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Les stratégies industrielles au Maroc

Réalisé par :
Zouoiya Douae
S5 (groupe 1)
S130393487

Sommaire

I. Contexte : évolution de l’industrie au Maroc


II. Les stratégies industrielles adoptées au cours du temps : entre volontarisme et
opportunisme

III. Quelques défis qui s’attaquent à l’industrialisation marocaine et leurs solutions

IV. Conclusion : industrie marocaine durant les 20 prochaines années …


Contexte : evolution de l’industrie
au maroc

« Il faut se préparer pleinement à inaugurer une nouvelle ère


industrielle portée vers et par la notion de souveraineté. »
« Nous l’invitons (le secteur privé) à orienter ses efforts vers
l’investissement productif, y compris dans les filières de pointe et
d’avenir, porté par des marques marocaines et à viser l’émergence
d’une nouvelle génération d’entreprises à travers tout le territoire
national. »
Extrait du Message adressé par Sa Majesté le Roi
Mohammed VI, que Dieu L’assiste, aux
participants de la 1ère édition de la Journée
Nationale de l’Industrie, le 29 mars 2023
D epuis son indépendance, le Maroc a mis en place une politique d’industrialisation
soutenue par des mécanismes de protection commerciale, des barrières douanières, et par des
incitations financières et fiscales. Cette stratégie a contribué à l’émergence d’une élite
d’entrepreneurs, issus des milieux traditionnels du commerce et de l’agriculture. Les
entrepreneurs ont constitué la première forme du capitalisme industriel marocain. Nous avons
assisté ainsi à la création au cours des années 60-70 d’une multitude d’entreprises
manufacturières dans le textile, l’agro-industrie, le plastique, la sidérurgie, le caoutchouc, la
mécanique, le raffinage, le montage automobile, etc.
Au début des années 2000, le tourisme et l’agriculture représentaient une part importante de
l’économie du Royaume avec respectivement une part de 8 % et 16 % du PIB. Afin de diversifier
et développer son économie, le Maroc a ainsi amorcé un processus de transformation structurelle
et sectorielle tendant vers la dynamisation des activités non agricoles. En effet, dès le milieu de la
décennie 2000, le pays s’est doté d’une stratégie « Plan Emergence » visant à repositionner le
tissu industriel national sur des métiers pouvant attirer les investissements directs étrangers tels
que l’offshoring, l’automobile ou encore l’aéronautique mais aussi, par le développement des
métiers traditionnels, comme le textile ou l’agroalimentaire.
Durant la même période, de grands projets structurants ont été initiés, notamment en matière
d’infrastructures : portuaires avec Tanger-Med, et la construction en cours de Dakhla Atlantic et
Nador West Med ; ferroviaires, avec la première ligne à grande vitesse d’Afrique ;
aéroportuaires, aux meilleurs standards internationaux ; routières, avec l’extension des réseaux
d’autoroutes pour atteindre plus de 2000 km ; et d’infrastructures dédiées à l’industrie, avec plus
de 12,000 ha de zones industrielles, permettant l’émergence d’écosystèmes industriels intégrés
autour de l’automobile, de l’aéronautique, de l’agro-alimentaire, de la chimie-parachimie, des
énergies renouvelables, de l’industrie pharmaceutique, et bien d’autres métiers mondiaux du
Maroc.

Grâce à l’investissement public dans les prérequis nécessaires, l’industrie retrouve une
place de choix dans l’agenda national marocain, avec des facteurs de compétitivité
intéressants à l’échelle mondiale, et se positionne désormais comme un levier important
pour la croissance économique et l’équilibre de la balance commerciale du pays.

