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République Algérienne démocratique et populaire.

Université Badji Mokhtar Annaba.

Faculté des sciences de la terre.

Département des mines.

M2 Valorisation des ressources minérales.

Thème : Les Argiles.

Rédigé Par : REJDAL ANIS.


Encadré Par : Professeur Benouis.

2021-2022
Table des matières
1. Introduction ............................................................................................................................ 1

2. Définition : ............................................................................................................................. 1

3. Historique des argiles : ........................................................................................................... 1

4. Formation des argiles : ........................................................................................................... 3

5. Origine des argiles :................................................................................................................ 5

6. Les Mécanismes de formation des argiles : ........................................................................... 6

7. structure des minéraux argileux : ........................................................................................... 7

8. Classification des minéraux argileux : ................................................................................... 8

9. Propriétés des minéraux argileux ......................................................................................... 15

10. Intérêts des argiles : ............................................................................................................ 17

11. Conclusion :........................................................................................................................ 25

Liste des figures :

Figure 1. Processus de formation de l’argile


Figure 2 . Schéma de processus de la néongenése :
Figure 3. représentation des couches tétraédrique et octaèdre.
Figure 4. Représentation schématique de la structure de la kaolinite.
Figure 5 . représentation schématique de la structure d’une argile de type TOT.
Figure 6 . représentation schématique de la structure d’une argile de type TOTO.
Figure 7 . représentation du modèle de Stern
Figure 8 . organisation schématique d’un gisement d’hydrocarbures .
Figure 9 . Viscosité des argiles
Figure 10 . Les différents types des sites de surface d’une smectite.
Figure 12 . La fixation par l’intermédiaire des cation échangeables .
Figure 13 . Le procédé de fabrication du ciment .
Liste des tableau :
Tab 1 . Valeurs standards caractéristiques des surface de quelques familles argileuse
1. Introduction
L’argile fut, depuis l’antiquité, le matériau le plus anciennement utilisé par l’homme. Elle est
nécessaire pour la fabrication des objets utilisés dans la vie quotidienne. Du point de vue
géologique, l'argile est une roche sédimentaire, composée pour une large part de minéraux
spécifiques, aluminosilicates plus ou moins hydratés, eux-mêmes nommés argiles. Les roches
argileuses présentent une grande diversité de compositions, de propriétés, de nomenclature et
d’applications industrielles. Les argiles, notamment celles qui sont riches en SiO2 et Al2O3,
connaissent un nouvel essor dans la construction, la céramique industrielle et artisanale,
l'industrie pharmaceutique et la poterie.

2. Définition :
Le mot argile provient du latin Argilla. Ce même mot est dérivé du grec argillos, dont la racine,
argos, signifie " d'une blancheur éclatante ". Du XIIe au XVIe siècle, argile se disait "Ardille",
puis ce mot est devenu "arzille", puis "arsille" pour finir en "argile". Le terme générique,
« argile » est couramment utilisé pour désigner différentes roches sédimentaires, cristaux,
présentant une forte teneur en minéraux.

L'argile est une substance minérale terreuse composée en grande partie d'hydrosilicates
d'aluminium. Sa propriété la plus importante réside dans le fait que, mélangée à de l'eau, l'argile
devient une pâte plus ou moins plastique, susceptible d'être travaillée de diverses manières. En
séchant elle retrouve une certaine cohésion, se contracte et se durcit jusqu'à devenir quasiment
inaltérable. . Il n'existe pas une mais des argiles. Selon leurs composition et concentration en
minéraux, les différentes argiles ont des structures et des propriétés différentes.

Ces caractéristiques on fait que l'argile a été une des première matière que l'homme ait travaillée
et qui continue a occuper une place importante dans nos sociétés".

3. Historique des argiles :


A travers les âges mais aussi les continents, l’argile semble avoir impacté l’ensemble des
Hommes, que ce soit à des fins médicinales ou pour d’autres réalisations du quotidien
d’ailleurs, constructions, objets décoratifs, poterie ou bien supports d’écriture… Elles ont
clairement accompagné le développement des sociétés humaines. Elles faisaient l’unanimité
jusqu’à l’arrivée des imposantes industries pharmaceutiques entre le 19ème et le 20ème
siècle. C’est avec bonheur que l’on assiste à un authentique retour aux sources si l’on peut
dire. Les argiles, ces produits naturels que nous offre Dame nature, ont tant à nous offrir. Et
en plus, par chance, on les retrouve un peu partout sur la planète. (5)

1
3.1. avant J.-C. :

Dans l’Egypte ancienne, l’utilisation des argiles était déjà une coutume. En raison de
ses propriétés purifiantes, absorbantes et assainissantes, les égyptiens l’utilisaient pour
la momification des corps. La fameuse “boue du Nil” était une matière largement utilisée lors
de cette pratique. Avant les égyptiens, il semblerait que les premières momies connues soient
les “chinchorros” en provenance du Chili. Environ 7000 ans avant Jésus-Christ, la momification
chilienne consistait à éviscérer le corps du défunt et à vider son crâne avant d’enduire ses os
d’argile. Cette reconstitution de la morphologie initiale est l’une des premières empreinte des
argiles dans l’histoire.

De ce temps, l’argile était également présente dans la pharmacopée comme en témoigne les
papyrus retraçant histoires de l’humanité et remèdes ô combien naturels. Brûlures, plaies, maux
d’estomac, diarrhées, l’argile, parmi tant d’autres remèdes, a su faire sa place pour soulager de
nombreux maux.

