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Économie & prévision

Économie industrielle appliquée. Présentation générale


Anne Perrot

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Perrot Anne. Économie industrielle appliquée. Présentation générale. In: Économie & prévision, n°178-179, 2007-2-3. pp.
1-6;

doi : 10.3406/ecop.2007.7636

http://www.persee.fr/doc/ecop_0249-4744_2007_num_178_2_7636

Document généré le 17/06/2016


Introduction générale :
Économie industrielle et politiques
microéconomiques

L’économie industrielle a vu se constituer son socle théorique au cours des


années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. A cette date en effet, les modèles de
théorie des jeux ont déjà été mis à profit pour éclairer de nombreux
comportements des entreprises : concurrence en quantités et en prix, choix de
différenciation verticale et horizontale, décisions de localisation,
investissement en R&D et en publicité, utilisation stratégique de
l’information, la plupart de ces phénomènes concurrentiels a été analysée au
travers de nombreux modèles éclairant des configurations stratégiques ou de
marché très diverses.

Les évolutions récentes de l’économie industrielle empruntent


principalement trois directions. La première est celle de l’exploration,
suscitée le plus souvent par des problématiques concrètes, de nouvelles
configurations de marché, qui posent des questions spécifiques en matière de
compréhension des stratégies à l’œuvre. Tel est par exemple le cas de la
littérature développée sur les marchés « bi-faces » : ces marchés, comme ceux
des plates-formes d’intermédiation entre des acheteurs et des vendeurs, ou
bien encore comme un organe de presse qui met en relation des lecteurs et des
annonceurs publicitaires, font intervenir des stratégies spécifiques pour les
acteurs qui y sont présents et les problèmes de tarification ou de structures de
marchés font naître des besoins spécifiques en matière de modélisation.

La seconde direction est empirique : du fait de l’émergence de nouveaux


outils microéconométriques ainsi que de la constitution de bases de données
exploitables par les économistes industriels, de nombreux travaux récents
testent les prédictions des modèles classiques de l’économie industrielle : les
modèles de différenciation permettent-ils de comprendre les comportements
des entreprises sur tel ou tel marché ? Comment tester si la concurrence
s’exerce par les prix ou par les quantités ? Les investissements en R&D
peuvent-ils servir de barrière à l’entrée ? Comment l’entrée ou la sortie d’un
nouveau produit modifie-t-elle l’équilibre concurrentiel sur un marché ?

La dernière est celle qui consiste à appliquer les résultats de l’économie


industrielle à des questions de politique microéconomique. De nombreux
aspects de la politique économique touchent directement aux comportements
stratégiques des entreprises : politique de la concurrence bien sûr, mais aussi
politique de l’environnement, politique industrielle, régulation directe. Cette
voie de recherche a donné lieu à de nombreux travaux qui reposent sur
l’analyse des interactions stratégiques entre des autorités publiques chargées
de la mise en œuvre de tel ou tel type de politique microéconomique et des
entreprises.

Les travaux de ce numéro spécial s’inscrivent dans les trois champs qui
viennent d’être évoqués. Ses dix articles sont issus d’une journée d’étude
co-organisée en 2004 par la DGTPE et le laboratoire d’économie industrielle
du CREST. Ils s’intéressent les uns à des questions transversales, les autres à
des thèmes plus sectoriels en économie industrielle. L’accent est mis dans la
plupart d’entre eux sur les enjeux que comportent les questions traitées pour
les politiques publiques.

I
Analyses sectorielles

La première partie rassemble les contributions touchant à des sujets


sectoriels. Les deux premiers articles (ceux de Marie-Laure Allain et Patrick
Waelbroeck, d’une part, et de Laurent Linnemer et Anne Perrot, d’autre part)
concernent la grande distribution. Ce domaine sensible, qui a suscité des
interventions de politiques microéconomiques récentes avec la conclusion
des accords Sarkozy à l’automne 2004, est l’un de ceux dont l’organisation et
le fonctionnement ont les enjeux les plus directement perceptibles par les
consommateurs. Prix et variété des produits, concentration des enseignes,
émergence des marques de distributeurs, qualité de l’offre, sont en effet les
résultats des stratégies des entreprises dont les consommateurs bénéficient ou
pâtissent le plus immédiatement. Comme ce secteur a connu de nombreuses
fusions durant la dernière décennie, il est intéressant de s’interroger, dans ce
contexte de forte concentration, sur les incitations pour les distributeurs à
offrir des produits diversifiés et de bonne qualité. Ce sont ces questions
qu’éclairent les deux articles mentionnés.

