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Les quatre discours de Lacan

Le discours est qqch de construit, il est proféré et oriente nos conduites et pensées. La parole, au contraire, est
ordonnée par des éléments inconscients. Le discours structuré dépasse de bcp la parole, il peut être sans parole
(conduites, actes). Comme on le verra tout au long du cours, l’individu est assimilé à des signifiants. L’objectif
analytique est de le décoller de ces signifiants et en ce sens, de se désassujettir d’un certain nombre de discours.

Le discours articule individuel et collectif. On a des discours sociaux, médicaux, parentaux, etc. Selon Lacan,
il est un mode de régulation du lien social (ne concerne pas la psycho individuelle → sjt pris dans un champ
social, politique, culturel).
Ex : à une certaine époque, discours médical ou religieux → dit ce qui est, pas d’interprétation, pas d’ouverture
sur un signifiant ➔ signification unique. Sorti du contexte, discours perd de sa valeur → important de penser
les places et la régulation des liens sociaux.

I. Définitions – Généralités
1) Le sujet
A entendre comme sujet du désir inconscient, différent de l’individu
- Individu : utilisé en sociologie, en stats. Indivis = ce qui n’est pas divisé
- Sujet : produit par l’inscription de l’enfant dans le lge. Fondamentalement divisé (conflit psychique →
fonction structurante). Sjt = être de lge, de parole de signifiant → décollé de la matérialité physiologique.
Signifiant introduit une différence entre le besoin et le désir → désir amène à patienter → nous différencie
des animaux.

Ne pas confondre sujet et moi freudien → moi = fonction synthèse du moi et du surmoi
Selon Lacan, moi= instance imaginaire, lieu des identifications. En psycha, à travers la parole, on peut réussir
à comprendre le caractère patho de ces identifications.
Critique de Lacan : lors de l’émergence de l’égopsychologie, psychanalyste était là pour aider le patient à
renforcer son moi de par une adaptation sociale et professionnelle au détriment de son propre désir (désir
compliqué, qui ouvre à la question du manque et du vide). Or, devenir qqn polarise la subjectivité et permet
de ne pas s’en soucier.

Image se construit quand l’enfant unifie son corps à travers le miroir. Il peut ainsi se construire subjectivement
peu à peu. Avant ça, il n’est psychiquement pas rassemblé. Apparaît alors une sorte de contrôle. Il anticipe
par le miroir la maîtrise d’un corps qui lui échappe, car physiologiquement il n’est pas encore construit.
Selon Lacan, le moi se construit uniquement par cette image → la relation du moi à cette image se construit
sur un axe imaginaire, l’image n’est qu’une image.
Aussi, à travers l’image que l’Autre me renvoie, se crée un champ relationnel.
Lien imaginaire du moi à ses objets pour acquérir une certaine maîtrise, mais obstacle pour le sujet dans la
reconnaissance de son propre désir. En effet, son désir se trouve derrière lui (étymologie de pulsion = ce qui
se trouve derrière) : il voit le but mais pas ce qui le pousse vers ce but. Ce qui le pousse n’est pas une image.

Reconnaissance du désir ainsi entravée par le moi. Désir qui apparaît par les formations de l’inconscient →
tout ce qui échappe à la maîtrise imaginaire, qui surgit, échappe au moi (lapsus, acte manqué, rêve → marques
du désir inconscient).
Pour autant, ces ratages ne sont pas absurdes. Lacan : acte manqué = discours réussi car ça dit qqch (pour peu
qu’on veuille bien l’entendre). De par leurs significations, on peut les lire et les considérer comme des
signifiants.
Ce texte incst se fabrique dans le lieu du désir du sujet : se manifeste à son insu, échappe à la maîtrise du moi.
Ce lieu c’est le grand Autre : ce n’est pas un autre sujet, c’est le lieu des signifiants qui se manifestent dans
les formations de l’inconscient. Lacan l’appelle le trésor des signifiants.
Inconscient ainsi appréhendé comme discours de l’Autre. Discours qui porte un savoir inscts, différents des
connaissances conscientes que l’on a sur soi.
 Si le grand Autre est un lieu, l’inconscient est alors défini comme un savoir sans sujet.

