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Ouafaa KHALLOUK
Professeur de fiscalité et de finances publiques,
Université Mohamed V de Rabat (Maroc)

La préparation du budget de l’État au Maroc :


une nouvelle procédure au service de la performance

Mots-clés : Maroc - loi organique relative à la loi de finances (LOF) - gestion par les résultats - indicateurs
de performance - programmation budgétaire triennale

Dans un contexte marqué par des revendications démocratiques et sociales


croissantes, le Maroc a engagé un processus de refonte de la gestion publique
autour des principes de performance, de reddition des comptes et de
transparence. La nouvelle loi organique relative à la loi de finances (LOF) de
2015, pleinement applicable en 2020, institue une nouvelle logique de
budgétisation axée sur les résultats.

A
doptée dans le sillage du printemps cent une forte pression sur la dépense publique.
arabe, la nouvelle Constitution marocaine En plus de la maîtrise de l’endettement, la
de 2011 introduit de nouveaux principes réforme budgétaire a été rendue nécessaire par
constitutionnels qui encadrent les finances pu- le faible rendement de la dépense publique. À
bliques, notamment l’équilibre budgétaire, la titre d’exemple, alors que le Maroc consacre 25 %
bonne gouvernance et la reddition des comptes. de son budget à l’éducation, représentant 6 % du
C’est dans ce contexte que le Maroc s’est engagé PIB, les tests internationaux (TIMSS, PIRLS) révè-
dans une dynamique de réforme du processus lent que la majorité des écoliers marocains ne sait
budgétaire qui a abouti à l’adoption en juin 2015 pas lire à la fin du cycle primaire, avec un score
de la loi organique relative à la Loi des finances inférieur à la moyenne des pays pauvres d’Afrique
(LOF). L’objectif de cette démarche réformatrice subsaharienne.
est de renforcer l’efficacité et la cohérence de l’ac-
tion publique dans un contexte marqué par un Destinée à améliorer la performance publique, la
durcissement de la contrainte budgétaire. En réforme budgétaire engagée au Maroc a été
effet, le ratio d’endettement de l’État, qui est fortement inspirée par l’expérience de la LOLF
passé de 45 % du PIB en 2008 à plus de 65 % en française promulguée le 1er aout 2001 et appli-
2018, se situe à un niveau élevé en comparaison quée pour la première fois en 2006. Bien que les
avec d’autres pays émergents. Le vieillissement similitudes soient nombreuses, les deux cas pré-
de la population, le déséquilibre des régimes de sentent toutefois plusieurs différences notam-
retraite ainsi que les revendications sociales exer- ment portées sur le tableau 1 ci-après.

doi:10.3166/gfp.2019.00037
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Tableau 1. Différences entre la LOLF française et la LOF marocaine


Critères de distinction LOLF France LOF Maroc
Elle a consisté d’abord à Elle a consisté à expérimenter, à législation constante
L’approche de la changer l’ordonnance de et à systèmes d’informations quasiment inchangés,
réforme budgétaire 1959, un préalable à la certaines dispositions de la LOF auprès de certains
réforme départements ministériels dits préfigurateurs
Initiative de la réforme Parlement Gouvernement
Budget organisé par missions
Budget directement structuré en programmes circonscrits
Architecture du budget regroupant elles mêmes
par ministères
des programmes
Transversalité Les missions peuvent être La notion de missions interministérielles
interministérielles n’a pas été retenue
Conduite de Réforme portée par une direction
la réforme dédiée dans le cadre d’un Réforme portée par la Direction du budget dans
processus global de une perspective principalement financière
modernisation de l’État

L’objectif de cet article est d’analyser les apports l’établissement d’une programmation budgé-
de la LOF en matière de préparation de la loi de taire triennale (PBT) glissante, actualisée chaque
finances au Maroc. Dans une première partie, année. La deuxième partie présentera les trois
nous verrons que l’exécutif conserve le monopole phases de la procédure (dont deux nouvelles)
de cette première phase de la procédure budgé- dans lesquelles le Parlement est pour la première
taire, désormais axée sur les résultats, et marquée fois associé en amont à l’occasion d’un débat
par la mise en place du budget-programme et budgétaire.

1 Une prérogative gouvernementale

L’initiative de la préparation du budget demeure gouvernement associe désormais le Parlement à