M.-L. Allain et P. Waelbroeck se placent dans un contexte de concurrence


imparfaite sur les marchés amont (production) et aval (distribution) et
s’interrogent sur la variété de l’offre à laquelle sont susceptibles de conduire
différentes structures de marché : une meilleure internalisation des coûts de
R&D (recherche et développement) nécessaires à l’obtention d’un nouveau
produit permet à une structure verticalement intégrée d’offrir une plus grande
diversité de produits qu’une chaîne de monopoles ; par ailleurs, la
concurrence entre distributeurs pousse à la diversification des produits ;
enfin, si ce sont les distributeurs qui supportent le coût de la R&D plutôt que
les producteurs, alors la concurrence sur le segment aval peut amener à une
plus grande variété que l’intégration verticale. Cette dernière hypothèse, qui
met dans les mains des distributeurs des décisions habituellement dans celles
des producteurs, traduit un mouvement réellement constaté dans le secteur de
la distribution : la frontière entre les décisions appartenant au segment amont
et au segment aval n’est plus aussi nette qu’autrefois. C’est le cas lorsque les
distributeurs définissent eux-mêmes les caractéristiques des produits à leur
marque et sous-traitent la production à l’amont, c’est encore le cas si les
distributeurs certifient la qualité des produits. Cette dernière question est
analysée dans l’article de L. Linnemer et A. Perrot. Ils observent que dans une
relation verticale, le fait pour une partie d’engager des investissements afin de
certifier la qualité des produits profite à l’autre partie, ce phénomène pouvant
dès lors conduire à un sous-investissement. La certification de la qualité est
comprise comme la révélation parfaite de la qualité du produit aux
consommateurs. Certifier un produit est coûteux pour celui qui procède aux
tests et à la communication des résultats aux consommateurs. Le
sous-investissement observé de la part des producteurs a souvent conduit les
distributeurs à prendre en charge eux-mêmes cette fonction de certification.
Mais les décisions de certification sont toutefois l’enjeu de multiples conflits,
portant aussi bien sur l’identité de celui qui certifie (déléguer la décision à
l’autre permet d’éviter les coûts mais ne garantit pas que la décision prise par
l’autre sera individuellement optimale) que sur la nature des décisions de
certifier ou non tel ou tel produit. L’article met en évidence ces différents
conflits et les conséquences de la prise de décision de certification par le
producteur ou par le distributeur. Pour les consommateurs, lorsque le
distributeur certifie, cela améliore l’information puisqu’un éventail plus
large de qualités sont alors révélées.

L’article suivant s’intéresse au secteur gazier. Edmond Baranes, François


Mirabel et Jean-Christophe Poudou analysent le rôle de l’activité de stockage
du gaz dans un secteur ouvert à la concurrence et régulé. Le stockage permet
aux entreprises gazières de se livrer à des arbitrages entre marchés actuels et

II
futurs. Depuis 2004, les infrastructures de stockage sont accessibles à des
tiers. La dimension prise en compte ici est la possibilité d’affecter, par son
stockage propre, les décisions stratégiques des concurrents, chaque opérateur
arbitrant entre « spot » et « stock ». Dans ce contexte, les auteurs montrent que
les entreprises gazières ont toujours intérêt à diversifier leur
approvisionnement, même pour un prix spot supérieur à celui de l’accès au
stockage. Cette faculté de jouer à la fois sur le marché spot et sur les
possibilités de stockage est d’autant meilleure pour la collectivité que le
marché spot est peu concurrentiel. Lorsque ce marché est dominé par une
entreprise leader, celle-ci peut utiliser le stockage pour élever les coûts de ses
rivaux. Malgré les apparences, cette stratégie n’est pas nécessairement
néfaste pour la collectivité, si bien que les autorités de régulation peuvent
avoir intérêt à pousser l’équilibre concurrentiel dans une telle zone, ce que
permet la fixation du niveau du prix d’accès au stockage. Le leader, en
vendant ses réserves stockées sur le marché spot, améliore alors le
fonctionnement de celui-ci.

