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Pathologie Myométriale
Pathologie Myométriale
34-605-B-20
Pathologie myométriale
M Bazot
C Salem
V Froment
Résumé. – La pathologie myométriale fait référence aux processus pathologiques gynécologiques se
J Chopier
développant au sein ou à partir du muscle utérin. Rappels anatomiques et histologiques initiaux précèdent la
description des diverses pathologies : pathologie léiomyomateuse, adénomyose, pathologies
intramyométriales kystique et vasculaire.
© 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Anatomie et histologie utérines musculaires avec une direction circulaire et oblique. Elle est séparée
de la couche la plus externe par l’arcade vasculaire. Le tiers externe
ANATOMIE CLASSIQUE du myomètre se prolonge au niveau de la musculature tubaire, les
faisceaux musculaires présentant une direction longitudinale.
L’utérus représente le repaire central de l’exploration d’un petit
bassin féminin, situé au centre du pelvis, entre vessie en avant et L’apport vasculaire de l’utérus provient des artères utérines, issues
rectum en arrière. Les contours et la taille de l’utérus varient en des troncs antérieurs des artères iliaques internes. Les artères
fonction de l’âge et du statut hormonal des patientes. Dans l’enfance, utérines présentent trois segments : un premier, pariétal, au contact
le col est aussi large que le fond utérin, alors qu’après la puberté, le de la paroi pelvienne latérale ; un second, paramétrial, se situant
fond utérin s’élargit considérablement. Pendant la période d’activité dans la partie haute du paramètre ; le troisième segment prend suite
génitale, le corps utérin et le fond sont plus larges que le col utérin. après la crosse de l’artère utérine qui s’effectue grossièrement en
Après la ménopause, cependant, l’utérus s’atrophie, avec un corps regard de l’isthme utérin, et monte latéralement sur les faces
et un col sensiblement de même taille. Le tableau I liste les tailles et latérales de l’utérus [62]. Ces branches latéro-utérines ou marginales
poids relatifs d’un utérus en fonction de l’âge et des divers stades présentent plusieurs anastomoses. Les deux premières s’effectuent
de parité [22]. entre artères utérines, initialement grossièrement en regard de
l’isthme utérin, formant l’arcade vasculaire de Charpy, la seconde
L’utérus est constitué par trois faisceaux de fibres musculaires. La
au niveau du fond utérin [7]. Les artères utérines donnent comme
couche interne, au contact du foyer basal de l’endomètre, présente
branches terminales les artères tubaires, qui elles-mêmes vont
une direction longitudinale. Ce myomètre interne, sous-endométrial,
s’anastomoser avec les artères ovariennes, branches de l’aorte
intervient dans la modulation des contractions utérines pendant la
abdominale, donnant l’arcade utéro-tubo-ovarienne [6]. Les artères
durée du cycle menstruel et lors de l’invasion trophoblastique
latéro-utérines donnent des artères antérieures et postérieures qui
inhérente à la placentation [11] . L’utérus se contracte de façon
forment les artères arquées. Ces artères arquées donnent naissance à
autonome, périodique et incessante durant toute la période du cycle.
des artères radiales de direction centrifuge, et surtout centripète,
Pendant les périodes folliculaires et préovulatoires, les contractions
avec un aspect spiralé se prolongeant jusqu’aux couches
présentent une direction rétrograde de l’isthme au fond utérin,
endométriales. Les veines et lymphatiques utérins ont une
l’amplitude de leur fréquence se majorant jusqu’au moment de
disposition grossièrement calquée sur celle des artères utérines.
l’ovulation. Lors de la menstruation, les contractions sont
antérogrades, se propageant du fond utérin et vers le col. De
ASPECT ÉCHOGRAPHIQUE
nombreux auteurs ont proposé un rôle des contractions utérines
En échographie endovaginale, le myomètre apparaît comme une
rétrogrades pour le transport du sperme au sein de la cavité utérine
structure relativement échogène homogène. Le myomètre interne,
[19, 39]
. Lors d’une grossesse débutante, le myomètre interne est
situé au contact de l’endomètre, présente de façon inconstante un
colonisé par le trophoblaste extravilleux interstitiel et
aspect hypoéchogène mesurant de 1 à 5 mm dénommé « halo sous-
endovasculaire [11]. La couche moyenne présente des faisceaux
endométrial », qui paraît variable en fonction de la date du cycle.
Cette hypoéchogénicité est possiblement liée à l’orientation
longitudinale et à la compacité des fibres musculaires, associée à
Marc Bazot : Praticien hospitalier.
Christine Salem : Interne des Hôpitaux. une réduction du nombre de vaisseaux à ce niveau [26]. Il n’existe
Vannina Froment : Chef de clinique-assistante.
Jocelyne Chopier : Praticien hospitalier.
aucune stricte corrélation entre ce halo hypoéchogène
Service de radiologie, hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France. échographique et la zone jonctionnelle visualisée en imagerie par
Toute référence à cet article doit porter la mention : Bazot M, Salem C, Froment V et Chopier J. Pathologie myométriale. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Radiodiagnostic
- Urologie-Gynécologie, 34-605-B-20, 2002, 18 p.
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Tableau I. – Taille (en centimètres) et poids (en grammes) moyens de l’utérus (d’après [22]).
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2 Angio-IRM au temps précoce artériel de l’injection chez trois patientes différentes, mettant en évidence les trois types de Yamashita.