entre les mains du gouvernement selon un cette première phase à l’occasion d’un débat
schéma identique à ce que prévoyait la LOF de budgétaire avant le 31 Juillet. Mais en définitive,
1998. Comme l’indique l’article 46 de la LOF, l’exé- l’exécutif conserve un monopole dans la prépara-
cutif conserve le monopole de la préparation de tion du budget.
la loi de finances, même si la LOF a tenté de ren-
La compétence exclusive de l’exécutif résulte en-
forcer le rôle du Parlement en matière budgétaire.
suite de l’article 46 de la LOF qui prévoit que
« Sous l’autorité du chef du Gouvernement, le
Le Gouvernement dispose en droit comme en fait
ministre chargé des finances prépare les projets
d’un monopole dans la préparation du projet de
de loi de finances conformément aux orienta-
loi de finances affirmé dans la Constitution de
tions générales ayant fait l’objet de délibéra-
2011 et dans la LOF. Plusieurs éléments justifient
tions au Conseil des ministres conformément à
cette prérogative exclusive du pouvoir exécutif.
l’article 49 de la Constitution » ;
Cette compétence résulte d’abord de la Consti-
tution. En effet, l’article 75 alinéa 1er ne fait réfé- La loi de finances étant la traduction financière de
rence qu’aux projets de loi de finances ce qui la politique du gouvernement, il semble donc jus-
exclut toute « proposition » de loi de finances tifié qu’il procède à sa préparation. En outre, cette
émanant des parlementaires. En pratique, ceci ne phase préparatoire qui représente un travail
signifie pas que le parlement ne soit pas amené considérable d’analyse et de prévision nécessite
à débattre avec l’exécutif les orientations de la la contribution de spécialistes justifiant la prépon-
politique budgétaire avant le dépôt du PLF. Le dérance technique de l’exécutif.

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De nombreux acteurs sont impliqués dans la pré- choix politiques du chef du gouvernement. Si
paration du projet de loi de finances, avec une juridiquement, il est considéré comme l’égal d’un
participation active des ministères dépensiers ministre dépensier, il dispose en pratique d’un
soumis désormais à une obligation de résultats. pouvoir réel supérieur, ce qui lui attribue une
prépondérance de fait au sein du gouvernement.
1.1. Le Chef du Gouvernement, Son autorité financière a été certes tempérée par
autorité budgétaire la loi organique de 1998 qui a affirmé l’autorité du
Premier ministre sur le ministre des finances.
Le Chef du Gouvernement joue un rôle important
L’article 32 de l’ancienne loi organique relative à
en vertu des compétences qui lui sont dévolues
la loi de finances de 1998 rappelle en effet que le
par la Constitution et la loi organique. Cette der-
ministre des finances reste « sous l’autorité
nière consacre le Chef du Gouvernement en tant
du Premier ministre ». Il en est de même de l’arti-
qu’autorité budgétaire aux côtés du ministre
cle 46 de la LOF de 2015. Dans la pratique, il
chargé des finances.
conserve cependant un rôle prépondérant dans
L’article 78C accorde un pouvoir d’initiative poli- les choix budgétaires et les arbitrages rendus2.
tique au Chef du Gouvernement : initiative légis- Par ailleurs, en tant que ministre « dépensier » il
lative partagée entre lui et les membres du Parle- est le seul ministre « encaisseur » de recettes. De
ment, sauf en matière de loi de finances. ce fait, il a pour mission particulière d’assurer
l’équilibre des finances publiques, ce qui fait de
L’article 46 de la LOF dispose que le PLF est pré-
lui le personnage-clé du Gouvernement.
paré par le ministre chargé des finances « sous
l’autorité du Chef du Gouvernement ». Cet article
reconnaît au Chef du Gouvernement un pouvoir
1.3. La responsabilisation des
d’encadrement en matière budgétaire. Il n’inter- acteurs politiques et administratifs
vient pas dans la procédure budgétaire elle- Avec la nouvelle loi organique, les ministres
même de préparation du budget qui reste le dépensiers participent activement dès le premier
domaine du ministre chargé des finances, mais il trimestre de l’année à la procédure de prépara-
imprime sa marque politique sur le PLF qui consti- tion de la loi de finances en établissant leurs pro-
tue un moment clé de la mise en œuvre de son positions de Programmations Budgétaires Trien-
programme politique, en déterminant les grandes nales assorties des objectifs et des indicateurs de
orientations et en procédant aux arbitrages sur les performance.
problèmes importants pouvant opposer le minis-
tre chargé des finances aux ministres « dépen- Avant le 15 mars de chaque année, et suite à la
siers ». circulaire du Chef du Gouvernement, les ministres
dépensiers doivent établir leurs propositions de
La rupture est décisive vis-à-vis de la LO de 1962, programmations budgétaires triennales assorties
où cette préparation était du seul ressort du des objectifs et des indicateurs de performance.
ministre des finances. Avec la loi organique de Cette programmation budgétaire triennale, ac-
1998, on a voulu limiter les pouvoirs du ministre tualisée chaque année, détermine l’évolution, sur
chargé des finances en le confinant dans un rôle trois ans, de l’ensemble des ressources et charges
de préparation technique et conférer au Premier du budget général, des services de l’État gérés
ministre (actuellement Chef du Gouvernement) de manière autonome (SEGMA) et des comptes 1 Compte tenu des enjeux
un rôle politique1 essentiel, à savoir donner les spéciaux du trésor (CST). Cette programmation financiers, économiques et
directives et arbitrer en cas de conflit entre minis- est glissante et comporte des éléments faisant sociaux du budget, sa
préparation ne peut se réduire
tères. l’objet d’une programmation ferme, non révisable à une simple opération
technique. Une intervention
la première année et des éléments donnant lieu politique est nécessaire pour
1.2. Le rôle déterminant du ministre à une programmation indicative pour les deux opérer certains choix et
donner ainsi un sens à l’acte
chargé des finances autres années. budgétaire.