Sjt strictement parlant est produit par l’Autre, il est l’effet du discours de ce grand Autre. Amène à des
distinctions :
Les quatre discours de Lacan
- Moi : dans la maîtrise, pense être la cause de ce qu’il dit, pense communiquer exactement l’info qu’il veut
transmettre
- Sujet : ne communique pas, dit ce qui vient comme ça vient. Parle mais est aussi parlé par ses actes
manqués : cela dit qqch de lui à son insu ➔ il est l’effet de ces formations de l’inconscient.
Ex : le lapsus → le moi le considère comme une erreur alors le patient, s’il l’entend vraiment pourrait s’y
reconnaître comme sujet. Evt si effrayant que la séance peut s’arrêter sur le coup pour ne pas être recouvert
→ suspension appelée scansion (Lacan) : maintenir vif ce qui est apparu avant que ça ne se referme.

2) Le signifiant
Terme emprunté au linguiste Ferdinand de Saussure. Selon lui, signe linguistique = entité psychique à 2 faces :
- Le signifiant : partie formelle et matérielle du signe, ce que l’on entend
- Le signifié : « l’image acoustique », partie conceptuelle du signe, le contenu, ce que ça désigne
 Unit par un lien tout à fait arbitraire
(Le signifié désigne la représentation mentale du concept associé au signe, tandis que le signifiant désigne la représentation
mentale de la forme et de l'aspect matériel du signe)
Référent = ce à quoi le signe linguistique renvoie, dans la réalité matérielle ou dans un univers imaginaire.

Lacan insiste sur l’autonomie du signifiant en tant qu’entité matérielle, pas directement lié au signifiant →
peut fonctionner seul. Lien signifiant-signifié par automatique.
Ex : enfant a d’abord accès à la matérialité du lge avant sa signification.

Les ratages : peuvent être des signifiants : on ne les comprend pas, signification cachée. Travail analytique =
permettre à l’analysant d’avoir accès à la signification de ces formations de l’inconscient → justifie la règle
fondamentale : l’association libre → laisser advenir la chaîne des signifiants et comprendre pour une telle idée
arrive après telle idée et se libérer de l’exigence de signification.

Cependant, l’association est faussement libre : c’est une chaîne, une logique.
Autonomie signifiant/signifié ne veut pas dire que le signifiant est là par hasard → renvoie toujours à d’autres
signifiants (un signifiant seul n’existe pas). Mais cela dit, lien qui n’est pas celui du sens conscient. Signifiant
représente autre chose que le contenu, représente le sujet lui-même ➔ relation fondamentale : « le signifiant
représente le sujet pour un autre signifiant » (Lacan)

Réel = ce qui échappe au symbolique, l’impossible à dire → autre type de lge.


Signifiant = la matérialité → la « motérialité ». Lacan crée alors la « lalangue » : c’est une substance.

La relation fondamentale : il y a une structure → qqch fera que qqch d’autre surgira. C’est pourquoi la méthode
analytique prend du temps : à partir du moment où on est libre de dire ce qu’on veut, apparaissent des obstacles
via les propres résistances du sjt (patient doit suffisamment lâcher prise pour que cela émerge).
« Au début, le patient vient et vous parle de lui mais pas à vous, ensuite il parle à vous mais pas de lui, puis
au bout d’un certain, il arrive à vous parler de lui » : ça serait la fin de l’analyse.
« L’inconscient est structuré comme un langage » : structure vient de Freud →« le rêve n’est pas la
désorganisation totale, c’est un ensemble d’éléments organisés » : voie d’accès à l’inconscient.

Condensation : rpstation condensée de qqch qui renvoie à d’autres rpstations/idées.


Déplacement : déplacement d’un affect sur une rpstation refoulée. Rpstation anodine peut passer de l’incst
au cst.

