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Les systèmes constitutionnels comparés

Chapitre 1
Les modes de scrutin

Introduction

Le suffrage était au début restreint, c’est-à-dire réservé aux individus possédant


une certaine fortune ou présentant certaines capacités. De nombreux pays, dont
la Grande Bretagne et la France (tout spécialement de 1814 à 1848) ont pratiqué
le système censitaire, qui consiste à n’accorder le droit de vote qu’aux seuls
possesseurs d’un revenu d’argent (ce que Syes appelle les citoyens actifs),
attesté par le paiement d’un certain montant d’impôt.
Ensuite le suffrage est devenu universel, c’est-à-dire accordé sans distinction de
fortune, puisqu’il appartient à tous les citoyens sous certaines conditions
minimales. (Âge, sexe, nationalité). En France, il a été adopté en 1848 mais sous
la forme du suffrage universel masculin et il a fallu attendre 1944 pour qu’il soit
étendu aux femmes.
Aux Etats Unis, le suffrage masculin a été adopté vers la fin du dix-neuvième
siècle, et le droit de suffrages des femmes fut proclamé en 1919. La Grande
Bretagne a pour sa part adopté le suffrage universel masculin et féminin en
1918. Au Maroc il a été adopté en 1959.
L’exercice du droit de vote est une conséquence logique de la reconnaissance
des droits civiques et politiques, ainsi la constitution marocaine consacre dans
son article 19 la reconnaissance des droits civiques et politiques, la femme et
l’homme jouissent des droits politiques égaux, sont électeurs tous les citoyens
majeurs des deux sexes jouissant de leurs droits civils et politiques.
Le droit électoral reprend et prolonge la constitution sur un certain nombre de
points, en donnant une définition des qualités et des critères de l’électeur et en
dressant la liste des personnes et des catégories qui sont exclues du droit de vote.

Suffrages direct et indirect :

Le suffrage est direct lorsque les électeurs choisissent immédiatement leurs


représentants. Il est utilisé dans les systèmes politiques contemporains
notamment pour l’élection du parlement. Au Maroc, les membres de la chambre
des représentants sont élus au suffrage direct.
Il est indirect lorsque les citoyens désignent parmi eux des délégués (électeurs
au second degré, grands électeurs) qui choisissent à leur tour les gouvernants par
une nouvelle élection. Il est fréquemment utilisé pour la désignation des
membres de la seconde chambre (Sénat en France, chambre des conseillers au
Maroc).
Les modes de scrutin également appelés systèmes électoraux ou régimes
électoraux désignent les modalités selon lesquelles l’exercice du suffrage et le
calcul des résultats électoraux sont aménagés.

C’est une technique de répartition du nombre des sièges des députés en fonction
du nombre des suffrages exprimés par les électeurs.
Le problème de tout système électoral est le suivant : comment compter les voix
et départager les candidats à une élection ? Les électeurs votent-ils pour le
candidat ou le parti ?

Autrement dit, le problème consiste à obtenir une répartition des sièges entre les
différents représentants qui correspond autant que possible à la volonté
électorale.
Généralement nous avons deux choix :

- Ou bien considérer le principe de la majorité ; le candidat, qui obtient le


plus de voix, est élu, c’est le principe des modes de scrutin majoritaires.

- Ou bien refléter l’opinion publique dans sa diversité et respecter plus


justement la répartition sièges / suffrages. On recourt ainsi à des modes de
scrutins proportionnels.
On distingue généralement les modes de scrutin majoritaires et les modes de
scrutin proportionnel.

Avant d’évoquer ces modes, il y a lieu de définir quelques notions qui se


présentent quand on évoque le problème du mode de scrutin :
- Scrutin uninominal : Est celui dans lequel on ne vote que pour un seul
candidat.
- Scrutin de liste : L’électeur vote pour plusieurs candidats, qui figurent
dans la même liste du bulletin de vote.
- Le panachage : Les électeurs peuvent composer une liste à partir des noms
figurant sur les différentes listes en compétition , autrement dit , ils ne
sont pas obligés de voter pour une liste dans son intégralité.
- Le vote préférentiel : C’est la possibilité pour l’électeur de modifier
l’ordre de présentation des candidats sur la liste.
I – Les scrutins majoritaires :

C’est le système anglais, également pratiqué aux Etats Unis et dans les autres
pays anglo-saxons, dans le cadre de petites circonscriptions à un seul siège.
Le système majoritaire à un tour : Est déclaré élu le candidat qui a obtenu le plus
de voix. ex : on a 84 000 suffrages exprimés pour un siège à pourvoir et 3
candidats A , B, C.
A : 38 000 voix, B : 40 000 voix, C : 6000 voix.
Le candidat B est élu à la pluralité des voix et il n’était pas nécessaire qu’il
obtienne la majorité absolue.
Ce mode de scrutin permet, en principe, de dégager une majorité parlementaire
nette, dans la mesure où il est lié au bipartisme. Mais il peut aussi arriver de
manière tout à fait exceptionnelle que le parti qui obtient le plus de sièges ne soit
pas celui qui a obtenu le plus de voix dans le pays.

Le système majoritaire à un tour élimine les petits partis, dans la mesure où il a


un effet amplificateur si on passe des voix aux sièges, ce qui fait que la
formation majoritaire est su-représentée, cependant que les formations
minoritaires sont sous-représentées.

Ex : ( en juin 1987 l’alliance des libéraux et du SDP en Grande Bretagne avec 7.
339.912 voix , soit 23% des suffrages n’a obtenu que 22 sièges , soit 3.5% ,
alors qu’avec 1.029.778 voix , soit 35% des suffrages exprimés , le parti
travailliste obtenait 229 sièges , c’est-à-dire dix fois plus).

Ce système prive de toute représentation les petites formations politiques.


Le scrutin majoritaire à deux tours : c’est le système qui a été pratiqué en France
sous la troisième république , repris de 1958 à 1985 par la cinquième
république , suspendu en juillet 1985 et rétabli en juillet 1986.

Il consiste à déclarer élu le candidat qui a obtenu, au premier tour, la majorité


absolu des suffrages exprimés ou, à défaut, le candidat qui obtient au second
tour la majorité simple. En principe, ne peuvent participer au deuxième tour que
les candidats ayant obtenu un certain pourcentage au premier tour (12.5% du
nombre des électeurs inscrits en France).