Au temps de l’Antiquité Grecque et Romaine, Hippocrate le Grand (460 à 370 avant J.-C.), père
de la médecine, mentionne l’utilisation de la terre de Lemnos, une île située à l’est de la Grèce
au cœur de la mer Egée. Cette terre particulière s’est révélée être composée d’argiles… Et sa
conquête de la notoriété était loin d’être finie... (5)

3.2. après j. C :

Au 1er siècle après J.-C., notre fameuse argile fût mentionnée une nouvelle fois en tant que
terre de Lemnos, par Pline l’ancien (23 à 79 après J.-C.), un naturaliste romain et écrivain, dans
sa fameuse encyclopédie “Histoire naturelle”. Puis après de nombreuses apparitions dans des
traités de médecine et de pharmacologie, entre le 10ème et le 13ème siècle, ce sont de grands
naturopathes allemands qui ont participé, bien plus tard, à une véritable renaissance de l’argile à
des fins médicinales. Au 19ème siècle, Sébastien Kneipp (1821 à 1897) un prêtre allemand s’est
fait connaître grâce à ses thérapies naturelles. Parmi elles, on retrouve les cataplasmes à base
d’argile et de vinaigre… De nos jours, la méthode Kneipp, axée sur 5 grands piliers que sont
l’hydrothérapie, la phytothérapie, l’activité physique, un régime sain et le rétablissement d’un
équilibre, est largement reprise dans des établissements de bien-être et de santé. D’autres
naturopathes allemands comme Louis Kuhne (1835 à 1901) ou encore le pasteur Emanuel Felke
(1856 à 1926), ont perpétué, au fil des années, le recours à des remèdes naturels comme les
argiles. D’ailleurs, un autre allemand, (décidément ils sont en avance sur nous à ce niveau…)

2
Julius Strumpf médecin berlinois, utilisa avec succès de l’argile blanche pour traiter une forme
de choléra asiatique. (5)

3.3. Autant d’usages perpétrés à travers les temps témoignant d’une indéniable
efficacité...

Plus proche de nous, au cours des guerres du siècle précédent, s’en sont suivies des utilisations
diverses et variées… Pour lutter contre une autre maladie infectieuse touchant le système
digestif comme la dysenterie ou encore pour aider nos amis les animaux à soigner leurs
blessures : les bains de boue ils connaissent et ils pratiquent instinctivement. Décidément
l’argile a eu, a et aura de nombreux usages que soit chez l’Homme mais aussi chez l’animal...
Et comment parler argile sans parler de Raymond Dextreit (1908 à 2001), naturopathe pionnier
du siècle dernier dans l’utilisation et la promotion de l’argile à travers de nombreux ouvrages
parus dès les années 50 ? Son engagement général sur divers thèmes de la santé lui a même
valu l’honneur de se voir décerner le Prix de la paix en 1989 au titre des médecines naturelles
par l’Académie diplomatique de la Paix à Bruxelles. Selon lui, “Toutes les possibilités de
guérison, de prévention, de maintien de la santé se trouvent dans la nature.” et à la Compagnie
ont bien d’accord pour dire que la Nature regorge de trésors… (5)

4. Formation des argiles :

Les argiles naissent du sol en constant mouvement. Elles apparaissent selon trois grands
processus de formation, juxtaposables. Le premier est relatif à la simple décomposition des
roches par érosion. Les phénomènes caractérisant une érosion des sols sont nombreux. La
pluie, le vent, le gel, le dégel, les vagues et bien d’autres sont autant de phénomènes naturels à
l’origine de la formation des argiles. Le deuxième processus est appelé néoformation. Ceci
correspond à la formation du minéral. Par combinaison, des substances transportées par l'eau
du sol vont, par combinaison, s’arranger pour former une structure minérale. Le troisième
mécanisme correspond au processus de transformation des minéraux évoluant par dégradation
(perte d’équilibre du sol) ou aggradation (accumulation de sédiments dans un cours d’eau par
excès de transport par l’eau) d'ions minéraux argileux. (1)

3
Figure 1. Processus de formation de l’argile

Les roches argileuses sont présentes presque partout à la surface de la planète, mais leurs
propriétés et leur composition diffèrent selon les conditions dans lesquelles elles se sont
formées. L’altération de diverses roches, de part les temps géologiques, sont à l’origine des
différentes argiles. C'est un ensemble qui caractérise l’argile, le type de roche dont elle est issue,
le climat, la topographie du sol,… Un climat froid provoquera une altération faible de la roche.
Les minéraux argileux auront donc une composition similaire à celle des minéraux provenant
de la roche d’origine. C’est le cas des illites et des chlorites. Un climat à la fois chaud et humide
va entrainer une forte hydrolyse voyant l’obtention des kaolinites et des smectites. Un climat
tempéré verra un processus d’altération dit modéré s’opérer sur la roche. Il en résultera la
création d’argiles de types illites, chlorites ou encore vermiculites. La topographie des sols peut
également jouer un rôle dans la composition de l’argile. Une zone pentue prévoit un fort
drainage de l’eau, entraînant la formation de kaolinite. Inversement, un milieu confiné, comme
retrouvé dans les cuvettes, produira des smectites par phénomène de concentration. Ces
différents processus de formation des argiles sont dits d’altération. Les argiles provenant de la
dégradation des roches sont des argiles résiduelles. Les roches vont s’accumuler par érosion
éolienne ou hydrique entrainant la formation des argiles. (2)

Les argiles fibreuses quand à elles proviennent de croutes de calcaires. Ces zones présentant un
climat sec, sont riches en sels. Elles peuvent se former en solution, par une richesse ionique.
(2)

4
Une argile néoformée peut évoluer avec son milieu. La transformation va se réaliser par
soustraction ou fixation d’ions. Une kaolinite peut donc devenir une chlorite et des smectites,
des illites. (2)

5. Origine des argiles :


Les minéraux argileux ne se forment pas dans les roches magmatiques ou métamorphiques
associées à la géodynamique interne du globe. Les minéraux argileux sont associés à la
géodynamique externe du globe et notamment aux roches sédimentaires, mais également aux
altérites issues de l’altération de n’importe quel type de roche, y compris magmatique et
métamorphique. Les minéraux argileux se forment donc à la surface de la croûte terrestre.

