrière ce qui est
représenté. Modèle de l’image empreinte. La ressemblance par contact. Culte de la
relique des saints, chargé d’un pouvoir miraculeux qui serait le signe de leur
authenticité : relique pensée comme manifestation d’une présence =/= substitut =
reste, partie qui vaut pour le tout. Interdiction progressive du culte des reliques sous
l’impulsion de Luther, ce qui va conduire à un transfert de la question de l’originalité
et authenticité vers les œuvres d’art, on va se mettre à signer les œuvres et à faire des
faux. Transfert du désir d’authenticité et d’originalité vers les œuvres d’art. cf. Image
et culte, chapitre 20.
Les images humaines relèvent du domaine de la dissemblance, on trouve affirmer la
contestation du modèle référentielle par l’affirmation de la diss. Pour Pseudo-Denys
L’Aéropagite : il pense que le divin est au-delà de toute image, de toute forme
d’appréhension sensible selon les principes d’une méthode apophatique qui consiste à
approche dieu par ce qu’il n’est pas. Il va appliquer cette méthode au statut de
l’image. Il faut défendre les images : si on ne peut pas représenter directement le divin
on peut au moins le représenter par des images qui le représente moins : la hiérarchie
ecclésiastique = image de la hiérarchie céleste représentée, peut servir de médiation
entre le ciel et nous. Le visible doit être charger d’une fonction de viatique permettant
d’accéder au spirituel. Faire des images le lieu propre de l’anagogique. Image =
impossible mais nécessaire. Danger des images qui poussent à identifier
spontanément la chose représentée et les images d’où la théorie de Pseudo-Denys des
images dissemblables. La condition de rp du divin : rp par image dissemblable pour
pas que ça porte à l’idolâtrie, pour éviter la confusion. La dissemblance : pas que
d’aspect dans le sensible mais du sensible par rapport à l’intelligible. La hiérarchie
céleste, II, II : si on a raison de figurer l’infigurable…il nous faut des métaphores
spirituelles… » l’ensemble des procédures plastiques et discursives doivent chercher à
produire dans l’image même une sorte d’espace à la fois réel et inobjectif en
abolissant tous les modes de la rp des choses, comme objets = abolition de la
perspective. La diss fondamentale des images =/= défaut = leur plus grande qualité
car c'est ça qui els rapproche le plus de leur modèle. Cf. II, III : « loin d’avilir les
régions célestes… car montre combien ces régions excluent toute matérialité… » =
par la dissemblance des images, il s’agit d’empêcher une tendance spontanée à
identifier l’image et son modèle, càd cette tendance vers la matérialité qui nous
conduit à nous satisfaire d’images insuffisantes. Donc l’image réussie c'est une image
qui parvient à exhiber son propre échec à représenter ce qu’elle veut représenter. C'est
ce par quoi l’image byzantine cherche aussi à figurer le transcendant. Diss = une
négation de l’identité entre être transcendant et être sensible mais =/= représenter
l’essence des choses car ça reviendrait à objectiver l’essence par le fait d’en faire
l’objet d’une rp. L’image exprime l’essence non pas tant par un contenu qu’elle aurait
mais on essaie de figurer l’essence par son mode de présence spécifique. On essaie
d’atteindre, d’exprimer la seule chose qui n’est pas du ressort du contenu
représentatif : le mode de présence de la chose =} donc ces images doivent
fonctionner comme révélation sensible qui font que les images doivent avoir qqch
d’autophanique. L’image se situe dans un lieu paradoxal : d’une extrême proximité et
un lieu qui relance toujours le regard au-delà d’elle même = voie négative des images
par leur diss, et qui est rendu effectif dans l’art byzantin et c'est sûr que Denys a lu
Plotin.
Un peu après Denys, pour essayer de penser la manière dont l’image peut représenter
qqch sans pour autant lui ressembler et peut même représenter qqch dans sa
dissemblance même : c'est le concept de figure, qui permet de penser le problème de
l’incarnation chrétienne, càd le problème d’une réflexion sur ce qui dans le visible
excède toujours le visible. Vs. binarité visible/invisible. La figure = ce qui se situe à
l’articulation des deux, ce qui dans le visible renvoie à autre chose que le visible.
Dépassement de la binarité. Cf. Au-delà de l’image. Figure = figura qui traduit tropos
= figuration visuelle d’une chose & le détour discursif. Ulysse : celui est dit :
polytropos = celui qui a plus d’un tour dans son sac = registre de la présentation
sensible, énergique et en même temps on est aussi du côté de la complication
discursive. Puisque le mystère, les mystères chrétiens sont incompréhensibles et non
représentables, ces mystères ne sont pas figurable, il faut un détour pour les
représenter, une rp indirecte, une rp qui implique une relation à un terme pas
clairement identifiable. Depuis la Renaissance, l’hrizon figuratif = transparence de la
figuration mais y a un autre sens de la figure qui n’est pas celui de la figure, qui est
plus médiévale : le sens de la figure comme ce qui est figural : dans la terminologie
latine, figura ne désigne pas que la rp de l’aspect naturel mais aussi l’inverse, càd le
transport d’une chose dans une autre image, une autre chose qui a une apparence tout
à fait différence. Figurer qqch = la représenter par qqch qui ne la repré pas du tout.
Donc la figuration est toujours une déformation ou bien une transfiguration. Une
notion paradoxale : figurer une chose ce n’est pas lui donner son aspect naturel
ressemblant : on met de côté la stricte ressemblance pour chercher à atteindre qqch
qui relèverait de l’essence même de la chose et qui résiste à sa manifestation dans une
rp sensible. Figurer pour mieux faire voir la chose en faisant voir par des moyens
détournés, la vérité de la chose, pas la vérité de l’aspect, de la ressemblance, mais
l’essence de la chose, ce qu’elle enveloppe éternellement. Figure chrétienne = une
concentration du temps dans une figure, comme le bois de la croix. Exemple : jeu
d’enchevêtrement de figure qui ne ressemble à rien mais permet de relancer l’esprit
vers le spirituel, comme le rocher (rp le Christ, mais moise). Le péché originel
introduit un hiatus dans la ress, et l’homme vivant dans la diss ne peut atteindre la ress
que par la diss, donc depuis la figure, une manière de dépasser la diss anthropologique
par surcroit artificiel de diss et que ce surcroit de diss fait échapper à la partition
même entre ress et diss qui sont des catégories qui relèvent encore du sensible. Et
alors on peut se disposer au saut qui consiste à changer d’ordre, à reconnaître le carac
fondamentalement insuffisant du sensible. Ne permet pas forcément de changer
d’ordre mais y prépare (Pascal). Substituer au face à face impossible avec Dieu, un
face à face avec l’image. La figure = l’image qui affirmant explicitement sa diss, ne
risque pas d’usurper la place du modèle représenté pour attirer sur elle tous les
regards. Conjure son devenir idole. Cette man de pensée la diss figurative dans
l’image suppose qu’il y a des niveaux de lecture ou d’interprétation de l’image.
Théorie qui se fonde dans la tradition des 4 sens de l’Ecriture, Somme, Question 1, art
10, ST Thomas. Sens 1 : sens littéral vs. 3 modalités du sens : allégorique, tropologie,
anagogique. Sens littérature, historique = discours qui énonce un fait ou succession de
fait. Ne suffit pas car l’Exégèse = mouvement d’aller toujours au-delà du sens
manifeste pour atteindre d’autres sens. Toute lecture est exégétique en ce sens, il
s’agit toujours d’interpréter le texte qu’on lit, chercher le sens profond sous le sens
apparent. Sens spirituel : 1- allégorique qui essaie de chercher des correspondances
termes à termes entre deux séries d’éléments = cherche à retrouver dans les faits de
l’Ancien Testament des préfiguration de vérité présentée explicitement dans le
Nouveau Testament (le Christianisme comme sorte de vérité du Judaïsme) / sens
moral ou tropologie = l’enseignement pratique qu’on peut tirer au présent de la lecture
des textes : hors texte biblique, cette application d’un sens moral = ce quia été
fondamental dans la lecture qu’on fait les Pères chrétiens des textes païens pour
montrer leur compatibilité avec la pensée chrétienne. Sens anagogique : sens qui
concerne l’espérance qu’on peut avoir pour la fin des temps = niveau qui concerne le
sens eschatologique = il s’agit pour le théologien de discerner dans les images et
figures les préfigurations de ce qui adviendra dans la cité céleste. C'est dans ce sens
qu’il s’ait d’articuler visible/invisible = là où se situe le déploiement de l’art chrétien.
Le jardin des délices = figuration de la condition des homes depuis qu’ils ont perdu la
ress et ne cessent de s’enfoncer dans la région de la dissimilitude, et faut rappeler cela
aux hommes.
Exemple plastique : Fran Angelico : on trouve une synthèse figurale dans la Madone
dans le Couvent de San Marco à Florence : une vierge à l’enfant sur un trône entouré
de saints, classique mais ce qu’il y a de plus originale la partie inférieure de l’œuvre
représente 4 grandes stèles en marbre fin, 4 panneaux colorés présentant un ensemble
de lignes et tâche colorés qui ne représente rien, même des gouttes. Ces marbres fins
= figuration de Jésus : toujours comparé à une pierre, comparé à du marbre. Maculé
ici de tache de peinture rouge, les plaies du Christ. Tout se passe comme si on avait
dans l’image une dialectique entre ress du haut et diss du haut, qui serait un moyen
d’intégrer dans le processus figuratif une critique du processus figuratif : on
commence par regarder le haut par les yeux sensibles mais le bas nous enjoint de les
fermer, il n’y a rien à voir si cherche absolument de la ress. Cet espèce de rappel à
l’ordre qui enjoint de se débarrasser du charnel se fait paradoxalement par un excès de
matérialité, contre toute forme de mimésis qui aurait permis de reconnaître des corps,
des formes, ces gros marbres fins nous renvoient à rien d’autre qu’à l’existence
matérielle de la peinture comme éléments colorés, jets, et on n’est même plus dans
une représentation de marbres car sont invraisemblable mais dans la rp même de ce
qui est donné à voir, de la peinture même qui ne feint pas de représenter quoique ce
soit. Face à face avec la plus grande matérialité, avec la matérialité picturale, va
conduire à une sortie de la matière, du visible pour en sortie = jeu dialectique. C'est
tout l’ordre de la matière qu’il faut quitter. Une image qui affirme son excès à l’égard
de toute reconnaissance d’aspect, qui affirme sa résistance à l’égard de toute forme de
connaissance car on est face à une image qui ne ressemble à rien, donc qui se présente
sur le mode du mystère car échappe à toute forme de reconnaissance, et qui ouvre à
un mode d’existence semblable au mystère : susciter la disposition qu’il faut avoir
face à ce qui échappe. =/= contemplation esthétique = dévotion, contemplation face à
ce mystère, recréer le sentiment de mystère par un effet de présence le plus semblable
possible à celui que procure le mystère, un moyen plastique de créer le sentiment de
mystère. Le grand problème de la peinture : moins de représenter le monde de chose
sensible, ce que sont les choses, mais se représenter elle même comme mode de
figuration, s’interroger avec ses moyens propres ce qu’elle est elle-même. Cf. Blow
Up Antonioni. Cf. Andrea Del Castagno : une fresque dans un réfectoire : on a
l’impression d’être face à des images psychédéliques en plein milieu d’une scène.
Autre exemple classique : Suger, moine bénédictin qui fait construire la 1 ère cathédrale
gothique à St Denis entre 1125 et 1130 : décrite comme une architecture de lumière
qui doit être lumière diffuse et coloré vs. édifice roman repliés sur eux-mêmes,
sombres, gros mur. Construction aérienne. Les murs vont s’élever et vont être ajouré
par d’immenses vitraux permettant de redessiner l’espace intérieur par un jour visible.
Cf. Panofsky, chap. 3 d’Architecture gothique… : il s’inspire de la métaphysique de la
lumière qu’on trouve chez les néo-platonicien et théologie négative comme chez
Denys : la lumière au sens de lux, source lumière et la noumène, la luminescence d’un
milieu transparent qui rend visible les choses. De même que le créateur maintient dans
l’être les créatures, la noumène maintient les choses dans un milieu diaphane qui
actualise toujours son pouvoir de rendre visible les choses. Dieu comparé à un pater
nouminum. Cathédrale pensée comme recherche de verticalité pensée comme tendue
vers la lumière. Transfiguration des corps par la lumière qui passe par les vitraux. Les
pierres réfléchissent la lumière colorée des vitraux = on crée un jour dans le jour. On
crée un lieu qui n’est plus la boue et la terre ni la pureté du ciel, mais assure le
passage entre les deux. Suger pense ce transporte selon un mode anagogique. La
diffusion de la lumière sensible doit figurer anagogiquement la lumière spirituelle, les
beautés du ciel. Revient à une dématérialisation de la cathédrale.
Cette relation à la diss et à la critique de l’imitation peut valoir pour une peinture
qu’on aurait nous envie de considérer comme absolument figurative : cf.
Pascal : « quelle vanité que la peinture.. » Fragment 20, Lafuma. Formule considérée
par Malraux non comme une erreur mais une esthétique. L’enjeu de cette formule :
remarquer que la seule propriété de la peinture c'est attirer avant d’être représentative.
Et c'est ça le problème. Un peintre de Port Royal comme De Champaigne va
justement relever ce défi pictural de faire une imitation qui n’est ps une idole mais
iconique qui renvoie l’image à autre chose. Logique de Port Royal, 1, 4. La peinture
doit s’affirmer elle-même comme image qui renvoie à autre chose en dépit de son
caractère extrêmement figuratif. Cf. Exemple voto de 62, tableau qui représente un
miracle, les guérisons soudaines d’une paralysée. Tableau complétement dépouillé
mais fait apparaitre la surface et déréalise la dimension représentative pour montrer
que ça engage, ce mimétisme un dépassement. Cf. Philippe de Champaigne et la
présence cachée. Comment il résout le paradoxe d’être un peintre qui reconduit
l’admiration sur les modèles et non sur la représentation.
Séance 7
Nous allons voir comment s’est constitué un ordre de la représentation dans la
peinture classique et comment on est passé de l’idée de représentation à celle
d’expression. On verra comment a été affirmée une force picturale propre et la
naissance de cet ensemble qu’on appellera les beaux-arts (il faudra pour ce faire
penser quelques éléments d’une constitution institutionnelle de ces beaux-arts).
Point lexical :
L’apparition du syntagme « beaux-arts » est tardive puisque le terme qu’il remplace
est celui d’ « arts libéraux », syntagme lui-même récent lorsqu’il s’agit de penser les
arts. En effet, avant, au Moyen Age les arts libéraux étaient les sciences classées en
sciences du langage (grammaire, rhétorique, dialectique) et sciences physico-
mathématiques (arithmétique, géométrie, astronomie, musique). Au Moyen Age,
peinture, architecture, gravure, etc., sont considérés comme des arts mécaniques et
mercenaires, du côté de la maîtrise corporatiste. A l’époque classique, cet
encyclopédisme médiéval est bouleversé notamment parce qu’on fait jouer
l’opposition entre arts mercenaire et arts libéraux, d’une part entre les types d’art entre
eux et d’autre part, au sein même d’un même art. On dit qu’il y a des « manières »
mercenaires et des « manières » libérales de manier les arts. Cf. Le Bourgeois
gentilhomme de Molière : le maître de musique dit que les arts mercenaires ont besoin
de la libéralité d’autrui, celle du Prince, qui donne de l’argent tandis que le maître à
danser dit que le maître de musique appuie trop sur l’argent ; il faut aussi du bon goût,
procurer du plaisir au spectateur (question de la réception de l’œuvre). En effet, le
statut des arts libéraux va supposer une noblesse : il faudra posséder un savoir
pour faire un art libéral.
Une des premières occurrences du termes beaux-arts : La Fontaine, Le Songe
de Vaux, « L’Architecture, la Peinture, le Jardinage, et la Poésie haranguent les juges
et contestent le prix proposé » (1659), une harangue en forme de parangonne que
Calliopée, muse de la poésie épique, adresse à Apellanire, muse de la peinture,
Hortesie, la muse des jardins et Palatiane, muse de l’architecture :
« La peinture après tout n’a droit que sur les corps ; Il n’appartient qu’à moi de
montrer les ressorts Qui font mouvoir une âme, et la rendent visible ; Seule
j’expose aux sens ce qui n’est pas sensible, Et, des mêmes couleurs qu’on
peint la vérité, Je leur expose encor ce qui n’a point été. Si pour faire un
portrait Apellanire excelle, On m’y trouve du moins aussi savante qu’elle ;
Mais je fais plus encor, et j’enseigne aux amants À fléchir leurs amours en
peignant leurs tourments. Les charmes qu’Hortésie épand sous ses ombrages
Sont plus beaux dans mes vers que ses propres ouvrages Elle embellit les
fleurs de traits moins éclatants : C’est chez moi qu’il faut voir les trésors du
printemps. Enfin, j’imite tout par mon savoir suprême ; Je peins, quand il me
plaît, la peinture elle-même Oui, beaux-arts, quand je veux, j’étale vos attraits :
Pouvez-vous exprimer le moindre de mes traits ? » La Fontaine, Le songe de
Vaux [1659 ; 1671], Genève / Paris, Droz / Minard, 1967, p. 107-108.
Le terme de beaux-arts est employé de manière polémique dans le passage. On a
l’affirmation de la supériorité de la poésie en raison de son pouvoir englobant : elle
dépasse la peinture qui s’en tient aux corps. Certes, la peinture sait représenter des
corps passionnés, des mouvements des corps qui figurent des mouvements de
l’âme. Mais la poésie peut rendre visible les mouvements même de l’âme sans en
passer par le corps. La peinture rend sensible ce qui l’est déjà, tandis que la
poésie rend sensible ce qui n’est pas déjà sensible. C'est pour ça que science de
l’âme et du cœur se trouve chez les poètes, qu’elle a une efficience pratique chez les
poètes. La peinture représente les passions alors que poésie fabrique les passions.
Surtout, la poésie a un pouvoir métareprésentatif au sens où elle peut peindre la
peinture, décrire l’activité du peintre ; elle peut décrire même les attraits des arts –
rien n’échappe au pouvoir du discours. Il y a même des arts inventés fictivement dans
des romans ou poèmes. Est-ce que la peinture peut raconter les attraits de la poésie ?
C'est d’ailleurs la poésie qui, presque littéralement, fabrique le terme de beaux-arts
pour désigner les arts dont elle prétend se distinguer. Justement ici, les beaux-arts en
question ce sont la peinture, l’art des jardins, l’architecture, c'est-à-dire ce qu’on
appelle depuis Vasari « l’art du dessin ». Finalement ces beaux-arts-là sont
dévalués, notamment dans leur rapport au savoir intellectuel : ils sont dits
beaux-arts car ils relèveraient trop de ce qui est purement sensible alors que la
poésie pour La Fontaine réfléchirait le sensible, sur le sensible et donc pourrait
prétendre à une sorte de savoir représentatif suprême : elle représente les
représentations artistiques des choses elles-mêmes et non juste les choses. Le
domaine des beaux-arts se rapporte à la beauté visible ; la poésie expose un ensemble
de choses qui n’ont pas d’exemplaire physique préexistant ; elle atteint donc plus vite
le modèle non réalisé, la matrice du visible. La peinture ou l’art des jardins restent en
revanche asservis au domaine de la visibilité. Se dessine donc le rapport entre art du
visible, du sensible et les beaux-arts.
Dictionnaire universitaire de Furtière, entrée beauté : la beauté = ce qui plaît,
ce qui est agréable aux sens et surtout à la vue. De ce point de vue-là, la beauté
désigne une certaine perfection du sensible et plus précisément une certaine
perfection du visible, perfection dont témoigne le plaisir qu’on prend face à ces
œuvres. Progressivement, les beaux-arts vont viser la belle représentation des choses
et non pas simplement une représentation des belles choses. Il ne s’agit pas que de
prélever des choses jugées belles, mais de fabriquer une belle représentation. Le
terme de « beau » dans le terme « beaux-arts » se rapporte plus à la pratique artistique
qu’aux objets visés ; il concerne la forme de l’art plutôt que ses objets. Et cette beauté
des formes fera l’objet du jugement de goût. Par conséquent, l’enjeu pour chacun
des arts qui deviennent des arts du beau est d’affirmer leur caractère sensible et
surtout de revendiquer le caractère savant de leur représentation, l’importance de
l’idée dans la formation des œuvres.