On peut opposer le signifiant au signe : élt comme outil de communication (se différencie de la linguistique).
C’est le signe de qqch, cela repste qqch pour qqn.
Ex : le signe chat rpste l’animal. Le signifiant chat peut rpster un tas de choses qui n’ont rien à voir. Cela
amène à autre chose.
➢ Ecoute du signe = écoute psychiatrique
➢ Ecoute du signifiant = ouverte à d’autres choses, d’autres rpstations ➔ pour Lacan, accès qu’à la pointe
transférentielle du rêve car nous ne sommes pas dans la tête du patient, on ne perçoit que ce qu’il dit.
Signifiant permet au patient d’être écouté autrement qu’en tant que « schizophrène » ou « dépressif ».
Les quatre discours de Lacan
Lacan : 2 types de signifiants → S1 et S2
- S1 : signifiant qui repste le sujet auprès d’autres signifiants (S2) → le chat est le S1, tout ce qui est rpsté par
ce chat est le S2
Svt qualifié de signifiant maître (ex : insulte vise à réduire un sujet à un signifiant maitre → « tu n’es que
*insulte* »)
S1 à l’œuvre dans le diagnostic : opérateur essentiel du discours médical, va commander la suite. C’est au
nom de ce S1 que la psychiatrie dicte ce qu’il faut faire → patient réduit à une étiquette, sjt pas concerné.
Objectif : sortir de ce discours médical → opposition totale discours du maître/de l’analyste : analyste ne met
pas le S1 au 1er plan, essaie d’ouvrir des choses du côté de la subjectivité du sujet (les S2).

- S2 ne rpstent pas le sujet. Sont articulés comme un réseau. C’est pourquoi pour Lacan S2 = un savoir → savoir
différents des connaissances cstes, savoir insu.
Même s’il ne vise jamais entièrement le sujet, il lui permet de ne pas être réduit à un signifiant maitre.

3) L’objet a
Totalité du sujet pas prise dans le signifiant : tout ne peut se verbaliser, il y a donc une perte. Il y a quelque
chose qui ne se symbolise pas. Il faut passer par la parole pour accéder à ce qui ne peut être dit par la parole.
Cet objet qui chute, c’est l’objet a : ce qui ne passe pas dans la logique signifiante → perte = prix à payer pour
accéder au statut de sujet. Idée de perte se rapproche de la question du deuil, on peut ainsi parler de castration.
Objets du désir = objets substitutifs : se mettent à la place de l’objet premier qui a dû être perdu.

L’objet a symbolise le manque nécessaire, l’obligation de se séparer de la fusion originelle avec l’objet premier
afin de désirer ailleurs. La castration est de ce fait la condition pour être vivant. Même si le désir ne sera jamais
comblé, c’est parce que l’objet a est perdu qu’il peut y avoir du désir de par le manque.
Lacan : perte = trou dans le réel que l’on tente de combler → aussi appelé « objet cause du désir » : c’est à
cause du manque de l’objet fondamental que l’on est désirant.
Objet non représentable et non figurable, non spécularisable → en deçà de toute rpstation car c’est le
manque à l’état pur.
Ainsi, pour que les objets pulsionnels soient investis, il faut qu’il y ait cette perte première. Pour Freud, ce
sont les excréments et le sein qui viennent en lieu de l’objet a, sans pour autant le remplacer. Lacan ajoutera
la voix et le regard ➔ lien avec l’objet transitionnel de Winnicott : pour qu’il y ait objet transitionnel, il faut
perte, il faut la création d’un manque par ce qui ne passe pas par le symbolique.
Cependant, attention à ne pas confondre : cela ne remplace pas cet objet perdu ➔ c’est parce que ces objets
ne comblent pas le vide que le sjt est toujours dans une dynamique désirante.

Objet a : même système qu’en maths → lettre algébrique = peu de prise pour l’imaginaire (≠sein).
Place du vide qui échappe à toute symbolisation (innommable et irreprésentable)
Chez le psychotique : comme s’il avait toujours cet objet. Sujet et objet indistincts → peut penser qu’on
souhaite le lui prendre, d’où l’angoisse de persécution. Ce qui n’a pas été symbolisé fait retour dans le réel :
dans la psychose, réel = hallucinations.
Chez l’enfant, Green : pour penser à qqch, il faut que la chose soit absente.

