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techniques
de la pré-histoire du
cinéma
C. Damour / 16.9.21
Avant-propos
Prémonitions cinématographiques
technologie et science-fiction
Erwin Panofsky, « Style et matière du septième art » (1947), Trois essais sur le
style, Paris, le Promeneur, Editions Gallimard, 1996.
« Les découvertes artistiques sont pratiquement le résultat direct de découvertes
techniques. L’exemple de ce phénomène qui me frappe le plus est en peinture
la révolution impressionniste. Avant l’impressionnisme, les peintres utilisaient
des couleurs contenues dans de petits godets. Ces récipients étaient
difficilement transportables. Les couleurs s’en échappaient, ce qui rendait le
travail en dehors de l’atelier peu pratique. Lorsqu’on eut l’idée de mettre les
couleurs dans des tubes facilement fermés par des bouchons à vis, les peintres
de la jeune école purent transporter leurs couleurs et travailler directement sur
nature. Bien sûr, la révolution impressionniste existait d’abord dans l’esprit des
peintres, mais elle ne se serait pas manifestée de la même façon si ces artistes
n’avaient pu transporter leurs couleurs dans la forêt de Fontainebleau. Sans
avoir les répercussions des couleurs en tube pour la peinture, l’emploi de la
panchromatique constituait pour le cinéma une étape d’une richesse
incomparable. La plupart des chefs-d’œuvre de l’écran ont été tournés en noir
et blanc sur panchromatique. »
Jean Renoir, Ma vie et mes films, Paris, Flammarion, 1974, p. 55-56.
« Le cinéma naissant et la peinture avaient en commun une
représentation du monde en deux dimensions, une préoccupation
pour le cadre et le point de vue, un jeu avec l’ombre et la lumière,
et l’utilisation de la profondeur de champ. Ce qui les séparait était
le rendu du mouvement, suggéré parfois de brillante façon par les
peintres, mais apanage du cinéma. Les Lumière, en tournant dans
des lieux réels, prolongeaient la révolution des impressionnistes
sortant le chevalet de l’atelier et allant peindre en plein air. »
Thierry Lecointe, « Courses de taureaux Lumière : une vue hors norme en 1898,
chaînon essentiel dans la progression narrative du cinéma des premiers temps ? »,
1895, n°80, hiver 2016, p. 52
« La grande révolution de cette période [la fin des années 50], c’est
l’apparition de la pellicule Kodak 400 ASA, une pellicule
ultrasensible, noir et blanc, qui permet de sortir le cinéma des studios.
D’un seul coup, on peut tourner sans lumière. Plus besoin de
projecteurs. Les budgets de tournage chutent de moitié. C’est ça la
Nouvelle Vague : l’équivalent de l’impressionnisme en peinture. Les
peintres peignaient dans les ateliers, puisqu’ils ne pouvaient pas
transporter leurs pots de pigments. Jusqu’au jour où l’on a mis la
peinture dans des tubes. Les peintres ont pu peindre en plein air Le
Déjeuner sur l’herbe, les Canotiers… La 400 ASA, c’est l’équivalent
de ces tubes de peinture. On peut désormais se déplacer avec sa
caméra, tourner en extérieurs sans lumière artificielle. »
• « ‘Quelle vanité que la peinture’ si l’on ne décèle pas sous notre admiration
absurde le besoin primitif d’avoir raison du temps par la pérennité de la
forme ! » (Bazin, « Ontologie de l’image photographique », p. 10).
« Les poètes, pas les meilleurs, ont chanté Dibutade ; Fontenelle lui a fait
écrire une lettre à son amant. Et celui-ci aussi s’est vu doté d’une
personnalité. On l’a nommé Polémon, le guerrier, et on l’a envoyé à la
guerre. On a attribué à ce jeune homme, futur gendre de potier, un destin
funeste. Il devait mourir au combat pour que son portrait, le premier du
genre soit une image funéraire, conformément à la tradition ‘historique’.
Et aussi en raison des valeurs ambivalentes de l’ombre : double naturel
de tout ce qui est placé sous la lumière du jour, elle caractérise le vivant.
Et elle s’efface quand la vie disparaît. Les morts n’ont plus d’ombre. En
revanche, aux Enfers, ils ne sont plus que des ombres. »
Françoise Frontisi-Ducroux, « ‘La fille de Dibutade’, ou l’inventrice
inventée », Cahiers du Genre, 2007/2 (n° 43), p. 133-151
http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=CDGE_043_0133
Le motif de l’ombre et le rapport à la mort
• Chantons sous la pluie (Stanley Donen, 1952)
• The Artist (Michel Hazanavicius, 2011)
Reproduire l’illusion du mouvement
Le folioscope (1868) :
• La reconstitution de l’illusion du mouvement par le dessin :
Hugo Cabret (Martin Scorsese, 2011)
• La reconstitution de l’illusion du mouvement par la photographie :
Visage (Tsai Ming-liang, 2009)
• La reconstitution de l’illusion du mouvement par le cinéma : Principe
de reconstitution de l’illusion du mouvement à partir d’une série
d’images fixes à la base du procédé de stop motion mis en scène dans
Jacquot de Nantes (Agnès Varda, 1990)
Jacques Aumont, Alain Bergala, Michel Marie, Marc Vernet, Esthétique du film, Paris,
Nathan, 1994, p. 106
« [Le zootrope est] constitué d’un tambour à l’intérieur duquel sont imprimées
les différentes phases d’un mouvement décomposé. […] L’extérieur du
tambour tourne, les interruptions noires entre chacune des fentes disparaissent
sous l’effet de ce qu’il est convenu d’appeler un effet phi qui explique
l’impression d’une continuité. »
Emmanuelle André, « Effet spécial : l’incandescence du voir dans les films de
Martin Arnold », in. CiNéMAS, Vol. 28, Montréal, Canada, Automne 2017, p.
15.
XVIIIème siècle : spectacles de fantasmagories via le fantascope (version
améliorée de la lanterne magique du XVIIème - diables et sorcières projetés
sur une toile, 1798) du « fantasmagore » belge Etienne Robertson (1764-
1837)
• Fanny et Alexandre (Ingmar Bergman, 1982)
Actualité curatoriale 2021
Emile Reynaud
• 1880 : Praxinoscope
à projection
• 1892 : Théâtre
optique
Bernard Lonjon, Émile Reynaud, le véritable inventeur du
cinéma, Polignac, Éd. du Roure, 2007
– 1890-1894 : Thomas Edison (Kinetographe et
Kinetoscope)
• 1888-1889 :
– dépôt d’un brevet - 1ère caméra inventée par Louis Aimé
Augustin le Prince
– première caméra à prise de vues successives sur bande sensible
puis sur film celluloïd
• 1890-1891 : dépôt du brevet du Kinetograph et du
Kinetoscope (Thomas Edison)
• 1894 : commercialisation des Kinetoscope parlors
Février 1895 : dépôt du brevet du Cinématographe (Louis et
Auguste Lumière, France)