Les argiles sont des minéraux d’altération et détritiques issus de la réaction suivante :

silicates parentaux (quartz, feldspath, pyroxène, amphiboles, etc.) + eau de percolation →


silicates stables (quartz) ou incomplétement altérés (felspath) + minéraux secondaires
(minéraux argileux et hydroxydes de Fe et Al) + solutions enrichies en ions .(3)

Suivant la roche-mère initiale (basique ou acide), les conditions climatiques (chaud et humide),
et la topographie (cuvette ou sommet) qui commandent le drainage, différents types d’argiles
vont se former (3)

5.1. Différences entre roches argileuses et minéraux :

Les roches argileuses contiennent au minimum 50 % de minéraux silico-alumineux. Souvent,


plusieurs minéraux viennent s’ajouter aux minéraux argileux dans la roche argileuse, sables
(quartz) et silicates (feldspath, mica), carbonates, oxydes et hydroxydes, sels solubles,
matériaux ferrifères et matière organique. (4)

Les roches argileuses sont abondantes dans la croûte terrestre. Ce sont des roches sédimentaires
continentales ou marines. Ces roches sont tendres, rayables à l’ongle, fragiles à l’état sec,
formant une pâte plastique une fois hydratées et durcissant à la cuisson. Ces roches peuvent être
disposées en couches épaisses ou alternées avec d’autres couches (ex : calcaire, marne, grès,
etc.). Du fait de leur imperméabilité, elles jouent un grand rôle dans la circulation et
l’accumulation de divers fluides (ex : eau, pétrole, gaz). (4)

Ces minéraux se rencontrent rarement de façon isolée, mais dans des roches composées d'un
mélange de minéraux typiques des argiles et d'autres minéraux ou matériaux associés (quartz,
oxydes de fer, calcite, débris végétaux). (4)

5
6. Les Mécanismes de formation des argiles :
Trois origines des minéraux argileux sont classiquement définies :

6.1. L'héritage :

Par ce terme, on désigne simplement les minéraux argileux présents dans une roche, et que
l'altération libère intacts, sans modification, dans le sol ou les formations détritiques résultantes,
ou des argiles formées à partir d'une autre roche et accumulées dans celle étudiée.

𝐫𝐨𝐜𝐡𝐞 𝐦é𝐫𝐞 ⇒ 𝐥𝐢𝐛é𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 ⟹ 𝐚𝐫𝐠𝐢𝐥𝐞𝐬

Cependant, il est rare que les minéraux argileux n'aient réellement subi aucune modification,
même limitée.(7)

6.2. Les transformations :

Des minéraux formés auparavant, ou apportés d'ailleurs, subissent des réarrangements de leur
réseau cristallin. Ils évoluent ainsi vers un nouvel état d'équilibre, avec les conditions locales
du milieu dans lequel ils sont inclus.

On distingue dans ces transformations : la dégradation, c'est-à-dire les processus allant dans le
sens de l'altération, autrement dit de l'apparition d'une structure cristalline moins régulière, et
d'une perte de matière. C'est un processus commun dans les sols.

Le processus inverse est l'agradation, et se rencontre dans les systèmes sédimentaires,


impliquant souvent des augmentations de température et de pression.

(Remarque : ne pas confondre l'agradation, ici définie, et l'aggradation (avec deux g), qui est un
mode de croissance des systèmes sédimentaires au cours du temps, défini par la stratigraphie
séquentielle, correspondant à un équilibre entre le volume des apports sédimentaires et l'espace
disponible dans le bassin). (7)

6
6.3. La néogenèse (ou authigenèse) :

Ce processus correspond à une réorganisation complète de la structure cristalline. Elle


intervient lorsqu’une argile est formée à partir de certains silicates, comme l’amphibole, le
péridot, ou le feldspath. (7)

Figure 2 . Schéma de processus de la néongenése :

7. structure des minéraux argileux :


Les minéraux argileux se caractérisent principalement par une structure en feuillets dans la plus
part des cas, d'où leur appellation de phyllosilicates. Ces feuillets sont constitués de deux types
de couches, octaédrique et tétraédrique, dont les sommets sont occupés par les ions O2- et OH-

Ces ions chargés négativement ont tendance à se repousser et forment une charpente où peut
être logée des cations qui assurent la stabilité électrostatique de l’ensemble de la structure. La
représentation structurale des minéraux argileux peut être schématisée comme une unité qui
associe un feuillet et un espace inter foliaire. Généralement le feuillet est formé par deux types
de couches :

- La couche tétraédrique formée par un atome centrale A, en principe le silicium, entouré de


quatre atomes d’oxygène . Chaque tétraèdre est lié aux autres tétraèdres voisins en partageant
trois angles. L’association de six tétraèdres forme une cavité hexagonale. L’épaisseur de la
couche tétraédrique est de 4,6 Å.

- La couche octaédrique est formée par un atome centrale A, souvent l’aluminium, entouré par
des atomes d’oxygène et des groupements hydroxyles. Chaque octaédrique est connecté aux

7
autres octaèdres voisins en partageant uniquement les arrêts entre eux. L’épaisseur de cette
couche octaédrique est de 5,05 Å. (6)

Figure 3. représentation des couches tétraédrique et octaèdre.

8. Classification des minéraux argileux :


La classification des minéraux argileux est généralement basées sur les deux critères suivants :

- Type de feuillet.