Cela implique que les ministres dépensiers


2 Arbitrage entre les ministres
Le ministre chargé des finances se trouve au afin d’obtenir un équilibre
doivent : budgétaire qu’il a seul les
centre de la procédure de préparation du projet moyens de définir.
de loi de finances même si elle se déroule sous Premièrement, structurer leurs budgets autour 3 Le parlement autorise la
l’autorité du Chef du Gouvernement. L’article 46 de programmes3, présentés dans les projets de dépense de l’État selon une
nomenclature budgétaire qui
de la LOF lui confère un rôle très important dans performance (PdP) représentatifs de projets ou doit lui permettre d’apprécier
ce processus : il est l’autorité financière du d’actions cohérents de la politique publique l’objet auquel elle est
consacrée. La structure de
Gouvernement et le « maître d’œuvre » de cette concernée. Contrairement à la loi organique de présentation du PLF constitue
le cadre du dialogue entre le
première phase de la procédure budgétaire. Il 1998 qui structurait les dépenses en chapitres, la Gouvernement et le
assure la traduction en termes budgétaires, des LOF de 2015 privilégie la logique des politiques Parlement.

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publiques, qu’elle structure en une série de pro- l’approche budget-programme (BP) accorde aux
grammes. La nouvelle approche place la culture responsables de programmes une plus grande
des résultats au centre du processus budgétaire. liberté d’action dans la gestion de leurs crédits.
En amont de ce processus figure les grandes Désignés par leur ministre de rattachement pour
orientations en matière de politiques publiques assurer le pilotage de la mise en œuvre des poli-
définies par le Gouvernement et dont la charge tiques publiques et en rendre compte, les RP sont
revient aux ministres. Les programmes doivent devenus des gestionnaires. Ils sont en charge de
ainsi rendre lisibles les politiques de l’État en l’animation du dialogue de gestion avec les éche-
termes d’une part, de finalités et de résultats et, lons inférieurs. Ce sont le plus souvent des direc-
d’autre part, d’identification des acteurs respon- teurs d’administration centrale, des secrétaires
sables de leur mise en œuvre. Dans la mesure où généraux et des directeurs des établissements
le budget-programme au Maroc est à ses débuts publics.
et que sa maîtrise nécessite du temps, le choix de
se limiter au programme ministériel semble justi- Enfin, chaque département ministériel doit
fié. En revanche, il serait judicieux à terme, d’en- élaborer un projet de performance (PdP) visant à
visager une évolution de la LOF dans le sens de présenter la stratégie du ministère, les crédits qui
la création de programmes interministériels pour lui sont accordés sur une période triennale au
les grandes politiques publiques, ce qui renforce- niveau de tous les supports budgétaires (le
rait l’efficacité de l’action publique. Outil nou- Budget Général, les Services de l’État Gérés de
veau, mis en application en 2018, il est trop tôt Manière Autonome et les Comptes d’Affectation
pour connaître sa pertinence exacte en termes Spéciale). Ce projet de performance comprend :
d’évaluation des choix publics. la stratégie du secteur ; la déclinaison de la stra-
tégie en programmes ; les crédits alloués aux
Deuxièmement, procéder à un pilotage par la
programmes ; les objectifs définis pour chaque
performance en définissant des objectifs en fonc-
programme et les responsables de programme ;
tion des finalités d’intérêt général ainsi que des
la définition précise des indicateurs retenus et la
indicateurs chiffrés permettant de mesurer les
méthode de leur calcul.
résultats atteints. Au Maroc, la responsabilité des
gestionnaires de crédits était limitée au respect
Après l’exposé du ministre chargé des finances en
de la régularité des dépenses qu’ils engagent.
conseil de gouvernement relatif à l’état d’avance-
Ces gestionnaires n’étaient pas soumis à une obli-
ment de l’exécution de la loi de finances en cours,
gation de résultat. La LOF fait évoluer la logique
à la présentation des ressources et charges de
de l’action publique pour imposer une culture de
l’État et à la présentation des grandes lignes du
gestion axée sur les résultats.
PLF de l’année suivante, les ordonnateurs sont
Troisièmement, désigner des responsables de invités par circulaire du Chef du gouvernement à
programme (RP) chargés de définir les objectifs établir leurs propositions de recettes et de
et les indicateurs dudit programme et assurer le dépenses pour l’année budgétaire suivante. Ces
suivi de sa mise en œuvre. Le responsable de pro- propositions ainsi que les projets de dispositions
gramme est défini comme celui qui s’engage sur à insérer dans le PLF doivent parvenir au ministère
les objectifs du programme, qui en rend compte chargé des finances en vue d’arrêter les projets
au ministre et qui dispose de la liberté d’affec- des budgets des départements ministériels, selon
tation des moyens donnés par la fongibilité. les modalités et le calendrier fixés par ladite
En échange d’une plus grande responsabilité, circulaire.