Le dernier article de cette partie sectorielle est consacré à l’étude de l’impact


d’une nouvelle infrastructure de transport sur le bien-être collectif, dans un
contexte de concurrence intra et inter-modale. Marc Ivaldi et Catherine Vibes
font remarquer que la déréglementation des marchés ferroviaires et aériens,
intervenue ces dernières décennies en Europe, a entraîné toute une série de
changements dans les conditions de concurrence entre opérateurs : apparition
des compagnies à bas coût, développement des réseaux étoilés autour de
hubs, mutiplication des lignes de trains à grande vitesse. Les marchés du
transport font ainsi apparaître des produits différenciés pour faire face à
l’hétérogénéité des voyageurs eux-mêmes en termes de mode de transport,
prix, horaires, etc., et chaque nouvelle offre vient modifier la configuration
d’équilibre qui prévalait ex ante. Les auteurs modélisent l’introduction d’une
nouvelle infrastructure dans un modèle de choix discret des consommateurs.
Chaque couple origine-destination est un marché spécifique. La nouvelle
offre modifie les prix et quantités d’équilibre sur chaque marché ; le modèle
consiste à évaluer les caractéristiques du nouvel équilibre, si bien que la
comparaison des équilibres concurrentiels atteints ex post permet de classer
différents projets d’investissement. La liaison entre Cologne et Berlin illustre
le propos.

Cette première partie met bien en évidence la richesse des problématiques


sectorielles et l’utilité des outils d’analyse de l’économie industrielle pour
éclairer des questions souvent très concrètes.

Analyse des concentrations horizontales

La deuxième partie rassemble trois contributions consacrées aux fusions


horizontales : celles de Moez Souissi et Pierre Lasserre, puis d’Edmond
Baranes et Thomas Cortade et enfin celle de Claire Chambolle, Lucie
Muniesa et Marie-Astrid Ravon. De très nombreux travaux, ces dernières
années, sont venus analyser différents aspects des concentrations :
caractéristiques géographiques, incitations à fusionner, fusions en cascade,
jeu stratégique avec l’autorité de concurrence. La juxtaposition de tous ces
travaux met en relief la complexité de la modélisation des situations de
fusions : d’une part, il n’est pas simple de mettre en évidence des incitations à
la fusion dans des modèles d’économie industrielle, les comportements de
concurrence sur les marchés rendant souvent les fusions non profitables pour
les insiders potentiels ; d’autre part, les réactions stratégiques des outsiders
peuvent faire l’objet de représentations multiples ; enfin, le comportement de
l’entité fusionnée elle-même peut être très différent suivant le contexte
(relocalisation d’établissements, révision de la gamme des produits, toutes

III
les variables stratégiques de l’entité fusionnée peuvent être touchées par le
processus de fusion). Il résulte de ces travaux qu’il est difficile d’analyser,
tant d’un point de vue normatif que positif, les conséquences générales des
opérations de concentration.

M. Souissi et P. Lasserre examinent un aspect particulier des processus de


fusion, souvent oublié par la littérature, celui de la date à laquelle se produit la
fusion. Pour cela, ils modélisent une fusion comme l’exercice simultané de
deux « options réelles » des entreprises participant à l’opération, chacune
ayant besoin que l’autre exerce cette option pour que la fusion ait lieu.
Lorsque la concentration devient effective, la rente est partagée entre les deux
entreprises selon un processus qui dépend de la nature de la concentration : les
fusions hostiles sont représentées comme un jeu de Stackelberg où l’une des
deux firmes a tout le pouvoir de négociation, tandis que les fusions amicales
sont modélisées par un jeu de marchandage à la Rubinstein. Les résultats
montrent que les fusions se nouent à une date trop tardive par rapport à celle
qui serait socialement optimale, ce résultat étant renforcé si la fusion est
hostile. Les auteurs remarquent que si l’action des autorités de concurrence
vient encore retarder le moment où la fusion se produit, alors elle induit des
sous-optimalités additionnelles.

