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EN BOIS
Histoire et Perspectives
LES PONTS EN BOIS
HISTOIRE ET PERSPECTIVES
Valentina BRUNO HURÉ ENPC 24/10/2023
PLAN DE L’EXPOSÉ
1. HISTOIRE DES PONTS EN BOIS
2. LES PONTS EN BOIS « MODERNES » (Rappels)
3. LES POINTS D’ATTENTION POUR LA CONCEPTION
Pont Bateau sur le Kalani Ganga, Sri Lanka (1880) – Photo C. Scowen
Engravure représentant les premiers ponts bateau – Source [2] Dessin du pont bateau de Rouen datant de 1626 – Source [8]
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1. HISTOIRE DES PONTS EN BOIS – LES ORIGINES
Les Romans et les premiers treillis
Dessins du pont de Bassano par Palladio (vers Dernière reconstruction du pont de Bassano par Palladio, Italie (XX siècle) – Source [2]
1550) – Source [3]
Dessins originaux du pont de Shaffausen par H.U. Grubenmann, Suisse (1757) – Source [3]
Elévation du pont de Shaffausen (gauche) et détail de l’ossature porteuse (droite), Suisse (1757) – Source [2]
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1. HISTOIRE DES PONTS EN BOIS – LE XVIIIE SIÈCLE
Le XVIII siècle et l’essor des ponts en bois
Mathematical bridge, version d’origine (gauche) et reconstruction de 1905 (droite), Angleterre – Source [2]
Dessin de pont en arc polygonal par Perrault (XIX siècle) – source [7]
Palissade à Hanover, Etats-Unis (1930) – source [3] Promontory Viaduct, Etats-Unis (1869) – source [3]
Dix alternatives de ponts en bois proposées par Vergès lors du concours lancé par l’Ecole des Ponts et Chaussées (1818) – source [8]
Construction du pont Albert-Louppe (ou pont de Plougastel) d’Eugène Freyssinet (France, 1930) – Source [3]
En Europe, la principale contribution au développement des ponts en bois est due au Nordic Timber
Bridge Program, un programme crée en 1994 par les gouvernements de Norvège, Suède, Finlande et
Danemark qui associe les gestionnaires des routes publiques, les administrations locales et
nationales, les producteurs de bois, les constructeurs et les bureaux d’études.
Ce programme, qui vise à promouvoir les ouvrages d’art en bois non seulement dans les pays
scandinaves mais partout en Europe.
Ces nouvelles tendances (que l’on retrouve aussi aux en Amérique du Nord et en Asie) conduisent, à
partir de la fin du XXe siècle, à une variété de plus en plus large de solutions et de champs
d'application pour les ponts en bois.
Au cours des dernières années, les enjeux environnementaux et climatiques auxquels nous sommes
confrontés n’ont fait qu’accélérer davantage la réintroduction du bois comme matériau de
construction, dans le secteur du bâtiment, en premier lieu, mais aussi dans le domaine des
passerelles et ponts-routes.
Ponts en treillis
Pont de Merle, France (1999) – Source [24] Pont Ikast, Danemark (2001) – Source [28]
BB Bridge, Slovénie (2013) - Source : Bicycle Bridge Across the Sava River / dans
Ponts La Léchère, Suisse (2005) – Photo V. Huré arhitekti | ArchDaily
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2. LES PONTS EN BOIS « MODERNES »
Les ponts à haubans
Matériau léger ( ≈ 300 – 600 kg/m3) ce qui en facilite le transport et le rend particulièrement adapté
à la réalisation de nouveaux tabliers sur des appuis existants (cf. ponts de Flisa, Tretten, Illonse ) ou à
la mise en place dans des sites pas ou peu accessibles à des engins de chantier lourds, puisque de
simples grues suffisent (cf. ponts Ragoztobel, Lao, Illonse).
Matériau écologique : en fin de vie une structure en bois peut être revalorisée de différentes
manières (puits carbone, bois énergie, panneaux de bois, …).
Matériau organique, avec une capacité de stockage moyenne de 1,8 t de CO2 pour 1 t de bois
« sec ».
S’agissant d’un matériau organique, le bois est particulièrement sensible aux attaques biologiques :
Il existe alors plusieurs techniques de protection basées sur la durabilité naturelle du bois (suivant l’essence) et/ou la
durabilité conférée par des traitements de préservation ou des protections rapportées.
2 Bois sec mais dont l’humidité peut Pièces correctement abritées et 2 mm • insectes
occasionnellement dépasser 20% ventilées en service • champignons
• termites
3 Bois à une humidité fréquemment Pièces de construction verticales Toute la partie humidifiable de • insectes
supérieure à 20% soumises à la pluie, pièces abritées mais la zone non durable • champignons
en atmosphère condensante naturellement • termites
4 Bois à une humidité toujours Bois horizontaux et bois en contact avec Zone non durable • pourritures
supérieure à 20% le sol ou une source d’humidification naturellement • insectes
prolongée ou permanente • termites
5 Bois en contact permanent avec Piles, pontons, bois immergés Zone non durable • pourritures
l’eau de mer naturellement • insectes
• térébrants marins
Tableau 2 du FD P 20-651/2011
Le SETRA propose, en complément, un tableau des corrélations entre les 4 classes d’emploi possibles en ouvrages
d’art, la zone de pont concernée, l’essence utilisée et les traitements de préservation éventuellement nécessaires.
Classes Zones de pont concernées Essences possibles Traitements Profondeur du Risques sanitaires et pour
traitement l’environnement
Pour une protection par traitement chimique, les produits et le traitement doivent se conformer aux normes NF EN
599-1 et NF EN 351-1 et respecter les exigences de pénétration et de rétention dans le bois de La NF B 50-105-3.