2 Un calendrier réaménagé avec deux nouvelles phases


L’article 46 de la LOF se veut des plus brefs au Contrairement à la procédure de vote qui est très
sujet de la préparation de la loi de finances : encadrée par la loi organique, la procédure de
« Sous l’autorité du Chef du Gouvernement, le préparation du budget n’est pas organisée par la
ministre chargé des finances prépare les projets LOF, seule la date de fin de processus est fixée au
de loi de finances conformément aux orientations plus tard le 20 octobre de l’année budgétaire en
générales ayant fait l’objet de délibérations au cours ; dépôt en priorité sur le bureau de la
Conseil des ministres conformément à l’article 49 chambre des représentants depuis la nouvelle
de la Constitution ». Constitution de 2011.

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Le calendrier de préparation du PLF est donc la LOF prévoit que « la programmation plurian-
prévu par décret. Il s’agit de l’article 2 du décret nuelle des départements ministériels ou institu-
n° 2-15-426 du 15 juillet 2015 relatif à l’élaboration tions, ainsi que celle des établissements et en-
et à l’exécution des lois de finances et du décret treprises publics soumis à leur tutelle et bénéfi-
n° 2-17-607 du 19 décembre 2017 modifiant et ciant de ressources affectées ou de subventions
complétant le décret de 2015. de l’État, est présentée, pour information,
aux commissions parlementaires concernées en
Avec la mise en œuvre de la LOF, ce calendrier
accompagnement des projets de budgets des-
a été réaménagé par l’introduction de deux
dits départements ministériels ou institutions ».
nouvelles phases : la phase de programmation et
la phase d’information du Parlement. La procé- Au plus tard le 15 mars de l’année n-1, le Chef du
dure comprend désormais trois phases : en Gouvernement invite par circulaire les ordonna-
premier lieu, une phase de programmation (2.1), teurs (départements ministériels et institutions) à
intervient ensuite la phase de consultation du Par- établir leurs propositions de programmations
lement (2.2) et enfin la phase d’orientation budgétaires triennales assorties des objectifs et
et d’arbitrage (2.3). Notons qu’en pratique, la des indicateurs de performance. (art.5 de la LOF
préparation du budget de l’État débute dès le et art.2 du décret du 19 décembre 2017 modifiant
premier jour de l’année civile, de janvier à mars, et complétant le décret n° 2-15-426 du 15 juillet
par l’élaboration du Tableau des Opérations 2015 relatif à l’élaboration et à l’exécution des lois
Financières du Trésor (TOFT) à moyen terme. de finances).

Les départements ministériels et institutions sont


2.1. La phase de programmation :
tenus de transmettre, avant le 15 avril de chaque
mars-juillet année, au ministère chargé des finances, les
propositions de programmations budgétaires
2.1.1. Un budget s’inscrivant dans un
cadre budgétaire triennal triennales se rapportant à leurs budgets, aux
budgets des SEGMA qui leur sont rattachés et
L’élaboration de la loi de finances de l’année par aux comptes d’affectation spéciale dont ils sont
référence à une programmation budgétaire trien- ordonnateurs.
nale actualisée et glissante a pour objectif (a) de
clarifier la vision stratégique à MT du Gouver- Rappelons qu’au Maroc, l’entrée en vigueur de la
nement pour atteindre les objectifs de dévelop- LOF s’est faite de façon progressive, suivant
pement économique et social du pays ; (b) de fixer un calendrier étalé sur 5 ans. Dans cet esprit,
les priorités de l’action publique et leur mise en l’approche de la réforme budgétaire a consisté à
cohérence ; (c) de renforcer la discipline budgé- expérimenter, à législation constante et à
taire (adéquation entre politiques sectorielles et systèmes d’informations quasiment inchangés,
objectifs de la soutenabilité et de la viabilité du certaines dispositions de la LOF auprès de cer-
cadre macroéconomique ; (d) d’améliorer les tains départements ministériels dits préfigura-
conditions de préparation du PLF ; (e) d’octroyer teurs, dans le but de leur permettre de s’appro-
une meilleure visibilité aux gestionnaires dans prier un système moderne de gestion avant la
la gestion des programmes en fournissant un mise en œuvre complète et généralisée de la LOF.
outil de suivi de la performance des dépenses Ces préfigurations ont été encadrées par des cir-
publiques en termes d’efficacité, d’efficience et culaires du Chef du Gouvernement au début de
de qualité de service, en somme d’assurer une chaque vague de préfiguration (période 2014-
meilleure allocation des ressources. 2017), soit 4 vagues de préfigurations. Elles visent
notamment, à identifier les mesures d’atténuation
La procédure budgétaire débute ainsi par l’éta-
des risques liés à la mise en œuvre effective de la
blissement d’une programmation budgétaire
loi organique ainsi que les besoins en matière
triennale par ministère, qui sera totalement effec-
d’accompagnement et de formation. Cette pro-
tive, conformément au calendrier d’entrée en
grammation vise à :
vigueur de la LOF, en 2019.
– renforcer la discipline budgétaire globale, en
L’article 5 de la loi organique relative à la loi de conciliant les objectifs de développement secto-
finances de 2015, prévoit que la préparation de la riel et les réformes engagées par le Gouverne-
loi de finances de l’année se fait par référence à ment avec les impératifs de préservation des
une programmation budgétaire triennale (PBT) équilibres fondamentaux et de maitrise du déficit
glissante, actualisée chaque année. L’article 48 de budgétaire ;