On trouve cette revendication du caractère savant notamment dans la Préface
aux Conférences de l’Académie royale de peinture et de sculpture pendant l’année
1667 de Félibien :
« Comme l’instruction et le plaisir qu’on reçoit des ouvrages des peintres et
des sculpteurs ne vient pas seulement de la science du dessin, de la beauté des
couleurs, ni du prix de la matière, mais de la grandeur des pensées et de la
parfaite connaissance qu’ont les peintres et les sculpteurs des choses qu’ils
représentent ; il est donc vrai qu’il y a un art tout particulier qui est détaché de
la matière et de la main de l’artisan, par lequel il doit d’abord former ses
tableaux dans son esprit et sans quoi un peintre ne peut faire avec son pinceau
seul un ouvrage parfait, n’étant pas de cet art comme de ceux où l’industrie et
l’adresse de la main suffissent pour donner beauté. »
La démarcation nette en artisan et artiste s’opère à partir de l’idée que travail
intellectuel est fondamental chez l’artiste. C'est ce caractère libéral qui distingue la
peinture de sa dimension mécanique celle-ci relevant plus de la maîtrise artisanale.
Cette distinction entre les beaux-arts et les arts de la maîtrise (mécanique) est raison
d’être de la fondation de l’Académie de peinture et de sculpture. Cette émancipation
des arts libéraux à l’égard des arts mécaniques va de pair avec une revendication
de l’essence intellective de l’art, c'est-à-dire que l’artiste est c'est celui qui
travaille d’abord avec son esprit, et l’artisan d’abord avec ses mains.
La pensée est au principe du travail artistique qui prend ainsi prend le sens
d’un travail d’esquisse qui se manifeste notamment dans l’invention. Nicolas
Poussin : 15 août 1653, il écrit à Chanteloup : « j’ai trouvé la pensée de notre
Ravissement de St Paul et la prochain fois je l’esquisserai » ; « je lui ai trouvé la
pensée (…) ». La pensée pour Poussin est premier moment fondamental dans
l’exécution de l’œuvre. Or il faut bien que cette pensée à l’origine de l’œuvre puisse
être rendu visible ; il faut que le spectateur puisse la voir : ainsi Poussin distingue
dans la Lettre à Sublet de Noyers de 1642 deux manières de voir : l’aspect et le
prospect
« Il faut savoir […] qu’il y a deux manières de voir les objets, l’une en les
voyant simplement, et l’autre en les considérant avec attention. Voir
simplement n’est autre chose que recevoir naturellement dans l’œil la forme et
la ressemblance de la chose vue. Mais voir un objet en le considérant, c’est
qu’outre la simple et naturelle réception de la forme dans l’œil, l’on cherche
avec une application particulière le moyen de bien connaître ce même objet :
ainsi on peut dire que le simple aspect est une opération naturelle, et que ce
que je nomme le prospect est un office de raison qui dépend de trois choses,
savoir de l’œil, du rayon visuel, et de la distance de l’œil à l’objet : et c’est de
cette connaissance dont il serait à souhaiter que ceux qui se mêlent de donner
leur jugement fussent bien instruits. »
Aspect = voir simplement les objets = opération naturelle.
Prospect = les voir en les considérant = chercher le moyen de bien faire connaître ce
même objet = office de la raison qui dépend de l’œil du rayon visuel et de la distance
de l’œil à l’objet. Le prospect engage une considération avec attention de ce qu’on
voit, c'est-à-dire un dépassement de la simple apparence visible pour voir
rationnellement quelque chose. Le prospect c'est donc se représenter quelque chose
au sens fort. « Office de la raison » et non plus des sens = une manière de penser un
regard perspectif qui dépasse la simple vue d’image pour parvenir à une vue qui
atteint la pensée du peintre, la structure de la peinture et qui peut se donner à
penser comme manière de lire les signes produit dans la peinture. C'est un mode
rationnel du voir qui répond à ce mode rationnel du faire artistique qu’est l’acte
de représenter qui lui même procède d’un acte idéel. Entrer dans la pensée du
peintre c'est se la rendre présente principalement grâce à une lecture sémiotique, une
apparition des signes du tableau.
Où se donne concrètement à lire cette pensée du peintre censée ordonner le
tableau ? Dans l’invention définie comme art de mettre en histoire un récit.
Félibien, dans la Préface aux Conférences parle de la hiérarchie des arts picturaux :
« La représentation qui se fait d’un corps en traçant simplement des lignes ou
en mettant des couleurs est considérée comme un travail mécanique ; c'est
pourquoi comme dans cet art il y a différents ouvriers qui s’appliquent à
différents sujets, il est constant qu’à mesure qu’ils s’occupent aux choses les
plus difficiles et les plus nobles, ils sortent de ce qu’il y a de plus bas et de
plus commun et s’anoblissent par un travail plus illustre. Ainsi celui qui fait
parfaitement des paysages est au-dessus d’un autre qui ne fait que des fruits,
des fleurs ou des coquilles. Celui qui peinture des animaux est plus estimable
que ceux qui ne représentent que des choses mortes et sans mouvement ; et
comme la figure de l’homme est le plus parfait ouvrage de Dieu sur la terre, il
est certain aussi que celui qui se rend l’imitateur de Dieu en peignant des
figures humaines est beaucoup plus excellent que tous les autres. Cependant
quoique ce ne soit pas peu de chose de faire paraître comme vivante la figure
d’un homme et de donner l’apparence de mouvement à celui qui n’en a point,
néanmoins un peintre qui ne fait que des portraits n’a pas encore atteint cette
haute perfection de l’art, et ne peut prétendre à l’honneur que reçoivent les
plus savants. Il faut pour cela passer d’une seule figure à la représentation de
plusieurs ensembles ; il faut traiter l’histoire et la fable ; il faut représenter de
grandes actions comme les historiens, ou des sujets agréables comme les
poètes ; et montant encore plus haut, il faut par des compositions allégoriques
savoir couvrir sous le voile de la 2 fable les vertus des grands hommes et les
mystères les plus relevés. »
La simple représentation d’objets par le moyen des lignes et couleur est un processus
mécanique. Inversement, on reconnaît un bon peintre à une invention difficile et
noble. D’où le classement hiérarchique fondé sur deux critères et demi :
1/ Critère de la dignité prétendument naturelle des objets qui va de manière
standard de l’inanimé à l’animé rationnel. Une fois arrivé à l’homme : un sous
critère apparaît, celui de la complexité : on passe du simple au complexe et Félibien
dit que les grandes actions de l’histoire sont plus nobles que la représentation d’un
seul individu (portrait) car avec histoire, on passe aux relations entre les individus.
Hiérarchie : nature morte > paysage > animaux > portrait > (là le peintre imite Dieu)
groupes de personnes en empruntant ses objets à la fable et à l’histoire > allégorie des
vertus païennes et des mystères chrétiens = ce qui échappe à la visibilité.
2/ Critère de difficulté technique croissante dans l’exécution des genres :
celui qui sait faire une nature morte ne sait pas nécessairement faire un portrait mais
celui qui sait faire un portrait a nécessairement la compétence pour faire du moins
difficile = une sorte d’ajustement de la noblesse de l’objet à la difficulté technique
qui doit être mis en œuvre. Au plus bas, on a une sorte de travail mécanique qui
s’adapte à la nature des objets inanimés et au plus haut, on a la représentation du
spirituel qui requiert une plus grande compétence technique = idée d’enveloppement
successif des compétences car pour peindre le groupe, il faut savoir faire un paysage,
des animaux, des hommes, etc. (ces éléments sont d’ailleurs aussi présents dans une
peinture de groupe) = remontée vers le général.
Le peintre ne doit pas juste être un artisan incomparable capable d’imiter au
mieux les corps naturels et actions des hommes mais être ingénieux et savant c'est-à-
dire cesser d’imiter pour parvenir à inventer :
« L’on fera donc voir que non seulement le peintre est un artisan
incomparable, en ce qu'il imite les corps naturels et les actions des hommes,
mais encore qu'il est un auteur ingénieux et savant, en ce qu'il invente et
produit des pensées qu'il n'emprunte de personne. De sorte qu'il a cet avantage
de pouvoir représenter tout ce qui est dans la nature, et ce qui s'est passé dans
le monde, et encore d'exposer des choses toutes nouvelles dont il est comme le
créateur »
Plus on s’élève dans les genres, plus il faut être savant et posséder les sciences dans
leur variété et amplitude : il faut maîtriser la perspectives et ses règles, la géométrie,
un peu de botanique, l’anatomie, l’histoire et à la fin, la théologie. En plus d’être
savant, il faut être ingénieux dans la manière de rendre visible ce qui ne l’est pas
comme tel. Ingéniosité = faculté de l’ingenium = l’esprit dans sa dimension de
vivacité, de dynamique propre, d’inventivité = c'est ce qui deviendra le génie du
18e siècle. C'est déjà cette faculté particulière par laquelle le peintre doit être savant
mais aussi avoir des capacités d’invention.
La forme la plus haute de peinture : la peinture d’histoire, donc la peinture qui
se rapporte à un texte. Or la qualité propre du peintre où se manifestera son
ingéniosité se trouve dans sa faculté à transposer une trame discursive narrative,
une succession temporelle dans une image qui se donne dans un ordre spatial de
coexistence. Transposition d’une succession temporelle de l’histoire en une
simultanéité de l’image. C'est cela qui fait le génie de l’invention et l’ingéniosité de
la peinture. Cette transposition sera par exemple exprimée par Le Brun dans un
passage où il limite la validité d’application du topos de la pictura poesis même dans
la peinture d’histoire :
« [Il] n’en est pas de la peinture comme de l’histoire. Qu’un historien se fait
entendre par un arrangement de paroles et une suite de discours qui forme une
image des choses qu’il veut dire et représente successivement telle action qu’il
lui-plaît. Mais le peintre n’ayant qu’un instant dans lequel il doit prendre la
chose qu’il veut figurer, pour représenter ce qui s’est passé à ce moment-là, il
est quelque fois nécessaire qu’il joigne ensemble beaucoup d’incidents qui
aient précédé afin de faire comprendre le sujet qu’il expose, sans quoi deux qui
verraient son ouvrage ne seraient pas mieux instruits que si cet historien, au
lieu de raconter tout le sujet de son histoire, se contentait d’en dire seulement
la fin »
Le tableau est pensé comme processus de transformation plastique de l’histoire : il
s’agit de procéder à une sorte de changement du temps à l’espace et cette
transformation sera le travail même de la composition et la composition dans le
lexique de l’époque = la partie théorique de la peinture qui se divise en Deux :
invention et disposition. Importation des catégories de la rhétorique pour nommer ces
parties de la peinture. Avec cette théorie de la composition et invention il ne s’agit pas
de réduire la peinture à du discours ou de la pensée mais montrer comment elle essaie
de penser par ses propres moyens et œuvre à la constitution d’un ordre plastique
propre par lequel a des idées de peinture, de transpo plastique d’une scène narrative.
L’invention dont on parle ici : ne doit pas être pensé comme production de qqch de
radicalement nouveau = qqch qui vise une manière renouvelée de représenter.
Poussin : Remarques sur la peinture : la nouveauté dans la peinture =/= sujet non
encore vu = dans la bonne et nouvelle exposition et expression : le sujet devient alors
isngulier et neuf. Avec l’invention : pas un engendrement un unique métaphysique
inédit mais envisager une esthétique du renouvellement des jours sous lesquels une
chose est représentée. Cette invention picturale qui cherche à transpo histoire dans le
palstique : opère sans règles déterminées, strictes et en cela : procède de l’ingenium,
càd de l’imagination en dernier lieu et non pas de l’entendement de l’artiste. Penser
une certaine idée au cœur de l’activité pictural : pas une idée de l’entendement mais
de l’imagination. Félibien, 1er entretien : un réel valorisation de l’imagination en tant
qu’est la faculté propre de production des images et des idées qui sont des images,
cette forme particulière de pouvoir être des images. Faut posséder cette partie
théorique pour parvenir à l’exécution . de ce point de vue, la composition en peinture
relève de l’invention qui n’st pas imitation d’un modèle préexistant mais il s’agit de
produire dans son atelier mental une image dont on n’a pas de modèle explicite.
Contre cette idée dont Panovski fait l’histoire : il s’agit de penser un atelier mental,
une fabrication par l’esprit de qqch , une fabrication de la pensée : trnaspo du discursif
en image = opération intellectuelle puis exécuté. Une intellectualisation du faire
technique, artistique. =/= critique de la dimension artisanale mais la redéployer dans
le champ de l’intellect grâce à la faculté d’imagination. Invention = processus de
fabrication del ‘idée en pictural et une invention des formes. Idéogenèse et
morphogenèse. Une idée qui est en même temps disposition de forme. Perspective =/=
invention = plutôt du côté de la mécanique de l’art. « Connaissance toute spirituelle
dont est susceptible la peinture » : montre que l’art du peintre est détaché de la
matière, de la main de l’artisan, car peintre doit d’abord former les tableaux dans son
esprit = la pratique est conditionnée par un travail théorique mais le pas de plus = une
intellectualisation étrange car la partie théorique de la peinture est elle même
technicisé, une forme de pratique : il s’agit de composer une image grâce à
l’imagination mais pas forger des concepts dans l’entendement. Selon cette hiérarchie
classique des genres : l’improtance de la fidélité de la peinture à l’histoire implique
que le rapport au tableau soit pensé sur le modèle de la lecture, déchiffrement, modèle
d’une sorte de reconn progressive des éléments constitutifs du texte de l’histoire
transopsé picturalement : cf. Poussin, lEttre du 28 avril 1639 (p. 45) : lisez l’histoire,
lisez le tableau, pour voir si chaque chose est approprié à son sujet ». La conformité
au modèle historique va quand même rester le critère d’une œuvre réussie puisque
l’unité de la peinture découle de l’unité du sujet représenté dans l’histoire et qu’on a
su rendre visible correctement. Le problème de l’unité de l’œuvre ainsi fondé sur le
représenté : va devenir un problème dans les débats à cette époque. Ça ne va pas de
soi.
Primat du coloris / du dessin. Querelle académique qui oppose de champeigne et
lebrun à propos du tableau de poussin qui date de 48, Eliezer et Rebecca. Poussin
supprime les chameaux. Ça engendre une querelle : Champeigne lui reproche ça.
Conférence et débat avec Lebrun cf. Conférence du 7 janvier 68 : c'est un problème
car la transfiguration plastique de l’action qui fait dignité de la peinture est censée être
fidèle. Lebrun dit : non il a fait preuve d’un discernement car a supprimé l’étranger du
noyau dramatique pour concentrer l’intérêt du spectateur sur le sujet principal et la
tonalité affective de la scène. Si y a chameau : parasitage du double intérêt essentiel
sur l’histoire et les affects car sont des animaux difformes et étonnants. Distraction du
regard et de l’intérêt. Rupture du registre, du ton car mêle comique au sérieux. La
suppression des chameaux = moyen de donner une convenance et une unité encore
plus grande au tableau et on voit que le type d’unité produite est une unité plastique
qui s’autorise une distance à l’égard de l’unité de l’histoire. + critère du beau pour
Lebrun : la beauté suppose une convenance et homogénéité. Il faut tendre vers l’unité
le plus possible et donc faut le plus possible supprimer tout ce qui distrait l’esprit de la
saisie unitaire de l’œuvre par la multiplication de ses intérêts. De ce point de vue
Champeigne malgré sa défense de la fidélité de l’histoire répond sur le plan artistique
et dit au contraire la laideur de ces animaux auraient rehausser l’éclat de ces belles
figures. La vertu pas comparée au vice semble moins charmante. Faut des ombres
pour bien distribuer la lumière. Là la beauté =/= l’effet d’une synthèse unifiante des
parties, leur harmonie qui converge dans l’homogénéité de l’action et ton = relève
d’une perception simultanée d’opposition contrastée, une sorte de tension entre des
valeurs contraires, entre le beau et le laid, ombre et lumière. Ici, on a même chez
Champeigne, une esthétique du clair-obscur qui montre que l’ombre au tableau
réhausse la beauté de l’ensemble. Leibniz : une esthétique du plaisir qui naît de
l’inquiétude qui disparaît : les plus grands compositeurs : entremêlent accords de
dissonances. Joie quand tout rentre dans l’ordre. Plaisir de la résolution d’un apparent
désordre qui inquiète mais est finalement résolu.
Conquête d’un ordre plastique propre tendant à s »émanciper de la stricte concordance
à l’histoire : autre exemple : querelle sur la définition de ce qui constitue l’essence de
la peinture : le dessin ou le coloris ? Problème des coloristes : il faut à la fois défendre
le prestige de la peinture, son intellectualisme avec pourtant ce qui semble être le plus
artisanal en elle, le plus dépendre de la matérialité, à savoir la couleur. La position
standard sur la question : privilège du dessin : chez Lebrun dans Conférence du 9
janvier 72 : commentaire de la conférence de Blanchard défendant le mérite de la
couleur par une éloge du Titien. Idée : le dessin : le lieu de l’idée de la peinture. Si la
peinture est un art noble par excellence, c'est parce qu’il y a du dessin ou dessein en
elle. Ce privilège du dessin va aussi découler du statut de l’histoire. Si dessin =
essence de la peinture c'est en vertu d’un critère de subsistance par soi : primat du
dessin tient au fait qu’il se soutient lui-même en ce sens qu’il est plus substantiel de la
couleur qui est du côté de l’accidentel = partition de nature qui est aussi partition
d’objet : dessin : figure le substantiel des objets / couleur : l’accidentel (un
changement de lumière transforme la couleur mais pas la figure de l’objet) : la
substantialité du dessin redouble celle de la figure. (Qualités premières / secondes.)
Selon Lebrun le dessin peut exister sans la couleur alors que la couleur dépend e
l’ordonnance préexistence du dessin pour être disposée sur la toile. Coloriage. Le
dessin : du côté de la cause formelle de la peinture / la couleur : cause matérielle, du
côté de la matière encore informe en attente d’une détermination qui lui sera fournie
par le dessin. La capacité figurative de la couleur est suspendue à la présence du
dessin qui relève de l’esprit. Et c'est parce que relève de l’esprit que la peinture par le
dessin s’accomplit dans l’idée. Couleur : parachève la beauté du tableau déjà faite par
le dessin. Privilège du dessin qui va de pair avec une idée de lecture de l’histoire et
articulation à la fidélité de l’histoire. Le plaisir pictural qui naît de ce privilège : relève
plus du docere que de pur plaisir à la présence des choses.
Défense du coloris tout en défendant la libéralité de la peinture : Roger de Piles : le
coloris est la qualité distinctive de la peinture et c'est lui qui accomplit la dimension
intellectuelle de la peinture. Dialogue sur le coloris 1773 : Damon dit à Pamphil : je
m’étais imaginé que le coloris n’était qu’une partie intégrante… Dessin : raison pour
l’homme et couleur : qu’un ornement ? Non : 1/ définition plus précise de la peinture
2/montre que le coloris assure la diff spécifique. 1/ peinture = art qui par le moyen de
la forme extérieure…imite tous les objets qui tombent sous le sens de la vue = c'est ce
qui distingue la peinture de tous les autres arts. Même niveau d’importe de la forme
extérieure et couleur ? non : la couleur = ce qui relève en propre du visible en tant que
visible. Et Piles va alors reprendre l’argument aristotélicien de ses adversaires pour le
renverser : la raison fait l’homme comme le coloris fait la peinture : renverse la
hiérarchie logique : le dessin = le genre de la peinture (plus général que l’espèce) et le
coloris : sa différence spécifique : comme le genre se communique à différentes
espèces donc genre moins noble que la diff qui est la propriété d’une seule espèce : le
degré d’animalité se communique indifféremment à homme et bête mais degré de
rationalité se communique qu’à l’homme donc c'est plus noble. La rationalité se
communique à tous les arts de proportion. Alors que couleur ne se communique qu’à
la peinture. (Objection : tapissier et tapissier aussi mais la différence selno Piles : leur
couleur sont attachés aux laines vs. terres et minéraux : différence de matière non
essentielle. Diff essentielle : ils traitent des couleurs et non pas du coloris : le coloris
=/= couleur elle-même = l’intelligence des couleurs dont le peintre se sert pour imiter
les objets naturels. Si en ce sens la couleur est du côté de la matière, il faut admettre
que le coloris a un statut d’emblée formel et intellectuel car c'est de la couleur
rationalité, c'est l’intelligence des couleurs, opération intellectuelle libre de choisir
parmi les apparences de la nature pour composer un système de représentation
harmonieuse. Préexistence du dessin sur le coloris quand même ? oui mais c'est une
marque de la supériorité du coloris. En suivant le schème même aristotélicien suivant
lequel l’actualisation de l’essence vient en dernier : la secondarité du coloris chrono
montre sa plus grande dignité ontologique : il parachève ce que le dessin ne faisait
qu’esquisser et en révèle l’essence. Dessin = réceptacle matériel de la couleur, en
attente de la différence spécifique qui lui sera apporté par le coloris. Que de la
matière. Si la peinture est un art du visible en tant que visible c'est donc bien le coloris
qui est cette différence spécifique. Conséquence : le dessin est donc dissocié de la vue
pour se rapporter au toucher. Dessin : pure fonction de délinéation =/= signe de l’idée
mais = corrélat de la matière. Il ne requiert pas la distance mais suppose le contact. Ne
s’adresse plus à l’œil mais à la main. Pas besoin de voir pour tracer un contour. Un
aveugle pourrait dessiner mais ne pourrait peintre. Ne pourrait distribuer
avantageusement ombres et lumières par le coloris. L’aveugle peut sculpter = art du
contour, du toucher, un art du dessin par excellence. Cf. Giovanni Gonnelli, aveugle
qui faisait des portraits de cire très ressemblant. Cf. Diderot : un peuple d’aveugles
pourrait avoir des statuaires. Et ils ressentiraient plus en les touchant que nous en les
voyant. La couleur est préférée au docere, savoir du dessin et c'est de la couleur que
dépend le plaisir pris à la peinture. Et pas que le plaisir pris à l’histoire. Cf. Seconde
Conversation de De Piles : le plaisir pictural ne peut être identifié par un simple
plaisir d’instruction, d’érudition car celui-ci n’a pas besoin de la peinture pour se
satisfaire. Cette substitution du coloris au dessin au sommet de la hiérarchie : a des
effets sur la manière dont on va se rapporter à l’œuvre. Pour tenter de comprendre
cette modification : voir la définition un peu canonique et finale que De Piles donne
au début de son Cours de peinture par principes. « l’essence est la déf de la
peinture… plus la peinture imite…plus nous conduit vers sa fin…séduire nos yeux…
donne des marques de sa véritable idée…la véritable peinture doit appeler son
spectateur par sa grande imitation… » : déf qui fabrique la figure historique du
spectateur moderne : au départ De Piles déf la peinture comme imitation dite forte et
fidèle càd vraie de la nature donc l’effet doit être de surprendre et appeler. Une
puissance de surprise et appel qi manifeste la force de la peinture, manifeste une
forme d’excès de la peinture qui peut sembler peu conciliable ave exigence de fidélité
mimétique : comment peut-on appeler et imiter parfaitement en même temps ?