L’article de E. Baranes et Th. Cortade s’intéresse aux concentrations


horizontales à l’étage aval d’un marché de fourniture d’accès à Internet (celui
des « FAI ») tandis que le segment amont (l’infrastructure constituée par les
« backbones ») est très imparfaitement concurrentiel. Le point de départ de
leur analyse est que le marché sur lequel évoluent les backbones est fortement
concentré puisque cinq opérateurs se partagent 80% du marché et peuvent
donc agir en restreignant l’accès des FAI aux backbones, notamment lorsque
ces derniers sont verticalement intégrés et ont donc intérêt à réduire la
concurrence en aval. L’article s’intéresse aux effets de la concentration du
marché aval sur la discipline ainsi exercée sur le marché amont. En l’absence
de régulateur contrôlant les prix d’accès pratiqués par les backbones, un étage
en aval plus concentré empêche indirectement l’amont de restreindre l’accès
et se substitue à la réglementation manquante.

L’article suivant, celui de C. Chambolle, L. Muniesa et M.-A. Ravon, s’inscrit


dans un courant de la littérature économique qui analyse les effets des
concentrations dans une relation verticale. Cette configuration de marché a
suscité de nombreux travaux, d’une part du fait de la forte concentration de la
distribution et, d’autre part, parce que les effets des stratégies et des structures
de marchés, dans de telles configurations verticales, viennent souvent
renverser les résultats connus dans les secteurs à un seul étage. Les auteures
analysent les effets de la concentration du marché aval (distribution) lorsque
les relations avec l’amont (l’étage des producteurs) sont représentées par une
série de négociations bilatérales entre producteurs et distributeurs. Le
contexte concurrentiel aval est celui d’une concurrence en quantités entre
distributeurs. Toute une série de conséquences contre-intuitives découlent de
cette combinaison d’hypothèses : d’une part, le prix d’achat sur le marché
intermédiaire augmente, du fait d’une moins grande sensibilité à leurs coûts
des distributeurs concentrés, d’autre part, les concentrations en aval ne
renforcent pas nécessairement la puissance d’achat des distributeurs.
Ensuite, plus le secteur amont est concurrentiel, plus les incitations à
fusionner de l’étage aval sont fortes. Enfin, la constitution d’une centrale
d’achat, habituellement favorable, tant aux distributeurs qu’aux
consommateurs, est ici défavorable aux deux catégories d’acteurs, car elle
empêche les producteurs de discriminer entre les membres de la centrale,
discrimination qui amoindrit le pouvoir de négociation des producteurs.

IV
Politique de la concurrence

La dernière partie de ce numéro spécial est consacré à la mise en œuvre de la


politique de la concurrence. Trois contributions la composent : les articles de
Lionel Janin et Benoît Menoni, puis de Frédéric Loss, Estelle
Malavolti-Grimal et Thibaud Vergé, enfin de Maïa David.

Analysant empiriquement la totalité des avis rendus par le Conseil de la


concurrence entre 1988 et 2002 en matière de contrôle des concentrations, L.
Janin et B. Menoni cherchent à évaluer, dans l’orientation de ces avis, le poids
de différents facteurs. Certains sont strictement économiques, comme
l’existence de barrières à l’entrée ou le degré de concentration de l’industrie,
alors que d’autres reflètent des éléments moins directement liés à la
conentration, comme l’existence de pratiques anti-concurrentielles
fréquentes dans le secteur considéré ou… l’identité du président du Conseil.
L’étude met en évidence le fait que les parts de marché des entreprises
fusionnées sont loin de constituer le principal critère d’approbation ou de
rejet d’une concentration. Les facteurs tenant aux comportements
stratégiques des entreprises, notamment l’existence de barrières à l’entrée ou
la possibilité d’ériger de telles barrières, et plus généralement les facteurs qui
modulent la concurrence et les comportements sur les marchés affectés,
tiennent une place importante, même si l’analyse complète de leur rôle est
empiriquement difficile. Chose rassurante, aucun effet personnel lié à
l’identité du président du conseil au moment de la décision n’apparaît ! Il
ressort néanmoins de cette investigation empirique que le Conseil de la
concurrence ne met pas en œuvre un test de création ou de renforcement d’une
position dominante, comme le faisait à cette époque la Commission
Européenne, mais procède à un bilan plus global des effets de la concentration
au sein duquel le critère des parts de marché ne joue pas le rôle principal.