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3. LES POINTS D’ATTENTION POUR LA CONCEPTION
Durabilité naturelle ou par traitement préservant
Ces tableaux montrent que, dans la pratique, pour les éléments structurels des ponts réalisés avec des essences de bois
européen (essentiellement sapin, épicéa et, en moindre mesure, douglas), il n’est à aujourd’hui pas possible d’attendre
des durée de vie de 100 ans ou plus sans traitement préservant.
Les produits aujourd’hui utilisés sont des mélanges de substances actives (curatives et préventives) et d’additifs qui
améliorent la pénétration du produit. On distingue entre :
Les produites hydrosolubles : solutions aqueuses à base de sels minéraux ou métalliques à propriétés anti-
biologiques (fluor, bore, cuivre, chrome) sels CC, CCA, CCB, CCF, … ;
Les produits en solvant pétrolier : solvants hydrocarbures à base de produits organiques antiseptiques (insecticides
et fongicides) ;
Les produits hydrodispersables : une évolution des précédents, avec matières actives solubilisées dans des
gouttelettes de solvant pétrolier en suspension dans l’eau (utilisation moindre de solvants pétrolier) ;
Les huiles naturelles : dérivés organiques préparés sur des bases huileuses (créosote).
L’imprégnabilité du bois varie selon l’essence et selon qu’il s’agit du duramen ou de l’aubier : les produits pénètrent
mieux dans du bois poreux et peu dense (résineux) et plutôt dans l’aubier que dans le bois parfait.
La norme NF EN 350-2 répertorie 4 classes d’imprégnabilité ; lorsqu’une essence n’est pas imprégnable, on dit qu’elle
est réfractaire (c’est le cas notamment du sapin et de l’épicea)
Enfin, certains de ces produits peuvent s’avérer très corrosifs pour les pièces métalliques, pour le ciment, pour les colles
ou peintures, ce qui demande une attention particulière en phase de conception (recours à des aciers inox par exemple).
Même si moins répandues, des alternatives aux traitements par imprégnation existent, telles que :
Les traitements par modification chimique : c’est le cas, par exemple, du bois acétylé dit « accoya » utilisé pour les
ponts de Sneek, aux Pays Bas.
Les traitements par modification thermique à haute température (entre 170 et 270 °C). Ces traitements réduisent
les caractéristiques mécaniques du bois, mais en améliorent la stabilité dimensionnelle et la résistance aux
agressions biologiques (à l’exception des termites).
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3. LES POINTS D’ATTENTION POUR LA CONCEPTION
Durabilité naturelle ou par traitement préservant
Ce traitement bi-composant permet d’assurer une durée de vie égale ou supérieure à 100 ans, même dans les ouvrages
d’art routiers exposés aux conditions climatiques extrêmes de certaines régions d’Europe du Nord.
En effet, à l’origine des différentes pathologies que l’on observe couramment sur les ouvrages d’art en bois, il y a
toujours des défauts de conception sur l’un ou l’autre de ces aspects et dont les effets sont souvent « en cascade » : des
désordres de type mécaniques, liés par exemple à des efforts concentrés trop élevés, engendrent des fissures dans le
bois qui, en plus d’être une zone de faiblesse pour la résistance de l’élément, peuvent favoriser l’infiltration d’eau avec, à
termes, l’apparition de champignons ou la corrosion d’éventuels organes d’assemblage métalliques proches de la zone
fendue.
Pathologies
Source [64]
Source [64]
Source [4]
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3. LES POINTS D’ATTENTION POUR LA CONCEPTION
Les dispositions constructives : la clé du succès d’une bonne conception
Rupture fragile par mauvaise conception des joints.
Source [40]
Fissure
Source [64]
24/10/2023 Les ponts en bois - Histoire et Perspectives Source [65] 58
3. LES POINTS D’ATTENTION POUR LA CONCEPTION
Les dispositions constructives : la clé du succès d’une bonne conception
Fissuration du bois suivie de l’apparition de moisissures et champignons par manque de ventilation des
assemblages et/ou de protection du bois.
Déplacement du boulon –
Source [64]
Les choix du concepteur doivent privilégier une conception réfléchie qui, en limitant le plus possible
les risques d'humidification du bois, va empêcher l'apparition des champignons. Pour les ouvrages
d’art, compte tenu des durées de vie attendues, si on veut limiter au maximum le recours aux
traitements chimiques, il est indispensable d’assurer une protection rapportée aux parties de
structure les plus exposées aux agents atmosphériques : pour cela, on fait souvent recours à des
couvertines (zinc, acier inox, etc…) ou des lasures opportunément traitées.
La mixité des matériaux (ex. des tabliers bois/béton) permet aussi au bois de travailler de manière
optimale.
La pérennité des ouvrages passe également par le choix d'un bois suffisamment durable pour
l'utilisation que l'on veut en faire, les risques biologiques présents et la durée de vie attendue.
Dans tous les cas, une ventilation correcte au droit des assemblages et la réalisation de joints
permettant au bois de « respirer » est essentielle.
Il existe ensuite une série de guides techniques d’application selon le type d’ouvrage, mais aucun ne
traite du cas spécifique des ponts en bois. Cette lacune est en partie comblée par le guide technique
LCPC « Recommandations pour l’inspection détaillée des ouvrages en bois » de 2008.
En effet, l’entretien et l’inspection réguliers sont essentiels pour les structures en bois afin d’éviter ou
prévenir le développement de pathologies telles que celles présentées précédemment.
3
Pont sur le Lao, Italie (2001-2017) – Source [41]
www.setec.fr