Modification du rapport sensible au œuvres : modification du rapport de temporalité
entretenu au tableau : il ne s’agit plus comme chez les autres de penser le rapport au
tableau inscrit dans une durée, approfondissement du déchiffrement de l’histoire, une
lecture progressive du tableau : au contraire de ce temps long et continu, Piles
envisage la relation sur le mode instantané du choc soudain : ce temps concentré de la
rencontre = le temps de l’exercice d’une force d’attraction dont les tableaux ont
l’initiative. Cette force d’attraction immédiate peut être considérée comme
transposition de l’attraction newtonienne de l’attraction à distance. On voit bien que
c'est moins le spectateur qui entre et creuse la peinture par son regard et savoir que ce
n’est la peinture qui agit sur le spectateur, jaillit sur lui, l’attire et l’appelle. « le vrai
simple » = moment 1er de l’imitation = il s’agit de farie en sorte que les objets
paraissent en relief & question de la finalité de la peinture dit que doit produire « un
effet sensible en sorte que les figures semblent pouvoir se détacher du tableau pour
entrer en conversation avec ceux qui les regardent ». Importance du relief relativise
l’importance de la perspective, c'est plus non le regard qui creuse mais le tableau est
comme une surface en relief qui s’avance vers le spectateur. Imitation picturale
accomplit : fait éclater la bidimensionnalité de la représentation pour agir dans une 3e
dimension = relief qui aura pour fonction d’accrocher le regard et même le corps du
spectateur en l’arrêtant, en arrêtant son mouvement. De Piles prend le cas de
Raphaël : tableau inaccompli car le dessin a beau être exemplaire, l’ensemble reste
trop lisse, le regard glisse dessus, ne s’impose pas au regard par leur seule présence,
pas de force suffisante pour rompre l’indifférence perceptive du passant même quand
on est là pour les voir. Pour que la peinture ait du relief : faut qu’est une forme
d’excès par rapport à une sorte de vérité qu’on réduirait à la correspondance parfaite
entre imitation et modèle. Force qui est une intensification des modèles picturaux :
agencement de grandeurs intensives, intensification phénoménale dont le coloris est
l’opérateur principal c'est pour ça que peinture identifiée par un fard : coloré et
trompeur. L’idée que la peinture = un fard c'est emprunté à Dufresnoy dans De Arte
Graphica célèbre l’impudeur de la peinture. Mais là le fard c'est moins l’instrument
de la fausseté, du racolage que l’opérateur d’un excès pictural qui rend possible son
effet d’attraction immédiate. Pas qu’un simulacre vain mais condition d’une
phénoménalisation réussie, de rendre qqch d’efficacement visible et sensible. Une
sorte d’obscénité constitutive de la peinture : il s’agit de déborder la scène plate du
tableau pour manifester sa force sur le spectateur. Mais en quoi consiste cet excès du
pictural et en quoi l’exigence d’imitation et d’excès est en fait ce qui permet de rendre
la peinture d’autant plus vraie et fidèle ? Faut représenter les objets comme plus vrais
que nature pour atteindre la vérité, faut exagérer, produire une sur-visibilité pour
compenser les effets de distorsion engendrés par conditions matérielles ordinaires de
toute œuvre. L’exagération = opérateur d ‘une triple correction anticipée : 1/ anticiper
la correction de la platitude de la surface 2/ compenser la distance à laquelle les
tableaux sont vus 3/compenser l’usure ordinaire du temps que subissent les couleurs
=} 3 formes d’exagérer pour compenser : davantage de relief, légère transformation
des proportions et exagération des couleurs. La peinture ne sera plus qu’une simple
scène représentant l’histoire mais deviendra un dispositif de visibilité qui engendre
une imitation fidèle et d’autant plus vraie qu’elle intègre par anticipation les effets de
dissemblance qui surviennent nécessairement dans des situations concrètes de
perception. Cette exagération ne doit pas être elle même exagéré : forme de la
peinture doit rester subordonnée à la saisir unitaire du tableau que De Piles appelle le
tout-ensemble = « j’ai taché de le faire concevoir comme une machine où les roues se
prêtent mutuel secours, comme harmonie… ».Unité génrale du tableau n’est plus
causée par unité de laction représentée mais par unité de l’effet visuel produit par la
maitrise, ordonnancement de l’ombre, lumière, couleur. Contenu narriatif place au
second plan pour unité plastique de la composition. L’exigence du tout-ensemble fait
du tableau pas une imitation servile mais une machine visuelle. Terme de machine qui
permet de penser la subordination fonctionnelle de la multiplicité des éléments
particuliers à la production d’un effet unitaire commun par des effets d’assemblage. Il
compare le tout-ensemble à un tout politique. Tout est grand, petit, faible que par
comparaison dans le tableau (p. 65). Cf. Diderot, Effet sur la peinture et article
composition de l’Encyclopédie et dans les Pensées sur la peinture, de la composition
et du choix des sujets. On retrouve des choses qu’il y a déjà chez Piles : dmension
machinique et unitaire de la peinture. Défi de l’art du peintre : l’exagération à
produire doit éviter de trop se faire sentir pour ne pas tomber dans le manniérisme. Le
maître selon De Piles : Rubens. (La dissertation sur les ouvrages des plus fameux
peintres.) = le peintre philosophe qu irend une savante exagération car a la vértitable
idée de son art. La spécificité du génie de Rubens : il arrive à redoubler la source de la
diversité de la nature car il imite non pas les œuvres finies mais la puissance causale
de la nature elle-même. La peinture de Rubens pourrait est ainsi une espèce de
création : « il a soufflé ce même esprit dans ces ouvrages plutôt qu’il ne les a peints ».
Finalement, on en vient presque avec Rubens à une inversion du rapport d’imitation
car dans ses tableaux « l’art est au-dessus de la nature qui semble n’être en ces
occasions que la copie des ouvrages de ce grand peintre » (p. 169 des Cours de
peinture) : rivalise avec la nature mais aussi inverse le modèle. Cf. Wilde, Déclin du
mensonge : ce sont les peintres impressionnistes qui ont inventé les brouillards de
Londres, nous ont appris à voir ces brouillards, à en voir les mystères. Les peintres
fabriquent les modèles que la nature ne fait qu’imiter : parfois on perçoit une chose
naturelle comme une imitation d’une peinture = une expérience perceptive très banale
en réalité ! La force picturale de Rubens produit les effets affectifs qu’on attend de la
peinture. Cf. La chute des damnés de Rubens. « On voit par expérience que ce
tableau… ». L’effet de terreur ne vient pas du contenu narratif mais du dispositif
visuel du tableau. Avant même de considérer la narration, la simple présence des
couleurs sombres, crus etc. produit un effet de terreur semblable à celui qui serait
éprouvé par des damnés. Pas des formes qui racontent une histoire mais des forces
concentrées : « grand fracas de figures ». Alors qu ela plupart des peintres ont
tendance à contracter des manières qui les posuses à se reprduire toujours, Rubens lui
devient source d’un erenouvellement permanent. Chaque nouveau tableau est
l’occasion de devenir un nouvel homme à chaque fois. Imiter parfaitement la force de
création de la nature va de pair, est compatible avec la liberté de l’activité artistique
qui est ultimement pensé comme non pas que faculté de produire des œuvres, mais
activité par laquelle l’artiste se reproduit comme artiste à chaque œuvre,
différemment. Comment dans ce cas là on peut reconnaître le style de cet
artiste caméléon ? « La surprise et l’effet extraordinaire qu’on remarque ». La
promptitude et vivacité de la surprise doit fixer l’attention qui immobilise le corps à
s’arrêter devant la toile et ça engage une nouvelle temporalité, un nouveau rapport au
tableau qui passe aussi par un changement d’ordre : la peinture est dite appeler le
spectateur : du registre visuel au registre sonore : le surcroît de visibilité, l’exagéré =
passage à la limite, qui se présente comme verbalisation, la puissance de la peinture
pensée selon modèle discursif. C'est pour ça que sa force d’attraction par laquelle un
passant est contraint de s’arrêter pour devenir spectateur constitue un appel en nous
surprenant. La peinture procède donc à une interpellation qui engendre aussi une
forme de subjectivation puisque c'est sous l’effet de cet appel que le simple passant
surpris devient un spectateur. On devient spectateur en cessant d’être un passant
indifférent. Art du peintre = forcer l’interruption du cours ordinaire et impassible du
corps et de l’esprit par production d’un effet de surprise. Appel = rupture brutale de
l’indifférence. Alors force de la peinture = capture non pas que du regard et du corps
tout entier. Le terme d’appel = autorité, le pouvoir exercer par la peinture sur celui qui
devient spectateur c'est aussi obligé qqn à s’approcher. C'est attirer à soi, ça suppose
donc une position de supériorité. Contre les discours souvent bavards des prétendus
connaisseurs de la peinture, De Piles réclame de penser les tableaux comme les
véritables maîtres. Cf. Conversation sur la connaissance de la peinture. Pour soigner
son goût faut se mettre à l’école des tableaux. Les regarder. Le cri d’appel de la
peinture = une sorte de manifestation sonore de cette autorité sensible de la peinture.
Passage du visuel au verbale : permet de penser l’autorité de la peinture : un appel qui
n’est pas la finalité mais ça n’est que le 1 er moment d’un discours, le moment de
l’ouverture du dialogue ; ensuite faut engager une conversation avec le tableau ; faut
instaurer une relation dialogique entre le tableau et le spectateur. Cette conversation
qui doit se prolonger avec les autres spectateurs sur le mode de la conversation
critique = manière de penser le fait qu’à partir de la déf de la peinture comme ce qui
imite les choses visibles et appelle son spectateur = manière d’inclure dans la déf
technique de la peinture, ce qui deviendra un public, un discours critique, qui seront
les objets principaux de l’esthétique au 19e siècle. Conversation publique des
amateurs rendus possible et féconde que si chacun a su entrer en conversation avec les
tableaux, individuellement. Les conversations sociales qui font le jeu du jugement de
goût ne sont en fait pour De Piles que le redoublement externalisé de la conversation
1er qu’on entretient avec la peinture. Dans ce redoublement discursif : linéament de
communauté de sentiments, partage du sensible puisque l’importance de la socialité et
de la formation de l’esprit par la communication des affects et raisons va conduire De
Piles a demander une plus grande publicité des œuvres que celles offerte par
académies et collections privées. Il appelle à une ouverture des lieux où sont les
tableaux pour pouvoir multiplier les occasions de pouvoir engager des conversations
avec les tableaux pour que chacun puisse parfaire son goût, càd son idée de la
peinture, accomplir le programme du maître annoncé de Jourdain. Pour inciter la
conversation avec les œuvres faut inciter à entrer dans les espaces où sont les œuvres.
Horizon universaliste : penser les fondements des transformations des galeries en
musées publics. Cf. Schaer, L’invention des musées. Idée : œuvrer à une plus grande
publicité des œuvres, augmenter les conversations, parfaire le goût. Cf. Valéry, Le
problème des musées et Préface d’un catalogue.
Séance 8
Séance 13
Elargir les apparences du monde réel et ce faisant élargir l’âme. Il faut avoir des
exemples historiquement situés, mais assez originaux. Comme Goya. S’affranchir de
la lettre du texte pour le ressaisir dans une perspective historique plus vaste. Kant
surtout sensible à la beauté naturelle donc faut être prudent quand on le prolonge par
des exemples. Si on prend un exemple antérieur à Kant. Par exemple, un tableau de
Fragonard, Les hasards heureux de l’escarpolette, une jeune femme sur une
balançoire fixé sur un arbre aux feuillages très important et prise à son point
culminant, elle en perd sa pantoufle suspendue dans les airs. Sous elle, un jeune
homme amoureux qui lui fait face et qui tend la main en direction des dessous de la
jeunes filles, on suppose qu’il les voit à chaque fois qu’elle repasse, une figuration du
désir. La pantoufle fait signe vers une figure de cupidon. Une situation narrative qui
libère un espace de jeu où l’imagination peut prolonger à loisir la scène. Le Laocoon :
sur le point culminant, partie III, p. 55-57 et 120-121 : « si l’artiste ne peut jamais
saisir qu’un seul instant de la nature toujours changeant… plus nous voyons de choses
dans une œuvre d’art plus elle doit faire naître d’idée… l’instant du paroxysme… »
narrativité éventuelle d’un instant choisi qui doit comprendre l’instant qui précède et
celui qui suit.
Rapport entre libre jeu et apparences sensibles notamment chez Schiller : l’homme
échappe à son instinct sensible et accède à l’humanité : par la joie qu’il prend à
l’apparence, le goût de la toilette et du jeu. L’indifférence à l’égard de la réalité et
plaisir à l’apparence, signe qu’il acquiert une autonomie càd s’approprie le réel par les
formes qu’il lui donne, en dissimulant donc la réalité brute. L’apparence esthétique
doit être sincère dans la dissimulation càd doit répudier toute prétention à se faire
passer pour réel. Comme la politesse : ce n’est pas une hypocrisie, mais une
apparence belle contribuant à la formation de la culture (lettre 26)
Kant : la poésie joue avec l’apparence sans tromper par celle-ci
Les objets nous plaisent car sont faits de manière tellement naturelle, p. 257 de
l’Esthétique d’Hegel.
C'est pourquoi l’homme réclame du superflu, de matière et du superflu qui s’ajout eà
la matière. L’affirmation des apparences pour elles-mêmes, libérées avec la réalité,
l’essence. Contrairement à chez Hegel plus tard. L’art ne nous donne accès ni à la
vérité ni à la réalité, même une réalité plus profonde et essentielle. Donc si l’art de ce
point de vue est affranchi de toute épistémologie voir de toute ontologie faut en tirer
les conséquences qui s’imposent. Ce qui se passe avec Kant et Schiller : on a affaire à
une affirmation des apparences sensibles pour elles-mêmes qui permettent de poser
une phénoménalité affranchie de toute ontologie, de toute relation avec l’être ou
l’essence : les apparences reconduites qu’à elles-mêmes. Cf. le beau chez Kant =
satisfaction désintéressée : une forme plaît indépendamment de l’existence de l’objet :
la forme vaut comme apparence affranchie de toute rapport à une réalité autre qu’elle-
même. C'est un thème qu’on retrouve chez Nietzsche : l’affirmation de l’apparence
pour elle-même déliée de tout rapport avec la réalité en tant que contrainte sensible ou
morale.
Digression sur le statut de l’apparence. L’importance de la politesse vaut comme
habillage, revêtement du réel revendiqué comme tel, c'est pas une dissimulation
hypocrite. Et il en va de l’humanité. Mais l’idée de revêtement habille gout pour la
toilette renvoie à une cosmétique ou cosmétologie : cosmos = le monde ou l’ordre du
monde plutôt mais aussi = la parure ou l’ornement corporel. Quand Héra se pare pour
séduire Zeus dans l’Iliade, « ayant ainsi parer (kosmon) son corps de toute sa parure
elle quitta sa chambre ». La beauté de la parure tient à son caractère de belle
ordonnance et non de qualité intrinsèque. Cosmetike techne : art de la parure. Le
cosmos = le bel arrangement des apparences. Et on comprend de ce point de vue que
les 1ers chrétiens aient manifesté une haine du monde terrestre, sensible par une
condamnation de la parure qui devient immonde ou immondice. Cf. Bertrand Prevost,
« Pour une cosmologie de la parure ».
Le cosmétique = la manifestation d’un ordre des apparences et des apparaître, un
ordre qui se manifeste à même l’arrangement des apparences. C'est la fonction du
cosmos chez les Grecs en tant que conjure le désordre du chaos, manifeste un ordre,
une régularité. A la manière dont l’état esthétique nous protège du chaos et de la
barbarie chez Schiller. Dans le prolongement de cette cosmétique : Senper (1803-
18…). Thèse principale :pas de coupure entre un art libre aux aspirations élevées et un
art servile destiné à l’ornement, pas de distinction entre accessoire, inessentiel,
parergon et ce qui est essentiel, ergon. Dans les deux cas selon Senper opère un
principe de revêtement, camoufler la réalité : au principe de tous les arts.
Dissimulation sincère. Architecture : il suppose que le 1er mur, le mur originaire, du
premier foyer, c'est un mur tressé ou une tenture qui jette un voile sur ses partie
structurelles, pas de mur qui ne soit voilement ; Le mur est revêtement et non
structures, donc tout est recouvert par partie thermiques, visuelles, tactiles :
l’architecture est liée à la parure corporelle. Une continuité du revêtement,
généralisation du revêtement. Cosmétique et primat du textile chez Senper. Il a
défendu l’hypothèse aujourd'hui admise selon laquelle les temples grecs étaient peints
voire recouverts de tenture colorées. L’architecture se déf comme vêtement et
revêtement. 1856 ; il établit un rapport entre cosmos et parure. Quand l’homme orne
un objet il accentue une légalité naturelle déjà présente dans l’objet qu’il décore. » On
retrouve Schiller et Kant sur comment on suit les lois de la nature mais en s’accordant
plus sur leur liberté que leur légalité. Filiation conceptuelle sur jeu libre jeu apparence
revêtement et textile : importance que Senper accorde au jeu dans Le Style :
« environné d’un monde empli de phénomènes merveilleux… et que seul lui parvient
un accord incomplet qui maintient son esprit…par la médiation du jeu, l’homme sort
du néant…et se bâtit un monde…où la loi cosmique apparaît parfaite… à travers ce
jeu l’homme satisfait son instinct cosmogonique ». Instinct cosmogonique qui reste
joueur. Cette cosmétologie ou instinct cosmogonique s’oppose au mimétique. Il faut
d’abord ordonner la nature plutôt que l’imiter, il faut l’embellir par les revêtement
qu’elle inspire ou favorise (tressage, treillis…). Prolongement : élargir du côté de
l’anthropologie. Le jeu des parures des masques cf. Dernier livre de Descola. CLS, La
voix des masques. Ça fait des moyens de décrochage. Par ce biais là on peut ouvrir
autrement le sujet vers l’ethnologie. Point d’ancrage familier pour le jury : l’éloge du
maquillage de Baudelaire. La question du goût examine la question de l’ordre des
phénomènes du point de vue d’un agrément d’un plaisir pris à l’harmonie pris des
parties entre elles, ce qui forme un ordre des apparences, leur symétrie, etc. : des
perspectives plus anthropo relatives au besoin humains de se parer, de parer la nature,
de s’inspirer de la nature pour le revêtir et mettre la réalité du monde à distance. C'est
ce dont le texte de Baudelaire atteste : examen du maquillage comme opposé aux
contraintes que la nature impose à l’homme. Donc la nature devient l’objet pour
l’homme d’une appropriation cosmétique, d’un faire cosmétologique, car la nature a
qch de cosmétique par elle-même par le bel arrangement qu’elle présente.