A. Type 1 : halo sous-endométrial visible essentiellement à la partie fundique et postérieure de la jonction endomètre/myomètre.
B. Type 2 : prise de contraste précoce de la zone jonctionnelle.
C. Type 3 : prise de contraste précoce homogène prédominante au niveau des deux tiers externes du myomètre.
non pas aux dépens de tissu fibreux ; la dénomination usuelle de sont en règle multiples, seuls 2 % étant solitaires [ 2 5 ] .
fibrome est donc normalement impropre. Les myomes sont notés Macroscopiquement, ces tumeurs apparaissent rondes ou
classiquement chez 20-30 % des femmes de plus de 30 ans, avec une polylobées, d’aspect blanchâtre ou rosé à la coupe. Elles sont de
prédominance chez les patientes de race noire [79]. En fait, ces tumeurs consistance ferme, rarement ramollies ou calcifiées. Elles présentent
paraissent beaucoup plus fréquentes, retrouvées dans 75 % des cas une « pseudocapsule » qui permet, lors des myomectomies, une
des pièces d’hystérectomie lorsqu’elles sont recherchées énucléation de ces formations. Des phénomènes dégénératifs sont
spécifiquement par l’anatomopathologiste. Sur une série prospective habituels, avec une fibrose hyaline ou des plages d’œdème
comprenant 120 hystérectomies consécutives effectuées à l’hôpital retrouvées dans plus de la moitié des cas [79]. Certains myomes sont
Tenon, quel que soit le motif de l’hystérectomie, des myomes ont été mitotiquement actifs, cellulaires, atypiques ou « bizarres ». Ils se
notés 77 fois sur 120 (65 %), isolés ou associés à d’autres pathologies caractérisent par un nombre élevé de mitoses, un nombre important
pelviennes [5]. La présentation clinique des myomes dépend de leur de cellules musculaires avec un faible contingent conjonctif, ou
taille, de leur localisation et de leur nombre. La majorité d’entre eux encore avec des atypies nucléocytoplasmiques. Ces myomes restent
sont asymptomatiques et ne nécessitent aucun traitement. Les cependant bénins, mais posent parfois des problèmes
myomes symptomatiques ont une sémiologie excessivement riche, d’interprétation anatomopathologique (diagnostic différentiel d’avec
dominée par les saignements. L’origine des ménométrorragies n’est le léiomyomosarcome). Dans ces cas, les aspects macroscopiques
pas formellement démontrée, mais semble naturellement rattachée à retrouvés en imagerie sont souvent là aussi problématiques.
l’hypervascularisation engendrée par la présence des léiomyomes. Lorsque les trois critères, mitoses nombreuses, faible contingent
Leurs aspects en imagerie ont largement été détaillés. On peut conjonctif et atypies cytonucléaires sont réunis, le diagnostic
distinguer de façon pratique trois types de pathologie histologique de léiomyomosarcome est posé.
léiomyomateuse : Les myomes se développent essentiellement sur le corps utérin, 3 %
– les myomes dits « typiques » en anatomopathologie, qui, en uniquement des myomes se développant sur le col utérin. Au niveau
imagerie, ne posent en règle aucun problème diagnostique corporéal, deux tiers des lésions sont de siège interstitiel, près d’un
particulier, sauf peut-être dans leur localisation sous-séreuse ; tiers sont de siège sous-séreux et seuls 5 % sont de siège sous-
muqueux, se développant de façon plus ou moins importante dans
– les myomes dits « atypiques » qui correspondent en la cavité utérine. La topographie des myomes est fondamentale en
anatomopathologie à une grande variété de descriptions clinique car elle conditionne souvent la symptomatologie des
histologiques. On distingue essentiellement : les myomes présentant patientes et le type de thérapeutique proposé.
des phénomènes dégénératifs variés, autres que la fibrose hyaline ;
les sous-types de myomes caractérisés par des particularités Les myomes intramuraux souvent totalement asymptomatiques sont
cellulaires ou nucléocytoplasmiques ; à ignorer, une prise en charge éventuelle thérapeutique n’étant
envisagée que lorsqu’ils s’accompagnent de ménométrorragies, de
– enfin, certains cas présentent des évolutivités particulières, pesanteur pelvienne.
formant un troisième chapitre de la pathologie léiomyomateuse.
Les myomes intracavitaires sont le plus souvent symptomatiques,
Myomes « dégénérés », « atypiques » et pathologie myomateuse responsables de dysménorrhée ou ménorragie. Rarement, ils
d’évolution particulière sont développés au sein du paragraphe peuvent être pédiculés et parfois s’extérioriser dans le canal
« Imagerie par résonance magnétique » (cf infra). endocervical, voire le vagin.
Découverts dans le cadre d’une infertilité, il n’existe actuellement
ANATOMIE PATHOLOGIQUE pas de démonstration d’une relation de cause à effet entre infertilité
Les léiomyomes utérins sont constitués de cellules musculaires lisses et myomes interstitiels ou sous-muqueux. Cependant, en l’absence
fusiformes homogènes avec un taux de mitose faible, associées à d’autres facteurs d’infertilité, la discussion d’une myomectomie peut
une quantité variable de tissu conjonctif [48]. De taille variable, ils être envisagée [23].