Ce mode de scrutin entraine des désistements et des alliances électorales dont les
résultats sont souvent différents de ceux que donnerait le scrutin majoritaire à un
tour.
Dans un tel système, l’électeur se prononce au premier tour pour le candidat de
son choix même s’il n’a aucune chance de l’emporter et au deuxième tour s’il
n’a pas de chance de voir son candidat du premier tour en lice, il porte
généralement son suffrage sur le candidat le moins éloigné de ses opinions ou
encore sur le candidat le mieux placé pour tenir en échec le candidat à qui il veut
barrer la route. D’où la formule bien connue : au premier tour on choisit, au
second tour on élimine (le vote utile).

Ce système provoque au deuxième tour l’apparition d’un affrontement bipolaire.


Selon Maurice Duverger le scrutin majoritaire à deux tours tend à un
multipartisme tempéré par les alliances, on parle de multipartisme « polarisé »,
c’est-à-dire de regroupement des partis en deux coalitions.

Comme les autres systèmes majoritaires, ce mode ne vise nullement la justice


électorale, il peut arriver lorsque deux coalitions sont en compétition, que celle
qui remporte la majorité des voix au premier tour ne soit pas celle qui obtient la
majorité des sièges à l’issu du second tour.

Il est moins inéquitable que le système majoritaire à un tour, en effet, il est un


peu moins brutal puisque le premier tour tient lieu de représentation
proportionnelle. Il oblige les partis à négocier en vue du ballotage d’où les
désistements qui interviennent entre les deux tours.

II- les systèmes proportionnels

Ce système consiste à répartir les sièges en fonction du nombre de voix obtenues


par les différentes listes en présence. Il attribue à chaque parti politique
présentant une liste de candidats un nombre de sièges proportionnel au nombre
de voix obtenues.

Ce système postule donc un scrutin de liste, les listes préétablies par les
appareils politiques doivent comporter autant de candidats qu’il existe de sièges
à pourvoir dans la circonscription.

La mise en œuvre de la représentation proportionnelle suppose des


circonscriptions suffisamment vastes ayant dans chacune à au moins 4 ou 5
députés.
La représentation proportionnelle commence nécessairement par la
détermination du quotient électoral, ce dernier s’obtient en divisant le nombre de
suffrages exprimés par le nombre de sièges attribués à la circonscription.

Il est ensuite procédé à la répartition de ces sièges entre les listes en compétition
en divisant par le quotient électoral le nombre de suffrages obtenus par chaque
liste. Mais pratiquement cette opération ne peut jamais être réalisée en une seule
fois car, après la première répartition, il subsiste toujours des restes, c'est-à-dire
des voix non représentées et des sièges non pourvus. Il faut donc procéder à une
nouvelle répartition.
Deux systèmes peuvent être utilisés : la répartition des sièges au plus fort reste
ou à la plus forte moyenne.

Exemple : une circonscription à 6 sièges à pourvoir et avec 90 000 suffrages


exprimés.
On a les listes suivantes :
A : 10 000 voix B : 16 000 voix C : 40 000 voix D : 12 000 voix E : 41 000
voix
F : 7000 voix
Pour répartir les 6 sièges entre les listes, on commence par calculer me quotient
électoral, c'est-à-dire à partir de combien de voix exprimées un parti peut
prétendre à l’attribution d’un siège.
Q.E. : 90 000 / 6 : 15 000
Donc, chaque fois qu’une liste obtient 15 000 suffrages elle a droit à un siège, ce
qui fait que :
A : aucun siège, B : 1 siège, C : aucun, D : aucun, E : 2 sièges, F : aucun.
Comment vont alors être répartis les 3 sièges restants ?

1- La répartition au plus fort reste :

Après l’attribution des 3 sièges, chaque liste conserve un nombre de


suffrages « inutilisés », chacun des 3 sièges restants sera attribué à la liste
qui a conservé le plus élevé des voix.

liste S.E. Sièges déjà restes Derniers


attribués sièges à
pourvoir
A 10 000 0 10 000 1
B 16 000 1 1000 0
C 4000 0 4000 0
D 12 000 0 12 000 1
E 41 000 2 11 000 1
F 7000 0 7000 0

Ce qui fait que : A : 1 siège


B : 1
C : 0
D : 1
E : 3
F : 0
2- La répartition à la plus forte moyenne

Il s’agit de procéder à l’attribution fictive d’un siège à chaque liste et de


diviser le nombre de voix obtenues par chaque liste par le nombre de sièges
obtenus par celle-ci plus un. Cela permet d’obtenir, pour chaque liste, une
moyenne de suffrages exprimés. C’est aux listes ayant les plus fortes
moyennes que les sièges restant seront attribués0.

Exemple : calcul de la moyenne lors de l’attribution du premier des 3 sièges


restants :
Attribution du quatrième siège :
La liste A, sa moyenne est de 10 000/1 : 10 000
La liste B , sa moyenne est de 16 000 / 1+1 : 8000
La liste C , sa moyenne est de 4000/1 : 4000
La liste D , sa moyenne est de 12 000/1 : 12 000
La liste E , sa moyenne est de 41 000/2+1 : 13 666
La liste F , sa moyenne est de 7000/1 : 7000

La plus forte moyenne se trouve dans la liste E qui récolte la quatrième siège
et dispose de 3 élus.
Attribution du cinquième siège :
Liste A : 10 000/1 : 10 000
Liste B : 16 000 /2 : 8000
Liste C : 4000/1 : 4000
Liste D 12 000 /1 : 12 000
Liste E : 41 000 /3+1 : 10 250
Liste F : 7000/1 : 7000
Le cinquième siège est attribué à la liste D

De la même manière, le sixième siège est attribué à la liste E.