- Charge globale du feuillet. (6)

8.1. Type de feuillet :

Selon le l’épaisseur du feuillet ou sa constitution, on distingue trois familles principales des


argiles (6)

8.1.1. Minéraux à 7Å ou de type 1 :1 (TO) :

Le feuillet élémentaire de ces phyllosilicates est formé par la combinaison d’une couche
tétraédrique (T) et une couche octaédrique (O), son épaisseur est d’environ 7Å (). A ce type
correspond la kaolinite qui est l’un des minéraux argileux le plus courant. Les argiles riches en

8
ce type de minéraux sont souvent valorisés en céramique notamment dans la fabrication de la
porcelaine. Le feuillet de la kaolinite est souvent neutre dioctaédrique et alumineux de
composition (Si2) (Al2) O5 (OH)4. La distance entre les feuillets est faible vue la forte
attraction due aux liaisons hydrogènes établies entre les hydrogènes des groupements
hydroxyles de la couche octaédrique et les oxygènes de la couche tétraédrique, outre les liaisons
de Van der Waals, ce qui rend les feuillets difficilement séparables. La kaolinite est répertoriée
parmi les argiles non gonflantes. Les substitutions isomorphiques sont faibles d’où l’absence
de déficit de charge. La capacité d’échange cationique CEC est donc faible vue qu’elle provient
seulement du caractère amphotère des groupements de surface. La kaolinite est parmi les rares
argiles qui peuvent développer une capacité d’échange anionique appréciable selon le pH. Elle
possède un point isoélectrique généralement situé entre pH 2 et 3. Cette famille d’argile est
caractérisée par les réflexions suivantes : d001 aux environs de 7,14 Å et d002 aux environs de
3,57 Å, et leurs raies dérivées. La première correspond à la distance inter lamellaire.(6)

Figure 4. Représentation schématique de la structure de la kaolinite.

8.1.2. Minéraux a 10 Å ou de type 2 :1 (TOT)

Ce type de minéraux est constitué d’une couche octaédrique située entre deux couches
tétraédriques. L’épaisseur de base du feuillet est de 10Å. Cette épaisseur varie en générale selon
la nature du cation interfoliaire et sa sphère d’hydratation. On distingue deux grandes familles
pour ce type de minéraux à savoir l’illite et les smectites. (6)

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Figure 5 . représentation schématique de la structure d’une argile de type TOT.

L’Illite :

L’aluminium de la couche octaédrique de l’illite est partiellement substitué par les ions Mg2+
ou Fe2+. Le déficit, souvent important, de charge crée par cette substitution est compensé par
les ions K+. . La présence du potassium, cation anhydre, dans l’espace interfoliaire assure une
rigidité de la liaison entre les feuillets ce qui empêche le gonflement de ces minéraux en
présence de l’eau. Ces ions potassium sont difficilement échangeables ce qui est à l’origine
d’une faible CEC. Parmi les formules chimiques proposées, on admet la suivante :

KX Al4(AlX Si(8-X)O10) (OH)4.

Les trois premières réflexions caractéristiques de ce minéral sont :

- La réflexion d001 aux environs de 10 Å. Elle correspond à l’épaisseur du feuillet.

- La réflexion d002 aux environs de 5 Å

- La réflexion d003 aux environs de 3,33 Å. Cette réflexion est souvent confondue avec celle
du quartz qui est omniprésent dans la pluparts des échantillons argileux. (6)

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Les smectites :

Ce type de minéraux est caractérisé par une capacité d’échange cationique très élevée due à des
substitutions isomorphiques. Cette charge négative est compensée par des cations qui vont se
placer dans l’espace interfoliaire. L’attraction électrostatique entre les feuillets est faible ce qui
permet à ce type d’argile d’incorporer les molécules d’eau dans leur espace interfoliaire. Les
smectites sont donc des argiles gonflantes. L’épaisseur est donc tributaire du taux d’hydratation
des cations compensateurs. (6)

Les minéraux les plus importants de cette famille sont : la montmorillonite et la stevensite. La
montmorillonite est une argile dioctaédrique de charge superficielle négative due
essentiellement à la substitution du silicium Si de la couche tétraédrique par l’aluminium Al et
de la substitution de l’aluminium de la couche octaédrique par Mg, Fe, Zn, ou Ni. Le défaut de
charge créé par cette substitution sera neutralisé par des cations mobiles et facilement
échangeables comme Na+, Ca2+ ….. (6)

La formule générale de la montmorillonite est :

Si4 O10 Al 2-x MgX(OH)2 Mx.

La bentonite est une argile naturelle constituée essentiellement de la montmorillonite. Elle est
soit sodique soit calcique. Elle se caractérise par une capacité élevée d’adsorption, d’échange
ionique et de gonflement. La région nord orientale du Maroc se distingue par la présence de vastes
gisements de bentonite. (6)

8.1.3. Minéraux à 14 Å ou de type 2 :1 :1 (TOTO)

Le feuillet de type 2 :1 :1 est constitué de l’alternance de feuillet T-O-T et d’une couche


octaédrique interfoliaire. L’équidistance caractéristique est d’environ 14 Å. A ce type de
minéraux appartient la famille de la chlorite.