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¶ Échographie-doppler
L’échographie est l’examen diagnostique de référence. Elle doit
toujours être réalisée par voie sus-pubienne puis endovaginale. La
voie transabdominale offre un angle de vue large du pelvis, avec bien
entendu une résolution faible de par l’utilisation de basses fréquences
(3-5 MHz). Cette approche est supérieure à la voie endocavitaire pour
l’étude des volumineux myomes, des utérus polymyomateux, et dans
ce contexte, pour l’exploration des annexes. Elle permet de plus
l’analyse systématique des reins, recherchant un éventuel sous-séreux pédiculé (fig 4). Cette hypervascularisation présente un
retentissement sur les cavités pyélocalicielles. La voie endovaginale intérêt diagnostique évident, en particulier pour différencier un
possède une meilleure pertinence diagnostique, grâce en particulier à myome sous-séreux de multiples autres étiologies (masse annexielle,
une résolution optimale. Elle précise au mieux la topographie d’un utérus bicorne, utérus rétroversé), dont Baltarowitch, avant
myome sous-muqueux, sa taille (> ou < 5 cm) son pourcentage, l’avènement du doppler, dresse la liste [4]. Devant la présence d’une
intracavitaire et surtout le liseré de myomètre sain périphérique zone d’hétérogénéité myométriale mal délimitée, la différenciation
devant être > 5 mm pour permettre une éventuelle résection entre un myome et une zone focale d’adénomyose n’est pas toujours
hystéroscopique. La voie endovaginale permet un dépistage des évidente, malgré quelques résultats flatteurs publiés [ 2 1 ] .
lésions endométriales associées. Il existe donc un consensus L’encorbellement et la richesse habituelle des myomes détectées par
aujourd’hui pour reconnaître la nécessité d’associer échographie le doppler couleur ou énergie s’opposent au caractère
transabdominale et endocavitaire [23]. Les myomes sont en règle habituellement paucivasculaire des utérus adénomyosiques. Cette
diagnostiqués facilement par la découverte d’un utérus bosselé, hypervascularisation périphérique, lorsqu’elle est présente, associée
augmenté de taille, avec un myomètre hétérogène siège d’une ou à des flux centripètes plus rares, est relativement spécifique. Le
plusieurs formations arrondies, bien limitées, hypoéchogènes (fig 3). diagnostic différentiel peut se poser avec la couronne
L’échostructure peut être hétérogène, contenant des zones d’hypervascularisation notée dans les grossesses extra-utérines ou
hyperéchogènes (calcifications), ou anéchogènes (dégénérescence). autour des corps jaunes actifs. Les fibromes ovariens montrent une
L’échographie-doppler permet de mettre en évidence une couronne présentation ultrasonore similaire au myome pédiculé, leur
d’hypervascularisation périphérique plus ou moins importante en vascularisation, lorsqu’elle est retrouvée, apparaît cependant
regard des myomes, ou le pédicule vasculaire éventuel d’un myome différente, fine et centrale [8] (fig 5A, B).
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Myomes en dégénérescence
6 Hystérosonographie avec remplissage de la cavité endométriale par du sérum phy-
siologique permettant de montrer les rapports des deux myomes purement intramu- La forme la plus fréquente de dégénérescence est la fibrose hyaline
raux sans pôle sous-muqueux décelable, en particulier pour le myome sus-isthmique focale ou étendue. Elle se traduit par le dépôt d’une substance
postérieur. amorphe au sein du stroma entre les cellules musculaires, ainsi
responsable d’un « étouffement » progressif de ces cellules
La cartographie doppler peut présenter un intérêt dans la
musculaires lisses. Ce type de dégénérescence est rencontré dans
quantification du flux au niveau myomateux avant et après
plus de deux tiers des myomes [49]. C’est donc une hyalinisation
embolisation utérine percutanée (cf infra) [23]. Le doppler pulsé
extensive progressive qui est responsable du signal des léiomyomes
n’amène quant à lui aucune information clinique intéressante, en
« typiques ».
particulier sur l’évolutivité des myomes.
L’œdème est rencontré dans 50 % des léiomyomes. Souvent
¶ Hystérosonographie disséminé, il prédomine en règle en périphérie de la lésion [45].
L’œdème peut entraîner la création de phénomènes kystiques. Ces
Elle consiste à remplir la cavité endométriale avec du sérum
plages kystiques, de taille variable, se développent alors
physiologique, à l’aide d’un cathéter permettant de décoller les deux
habituellement au centre des myomes kystisés [73] ; le signal au centre
faces endométriales, et de mouler ainsi les structures intracavitaires.
est alors de type liquidien classique, hypo-intense en pondération
Son coût est faible, et l’inconfort mineur pour les patientes [23]. Son
T1 et hyperintense en pondération T2.
indication de choix est représentée par les métrorragies. Sensibilité
et spécificité sont proches des 100 % pour le diagnostic différentiel La dégénérescence hémorragique d’un myome, rarement observée,
entre myome sous-muqueux et polype endométrial. est due à l’obstruction des veines de drainage en périphérie du
L’hystérosonographie fournit de meilleures précisions que myome. Elle est favorisée par la grossesse ou la prise de
l’échographie endocavitaire sur la localisation, la taille et la zone contraceptifs oraux [79]. Contrairement aux autres phénomènes
d’implantation du myome (fig 6). Elle peut permettre ainsi souvent dégénératifs, la dégénérescence hémorragique est symptomatique,
de passer directement à l’hystéroscopie opératoire, en l’absence de responsable de phénomènes douloureux prononcés. En IRM, on note
lésions associées myométriales, endométriales, voire annexielles. en périphérie un hypersignal en pondération T1 et un hyposignal
T2, correspondant à la thrombose des veines périphériques du
¶ Imagerie par résonance magnétique myome (fig 7A, B, C).