Ce qui fait que :


Au plus fort reste A la plus forte moyenne
E : 3 E : 4
D : 1 D : 1
B : 1 B : 1
A : 1 A : 0
Les effets du système proportionnel :

La R.P. permet de rendre impossible la prédominance exclusive d’une formation


politique qui ne bénéficie pas du soutien d’une majorité dans le pays. Ses
partisans mettent en avant aussi le fait qu’elle donne la représentation la plus
fidèle de l’opinion. Selon eux ce système serait plus juste que le système
majoritaire puisqu’il rend possible la représentation parlementaire de toutes les
nuances de l’opinion.
Par conséquent la R.P. favorise le pluralisme.
Elle favorise le fractionnement de la scène politique.
Rend difficile sinon impossible la formation d’une majorité de gouvernement à
partir de la mosaïque des partis qu’elle suscite.
Elle amoindrit le rôle des électeurs pour le choix de leurs gouvernants qui est
confisqué par les partis ; ce sont les partis qui vont se charger en toute liberté de
trouver les compromis nécessaires et de choisir les alliances politiques.
Avec ce système il est rare qu’un parti puisse disposer seul d’une majorité
absolue (le cas d’Israël).
Le fait que des partis qui sont les moins représentatifs de l’opinion publique de
leur pays se trouvent en mesure de faire pencher la majorité d’un coté ou de
l’autre est très critiquable.

Chapitre deux : les régimes parlementaires

Introduction

Tout régime politique n’est que la résultante du jeu des forces politiques et plus
particulièrement d’un ou plusieurs partis, dans le cadre institutionnel tracé par la
constitution. En ajoutons à cela les facteurs historiques, idéologiques et
économiques qui présentent une importance considérable.

Autrement dit, c’est la combinaison de ces différents éléments qui permet de


déterminer la nature des régimes et de les classifier.
Dans ce cours, il est question de traiter les régimes pluralistes qui se
caractérisent à la fois par leur unité, due à leur inspiration idéologique, et par
leur diversité, qui tient aux modalités variées adoptées pour l’aménagement des
pouvoirs publics.
Sur le plan idéologique, les régimes pluralistes se rattachent à l’idéal
démocratique sous sa forme majoritaire, d’autre part, ils procèdent de la
philosophie des lumières.
Sur le plan économique, ces régimes sont pratiqués par des sociétés
développées, mettant en œuvre le système capitaliste.
Sur le plan politique, ils affirment l’existence de libertés individuelles et
collectives, et respectent le droit de l’opposition de critiquer le gouvernement et
de s’efforcer de lui succéder au pouvoir.

Sur le plan institutionnel, ils aménagent le pouvoir de telle sorte que son
exercice demeure modéré, et pour cela, s’efforcent de réaliser un double
équilibre, d’une part, entre l’autorité et la liberté, et d’autre part, entre les
organes directifs chargés d’élaborer et conduire la politique nationale, et les
organes délibérants chargés de contrôler les précédents.

En effet, il existe deux principaux régimes, d’une part, ceux qui cherchent à
réaliser l’équilibre des pouvoirs exécutif et législatif en organisant leur
collaboration et en dotant le gouvernement et les assemblées de moyens
d’actions réciproques, c’est la voie du régime parlementaire. Et d’autre part, en
cherchant à réaliser l’équilibre des pouvoirs en les assurant qu’ils demeureront
en fonction pendant toute la durée préfixée de leurs mandats et en évitant qu’ils
ne disposent , les uns par rapport aux autres, de moyens d’actions décisifs, c’est
la voie du régime présidentiel.
Il faut signaler aussi, l’existence de régimes d’assemblée et de régimes mixtes.

A- Les origines historiques du régime parlementaire

Ils sont apparus au milieu du XVIII siècle en Grande Bretagne, au début du XIX
siècle en France, un peu plus tard dans les autres pays.
La naissance du régime parlementaire se situe, dans chaque pays, au moment
précis où un pouvoir royal encore fort mais déclinant doit composer avec des
organes représentatifs en pleine expansion. C’est pourquoi ce régime apparait
dès le début comme un régime libéral et de notables, parce qu’il est lié au
suffrage censitaire.
La mise en place de ce régime a été lente et progressive, bien que la théorie de la
séparation des pouvoirs ait joué un rôle non négligeable dans cette mise en
place, toutefois ce régime a procédé de l’enchaînement des circonstances, de la
pression des événements.

B- Les mécanismes du régime parlementaire

Tout régime parlementaire peut être défini comme un régime dans lequel le
gouvernement doit disposer à tout moment de la confiance de la majorité
parlementaire.
1- La dissociation des organes exécutifs et la procédure du
contreseing

En régime parlementaire, il y a d’une part, dissociation entre les fonctions de


chef de l’Etat et celles de chef de gouvernement, qui sont confiées à des organes
distincts et, d’autre part, transfert au second de la substance des compétences
extrêmement importantes qui étaient l’apanage traditionnel du premier.

Le chef de l’Etat a pour vocation d’incarner la continuité de l’Etat mais, en


principe, il ne participe ou très peu à l’exercice du pouvoir, exception faite du
choix du chef du gouvernement et encore doit-il le choisir dans la majorité
parlementaire. Politiquement irresponsable et par conséquent assuré de
demeurer en fonction, pour la durée de son règne ou celle de son mandat, il est
aussi sans autorité réelle. Celle-ci est exercée par le chef du gouvernement et par
ses ministres.
Ce sont eux qui assument devant les assemblées la responsabilité de la politique
nationale.
En régime parlementaire, tout acte du chef de l’Etat doit être contresigné par le
chef du gouvernement, qui en prend ainsi la responsabilité devant les chambres.
A l’origine, le contreseing avait le caractère d’une acceptation par le
gouvernement de la décision prise par le chef de l’Etat. Actuellement, la
signature du chef de l’Etat a le caractère d’une authentification de la décision
prise par le gouvernement.

2- La responsabilité politique du gouvernement et la dissolution

C’est la pièce maitresse du régime parlementaire, elle permet, associée au droit


de dissolution, d’apporter une solution aux conflits susceptibles de survenir
entre le gouvernement et la majorité parlementaire, dont pourtant il est issu.
La mise en cause de la responsabilité politique du gouvernement peut conduire à
la constitution d’un nouveau gouvernement qui aura la confiance de la majorité,
cependant que la dissolution peut dégager une nouvelle majorité.

La responsabilité politique du gouvernement peut revêtir deux significations.


