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OBJECTIFS EDUCATIONNELS
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I Introduction
− Les tumeurs vésicales (TV) représentent un problème de santé publique dans le monde.
− Le cancer de vessie est le premier cancer urologique en Tunisie ++
− L'incidence dans le monde est en augmentation de 1% par an avec une croissance plus
importante auprès du sexe féminin.
− Les TV apparaîssent après l'âge de 60 ans dans la majorité des cas avec un sexe ratio de 4
hommes / 1 femme.
− Il s'agit de tumeurs urothéliales dans 90% des cas (se développent à partir de
l'épithélium transitionnel ou urothélium, revêtant la vessie).
− Les TV non infiltrant le muscle vésical - TVNIM (anciennement "superficielles")
représentent 80% des cas : seul l'épithélium de revêtement (Ta, fig. 1A) ou le chorion
(T1, fig. 1B) sont envahis.
− Dans 20 % des cas, les TV se présentent d'emblée au stade de TV avec infiltration
musculaire – TVIM (infiltrante) (T2 ou plus, fig. 1C).
− La prise en charge des TVNIM est très différente de celle des TVIM.
− Les principaux risques d'une TVNIM sont la récidive (40 à 80% des cas) et la progression
vers le muscle vésical (1 à 30% des cas). La surveillance à long terme est donc
indispensable +++
Fig. 1A : TVNIM pTa (seul l'urothélium est envahi) - Fig. 1B : TVNIM pT1 (urothélium et chorion envahis) - Fig. 1C
: TVIM (muscle envahi).
II Physiopathologie
1. L'urothélium
L’urothélium ou épithélium transitionnel est l’épithélium de revêtement de l’arbre urinaire.
Il recouvre tout l'appareil urinaire (haut et bas), des cavités excrétrices rénales au méat
urétral. La maladie de l’urothélium peut donc toucher de manière synchrone ou métachrone
calices, bassinet, uretères, vessie et urètre. La vessie est touchée préférentiellement en
raison de la surface importante de l’urothélium et du temps de contact prolongé avec les
carcinogènes urinaires.
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2. Les carcinogènes
• Intoxication tabagique :
− Elle représente le principal facteur de risque des TV avec un risque multiplié par 4.
− Les substances cancérigènes sont : l'aniline, la toluidine, la naphtylamine.
− Il faut compter 10 ans de sevrage du tabagisme pour rejoindre le groupe des
personnes qui ne sont pas à risque de développer une TV.
• Carcinogènes industriels :
− La bilharziose ;
− Les infections bactériennes récidivantes ;
− Le sondage vésical à demeure.
L'irritation vésicale chronique est un facteur de risque de carcinome épidermoïde
principalement.
− Les cyclophosphamides ;
− L'irradiation pelvienne.
1. Type histologique
− Dans 90% des cas, les TV sont des carcinomes urothéliaux (anciennement appelés
carcinomes a cellules transitionnelles), c'est-a-dire des tumeurs développées a partir de
l'urothélium vésical.
− Les autres cancers (10%) sont principalement des carcinomes épidermoïdes (6%),
rarement des adénocarcinomes, des carcinomes neuroendocrines ou des sarcomes.
2. Grade tumoral
− Il correspond au degré de différentiation de la TV et permet de prédire son agressivité
(intérêt pronostique ++).
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− Les tumeurs sont classées en tumeurs de bas grade (bon pronostic) et de haut grade
(mauvais pronostic) (anciennement grade 1, grade 2 et grade 3).
− Le grade tumoral est précisé pour toutes les tumeurs, TVNIM ou TVIM.
Fig.2 : classification des TV selon le stade tumoral (TVNIM: Tis, pTa, pT1 - TVIM: pT2, pT3a,
pT3b, pT4).
IV Circonstances de découverte
A. L'hématurie
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B. Signes d'irritation vésicale
V Examen clinique
1. Interrogatoire
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2. Examen physique
Fig.3 : lésion tissulaire endoluminale au dépend de la paroi vésicale, immobile et vascularisée au doppler-
couleur (aspect échographique d'une TV).
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− L'échographie peut montrer des signes de présomption d'infiltration tumorale telqu'une
dilatation du haut appareil urinaire ou un envahissement péri-vésical massif.
2. Cytologie urinaire
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Fig.5 : Fluorescence vésicale en lumière bleue par l'hexaminolévulinate (aspect rosé fluorescent de la zone
tumorale).
Fig. 6A : résecteur mené d'une anse diathermique. Fig. 6B: introduction du résecteur vers la vessie à traves
l'urètre.
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Fig.7 (A, B) : Résection endoscopique d'une TV.
1. En cas de TVNIM
− Aucun bilan d'extension n'est nécessaire pour les TVNIM.
− Cependant, un uroscanner doit être réalisé afin de rechercher une localisation tumorale
concomitante sur le haut appareil urinaire. Cet examen est d'autant plus recommande
que la tumeur initiale est volumineuse et de haut grade.