Conclusion sur la rapport art, jeu, apparence, revêtement : d’où l’extension de la
question de l’apparence chez Nietzsche et importance du jeu, un prolongement du
Kant sous une forme moins opposée que d’habitude : il y a chez Nietzsche une
affirmation des apparences pour elles-mêmes. §2 Epilogue contre Wagner :
importance de l’autonomie des apparences : « non ce mauvais goût, ce désir de vérité,
de « vérité à tout prix »…nous en sommes dégoûtés, nous sommes pour cela trop
pleins d’expérience, trop sérieux, trop gais, trop profonds, nous ne croyons plus que la
vérité reste encore vrai lorsqu’on la dépouille de ses voiles. On devrait honorer la
pudeur derrière laquelle la nature… les grecs étaient superficiels à force d’être
profonds ». La vérité est parure. Telle est la vérité de la nouvelle philosophie anti-
platonicienne. Cette affirmation des apparences concerne l’affirmation corrélative
d’un philosophe artiste. Libéré de la question de la vérité au sens classique du terme.
Nietzsche reste fidèle à la Kant car l’art est affranchie de la recherche théorique.
Affranchir l’art de toute relation avec la connaissance. Mais récuse la distinction
kantienne entre activité théorique et activité pratique : on ne distingue plus ces deux
domaines. Le domaine intermédiaire, l’esthétique occupe désormais toute la place.
Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que l’art renoue très vite après Kant avec la question
de la vérité et de la connaissance ?
C'est la séparation même des domaines entre pratique, théorique, esthétique qui
permet d’instaurer la nouvelle relation entre art et connaissance. A partir des
distinctions kantiennes, la position kantienne va être récusée. Le motif qui permet ce
renversement ? Le génie. C'est l’opérateur. LE génie chez Kant : il ne franchit pas les
limites du connaissable mais il s’en affranchit par l’imagination de manière à élargir
l’âme. Il suffit de récuser la distinction entre franchir et s’affranchir pour que le génie
kantien devienne celui qui peut outrepasser l’interdit kantien de la critique de la raison
pure, càd aller au-delà des phénomènes. En raison de son génie l’artiste accède à une
relation privilégiée avec la nature en vertu de la déf kantienne du génie = un homme
qui reçoit son talent de la nature. §46 : le génie ne peut décrire lui-même ou exposé
scientifique par concept comment il réalise son produit ; c'est en tant que nature qu’il
produit la règle ; c'est pour ça que ne sait pas comment se trouve en lui les idées qui
s’y rapporte. La nature lui donne un talent dont le savoir reste inconscient,
inaccessible à la connaissance. L’inconscient fait sa réapparition en tant qu’est une
voie privilégiée à la nature. Le génie peut renvoyer à un mode de connaissance
nouveau capable d’outrepasser les limites du connaissable kantien lequel réclame
pourtant une conscience discursive. L’artiste, lui seul, devient capable d’un mode de
connaissance supérieur. Il est la figure qu’on doit privilégié si on veut dépasser les
limites du connaissable fixées par Kant. Exemple : Schelling à partir de l’art grec.
« Aussi longtemps que l’homme séjourne dans le domaine de la nature il est seigneur
de la nature et de lui même il assigne au monde objectif, la nature, ses limites précises
qu’il ne doit pas transgresser, en se représentant l’objet il le domine en lui donnant
forme et consistance, il n’a rien à craindre de sa part car c'est lui qui lui a imposé ses
limite mais dès qu’il supprime ses limites que l’objet n’est plus représentable, erre
hors des limites de la représentation il est perdu les terreurs du monde objectifs
l’assaille, il ne peut plus donner aucune forme à l’objet dénué de limite, comment le
saisir ? » = homme conscient gardien des limites bientôt confronté à l’illimité.
L’enjeu : celui d’une lutte entre la limite et l’illimité (on retrouvera cette lutte chez
Nietzsche entre Apollon et Dionysos). Le génie dans ce cas de figure : celui qui opère
la synthèse entre la limite et l’illimité. La synthèse s’opère en lui. Et il devient par là
la voie d’accès à un nouveau mode de connaissance : « l’intuition qu’on a postulé doit
embrassé ce qui existe séparément…l’identité du moi… l’obscur concept de génie ».
génie = celui qui réfléchit l’activité inconsciente et l’activité consciente, il est à la fois
affirmation de la liberté comme activité consciente et de l’objectivité en tant que
nature, union de la nature et de la liberté. Parce qu’il est nature et liberté. Par là il a
accès à un mode de connaissance privilégié même si est inconscient. Il va faire venir à
la conscience cet inconscient à travers la forme poétique. L’œuvre d’art va « réfléchir
pour nous l’identité de l’activité consciente et de l’activité inconsciente » « la part non
apprise…c'est en un mot ce que nous pouvons nommer la poésie dans l’art ». D’un
côté on a le Poème, le Poétique en art qui est apparition de l’infini dans le fini ou de
l’illimité dans le limité. Par-là l’infini se voit représenté : contenu à l’intérieur du fini.
L’art redevient connaissance car accède à l’infini qu’il enferme dans le fini et accède
à la nature qu’il enferme dans la liberté. Pas une connaissance discursive par
concepts. Il est redevenu connaissance en tant que le philosophe y voit un mode
d’accès privilégié intuitif à une réalité non phénoménale, non limité : revanche de
l’intuitif sur le discursif. Une brèche qui permet d’aller au-delà du phénoménal.
L’imagination s’affranchissait du monde phénoménale, maintenant c'est une intuition
qui franchit les limites du monde phénoménal : imagination créatrice cède la place à
une intuition supra sensible qui permet de voir au-delà du phénomène ou de la
représentation car chez Kant le phénomène se donne dans une représentation. Et en
même temps on comprend que ce qui reste vrai :l’artiste ne sait pas ce qu’il fait car
entretient un rapport intuitif avec cette réalité : n’a pas conscience du nouveau type de
savoir auquel il donne accès. Le philosophe devient la conscience de l’artiste, le
philosophe sera à même de révéler le savoir à lui-même et de se le révéler à lui-même.
Le philosophe a besoin de l’intuition d’un artiste inconscient dont il sera l’instance
réfléchie, le discours discursif. Accède à un monde au-delà de la représentation mais
ignore l’importance et la nature de ce savoir, il doit être accompagné de la conscience
philosophique. On retrouvera ce dépassement chez Schopenhauer, Hegel, Heidegger,
Bergson, Merleau-Ponty. Repli de l’art sur un mode de connaissance privilégié du
réel. Un couple qui atteste de cette transformation : surface / profondeur. La surface =
monde phénoménal de la représentation et la profondeur = ce qui est situé au-delà.
Couple qui vaut dans le champ philosophique métaphoriquement et dans le champ
esthétique presque sous une forme littéral. On n’abandonne pas le monde de la
représentation. Le monde de la représentation devient subordonné à une profondeur
qui le dépasse et doit se manifester dans le monde de la représentation d’une manière
ou d’une autre.
Dépassement se fait simultanément dans deux directions opposées :
Hegel & Schopenhauer : deux au-delàs du monde de la représentation. Dans les deux
cas, le monde de la représentation ou le monde des apparences doit être reconduit vers
une essence, l’essence qu’elles expriment.
Hegel : L’art de l’âge moderne, Jean-Marie Schefer. Ouvrage qui critique l’esthétique
spéculative du romantisme à Heidegger car ce sont des philosophies qui ont
arraisonné l’art au service de leur philosophie.
Chez Schelling, l’harmonie inattendue de l’activité objective de la nature en nous
comme inconscient et de l’activité consciente de l’autre, n’est autre que l’absolu, on
comprend que Hegel fasse de l’art la première des manifestations de l’esprit absolu. 3
manifestations : l’art, la religion, la philosophie. Récuser le jugement du goût comme
fondement de la connaissance de l’art car l’esprit est à l’œuvre dans l’art donc celui-ci
peut être connu rationnellement comme production de l’esprit. Dans le mouvement
dialectique qui est le sien, l’esprit se donne un monde, devient pour soi pour revenir à
soi à travers les œuvres d’art. Dans les apparences mêmes que prend l’esprit dans les
œuvres : l’art fait entrevoir qch qui dépasse l’apparence car est la manifestation de
l’esprit. La forme, l’apparence, est inséparable d’un contenu qu’elle révèle ou
manifeste en tant que tel, qui en est inséparable. D’où la récusation dès le début, de la
beauté naturelle en tant que manifestation inférieure de l’esprit. L’exclusion du beau
naturel renvoie à une nécessité du concept de beauté. Pour autant qu’il est expression
de l’esprit. Donc n’importe quelle production de l’esprit est supérieure à celle de la
nature. On quitte le plan de la nature qui pouvait encore être enveloppé dans la
cosmétique qui s’inspire de la nature pour la porter à un embellissement. Là :
affranchissement total au premier du plan de l’esprit. L’art est expression,
principalement, mais pas expression de l’artiste mais de l’esprit, càd que l’art est
l’expression du contenu de l’esprit à travers la forme, celle-ci exprime le contenu de
l’esprit et non pas l’artiste. Forme et contenu : deux termes inséparables et toute
l’histoire de l’esthétique d’Hegel c'est la relation forme/contenu, l’esprit se manifeste
concrètement à partir des formes historiques. 3 moments essentiels qui correspondent
aux 3 formes principales : symboliques, classiques et romantiques. Cette
phénoménalisation de l’esprit à travers les formes artistiques est inséparable d’une
herméneutique par laquelle on peut déterminer le rapport du contenu avec telle ou
telle forme. L’herméneutique que produit l’esthétique de Hegel : théorie des signes et
de leur expression. L’esthétique d’Hegel = herméneutique : art = expression de
l’inséparabilité du rapport contenu/forme. A travers sa théorie du symbole Hegel
inaugure cette inséparabilité : déchiffrement des signes dont le contenu ne parvient
pas à trouver sa forme adéquate dans le 1 er moment. Esthétique de Hegel = comment
montrer que le contenu séparé de la forme se réunit dans la forme classique pour se
séparer de nouveau dans le moment romantique. Moment symbolique = une lutte de
l’imagination pour s’élever au-dessus de la nature et atteindre la spiritualité.
Seulement c'est une tentative impuissance, qui échoue. Le moment symbolique ne
réussit à enfanter que la forme extérieure des significations tirées de la nature. Càd il
ne saisit que l’animal dans sa forme extérieure. Ou bien il n’a réussi qu’à représenter
des abstractions morales dépourvues de personnalités. En ce sens Hegel distingue
dans le symbole deux termes : le sens et l’expression. Le terme symbole
étymologiquement c'est deux termes séparés puis réunies. Sens : conception de
l’esprit quel qu’en soit le contenu. Expression : phénomène sensible, image qui
s’adresse au sens. Union du signe à la chose signifiée est arbitraire. Dans le cadre du
symbole : l’union est motivée. Ruse du renard : contenu à exprimer : le renard devient
le symbole de la ruse. Le symbole : forme du contenu, le renard c'est la forme de la
ruse : il exprime bien le contenu. Bien que le symbole ne soit pas étranger à la
signification qu’il exprime, il ne doit pas la représenter parfaitement sinon perd son
pouvoir symbolique ça veut dire que le symbole qui est au principe de tous les arts
avant l’art grec (perses, égyptiens,…) est essentiellement équivoque, ne parvient pas à
ajointer les deux, sens et équivoque, en raison du hiatus entre sens propre et figuré :
un lion n’est jamais qu’un lion et un lieu est symbole de la royauté au sens figuré. Ça
fait l’impuissance de tout le moment symbolique : il y a une extériorité de la forme
par rapport au contenu. Le lion vaut pour lui même indépendamment de sa valeur
comme symbole ; Entre la signification et la forme : une simple affinité par laquelle
l’un fait songer à l’autre : le rapport n’est pas suffisamment motivé. Pas d’adéquation
possible. C'est le défaut constitutif de l’art symbole : l’art s’épuise dans ce hiatus
relatif à la signification :l’art ne parvient pas dans son expression à signifier ce qu’il
voudrait. La signification des arts symboles ne peuvent être comprise qu’en
connaissant la correspondance entre les termes forme et contenu. Des hommes à tête
de renard, l’homme associé à des éléments de la nature, mise en rapport de deux
termes sans rapport : scission, dans une relation symbolique, de l’homme, on se doute
bien qu’il y a des signes non arbitraires mais on ne peut pas savoir en quoi y a
symboles. C'est indéchiffrable car on n’a pas les éléments interprétatifs. Donc Hegel
suppose un hiatus irréconciliable entre apparence de la statuaire et son sens, entre les
deux parties du symbole. EPI pour les textes. « l’esprit cherche à se manifester au
moyen de l’art de façon encore muette ». Le sphynx : c'est le point culminant du
symbolisme. Tous les registres du signes de l’ordre du symbolisme, du hiatus.
2e forme : l’art classique : l’art véritable pour Hegel, au sens où plus jamais l’art
n’aura cette importance, même après. Il est l’union intime du contenu et de la forme.
« La convenance réciproque … et leur parfaite harmonie… c'est la signification libre
qui n’est pas signification de ceci ou de cela mais se manifeste elle-même et d’elle-
même, en un mot, c'est l’esprit qui se prend pour objet, en se donnant en spectacle à
lui il revêt une forme extérieure et celle-ci devient son expression fidèle et adéquate. »
Au niveau de l’apparence sensible : c'est comme si l’esprit avait enfin trouvé son
langage. Artistiquement l’esprit, le contenu de l’esprit, le sens que l’esprit veut
extérioriser pour lui-même, c'est la statuaire grecque pour l’essentiel mais aussi la
tragédie grecque. Ce par quoi le hiatus ou défaut de la forme symbolique est
surmontée : par la création de forme individuelle et non plus à des formes non
individuées, abstraites, qui sont comme des types. « Cette destruction une fois
réellement opérée, la signification ne peut pas rester à l’état de simple abstraction
idéale…elle doit devenir la personnalité libre…[qui] referme l’autre élément, la forme
extérieure… » On assiste chez les Grecs a une idéalisation et spiritualisation de la
nature, dont l’homme est le centre et en vertu du fait que l’homme occupe le centre.
Corrélativement : on assiste à une dégradation, ou dévalorisation du pouvoir
expressif du règne animal. Les dieux prennent ainsi l’apparence d’humains. Les Grecs
empruntent la forme extérieure corporelle à la nature mais sans superficialité car
l’image est idéalisée, harmonieuse, par quoi ils deviennent une image de l’esprit pour
Hegel. Par là on s’affranchit de la nature car c'est une nature idéale, parfaite,
harmonieuse, proportionné, soumise à la symétrie dont on a affaire à une nature
spiritualisée.
Moment romantique : déprécié chez Hegel. Eloignement de la réalité intérieure et de
la réalité extérieure. La subjectivité se retire en elle-même car ne sait plus retrouver sa
réalisation parfaite et son image dans les formes proposées. La subjectivité se
découvre une telle richesse intérieure spirituelle que ça ne peut plus être l’art qui la lui
donne. L’art n’est plus le langage qui permet à l’esprit absolu de se donner une forme
qui convienne à ce qu’il se révèle à lui-même de lui-même. C'est pourquoi « l’art est
une chose du passée » au sens où plus jamais il ne sera révélation idéalisée d’un
contenu religieux comme chez les Grecs. Jamais plus on ne pourra croire à la
spiritualité des œuvres : l’art ne sera plus que de l’art car la liberté, l’infini, l’absolu,
pour nous, se sont produits ailleurs que dans l’art, dans la religion notamment puis
dans la philosophie. Séparation se produit car l’esprit n peut plus se satisfaire du
langage de l’art pour exprimer ce qu’il est, pour se manifester concrètement. L’art
romantique repose sur scission profonde entre spiritualité infinie et monde extérieur
matériel. L’esprit atteint désormais une forme de pensée trop haute pour que l’art
puisse la représenter. Si bien que l’esprit compte tenu de la découverte de cette
nouvelle vérité abandonne cet accord avec le monde sensible et se retire en lui-même
pour trouver son harmonie au sein de sa nature intime. Donc la véritable nature de
l’esprit ne consiste plus à s’absorber dans la nature corporelle, à se révéler à lui-même
à travers l’idéalité de la nature corporelle. De l’autre côté le monde extérieur peut se
dév comme qq qui doit reflété la domination de l’esprit. Surgissement du contingent,
du comique, de l’accident, de l’anecdotique : possible que parce que ‘lame s’est
retirée en elle-même donc peut imiter la nature dans ce qu’elle a de passager,
accidentel, prosaïque mais pour autant que l’esprit s’est érigé en maître de toute
réalité : artiste devient maître de l’apparence passagère (reflet de la lumière dans les
grains de raisin). « c'est un triomphe de l’art sur la durée passagère…trompe l’esprit
pour montrer uniquement sa puissance sur la réalité passagère et fugitive ». l’esprit
n’est plus présent dans l’œuvre au sens où n’incarne plus une idée essentielle, et vrai à
travers une forme qui conviendrait parfaitement à l’idée en question. L’art a
abandonné l’idée. La peinture hollandaise pour Hegel témoigne de la scission du
moment romantique, par laquelle l’esprit comme séparé de lui-même est devenu
accident, extériorité et contingence et c'est ce qu’il recueille comme simple maîtrise, il
est scindé de lui-même donc pour l’esprit, l’art est chose du passé car pas là où il
s’accomplit dans la plénitude de sa puissance spirituelle.
On a distingué l’instauration d’un plan de nature et celle d’un plan de l’esprit. Plutôt
que de dire que l’art est mort : ne pas se saisir de Hegel pour dire ça. La manière dont
a été repris cette idée de l’art comme manifestation de l’esprit. Kandinsky dans Du
spirituel dans l’art dans l’art. Mondrian. Des œuvres qui veulent se situer sur le plan
de l’esprit. La nature devient manifestation de l’esprit. Utilisation d’Hegel possible là
mais en montrant comment le concept d’esprit s’est déplacé : pas l’esprit absolu, mais
l’esprit tout court, etc.
Manque séance dernière
Séance 15
Schopenhauer L’acte de connaître ne perçoit les essences qu’à condition de
s’affranchir des enchaînements à laquelle la volonté nous contraint. « Lorsqu’on cesse
… l’objectité immédiate de la volonté [manière dont la volonté est perceptible comme
un objet] » §34 Le monde comme…
Cet affrachissement à l’égard de la volonté et de ses tumultes nous dévoile la beauté
du phénomène comme forme à la faveur d’une sorte de stase, d’immobilisation, donc
y a plus un primat de la relation (un objet est toujours enchainé à un autre), en faveur
d’un primat de la forme pour elle-même. C'est le propre de l’intuition chez Schop
dont chacun peut faire preuve mais dont fait preuve à un degré très élevé le génie seul.
La vision du génie s’élève au-dessus de l’existence phénoménale, s’en affranchit, ne
se laisse pas entraîner dans les relations, et accède à l’essence ou à l’Idée en tant que
forme éternelle. Donc la marque du génie = percevoir les sens. Mais en plus de
l’objectiver dans une forme dans le cas du génie. Quand le génie produit, qu’est-ce
qu’il manifeste ? Ce que veut la volonté à travers les existences particulières mais
qu’elle ne parvient pas véritablement à produire : la forme à laquelle parvient l’artiste
= la forme que prend le vouloir idéalement. La nature en elle-même, le problème de la
nature : sa volonté contrariée par sa propre pluralité : un arbre pousse, il pourrait avoir
une forme parfaite mais il pousse à flanc de coteau, y a le vent, etc. ; donc la volonté
ne produit que des formes imparfaites. Le génie voit l’essence car voit ce que la
volonté voulait dans la forme imparfaite. Il y a des degrés d’objectification de la
volonté. De la même manière, il y a des degrés dans la manifestation de l’Idée ou de
la forme que l’artiste va pouvoir donner et qui correspond à une hiérarchie dans les
arts chez Schopenhauer qui va du plus matériel jusqu’au plus immatériel, de
l’architecture, sculpture, peinture, théâtre, poésie, musique. Musique = la forme de la
volonté elle-même (même pas une Idée). C'est ce qui fait la supériorité de l’artiste sur
la nature : elle nous offre des moments de grande beauté, elle favorise chez nous des
stases mais elle reste confuse. Elle reste tragique (Mondrian) : l’arbre est tortdu. Le
caractère défectueux des existences individuelles peut être dépassé par la forme
éternelle que le génie donne aux formes effectives. L’essence est empêché de
s’exprimer dans la nature. D’om l’idée d »’un pressentiement chez le génie, qui
devine ce que la nature voulait faire à travers ce qu’elle a fait. §45 « pressentiment de
ce que la nature… s’efforce de réaliser… à ce pressentiment, le génie joint une
extraordinaire profondeur de réflexion… il comprend la nature… » Tout se passe
comme si l’eidée était a priori chez le génie, comme si était préexistante à l’intérieur
du génie, comme s’il avait le pressentiment de ce qui se manifeste seulement de
manière schématique dans le sensible. Cette conception de l’a priori : cf. quand
Schopenhauer compare le travail de l’artiste à celui de l’historien = rebasculement de
l’art du coté de la connaissance. « Ressemble à un homme… le résultat auquel il
arrive empiriquement est entaché… » le poète peut se libérer de l’empirie, comme s’il
avait le pressentiment de ce que l’empirie peut rater. « le poète est comme le
mathématicien qui construit son rapport dans l’intuition pure… comme ils sont dans
l’idée que ce dessin doit représenter » Il y a une idéalité qu’il faut extraire de la nature
et que la nature n’est pas à même d’exprimer adéquatement. Idée qu’il y a un mode de
connaissance qui va désormais porter le nom d’intuition qui est voie d’accès privilégié
au réel, l’homme du discursif n’a pas accès à ça. Illustration d’un transfert de
connaissance : le génie est un être ou un homme de connaissance ; Il atteint même à la
connaissance pure. Comme chez Hegel , c'est inséparable d’une herméneutique
d=sommaire. Schop distingue deux types de signification : une connaissance par
concepts, extérieure, nominale et signification intérieure, réelle. Connaissance
extérieure = la signification d’une réalité s’ajoute à elle de l’extérieur tandis que
l’autre appartient à la réalité en question, elle se manifeste significativement. La
signification extérieure renvoie aux connaissances de l’action historique : elle peut
être très importante compte tenu de toutes les conséquences qu’elle a pu avoir ; alors
même que peut avoir une signification intérieure très pauvre : exemple : un
événement historique en lui même insignifiant mais a des consq considérables =
signification extérieure très riche. Inversement : la peinture des intérieurs hollandais :
une signification extérieure presque insignifiante, ne sont pas le symbole d’actions
glorieuses historiques, ne sont uqe reproduction du quotidien mais ont une
signification intérieure très riche. Ce qui se signifie par soi / ce qui se signifie par son
enchaînement à autre chose.