Roland Gori : en thérapie, surgissements passionnels arrivent svt après un ép de dépression/morosité


Dépression et mélancolie : objets du monde n’égalent pas l’objet perdu → impossible de les investir
Freud : mélancolique s’identifie à cet objet a (témoigne de son côté envahissant)

II. La formule du fantasme


Au-delà des rpstations des objets du fantasme : la structure du fantasme → pas juste un ensemble d’images
mais scène au sens théâtral.
Le mathème du fantasme
= le sujet → S barré car sjt divisé : pas monolithique, ≠moi
= objet a
= un poinçon → ce qui sépare et articule les 2 : pour être en lien avec l’objet,
il faut en être séparé (jamais plus avec l’Autre que lors des retrouvailles)
Les quatre discours de Lacan
Fantasme pas juste une production de l’imaginaire : permet au sjt divisé d’être en rapport direct avec le réel.
Si plongé directement dans le réel, sjt ne peut plus se soutenir de son propre fantasme : illusion se déchire.
Être en prise directe avec le réel est dévastateur → fantasme permet d’y faire face, tamponne le rapport au réel
en passant par l’ilaginaire.

Réel ≠ réalité. Lacan :


- Réalité = ce dont on peut parler ensemble → effet d’un certain discours
- Réel = ne peut être partagé → échappe au discours
Chacun a un rapport au réel non communicable alors que réalité socialement construite.
Lacan : « La réalité c’est la grimace du réel » → réel ne peut être affronté, il est abordé par des fantasmes.
Bord fait de rpstations symboliques. S’il se déchire = envahissement du réel = vie insupportable.
Dans le trauma : on touche à l’innommable, lge n’a plus la fonction de signifier → signifiants doivent donc
tracer une frontière autour de l’effraction.

Fantasme articule le sujet et l’objet a → articulation propre à chacun

En résumé : objet a = place vide → peut faire peur mais nécessaire. C’est pourquoi tous les objets sont des
objets de substitutions → aucun (réel ou fantasmatique) ne vient le remplir satisfaire le désir du sjt. Nécessaire
pour pouvoir aimer d’autres objets : manque qui garantit que désir sera toujours à l’œuvre, pas rempli d’une
complétude imaginaire.
Complétude imaginaire aurait lieu si le sjt pouvait se compléter par l’objet a → donc lieu de jouissance que
Lacan appelle le plus-de-jouir (« si j’avais ceci, ce serait le bonheur totalement »).
 Objets peuvent nous satisfaire sans jamais nous combler. Ce qu’il faudrait de plus à ces objets pour nous
combler c’est ce plus-de-jouir.

III. Les quatre discours


Discours comprend le sjt divisé dans son rapport avec l’objet, s’inscrit dans la chaîne signifiante, surtout le
S1 qui assigne qqn à une seule et unique place, ainsi que les S2 ➔ S1 et S2 st tjrs connectés entre eux et
connectés eux-mêmes au sjt.
Sjt apparaît vraiment qd le signifiant qui le rpste s’articule auprès d’autres signifiants qui vont constituer un
savoir → sjt effet de la parole (à condition du lâcher prise du moi) : implique de d’abord parler avant de penser.
Parler = perte d’où l’angoisse. Angoisse de dire ce que l’on ne sait pas, peur de voir surgir qqch que l’on ne
sait pas.
Analyste élève toute parole à la dignité d’un lapsus : un mot qui n’est pas un lapsus peut aussi être entendu
autrement et renvoyer à un tas d’autres choses
Tout discours s’adresse à un autre, à partir d’une certaine place
(de celui qui agit). Vérité latente qui interfère tjrs sous les propos
tenus. Et dans tout discours, il y a une production.
Circularité entre ces 4 places → effet produit sur l’autre a en
retour des effets sur l’agent. Cepdt, aucun rapport entre la vérité
et la production : même si je cherche à produire un effet, la vérité
de ce que je cherche à produire est différente de ce que j’ai
produit.
Les quatre discours de Lacan

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