Le dernier plan en date est le Plan de Relance Industrielle (PRI 2021-2023). Dans un contexte de
resserement des chaînes de valeur, ce dernier visait, entre autres, la substitution aux importations
à hauteur de 34 milliards de dirhams, via une plus forte intégration locale, un accompagnement
aux exportations et des actions ciblées pour renforcer la compétitivité de l’entreprise industrielle.
Le Maroc a ainsi procédé à une réelle réindustrialisation et à une percée des services
sur les dernières années.
L’industrie automobile est un exemple probant avec des niveaux de croissance à deux chiffres
atteignant un chiffre d’affaires à l’export de 115,5 MMDH à fin 2022, dépassant pour la première
fois la barre des 100 milliards de dirhams, contre 80,3 MMDH à fin 2021, soit une croissance de
42,9%. La capacité de production a atteint à fin 2022 près de 700 000 véhicules et ambitionne de
passer à plus de 1 million à fin 2025 avec un taux d’intégration passant de 65% à 80% sur les
prochaines années, permettant au passage la création de milliers d’emplois.
De plus, le Maroc a édifié une base aéronautique de qualité, diversifiée et compétitive, avec un
niveau d’intégration qui est passé de 38 % fin 2019 à 42 % en 2022 et ambitionne d’atteindre
50% dans les 3 prochaines années. Des métiers nouveaux et à forte valeur ajoutée se sont
développés. Ils couvrent des filières variées dont le câblage, la mécanique, la chaudronnerie, le
composite et l’assemblage mécanique.
D’autres secteurs comme l’agro-alimentaire, le textile ou encore l’industrie pharmaceutique ont
connu des avancées importantes. L’outsourcing, démarré il y a plus de 20 ans, s’est également
distingué parmi les 5 métiers «mondiaux» du Maroc, avec plus de 300 acteurs, près de 120.000
emplois créés (2ème employeur au Maroc) et plus de 14 milliards de dirhams de CA à l’export
(3ème générateur de devises pour le pays).
Ceci-étant, les trois dernières années n’ont pas été faciles au vu des différents défis auxquels
ont fait face les entreprises industrielles marocaines, notamment les effets de la crise sanitaire et
de la guerre en Ukraine, avec la hausse des coûts des produits énergétiques et des matières
premières. En réponse à ces crises successives, le Royaume a su démontrer toute sa résilience et
prouver son agilité industrielle pour servir les besoins de la nation. Plusieurs actions ont été
entreprises telles que : la stratégie nationale d’import-substitution, pilotée par le ministère de
l’Industrie et du Commerce ; la réorientation de la production d’opérateurs dans le textile ou
l’industrie pharmaceutique pour servir l’intérêt collectif dans un contexte sanitaire délicat ; les
efforts consentis par tous pour le maintien des emplois ou encore le rattrapage technologique dont
ont fait preuve de nombreux acteurs.
Aujourd’hui, l’économie mondiale est devenue hyper connectée, se caractérisant par des liens
commerciaux profonds rendant le monde plus vulnérable aux chocs. Le contexte de crise, duquel
nous sortons, a remis en question la stratégie industrielle de plusieurs pays. Plusieurs
gouvernements ont mis en œuvre un ensemble de politiques visant une souveraineté économique
et industrielle de leurs pays. L’objectif étant d’approvisionner leurs concitoyens en biens
essentiels en se réappropriant les chaines de valeur industrielles afin de réduire la dépendance aux
importations et réduire l’impact des perturbations logistiques mondiales à moyen terme.
Le Maroc a également adopté cette politique industrielle en mettant en œuvre des objectifs clairs
et des moyens considérables afin de permettre l’essor des industries locales et renouer avec la
croissance et le développement des régions et territoires.
Néanmoins, plusieurs défis restent à surmonter pour renforcer l’industrie du Royaume.
Les stratégies industrielles adoptées au
cours du temps : entre volontarisme et
opportunisme