L’IRM est actuellement considérée comme la technique la plus Un anneau de calcification périphérique peut s’observer en
précise pour détecter, quantifier et localiser de façon précise les périphérie d’un myome ayant subi une dégénérescence
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hémorragique [73] . Les calcifications, mal appréciées en IRM, L’IRM semble donc utile avant embolisation pour prévoir la réponse
apparaissent au sein de la fibrose hyaline dans 4 % des léiomyomes. des léiomyomes après embolisation artérielle. Un hypersignal T1
Les radiographies standards ou le scanner sont bien entendu les précédant l’embolisation semble de mauvais pronostic à l’inverse
techniques privilégiées pour les détecter si nécessaire. d’un hypersignal T2, qui semble au contraire prédictif d’une bonne
réponse à l’embolisation (cf supra) [15].
Léiomyomes « atypiques »
Pathologie léiomyomateuse de croissance inhabituelle
• Lipoléiomyome
La prévalence des lipoléiomyomes est de 0,8 % [73] . Ceux-ci Les myomes de forme arrondie, refoulent sans envahir les structures
présentent un signal variable en pondération T2, mais surtout un de voisinage, de par leur caractère bénin. Il existe bien entendu de
hypersignal T1 disparaissant sur les séquences T1 avec suppression très rares exceptions à la règle, représentées par la léiomyomatose
de graisse. Ce type de myome peut se présenter sous forme d’un intravasculaire, le léiomyome métastasant bénin, la léiomyomatose
myome intramural de petite taille inhabituelle, en particulier en diffuse et la léiomyomatose péritonéale disséminée. Bien
échographie, de par son hyperéchogénicité localisée ou diffuse qu’histologiquement bénins, ces myomes sont caractérisés par leur
(fig 8A), présentant de façon correspondante une petite plage croissance intraveineuse, avec métastases à distance au sein d’autres
graisseuse hypodense par exemple, parfaitement analysable en organes, leur diffusion au sein de l’ensemble du myomètre ou leur
tomodensitométrie (TDM) (fig 8B). Plus exceptionnellement, il se dissémination dans la cavité péritonéale [73].
présente sous forme d’une volumineuse masse abdominopelvienne, La léiomyomatose intravasculaire est exceptionnelle, caractérisée par
où scanner et IRM peuvent éventuellement retrouver de petites la prolifération de cellules musculaires lisses dans les veines
plages graisseuses (fig 9A, B). Ce type de lipoléiomyome ne présente myométriales ou pelviennes. Des masses sinueuses développées
pas de caractéristique propre permettant de le distinguer d’autres au sein des veines sont le témoin caractéristique de cette ano-
tumeurs graisseuses, en particulier de liposarcomes intra- ou malie [36, 61].
rétropéritonéaux. Le léiomyome métastasant bénin se présente sous forme de tumeurs
musculaires lisses se développant dans le parenchyme pulmonaire,
• Léiomyome myxoïde
les ganglions, ou dans l’abdomen chez une patiente ayant un
Relativement rares, les myomes myxoïdes contiennent un important antécédent de myomectomie plusieurs années auparavant.
matériel myxoïde entre les cellules musculaires lisses. En IRM, la
La léiomyomatose diffuse est simplement représentée par le
composante myxoïde présente un hypersignal en pondération T2 et
remplacement de l’ensemble du myomètre par d’innombrables
se rehausse après injection de gadolinium [73] (fig 10A, B, C, D).
petits léiomyomes.
• Léiomyome cellulaire La léiomyomatose péritonéale disséminée est caractérisée par la
Les myomes cellulaires sont caractérisés en histologie par un faible présence de nodules musculaires lisses développés sur le péritoine
contingent conjonctif et le nombre important de cellules musculaires découverte chez des femmes en période d’activité génitale. Cette
lisses. En pondération T2, ces myomes sont en règle hyperintenses affection pose le problème du diagnostic différentiel d’avec une
par rapport au myomètre adjacent. En angio-IRM, une prise de carcinose péritonéale [53].
contraste précoce de ces myomes semblerait témoigner de l’efficacité Le léiomyome parasite est une forme particulière exceptionnelle de
potentielle des traitements par analogue de la LH-RH [78]. myome qui croît dans la cavité péritonéale après avoir perdu ses
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10 A. Coupe sagittale sus-pubienne échographique d’un utérus siège d’une formation nodulaire à centre multivacuo-
laire.
B. Coupe sagittale utérine en turbo spin écho T2 retrouvant une volumineuse formation tumorale microvacuolaire,
développée dans le myomètre postérolatéral gauche à centre hyperintense, hétérogène.
C, D. Coupe sagittale en écho de gradient T1 avant (C) et après (D) injection de gadolinium, montrant la prise
de contraste de la périphérie et des multiples cloisons de cette formation intramyométriale. Diagnostic histologi-
que : volumineux léiomyome de type myxoïde.
