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Gestion d'une chaîne logistique

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Chapitre 2
Gestion des stoCks dans une Chaine loGistique

I. Introduction
Les stocks constituent des valeurs d'exploitation à gérer. Toutefois, leurs existences engendrent
des coûts. Lorsque des stocks sont moins importants, l'entreprise est menacée de rupture de
stock qui désorganise le processus de fabrication. Cette rupture crée des coûts supplémentaires
et surtout entache l'image de marque de l'entreprise.
A contrario, lorsque les stocks sont trop importants, ils constituent des immobilisations qui
gonflent le prix de revient et perturbent l'équilibre de la trésorerie.
Il apparaît donc nécessaire aux décideurs d'entreprise qui ont la charge de la gestion des stocks
de se mettre au travail pour accorder à cette discipline toute son importance.

II. La fonction stock


Le rôle de la fonction stock est d’assurer la gestion des articles de l’entreprise dans le but de
satisfaire, au moment convenable, la disponibilité et la délivrance de ceux-ci pour l’élaboration
des produits.
II.1. Définitions
II.1.1. Article -Stock
Nous appellerons « ARTICLE », ou « PRODUIT », tout objet manufacturé clairement
identifiable dans l’entreprise. Le « STOCK » est alors l’ensemble des articles détenus par
l’entreprise.
II.1.2. Référence article
Chaque article est repéré par une référence qui le distingue de tous les autres et qui doit suffire
pour retrouver son identification et ses caractéristiques.
II.1.3. Disponibilité-Délivrance
La qualité principale d’une bonne gestion des stocks est de pouvoir satisfaire la demande d’un
client, qu’il soit interne ou externe, dès l’expression de son besoin. Pour cela, il sera nécessaire
d’approvisionner, au préalable, suffisamment de produits pour éviter toute rupture de stock au
moment de la demande.
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II.1.4. Rupture de stock


Le stock est un mal nécessaire dans l’entreprise. S’il n’existe pas, celle-ci peut être conduite à
des difficultés de production et s’il est trop important, il entraîne de lourdes contraintes
financières.
De nombreux ouvrages prônent le « zéro stock ». Pour notre part, cela nous semble irréaliste.
Cependant, trouver le stock optimum qui permet à l’entreprise d’avoir une pleine activité nous
semble beaucoup plus judicieux.

III. Nécessité d’un stock


III.1. Échange commercial
La réponse à un échange commercial n’est jamais immédiate. De nombreux facteurs obligent
l’entreprise à fonctionner avec du stock :
 Le délai de mise à disposition des produits vis-à-vis d’un client est presque toujours
inférieur au cycle de fabrication. Pour ne pas rater une commande, il est nécessaire
d’avoir un stock de produits finis.
 De nombreuses matières premières ne sont disponibles qu’avec des délais de livraison
très supérieurs aux cycles de fabrication, et encore plus par rapport aux délais de mise à
disposition d’un client.
L’entreprise est donc perçue à travers deux stocks : un stock « produits » et un stock « financier
». Ces deux stocks représentent l’actif circulant de l’entreprise.

III.2. À quoi sert le stock ?


Comme nous venons de le voir, le stock est la conséquence d’un écart entre le flux d’entrée et
le flux de sortie sur une période. Un stock joue donc un rôle nécessaire de régulation dans
l’entreprise et lui permet d’assurer son activité principale

IV. Types de stocks


Il existe plusieurs types de stocks en fonction de la nature ou de la destination des articles gérés.
IV.1. Typologie en fonction de la nature
IV.1.1. Stock de produits finis
Ce stock regroupe les produits immédiatement livrables à la clientèle. À ce stade, les produits
peuvent, ou non, être emballés.
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IV.1.2. Stock de produits semi-finis


Ce stock regroupe les ensembles prêts au montage, les rechanges ou les accessoires fabriqués
par l’entreprise pour la fabrication ou la clientèle.
IV.1.3. Stock de matière première
Ce stock regroupe les matières premières et les composants achetés par l’entreprise aux
fournisseurs.
IV.1.4. Stock de maintenance
Ce stock regroupe les pièces de rechange pour les machines-outils ou les postes de travail
IV.1.5. Stock d’outils/d’outillages
Ce stock regroupe les outils et outillages nécessaires à la fabrication. Il est bon de rappeler que
les outillages regroupent tous les dispositifs de tenues des pièces sur les postes de travail et les
différents gabarits nécessaires à la fabrication (perçage, cintrage…).