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– accroître l’efficacité de l’allocation des res- ment l’état d’avancement de l’exécution de la loi
sources budgétaires en renforçant le lien entre de finances en cours, la programmation triennale
les stratégies sectorielles et le budget annuel ; des ressources et des charges de l’État et les
– améliorer les conditions de préparation de la grandes lignes du PLF de l’année suivante.
loi de finances en l’inscrivant dans un horizon de
Au courant toujours du mois de juillet de N-1, une
trois ans glissant tout en tenant compte des im-
circulaire d’orientation du chef du Gouvernement
pératifs de maîtrise des équilibres fondamentaux ;
invite les différents ministres à procéder à la pré-
– donner une meilleure visibilité aux gestion-
paration du PLF de l’année N conformément aux
naires pour gérer leurs programmes et fournir un
lettres de cadrage.
cadre à moyen terme de suivi de la performance
des dépenses publiques en termes d’efficacité, 2.1.2. Un budget structuré par
d’efficience et de qualité de service. programmes, introduisant une
nouvelle nomenclature budgétaire 
Ainsi, les ressources et charges prévues au titre du
projet de loi de finances doivent correspondre à Un des profonds changements apporté par la
celles de la 1re année de cette PBT, les prévisions LOF de 2015 concerne la classification du budget
des ressources et charges pour les deux années en programmes figurant dans les projets de per-
suivantes sont actualisées annuellement. formance (PdP) élaborés par chaque département
Les prévisions triennales des dépenses issues de ministériel ou institution concerné. Le programme
la programmation budgétaire triennale figurent est le support de la gestion par objectifs. Sur le
au niveau des projets de performance afin d’as- plan technique, la LOF impose aux gestionnaires
surer leur cohérence avec les objectifs de perfor- de rendre des comptes sur l’efficacité de l’utilisa-
mance et limiter ainsi la multiplication des docu- tion des crédits qui leur ont été attribués (Lambert
ments budgétaires. et Migaud, 2005).

Le projet de performance élaboré par chaque La LOF a introduit une nomenclature budgétaire
département comporte les données sur sa stra- par destination des crédits (programmes et
tégie et les crédits accordés sur 3 ans. Il reprend projets/actions) et par région en plus de la
les programmes du département, les objectifs nomenclature par nature de dépenses (lignes
associés à chaque programme ainsi que les indi- budgétaires), et distingue ainsi la nomenclature
cateurs retenus et la méthode de calcul utilisée. budgétaire de programmation présentée dans les
Ce projet de performance est communiqué à morasses transmises au Parlement à l’occasion de
la direction du budget en accompagnement l’examen du projet de loi de finances, de la
du projet de budget sectoriel en vue d’une vali- nomenclature budgétaire d’exécution qui com-
dation par les commissions budgétaires et de prend la ligne budgétaire et accompagne le pro-
performance. jet de loi de règlement au Parlement. Cette
nouvelle nomenclature programmatique apporte
Il convient de souligner que le budget reste annuel, un gain en termes de lisibilité de l’action
car seule la loi de finances annuelle, qui est votée publique ; elle permet de connaitre les moyens
par le Parlement, a une valeur obligatoire et une affectés par l’État aux politiques qu’il conduit.
force contraignante. Certains pays européens
encadrent leur budget par des programmes Un programme désigne le cadre de mise en
pluriannuels de dépense contraignants. Cette œuvre des politiques publiques portées par le
approche n’a pas été retenue par la LOF maro- département ministériel ou l’institution. C’est une
caine. Il a été jugé préférable d’assurer la robus- présentation par destination et finalité de la
tesse du système de projections des dépenses, dépense qui permet de comprendre à quelle
avant d’envisager de leur donner un caractère politique publique sont affectés les crédits. Le
contraignant. programme est l’unité de spécialisation des
crédits, c’est-à-dire l’ensemble au sein duquel le
Avant le15 mai de l’année n-1, les propositions de
gestionnaire est en mesure – en dehors du cas
programmations budgétaires sont examinées par
spécifique des dépenses de personnel – d’affec-
les commissions de programmation et de perfor-
ter librement, et donc de redéployer des crédits
mance regroupant les représentants du ministère
en cours de gestion. Autrement dit, un pro-
chargé des finances et les ministères sectoriels.
gramme peut se définir comme un engagement
Avant le 15 juillet de l’année n-1, le ministre chargé sur les résultats (PdP) et le compte rendu des
des finances expose en Conseil du Gouverne- résultats (RdP).

