Vous êtes sur la page 1sur 2

Sujet : Un penseur disait : « le pouvoir est comme un œuf quand on le presse

trop fort, il s’écrase entre nos doigts, quand on le serre moins fort, il tombe et
s’écrase de toute façon ». Argumentez.

L’exercice du pouvoir ne doit pas être confié à tout le monde parce que le
pouvoir est un couteau à double tranchant. La notion de pouvoir revêt plusieurs
sens. Le pouvoir se définit comme la faculté reconnue à certains appelés
« dirigeants » d’ordonner ou de commander, d’avoir de l’autorité sur d’autres
personnes appelées « gouvernés ». Quant à l’œuf, c’est un produit pondu
généralement par les volailles. L’œuf se caractérise principalement par sa
fragilité c’est-à-dire qu’il peut se casser facilement. Ce sujet soumis à notre
réflexion fait une comparaison entre le pouvoir et l’œuf du point de vue de leur
fragilité. Tout comme l’œuf, le dirigeant qui exerce son pouvoir avec trop
d’autorité le perd, celui qui l’exerce avec trop de faiblesse le perd également.
C’est probablement ce qui fait dire à ce penseur : « le pouvoir est comme un œuf
quand on le presse trop fort, il s’écrase entre nos doigts, quand on le serre moins
fort, il tombe et s’écrase de toute façon ». Dans quelle mesure pouvons-nous
affirmer que le pouvoir est autant fragile que l’œuf ?

D’une part, l’exercice du pouvoir avec trop d’autorité conduit à sa perte. Il


entraîne le plus souvent des abus exercés sur la population. Les dirigeants sont,
généralement tentés, de préserver leur domination sur la population en faisant
usage de la force. C’est pourquoi, un adage assez répandu affirme : «tout
pouvoir abuse. Le pouvoir absolu abuse absolument ». Cette assertion prouve
qu’on peut difficilement dissocier le pouvoir de la violence, ce qui implique que
les dirigeants seront amenés à exercer le pouvoir avec autorité afin de le
préserver. Montesquieu ne disait-il pas dans son ouvrage intitulé « De l’esprit
des lois » : « tout détenteur du pouvoir est tenté d’en abuser ». Or, à force
d’exercer le pouvoir avec autorité, on finit par se créer des problèmes. En effet,
le pouvoir autoritaire s’accompagne généralement d’abus et de violations des
droits de ceux sur qui il s’exerce, c’est-à-dire la population. Lorsque cette
population en a marre, elle risque de se révolter contre le pouvoir autoritaire.
Ceci dit, cette révolte généralisée peut conduire le pouvoir à sa perte. De
nombreux exemples existent pour illustrer nos propos. Ainsi, au Mali, les 23 ans
de pouvoir du Président feu Moussa TRAORE ont été fortement contestés.
Beaucoup ont considéré le régime du Président feu Moussa TRAORE comme un
« pouvoir dictatorial et autoritaire ». Pour preuve, c’était l’époque du parti
Session de formation à l’attention des candidats du concours d’entrée à l’ENA- 2022
Cours de Dr Drissa Mamadou COULIBALY (75460034)
unique qui ne laissait pas de place à d’autres opinions politiques. C’est pourquoi,
quand la population a souffert de cet exercice du pouvoir par un seul clan, elle
s’est révoltée pour demander plus de liberté et surtout pour exiger la démocratie
et le multipartisme. C’est ainsi que le pouvoir autoritaire de feu Moussa TRAORE
a fini par chuter à la faveur des événements du 26 mars 1991. De la même
manière, la révolution qui a eu lieu en France en 1789 apporte une autre preuve
des inconvénients du pouvoir exercé avec trop d’autorité. Dans ce pays, le Tiers-
Etat qui représentait à peu près 98% de la population faisait face à toutes sortes
d’injustices avec beaucoup d’impôts à payer. Cette injustice, entretenue par le
pouvoir, a eu comme conséquence la chute du roi Louis XVI en 1789.
D’autre part, le pouvoir exercé avec faiblesse est tout aussi dangereux. En
effet, le dirigeant qui exerce le pouvoir avec faiblesse et souplesse apparait aux
yeux de la population comme étant très faible. Cette population peut tout se
permettre sans grande conséquence. Elle peut même être tentée de braver,
d’affronter ou de narguer le pouvoir. Or, comme Voltaire le disait, « un pouvoir
impunément bravé touche à sa ruine ». En tout état de cause, le dirigeant doit
éviter de paraitre faible aux yeux de la population, sinon, il risque de perdre le
pouvoir. C’est dans ce contexte que nous partageons cette réflexion de Cicéron
qui disait : « tout pouvoir, en un mot, perit par l’indulgence ». A force de tout
tolérer, de tout pardonner, le peuple n’aura plus peur du pouvoir qui court alors
à sa perte. A titre illustratif, nous pouvons évoquer le second mandat du
Président malien feu Amadou Toumani TOURE (ATT) caractérisé par un certain
« laisser-aller » au sommet de l’Etat. Le laxisme et la faiblesse du régime ont
facilité un coup d’Etat en 2012. De même, le second mandat du Président malien
feu Ibrahim Boubacar KEITA (IBK) s’était révélé très faible. Le pouvoir était défié
dans la plus grande impunité. Le Mouvement du 5 juin Rassemblement des
Forces Patriotiques (M5 RFP) en a profité pour amorcer diverses actions qui se
sont conclues par un coup d’Etat militaire le 18 août 2020.

L’exercice du pouvoir est très délicat. Plutôt que de l’exercer avec autorité ou
faiblesse, l’Ideal serait d’adopter le juste milieu. C’est pourquoi nous partageons
cette réflexion de Paul Valery qui disait : « si l’Etat est fort, il nous écrase, s’il est
faible nous périssons ». Nicolas Machiavel opte également pour le juste milieu
en affirmant : « le roi doit être à la fois un lion et un renard ». Alors, en définitive,
le pouvoir est-il sans risque, quelle que soit la façon dont on l’exerce ?

Session de formation à l’attention des candidats du concours d’entrée à l’ENA- 2022


Cours de Dr Drissa Mamadou COULIBALY (75460034)

Vous aimerez peut-être aussi