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connexions vasculaires d’avec l’utérus, par torsion vraisemblable et l’exploration d’une masse pelvienne non étiquetée. Certains
nécrose du pédicule vasculaire (fig 11A, B, C, D). Son apport léiomyomes, soit en raison de leur caractère pédiculé, soit de par
vasculaire provient en règle des autres organes pelviens ou du grand l’existence d’importantes modifications de structure
épiploon. (dégénérescences variées), peuvent parfois poser des problèmes de
Le léiomyosarcome utérin représente environ 1,3 % de l’ensemble des diagnostic différentiel d’avec les néoplasies ovariennes.
tumeurs malignes utérines. Contrairement au léiomyome, il est plus Un utérus augmenté de volume, irrégulier, apparaît actuellement
souvent isolé (50-75 %), particulièrement volumineux (> 10 cm), avec dans la littérature comme le signe tomodensitométrique le plus
des contours irréguliers, et le siège de remaniements fréquemment rencontré. La présence de calcifications multiples,
nécroticohémorragiques [79] . Trois critères histologiques sont grossières, apparaît comme le signe le plus spécifique [17]. Aucune
nécessaires au diagnostic : hypercellularité, atypies nucléaires étude à ce jour n’a pris en compte la spécificité de la vascularisation
nombreuses, et mitoses fréquentes. Bien que l’irrégularité des
utérine. Un étude personnelle, non publiée à ce jour, effectuée sur
contours d’un léiomyome ait été proposée en IRM comme un critère
un scanner non hélicoïdal, à propos de 21 léiomyomes pédiculés, a
diagnostique de léiomyosarcome, la spécificité de ce signe n’a pas
démontré une cinétique de prise de contraste particulière du
été établie à ce jour [46, 54] . Parfois, une volumineuse masse
myome. Lors de l’angioscanner pelvien, la présence de néovaissaux
abdominopelvienne est à tort rattachée à un sarcome utérin, en fait
visibles au temps artériel était retrouvée dans 76 %, une prise de
d’autre origine, en particulier digestif (fig 12A, B, C, D). Les signes
contraste précoce dans 86 % et une isodensité au myomètre sain
de dissémination métastatique, en particulier hépatique ou
pulmonaire, associés à une masse utérine mal limitée, permettent adjacent dans 57 % (fig 13). Ces critères vasculaires nous semblent
par ailleurs d’évoquer ce diagnostic. intéressants pour différencier ces myomes d’autres types de tumeurs
solides, en particulier des fibromes ovariens qui présentent une
cinétique vasculaire tout à fait différente [8] (fig 14). Malgré cela, il
¶ Tomodensitométrie
est parfois excessivement difficile, devant une volumineuse masse
Le léiomyome utérin est souvent une découverte fortuite sur un pelvienne latéro-utérine, de savoir s’il faut la rattacher à une
scanner abdominopelvien demandé pour d’autres indications ou pathologie à point de départ utérin ou ovarien.
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11 A. Coupe sus-pubienne longitudinale échographique retrouvant un utérus normal, avec volumineuse formation
tumorale d’échostructure hétérogène, à développement abdominopelvien, pouvant faire évoquer à tort une origine
ovarienne (mais ovaires en position haute vus par ailleurs sur d’autres plans de coupe).
B. Coupe longitudinale en TSE T2 retrouvant un utérus normal et la volumineuse formation tumorale abdomino-
pelvienne essentiellement présentant un hypersignal de type liquidien hétérogène, avec quelques plages très hypo-
intenses.
C. Même niveau de coupe en écho de spin pondéré T1 après gadolinium retrouvant une prise de contraste de la
portion solide similaire au myomètre adjacent.
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D D. Aspect tomodensitométrique correspondant de la masse tumorale, après injection de produit de contraste. Dia-
gnostic histologique : léiomyome parasite.
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12 Coupes en imagerie par résonance magnétique (IRM) en TSE T2 sagittale (A) et coronale (B), axiale T1 (C) après
injection de gadolinium retrouvant une volumineuse masse à développement abdominopelvien pouvant faire évoquer un
léiomyosarcome utérin en IRM. Coupe tomodensitométrique abdominale haute après injection (D), mettant en évidence
l’origine digestive de ce sarcome confirmé histologiquement.
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13 Angioscanner pelvien, avec courbe de prise de contraste au niveau de l’artère 14 Angioscanner pelvien mettant en évidence l’absence totale de prise de contraste
iliaque externe (A), dans le myomètre sain (C) et dans une formation nodulaire adja- au sein de la formation tumorale prolabée dans le Douglas (c). L’utérus adjacent prend
cente à l’utérus (B). La similitude de cinétique de prise de contraste en B et en C affirme modérément le produit de contraste. Cette absence apparente de prise de contraste im-
la même nature histologique. Diagnostic histologique : myome sous-séreux pédiculé. médiate est très évocatrice de fibrome ovarien, confirmé histologiquement.
nécrose au sein des léiomyomes embolisés (fig 16A, B). Cette telle variation est essentiellement liée aux critères
dernière est source en règle d’algies pelviennes postembolisation, anatomopathologiques retenus pour effectuer le diagnostic. Le
nécessitant impérativement une prise en charge anesthésiologique principal d’entre eux est représenté par le nombre de prélèvements
durant et au décours de la procédure. effectués sur la pièce opératoire : plus il est important, plus la
fréquence du diagnostic est élevée [9]. Rappelons ici la fréquence des
léiomyomes qui, s’ils sont recherchés systématiquement, sont
Adénomyose présents dans environ trois quarts des cas d’hystérectomie, d’où une
notion fondamentale qui doit être notée : la fréquente association
L’adénomyose est une pathologie gynécologique excessivement entre adénomyose et léiomyomes.