Dans le premier cas, il s’agit d’un moyen de pression du gouvernement, qui pose
la question de confiance ou engage sa responsabilité, sur sa majorité, c’est-à-dire
sur ceux qui doivent normalement lui apporter leur soutien parce qu’ils
appartiennent au même parti. En effet, s’il constate chez ces derniers des
réserves à l’égard de sa politique générale ou d’un projet de loi important, il peut
engager son existence devant l’assemblée afin de les mettre devant leurs propres
responsabilités.
Dans le second cas, il s’agit d’un moyen d’action de l’assemblée sur le
gouvernement. Les parlementaires peuvent vouloir obliger celui-ci à
démissionner parce qu’ils désapprouvent sa politique. Logiquement l’initiative
doit alors venir des membres de l’opposition, qui déposent une motion de
censure en espérant y rallier une partie de la majorité.
La dissolution représente un autre moyen de résoudre le désaccord éventuel
entre le gouvernement et la majorité. Il s’agit de faire appel à l’arbitrage
populaire, quel que soit le résultat, le chef de l’Etat n’a plus qu’à choisir le chef
du gouvernement au sein de la majorité qui conquiert le pouvoir.
Il est à signaler, que la décision de prononcer la dissolution doit, en régime
parlementaire, toujours être prise par le chef du gouvernement, même si, en la
forme, elle parait émaner du chef de l’Etat.
Ainsi, la dissolution ne s’applique qu’à l’assemblée élue au suffrage universel
direct.

3- La collaboration du gouvernement et des assemblées

Elle est impliquée par l’esprit même du régime parlementaire, qui exige, que le
gouvernement et la majorité soient étroitement soudés. C’est ainsi que les
ministres sont normalement choisi parmi les parlementaires et qu’ils ont accès
aux assemblées. Le gouvernement a l’initiative législative et participe
activement à l’élaboration de la loi.

C- Les modalités des régimes parlementaires

1- Régime parlementaire dualiste et régime parlementaire moniste

C’est sous sa forme dualiste que le régime parlementaire a d’abord été pratiqué,
le roi ne faisait pas que régner il gouvernait aussi, pour une part.
En ce régime, le gouvernement est politiquement responsable devant
l’assemblée et devant le roi qui participe activement à l’exercice du pouvoir.
En effet, ni la révocation du chef du gouvernement par le chef de l’Etat, ni sa
censure par l’assemblée ne pourraient suffire à rétablir l’harmonie.

C’est pourquoi le régime dualiste est justement critiqué, il ne présente aucun des
avantages attendus du régime parlementaire, puisqu’il met directement en cause
le chef de l’Etat et peut conduire au blocage. Ainsi, il fut abandonné par tous les
pays qui l’ont pratiqué.
La double responsabilité politique ne subsiste plus que dans les régimes mixtes.
2- Le régime parlementaire biparti et les régimes parlementaires
multipartis

Le régime parlementaire biparti a pour principale caractéristique de donner à


l’un des deux partis en présence la majorité absolue à l’assemblée, de ce fait, la
responsabilité politique du gouvernement ne sera pratiquement jamais mise en
cause, la stabilité gouvernementale est remarquable et l’alternance est régulière.
Les régimes parlementaires multipartis présentent moins d’unité, certains
fonctionnent de manière remarquable (l’Allemagne), d’autres connaissent des
situations différentes, c’est ainsi que la présence d’un grand parti d’opposition
peut obliger les autres partis à se coaliser pour éviter qu’il n’accède au pouvoir
(l’Italie).

3- Les régimes parlementaires rationalisés

Deux procédés sont utilisés pour rationaliser ces régimes. D’une part, on
s’efforce de donner au gouvernement, lors de sa formation, la plus large majorité
possible, pour cela le chef du gouvernement, doit se présenter devant
l’assemblée élue, lui présenter son gouvernement et exposer son programme,
pour en obtenir le vote d’investiture à une majorité qualifiée.
D’autre part, on s’efforce d’obliger les députés à bien réfléchir avant de
contraindre un gouvernement à la démission. C’est pourquoi la mise en cause de
la responsabilité politique du gouvernement est précédée de formalités qui
constituent autant d’obstacles : un délai de réflexion, une majorité qualifiée, la
désignation concomitante d’un gouvernement successeur.

4- L’évolution contemporaine du régime parlementaire

Désormais, les députés appartiennent à des partis et n’agissent plus à titre


individuel comme au début, ils doivent suivre avec discipline les consignes. Le
régime parlementaire est devenu un régime de partis.
Il s’en suit que lorsqu’il fonctionne correctement, on ne peut plus considérer le
gouvernement et l’assemblée comme des organes antagonistes, puisque c’est le
même parti qui dispose du premier et de la majorité au sein de la seconde.
D’autre part, on assiste à un recul des procédures traditionnelles, comme le refus
de confiance et la motion de censure, cela dépend dans une large mesure à la
solidité de la majorité.
Chapitre 3 - Le régime présidentiel

Ce régime se caractérise par une grande unité, dans le sens où il est peu pratiqué
par les Etats occidentaux, si l’on exclut les régimes présidentialistes
(concentration des pouvoirs au niveau de la présidence) d’Afrique et
d’Amérique latine, il s’agit essentiellement du modèle américain.

I - L’évolution historique du régime présidentiel

Ce régime est apparu à la fin du 18 eme siècle, avec la constitution des Etats
Unis de 1787, en d’autres termes, il s’est instauré plus d’un demi-siècle après
l’établissement du régime parlementaire de la Grande Bretagne, tout en naissant
dans une conjoncture bien distincte.
Ce régime se présente comme la traduction systématique des pensées des
lumières, tout particulièrement la théorie de la séparation des pouvoirs de
Montesquieu.
Même si le régime présidentiel émane de la pratique observée dans les décennies
qui suivirent l’adoption de la constitution américaine, mais en le comparant avec
le régime parlementaire, il demeure beaucoup plus la résultante d’une volonté de
ceux qui ont rédigé la constitution, que d’une accumulation des faits et
événements.
Il s’agit d’un régime lié à la réflexion sur le pouvoir, comme en témoigne sa
constitution, surtout dans ses trois premiers articles consacrés à la séparation des
pouvoirs.

II Les fondements du régime présidentiel

Ce régime se caractérise par sa simplicité et surtout par l’équilibre des pouvoirs


exécutif et législatif et leur autonomie réciproque et leur certitude de demeurer
en fonction jusqu’à la fin de leur mandat.