I. La volonté de rupture (1956-1972)


Par définition, la politique industrielle marocaine n’a pu se dessiner qu’à compter de
l’Indépendance (mars 1956), à l’occasion en particulier du premier plan quinquennal (1960-
1964). Pour autant, il est utile de prendre connaissance des héritages structurants du Protectorat
français (1912-1956) dont la plupart des travaux retiennent les traits saillants suivants.
Le Maroc indépendant affiche un faible développement économique et industriel. L’exploitation
des ressources minières à destination de la métropole a précédé des investissements industriels
qualifiés de «tardifs» et considérés comme «faibles» en dehors des matériaux de construction
(Belal, 1980). Des sociétés privées exploitent le charbon de Jerada, le pétrole après 1945 et le fer
dans la zone espagnole, puis le plomb et le zinc. Mais à l’aube de l’indépendance, le Maroc
exporte à l’état brut et en quasi-totalité son minerai. La petite usine de superphosphate près de
Casablanca (capacité de 100000 tonnes par an) est, à ce titre, révélatrice des intérêts qui dominent
le schéma colonial. Les superphosphatiers français tels que Kulhmann ou SaintGobain, clients
principaux de l’exploitation du minerai par l’Office chérifien des phosphates (OCP)(11),
s’opposent efficacement à l’idée, pourtant évoquée dès 1953, d’une usine de traitement
d’importante capacité (Oualalou, 1974). Une fonderie de plomb est installée à Oued el Heimer,
mais on note, surtout, les activités de transformation des matières premières agricoles telles que
les céréales ou le sucre mais aussi des produits de la mer et de l’élevage.
A l’aube de l’indépendance, le Maroc est donc loin d’avoir enclenché un processus
d’industrialisation. L’économie du pays est marquée par l’importance des activités agricoles et
artisanales traditionnelles – elles occupent environ 70% de la population active - et par un secteur
moderne étroit qui subit des termes de l’échange défavorables à l’accumulation.
Le plan de transition, biennal (1958-1959), prépare les orientations du premier plan
quinquennal du Maroc (1960-1964) adopté par le gouvernement Abdellah Ibrahim pour sortir
le pays du sous- développement. L’État cherche à organiser une « rupture dans les relations
nouées avec l’ancienne métropole » (Jaïdi, 1992). Ces interventions ont pour objectif premier de
lever les obstacles au développement industriel en assurant « les plus grandes transformations
possibles des matières premières minérales» et en créant «les industries de base fondamentales
autour desquelles doivent se greffer des complexes industriels de transformation». L’industrie
marocaine qualifiée d’« atomistique» (Oved, 1961) est alors composée de petites et moyennes
entreprises et souffre d’un manque de relations inter-industrielles. Comme on l’a vu, il n’y a ni
liaison ni continuité entre les activités de transformation et les activités d’extraction. Leur
développement s’est fait en parallèle. De plus, l’industrie de transformation orientée vers
l’exportation se heurte à de sérieux problèmes de débouchés , sans que les marchés domestiques
soient en capacité de prendre le relais.
Une orientation claire est donnée dès 1957 avec la création du Bureau d’études et de
participations industrielles (BEPI), qui consacre la participation de l’État à l’industrialisation du
pays: constitution d’un patrimoine industriel public et développement d’un partenariat avec les
capitaux privés. Le BEPI a aussi pour mission de veiller au maintien dans le pays de la valeur
ajoutée produite par l’implantation de nouvelles usines, aussi bien dans leur phase d’installation
(secteur local de la construction) que de production (soustraitance locale). Les autorités
marocaines choisissent donc de participer directement au développement d’une industrie de
base : valoriser les richesses nationales en développant une industrie de base et accélérer le
développement de l’industrie en général à partir des effets d’entraînement. Deux complexes
industriels sont projetés: un complexe sidérurgique dans le Nord, adossé au gisement de fer de
Nador, et un complexe chimique à Safi, adossé à la production des phosphates. L’État participe
également au développement d’entreprises stratégiques, mais dont la rentabilité ne peut être
assurée que par une situation de quasi-monopole, comme la raffinerie de produits pétroliers ou
l’assemblage de véhicules automobiles.
Le volontarisme étatique marocain, poussé en 1958 par la fuite massive de capitaux après la
sortie de la zone franc et le manque de substituts nationaux, tente d’imposer un principe
d’économie mixte. Organisées par le BEPI, les prises de participation de l’État dans différentes
sociétés (raffinage, fabrication mécanique, textile, alimentaire, etc.) sont associées à des capitaux
privés, parfois étrangers (français, italiens, américains). Cette approche trouve son équivalent
dans le secteur des mines avec des prises de participation du Bureau de recherche et de
participation minière (BRPM) qui vont de 17% à 50% dans différentes sociétés. Des conventions
régissent l’implication et les devoirs de chaque associé, et l’investissement étranger est encouragé
au côté de celui de l’État.
Le premier plan quinquennal traduit donc la volonté de l’État marocain d’engager le pays dans la
voie de la modernisation à travers l’industrialisation et la réforme agraire – dont il ne sera pas
explicitement question ici. Au plan politique, sans entrer dans l’analyse complexe des facteurs les
plus influents, la coalition d’acteurs portant cette orientation industrialiste s’avère insuffisamment
large ou de trop faible pouvoir. Les milieux d’affaires européens, contestés dans leurs intérêts
historiques, expriment leur colère (Vermeren, 2002). Les intérêts agraires et terriens constitués
sous le protectorat, pour une grande partie maintenue, s’opposent également à cette orientation. A
l’intérieur du pays, les difficultés économiques grandissent. A partir de 1964, un nouveau
mouvement de rapatriement des capitaux étrangers s’opère vers l’Europe. Les investissements
directs étrangers décroissent. Révélateur des difficultés de financement, le premier plan
quinquennal fait l’objet d’une seconde version dès la fin de l’année 1961. Les tensions politiques
s’ajoutent aux tensions économiques. La crise du Rif est réactivée en 1959, les conflits et
scissions politiques se multiplient. Suite à la dissolution du gouvernement Ibrahim le 21 mai
1960, l’ambition industrialiste des premières années de l’indépendance du Maroc va être ajustée.