La spécificité de cette expérience esthétique, qu’on retrouve chez Bergson. Et qu’on
retrouve encore sous une autre forme encore différente chez Walter Benjamin
(« L’œuvre d’art à l’ère de la reproductibilité technique »). Rapport entre le fait
d’isoler une forme, une expérience, la stase par distinction avec un type d’expérience
qui procède par enchaînement, association, entraînement. Idée qu’il y a une reprise de
la position kantienne : Kant le formulait : à quelle condition peut-on dire c'est beau ?
Chez Schop = décrire une expérience : qu’est-ce qu’il se passe quand on est saisi par
la beauté : ce saisissement suppose une suspension d’un rapport de connaissance
pratique ou technique avec le monde car je cesse d’enchaîner mon objet avec d’autres.
Ça se formule comme ça chez Schopenhauer : c'est l’apparition d’une forme plutôt
qu’une relation, forme dont la part artistique en nous a le pressentiment si elle n’avait
pas la déformation que l’expérience ordinaire nous présente.
Chez Bergson : l’artiste c'est celui qui voit le réel. Et qui le voyant nous le fait voir.
Tandis que l’homme ordinaire ne saisit des choses que l’aspect qui importe
pratiquement, techniquement. L’homme ordinaire, commun, se caractérise par ce que
Bergson appelle l’attention à la vie = on ne peut pas y échapper, elle est attachée à
l’espèce humaine, le leste auquel nous contraint le cerveau : c'est le fait qu’on est
attentif aux exigences du monde extérieur, on est sur le qui-vive : nous sommes
présents au monde extérieur et à ses exigences, ses attentes, aux adaptations qu’il
attend de nous donc on en reste dans la perception toujours à un certain niveau de
généralité. Le rire, p. 116 (PUF) : « l’individualité des choses et des êtres nous
échappe chaque fois que… ». Cette attention à la vie suppose de se maintenir à un
certain niveau de généralité. Je percois la chaise et non la chaise louis XVI.
L’attention à la vie me contraint à ce rapport : la nature vient s’emparer de moi, de
mon cerveau et m’oblige à être attentif au réel. Schopenhauer reproche à la
connaissance ordinaire de s’en tenir à l’individuel, à nous faire passer de l’individuel
à l’individuel. Bergson reproche le contraire : reproche à l’homme ordinaire de rester
au niveau de la généralité : la chaise, l’arbre, l’individu, de ne pas percevoir le réel
dans son individualité. Ça tient au fait qu’ils ont une conception opposée de l’essence.
L’un conçoit l’essence comme forme universelle, l’autre comme la marque
individuelle. Mais chez les deux : l’artiste accède à une réalité d’une autre nature, un
réel plus riche que celui de l’homme ordinaire. Là où il se rejoigne : dans la critique
de l’enchaînement conçu comme adaptation au monde extérieur. L’artiste, ce qui le
caractérise : c'est sa distraction. Tandis que la nature nous a obligé à ne pas être
distrait, à être concentré sur le monde extérieur, avec l’artiste, la nature a oublié de le
rendre attentif au monde extérieur. Un être qui ne parvient pas à se plier aux
exigences du monde extérieur : l’artiste comme celui qui n’adhère pas au monde
extérieur. Pas une distraction momentanée, pas une rêverie mais une distraction
constitutive, comme l’attention est constitutive de l’espèce humaine. Une défectuosité
de l’artiste qui fait que n’est pas un homme comme les autres qui se convertit en
supériorité car il est comme détaché du monde extérieur là où nous y sommes
attachés. L’artiste = l’homme du détachement, non plus en faveur de l’universel mais
de l’individuel. P. 118 Le rire. La femme n’est pas distraite par l’ensemble de ses
sens : selon le sens qui est distrait, vous êtes plutôt peintre, musicienne, etc. Bergson
de ce point de vue, comme Schop, pense que dans cette expérience de stase ou de
détachement, il y a un lien profond de l’art avec la vie. (chapitre 2 dernière phrase : p.
100, Le rire) :l’accès à la réalité profonde est le signe que l’art touche à ce qu’il il y a
de plus important en nous. L’opposition de l’apparence et de la réalité dont parle
Bergson, recoupe une distinction très importante chez Bergson : surface / profondeur
(on la retrouve chez Cézanne). Les divers degrés de profondeur au sein de
l’expérience que l’artiste peut atteindre : p. 119-120 Le rire : « celui-là s’attachera
aux couleurs… c'est le sentiment, c'est l’état d’âme qu’ils iront chercher, simple et
pur, et pour nous induire… par des arrangements rythmés de mots… s’animer d’une
vie originale, ils nous disent…des choses que le langage n’était pas fait pour
exprimer… d’autres creuseront encore plus profond encore… certains rythmes de vie
et de respiration qui sont plus intérieurs à l’homme que ses sentiments les plus
intérieurs [sorte d’intériorité que l’homme ne soupçonne pas qu’il a en lui, une vitalité
primordiale en deçà de la manière dont elle nous apparaît à travers les affects etc.]…
ainsi… l’art n’a d’autres objets que d’écarter les symboles pratiquement utiles…tout
ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à face à la réalité même. » La
poète va encore plus profondément que la peintre et la musicienne encore plus
profondément que la poète. Ce nous a rapport extrêmement précis entre art et vitalité :
l’art = ce qui est capable de nous mettre en rapport avec des degrés de plus en plus
profonds de vitalité. Les différents niveaux de profondeurs correspondent aux niveaux
de vitalité qu’ils sont susceptibles d’exprimer. Donc l’art est un mode de connaissance
qui relève de l’intuition, qui participe de ce qui sera intuition chez Bergson même si
est réservée à la philosophe. L’artiste : pas celle qui joue avec les apparences avec
dissimulation sincère (Schiller) mais celle qui rentre en relation avec les sens ou une
réalité profonde, càd avec la vitalité même, celle de la spectatrice comme celle de la
nature même. Ce que l’art nous révèle : de nouvelles formes, de nouvelles couleurs,
tonalités, pour autant qu’elles sont celles de la volonté dans le cas de Schopenhauer
ou de rythmes de vie vitaux dans le cas de Bergson.
Deux thèses qui s’opposent sur ce que l’artiste perçoit et exprime : l’essence comme
universalité (S), l’essence comme individualité (B) et d’une certaine façon ces deux
expressions de l’essence peuvent être surmonter dans une troisième position, celle de
Proust lu par Deleuze (Chapitre IV Proust et les signes : « les signes de l’art et
l’essence »). Thèse de Proust : il y a une spécificité des signes de l’art, à la différence
des signes sensibles, mondains et amoureux qui conservent qch de matériels d’où
qu’ils mettent en jeu la mémoire, ils ne conservent pas quelque chose de matériel : les
signes de l’art ne renvoient pas à des existences notamment à des existences passées,
mais à des essences. L’œuvre d’art révèle des essences. C'est ce qui fait l’importance
de l’art pour Proust. Qu’est-ce que l’essence ? C'est dit Proust : « une différence
qualitative qu’il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, différence qui, s’il n’y
avait pas l’art, resterait le secret éternel de chacun » (Le temps retrouvé). Autrement
dit, les essences sont des points de vue, des perspectives par lesquelles elles expriment
le monde, à la manière de monades leibniziennes, sans porte ni fenêtre et qui renvoie
à une qualité ultime au fond d’elle-même (Deleuze), l’essence des individus, essences
= manières dont elle déploie le monde. C'est ce qui fait qu’il n’y a pour Proust
d’intersubjectivité véritable qu’artistique, parce que l’amitié par exemple chez Proust
c'est une fausse communication, on ne communique pas vraiment le fond de ce qu’on
est (le narrateur avec St Loup) : dans la relation amoureuse, de même, il y a une non-
communication comme l’illustre la relation de jalousie du narrateur avec les femmes
qu’il aime. Car nous entrons alors dans la manière de voir qu’un individu déploie à
travers son œuvre, ce que l’amitié et l’amour ne permettent pas. « Seul l’art nous
donne ce que nous attendions en vain d’un ami ou ce que nous aurions attendu en vain
d’un aimé » (Deleuze, p. 120). Proust : « par l’art seulement, nous pourrons sortir de
nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le notre et
dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans
la lune. Grace à l’art, au lieu de voir qu’un seul monde, le notre, nous le voyons se
multiplier, et autant il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à
disposition » =} ça ne veut pas dire que l’essence est subjective car le monde qui est
exprimé par l’œuvre bien qu’il n’existe pas en dehors du sujet qu’il exprime ne se
confond pas avec le sujet. Car l’essence c'est la qualité dernière au cœur d’un sujet.
Mais cette qualité en question est plus profonde que le sujet (ça rejoint ce que disait
Bergson : certains rythmes de vie et de respiration encore plus profondes que ce que
saisit l’homme en lui), et d’un autre ordre que la subjectivité. Autrement dit, l’essence
devient individuelle, elle devient même individuante. Elle n’est pas seulement
individuelle, elle est individualisante, elle renvoie à qch de plus profond que le sujet et
par quoi il va s’individuer, ce qui assure son universalité et sa communicabilité. Si on
atteint qch de plus profond que le sujet alors on rejoint une forme d’universalité. Donc
l’individu rejoint l’universel par la communicabilité de l’œuvre. Deleuze qui cite
Proust : « Ce ne sont pas les individus qui constituent le monde mais les mondes
enveloppés (à l’intérieur des individualité), les essences qui constituent les individus :
« ces mondes que nous appelons les individus et que sans l’art nous ne connaîtrons
jamais » (La prisonnière) ».
=} on a 3 conceptions de l’art comme développement de l’essence. Chez Proust, ce
développement s’augmente d’une théorie de l’apprentissage des signes et d’une
violence même de l’apprendre, d’un choc relatif aux signes mondains, amoureux et
aux signes de l’art (cf. manières dont le narrateur ne parvient pas à percevoir la beauté
reconnue par tous ou le talent reconnu par tous de La Berma). C'est en deçà de ce
qu’il y a de subjectif. Quand on lit : on se découvre plutôt qu’on se retrouve : je
découvre un fond commun que je ne voyais pas alors qu’il était en moi. Le signe= un
choc comme celui de la madeleine.
L’art comme ce qui chez S calme la volonté, l’apaise, c'est le but, l’art est un calmant
de la volonté ; chez B, l’art est un calmant des tourments de la vie, des frustrations
dans lesquelles nous plonge la volonté, l’art comme ce qui atteint au plus profond des
vies (Les deux sources : il appelle ça l’émotion fondamentale qui tient au fait
d’éprouver sa propre vitalité) ; expression de ce qu’est une vie par-delà la vie
personnelle et individuelle dans le cas de Proust, comme essence individualisante.
Proust apprend la vacuité des signes mondains, l’importance des signes amoureux et
de l’art. Proust montre comment ce qui est arrivé au sein de son existence constitue un
matériau pour l’œuvre alors même qu’il ne s’agit pas de raconter sa vie mais extraire
un succédanée de ce que l’existence a pu produire. La Recherche = comment Proust
est devenu écrivain. Ecrire les chagrins : les chagrins deviennent une source de joie.
Art = accès à un monde libéré de la matérialité vécue. « Ma vie aurait pu et n’aurait
pas pu être résumé sous ce titre : une vocation », parce que j’ai perdu mon temps, je
me suis dispersé dans les mondanités et les histoires d’amour impossibles. Mais je ne
savais pas que je déposais là un matériau pour écrire ensuite. Il avait une fausse image
de l’écrivain qui ne doit pas perdre son temps.
Nietzsche. Dernière figure exacerbée entre art et vitalité.
Nietzsche donne une inflexion originale à cette question.
La naissance de la tragédie. L’importance d’une présence sans cesse différée, une
eschatologie de l’art chez N, mais très particulière. Pour les sujets relatifs à la finalité
de l’art c'est bien. Une autre finalité de l’art que son inutilité ou son utilité pour la vie.
Et rapport entre art, maladie, santé.
Avec l’art : on quitte le domaine des essences, encore que cela est très équivoque chez
Nietzsche.
Le problème central de La naissance de la tragédie. Affrontement de deux forces :
description d’un combat : l’artiste est le lieu de cet affrontement. Il est une sorte de
medium où s’affronte deux forces qui sont des forces artistes de la nature qui se
manifestent naturellement sous deux formes distinctes. Elles se manifestent l’une sous
la forme du rêve, de la belle forme individuelle, le fantasme de la forme parfaite, on
n'est pris par cette force, on ne peut pas ne pas y être pris et l’autre : l’ivresse, la
transe comme dissolution de soi, de l’individualité, dans le torrent contradictoire du
vouloir. Apollon / Dionysos : Apollon = dieu de la lumière, fait voir les formes, le
brillant de la chose, il accuse les contours, il dessine la forme individuelle. La
question de l’art c'est celle de l’individualité : comme produire une œuvre. Le monde
des belles apparences = un monde calme, mesuré. D’où l’importance de la juste
mesure chez les Grecs, des proportions… Alors que le monde dionysiaque est un
monde violent qui déchire le voile des phénomènes, qui déchirent le voile des
apparences et des individualités : ivresse = émotions intenses, violentes qui
anéantissent l’individualité jusqu’à l’étourdissement. Qch de barbare chez Dionysos.
Il faut le rappeler au jury : Apollon et Dionysos sont des forces artistiques dans la
nature qui opèrent sans l’intervention de l’artiste mais l’artiste va être pris dans ces
formes. Ce sont des pulsions artistiques. L’art, l’activité artistique va développer un
jeu pulsionnel qui ne crée pas. Mais qui se révèle à lui à travers les activités rêves,
transe. Ce n'est pas l’activité d’art au fondement de l’activité artistique c'est une
dualité de pulsions et le combat que cette dualité va livrer, un combat fraternel. La
femme est naturellement un être de vision porté au rêve comme à l’extase. Donc N
peut parler d’une métaphysique de l’art car ce sont des forces de la nature. 0 l’égard
de ces forces qui s’empare de lui : toute artiste est un imitateur, il transcrit les formes
de la nature soit en tant qu’artiste à tendance apollinienne (l’art dorique : proportion,
juste mesure, clarté, Homère) ou à tendance dionysiaque (le poète élégiaque), soit les
deux à la fois (la naissance de la tragédie). Les Grecs d’abord se protège de la
barbarie de Dionysos grâce à Appolon. Pas d’art purement apollinien car il est une
réponse de refoulement au dionysiaque : en tant que réponse ça veut dire qu’il il y a
qch qui passe entre les deux. Mais la réconciliation s’opère. Dionysos devient
artistique lorsque les forces bestiales de D sont reprises et mises en forme par A à
travers la tragédie. Tragédie = incarnation du combat qui trouve un équilibre. Lutte
fraternelle : estimation mutuelle. Pas lutte hégélienne. Il n’y a pas d’opposition donc
ce n’est pas un accord des contraires. Découverte que ce monde tumultueux ne lui est
pas étranger. Sa conscience est une sorte de voile qui lui dissimule D. Ils comprennent
qu’ils sont liés. A comprend que le fond qui le constitue est dionysiaque car il n’est
qu’un voile. Manière de rompre avec la lecture classiciste de l’histoire grecque qu’on
rencontre chez Hegel. Apollon chez Hegel = esprit advenu à la claire conscience de
soi. D = naturalité non encore parvenu à l’esprit. Lutte entre les deux = victoire de
l’esprit sur la nature, D est vaincu et disparaît. Adéquation à elle-même dont parle
Hegel : ignore tout de la profondeur dionysiaque. Pr Hegel : surface et profondeur
s’harmonise, l’un absorbe l’autre dans la beauté du corps classique = la victoire
définitive d’Apollon. Pour N : Apollon = le dieu des limites de l’individualité mais en
même temps l’individu est obligé de sentir que son existence repose sur un arrière-
fond voilé de souffrances et de connaissance que le dionysiaque lui fait découvrir, il le
remet au contact d’une profondeur refoulé : les Grecs sont donc superficiels par
profondeur. Pour N : il n’y a pas de belles surfaces sans une profondeur effroyable.
L’opposition surface / profondeur = manière de dire que derrière les apparences il y a
l’essence. Cf Dédicace non publiée. « il n’y a pas de surface vraiment belle sans une
terrifiante profondeur » (cf. Fragments posthumes) = D et A ne peuvent pas vivre l’un
sans l’autre. Pas d’opposition ou une dialectique mais une attirance mutuelle mais
conflictuelle dont l’enjeu du combat = la limite de l’individualité. On ne doit pas
opposer les deux : il y a alliance entre les deux, provisoire, changeante, indispensable.
Quand il y a divorce : la tragédie grecque décline.
Le danger de D est double : 1) un danger dont Apollon doit protéger : la dissolution
de l’individualité, la perte de soi, le désir d’abolition, de se perdre, dissipation de la
subjectivité, toutes les formes du monde se dissipe et le monde et le moi et tout
deviennent des illusions. Se déchire le voile de Maya : n’existe plus que le
bouillonnement qui est la fusion dionysiaque. « L’homme se sent dieu, s’élève dans
les airs, dansant … il n’est plus artiste, il est devenu œuvre d’art ». C'est ce plaisir et
désir de dissolution, d’absorption qui est danger. 2) danger plus terrible : le danger de
la descente, quand on sort de l’état : le désespoir auquel conduit le retour à la réalité
dont on sait qu’est factice. On a à présent la certitude qu’elle est illusoire, qu’elle va
finir, ma vie repose sur une individualité factice, des instincts d’espèce. La vie et
l’existence perdent leur attrait. Pessimiste noir. Dévitalisation dont nous menace
l’expérience dionysiaque. Ça a déjà un parfum de nihilisme même si le terme
n’apparaît pas encore : le dégoût de l’existence, compte tenu de ce qu’il nous révèle.
« Entre le monde de la réalité dionysiaque et celui de la réalité journalière, se creuse
ce gouffre de l’oubli qui les sépare l’un l’autre… l’homme dionysiaque est semblable
à Hamlet, tous deux ont plongé dans l’essence des choses un regard décidé, ils ont vu
et sont dégoûtés ». Le dégoût de toute chose. Dans cet extrême danger qui menace la
volonté, survient l’art qui sauve et qui guérit. Seul l’art peut nous sauver et nous
guérir de ce dégoût. « Car lui seul est à même de plier ce dégoût pour l’horreur et
l’absurdité de l’existence à se transformer en représentation capable de rendre la vie
possible ». D a besoin d’A car il rend la vie supportable et désirable, vivable. Il rend
vivable de survivre au désordre destructeur et dégoûtant où nous plongerait le
dionysiaque pur. Mais de la sorte A fait souffrir D par l’individuation qu’il lui impose.
« L’individuation [la soumission de D à la forme apollienne, puis l’espoir d’une
renaissance de l’unique D. Tout alors sera D. L’individuation est le martyr du Dieu
qu’aucun initié ne s’inflige plus. L’existence empirique est qch qui devrait ne pas être.