1- L’unité de l’exécutif et l’autorité du président

Le régime présidentiel est un régime de concentration du pouvoir exécutif entre


les mains du président, celui-ci dispose de la plénitude du pouvoir exécutif. Il
l’exerce soit directement soit par l’intermédiaire de ses « ministres ». Ici, il n’y a
pas une dualité de l’exécutif, plus encore le président est à la fois chef de l’Etat
et chef du gouvernement, et en conséquence les « ministres » ou collaborateurs
relèvent directement de lui, il les choisit, les nomme, et les révoque.
Ainsi, le président est le titulaire exclusif du pouvoir exécutif, dans la mesure où
il n’y a pas de chef du gouvernement. Quant au vice-président, élu en même
temps que le président, ne peut jouer un rôle politique que dans la marge voulue
par le président.

Les « ministres » ou collaborateurs ne constituent pas un gouvernement, c’est-à-


dire un organe collégial et solidaire, chacun d’eux est chargé d’accomplir une
tache et mettre en œuvre la politique du président, celui-ci peut à n’importe quel
moment mettre fin aux fonctions d’un collaborateur.

En régime présidentiel, le président est en principe élu au suffrage universel


direct ou quasi direct, il peut s’agir même d’une élection par un collège de
grands électeurs, même si ce procédé est moins démocratique mais de toute
façon, l’élection doit se faire sur une base dépassant largement le cadre restreint
des assemblées parlementaires. Cela s’explique par le fait que le président qui
est censé conduire la politique nationale devrait bénéficier d’une légitimité sur
pied d’égalité avec celle des organes représentatifs.

2- L’autonomie réciproque du président et des assemblées

La spécificité du régime présidentiel tient du fait que les instances exécutives (le
président et les collaborateurs) disposent de la plénitude du pouvoir exécutif, et
les organes législatifs (les assemblées) disposent pleinement du pouvoir
législatif, et ce tout au long de leurs mandats.

Ceci étant, aucun organe ne peut interférer dans l’exercice des attributions
dévolues à l’autre : le président ne peut pas légiférer, et les assemblées ne
peuvent nullement intervenir en matière exécutive.

D’autre part, aucun organe ne peut exercer une pression à l’égard de l’autre : le
président n’a pas la compétence de prononcer la dissolution de l’assemblée, et
celle-ci ne peut mettre en cause la responsabilité politique du président. Après
l’élection, chaque organe demeure au pouvoir pour la durée de son mandat.
D’ailleurs l’institution de la vice-présidence s’explique par la volonté d’achever
le mandat du pouvoir exécutif en cas de disparition du président.

3- Les difficultés du régime présidentiel

La séparation stricte du pouvoir, caractéristique du régime présidentiel engendre


des difficultés à la fois politiques et institutionnelles.
Les difficultés institutionnelles sont claires et prouvent bien que le régime
présidentiel américain est le fruit de visions anciennes et parfois même
dépassées. Le fait que les assemblées disposent de la plénitude du pouvoir
législatif, empêche le dépôt de projets de lois par le président, alors que ce
dernier est élu pour mettre en œuvre son programme et il a énormément besoin
de la voie législative.
Les difficultés politiques peuvent engendrer une paralysie du système.si le
président et les majorités parlementaires ne relèvent pas du même courant
politique, il y a un risque de blocage et de tensions, et de sa part le régime
présidentiel ne contient pas des mécanismes capables de résoudre les éventuels
conflits.
Et comme chaque organe est assuré de demeurer en fonction jusqu’à la fin du
mandat, les deux pouvoirs sont condamnés à vivre ensemble même en
désaccord.

Chapitre 4- Les régimes mixtes

Les régimes mixtes combinent éléments empruntés au régime parlementaire et


éléments empruntés au régime présidentiel, ce qui pose parfois, quant à leur
fonctionnement, le problème de leur cohérence.

A – Les caractéristiques du régime mixte

Au régime parlementaire, les régimes mixtes empruntent l’existence d’un


gouvernement, collégial et solidaire, responsable devant l’assemblée élue au
suffrage universel direct, au régime présidentiel, ils empruntent l’institution d’un
président élu, lui aussi, au suffrage universel direct et disposant de pouvoirs
souvent considérables.

Parmi les régimes mixtes existant actuellement, il faut citer l’Autriche, la


Finlande, le Portugal, la France…

Ces régimes sont relativement récents et ne se sont implantés que depuis un peu
plus d’un demi-siècle pour la Finlande, nettement moins pour les autres. Ils
procèdent tous d’une constitution écrite mais doivent beaucoup à la pratique.
Il existe des différences de fonctionnement entre ces régimes de même type
institutionnel, du point de vue de la constitution les similitudes sont évidentes,
bien que le président puisse disposer de pouvoirs plus ou moins importants.
Mais si on considère la réalité politique, on constate que certains présidents vont
au-delà de leurs pouvoirs constitutionnels et que d’autres demeurent en deca de
ce que leur permet la constitution.
C- Le fonctionnement des régimes mixtes et le problème de leur
cohérence

Dans certains pays, les difficultés sont éludées parce que le président renonce en
fait à tenir le rôle moteur qui pourrait être le sien. L’explication est structurelle.
C’est le cas le plus fréquent, celui de l’Autriche, de l’Irlande, de l’Islande, qui
bien qu’élisant un président au suffrage universel direct ont des régimes se
rapprochant, à des degrés divers, du régime parlementaire.

En France où le président exerce pleinement ses pouvoirs le fonctionnement a


paru satisfaisant au cours des périodes où il disposait d’une majorité
parlementaire, absolue ou seulement relative.

Entre 1986 et 1988, puis entre 1993 et 1995, lorsqu’un président a eu à affronter
une majorité et un gouvernement dont les convictions politiques étaient
contraires aux siennes, il a fait figure de chef de l’opposition tout en laissant le
premier ministre gouverner (la cohabitation).

Mais à partir de 2007, la France connait l’organisation des élections législatives


et présidentielles le même an, et généralement c’est la même couleur politique
qui est représentée à la présidence et au gouvernement.
Il reste que le fonctionnement des régimes mixtes est empreint d’une certaine
fragilité. En effet, régime parlementaire et régime présidentiel comportent
chacun, en fonction de leur logique propre, des solutions aux crises possibles
entre l’exécutif et le législatif.

