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1) L’accord
L’opération de rachat de la division PC d’IBM débuta en 2004, avec le soutien du cabinet de conseil
McKinsey et de la banque d’investissement Goldman Sachs. Legend venait d’être rebaptisé Lenovo
en 2003 (pour « Legend Novo » ou « nouveau Legend »). De son côté, IBM voulait se débarrasser
de sa division PC, dont la part de marché aux États-Unis n’était plus que de 4 % et dont la rentabilité
souffrait fortement d’une vive intensité concurrentielle, dominée par Dell et HP. La stratégie d’IBM
consistait à se recentrer sur les services et les gros systèmes, nettement plus lucratifs. Même si IBM
avait aussi reçu une offre de rachat de la part du fonds d’investissement Texas Pacific Group, le prix
proposé par Lenovo était plus élevé. Texas Pacific Group se contenta donc de prendre une
participation dans le capital de la nouvelle entité. IBM en prit pour sa part 13 %, alors que le
principal actionnaire restait l’Académie chinoise des sciences, un organisme gouvernemental, avec
27 %.
Le nouveau président, Yang Yuanqing, avait une vision claire des objectifs de l’entreprise, même
s’il admettait qu’il faudrait pour cela relever plusieurs défis :
Dans 5 ans, je veux que Lenovo soit une marque de PC réputée, dont la croissance sera le double de
celle de son industrie. Je veux des marges importantes et peut-être d’autres activités mondiales au-
delà des PC. Nous sommes au début de cette nouvelle entreprise, ce qui nous permet de définir les
fondements de sa culture. Les trois mots que je souhaite utiliser pour la décrire sont confiance,
respect et harmonie.
IBM n’avait pas totalement laissé son ancienne activité voler de ses propres ailes. Lenovo avait le
droit d’utiliser les marques IBM et ThinkPad sur ses PC pendant cinq ans. Les équipes
commerciales d’IBM seraient financièrement motivées à vendre des PC Lenovo, tout comme elles
l’avaient été à vendre les PC IBM. IBM Global Services était chargé d’assurer la maintenance et le
support après-vente. IBM détenait deux sièges d’observateurs au conseil d’administration de la
nouvelle entité. Enfin, Stephen Ward, l’ancien directeur de la division PC d’IBM, âgé de 51 ans, avait
été nommé directeur général de Lenovo.
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de Lenovo était composée de trentenaires, nettement plus jeunes que leurs collègues d’IBM. L’âge
moyen de la nouvelle entité dans son ensemble était de 28 ans. De même, IBM était célèbre pour ses
procédures et ses routines. Comme le disait Qiao Jian : «Chez IBM, une fois qu’ils ont fixé un horaire
pour une téléconférence, ils le conservent toutes les semaines. Mais pourquoi organiser une
téléconférence si on n’a rien à se dire?» Par ailleurs, dans la culture d’IBM, il était de coutume
d’arriver en retard aux réunions, ce qui était inadmissible du point de vue de Lenovo.
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cours de l’action Lenovo connut une forte croissance, ce qui poussa IBM à revendre sa participation.
En juillet 2008, la part d’IBM dans le capital de son ancienne filiale était tombée à moins de 5 %.
Quelques mois plus tard, un fonds d’investissement contrôlé par le gouvernement chinois acquit
27 % du capital de Lenovo, devenant ainsi son principal actionnaire.
En 2009, le ralentissement de l’économie chinoise toucha assez fortement Lenovo, qui subit une
baisse de son chiffre d’affaires de 6 % et de son résultat de 94 %. Le groupe annonça alors un plan
de suppression de 2 500 emplois. Dès 2010, les ventes (16,6 milliards de dollars) et les résultats
(176 millions) repartirent à la hausse. Après avoir très fortement chuté en 2009, le cours de l’action
retrouva son niveau de 2008. Lenovo fut le fournisseur des équipements informatiques pour
l’exposition universelle de Shanghai, qui se déroula de mai à octobre 2010. Sur le marché chinois,
Lenovo détenait alors une part de marché des PC de plus de 35 %, ce qui représentait 48 % de son
chiffre d’affaires. Parallèlement, Lenovo était devenu la troisième marque de téléphones mobiles
sur le marché chinois avec des modèles tels que LePhone, un smartphone présenté comme «un
concurrent de l’iPhone d’Apple adapté aux clients chinois».
Sources : lenovo.com ; L. Zhijun, The Lenovo Affair, Wiley, 2006 ; Business Week, 9 mai 2005, 22 décembre 2005, 20 avril
2006 et 7 août 2006 ; Financial Times, 8, 9 et 10 novembre 2005 ; Les Echos, 8 novembre et 4 mai 2010, 23 février 2009 ;
L’Expansion, 8 janvier 2009.
Questions
1. Quelles sources nationales d’avantage concurrentiel Lenovo peut-il retirer de son implantation en
Chine ? En quoi cela peut-il être un inconvénient ?
2. Quel type de stratégie internationale conseilleriez-vous à Lenovo : l’exportation simple,
l’approche multidomestique, l’exportation complexe ou l’approche globale ?
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