La joie est possible dans l’espérance de cette restauration. L’art est une belle
espérance de cette sorte » (Dédicace). D endure cette individuation. En même temps,
ce qui passe dans la forme imposée par A, c'est une espérance. Elle traverse la forme
et l’ouvre sur une forme de promesse. N fera ainsi sienne la citation de Stendhal : l’art
comme promesse de bonheur. Ce qui compte : que l’art ne soit pas autre chose que la
promesse du bonheur, il ne vaut que comme promesse : ce n’est que l’espérance du
retour de D et ça suffit cette promesse sans contenu, elle comble. Par là ils se
complètent : D altère la vision de la forme de telle sorte qu’elle devient espérance,
espérance sans contenu. Ce qui justifie la limite de la représentation : elle rend
possible la vie contre la destruction à quoi conduit l’ivresse dionysiaque. Celle-ci
ouvre la représentation sur une espérance qui excite et favorise la vitalité. C'est
exactement ce qu’incarne la tragédie.
Le danger de la forme pure apolinienne : un dessèchement, qui ne conduit à rien.
L’apollinien : ce qui donne lieu au socratisme. Quand D se retire d’A = Euripide = la
tragédie dégénérée, devenue socratique.
Exemple : Eschyle : la place du chœur y est centrale. (Une fois qu’on a en plus deux
personnages puis trois, alors il y a scène où on peut mimer l’histoire au lieu de la
raconter par le chœur, la narrer de façon très puissante.) Importance du chœur chanter
et du récitant : Dionysos, la puissance collective qui accompagne l’individualité et
Apollon, le récitant, le destin individuel. Le chœur dionysiaque se décharge dans un
monde d’images constamment renouvelées : des masques de Dionysos, qui ne
peuvent pas être ôtés. Le chœur = le côté dionysiaque par sa musicalité, l’invitation à
la fusion qu’il provoque chez le spectateur et le spectateur du chœur, le public, dans
l’état dionysiaque dans lequel le plonge le chœur aperçoit le héros arriver sur scène
comme « la figure d’une figure née en quelque sorte de sa propre extase », incarne
l’état dionysiaque dans lequel il se trouve, il y voit un masque de D. Et le chœur voit
le Dieu souffrir et se magnifier dans le héros. L’enthousiasme musical qui s’empare
du chœur se fixe sur l’individualité de cette figure comme son expression la plus
claire. D descend dans le visible, sous la forme du héro qui en est l’image et en même
temps qu’il est une illustration du dieu, la vision du drame devient en raison de la
puissance du chœur, entièrement contingente : le héro = qu’une illustration de quelque
chose qui le dépasse et dont le chœur est le signe. C'aurait pu être un autre. Depuis
l’état dionysiaque dans lequel le chœur nous plonge, les phénomènes ne sont rien
d’essentiel, n’ont pas d’influence sur l’état dans lequel on se trouve. Ce qui se déroule
sur scène semble secondaire par rapport à la musique du chœur. Pas d’influence sur
mon état : ils ne font que tendre un miroir. Seule occasion où les phénomènes n’ont
pas d’importance car c'est le chant du chœur qui dicte l’état d’âme. Ce que je vois sur
scène = illustration de ce que la musique déploie. S’instaure entre le phénomène
observable et moi une distance. Il y a quelque chose de plus important en même temps
que ce qui arrive. Le chœur est donné à distance de ce qui arrive :le monde des
apparences est transpercé car est vu depuis la nécessité du monde dionysiaque donc le
monde m’apparaît comme contingent. Ou depuis la nécessité de la puissance
musicale, le drame du héro m’apparaît comme contingent. Cet état d’âme qui nous
transporte au-delà de ce qui arrive au personnage = une « consolation métaphysique »,
parce que dans cet état, j’échappe, y a une joie immense produite car j’échappe pour
un temps à la loi inexorable des phénomènes. Plus le drame est intense , plus la joie
que procure la distance dans laquelle me place le cœur est elle-même vive : plus
j’adhère au drame, plus j’y suis pris, plus la puissance du drame va me mettre à
distance du drame et ma joie en sera encore plus grande. Une catharsis qui est une
promesse. Derrière le destin des individus j’aperçois un plan qui me libérerait du
destin des individus mais je n’y accède que par lui = une distance entre le dio et l’apo
= c'est là où il y a ça qui arrive. On pressent une victoire sur les limites de
l’individuation.
Séance du 16
Alliance du chœur (volonté) et du récitant (représentation) de telle sorte que les
événements présentés sur scène sont perçus par le spectateur depuis une distance que
favorise la musique qui lui fait apprécier ce qui arrive au héro tragique, une joie qui
augmente à proportion du caractère terrible des visions que procurent le drame car
depuis l’état dans lequel le met la musique, état de participation dans lequel elle le
plonge, le spectateur ressent et perçoit le caractère dérisoire des apparences, perçoit ce
qui arrive au héro comme étant de l’ordre de l’apparence. C'est ça qui est ressenti
comme une victoire sur la douleur ou les peine de l’individuation à laquelle Dionysos
est soumis. Donc pour devenir conscient et exulté de sa puissance propre à travers
nous, l’état D à besoin d’une victime sacrificiel, le héro anéanti sur la scène
dramatique (§16 de la Naissance de la tragédie et §24 seule la musique placée à côté
du monde peut donner une idée de ce qu’il faut entendre par la justification du monde
en tant que phénomène esthétique » : l’existence même du monde est justifié
esthétiquement par la présence de la musique en ceci que ce qui se donne comme
apparence passagère est justifié par sa participation à une mélodie vers laquelle
l’apparence fait signe. Le plan des apparence une fois transpercé par l’axe orthogonal
de la musqiue et une fois l’auditrice hissée sur ce plan qui échappe à la contingence
des apparences, tout peut paraître justifié, tout se justifie car tout est perçu comme une
illustration de la musique ou une incarnation de la musique, une concrétisation
particulière de la musique quoique non nécessaire. C'est ce qui permet que n’importe
quelle apparence même la plus terrible soit justifiée en tant qu’elle permet à la joie
dionysiaque de se saisir elle-même. Rapport entre art et émotion, art et plaisir, art et
représentation, art et apparence. Comment apparaît l’apparence par l’intermédiaire du
flux qu’est la musique. A ce moment D parle le langage d’A, il s’offre comme un
accompagnement musical qui fixe l’attention du spectateur sur le drame et ainsi le
voile des apparences n’est jamais totalement déchiré comme dans un délire bacchique.
Par là on est maintenu en tant que spectateur et auditeur et A finit alors par parler le
langage de D car les apparences révèlent en même temps qu’elle s’impose à la
spectatrice leur contingence et la spectatrice prend un désir immense dionysiaque à
l’anéantissement des héro car ils ne sont qu’apparences. A a permis à D de se faire
entendre et inversement D a permis à A de se faire voir. Alliance : ce que doit viser
l’art selon le jeune Nietzsche. A en donnant une représentation symbolique dans le
drame prend le risque de donner à voir cette vérité négative que tout est apparence et
illusion en tant qu’apparences et se faisant il parvient à faire aimer ce monde d’autant
mieux, à le justifier comme phénomène esthétique, comme illusion même.
Trangression des limites de l’individuation à l’intérieur même des limites de
l’indiviudation, dans la présentation esthétique. Dépassement des limites de l’individu
à travers l’individu lui-même. La représentation en tant que telle est dépassée comme
illusion mais ce qu’on aime en elle, ce pour quoi on la désire c'est qu’elle nous montre
comme dépassement, ce dépassement se fait par elle et en elle, càd nous faire aimer
les apparences et ainsi le dégoût est surmonté.
Trouver des illustrations à la thèse de Nietzsche. Et dépasser le problème. L’avantage
de la tragédie grecque ou du drame musical wagnérien, c'est qu’ils sont de nature
double ce qui favorise la thèse de N : la tragédie est représentation et volonté, théâtre
et musique, récitant et chœur. Dans le domaine pictural : serait-il possible de trouver
des artistes qui témoignent de ce dépassement de la représentation à l’intérieur même
des limites de la représentation et comme signe, indice de la perception d’une
vitalité ? Il ne s »agit pas de s’affranchir des limites de la représentation comme chez
Goya ou Fussley , il s’agit de faire sentir un au-delà de la représentation qu’on ne peut
pas franchir. On ne va pas du côté de l’abstraction ni de l’onirisme ; Mais montrer que
ces limites pourraient être franchir. (distinction franchir / s’affranchir). Cet au-delà de
la représentation = la vitalité. Cet au-delà de la représentation à l’intérieur de ses
limites on peut le repérer plastiquement ou esthétiquement de deux manières au
moins : la tragédie et le drame wagnérien nous entraîne du côté d’une forme de
violence, expression de la présentation d’une violence vs. sérénité grecque des
proportions, harmonie (hegel) ou calme de Mondrian. Violence double dans l’œuvre
et dans le processus de création, car l’artiste est pris par deux force antagonistes, du
rêve et de l’ivresse. Violence au niveau du créé et du créateur. Au niveau de l’œuvre :
on peut le repérer chez Turner (ou Delacroix sauf que là on a une représentation du
tragique = agonie, luttes à mort, la violence est dans le sujet représenté et non dans
l’acte même de la représentation) qui met en scène la nature non plus comme
seulement forme (grand paysage paisibles du jeune Turner) mais comme tourbillon
de force qui défait le monde des formes On reste dans l’ordred el a représentation
voire d’une certaine mimésis : tempête, incendie, orage mais représentés de telle sorte
que toutes les formes sont presque dissoutes, presque une abstraction comme si on
quittait le théâtre de la représentation, un monde de force, d’énergie qui tend vers
l’abstraction. Cf. Article de Michel Serre : la peinture de Turner pour lui c'est le
passage de la mécanique à la thermodynamique : compare un tableau de Wright
(1872), La forge à ceux de Turner : « par la révolution industrielle le vent et l’eau on
les domestiquait dans des chaîne, avec le feu tout change… Turner n’est plus au
spectacle [il sort de la représentation], il entre dans la chaudière, le fourneau, le foyer,
il voit la matière se transformer par le feu…tout se renverse, la peinture triomphe du
dessin, de la géométrie, de la forme… Turner…est un réaliste, un matérialiste… La
forge est encore un théâtre et le tableau pourrait servir d’enseigne … il n’y a plus de
représentation dans celle de Turner : le tableau est un four, il est le four… en
remontant aux sources de la matière ». peinture qui sans dépasser les limites de la
représentation il fait voir qqch qui est au-delà. (on peut rabattre l’exemple Turner du
côté du sublime dynamique dont parle Kant, des forces qui excèdent le pouvoir de la
représentation.) La représentation est malmenée, soumise à des distorsion, torsions,
vortex, altérations qui ne sont pas des métamorphoses de l’imaginaire. Sans que ce
soient non plus les combats épiques ou dramatiques de Delacroix. Une nouvelle voie.
Il ne s’agit plus de représenter les forces qui anime les hommes et les bêtes mais les
forces de la matière où c'est le cosmos tout entier qui s’embrase, une sorte de
catastrophe. Autre exemple à prendre avec beaucoup de précaution : analyse que fait
Deleuze de la peinture de F. Bacon à travers la notion de déformation qu’il distingue
de celle de métamorphose qui ne relève que de l’imagination. Le critère pour Deleuze
est la déformation sans transformation. Comme signe selon lui qu’il ne s’agit plus
pour Bacon de peindre des formes fussent-elles éternelles mais des forces. Le conflit
entre les forces, les rendre visibles dans la figuration même. La figuration qui rend
visible les forces par la déformation des visages, des corps, etc. Deleuze fait ainsi
Bacon un héritier de Cézanne qui fait subir des déformations aux corps même les plus
élémentaires, pomme, carafe. Logique de la sensation : « la transformation de la
forme peut être abstraite ou dynamique mais la déformation est toujours celle du
corps et elle est statique, elle se fait sur place [sur des corps immobiles], elle
subordonne le mouvement à la force mais aussi l’abstrait à la figure. Cézanne est peut
être le 1er a avoir fait des déformations sans transformation à force de rabattre la vérité
sur le corps, c'est par là que Bacon est cézanien, sur la forme en repos qu’on obtient la
déformation et en même temps la structure se met d’autant plus à bouger … tout alors
est en rapport avec des forces, tout est force [idée de figuration des forces à travers la
représentation du tableau] ». autres auteurs qui ont fait la même chose, déformation
sans transformation en vertu d’une peinture des forces invisibles qui affectent les
corps : Egon Schiele, Giacometti, Soutine, Van Gogh, Cézanne (va être le plus cité
donc en prendre un autre),d es corps invisibles qui affectent le visible car ont ce
coefficient de déformation qui témoigne du rapprot de représentation avec la volonté.
Donc il ne s’agit plus à proprement parler de mimésis, on est dans l’entre deux de la
représentation et du monde des forces, entre D et A. Entre la couleur et le dessin,
entre le calme et la violence, le classicisme et le romantisme etc. comme une grande
dualité qui traversait tout l’art. Exemples du côté du théâtre ! art / force, art/vitalité :
Arthaud, Le théâtre et son double part d’un // entre effondrement de la cutlure et de la
civilisation dans les années 30 et l’effondrement de la vitalité : c'est plus qu’un // car
pour lui la vraie culture c'est « un moyen raffiner de comprendre et d’ « exercer » la
vie », donc tout le projet d’Arthaud porte sur le rapport entre art et vie. Donc faudrait
que la scène théâtrale se vide de la représentation qu’il a occupé pendant des siècles
pour faire voir les forces elles-mêmes, les corps et leurs relations (corrélation art et
vitalité et art et corps) et non plus dans gens qui parlent sur scène (éloge du théâtre
de ?). p.153 (cf. EPI) présenter des conflits au lieu d’harmonies, l’ordre, la simplicité.
Le vrai théâtre, comme la poésie naît d’anarchie qui s’organisent vs. primitives
associations. Il s’agit toujours chez Arthaud de figurer un conflit. Et le langage
atténue ou masque ce conflit. Le théâtre européen = un verbiage infini qui draine des
mensonges, « purement descriptif et qui raconte de la psychologie ». Il faut rejoindre
la vie. C'est le sens même de la notion de cruauté chez Arthaud. La cruauté = le
théâtre s’adresse directement aux organismes : mettre le spectateur au centre par
exemple car l’ancien théâtre ne nous atteint plus. Faut exercer une forme de violence.
Comme le cinéma : ne nous atteint plus ne fait que nous « assassiner de reflets ».
Arthaud espère du théâtre ce que certains redoutent du cinéma. « Je propose un
théâtre où des images physiques, violentes broient et hypnotisent la sensibilité du
spectateur… » Pousser à son point extrême Arthaud se propose à renouer avec le
dionysiaque seul, se défaire de toute représentation pour retourner à un bain orgiaque
par quoi on retrouvera une sensibilité organique qu'on a perdu. Seule manière de
revitaliser les existences. Arthaud peut prolonger Nietzsche ou bien le radicaliser
jusqu’à le renverser. I faut que l’art agisse comme un choc sur la sensibilité, agisse sur
les nerfs, la pensée, le chœur : on est du côté de la réception de l’œuvre et de sa force
sociale et politique. Cf. Benjamin : qu’en est-il des œuvres qui opèrent à une
réceptivité qui est celle du choc sur les sensibilités. Qu’en est il de la menace ou
espérance politique que ça peut susciter ? Le cinéma comme art des masses. Nouveau
type de perception : qui peut exiger la production d’un homme nouveau en le faisant
renouer avec sa sensibilité profonde. C'est pas imposible que ce soit lié et relié à un
constat relatif au déclin de la civilisation ou de la culture occidentale et qui va de pair
avec le statut des empiricités qu’on peut utiliser dans une leçon pour l’esthétique :
milieu du 19e : le monde de l’art et pas seulement, social aussi, est bouleversé par un
nombre d’empiricités nouvelles, industrie, rôle des machines (peinture, littérature,
etc.), une esthétique de l’industrialisation ; la colonisation : un art nouveau, la
statuaire, objets rituels, etc. qui arrivent dans les musées et salle d’exposition
française qui vont influencer les artistes et leur suggérer l’idée que l’homme
occidental n’a plus cette force créatrice qu’on rencontre chez ceux qu’ils appellent les
primitifs, un primitivisme ; la photo par des images de ces populations. Déferlement
de nouvelles réalités qui n’existaient pas. L’art et sa contingence, son historicité,
l’influence. Warhol le design et la publicité jouent un rôle d’influence plus
considérable que le monde proprement artistique.
Du point de vue de l’activité artistique : comment s’est déplacé la question de
l’activité créatrice à partir du moment où est devenue conflictuelle, qui impose ou
suppose une certaine violence. Récuser l’image commune du génie comme figure
d’inspiration selon la modalité de l’enthousiasme, pris par le dieu les dieux qui lui
donne son génie, son talent. A la renaissance on parle encore métaphoriquement du
divin Raphaël. Chez Kant le génie est celui qui reçoit de la nature un don,
littéralement inexplicable. La nature donne la règle à l’art dans le sujet par la
concorde dans le rapport de proportion entre ses facultés. Un don qui ne peut pas se
transmettre s’enseinger. Donc le génie = part intransmissible de l’art. Ce par quoi on
est inaliénable mais part aliénable. Cette description du génie demeure à qq variante
près chez Hegel et chez Schopenhauer, un inexplicable qui place l’artiste génial au
voisinage d’un dieu, puissance créatrice inexplicable parce qu’il réfléchit. La critique
que Nietzsche fait du génie, dans la section IV, §155 et suivant Humain trop humain :
la critique de l’artiste comme celui qui perçoit les essences. Chez Nietzsche l’artiste
redevient artisan, laborieux, ça redevient très important aussi avec le bahaus (faut
connaître l’usage des matériaux, etc.). Cf. une sorte de bahaus américain : Black
Montain College, on apprend à manipuler et connaître les matériaux comme un
artisan. L’importance de l’artisanat dans l’art du bahaus puis l’art américain. Cf.
richard serra : connaissance de la pesanteur, de l’équilibre, suppose qqch de
l’artisanat, goût du matériau pour lui-même s’y confronter, de l’expressivité du
matériau qui signifie sa propre signification qui ne veut rien dire dans le langage.
HTH §155 : « l’imagination du bon artiste… son jugement extrêmement aiguisé… »
Dimension technique inévitable. Ce qui distingue de l’artisan : son jugement. Càd son
goût = l’aptitude à dire « non », le refus. Une artiste sait beaucoup plus ce qu’elle ne
veut pas faire que ce qu’il veut faire, elle est entourée d’un nuage de négativité, que
de positivité créatrice, elle est confrontée plus à de l’impossible que de l’ordre des
possibles, et c'est parce que tout ce qui se présente à elle est ce qui a déjà était fait,
donc elle avance en ne sachant pas ce qu’elle doit faire. Cf. Williams James. Quand
on a oublié un mot : on sait tout ce qui n’est pas ce mot, on sait exactement ce qu’on a
oublié, ce que ça n’est pas bien qu’on peine à trouver ce que c'est. Négativité qui
l’aide à se construire. La question pour Nietzsche : comment expliquer que l’artiste se
sente elle-même inspirée, avec des moments de grâce, d’improvisation supérieure :
c'est une illusion cette idée d’inspiration. C'est simplement un rapport économique, au
sens où y a une énergie créatrice qui a été trop longtemps accumulé et qui se
décharge, comme une économie libidinale qui se libère brusquement et qui donne
l’illusion de trouver sa source ailleurs alors que « le capital n’a justement fait que
s’accumuler, il n’est pas tombé du ciel tout à coup » (§156). S’il fallait compléter la
nature de ce capital, il faudrait invoquer Proust : « et je compris que tout ces
matériaux… était venu de moi [dans le non littéraire] que la graine mettant en réserve
ce que la plante libérera en se développant … une réserve ». Se constitue une réserve
énergétique qui se libère dans une œuvre, La Recherche. En fonction d’une sorte de
jugement, de sensibilité, ça ne pouvait pas se libérer sous les formes traditionnelles du
roman à la Anatole France. Nietzsche confronte l’artiste également à la figure de
l’enfance, de l’artiste qui a conservé une part d’enfant. On est passé de l’artiste
comme celle qui reçoit un don des dieux, un don de la nature, celle qui a quelque
chose de la folie, puis celle qui conserve ou retrouve une part d’enfance : les 4
puissances de l’irréfléchi. Les deux dernières figures se pensent en opposition : la
figure du fou et de l’enfant = inséparable de l’apparition de la norme comme étant la
nouvelle manière de penser le champ social : quelles sont ceux qui se soumettent ou
échappent à la norme. Le génie : celui qui échappe à la moyenne des humains, à une
norme sociale. Avant il était extérieur à une norme naturelle, il avait plus. L’artiste
comme celle qui échappe à la normativité. Autre figure qui échappe à la norme : le
fou et l’enfant. L’un parce que la norme ne prend pas sur lui. L’enfant : celle qu’il va
falloir normer. Le fou passe du côté des individus qui ne se soumettent pas à la norme
sociale. Insister sur l’impuissance de l’artiste. Ce qui serait constitutif de l’activité
artistique : une impuissance et non une puissance supérieure. A côté on a une
puissance inexplicable : don divin, de la nature, part de folie, d’enfance = d’autres
noms pour quelque chose qui est de l’ordre de l’irréfléchi en droit, du non discursif =
une forme de puissance qui distingue le génie du commun des mortels. Mais on
pourrait insister sur la disposition inverse : l’enfant et le fou sr caractérise par une
inaptitude à intégrer les normes sociales. Bergson : l’artiste ne se caractérise plus par
un don reçu mais par un oubli de la nature : la nature a oublié de faire de lui un
homme comme les autres, d’attacher l’artiste à la réalité, par l’ensemble de ses sens :
un des sens n’est pas attaché à la réalité extérieure. L’artiste se caractérise non plus un
par un excès de don mais un défaut constitutif : un défaut électif : ce que découvre
l’artiste : une forme d’impossibilité à faire et être comme tout le monde. Celleux qui
produisent parce qu’iels n’y arrivent pas : correspondance de Flaubert par exemple,
Beckett et sa difficulté pour ce qui est de l’écriture, Giacometti au sujet de ses dessins
et de ses statuaires de visage : « je sais qu’il m’est impossible de modeler peindre
dessiner une tête telle que je la vois et pourtant c'est la seule chose que j’essaie de
faire … ma réussite sera toujours en dessous de mon échec ou égal à mon échec » :
puissance créatrice inséparable d’une impuissance. Il y a chez l’artiste comme une
lutte incessante contre lui-même, son impuissance ou sa plus grande facilité. On peut
invoquer ce que dit Dewey au sujet de l’expérience esthétique. ….. manque 5
minutes. Il y a une émotion qui déborde son propre état et enveloppe tout une
expérience. L’unité de l’expérience cesse quand l’émotion passe à autre chose.