Les régimes mixtes, au contraire, dans la mesure où ils établissent un


gouvernement de type parlementaire et un président de type présidentiel,
accroissent les risques de conflits, au moins si chaque organe entend utiliser
pleinement ses pouvoirs. Les risques de blocage des institutions ne sont donc
pas négligeables.
Chapitre 5 - Le régime parlementaire Britannique

I- Les antécédents historiques

Les grandes luttes politiques du VXII siècle, marquées par les révolutions de
1648 et 1689 et soutenues par le parlement contre la dynastie absolue des Stuart,
forment le point de départ de l’évolution. Sans doute le parlement existait déjà.
Il se composait d’une chambre haute (les Lords) où siègent prélats et barons, et
d’une chambre basse (les Communes) où siègent chevaliers et bourgeois.
1689 marque le début d’une évolution vers un parlementarisme modéré et
raisonnable. Dans le même temps, de grands textes sont adoptés en vue de
protéger les droits individuels (pétition des droits de 1628, Bill of rights de
1689).
C’est la constitution d’un cabinet politiquement responsable devant les
communes qui va œuvrer à l’établissement du régime parlementaire au XVIII
siècle. Au départ les ministres ne sont que de simples membres du conseil privé
sans existence collective.
Mais lorsque, en 1714, les princes allemands montent sur le trône, ils ignorent la
langue anglaise et se désintéressent des affaires du royaume. Le cabinet acquiert
alors une existence autonome, sous l’autorité du premier ministre, et se détache
du conseil privé.
Les ministres ne sont d’abord qu’individuellement responsables devant le
parlement pour les actes de leur gestion. C’est une responsabilité purement
pénale.
A partir de 1689, la simple menace de l’impeachment va conduire les ministres à
se retirer lorsqu’ils se sentent désapprouvés par les Communes. Ainsi, une
responsabilité politique et collégiale a priori se substitue à une responsabilité
pénale et individuelle a posteriori.
Le cabinet est désormais un organe solidaire dirigé par le premier ministre,
politiquement responsable devant les Communes et non devant le roi. Celui-ci
qui conserve le droit de dissoudre les Communes.

Ce nouveau système était libéral mais pas démocratique, son support électoral
demeurant très restreint. Par étapes progressives des réformes interviennent en
1832, 1867, 1872,1884 pour étendre le droit de suffrage et garantir la sincérité
du vote. C’est en 1918 que le suffrage universel masculin et féminin fut adopté.
Dans le même temps une redistribution s’opérait entre les différents organes,
ceux que leur recrutement se situait hors circuit démocratique étaient
pratiquement écartés de l’exercice du pouvoir ( la monarchie et la chambre des
Lords) . Seuls conservent une importance politique les Communes, le Cabinet et
aussi les deux grands partis compétents.

II- Le bipartisme Britannique

Il y a une filiation directe entre le parti conservateur et le parti des tory des
origines, de même que le parti libéral et le parti des whigs. Mais, le parti libéral,
dont le rôle a été si important au XIX siècle, a été pratiquement éliminé par le
parti travailliste.
Ainsi, le système des deux partis, rompu par l’apparition, à l’extrême fin du XIX
siècle, du Labour Party, s’est lentement reconstitué par l’éviction progressive,
notamment au cours de la période comprise entre les deux guerres mondiales,
qui a été une période de tripartisme, de l’un des partis en présence.

Ce phénomène s’explique pour une part, par le mode de scrutin britannique,


pour une autre part, par le fait que le parti travailliste a été constitué à l’origine
par les syndicats, et qu’il a bénéficié de leurs effectifs dès sa naissance, ce qui
lui a permis de faire irruption tout armé dans l’arène politique.

Le système majoritaire à un tour tend naturellement au bipartisme. Le caractère


immédiat de ce mode conduit l’électeur à voter utile. Dans un souci d’efficacité,
il se détourne de lui-même du troisième parti.
Dès lors le troisième parti estimera souvent inutile de présenter des candidats
dans toutes les circonscriptions, ou bien il ferra alliance avec l’un des deux
autres en lui apportant des suffrages dans certaines circonscriptions pour pouvoir
se maintenir dans d’autres.

Il est à signaler aussi l’existence des électeurs flottants, c’est-à-dire, ceux qui ne
suivent pas fidèlement l’un des deux partis en compétition. C’est donc une
minorité qui détermine l’issue des élections.

Jusqu’à présent, le scrutin avait contribué à la formation de majorités


parlementaires nettes en avantageant les deux grands partis et en sous-
représentant le parti libéral démocrate.

Depuis 1945, aucun des deux partis conservateur et travailliste n’a obtenu la
majorité absolue des voix, mais l’effet grossissant du scrutin est tel qu’un faible
écart des voix suffit à déterminer, le plus souvent, une différence sensible sur le
plan des sièges.
Le scrutin peut aussi donner lieu à des résultats surprenants. En effet, il peut
arriver qu’un parti minoritaire en voix obtienne la majorité absolue des sièges.
Pour ce qui est du parti conservateur, il comporte environ 500 000 adhérents, le
leader est élu par le groupe parlementaire selon une procédure qui a été assez
largement modifiée en 1974 et qui le place dans une certaine mesure, sous le
contrôle du groupe.
Pour sa part, le parti travailliste a deux catégories bien distinctes d’adhérents,
d’une part , les syndicats peuvent adhérer collectivement, mais leurs membres
doivent s’ils veulent devenir membres du parti , confirmer individuellement, par
le paiement d’une cotisation. D’autre part, il y a les adhérents directs, constitués
en section locale. Les syndicats assurent le soutien financier.
En 2006, le parti revendiquait 450 000 adhérents.

Le parti libéral démocrate héritier du parti des whig , résulte de la fusion en


1988 de l’ancien parti libéral et du parti socialiste démocrate. Il n’a cessé de
progresser sur le plan des élections locales, désormais c’est la troisième force
dans la scène politique.