fréquente, caractérisée par la présence de muqueuse endométriale Deux tiers des patientes sont symptomatiques, présentant des
hétérotopique au sein du myomètre, entraînant habituellement une douleurs pelviennes, une dysménorrhée et des ménométrorragies.
hypertrophie et une hyperplasie musculaire secondaire surajoutée. Cette symptomatologie est non spécifique, pouvant être retrouvée
La prévalence de cette affection sur les pièces d’hystérectomie est dans les saignements d’origine fonctionnelle et surtout dans les
excessivement difficile à préciser, pouvant aller de 7 à 77 % [3]. Une léiomyomes.
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IMAGERIE
¶ Hystérographie
L’hystérographie a été la première modalité d’imagerie utilisée pour
effectuer le diagnostic d’adénomyose. Golberger a rapporté un signe
dit « caractéristique » en hystérographie en 1959, sous forme de
multiples spicules, de 1 à 4 mm de long, s’étendant de l’endomètre
au sein du myomètre [27] (fig 17). Cette sémiologie excessivement
évocatrice n’était présente que chez moins d’un quart des patientes
explorées, ne permettant pas de retenir cette technique comme
suffisamment sensible. Par ailleurs, ces signes ne sont pas
spécifiques, pouvant être retrouvés lors d’extravasations vasculaires hétérogène sans myomes individualisables, avec d’éventuelles
ou lymphatiques. L’hystérographie ne doit donc absolument pas être images kystiques intramyométriales, l’échographie transabdominale
considérée aujourd’hui comme une technique fiable pouvant présente effectivement une très mauvaise sensibilité de 30 % mais
permettre ce diagnostic. Connaître cette sémiologie évocatrice est une excellente spécificité de 97 % [5]. La plupart des auteurs pensent
cependant utile car pouvant être fortuitement retrouvée chez des que l’échographie transabdominale ne permet donc pas le diagnostic
patientes passant une hystérosalpingographie, dans le cadre d’un d’adénomyose, en particulier ne permet pas de différencier
bilan d’infertilité. Le rôle de l’adénomyose, comme facteur éventuel adénomyose et léiomyomes en raison d’une résolution insuffisante.
d’infertilité, est encore aujourd’hui discuté et doit bien entendu être Dans le cadre d’une pathologie myométriale indéterminée suspectée,
noté lorsque cette sémiologie est retrouvée sur l’hystérosal- nous pensons qu’il faut coupler systématiquement la réalisation de
pingographie, complétée éventuellement par échographie et/ou l’échographie transabdominale et endovaginale pour rechercher une
IRM pelvienne. adénomyose. Beaucoup d’utérus volumineux « grossièrement
hétérogènes » sont encore aujourd’hui à tort décrits comme
¶ Échographie transabdominale « myomateux » alors qu’il s’agit d’adénomyose caricaturale. Dans
À ce jour, peu d’articles ont insisté sur le rôle de l’échographie ce cadre, l’échographie endovaginale est même souvent non
transabdominale. Les premières publications ont détaillé la contributive, car manquant de pouvoir de pénétration en
sémiologie essentielle retrouvée par voie sus-pubienne : gros utérus profondeur, problème similaire rencontré lors de l’étude des
régulier hétérogène, présentant un aspect en « rayon de miel » avec volumineux utérus polymyomateux.
de petites images kystiques de 5 à 7 mm qui pouvaient faire très
¶ Échographie endovaginale
fortement évoquer le diagnostic [76] (fig 18). Ce dernier critère,
hautement évocateur, n’a malheureusement pas été confirmé par L’échographie endovaginale, grâce à son excellente résolution
d’autres auteurs [10]. Seule une étude significative rétrospective à ce spatiale, a permis de définir des signes échographiques
jour a été publiée, retrouvant une sensibilité de 63 %, une spécificité d’adénomyose beaucoup plus fins. Un certain nombre de critères
de 97 %, ainsi qu’une valeur prédictive positive de 71 % [65]. Pour échographiques ont ainsi été définis : volumineux utérus non
notre part, lorsque l’on prend comme critère échographique un gros expliqué par la présence de léiomyomes, asymétrie des parois
utérus régulier, éventuellement asymétrique, plus ou moins antérieure ou postérieure myométriales, zone hétérogène mal limitée
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20 Échographies endovaginales chez trois patientes différentes retrouvant des lacunes myométriales de tailles et de sièges variés de plus au moins associées à une hétérogénéité
et une asymétrie de l’épaisseur du myomètre.
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Tableau II. – Tableau comparatif des principaux résultats statistiques obtenus en fonction du type de critère échographique choisi [5].