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Présentation des crédits selon une nouvelle nomenclature faisant référence à la


finalité des dépenses
La LOF a consacré une nouvelle gestion du 2. Nomenclature des deux parties du budget
budget de l’État basée sur la performance des général, des SEGMA et des CST : recettes et
politiques publiques. La mise en œuvre de cette dépenses ;
nouvelle approche implique une transition d’une 3. Nomenclature par nature des dépenses :
nomenclature basée sur la nature de la dépense, titres et chapitres dans la nomenclature de
à une nomenclature orientée vers la destination programmation et lignes budgétaires dans la
de la dépense. Cette transition, qui a fait l’objet nomenclature d’exécution ;
de 4 vagues de préfigurations a nécessité une
refonte de la nomenclature budgétaire en vue de 4. Nomenclature des départements ministériels
l’adapter aux exigences de la LOF. Ainsi, pour le et des institutions ;
budget général, les dépenses sont présentées, à 5. Nomenclature par destination des dépenses :
l’intérieur des titres, par chapitres, subdivisés en L’axe « destination » de la nouvelle nomenclature
programmes, régions et projets ou actions. budgétaire est l’une des principales innovations
de la LOF qui permet de présenter les crédits
La LOF implique plusieurs types de nomen- selon les politiques publiques mises en œuvre et
clatures budgétaires : les objectifs poursuivis. Il est porté par deux
1- Nomenclature des composantes du budget segments de la nomenclature budgétaire : le
de l’État que sont le budget général, les services segment « programme » et le segment « projet/
de l’État gérés de manière autonome (SEGMA) et action ».
les comptes spéciaux de Trésor (CST) ; 6. Nomenclature des régions.

Tableau 2. Caractéristiques et stratégie d’un programme


Caractéristiques d’un programme Stratégie d’un programme

– Un programme est ministériel. La définition d’une stratégie pour


– Un programme doit refléter les politiques publiques du chaque programme est une étape
ministère de rattachement: il doit porter une politique ou préalable incontournable qui doit pré-
plusieurs politiques du ministère et jamais une partie seu- sider à la définition des objectifs et des
lement de la politique. indicateurs. En effet, la réflexion straté-
gique permet d’une part, de définir les
– Un programme doit toujours être facilement gérable en priorités et de proposer des objectifs
exécution. pertinents, hiérarchisés et en nombre
– Un programme doit avoir une taille critique: il ne doit pas limité et d’autre part, de disposer d’un
être trop étroit pour permettre à son responsable de bé- ensemble cohérent et coordonné d’ob-
néficier de la souplesse de gestion et pas trop large jectifs et de pouvoir justifier leur choix.
pour permettre son contrôle et pour garantir la cohérence
entre les projets/actions qui le composent.

Il convient de souligner à ce titre, qu’il est fonda- général sont présentées, à l’intérieur des titres,
mental que les ministères réfléchissent d’abord à par chapitres, subdivisés en programmes,… ».
leurs activités et aux buts de celle-ci pour conce- L’article 39 de la LOF précise qu’« un programme
voir les programmes plutôt que de calquer des est un ensemble cohérent de projets ou actions
programmes sur leur organisation. relevant d’un même département ministériel…»,
Ce qui exclut l’option des programmes interminis-
La LOF prévoit que les programmes couvrent des tériels, c’est-à-dire les programmes dont les actions
ensembles cohérents d’actions qui s’inscrivent relèvent de plusieurs ministères. Le programme
dans le cadre d’une politique publique et qu’ils dépend d’un seul ministère.
sont placés sous la responsabilité d’un ministre. Les
programmes doivent donc rendre visibles les poli- Au niveau budgétaire, chaque programme cor-
tiques de l’État en termes, d’une part, de finalités respond à des enveloppes de crédits consacrées
et de résultats, et, d’autre part, d’identification des à une politique publique définie (programme de
acteurs responsables de leur mise en œuvre. Selon politique publique) ou au soutien de ces poli-
l’article 38 de la LOF, « les dépenses du budget tiques publiques (programmes support).

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Au niveau managérial, la réforme budgétaire l’exercice, le rapport annuel de performance men-