Qu’est-ce qui fait que l’émotion déborde ce qui l’a déclenché ? car elle raisonne, si
bien qu’elle peut s’approprier des expériences qui n’ont rien à voir avec elle. Unité
synthétique de l’expérience, des éléments hétérogènes, par l’émotion. L’expérience
esthétique il la décrit comme un drame, ou un problème. Y a une dimension
nécessairement dramatique ou problématique dans toute l’expérience esthétique. Il y a
une certaine violence recueillie. Pour Dewey, une expérience esthétique c'est une
expérience qui est plus précisément l’unité dramatique d’un problème et de sa
solution, par exemple l’exposition du drame et la résolution. On ne peut pas séparer la
solution du problème ni la solution de son problème. Car un problème ne se pose
qu’en convergent déjà vers sa solution tandis que la solution reçoit son sens et sa
beauté du problème dont elle est l’aboutissement voire l’épanouissement. Donc il y a
une unité dramaturgique de l’expérience esthétique qui la distingue de l’expérience
intellectuelle. L’art comme expérience : « dans une expérience intellectuelle, la
conclusion a une valeur en soi, elle peut être extraite sous forme de formule ou de
vérité et peut être utilisée comme acteur et guide dans d’autre instigation. Dans une
œuvre d’art pas de reliquat de ce genre. La fin significative non par elle même mais
parce que représente l’intégration de ses parties… dans toute expérience complète
(donc esthétique) il y a forme parce qu’il y a organisation dynamique ». Une œuvre
produit le conflit et sa résolution. A titre d’exemple : Cézanne tel que présenté par
Maldinet Regard, parole, espace : il montre qu’il y a dans la peinture de Cézanne
deux moments distincts repérables dans les déclarations de Cézanne assez
nombreuses : le 1er moment selon Maldinet pour Cézanne consiste à « joindre les
mains errantes de la nature » = le moment où les sensations confuses que nous
apportons en naissant se condensent en formes définies. C'est le moment du dessin, de
la « têtue géométrie » comme l’appelle Cézanne, faut charpenter ce que les sensations
nous apportent, structuration, charpente du visible par le dessin = moment cosmo-
génétique. Mais en même temps Cézanne ne jure que par la couleur, ce qu’il appelle
la « sensation colorante » : la nature n’est pas en surface mais en profondeur aurait dit
Cézanne, les coleur s= expressions à cette surface de cette profondeur, elles montent
des racines du monde, elles en sont la vie, la vie des idées. Le dessin = abstraction,
aussi ne faut il jamais le séparer de la couleur, c'est comme si vous vouliez penser
sans mot avec de purs chiffres, de purs symboles. … a la plénitude de la couleur
correspond toujours la plénitude du dessin. Le problème de la couleur : comme le dit
Maldinet, elle suppose une sorte d’irruption expansive, c'est ce qui se libère dans un
mouvement inverse de celui du dessin : y a une expansion de la couleur que doit
contenir le dessin. Expansion d’un côté, contraction de l’autre. Cézanne dans l’article
de Maldinet : « une logique aérienne [vs. terrestre avec le renfermement du dessin],
colorée remplace brusquement la têtue géométrie. L’assise géologique, le travail
préparatoire, le moment du dessin s’enfonce, s’est écroulé comme dans une
catastrophe. » Qqch qui est de l’ordre de l’impuissance : on rencontre forcément cette
catastrophe. Cézanne confronté à un problème pictural : comment faire tenir dans un
même tableau, même figuration, représentation, œuvre, 2 mouvements inconciliables,
incompatibles, de concentration, et de dilatation, de fermeture et d’ouverture ? La
terre scellée sur elle-même et la terre qui s’ouvre et libère un accès à ce qui est scellé.
Ce que Cézanne à partir de Dewey : l’exposition d’un problème, une incompatibilité
entre le dessin, sa logique, logique architectonique et la logique aérienne de la
couleur, et à quoi s’efforce l’œuvre elle-même. Union de deux termes inconciliables :
exposé du problème et de sa solution. Si on sépare les deux : ça devient de
l’académisme : on a plus que la solution. Ce qu’on a perdu : la tension du problème,
qui fait la beauté de la solution, dans l’inséparable du problème dont elle fait la
vibration.
Présupposé dans la tête des membres du jury : laisser la littérature en dehors des
leçons d’esthétique car la littérature, ce sont les cours de français, Genette, Barthes,
etc., comme si ce n’était pas du ressort de la philosophie. « l’art » = tous sauf la
littérature.
La difficulté de l’activité artistique. Konrad Fiedler. Sur l’origine de l’activité
artistique et Les aphorismes. Historien de l’art du 19e siècle. Sa thèse principale : le
visible n’est pas donné pas d’assise (pas parce que dissimule des essences) mais doit
être constitué parce que pris en lui-même, parce que les apparences visibles n’ont
aucune stabilité dans le secours extrinsèque du langage et des autres sens, notamment
le toucher et l’ouïe, on ne possède pas la réalité visible comme quelque chose de
stable. « Plus nous voulons avoir une connaissance exacte moins nous consultons la
vue et nous nous en remettons au toucher » : un lien réciproque par lequel ils se
renforcent l’un l’autre, et avec le secours du langage qui découpe. Si bien que Fiedler
se lance dans un exercice par une expérience de penser : tentons d’isoler la vue du
toucher, du rapport avec les autres sens et du langage : ce qu’on voit quand on ne fait
que voir. Ne pas considérer ce que l’on voit comme objet d’un autre sens. Ne le
nommons pas. Dégager un voir pour voir. Ne reste plus que des sensations de
lumières et de couleurs et un monde évanescent qui n’est pas matériellement
déterminé et qui n’est pas corporellement délimité, que des fragments incohérents.
Des manifestations fuyantes, passages. Autrement dit, on retrouve un chaos à la
manière de Cézanne et surtout on ne voit pas grand-chose, la vue seule ne voit pas
grand-chose, le visible n’est pas visible par lui-même. Par lui-même le visible
s’effondre il ne tient pas. Ce qui témoigne de la passivité de la vue. Qui ne fait que
recevoir des impressions qui n’ont aucun ordre par elle-même. « Lorsque notre organe
sensoriel … » On retrouve à certains égards la thèse de Baumgarten : le champ de
l’esthétique = perceptions confuses mais c'est encore plus ici c'est tellement instable
que ce n’est plus visible. Activité du peintre : produire de la visibilité et non la
reproduire car il n’y en a pas. Il va produire le visible. L’art ne reproduit pas le visible
mais rend visible car il n’y a pas de visible préexistant. Le visible n’est pas pur. C'est
un mélange de tangible, audible, intelligible. On sait que ce n’est pas du visible que
quand on devient peintre et qu’on a plus le secours du tangible, intelligible et audible.
Comment on fait une ombre ? une lumière ? plus rien ne préexiste, donc on a à le
produire. Et le problème c'est que jusqu’à Fiedler l’esthétique a toujours présupposé
que le monde extérieur était perceptible et stable et qu’il suffisait de le regarder pour
le reproduire. Hypothèse de Fiedler : si on essaie de dégager un voir pour voir qui ne
se soutient plus de rien alors on ne dispose plus de rien. Ce qu’il faut faire, c'est
rendre visible le visible car il ne l’est pas. Il faut donc élever le visible à l’expression
de lui-même. Ce qu’on n’a pas à faire pour le tactile. On peut dans le visible rendre
visible ou faire voir l’ombre d’un arbre, un reflet sur l’eau mais on ne peut pas rendre
le duveteux d’une pêche tactilement sans la reproduire, on est obligé de reproduire,
rendre le piquant aussi. Le tactile suppose et implique la reproduction tandis que le
visible permet une retranscription. Le velouté de la pêche on peut le rendre visible =/=
le reproduire, donc on doit le produire visuellement. Car le tactile ne peut pas être
séparé des objets existants alors que le visible, si. Le peintre, de ce point de vue-là,
c'est comme si avec elle la vue, la vision se prolonge dans l’activité à travers ce
qu’elle veut faire voir dans le visible. Il n’y a pas, veut dire Fiedler, de processus, un
processus interne par lequel on se représenterait visuellement qqch et un processus
externe par lequel on imiterait extérieurement les représentations intérieures qu’on a
eu : « la main ne fait pas ce que l’œil a déjà fait » (p. 53, Origine…). La main poursuit
ce que l’œil avait commencé, elle le prolonge. Elle ne traduit pas l’œil. « mais à la
moindre ligne qu’il trace, au moindre geste qu’il fait, il réalisera qu’il fait alors pour
sa représentation visuelle quelque chose dont l’œil est incapable par ses propres
moyens », il est celui qui porte la vue au visible et va de ce fait voir autrement que si
l’œil ne servait pas à rendre visible. L’artiste ne se distingue pas par un don particulier
de vision des essences ou empathie de la nature, mais don d’attention à la visibilité :
qu’est-ce que je dois retenir dans le visible pour rendre quelque chose qui ne soit pas
seulement visible. « l’activité artistique repose sur une objectivité et une clarté aussi
éloignée des développement sentimentaux…. » l’art ne commence que lorsqu’on
arrête de regarder = faire passer l’acte de voir dans l’acte de peindre, càd de rendre au
visible, de restituer par le visible ce qui ne lui appartient pas, le soyeux du satin par
exemple.
Manque une séance
Mouvement dada : puissance joyeuse, parfois ironique parfois humoristique,
puissance de description. + type de réflexion que ça a engendré relativement à la déf
de l’art : ce qui laisse supposer que désormais l’attitude artistique est inséparable des
artistes et des critiques et historiens et philosophes qui est : qu’est-ce que ‘art, comme
si chaque pratique artistique remettait en question la définition même de l’art ou d’un
at. Puissance de destruction accompagné d’une sorte de réflexion = en même temps
que je pratique j’interroge ma pratique et le champ dans lequel elle se déploie.
Duchamp : souvent on a assimilé à dada. Il y participe certes. Duchamp : point de
bascule dans la manière dont l’art a été conçu au début du 20 e, mais pour une sorte de
malentendu qui a régné sur toute la pensée du 20e : les ready-made, porte-bouteilles
par exemple, ou l’urinoir à certains égards = suppose qu’il n’y a aucune poiesis de la
part de celui qui propose l’objet, ils sont tout fait, existence industrielle. Par ce geste
de présenter des ready-made : on pensait que Duchamp mettant en cause l’activité
poïétique de l’artiste pour reposer la question des limites de l’art, ce qui fait qu’il y a
art, quand est-ce qu’il commence ou cesse, est ce un objet d’art car est
institutionnellement proposé comme œuvre. La seule attitude de Duchamp a suscité
un nombre d’interrogations réflexion critiques sur les limites de l’art et du domaine de
l’art, considérables.
Resituer Duchamp non pas du côté d’une sorte d’outil pour réflexion philosophique et
exclusivement cela mais en tant qu’artiste. Utiliser Duchamp pour éviter d’en parler
du point de vue d’une réflexion philosophique extérieure du champ artistique. Le
projet artistique de Duchamp : d’une part, ça nous rapproche de ce qu’on a dit sur le
plan de l’esprit (plan de la nature, de l), celui qui veut restaurer la dimension mentale
au sein de l’art (cf. De Vinci : cosa mental). La peinture a été trop longtemps
subordonnée à la visualité, à l’excitation visuelle. Ce qu’il souhaite : ce qui est
montré : pas quelque chose destiné à satisfaire la vue. Pas destiné à la contemplation.
Ce que présente l’œuvre de Duchamp : un ensemble d’indices ou de signes dont il
faut tenter de déchiffrer la signification. C'est en ce sens que c'est proposé à une
enquête sémiologique ou mentale et non une contemplation. Cf. Citation (EPI) : « le
futurisme était un impressionnisme du monde mécanique [Le nu descendant de
l’escalier, 1912] c'était la suite directe du mouvement impressionniste. Cela ne
m’intéressait pas. Recréer des idées dans la peinture. M’éloigner de la physicalité de
la peinture. Remettre la peinture au service de l’esprit » = idée de peinture qui doit
perdre son attrait visuel pour qu’on comprenne qu’elle n’est qu’au service de l’esprit.
« Et ma peinture fut bien entendu considéré comme intellectuel, le littéraire [le piège
que voulait éviter Kandinsky : le décoratif et le littéraire]… » (Duchamp, du signe,
entretien de 1946). Pas une entreprise de destruction comme chez dada même si y a
aussi décloisonnement des arts par rapport aux autres, humour, ironie, mais c'est au
service d’une promotion de l’esprit et une sorte de destitution du visible. Cf. Le grand
verre. La marié mise à nu. = renvoie à un projet artistique de Duchamp. L’idée du
grand verre vient à l’occasion d’une virée en automobile en roulant à toute vitesse du
Jura à Paris en 1912 avec Buffet, Apollinaire, et Cavia. Une expérience cinétique et
érotique supposément pour Duchamp. La puissance virginale de la mariée, Gabrielle
Buffet, est conjuguée avec le désir cylindré des célibataires. « Automobile, essence
d’amour » et « les célibataires, moteurs à explosion ». Duchamp tire de cette
expérience le motif d’une œuvre dont la vitesse (pas de décomposition du mouvement
comme Le nu descendant) réclame une abstraction de l’espace. On ne peut plus
figurer la vitesse comme le futurisme. Il faudrait que la vitesse fende, coupe l’esprit.
Càd elle serait coupure d’espace un peu comme un miroir coupe l’espace pour
réfléchir l’espace. La vitesse rompt la continuité au profit d’une autre dimension qui
n’appartient plus à la tridimensionnalité. Comme si la voiture trace une ligne de
quelque chose qui serait un volume d’une autre dimension. Si on est dans un espace
en 2D, la ligne peut être le signe d’une réalité à 3 dimensions. Supposé qu’on ait qch
comme la vitesse dans un espace à 3 dimensions, elle serait le signe d’un espace à 4
dimensions. C'est ce que vise Duchamp. Si une ligne peut être conçue comme le
recoupement de deux surfaces, ce qui fait qu’on conçoit la ligne à partir d’une autre
dimension qu’elle-même. De la même manière , les surfaces et les volumes
tridimensionnelles peuvent être conçues comme les coupes ou intersections d’espaces
de dimensions supérieures. C'est ce que le Grand Verre voudrait figurer = une coupe
destinée à mettre en rapport avec une dimension qui lui serait supérieur. Tout corps
tridimensionnel est « la perspective portée par de nombreux corps quadridimensionnel
sur le milieu tridimensionnel. Il faudrait percevoir l’automobile comme ce qui coupe
l’espace et laisse entrevoir une quatrième dimension. » Chaque objet pourrait être pris
à l’intérieur d’une dimension supplémentaire à celle dans laquelle il est présenté.
Cette 4e dimension = ce que souhaite Duchamp de son spectateur qui complète le
tableau : chaque objet doit renvoyer à une dimension supplémentaire à celui dans
lequel il se présente. Deux plaques de verre qui aplatissent ce qui se trouvent à
l’intérieur. Tout ce que Duchamp présente dans le champ du sensible, c'est souvent lié
à la reproduction (=/= duplication comme chez Warhol), aussi bien mécanique que
sexuelle que l’élevage (exemple : l’élevage de poussière). Idée de reproduction qui
vaut tous azimuts : dans le langage, l’acte sexuel, l’industriel… Obsession parce que
cette reproduction suppose un enfermement à l’intérieur de la tridimensionnalité qui
exige une 4e dimension comme si la tridimensionnalité à travers ces modes de
reproduction butait sur elle-même indiquant par là son dépassement vers une
dimension supplémentaire. Il s’agit bien pour Duchamp de présenter autre chose que
du visuel. Le regardeur produit donc la moitié du tableau, il « fait le tableau », selon
Duchamp. Jeu de mot : comme une coupure du langage : le langage se coupe par le
jeu de mot pour renvoyer à un méta langage virtuel (dimension supplémentaire)
auquel les jeux de mot qu’on peut faire dans la diachronie de l’usage
(tridimensionnalité) du langage pourrait renvoyer. « Rrose Selavy » = Eros, c'est la
vie. Par les inversions de langage ou coupure du langage, le langage produit un
courcircuit qui suppose qu’il renvoie à une dimension autre. Projection par les jeux de
mot, d’une autre dimension. Couper l’espace, la représentation, le langage… Cf. le
palindrome avec cinématique (cercle). Ne s’agissait pas de présenter les ready-made
comme des œuvres, mais pour que le spectateur en prenne notion, et se demande ce
que ça faisait là, susciter une attitude d’interrogation =/= de faire en sorte que ces
pièces Pelle à neige ou Porte bouteille soit considéré comme œuvres d’art. Anecdote
de L’oiseau dans l’espace de Brancusi à la douane américaine : forme oblongue prise
pour un objet industriel, la douane a dit que devait être taxé comme tout objet
industriel. Procès engagé par Brancusi et son galeriste, qu’ils ont gagné. Ce procès a
permis de considérer comme œuvre d’art ce qui juridiquement parlant n’était pas
considéré comme tel. Duchamp aurait été témoin de la scène et voyant des hélices
d’avion, il aurait dit : « l’art à venir a du souci à se faire », vu la perfection des ailes
d’avion, ressemblant à celles de L’oiseau dans l’espace. Limites poreuses entre
certains design, aérodynamisme et certaines œuvres d’art.
Courant post dada qui se déploie aux USA autour des années 50 : idée d’un
décloisonnement et mutualisation des arts, collaboration les uns avec les autres & le
problème de savoir jusqu’à quel point l’art peut se distinguer encore des formes
triviales de divertissement. Jusqu’à quel point l’art au sens noble du terme se
distingue du divertissement hollywoodien, des publicités, etc. Problème du rapport
entre l’art et le kitsch, art secondaire. De sorte que ce mouvement néo-dada ou certain
mouvement artistique dans l’après-guerre fait que la question qu’est-ce que l’art a pu
être relancé notamment dans la philsoophie américaine dite analytique. 2 ouvrages
essentiels : Nelson Goodman, Langage de l’art (1976) guidé par une question non pas
qu’est-ce que l’art mais comment y a-t-il art ? Autre ouvrage : Danto (1981), La
transfiguration du banal. Reprise du dadaïsme par le surréalisme qui a remis de
l’ordre dans la distinction entre les arts. Puissance de destruction reprise par une
forme d’onirisme accompagné de freudisme. Dada a été amorti par le surréalisme.
Cette puissance a pu ressurgir aux USA sous une autre forme si bien qu’on a pu parler
de néo-dadaïsme. La présence de Duchamp aux USA a joué un rôle dans la
survivance d’un esprit dada mais aussi la présence de John Cage. Recréation
d’assemblage hétéroclite. Et apparition du pop art. L’art devient scérigraphique,
reprise à l’identique, d’objet banals, porosité avec l’art populaire (comics par
exemple). La question qu’est-ce que l’art se repose pour els américains et les
philosophes américains. Et se repose moins en Europe. Aux USA la question qu’est-
ce que l’art n’est plus un problème d’essence mais d’identification : que peut on
identifier comme étant de l’art, de quoi puis-je dire c'est de l’art ou ça n’en est pas. La
question n’est plus à quelles conditions puis-je dire c'est beau mais à quelles
conditions puis je dire qu’il y a art que c'est de l’art. C'est la question de Goodman. La
question de savoir la limite entre art et non art c'est plus la question de Danto.