Les chlorites se subdivisent en deux feuillets : un feuillet hydroxyde qui forme un octaèdre
[(Mg, Fe)(OH)6] et un feuillet TOT. Le déficit de charges du feuillet TOT est compensé par
des cations qui se logent dans les cavités hexagonales sous le feuillet hydroxyde ce qui
provoque la pénétration des molécules d’eau entre ces deux types de feuillets et par
conséquence l’accroissement de l’équidistance fondamentale.(6)

11
Figure 6 . représentation schématique de la structure d’une argile de type TOTO.

Kaolinite :

Kaolinite [Si2O5]Al2(OH)4 ou noter en oxydes équivalent ou note en oxydes équivalents ts


2SiO2.Al2O3.2H2O, (de Kaoling, localisation géographique de la Chine), minéraux avec deux
couches de ct-co. La feuille est neutre et l’espace entre les ailes est vide. L’unité structurelle a
une épaisseur de 7,2 angströms. Les feuilles sont reliées par de fortes liaisons hydrogène. La
structure est stable : l’eau ne peut être absorbée qu’autour des particules, et cette argile ne gonfle
pas. La kaolinite est courante dans les sédiments argileux en raison de l’évolution des roches
acides riches en feldspath (p. Ex. Granites). Il a une teneur élevée en alumine (46%) et possède
des propriétés plastiques, un faible retrait lors du séchage et de la cuisson. Il nécessite des
températures de cuisson élevées et est assez réfractaire après la cuisson. Un léger changement
dans la structure de ce minéral, appelé Halloysite, implique plus d’eau ; les feuilles ont alors
une épaisseur plus importante (entre 7,2 et 10,1 Å) ; d’autres modifications mineures sont
données par Nacrite, Diakity. (6)

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Chlorites :
Ici, l’espace inter-feuille est bordé de magnésium et de composés OH, qui forment en fait une
quatrième couche stable, proche de la brucite. La capacité d’échange est limitée et la distance
de maille reste constante (14,1Å). La chlorite est très courante dans l’argile en terre cuite.

Il convient également de noter qu’il existe de nombreux composés dont la composition


chimique et la structure sont très rares, sont très similaires dans la composition chimique et la
structure, et sont souvent mélangés avec les composés susmentionnés. Ils sont connus pour leur
forme en feuille, leur lissé et leurs propriétés d’absorption. Ce sont, par exemple, la
pyrophyllite, l’argile à trois couches, le talc, le phyllosilicate à trois couches, dont la structure
est similaire à la pyrophyllite, dans laquelle le magnésium remplace partiellement ou
complètement l’aluminium, la pierre ver, l’argile à trois couches, semblable à la smectite Après
chauffage, le volume augmente jusqu’à vingt fois, puis s’écaille en filaments (ou vers). (6)

8.1.4. Minéraux interstatifiés

Ces minéraux interstatifiés se caractérisent par la superposition de deux ou plusieurs feuillets


de nature différente dans une séquence verticale. Il existe deux types d’interstratification :
interstratification régulière caractérisée par une périodicité d’empilement des différents feuillets
et interstratification irrégulière qui correspond à un empilement aléatoire des feuillets de nature
différente.

Par ailleurs il existe une cinquième catégorie d’argiles qui n’est pas répertoriée parmi les argiles
phyllosilicatés. Il s’agit des argiles fibreuses à savoir la sépiolite et la palygorskite.

8.2. Charge globale du feuillet

Les minéraux argileux se caractérisent par deux types de charge :

- Une charge structurelle ou permanente de signe négatif délocalisée sur les surfaces basales
due aux déficits de charges positives créé par les substitutions isomorphiques au sein de la
maille cristalline. La substitution isomorphique est le remplacement d’un cation dans la cavité
tétraédrique ou octaédrique de la structure argileuse par un autre cation de valence inférieure.
Ce remplacement crée un déficit de charge qui sera compensé par les cations logés dans l’espace
interfoliaire.

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- Une charge de surface liée aux sites réactionnels au bordure du feuillet. Il s’agit des
groupements silanols Si-OH et aluminols Al-OH qui peuvent être ionisés selon la valeur du pH
du milieu comme le montre les équations suivantes.

𝑆𝑂𝐻 + 𝐻 + → 𝑆𝑂𝐻2+

𝑆𝑂𝐻 + 𝑂𝐻 − → 𝑆𝑂 −

𝑆𝑂 − + 𝐻 + → 𝑆𝑂𝐻

La présence des charges électriques sur la surface des particules d’argiles attire les ions de
charges opposées, présents dans le milieu, de manière à conserver la neutralité électrique de
l’ensemble. L’adsorption de ces ions sur la surface solide forme une double couche ionique,
composée d’une couche compacte à proximité de la surface du solide et d’une couche diffuse.
La couche compacte contient des ions de charge opposée à la surface du solide et la couche
diffuse des contre-ions qui annulent progressivement la charge représentée par la couche
compacte. Cette approche correspond à la théorie dite de DLVO (Derjaguin et Landau [96],
Verwey et Overbeek [97] ). C’est une théorie qui permet l’estimation de l’énergie potentielle
entre les particules chargées et les ions dans une solution diluée. La répartition des charges sur
la surface des colloïdes est décrite par plusieurs modèles. La figure () représente le modèle de
Stern qui est considéré comme le modèle le plus avancé aujourd’hui. D’après cette
représentation, on distingue trois domaines :

- La couche compacte est divisée en deux parties. La première constituée par une couche de
surface où les ions sont fortement adsorbés et la deuxième est une couche intermédiaire appelée
aussi plan interne de Helmotz où les ions sont faiblement adsorbés.

- La couche diffuse contient les contre-ions de la solution qui assurent l’électroneutralité en


compensant l’excès de charges électriques apporté par la surface du solide. Cette couche débute
au niveau du plan externe d’Helmholtz (PEH) et se termine dès que le potentiel électrique
redevient nul.