implique une nouvelle organisation du pilotage tionne les résultats. Il est annexé au projet de loi
d’une politique publique ou des fonctions de de règlement et sert de base au travail de
soutien. L’article 39 de la LOF dispose « qu’un contrôle du Parlement. Avec l’aide de la Cour des
responsable par programme, désigné au sein de Comptes, les parlementaires sont désormais en
chaque département ministériel ou institution, mesure de vérifier la formulation des stratégies,
est chargé de définir les objectifs et indicateurs la pertinence des objectifs au regard de l’attente
dudit programme et d’assurer le suivi de sa mise des citoyens, des usagers et des contribuables
en œuvre ». Chaque programme est dirigé par et de constater l’évolution des indicateurs. Ces
un responsable de programme chargé de son objectifs permettent d’aborder l’action publique
pilotage et responsable de l’atteinte des objectifs de différents points de vue : efficacité socio-
fixés, sous l’autorité du ministre. Afin de lui économique ; qualité du service rendu ; efficience
donner les moyens d’accomplir cette mission, la de la gestion.
LOF lui accorde une souplesse de gestion en
lui permettant de redéployer à sa convenance Au sein de chaque ministère, deux types de pro-
les crédits dont il dispose à l’intérieur du pro- grammes peuvent être identifiés :
gramme. – des programmes de politiques publiques : cas
Il revient donc à ce responsable de programme du programme « Route » au ministère du trans-
de préciser, tant au niveau central que déconcen- port dont l’objectif est d’améliorer le résultat
tré, l’organisation et les procédures de pilotage routier ;
permettant de définir puis d’atteindre les objectifs
– des programmes de soutien et des services
énoncés pour son programme.
polyvalents : « conduite et pilotage ». Il convient
Vis-à-vis du Parlement, le responsable du pro- de préciser que les fonctions de soutien couvrent
gramme est le ministre mais il est amené à confier dans la plupart des cas, des prestations de
la responsabilité de sa mise en œuvre à un res- services indivises. Elles correspondent aux fonc-
ponsable de programme qui sera le plus souvent tions stratégiques (fonctions d’élaboration des
un directeur central. Ainsi, la gestion par les résul- politiques, de la réglementation, d’études, de
tats fait émerger une autre logique de responsa- contrôle, ...) et aux fonctions de gestion des
bilité, la responsabilité managériale. Les respon- moyens (gestion des ressources humaines). Un
sables de programmes se trouvent au centre de « projet ou une action » est défini comme étant
la démarche de gestion par les résultats instaurée « un ensemble délimité d’activités et d’opérations
par la LOF. entreprises dans le but de répondre à un ensem-
ble de besoins définis ».
Au niveau de la performance de l’action publique,
les programmes sont le cadre de la présentation Un projet ou une action est une composante
et de la conduite de la nouvelle démarche de du programme donnant un détail plus fin de la
performance. La LOF contraint les administrations destination de la dépense. Ils doivent être conçus
à se fixer des objectifs et à mesurer les résultats de façon pérenne comme les programmes mais
de leurs actions. L’article 39 de la LOF précise à moindre degré ; Leur nombre doit être limité de
qu’un « programme est un ensemble cohérent de façon à éviter une fragmentation excessive de la
projets ou actions […] auquel sont associés des nomenclature budgétaire.
objectifs définis en fonction des finalités d’intérêt
général ainsi que des indicateurs chiffrés permet- Chaque département doit donc élaborer un pro-
tant de mesurer les résultats escomptés… ». jet de performance (PdP) présentant les données
de sa stratégie et les crédits qui lui sont accordés
Ce même article précise que : « Les objectifs
sur une période triennale. Ce PdP reprend les pro-
d’un programme et les indicateurs y afférents
grammes du département, les objectifs associés
sont repris dans le projet de performance éla-
à chaque programme ainsi que les indicateurs
boré par le département ministériel ou l’institu-
retenus. Les PdP établis par les différents dépar-
tion concerné.
tements sont transmis à la direction du budget en
Le projet de performance est présenté à la com- accompagnement des projets de budget, en vue
mission parlementaire concernée, en accompa- de leur validation avant leur transmission aux
gnement du projet du budget dudit département commissions parlementaires sectorielles concer-
ministériel ou institution. Notons qu’à la fin de nées.

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International

Tableau 3. Objectifs et indicateurs de performance


Objectifs de performance Indicateurs de performance

Les objectifs peuvent être définis comme étant les buts


qu’une organisation se propose d’atteindre au cours d’une
période bien déterminée :
Un indicateur est une représentation
– doivent être sélectifs et couvrant l’essentiel: 1 à 3 par
chiffrée qui mesure la réalisation d’un
programme ;
objectif et permet d’apprécier le plus
– doivent être énoncés en termes clairs, précis, simples et
objectivement possible son atteinte.
faciles à comprendre par tous ;
– ne doivent pas viser un impact trop éloigné mais se caler
sur le budget triennal ; Programme « Appui social aux étudiants »
– ne doivent pas être trop difficiles ou trop faciles à atteindre; – Ministère de l’Enseignement Supé-
– leurs réalisations ne doivent pas dépendre fortement rieur, de la Recherche scientifique et
d’éléments exogènes (l’environnement socioécono- de la Formation des cadres.
mique, la conjoncture, etc.) ;
– Actions de service public : bourses,
– doivent être traduits par des leviers d’action : les leviers
hébergement et restauration des étu-
d’action sont les différents moyens qui doivent être uti-
diants, amélioration et renforcement
lisés pour atteindre les résultats escomptés, le plus sou-
des cités et restaurants universitaires.
vent avec les mêmes moyens et parfois moins ;
– ils doivent attester l’amélioration : pas d’objectifs de
moyens ni d’activités.

