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_MG905_CC_romero 5/09/13 12:16 Page 548

548 C AS CLINIQUE Par M. Romero*, T. Brillac*, B. Guyard Boileau**, S. Oustric*

Mal à droite ? DISCUSSION


Le syndrome de Fitz-Hugh-Curtis est une forme particulière de
salpingite, il complique 4 à 14 % des infections pelviennes.
Germes responsables : Chlamydia trachomatis (80 %) et Neisseria
Une patiente de 27 ans consulte pour une gonorrhœæ (20 %). La physiopathologie n’est pas encore claire-
douleur intense de l’hypochondre droit apparue ment identifiée. Plusieurs hypothèses : possible propagation du
il y a quelques jours associée à un syndrome germe du pelvis vers la surface du foie par les mouvements de
grippal. Quinze jours auparavant, on lui a posé liquide péritonéal, diffusion par voie hématogène ou lympha-
un dispositif intra-utérin au cuivre. tique ou réponse immunitaire exagérée à C. trachomatis.
La symptomatologie se limite souvent à une douleur isolée de
À la palpation : sensibilité superficielle
l’hypochondre droit qui peut orienter à tort vers une pathologie
de l’hypochondre droit. Pas de défense ni de
hépatobiliaire. Elle est majorée par les mouvements, l’inspiration
Murphy ni d’hépatomégalie. Les bruits hydro-
profonde et se caractérise par une sensibilité superficielle à la
aériques sont perçus. La température est palpation. C’est la conséquence d’adhérences entre la capsule du
à 36,5 °C. Le DIU est en place, sans leucorrhée foie et le péritoine. Parfois s’y associent : douleur hypogastrique,
ni douleur à la mobilisation utérine. fièvre, leucorrhées, pollakiurie et brûlures mictionnelles.
On note un syndrome inflammatoire biologique On retrouve un syndrome inflammatoire biologique, les trans-
(CRP : 142 ; leucocytes : 10 000/mm3 ; aminases peuvent être légèrement augmentées ou normales.
neutrophiles : 6 670/mm3). Le bilan hépatique L’échographie abdomino-pelvienne est le plus souvent normale.
est sans anomalie. Les sérologies des hépatites A Rarement, elle montre du liquide péritonéal périhépatique, un
épaississement de la capsule hépatique, du liquide au niveau des
et B sont négatives.
trompes et un épaississement pariétal tubaire. Un scanner abdo-
L’échographie abdomino-pelvienne ne met mino-pelvien avec injection de produit de contraste confirme le
en évidence qu’une discrète hépatomégalie diagnostic : rehaussement de la capsule hépatique antérieure et
homogène. signes d’inflammation pelvienne.
Le scanner révèle une hépatomégalie avec Une documentation bactériologique est indispensable et
stéatose, associée à un discret infiltrat de la nécessite un prélèvement vaginal et de l’endocol après désinfec-
tion de l’exocol. La recherche de Chlamydia trachomatis peut
graisse périhépatique en regard du segment VI
également être réalisée par PCR sur le premier jet d’urine. Si la
(foie droit) compatible avec une infection par
patiente a un DIU, il faut l’enlever et l’analyser. Un bilan d’éven-
Chlamydia, sans abcédation pelvienne tuelles autres IST chez la patiente et le partenaire est obligatoire.
identifiable avec épanchement du cul-de-sac La cœlioscopie invasive et coûteuse n’est pas recommandée en
de Douglas. première intention. L’association d’images évocatrices au scan-
Le prélèvement vaginal revient positif à ner et la mise en évidence d’un germe suffisent à confirmer le
Chlamydia trachomatis. La sérologie l’est aussi diagnostic. La cœlioscopie est à envisager si complications ou
(IgG : 4,64, positif si > 1,4). Pas d’autre IST. doute diagnostique.
La sérologie Chlamydia est contributive (taux sérique d’IgG très
C’est un syndrome de Fitz-Hugh-Curtis. élevé) mais ne dispense en aucun cas des prélèvements bactério-
On prescrit une bi-antibiothérapie ofloxacine logiques.
200 mg (2 cp x 2/j) et métronidazole 500 mg Le traitement de référence, ambulatoire, doit être débuté en
(1cp x 2/j) pendant 2 semaines avec ablation probabiliste dès la suspicion : bi-antibiothérapie associant
du DIU. Les symptômes évoluent favorablement ofloxacine 400 mg 2 fois par jour et métronidazole 500 mg 2 fois
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts.

en quelques jours. Le contrôle bactériologique par jour pendant 2 semaines. A posteriori, si les prélèvements
à distance est négatif. montrent un gonocoque, il faut injecter 500 mg de ceftriaxone en
intramusculaire. Une réévaluation clinque de la patiente est sys-
tématique sous 3 à 5 jours.
Un examen bactériologique de contrôle est à prévoir entre 3 et
À retenir
6 mois après l’infection.
De nouvelles recommandations du Collège national À noter qu’un antécédent d’infection génitale haute n’est plus
des gynécologues et obstétriciens français modifient la prise
une contre-indication à la pose ultérieure d’un DIU. ●
en charge de la salpingite non compliquée. Désormais,
la cœlioscopie diagnostique n’est plus recommandée en
1re intention, et le traitement de référence est ambulatoire,
faisant du médecin généraliste un intervenant de choix.
* Département de médecine générale des facultés de Toulouse,
CNGOF. Recommandations pour la pratique clinique. Les infections 31062 Toulouse Cedex.
génitales hautes. Décembre 2012. ** Hôpital Paule-de-Viguier, 31059 Toulouse Cedex 9.
thierry.brillac@dumg-toulouse.fr

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 27 l N° 905 l SEPTEMBRE 2013


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