IV.2. Typologie en fonction de la destination


IV.2.1. Stock affecté (ou réservé)
La destination du matériel acheté pour le stock affecté, ou réservé, est connu dès son
approvisionnement. Ce matériel est classé par activité ou par commande et ne peut être délivré
qu’au titre de la commande ou activité concernée.
IV.2.2. Stock commun
Le matériel n’a pas de destination prédéfinie et peut être délivré à n’importe quel utilisateur ou
pour n’importe quelle commande.

V. Fonctions assurées
La fonction stock se compose de deux sous-fonctions :
 Suivi des stocks ;
 La gestion des stocks.
V.1. Le suivi des stocks
Cette fonction a pour objectif de connaître à tout moment les articles disponibles dans
l’entreprise. Pour cela, elle doit assurer une comptabilité physique et financière des articles.
V.1.1. Comptabilité physique
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Elle doit prendre en compte les réceptions et les délivrances des articles (en nombre) pour
pouvoir fournir, à tout moment, un état des stocks à jour.
V.1.2. Comptabilité financière
Elle doit prendre en compte les entrées et les sorties du stock (en valeur) pour pouvoir fournir,
à tout moment, la valeur de l’immobilisation financière.

V.2. La gestion des stocks


Cette fonction a pour rôle de définir :
 L’optimum d’articles différents à posséder dans l’entreprise en effectuant le plus
souvent possible une épuration du stock (élimination des stocks morts ou inutiles) ;
 La politique de réapprovisionnement la mieux adaptée pour chaque article ;
 La politique de distribution (ou de consommation) la mieux adaptée pour chaque article.

VI. Suivi des stocks


VI.1. Suivi physique des stocks
VI.1.1. Réception des produits
Comme son nom l’indique, cette opération consiste à prendre en compte les entrées des produits
dans le magasin. Ces produits peuvent être :
 Fabriqués : produits finis ou semi-finis.
Lorsqu’il existe un bon d’entrée, le magasinier est chargé de vérifier l’exactitude des quantités,
sinon il se contente de dénombrer les articles qu’il réceptionne. Dans cette opération, il n’est
jamais effectué de contrôle des produits.
 Achetés : matières premières, composants, ébauches…
Une première étape consiste à s’assurer de la conformité de la livraison par rapport à la
commande. Ce contrôle est effectué tant du côté quantitatif que qualitatif. Si cette réception
s’avère bonne, le magasinier rédige un bon d’admission qu’il envoie aux services administratifs
et avertit, si nécessaire, les utilisateurs de l’arrivée des produits (produits affectés ou en rupture
de stock).
En final de cette opération, le magasinier est chargé de réactualiser les quantités afférentes des
produits concernés.
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VI.1.2. Délivrance des produits


Lors de la délivrance des produits, ceux-ci sont affectés à des commandes clients. Cette
opération consiste donc à retirer du stock les produits demandés conformément à une
commande ou un bon de sortie.
Comme pour les entrées, le magasinier doit mettre à jour les quantités afférentes aux produits
concernés.
VI.1.3. État des stocks
À tout moment, le gestionnaire du stock doit être capable de fournir l’état des stocks de
l’entreprise. Cet état doit faire apparaître, à un instant donné pris pour référence, la situation
détaillée, en quantité et en emplacement, du stock.
Pour cela, le gestionnaire doit effectuer régulièrement l’inventaire de son stock : c’est une
opération qui consiste à compter les articles dans les rayons du magasin et d’en vérifier
l’exactitude avec la comptabilité administrative. En cas d’écart, il est nécessaire d’effectuer les
régularisations comptables qui s’imposent. À cette occasion, il s’assurera de la bonne
localisation des produits (le lieu de magasinage d’un produit s’appelle le « gisement »).
Il est possible de faire :
a. Un inventaire intermittent
La législation oblige toute société à établir un inventaire au moins une fois par an, à la fin de
l’exercice comptable. Cette technique entraîne une grosse charge de travail qui perturbe
généralement l’activité de l’entreprise ;