14
Figure 7 . représentation du modèle de Stern

9. Propriétés des minéraux argileux


Les minéraux argileux se caractérisent par plusieurs propriétés physico-chimiques dont les
principales sont :

- La surface spécifique

- La capacité d’adsorption d’eau et de gonflement

- La capacité d’échange cationique. (6)

9.1. La surface spécifique :

Malgré leur taille fine, les argiles possèdent une grande surface spécifique qui dépend de la
nature du minéral argileux. La surface totale des argiles comprend une surface externe
facilement accessible et une surface interne qui correspond à celle développée par l’espace
interfoliaire durant son expansion. Les minéraux de la famille des smectites se caractérisent par
une surface spécifique très importante par rapport à celle des autres types d’argiles due à leurs
propriétés de gonflements. Elle peut atteindre les 800 m2/g si les particules sont complètements
hydratés. Parmi les méthodes les plus utilisées pour déterminer la surface spécifique, on cite la
volumétrie d’adsorption d’azote exploitée par la méthode Brunnauer, Emett et Teller (BET).

15
Cette approche consiste à faire adsorber sur une surface argileuse préalablement activée par un
traitement thermique, des molécules dont on connait leur dimension et leurs possibilités
d’arrangement. L’azote N2 est le gaz le plus utilisé dans cette méthode car aucune interaction
spécifique n’intervient durant son mécanisme d’adsorption. Mais ce gaz inerte présente une
faible affinité pour les liaisons au niveau de l’espace interfoliaire et par conséquence, il nous
permet de mesurer juste la surface externe. Le tableau (1) résume les valeurs standards
caractéristiques des surfaces de quelques familles argileuses. (6)

Argiles Surface interne Surface externe Surface total (m2


(m2/g) (m2/g) /g)

Kaolinite 0 15 15

Illite 5 25 30

Smectite 750 50 800

Vermiculite 750 1 751

Chlorite 0 15 15

Tab 1 . Valeurs standards caractéristiques des surface de quelques familles argileuse

9.2. La capacité de gonflement et d’adsorption d’eau :

Généralement, toutes les argiles possèdent une capacité de rétention des molécules d’eau plus
au moins importantes. Mais seulement quelques uns sont capables d’incorporer des quantités
appréciables de molécules d’eau dans leur espace inter foliaire. Les smectites, les vermiculites
et les minéraux interstratifiés sont parmi les argiles qui se caractérisent par une forte capacité
d’adsorption d’eau entre les feuillets de leur structure ce qui provoque une variation de leurs
volumes et provoque ainsi leur gonflement. Il est à préciser que le gonflement des argiles est
tributaire aussi de sa composition puisque ces matériaux sont constituées par des minéraux
argileux et d’autres minéraux associés. La texture des argiles joue aussi un rôle primordial dans
ce processus d’expansion. Pour les argiles naturelles, cette propriété est liée aussi au site
d’échantillonnage ce qui génère une spécificité pour chaque type d’argile selon sa genèse et son
milieux de formation. (6)

Les minéraux gonflants ont une structure de base à 10 Å. Cette distance est variable selon l’état
d’hydratation. Ainsi, elle est d’environ 12,5 Å pour l’incorporation d’une couche d’eau au tour
du cation inter foliaire et de 15 Å pour deux couches. Cette hydratation conduit à une

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augmentation du volume pouvant atteindre les 95 %. Par ailleurs, il y a des minéraux argileux
contenant de l’eau adsorbée mais qui n’ont pas pour autant de propriétés de gonflement, il s’agit
des argiles fibreuses. (6)

9.3. Capacité d’échange cationique :

Afin d’établir l’électroneutralité au niveau de l’interface solide-liquide, les charges de surface


seront compensées par des ions de charge opposées provenant de la solution, généralement des
cations pour les argiles. La capacité d’échange cationique CEC est définie comme la
concentration totale des sites superficiels disponibles aux cations. Ce paramètre est exprimé en
quantité de charge par unité de masse (meq/100g). Le principe général d’évaluation de la CEC
consiste à mesurer la quantité totale fixée d’un cation indicateur introduit en excès dans une
suspension argileuse. Cette mesure est souvent réalisée à pH fixe puisque la CEC est tributaire
aussi du pH suite à la présence des groupements silanols et aluminols sur les surfaces latérales
susceptibles de se protoner ou de se déprotoner. (6)

10. Intérêts des argiles :


10.1. Intérêts pour l’industrie pétrolières :

a) Les argiles, barrières aux hydrocarbures :

Les compagnies pétrolières, dans leurs prospections, accordent une grande importance à la
localisation des bancs argileux dans les séries sédimentaires : en effet, ces couches peuvent
correspondre à des roches-mères de pétroles ou de gaz (issues d'une boue riche en matière
organique déposée en conditions anoxiques ou hypoxiques), mais, surtout, elles représentent
d'excellentes roches de couverture, c'est-à-dire des couches imperméables, susceptibles d'avoir
stoppé les hydrocarbures lors de leur remontée depuis leur roche-mère sous-jacente, (du fait de
leur faible densité). L'imperméabilité des roches argileuses s'explique facilement par la
compaction subie lors de la diagénèse, qui aligne les feuillets des minéraux argileux, d'où une
forte réduction de la porosité de la formation. Les particularités des argiles expliquent aussi les
critères définis pour les localiser sur les sondages. (7)

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Figure 8 . organisation schématique d’un gisement d’hydrocarbures .

b) Les bentonites, argiles pour boue de forage.

Certaines smectites, dénommés bentonites, sont employées dans les forages pétroliers pour
obtenir, mélangée à l'eau en proportions déterminées, une "boue de forage" de viscosité et de
densité précises. Celle-ci a pour rôle d'empêcher la remontée brutale des fluides sous pression
présents dans les roches traversées, mais aussi d'évacuer les débris créés par le trépan tout en
refroidissant l'outil. (7)

La figure ci-dessous montre l'évolution de la viscosité d'un mélange argiles-eau en fonction de


la concentration en argiles. On voit bien que des proportions assez faibles de bentonites
suffisent à modifier considérablement la viscosité du mélange, beaucoup plus qu'avec d'autres
types d'argiles. (7)

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Figure 9 . Viscosité des argiles

9.2. Intérêts en géo-ingenierie et en génie civil :

a) Les argiles, membranes pour contenir les polluants.