2.2. La phase d’association du muniquée au Parlement. Mais quelle que soit sa


Parlement aux choix budgétaires en finalité, sa portée reste malgré tout réduite.
amont
2.3. La phase d’élaboration et
d’arbitrage : septembre-octobre
Depuis l’institution de la nouvelle loi organique,
les parlementaires jouent un rôle plus actif dans année N-1
l’autorisation des dépenses. Le Parlement est as- Les propositions budgétaires effectuées par les
socié pour la première fois en amont, par le jeu ministères dépensiers sont transmises à la direc-
d’un débat budgétaire (entrée en vigueur en tion du budget selon un calendrier fixé par cir-
2019). En rendant obligatoire ce débat devant le culaire. Elles sont examinées de façon contradic-
Parlement avant même le dépôt officiel du PLF, la toire au cours des commissions budgétaires
LOF institutionnalise une nouvelle pratique. Le organisées au ministère chargé des finances,
Parlement se trouve informé, dès ce stade du pro- entre les responsables de la direction du budget
cessus d’élaboration de la prochaine loi de et les représentants des différents ministères.
finances de manière à le sensibiliser sur les choix Cette troisième phase est l’occasion de discus-
du budget en préparation et à disposer de son sions serrées entre les ministères dépensiers et la
feedback sur ces choix. direction du budget.
La direction du budget s’appuie sur la lettre de
Ce débat doit intervenir avant le 31 juillet, confor-
cadrage du chef du Gouvernement pour mener
mément à l’article 47 de la LOF qui prévoit que le
les débats. La difficile mission de la direction du
ministre chargé des finances doit exposer aux
budget est alors de sauvegarder la cohérence
commissions des finances du Parlement, avant le
de l’ensemble de l’action gouvernementale. Les
31 juillet, le cadre général de préparation du pro-
arbitrages sont effectués par le directeur du
jet de loi de finances de l’année suivante compor-
budget, par le ministre chargé des finances ou par
tant l’évolution de l’économie nationale, l’état
le Chef du Gouvernement. L’arbitrage du Chef de
d’avancement de l’exécution de la loi de finances
Gouvernement n’étant, en principe, requis que
en cours à la date du 30 juin , les données relatives
sur les points les plus stratégiques.
à la politique économique et financière et la pro-
grammation budgétaire triennale globale. Mais il Ces conférences s’achèvent par la préparation du
ne s’agit que d’un débat, qui n’est pas assorti d’un projet de loi de finances (PLF), la délibération des
vote. Il s’agit donc d’une simple information com- orientations générales du PLF par le conseil des

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ministres, l’adoption par le Conseil du Gouver- application qu’en 2020. Toutefois, l’expérience
nement et son dépôt en priorité sur le bureau internationale a montré que la mise en œuvre de
de la chambre des représentants au plus tard le la réforme et plus particulièrement le budget-
20 octobre de l’année budgétaire en cours. programme (BP) est une démarche complexe qui
nécessite un effort soutenu de mobilisation de
Conclusion ressources tant techniques qu’humaines quali-
Au-delà de la dimension financière et technique, fiées. En effet, l’élaboration du BP exige notam-
la réforme budgétaire au Maroc intervient à un ment : (a) de rendre disponible et de mettre à jour
moment historique marqué par une aspiration une multitude d’informations ; (b) de conduire une
collective à la bonne gouvernance, à la reddition bonne analyse des problèmes posés dans chaque
des comptes et à une meilleure performance secteur ; (c) de définir la vision, les objectifs, les
publique. La procédure traditionnelle de prépa-
stratégies et les résultats escomptés ; (d) de dé-
ration de la loi de finances n’était pas adaptée à
crire les activités et les responsabilités ; (e) d’iden-
ces nouveaux enjeux, étant marquée par une
tifier les indicateurs de performance. Au Maroc,
insuffisante collégialité des choix. Avec la nouvelle
la question reste posée de savoir si l’ensemble
LOF, la procédure de préparation du budget ins-
taure une logique de performance qui responsa- des différents acteurs, en particulier les parlemen-
bilise l’ensemble des acteurs tout en favorisant la taires, seront disposés à acquérir les compétences
maîtrise des finances publiques. Il est prématuré et à assumer pleinement les nouvelles respon-
d’évaluer la portée de cette récente initiative sabilités que la loi organique du 2 juin 2015 leur
sachant que la réforme n’entre pleinement en assigne désormais en matière budgétaire.

Références

n BARILARI A. et BOUVIER M., La LOLF et la nouvelle gouvernance financière de l’État, LGDJ, coll. Systèmes, 2007.
n MORDADACQ F., La LOLF : un nouveau cadre budgétaire pour réformer l’État, LGDJ, coll. Systèmes, 2006.
n REVUE AL MALYA, ministère des finances du Maroc.
n La Constitution du Maroc de 2011, dahir n° 1.11.91 du 29 juillet 2011
n Dahir n° 1-15-62 du 2 juin 2015, portant promulgation de la loi organique n° 130-13 relative à la loi de finances.
n Décret n° 2-15-426 du 15 juillet 2015, relatif à l’élaboration et à l’exécution des lois de finances.
n Décret n° 2-17-607 du 19 décembre 2017, modifiant et complétant le décret n° 2-15-426 du 15 juillet 2015 relatif à
l’élaboration et à l’exécution des lois de finances.

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