III – Le cadre institutionnel

La constitution britannique est coutumière et souple, qui peut être modifiée à


tout moment sans procédure particulière. Les grands textes qui jalonnent
l’histoire britannique, de la Grande charte aux déclarations des droits, pourraient
être modifiés par le parlement.
La monarchie quant à elle est soumise à la règle fondamentale de la neutralité
politique du souverain. Ses prérogatives sont purement nominales et aucune
d’entre elles ne peut être exercée sans le contreseing du premier ministre et des
membres intéressés du cabinet.
La chambre des Lords s’est vu réduire les prérogatives surtout depuis 1949,
puisque les communes peuvent passer outre l’opposition des Lords en votant le
projet de loi dans son même texte, au cours de deux sessions successives
séparées par un délai minimum d’un an. Quant aux pouvoirs financiers, ils ont
été réduits à néant dès 1911, les textes votés par les communes devenant
définitifs au bout d’un mois, quel que soit le vote des Lords.
La chambre des Communes ou la première chambre est dotée d’attributions très
importantes, elle a le pouvoir de voter les lois, des pouvoirs financiers, des
pouvoirs de contrôle et peut mettre en cause la responsabilité politique du
Cabinet.
Le premier ministre et le cabinet sont les organes clés du pouvoir, ceux qui
déterminent et conduisent la politique de la nation.
Le premier ministre est nécessairement le leader du parti majoritaire aux
Communes, il est nommé par la reine, s’il démissionne en cours de législature, il
appartient à son parti de désigner le nouveau leader. L’usage veut que la
dissolution soit décidée dans un délai raisonnable, afin de permettre aux
électeurs de faire connaitre leur volonté.
Le cabinet exerce tous les pouvoirs, c’est l’organe politique chargé par les
électeurs de promouvoir la politique annoncée dans la plateforme électorale du
parti vainqueur des élections.
Il est à signaler qu’à partir de 2011 (les actes du parlement de 2011), le premier
ministre britannique n’a plus la possibilité de recourir à la dissolution de la
première chambre.
Autrement dit, il a perdu son droit classique, celui de demander à la reine
l’annonce de la dissolution. En d’autres termes, la tenue d’élections anticipées
en Grande Bretagne ne peut être réalisée que si la première chambre vote une
auto dissolution, ou dans le cas où elle vote une motion de défiance contre le
gouvernement.

Chapitre 6 : Le régime présidentiel des Etats Unis

Le régime politique des Etats unis est marqué par le rôle primordial des
élections, et par l’organisation du pouvoir qui concilie efficacité et libéralisme,
dans le sens où le président assume un rôle de direction avec des limites évitant
tout arbitraire.

-1- Les éléments constitutionnels et fédéraux

- La constitution :

La constitution des Etats Unis est la plus ancienne constitution écrite et date du
17 septembre 1787.
Le texte initial est divisé en 17 articles, les trois premiers traitent du pouvoir
législatif fédéral (le congrès), du pouvoir exécutif fédéral ( le président) et du
pouvoir judiciaire fédéral.
La constitution met en place un système fédéral qui contient des dispositions
visant à protéger les Etats fédérés, et ce à travers l’institution de la chambre
fédérale (le sénat).
Concernant le Sénat l’article 1, section 3 indique qu’il est composé de deux
sénateurs pour chaque Etat, chacun d’eux disposant d’une voix.
La constitution des Etats unis est rigide, les deux procédures de révision prévues
par l’article 5 demeurent complexes. La constitution peut être révisée soit sur
l’initiative du Congrès par le vote des deux chambres à la majorité des deux
tiers, soit sur l’initiative des législateurs des deux tiers des Etats par une
convention spécialement élue à cet effet.
Dans les deux cas, les amendements adoptés doivent être ratifiés par les trois
quarts des Etats. En effet, c’est toujours la procédure impliquant une initiative
du Congrès qui est utilisée. Autrement dit, les révisions intervenues l’ont été sur
initiative fédérale.
Il est à signaler que ces procédures portent les traces des doctrines du contrat
social qui ont dominé le 18 eme siècle et qui ont inspiré la constitution
américaine, dans le sens où le pacte originel ne peut être modifié que par un
accord qui doit tout de même faire l’objet d’une large majorité.

- Les amendements :

Il s’agit de 27 amendements ratifiés, les dix premiers entrés en vigueur dès le 15


décembre 1791, c’est-à-dire 4 ans seulement après l’adoption de la constitution,
dont neuf d’entre eux présentent une déclaration des droits à la manière anglo-
saxonne (très concrète), tandis que le dixième trace les principes qui doivent
présider à la répartition des compétences entre l’Union et les Etats.
On ajoute à ces amendements les deux suivants ratifiés en 1798 et en 1804 qui
complètent le texte initial par rapport à l’organisation des pouvoirs publics
fédéraux et plus particulièrement le rôle du pouvoir judiciaire et l’élection du
président et du vice-président.
Viennent par la suite les trois amendements (13, 14 et 15) entrés en vigueur lors
de la guerre de sécession (1865,1868 et 1870) qui abolissent l’esclavage et
interdisent les discriminations raciales sur le plan civique.
Depuis lors les amendements intervenus sont diversifiés : deux d’entre eux (18
et 21) traitent les boissons alcoolisées, au début pour les prohiber (en 1919) puis
pour rapporter cette décision (1933).
Les autres traitent les questions fiscales, électorales, des mandats présidentiels et
l’égalité des sexes.

La pratique politique :

Les textes constitutionnels ont joué un rôle considérable dans le développement


des institutions américaines, toutefois le fonctionnement doit également
davantage à la pratique politique.
A vrai dire, le texte initial est trop ancien par rapport aux nouveaux problèmes
posés. Si la constitution fut innovatrice à la fin du 18 eme siècle elle ne l’est pas
à l’heure actuelle, et par conséquent c’est la pratique politique qui s’est
substituée aux insuffisances du texte.

Le fédéralisme américain :
- La forme fédérale américaine participe de manière efficace à l’équilibre
du système politique.
La constitution américaine instaure des institutions fédérales et trace ainsi les
principes de la répartition des compétences entre l’Union et les Etats fédérés.
C’est le contenu du 10 eme amendement selon lequel « les pouvoirs qui ne sont
pas délégués aux Etats unis par la constitution ni refusés par elle aux Etats sont
conservés par les Etats respectivement ou par le peuple ».
Autrement dit, l’Union bénéficie de compétences d’attribution et les Etats de
compétence de droit commun.
Il est à signaler ici que l’évolution politique a été en faveur des compétences de
l’Union qui se sont accrues. L’évolution a donc été favorable à l’Union, preuve
en est les interventions du pouvoir fédéral dans des secteurs où il n’intervenait
pas (économie, social).
- Quant aux Etats fédérés ils sont en nombre de 50, dont la superficie, la
population et la richesse restent variables, mais restants entre eux sur pied
d’égalité aussi bien au niveau juridique qu’au niveau politique.

- En effet, chaque Etat membre a sa constitution et ses institutions, qui sont


généralement inspirées par le modèle fédéral. C’est-à-dire un parlement
bicaméral, gouverneur élu au suffrage universel, système judiciaire faisant une
large place à l’élection.