Stock début (SI) + Achats de la période - Stock fin (SF) = Sorties de la période

b. Un inventaire permanent
Il consiste à enregistrer les mouvements d’entrée et de sortie, permettant de connaître à tout
moment, en cours d’exercice, les existants en quantité et en valeurs et de vérifier qu’ils sont
suffisants pour éviter les ruptures de stocks.
Cet inventaire ne provient pas d’un comptage physique mais d’un calcul :

Stock de début +entrées- Sorties = Stock de fin


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Chaque transaction est enregistrée et permet la mise à jour comptable des stocks. Cet inventaire
donne une image théorique du stock, en temps réel ou jour/jour suivant les systèmes
informatiques.
c. Un inventaire tournant
Cette méthode consiste à examiner le stock par groupes successifs d’articles et à vérifier
l’exactitude des quantités de ces produits. Il est possible de définir des périodes d’inventaire
différentes suivant l’importance des produits mais il faut, à tout moment, connaître la dernière
date d’inventaire.

VI.2. Suivi comptable des stocks


VI.2.1. Entrée en stock
Cette opération consiste à prendre en compte dans les documents comptables une entrée en
stock. La valorisation du mouvement d’entrée se fait au prix d’achat réalisé.
VI.2.2. Sortie du stock
La valeur des sorties et déterminée pour une période donnée en fonction du coût des entrées et
de la valeur du stock en début de période. L’estimation de la valeur des sorties s’effectue selon
l’une des trois méthodes suivantes :

Méthode du premier entré, premier sorti (FIFO) ;


Méthode du dernier entré, premier sorti (LIFO).
Méthode du coût unitaire moyen pondéré (CUMP) ;

a. FIFO (First In – First Out)


La première unité entrée est celle qui sort du stock en priorité. Cette technique impose une
gestion séparée des différents lots d’entrée en stock mais elle permet de sortir en premier les
articles les plus anciens.

b. LIFO (Last In – First Out)


La dernière unité entrée est celle qui sort du stock en priorité. Cette technique, comme la
précédente, impose une gestion séparée des différents lots d’entrée en stock mais elle permet
d’appliquer les prix les plus près du marché actuel.
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c. CMUP (Coût Moyen Unitaire Pondéré)


C’est la méthode de base retenue par l’administration fiscale. Ce coût moyen peut être calculé
pour toutes sorties de la période, ou bien après chaque nouvelle entrée :

CUMP calculé en fin de période : consiste à valoriser les sorties au coût unitaire moyen des
entrées (stock initial et entrées de la période). Chaque coût unitaire est pondéré par la quantité
entrée à ce coût.

Le coût unitaire moyen pondéré est obtenu à partir du rapport suivant :

La période retenue est celle qui correspond au calcul des coûts.

CUMP calculé après chaque entrée : Cette méthode consiste à valoriser les sorties au coût
moyen pondéré calculé après chaque entrée sans attendre la fin de la période de référence.

VI.2.3. Valorisation des stocks


La valorisation d’un mouvement ou de tout le stock consiste à déterminer la valeur de ce
mouvement ou de l’ensemble du stock, c’est-à-dire la valeur : Prix Unitaire × Quantité
Cette valeur sera utilisée dans la prise en compte d’un mouvement de stock ou dans la
détermination des actifs de l’entreprise lors de l’établissement du bilan.

VII. Les indicateurs de gestion des stocks


Pour une bonne maîtrise de ses stocks, l’entreprise utilise différents indicateurs de
gestion des stocks :
 Stock de sécurité : c’est la quantité en dessous de laquelle il ne faut pas descendre
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 Stock d’alerte : c’est la quantité qui détermine le déclenchement de la


commande, en fonction du délai habituel de livraison
 Stock minimum : c’est la quantité correspondant à la consommation pendant le délai de
réapprovisionnement, donc stock minimum = stock d’alertestock de sécurité
 Stock maximum : il est fonction de l’espace de stockage disponible, mais aussi du coût
que représente l’achat par avance du stock.