Nb Âge CIC CEC Blocs Prév Sens Spéc VPP VPN critU
[20]
Fedele et al 43 46 mm + 4 46,5 80 74,0 73,0 81 hg + cysts
Ascher et al [1] 17 36 mm + ? 85 52,9 66,6 90 20 hg
Reinhold et al [59] 100 54 hyst + ? 29 86 86 71 94 hg + cysts
Brosens et al [12] 34 41 mm + 10 44 86 55 86 77 hg
Reinhold et al [60] 119 49 hyst + ? 24 89 89 71 96 hg + cysts
Vercellini et al [74] 102 45 mm + 4 28 82,7 67,1 50 90,7 hg + cysts
Bazot et al [5] 120 51 hyst - 10 30 63 97 84 93 hg + cysts
Nb : nombre de patientes incluses ; âge : âge moyen ; CIC : critère principal d’inclusion ; mm : ménométrorragies ; hyst : hystérectomie ; CEC : critères d’exclusion ; blocs : nombre de blocs de myomètre prélevés par l’anatomopathologiste ;
critU : critère échographique principal ; Prév : prévalence ; Sens : sensibilité ; Spéc : spécificité ; VPP : valeur prédictive positive ; VPN : valeur prédictive négative ; hg : hétérogénéité myométriale ; cyst : lacunes intramyométriales.
Tableau III. – Tableau comparatif des principaux résultats statisti- 22 Coupe axiale en turbo-
ques issus des diverses publications actuelles. spin écho T2 retrouvant une
pseudohypertrophie ma-
Bazot et al ESP EV/cysts EV/hmf EV/hg EV ESP+EV jeure de la zone jonction-
nelle au niveau du myomè-
Sensibilité 30 % 50 % 38 % 90 % 58 % 63 %
tre postérieur, associée à de
Spécificité 95 % 100 % 99 % 33,75 % 98 % 97 % petits spots et à une irrégu-
larité de l’interface endo-
VPP 75 % 94 % 94 % 40,11 % 92 % 84 % mètre-myomètre. Aspect
VPN 73 % 80 % 77 % 90 % 82 % 93 % pathognomonique d’adéno-
myose diffuse.
Précision 73 % 83 % 79 % 52,5 % 84 % 86 %
ESP : résultats de l’échographie sus-pubienne exclusive ; EV/cysts : critère diagnostique « lacunes myométriales »
exclusives ; EV/hmf : critère diagnostique « hétérogénéité myométriale localisée » exclusive ; EV/hg : critère
diagnostique « hétérogénéité myométriale globale » exclusive ; EV : résultats échographie endovaginale exclusive ;
ESP + EV : résultats échographies sus-pubienne et endovaginale associées ; VPP : valeur prédictive positive ; VPN :
valeur prédictive négative.
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(92 diagnostics exacts sur 93 !) [70]. Malgré l’exceptionnelle qualité de l’hôpital Tenon, comparant imagerie pré- et postopératoire,
cet article, on doit souligner cependant l’absence de vérification concernant 79 hystérectomies consécutives, quel qu’en soit le motif
histologique adéquate systématique. Dans cette étude, 25 patientes clinique initial, retrouve 31 adénomyoses, soit une prévalence de
sur les 93 étudiées ont bénéficié de biopsies myométriales ou de 39 % dans cette population étudiée. La visualisation des spots
myomectomies, pour 68 hystérectomies pratiquées. Ceci explique hyperintenses sur les séquences en turbo-spin écho passe de 15 sur
très vraisemblablement le très faible taux d’association adénomyose- les IRM préopératoires à 27 sur IRM de pièces opératoires,
léiomyomes dans cette série (6 %). Cette association était au moins permettant d’affirmer de façon définitive le diagnostic
présente chez 9 patientes sur 28 (32 %) dans la série de Reinhold et d’adénomyose sur ce seul critère diagnostique. L’amélioration du
chez 25 patientes sur 40 de notre série (62,5 %) [5]. type de séquences et l’optimisation des antennes utilisées
Le critère de taille normale de la ZJ a secondairement été modifié. permettront dans un avenir proche d’optimiser vraisemblablement
Kang et al, ayant effectué des mesures systématiques de ZJ chez des ce diagnostic.
sujets indemnes a priori d’adénomyose, ont défini un seuil de Les séquences en écho de spin pondérée T2 initialement utilisées
normalité à 8 mm [34]. Ce critère de taille fut ensuite une nouvelle ont été remplacées par les séquences en fast-spin écho T2. De
fois revu « à la hausse » par Reinhold [60]. Dans cette étude, le critère nombreuses études ont démontré que ces dernières procuraient un
au-delà duquel on doit porter le diagnostic et que l’on doit a priori meilleur contraste T2 en un temps trois à quatre fois plus court [47, 67].
considérer aujourd’hui comme une référence est celui de 12 mm et À titre personnel, on note simplement le caractère parfois accentué
plus. Ces « errements » sur la meilleure valeur de seuil à prendre du transfert d’aimantation induit par ce type de séquences, qui peut
pour définir l’adénomyose montrent bien les limites de cette parfois considérablement gêner l’analyse des images obtenues. De
sémiologie, centrée sur l’analyse et la mesure stricte de la ZJ. même, malgré l’optimisation des temps d’acquisition, la présence
Premièrement, quel que soit le type de pathologie étudié, on sait d’artefacts de mouvement peut être gênante. Des séquences hyper-
bien statistiquement qu’élever le critère de mesure d’un index
rapides en apnée pour le diagnostic d’adénomyose ont été
diagnostique conduit à optimiser la spécificité au détriment de la
proposées [37]. Une thèse effectuée dans le service de radiologie de
sensibilité, et vice versa. Deuxièmement, nous rappelons ici la notion
l’hôpital Tenon semble confirmer leurs valeurs diagnostiques [18]
fondamentale anatomopathologique : l’adénomyose est une
(fig 23A, B).