Les argiles, les smectites (= montmorillonites) en particulier, ont la capacité d'adsorber de


nombreux éléments (à la surface de leurs feuillets), du fait de leur grande surface et des charges
qu'elles portent (elles peuvent aussi en absorber, s'ils pénètrent à l'intérieur des octaèdres
silicatés). (7)

19
Figure 10 . Les différents types des sites de surface d’une smectite.

Elles ont ainsi une grande capacité d'échange cationique (C.E.C.). On en tire parti pour en faire
des pièges à cations polluants, Cuivre, zinc, ou métaux lourds par exemple.

Figure 11. Adsorption du cuivre par différents argiles .

L'imperméabilité des argiles en fait aussi un matériau intéressant pour l'isolement des déchets
et le confinement des liquides qui peuvent se former au cours de leur dégradation. (7)

b) Les argiles, pièges aux composés radioactifs :

Des argiles, naturelles mais aussi synthétiques, peuvent piéger efficacement les composés
radiogéniques et radioactifs. Leur emploi comme agent de confinement des déchets radioactifs
est donc un domaine de recherche actif. (7)

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c) Argiles facteur de risque, et génie civil.

Le repérage des couches argileuses concerne aussi le génie civil, puisque ces couches, si elles
absorbent une trop grande quantité d'eau, lors de fortes intempéries par exemple, commencent
par devenir malléables et, au pire, perdent leur cohésion, donnant ainsi des glissements de
terrains, ou des coulées boueuses, appelées aussi "laves torrentielles".

(On se reportera, pour une description plus détaillée de ce phénomène, à l'article de Pour la
Science d'Octobre 1997, Les coulées de boue.)

Ces coulées sont des mélanges eau-argiles-grains de toutes tailles (jusqu'à un mètre de diamètre
ou plus), au comportement mécanique particulier, qui les fait avancer sur de grandes distances,
malgré leur importante concentration en matière solide. Cette concentration (jusqu'à plus de
85%) donne à ces laves un comportement de "fluide à seuil", c'est-à-dire que la contrainte
tangentielle nécessaire à leur mise en mouvement doit être supérieure à une valeur seuil [au
contraire de l'eau, par exemple, que la plus faible force suffit à déplacer]. L'écoulement
nécessite donc une pente suffisante.

Là encore, les particules argileuses ont un rôle déterminant, car, pour une même concentration
solide, la viscosité est d'autant plus forte que la granulométrie est faible, donc que la quantité
d'argiles est importante.

Cependant, le comportement de ce phénomène, et sa modélisation, ne sont pas encore maîtrisés,


et font toujours l'objet d'étude.

Cet exemple illustre bien les problèmes encore posés, pour le génie civil, par les roches
argileuses et leurs modifications sous l'effet des intempéries ou des séismes qui peuvent les
déstabiliser. D'autre part, l'étude de ces phénomènes est aussi nécessaire à la compréhension de
phénomènes similaires, comme les coulées turbides sous-marines, qui ne présentent pas de
danger pour les populations humaines, et intéressent surtout les sédimentologues. (7)

10.3. intérêt agronomique: le complexe argilo-humique :

Les argiles sont une part importante des sols (cf. plus haut), où elles contribuent à l'apparition
d'une structure complexe, le complexe argilo-humique. Il provient de la formation de liaisons
électrostatiques entre les minéraux argileux et la matière organique du sol, en particulier les
acides humiques, à l'aide, de plus, de cations comme les ions calcium. [Ces ions assurent la
floculation des argiles, c'est-à-dire la formation de micelles neutres par association des cations

21
et des feuillets argileux chargés négativement]. Le tout donne au sol une structure grumeleuse,
stable et favorable pour l'agronome. (7)

Seuls les grands types d'interactions acides humiques-argiles sont rappelés dans la figure ci-
dessous.

De plus, cette liaison de cations aux argiles en fait aussi un réservoir d'éléments utiles aux
plantes, qu'elles leur restituent lentement.

Figure 12 . La fixation par l’intermédiaire des cation échangeables .

10.4. Intérêts économiques : les argiles, des matériaux à tout faire :

a) Quelques propriétés particulières des argiles, connues de longue date :

La caractéristique des argiles peut-être la plus anciennement constatée est leur malléabilité en
présence d'eau. Celle-ci tient à la finesse des particules constitutives de l'argile : les feuillets
minéraux développent d'importantes tensions de surface (d'autant plus qu'ils sont chargées
négativement(anions O2-)), et retiennent donc fortement l'eau, molécule polaire, sous forme de
films. Ainsi se forme une pâte modelable. (7)

Leur deuxième propriété intéressante est leur durcissement à la cuisson (à haute température,
plus de 1000°C souvent. On parle alors de poteries dures, car non rayables par l'acier, par
opposition aux poteries tendres, poreuses, issues d'un simple séchage au soleil ou d'une faible

22
cuisson : ce traitement à haute température distingue les céramiques des poteries au sens plus
général, cf. plus loin).

Enfin, certains minéraux argileux, les smectites en particulier, présentent d'importantes


capacités d'absorption (d'où leur nom, qui provient du grec σμεκθω, "je nettoie" : cette
absorption concerne l'eau, mais aussi des graisses, ou d'autres substances. (7)

b) Les argiles, premier matériau de construction et d'outillage :

La construction et les céramiques.