Quand Danto se pose la question dans La transfiguration du banal. Il le fait à partir
du geste inaugural, dadaïste, de Duchamp et également des fameuses boîtes Brillo de
Warhol qui pose le même problème que le ready-made de Duchamp si on considère
qu’il se présente comme une œuvre d’art (supposément). Brillo : 1964. Sérigraphie
des Campbell Soup 62.
Si Danto prétend définir l’art, c'est parce que selon lui l’art a évolué de manière à
pouvoir interroger sa propre essence. Epoque où l’art manifeste ce qu’il est de la
manière la plus pure. L’art se présente à nu. Dans sa caractéristique intrinsèque
comme il ne l’avait jamais fait auparavant. A son époque l’essence se révélerait. Il
part du constat que le pop art permet de dégager l’essence philosophique de l’art.
Signe la fin des avant-gardes = après le pop, y a plus d’avant-garde donc on est face à
la fin de l’histoire de l’art, rien ne viendra après comme une nouveauté véritable. Le
pop a épuisé l’histoire car il est allé au bout de ce vers quoi pouvait aller l’histoire de
l’art. C'est la dernière des avant-gardes. Jamais plus l’art ne sera à la recherche de son
essence ou de sa définition ultime car elle s’est révélée à cette occasion. Pourquoi
c'est avec le pop art que cette question se pose dans sa force définitive car faut une déf
de l’art qui puisse rendre compte des boîtes Brillo. Danto précise qu’avec elles
« toutes les possibilités de l’art ont été réalisées », épuisées. Il y a une constante dans
le travail de Danto : qui fait que le problème revient toujours sous la même forme :
comment distinguer une œuvre d’art d’un objet réel (expérience de pensée d’abord
présenté par Warhol) s’ils sont indiscernables ou quand ils le sont ? Le problème est
celui de la distinction entre art et non art dans le cas où la différence est à peine
perceptible ou qu’à l’aide de critères extrinsèques. Le pop art interroge la limite qui
les sépare ou les rapproche. Le pop art fait qu’on ne peut plus les distinguer. Donc
l’art touche à sa fin si peut se confondre au non art. C'est le problème des
indiscernables le problème de Danto = le problème de l’identification de l’art.
Pourquoi je ne peux pas dire que la boîte est de l’art dans le supermarché mais je peux
le dire dans une galerie. Différente théorie : institutionnelle = refus de tout critère lié à
l’intériorité, tel qu’une œuvre porterait intrinsèquement la marque qui la distingue
d’un produit non artistique. C'est un critère externe : un artefact quelconque est
qualifié d’œuvre d’art pour autant qu’il est défini de la sorte dans le cadre
institutionnel du monde de l’art. Un objet ne reçoit son statut d’œuvre d’art que par
l’institution qui le détermine tel. Danto ne veut pas du critère institutionnel pour
distinguer art et non art pour deux objets identiques. Théorie de l’expression
intérieure fondée sur l’émotion, l’artiste a voulu exprimer quelque chose. Warhol ne
veut rien exprimer à travers l’empilement de boîtes de lessive. Attitude de Warhol a
évolué : il vient du design donc son premier but c'est de gagner de l’argent et c'est
progressivement qu’il a transformer ce but immédiat en un but ironique, je veux
moquer la société de consommation, la parodier, si bien qu’on ne sait pas que le
premier motif n’était pas déjà une auto-parodie. Dénoncer la société de consommation
lui rapportait de l’argent. La théorie de l’expression : rejet car y a des expressions
d’émotion non artistiques. La théorie de la mimésis = on jouit d’une œuvre d’art par
sa différence avec la réalité : ce n'est pas recevable car y a des objets d'art qui sont des
objets réels. Mm chose avec la th de la représentation : y en a qu’on ne distingue pas
de la réalité représentée. Donc il y a une résistance du problème : aucune des théories
ne peut répondre à la question. Exemple : exposition à Bolzano, 2015 : sur le sol des
confettis, des bouteilles de champagnes vides, des gobelets renversés, une nappe,
comme allégorie de la fin du monde, la fête est finie, présentation de ce qui vient
après la fête, après la fin. Or il se trouve que le lendemain les femmes de ménage sont
venues et ont tout enlevé car elles pensaient que c'était le reste du vernissage.
Exemple de confusion, d’indiscernabilité. Biennale de Venise, 78 : une porte de
Duchamp avait été transporté à la Biennale de Venise et un des ouvriers, un peintre a
dépeint la porte car il trouvait qu’elle était défraîchie. Exemple des deux Don
Quichotte imaginé par Borges dans Fictions. (Question de la réceptivité des œuvres,
du déplacement de l’identique au différent…) deux œuvres identiques mais traitées
comme n’ayant rien à voir les unes avec les autres. Comment construire des paires
distinctes mais indiscernables ? Argument de Danto : c'est l’intention qui préside à la
production de l’objet, qui préside cet objet. Si y avait une intention d’art, une volonté
d’art derrière la production de l’objet alors elle doit être considérée comme une œuvre
d’art. =} c'est la production même d’un certain type d’œuvre qui joue avec les limites
art/non art qui engendre ce type de questionnement méta-artistique, une réflexion
comme extérieure au domaine de l’art en général. Une question qui ne se posait pas
pour Hegel, ou Nietzsche. La question se posait une fois accordée sur le domaine
concerné, comment le définir. Là la question porte sur comment définir le domaine.
L’esthétique de Goodman repose sur une théorie générale des symboles. Contre toute
expérience esthétique. Goodman ne veut pas construire une esthétique mais une
théorie des symboles. Donc ce qu’il peut dire sur l’art ne porte ni sur des expériences,
des idées ou représentations, des vécus, des impressions, des entités mentales, ce qui
l’intéresse : les relations sémantiques que les symboles entretiennent avec ce qu’il
signifie. Les rapports syntaxiques que les symboles entretiennent entre eux et
l’utilisation syntaxique qu’on fait de ces symboles pour décrire ce qui nous entoure. Si
un tableau exprime la tristesse, les expressions sont inadéquates : il s’agit de dire que
le tableau exemplifie métaphoriquement le prédicat être triste, c'est un échantillon de
ce qu’on peut entendre par être triste, y a pas d’expérience. L’expérience pas un
critère dans la démarche de Goodman. Exemplifier, illustrer, c'est fonctionner comme
un symbole pour Goodman. Et fonctionner comme un symbole dans un système
symbolique. Un symbole peut être une chose mais avec un fonctionnement
sémiotique. Si bien que le tableau devient un échantillon aux yeux de Goodman. Le
fait qu’il exemplifie métaphoriquement le prédicat être triste c'est parce que la
métaphore de son côté est ?. ne vaut que dans un dispositif s »miotique. Chaque
œuvre n’est qu’un échantillon d’un symbole. Faut repérer un fonctionnement (et non
une expérience) esthétique : être attentif à certaine caractéristique symbolique ce qui
implique pour Goodman que ce repérage symbolique a un caractère … ça se combine
bien avec la théorie institutionnelle : comment un système symbolique peut s’accorder
à qualifier tel ou tel échantillon une œuvre d’art.
Autre aspect crucial qui détermine la question quand y a-t-il l’art : la question de sa
propagation dans le champ social. On ne peut faire un pas dans la rue sans voir
quelque chose qui se voudrait artistique. De l’art au sens trivial du terme, y en a
partout, tout le temps. Ce qui n’était pas le cas y a 100 ans. Une tentative
d’esthétisation qui se trouve partout. Mode, design, publicité, etc. Une propagation
dont faut tenir compte. Faut rappeler cette trivialité-là. L’esthétique : pas que les
tableaux dans les musées, les films aux cinés, la musique au concert. Alors que c'est
partout. Pas que dans des lieux précis. La de la norme dans l’esthétique : la manière
dont elle s’introduit avec la question du génie avec Schopenhauer : le génie n’est plus
celui qui reçoit un don distinctif mais celui qui se soustrait à la norme par sa folie
potentielle soit qu’il soit en défaut ou en excès pour la norme ou sa part d’enfant ou
de folie. Ce qui caractérise l’artiste : l’impossibilité de se soumettre à une norme
sociale auquel tous les autres individus se plient. Ce qu’on attend alors de l’art : qu’il
produise une expérience esthétique qui elel aussi nous soustrait à la norme des
perceptions ordinaires, convenues, habituelles. Ce qu’on a vu chez Schopenhauer,
Bergson, Rancière. Idée que y a un type d’expérience, d’individus, qui se soustrait
aux normes du champ social, par provoc, inaptitude, pour retrouver qch de primitif en
eux comme Arthaud, etc. Ça veut aussi que l’art doit se séparer des productions de
masse en tant qu’elles sont normées et ont un pouvoir normatif. Destiné à un public en
quête de divertissement et de sensations fortes. L’art suppose être à l’écart de ce qui
se produit dans le champ social. Cf. article de Clément Greenberg : le critique d’art le
plus influent à partir de la 2e moitié du 20e siècle. « Avant-garde et kitch » (1939) qui
fait pendant à l’article de Benjamin sur l’œuvre d’art à l’ère de la reproductibilité
technique » (rédigé en 35 et modifié en 39). La question de Greenberg : ce qui va
distinguer l’art à proprement parler et l’art populaire : quelle différence y a-t-il entre
un amateur d’art (qui va à une expo Picasso, Matisse, s’intéresse à ce qui s’est fait ou
se fait dans l’avant-garde, un spectateur cultivé qui apprécie les avant-gardes) et un
amateur de kitch (celui qui voit les productions hollywoodiennes moyennes, les films
destinés au grand public) ? L’avant-garde imite les processus de l’art, càd que l’avant-
garde est une imitation d’imitation au sens où l’art est devenu pour Greenberg (critère
de la modernité) réflexif. Les artistes réfléchissent l’œuvre d’art. Ils ne se contentent
pas de faire de l’art mais réfléchissent les conditions de l’œuvre d’art dans l’œuvre
d’art elle-même. Le critère de la modernité est la rélféxicité car pour lui le critère de
la modernité en philosophie : Kant, celui qui se demande quelles sont les conditions
de possibilité de la connaissance, de la philosophie, n’expose pas de connaissance,
déplace le champ de la philosophie vers la réflexion. En peinture pareil :les peintres
ne peignent plus le monde mais restituent les conditions de ce qu’est la peinture. Ce
qu’ils peignent : ce n’est plus le monde, ils veulent faire voir le médium, c'est sur le
médium qu’ils réfléchissent. Le Kant de la peinture pour Greenberg : Manet. Celui
qui ne raconte plus d’histoire, celui qui ne fait que faire de la peinture, une neutralité,
une fadeur. Il faut jouer à Manet le rôle du Kant. Celui qui découvre ce qu’est
l’essence de la modernité : la peinture est planéité. C'est une surface sur laquelle on
peint, c'est ce que Manet fait voir : que sa peinture n’est que de la peinture et ne doit
pas être dépassé pour montrer ce dont elle est la peinture. Une obsession de la
réflexion pour Greenberg, l’artiste moderne, celui qui réfléchit les conditions de l’art.
Donc les artistes détournent leur attention du contenu de l’expérience commune pour
la diriger vers les moyens de leur pratique artistique. D’où l’originalité des cubistes,
des fauvistes, des impressionnistes : ceux qui font d’abord voir qu’ils font de la
peinture. « Ce qui anime leur œuvre par-dessous tout : inventer, ordonner des espaces,
formes, couleurs, à l’exception de tout ce qui ne leur est pas intrinsèquement lié » =
de la peinture pure, depuis Manet. L’artiste moderne (c'est le sens du mot
modernisme : de Manet jusqu’à Pollock et un peu au-delà) est désormais toujours
réflexif pour autant qu’il est moderne. Même attitude du côté des spectateurs, de
l’amateur d’avant-garde : les valeurs ultimes de ses valeurs sont « au second degré
comme résultat d’une réflexion sur l’impression immédiate laissé par les seules
qualités plastiques », il réfléchit les qualités plastique à un niveau supérieur, un
second degré. Le spectateur cultivé se distingue en ce qu’il rejoue en lui la démarche
réflexive de l’artiste. C'est à cette condition que l’œuvre devient reconnaissable,
évocatrice et appréciée. Ces qualités qui en font la valeur ne sont donc pas
immédiatement présentes dans l’œuvre. Elles y sont projetées par le spectateur qui y
voit en plus les réflexivités à l’œuvre, la démarche formelle qu’on repère dans les
formes plastiques comme indices de la réflexivité de l’artiste. A condition d’être
suffisamment sensible et cultivé pour réagir aux qualités plastiques. Pour le spectateur
non cultivé : il aime d’autres œuvres. Greenberg prend pour exemple un réaliste russe,
Ilya Rêpine. Des tableaux très figuratifs et expressifs. On y voit la peine, le labeur,
etc. C'est facilement déchiffrable visuellement et dans l’expression que l’artiste a
voulue exprimer. Ce que les spectateurs non cultivés apprécient : que l’effet réfléchi
est déjà inclus dans l’œuvre, dans le tableau. Tout le travail a été fait pour un plaisir
non réflexif du spectateur, pas d’effort à produire. L’œuvre indique et contient son
propre effet. Ce qui la rend expressive au sens trivial du terme. Là où Picasso peint la
cause, Rêpine peint l’effet. C'est une forme de sensationnalisme ou de forme narrative
appuyée. Quand on nous indique dans un film les moments où on doit éprouver une
émotion. L’effet est déjà contenu, le travail a été fait, par la musique, les gros plans.
Système de redondance et explication immanent à l’œuvre. L’effet est contenu. La
réflexion est un prêt à réfléchir. L’expressivité est fournie avec la figuration.
A la suite des années 50. Après le mouvement de l’expressionnisme abstrait : c'est
Greenberg qui les découvre et les promeut et à l’issu de ce mouvement où les EU se
découvre une peinture propre, cessent d’imiter les Européens, naissent le minimalisme
et le pop art. Le minimalisme = quête de réflexivité encore supérieure. Le minimaliste
= celui qui dit : je ne fais que de la peinture et rien d’autre, ce que je vous présente, je
peins un carré jaune, ce n’est rien d’autre, elle n’exprime rien, ne dit rien, elle n’est
rien d’autre que ce qu’elle est, c'est la planéité dont parlait Greenberg poussée à son
point ultime : je ne fais que de la peinture étalée sur une toile, c'est un cube et rien
d’autre. Un cube lisse, parfait, n’a rien qui en ferait une expression. Il n’y a rien
d’autre à voir ce qui est à voir. La littéralité la plus pure. Radicalisation de la position
dont parle Greenberg. L’art arrive à sa réflexivité la plus grande ce qui affranchit de
tout ce que l’Europe a fait. Le tableau n’est pas une fenêtre mais une surface peinte et
rien d’autres, nous ne sommes pas des illusionnistes. Le pop art = parodie et
exploitation et transformation en art de toute une culture populaire, trivial, kitsch,
hamburger, téléphone géant, devanture de Bagel, Marylin, boîtes de lessive, de
conserve, les comics des années 50. C'est la transformation en art du kitch. On a donc
deux avant-gardes : une avant-garde qui se veut si réflexive que y a plus que l’œuvre
dans sa nudité même et une avant-garde qui dit nous ne sommes pas une avant-garde
mais l’accomplissement d’une forme de kitch : on passe insensiblement ici du côté de
la réception : qui reçoit les œuvres et quelles œuvres on reçoit, en fonction de quel
type de production.
Sujets sur la réception de l’œuvre : si cette question a pu être séparé de l’œuvre
pendant longtemps. Maintenant : la réception de l’œuvre n’est plus séparable de
l’œuvre comme adresse. Quel type d’œuvre s’adresse à qui et quel type de public
reçoit quel type d’adresse ?
Le // entre Benjamin et Greenberg : comment la question de la norme et la question de
la manière dont des formes d’art s’isole d’un art du grand public ou art populaire ou
kitch. Que dit Benjamin dans son article ? il distingue deux formes de perception. Il
veut attester d’une transformation de la perception : la perception est un objet
historique au même titre qu’un autre : la perception est inséparable d’une historicité
qui la constitue. Le médium dans lequel la perception opère ne dépend pas que de la
nature humaine mais aussi de l’histoire : le 1ere type de perception correspond à celle
de l’amateur d’art des années 20-30. Une approche faite de contemplation, de
recueillement, attitude telle que l’œuvre s’accompagne d’une aura qui la fait subsister
dans un lointain. Si proche soit elle, elle garde ses distances avec nous ou comme si
s’imposait à nous un respect. Une distance in-annulable, si proche ou familier qu’on
soit d’elle. Comme une puissance propre à l’œuvre qui est de se maintenir à distance
ou de nous maintenir à distance d’elle. Sorte de retrait à la manière d’un objet de
culte. Car c'est comme si elle était intouchable et ne pouvait être par conséquent que
vu (=/= toucher). L’objet de culte traditionnellement n’a pas pour fonction essentielle
d’être vu, de se montrer ou d’être montré. Il se peut même qu’il reste soustrait au
regard comme des reliques et statuts montrés qu’une fois par an ou moins. Manière de
préserver une distance encore plus grande. La visibilité peut avoir lieu mais elle n’est
pas constitutive, c'est la distance qui est constitutive. C'est la présence elle-même et la
distance que la présence impose. Et la présence est à même l’œuvre. Elle est présente
dans l’œuvre. Une première approche qui peut être définie comme théologique pour
Benjamin. Pas parce qu’implique une transcendance à même l’œuvre mais parce que
se dégage une valeur cultuelle de l’œuvre d’art. Elle concerne aussi bien l’œuvre que
la réception. Quelque chose qu’on retrouvera chez Heidegger. Mais d’une certaine
façon, cette valeur cultuelle de l’œuvre d’art c'est celle qui a commencé à disparaître
et dont la disparition s’accentue à mesure que l’œuvre d’art devient reproductible. De
la gravure à la photo jusqu’au cinéma. L’ensemble des transformations matérielles qui
modifient ces perceptions. Le cinéma n’est que reproductibilité : on ne voit toujours
que des copies. C'est avec cette reproduction industrielle et surtout le cinéma, que l’art
accède à une nouvelle puissance, une puissance de propagation et sa valeur change.
Diffusion dans le champ social. Charlie Chaplin pouvait être vu dans le monde entier
en permanence, c'était inouï à l’époque, on n’avait jamais vu ça. Ce qui importe : non
plus la valeur cultuelle mais ce que Benjamin appelle la valeur d’exposition. L’œuvre
prend une valeur d’exposition. En quoi elle consiste ? Si la valeur cultuelle on peut
dire qu’elle est intimement lié au secret, à la dissimulation, au recèle, à la pratique de
rituel, la valeur d’exposition sera lié au commerce, à la publicité, au matraquage, à un
trafic des perceptions : « sa fonction, soumettre l’ homme à un entraînement, il s’agit
de lui apprend… » Une forme d’art qui est un mode de condition et possiblement un
facteur d’annulation. =/= art comme libération à l’égard des normes sociales. Art qui a
là le pouvoir de soumettre les hommes et femmes à un entraînement auquel on ne peut
se soustraire. Le cinéma transforme la perception car a un pouvoir de pénétration
d’une ampleur nouvelle et inédite. Benjamin compare de ce point de vue le peintre et
le cinéaste. Du peintre il dit qu’il est comme un mage ou un sorcier en tant qu’il
conserve une distance entre son patient et lui, une aura qqch de magique, s’il diminue
cette distance par l'imposition des mains il l'augmente par son autorité. Le cinéaste est
comme un chirurgien qui abolit cette distance car il intervient à l’intérieur du corps du
malade. Le cinéma pour Benjamin pénètre en profondeur dans la trame du donné. A
travers les plans de détails, les gros plans, ce qu’il capte dans chaque image, un train
qui défile, un nuage, pendant que deux personnages parlent. Comme la psychanalyse
le ciné permet un approfondissement de la perception, il lui donne une profondeur
qu’elle n'avait pas forcément. On retrouve l’idée que le cinéma s’adresse aux couches
les plus profondes du psychisme, de la pensée. Il entre en contact avec nous. Il
manipule nos inconscients, les affecte. Comment la distance est abolie ? l’œil ne
s’immerge plus dans une contemplation, il attend d’autres images, c'est ça
l’enchaînement, il s’apprête d’avance à voir encore et encore. Donc il est transporté
dans toujours plus de vision. Qui lui interdit de se poser ou de se fixer. Autrement dit
l’œil est enchaîné à l’enchaînement des images. C'était qch dit il que poursuivait déjà
la peinture quand cherchait à restituer le mouvement mais avec ses moyens limités. Il
pense à dada : dada voulait produire des effets que le public a ensuite attendu du
cinéma, des effets de choc, de scandale, ce qui fait que l’art est devenu projectile.
L’idée : s’en prendre plein la gueule. Projectile au sens où il acquiert une qualité
tactile. Le cinéma se caractérise pour Benjamin outre l’enchaînement des images, par
sa qualité tactile.
Prochaine séance : mercredi 28 ?