F. Loss, E. Malavolti-Grimal et Th. Vergé analysent les effets de la


modernisation de la politique de la concurrence européenne intervenue en
2004, en particulier le volet qui substitue un régime de contrôle ex post des
accords entre entreprises au régime d’autorisation ex ante qui prévalait
auparavant. Ce changement s’accompagne d’une décentralisation aux
autorités de concurrence nationales et aux juges nationaux du contrôle des
effets des accords. Les conséquences en sont nombreuses, tant sur le plan
informationnel (l’autorité nationale de concurrence peut bénéficier d’une
meilleure information sur les accords…) que sur celui des objectifs
poursuivis (…cette autorité peut aussi utiliser ses ressources dans l’intérêt
des entreprises nationales plutôt que dans l’intérêt communautaire). Il en
résulte que certains accords, interdits sous le régime antérieur, peuvent être
autorisés sous le nouveau régime et réciproquement. Les auteurs se posent
alors la question de savoir comment obtenir la meilleure efficacité de la mise
en place du nouveau régime. Ils centrent leur analyse sur les échanges
d’information entre l’autorité « centrale » (la Commission) et les autorités
nationales : ces dernières examinent les cas qui leur sont soumis, transmettent
leurs informations à l’autorité centrale qui peut procéder à son tour à un
(ré-)audit des informations transmises. Dans un tel schéma, la
décentralisation aux autorités nationales de concurrence est favorable
lorsque l’avantage en termes d’audit de l’autorité nationale l’emporte sur sa
tendance à poursuivre un autre objectif que l’intérêt communautaire. Dans les
autres cas, il vaut mieux laisser agir l’autorité centrale.

Dans le dernier article du volume, M. David s’intéresse aux conflits qui


peuvent apparaître entre une agence de régulation environnementale et une
autorité de concurrence au sein d’un duopole polluant. Ces conflits
proviennent de la divergence d’objectifs entre les deux autorités et du fait que
les situations plus concurrentielles (que ceci soit dû aux structures de marché

V
ou aux comportements des entreprises) peuvent aussi être les plus polluantes.
L’agence environnementale dispose d’une taxe comme instrument de
contrôle de la pollution. Deux cas de figure sont examinés, selon que
l’entreprise la plus efficace est aussi la plus polluante ou non. Il en résulte que
selon les cas, efficacité concurrentielle et environnementale peuvent
coïncider ou diverger. Le conflit n’est donc pas inéluctable. Sont alors
envisagées des situations où l’autorité de concurrence exprime ses
préférences « concurrentielles » sur différents instruments de politique
environnementale : est considéré ici le choix entre une taxe ou un
infléchissement des choix d’investissement des entreprises polluantes. Dans
le cas où ce choix est offert, l’action sur les choix d’investissement est
préférée par l’autorité de concurrence lorsque l’entreprise la plus efficace est
aussi la plus polluante.

L’ensemble de ces articles montre bien le foisonnement des recherches


actuelles en économie industrielle. Un fil conducteur relie la plupart d’entre
eux : la préoccupation vis-à-vis des applications à la politique
microéconomique. Que celle-ci soit directement le sujet de la contribution ou
non, le souci de tirer les conséquences de ces modèles pour la décision
publique est constant. Ceci marque le tournant pris par l’économie
industrielle depuis quelques années : reposant maintenant sur une très grande
variété de modèles d’oligopoles qui offrent un socle assez large, l’économie
industrielle produit aujourd’hui des travaux empiriques et des contributions
tournées vers la politique économique. Ce numéro y contribue de façon
passionnante.

Anne Perrot

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