Du fait des deux premières propriétés décrites ci-dessus, les argiles ont été, dès les premières
civilisations, les matériaux de base, en particulier pour la construction ( la fameuse tour de
Babel, et autres ziggurats du Moyen-Orient, étaient constituées de briques d'argiles), et pour les
objets utilitaires. Encore actuellement, l'argile est le matériau de base pour la création de
briques, tuiles, carrelages, céramiques industrielles, robinetteries, porcelaines, faïences,
poteries, etc... (7)

Une argile pure, essentiellement constituée de kaolinite, donne après cuisson (par des réactions
de déstabilisation et réarrangements cristallins, analogues à celles d'un métamorphisme de
contact), un corps dur mais poreux et rayable par l'acier, de faible résistance mécanique (ces
argiles sont utilisées pour la fabrication de produits fins, type faïences et porcelaines, après
mélange avec d'autres produits). (7)

Par contre, les argiles moins pures contiennent des éléments dits "fondants"(que l'on peut aussi
ajouter, sous forme de chaux, potasse, soude, feldspaths,...) : ces éléments sont susceptibles de
fondre aux températures appliquées, donnant alors des silicates de viscosité variables. Dans
certains cas, on assistera donc à une brutale baisse de viscosité, permettant un façonnage à
chaud, dans d'autres, les silicates se vitrifient lentement, sans ramollissement, et comblent alors
les pores (ces processus s'apparentent à ceux rencontrés naturellement au cours de l'anatexie).
La présence de ces fondants assure donc le développement d'une phase vitreuse qui rigidifie
l'ensemble en liant les éléments cristallins.

Il n'est pas question de décrire ici la variétés des "poteries" et céramiques. On se reportera pour
cela aux articles correspondants de l'Encyclopédie Universalise.

23
Les argiles, composants du ciment

Figure 13 . Le procédé de fabrication du ciment .

L'argile employée pour la formation de ciment contribue à l'apparition, à chaud, des silicates
d'alumines (comme au cours de l'évolution métamorphique des argiles), principaux composants
du ciment, avec le gypse.

10.5. La diversification des usages des argiles :

a) Quelques autres utilisations anciennes :

Les propriétés absorbantes des "argiles smectiques" sont mises à profit depuis longtemps par
les drapiers (terre à foulons) et les huileries (argiles à dégraisser). On peut aussi mentionner,
par exemple, la terre de Sommières, une argile commercialisée pour effacer, par absorption, les
tâches de graisse sur les textiles. (7)

b) La diversification récente des utilisations des argiles :

D'autre part, la finesse, et l'état très divisé des argiles, en fait des filtres et des catalyseurs
employés dans l'industrie chimique. Dans le secteur recherche de la chimie, on cherche aussi à
utiliser les argiles pour piéger entre leurs feuillets des substances chimiques, afin de les
stabiliser, et d'augmenter le rendements des réactions chimiques, ou d'orienter les molécules
afin de privilégier une réaction par rapport à une autre.(7)

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Enfin, les industries pharmaceutiques et cosmétiques, emploient aussi, parfois abondamment,
les minéraux argileux. On peut citer par exemple divers traitements cosmétiques de la peau
(hydratation de la peau, etc...), ou des "pansements gastriques" constitués de smectites.
L'industrie agro-alimentaire utilise aussi des argiles comme agents de texture de certains
aliments.(7)

11. Conclusion :
A travers cet exposé, on a pu mettre en évidences les singularités des argiles, leurs historique ,
leurs origines et mécanismes du formation, leurs propriétés , tant sur les plans structuraux et
génétiques que pour les bénéfices que l'Homme peut tirer de leur exploitation.

Sur le plan géologique, leur localisation spécifique dans le domaine superficiel de la planète, et
leur sensibilité aux paramètres des milieux (cf. les argiles des sols), en fait des marqueurs de
choix des environnements actuels ou passés, que ne surpasse dans ce rôle que les organismes
actuels ou fossiles.

Sous des aspects plus pratiques, si l'emploi des argiles en tant que matériaux de construction de
base tend à diminuer dans les sociétés industrialisées, elles représentent encore une matière
première aux usages multiples, certains tous récents (dans l'industrie chimique par exemple).
De plus, on s'y intéresse actuellement pour leurs capacités à piéger les métaux lourds et pour
leur imperméabilité, et par conséquent pour leur emploi dans le stockage de déchets hautement
toxiques ou radioactifs, ou, plus simplement, pour éviter le lessivage des fluides, issus de
l'évolution d'une décharge d'ordures, susceptibles d'aboutir à la pollution des nappes
phréatiques ou des alimentations urbaines.

Mais leurs usages se sont maintenant multipliés, du fait de leur diversité naturelle bien sûr, mais
aussi grâce à la possibilité actuelle de synthétiser artificiellement des matériaux argileux aux
propriétés contrôlées.

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Références Bibliographiques :

(1) : F. Villieras, 2008, page 16

(2) : P. Andrianne, 2003, page 46-48 .

(3) : Kornmann, 2005

(4) : Charles N , Colin S , Guitierrez T , le febvre G . Kaolin et argiles Kaoliniques mémento.

(5) : Hernot, F. (2006). L’argile, son utilisation à l'officine.

(6) : Yassine Bentahar : Caractérisation physico-chimique des argiles marocaines application


a l’adsorption de l’arsenic et des colorants cationiques en solution aqueuse .

(7) : MILLOT G., Géologie des argiles.

FOUCAULT A. & J.-F. RAOULT: Dictionnaire de Géologie, Dunod.

CHAMLEY H., Sédimentologie, Dunod.

COJAN I. & M.RENARD: Sédimentologie, Dunod.

ENCYCLOPEDIA UNIVERSALIS: articles Argiles et minéraux argileux, Poteries, Ciments,


Céramiques et Céramiques industrielles.

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