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2. En cas de TVIM
− En cas de tumeur envahissant le muscle, un scanner thoraco-abdomino-pelvien avec
injection de produit de contraste et réalisation d'un temps tardif urinaire doit être
réalisé et permet :
▪ l'évaluation d'un éventuel retentissement sur le haut appareil urinaire
(obstruction urétérale par la tumeur) ;
▪ la recherche d'une tumeur concomitante du haut appareil ;
▪ l'évaluation de l'extension locorégionale et à distance de la tumeur: apprécie
l'envahissement de la graisse péri-vésicale et des organes de voisinage, permet la
recherche des adénopathies métastatiques ou de métastases (poumons > foie >
os ).
− Aucun autre examen complémentaire n'est recommandé en pratique courante.
Cependant, une scintigraphie osseuse peut être demandée en fonction des résultats
du scanner thoraco-abdomino-pelvien et de l'examen clinique du patient (douleurs
évocatrices de métastases osseuses).
X Traitement
A. RTUV
− Au-delà de son intérêt diagnostique, la RTUV est le premier temps du traitement des
tumeurs non infiltrantes.
− C'est pour cette raison qu'elle doit être complète et ramener de la musculeuse sur la
pièce anatomopathologique.
B. Instillations endovésicales
− Le but des instillations est de réduire le risque de récidive et de progression vers une
tumeur infiltrante.
− Toutes les tumeurs ne justifient pas de réaliser des instillations endovésicales. Les
instillations ne sont indiquées qu'en cas de fort risque de récidive et de progression.
− Les principaux facteurs de risque de récidive des TVNIM sont :
▪ les tumeurs multifocales ;
▪ les tumeurs > 3 cm de diametre ;
▪ les antécédents de TV et le délai entre les récidives.
− Les principaux facteurs de risque de progression vers une TVIM sont :
▪ le stade T1 ;
▪ le haut grade ;
▪ la présence de carcinome in situ associe.
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− Deux types d'instillations peuvent être utilisés : soit la chimiothérapie endovésicale par
mitomycine C, soit l'immunothérapie par le bacille de Calmette et Guérin (BCG).
− Le principe de la chimiothérapie endovésicale consiste à l'application au contact de la
muqueuse vésicale d'un agent directement cytotoxique sur les cellules tumorales ce qui
permettera de prévenir l'implantation des cellules tumorales libérées au cours de la
RTUV et d'éliminer une éventuelle maladie résiduelle.
− L'immunothérapie endovésicale par BCG permet de développer les propres moyens de
défense de la muqueuse vésicale entrainant ainsi une réduction du risque de récidive et
de progression.
− La cystectomie peut être réalisée par voie ouverte, par voie coelioscopique ou par voie
robot-assistée, en fonction de l'expérience du chirurgien.
− Un curage ganglionnaire ilio-obturateur bilatéral est systématiquement associé au geste
d'exérèse.
− La dérivation urinaire peut être cutanée via la réalisation d'une stomie urinaire
(urétérostomie cutanée trans-iléale de type Bricker) (Fig.10 A, B, C) ou interne via la
réalisation d'une néo-vessie a partir d'un segment digestif (entérocystoplastie) (Fig. 11 A,
B).
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Fig.10 (A, B, C) : montage d'urétérostomie cutanée trans-iléale de type Bricker.
C. TVIM métastatique
Le traitement de réference est une chimiothérapie à base de cisplatine.
Sauf cas exceptionnel, il n'y a pas de place pour un traitement chirurgical.
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XI Suivi
1. TVNIM
− Objectif : dépister les récidives et prévenir la progression.
− Le rythme des examens de suivi dépend du risque de récidive et de progression de la
maladie.
− Le suivi comporte des contrôles endoscopiques réguliers (cystoscopie) associés a des
cytologies urinaires.
− Une uro-TDM doit être réalisée tous les deux ans pour surveiller le haut appareil urinaire
(risque de survenue d'une tumeur de la voie excrétrice supérieure).
2. Tumeurs invasives
• Suivi oncologique :
• Suivi fonctionnel :
XII Conclusions
− Devant toute hématurie chez un adulte tabagique, le premier diagnostic à évoquer est la
tumeur vésicale ++
− Le cancer de vessie est le premier cancer urologique en Tunisie ++
− L’intoxication tabagique est le principal facteur de risque des TV.
− La cystoscopie est l’examen clé pour confirmer le diagnostic et constitue la première
étape de la RTUV.
− Les TVNIM ont tendance à la récidive et la progression, d’où la nécessité d’un traitement
adjuvent endovésical, selon le groupe à risque.
− Le traitement de référence des TVIM est chirurgical (Cystectomie ++)
− Un suivi à long terme est obligatoire +++
− Nos efforts doivent se concentrer sur la lutte contre les facteurs de risque (tabagisme) et
la surveillance par cytologies urinaires régulières des patients exposés à des carcinogènes
industriels.
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Tableau 1 : classification TNM 2009 des tumeurs vésicales.
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