VIII. Les coûts de stock


La gestion des stocks a pour but de minimiser les coûts associés à l’approvisionnement.
Différents coûts peuvent être retenus : les coûts de détention, les coûts d’acquisition, les coûts
de rupture, les coûts d’expédition, ces coûts sont présentés dans les paragraphes suivants.

VIII.1. Les coûts de détention ou coûts de possession


Les coûts de détention (Cd) comprennent les coûts relatifs au lieu du stockage, c’est-à-dire aux
locaux spécialement prévus pour stocker (magasin, entrepôt). Dans ces frais de détention on
peut distinguer le loyer ou l’amortissement de l’entrepôt, son coût de fonctionnement (éclairage,
chauffage, assurances, etc.), les frais de personnel liés au stock (salaires et charges salariales),
les coûts de gestion du stock, les coûts engendrés par l’obsolescence ou le vol.

Dans une entreprise, le stock est un investissement qui peut se traduire par des charges
financières en rapport avec le montant de l’emprunt qui a servi au financement.

Le taux de détention d’un stock est un pourcentage de la valeur du stock. Ce pourcentage peut
être variable en fonction des caractéristiques du stock (articles ou matières stockées par
exemple). La valeur peut se situer dans une fourchette de 20 à 35 % par an, voire plus dans
certains cas, elle varie en fonction de l’activité de l’entreprise

VIII.2. Les couts d’acquisition


Les coûts d’acquisition (Ca) ou coûts de passation de commande représentent les frais liés au
déclenchement de la commande auprès du fournisseur. Ainsi, le temps passé à contacter le
fournisseur par téléphone ou fax, les frais administratifs et informatiques, les relances, les
négociations d’achats, sont à intégrer dans les coûts d’acquisition. Les coûts de réception ou
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contrôle d’entrée font également partie des coûts d’acquisition. On peut évaluer le coût d’une
commande à l’année en appliquant la formule suivante :

𝐂𝐨û𝐭𝐬 𝐭𝐨𝐭𝐚𝐮𝐱 𝐝′𝐚𝐜𝐪𝐮𝐢𝐬𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧


𝐂𝐨û𝐭 𝐝 𝐮𝐧𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐚𝐧𝐝𝐞 =
𝐍𝐨𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐚𝐧𝐧𝐮𝐞𝐥 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐚𝐧𝐝𝐞𝐬

On peut ainsi comparer l’évolution des coûts d’une année à l’autre.

On peut également calculer le coût moyen annuel d’une commande ou le coût annuel d’une
ligne de commande en divisant les coûts d’acquisition par le nombre de commandes ou le
nombre de lignes de commandes de l’année.

VIII.3. Les couts de rupture de stock


Les coûts de rupture de stock (CRS) sont générés par l’absence du produit au moment où il est
demandé. Un produit non disponible implique un chiffre d’affaires non réalisé et par
conséquence, un manque à gagner, c’est-à-dire une perte.

Au niveau de la production, les manques peuvent occasionner des arrêts de fabrication, des
retards de livraison, des pénalités de retard à payer au client. Les coûts d’une rupture sont
difficilement mesurables, ils peuvent être très élevés et générer une insatisfaction du client qui
risque d’aller vers la concurrence. Il est évident que les CRS peuvent être dangereux, il est
indispensable de prendre toute mesure pour les éviter, comme la mise en place d’un stock de
sécurité SS.

VIII.4. Les coûts d’expédition


Les coûts d’expédition se composent des coûts de préparation de commandes, d’emballage, de
chargement de commandes, de transport et de salaires et charges du service expédition. Ces
frais sont fonction de la démarche logistique adoptée : création d’entrepôts, optimisation des
tournées de livraison, choix des modes de transport et de stockage, etc.

VIII.5. Tableau récapitulatif des différents coûts de stock


Le tableau1 fait une synthèse des différents coûts de stocks (la liste n’est pas exhaustive).
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Tableau 1. Les différents coûts de stock

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