- Certains Etas ont des mécanismes de démocratie semi directe : initiative


populaire, référendum, en d’autres termes la possibilité pour les électeurs de
révoquer leurs élus.

II- Les données politiques

- Le bipartisme américain :

Au départ, le bipartisme américain connaissait une période de confusion qui


s’est étalée jusqu’au milieu du 19 eme siècle.
Il y avait le parti fédéraliste (Hamilton et John Adams) et le parti républicain,
devenu par la suite républicain démocrate (Jefferson et Madison) qui défendait
les droits des Etats face au renforcement redouté du pouvoir fédéral.
Les républicains démocrates réussissent par la suite à devenir la formation la
plus puissante et à presque éliminer le parti fédéraliste. Mais le problème de
l’esclavage et celui de l’accession de nouveaux Etats imposent une nouvelle
distribution du champ politique.
En 1854 les dissidents d’un certain nombre de formations politiques ( le plus
célèbre A.Lincon) créent le parti républicain, qui regroupe très vite les éléments
anti-esclavagistes, alors que le parti républicain démocrate, devenu parti
démocrate s’attache aux intérêts esclavagistes.
Dès lors le bipartisme américain prend son aspect définitif.
Les partis américains sont des partis de gestion dotés d’une grande souplesse et
caractérisés par l’absence d’une discipline partisane.
L’activité des partis se manifeste surtout pendant les campagnes électorales. Au
niveau fédéral, il existe une convention nationale qui se réunit tous les quatre
ans pour l’élection présidentielle.

Le système électoral :

Ce sont les Etats qui sont compétents pour déterminer les règles relatives aux
élections, la législation électorale peut varier d’un Etat à un autre.
Toutefois, la compétence de principe des Etats ne les autorise pas à contrecarrer
les dispositions constitutionnelles qui traitent les élections, dont on peut citer : le
12 eme amendement sur l’élection présidentielle, le 15 eme interdisant les
discriminations électorales pour des raisons de race, de couleur ou de condition
antérieure de servitude, le 17 eme sur l’élection des sénateurs au suffrage
universel, le 19 eme interdisant les discriminations électorales en fonction du
sexe …

III – Le pouvoir politique fédéral

- Le président

Il est élu directement par l’ensemble de la population, suite à un mécanisme


complexe et originel, qui comporte deux phases et qui s’étend de février à
novembre.
Les deux partis (démocrates et républicains) proposent chacun leurs candidats à
la présidence et à la vice -présidence. Ces candidats sont désignés par une
convention nationale au cours de l’été qui précède l’élection présidentielle (les
élections primaires).
En ce qui concerne la candidature du président en exercice, le 22 eme
amendement a décidé qu’il ne pourrait être réélu qu’une seule fois. Le président
qui a pris ses fonctions suite au décès ou de la démission de son prédécesseur et
a exercé son mandat plus de deux ans ne peut être élu qu’une seule fois.
Le scrutin présidentiel permet aux électeurs d’élire de grands électeurs qui
s’engagent à voter, lors du scrutin final, soit pour le candidat républicain, soit
pour le candidat démocrate.
Le scrutin à deux degrés comporte le même effet pratique qu’une élection au
suffrage universel direct.
L’élection des grands électeurs se tient au scrutin de liste à un seul tour et à la
pluralité des voix. Le nombre des grands électeurs est fixé dans chaque Etat au
total des sénateurs et des représentants de cet Etat, mais ni les représentants ni
les sénateurs ne peuvent être élus grands électeurs.

Le nombre total de mandats est de 538 (correspondant aux 435 représentants,


100 sénateurs et 3 délégués pour le district de Columbia). Il faut pour être élu
président obtenir au moins 270 mandats. D’où l’importance d’emporter la
majorité dans quelque uns des grands Etats industriels à forte représentation :
Californie 50 mandats, New York 33, Texas 32, Floride 25.

Dans le cas- assez improbable- où aucun candidat n’obtiendrait la majorité


absolue des mandats, il revient à la chambre des représentants de désigner le
président parmi les trois candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix.
Les pouvoirs du président :
La constitution le place comme chef de l’exécutif fédéral, il est le principal
titulaire du pouvoir politique.
Le président assume à la fois le rôle de chef de l’Etat et les pouvoirs de chef de
gouvernement, il dispose de la plénitude du pouvoir gouvernemental.
Si le président est le chef des armées, c’est au congrès qu’il appartient
d’entretenir les armées, d’accorder les crédits nécessaires, de déclarer la guerre
ou d’autoriser le président à utiliser les forces armées sur des théâtres
d’opérations extérieures.
Le président détient le pouvoir de conclure les traités, mais leur ratification doit
être autorisée par le Sénat, de même pour le pouvoir de procéder à des
nominations, dont les plus importantes doivent être approuvées par le Sénat.
En fin le président a le droit de véto législatif.
Sur le plan politique, le président est irresponsable, en vertu de la constitution
( article 2) il peut assumer une responsabilité pénale pour trahison, corruption ou
crimes et délits majeurs ( la procédure d’impeachement). Si le président est mis
en accusation par la chambre des représentants à la majorité, il est jugé par le
Sénat, présidé par le président de la cour suprême et qui doit se prononcer à la
majorité des deux tiers des présents.

Le Congrès

Il se compose de la chambre des représentants et du Sénat.


Les représentants sont élus au suffrage universel direct, au scrutin uninominal à
un tour et à la pluralité des voix, pour un mandat de deux ans.
La chambre des représentants dispose du pouvoir législatif, sur un pied d’égalité
avec le Sénat (initiative, examen, vote). Elle ne peut mettre en cause la
responsabilité politique du président.

Le Sénat quant à lui est l’organe spécifiquement fédéral, il assure aux Etats une
représentation égale quelle que soit leur importance (deux sénateurs par Etat).
Les sénateurs sont élus au suffrage universel direct, leur mandat est de six ans et
ils sont renouvelés par tiers tous les deux ans.

Le Sénat dispose su même pouvoir législatif que la Chambre, mais il a le


pouvoir d’autoriser les ratifications des traités, à la majorité des deux tiers des
sénateurs présents, ainsi que le pouvoir d’approuver , à la majorité simple, un
grand nombre de nominations faites par le président, dont celles des juges de la
cour suprême, des ambassadeurs…

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