diverticulose endométriale au sein du myomètre, qui engendre
secondairement la création d’une hypertrophie musculaire autour L’utilisation de séquences pondérées T1 sans et après gadolinium
des foyers ectopiques de muqueuse endométriale. Troisièmement, la semble aujourd’hui de peu d’intérêt diagnostique. L’intérêt des
visualisation de la ZJ est présente chez environ 80 % des patientes séquences T1 après gadolinium permet une meilleure détection des
en période d’activité génitale, et 50 % des patientes ménopausées. polypes endométriaux ; en revanche, elles semblent inutiles pour la
Un certain nombre de faux négatifs peuvent donc survenir lorsque pathologie myométriale bénigne [30]. Lors de la réalisation d’angio-
cette ZJ n’est pas visible [16]. IRM, des anomalies de perfusion myométriale peuvent être
observées au temps artériel, les glandes ectopiques se rehaussant
Il nous semble donc utile d’essayer de privilégier la visualisation du
sauf si elles sont kystiques [51]. Cependant, aucune étude prospective
signe direct d’adénomyose, liée à la visualisation de spots
hyperintenses intramyométriaux en pondération T2, et plus à ce jour n’a démontré l’intérêt de réaliser en routine ce type de
rarement en pondération T1 (fig 23A, B). Ces spots sont l’équivalent séquences d’angio-IRM.
IRM des lacunes endométriales visualisées en échographie. Ils
représentent donc des dilatations le plus souvent kystiques de foyers Diagnostic différentiel
endométriaux hétérotopiques, et sont très rarement le siège de Le seul diagnostic différentiel de l’adénomyose posant problème en
remaniements hémorragiques surajoutés. pratique quotidienne est de la différencier d’une pathologie
Malheureusement, ces spots sont visibles dans moins de 50 % des léiomyomateuse, ou d’affirmer l’existence d’une association
adénomyoses diagnostiquées par l’IRM [60]. Une étude en cours à lésionnelle.
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25 A. Échographie endovaginale couplée au doppler énergie retrouvant une formation kystique utérine polylobée pos-
térieure avasculaire.
B. Coupe longitudinale en turbo spin écho T2 retrouvant une formation kystique bilobée, intramyométriale.
C. Coupe longitudinale en écho de spin T1 retrouvant un utérus globuleux avec possible hyposignal discret localisé
postérofundique.
D. Coupe longitudinale en écho de gradient T1 avec suppression de graisse après gadolinium, retrouvant une prise
de contraste de la cloison intrakystique similaire à celle du myomètre adjacent. Diagnostic histologique : kyste ves-
tigial.
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utérines chez 0,9 % des grossesses normales, 20 % dans le cadre de ses rapports et son extension. Une embolisation des MAV peut être
fausses couches, et 29 % dans le cadre de grossesses extra-utérines. effectuée en utilisant, soit des colles biologiques, soit des coils, avec
Les rétentions trophoblastiques actives sont au mieux des résultats tout à fait satisfaisants [32].
diagnostiquées actuellement par l’échodoppler qui retrouve des
plages d’hétérogénéité à l’interface endomètre-myomètre, associées
Autres pathologies myométriales
à des flux perturbés témoignant de shunts artérioveineux localisés à
ce niveau (fig 27A, B).Ces shunts artérioveineux peuvent de même Quelques autres rares atteintes myométriales sont décrites en
se développer dans le cadre de pathologie trophoblastique maligne anatomopathologie : tumeur adénomatoïde, sarcome homologue et
(mole invasive, choriocarcinome), où l’invasion trophoblastique hétérologue, tumeur neuroectodermique primitive ou lymphome.
détruit le réseau vasculaire utérin normal. Les shunts se développant Aucune de ces affections, de par leur rareté, n’a bénéficié à ce jour
dans le cadre de pathologie maligne endométriale ou ovarienne, de publications avec des corrélations radioanatomiques.
quant à eux, ne sont jamais aussi développés que ceux rencontrés
dans les MAV.
Conclusion
La valeur de l’IRM et de l’angio-IRM est démontrée par quelques
auteurs [32, 33]. En turbo-spin écho en pondération T2, on visualise La pathologie myométriale est dominée par le développement des
des hyposignaux serpigineux plus ou moins développés, ainsi que léiomyomes et de l’adénomyose, pathologies excessivement fréquentes et
leur extension pelvienne éventuelle. Des séquences d’angio-IRM donc souvent associées. Le plus souvent asymptomatiques, c’est plus le
réalisées en temps de vol ou en Fl2d avec injection de gadolinium siège des léiomyomes et leur remaniement fréquent qui sont sources de
difficultés diagnostiques. L’adénomyose, quant à elle, est
permettent d’obtenir une cartographie vasculaire proche de celle
symptomatique, surtout lorsqu’elle est diffuse. Pour ces deux
obtenue en angiographie. pathologies, l’échographie pelvienne est la première technique
L’artériographie pelvienne ne doit plus être aujourd’hui diagnostique de choix devant être réalisée par voie sus-pubienne puis
diagnostique mais thérapeutique. Si la malformation reste endovaginale. Lorsqu’existe un doute, le recours à l’IRM doit être
relativement localisée, l’artériographie confirme sa nature, son siège, largement envisagé.
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