II. L’option industrialiste de l’État: substitution aux importations, exportation


et marocanisation (1973-1977)
Au cours de la première décennie d’indépendance, l’ambition de l’État s’est heurtée à l’obstacle
du financement. L’intervention directe et indirecte de l’État n’a pas été en mesure de le lever. Cet
état de fait est modifié par un choc externe. La première crise pétrolière provoque une hausse du
prix des phosphates(22) dont le Maroc est devenu le premier exportateur mondial. L’État se
retrouve avec des moyens accrus. Durant cette période, le taux d’investissement a atteint 36% du
PIB, contre un taux moyen de 20% pour les années antérieures (Banque mondiale, 1988),
dépassant de la sorte les dépenses de fonctionnement en 1976-1977.
Le nouveau plan quinquennal 1973-1977, dit de « développement économique et social», traduit
cette opportunité. Des objectifs quantitatifs sont fixés: une croissance économique accélérée (+
7,5% par an) et un accroissement substantiel des investissements (+18% par an). Si le plan
quinquennal vise prioritairement l’agriculture et le tourisme, l’industrie revient au cœur d’un
dispositif d’action publique en faveur du décollage économique. A travers lui, l’État réaffirme un
rôle, une ambition et un principe d’intervention dans l’économie. Le rythme de croissance du
secteur secondaire est fixé à 11% par an. Plusieurs leviers sont activés simultanément pour
atteindre un tel objectif.
L’investissement public dans l’industrie est le premier d’entre eux. Il passe, en intention, de 11%
du budget dans le plan 1968-1972 à 21,7% dans le plan 1973-1977. Dans les faits, l’État s’engage
plus fortement dans les activités technologiquement avancées à travers la production et le
financement de plans sectoriels (chimie, ciment, sucre). Il se dote de nouveaux outils
d’intervention publique dans les affaires économiques, le BEPI ayant été mis en sommeil au
milieu des années 60. L’Office du développement industriel (ODI), créé en 1973, est un de ces
nouveaux leviers de l’action publique(25), chargé de soutenir les entreprises par de nouvelles
prises de participation et des actions d’appui-conseil aux activités de transformation. A ce sujet,
L. Jaïdi (1992, p. 95) évoque une relance de la substitution aux importations dans les branches de
l’industrie légère qui ne sont pas encore saturées pour satisfaire les besoins nationaux en produits
alimentaires de base et en produits stratégiques.
Face à l’étroitesse du marché intérieur déjà éprouvé, l’État renforce dans le même temps la
promotion des exportations. Le plan de 1973 choisit d’appuyer l’expansion industrielle du pays
sur la demande externe. Les mesures de soutien visaient jusqu’à présent principalement
l’industrie spécialisée dans la mise en valeur des ressources agricoles, halieutiques ou minières.
Elles s’étendent dorénavant aux activités manufacturières et aux unités de plus petite dimension.
Stratégiquement, au cours de ces années, le Maroc tente de capter les opportunités
d’investissement direct étranger qu’ouvrent, au Nord, le redéploiement spatial des industries de
première spécialisation et la croissance des activités de sous-traitance (Jaïdi, 1992). La Banque
mondiale recommande d’ailleurs d’adopter des mesures favorables à l’investissement direct
étranger. On en retrouve dans le Code des investissements du 13 août 1973 – en particulier, la
garantie du re-transfert du produit de liquidation et des dividendes, l’exonération des taxes sur les
biens d’équipement importés. Pourtant, si une logique d’attractivité commence à orienter la
trajectoire industrielle du Maroc, d’autres considérations, opposées pour l’une d’entre elles, sont
par ailleurs affirmées dans les documents d’orientation et de programmation de la politique
industrielle.
Le Code des investissements de 1973 décline les avantages fiscaux, financiers et douaniers
suivant cinq secteurs: industriel, touristique, artisanal, minier et maritime. On retrouve,
concernant l’industrie, deux impulsions déterminantes pour le processus d’industrialisation. La
première et la plus commentée traduit la loi du 2 mars 1973 relative à la marocanisation(26). Elle
contraint la participation maximale du capital étranger dans une société de droit interne et fixe,
par voie réglementaire, une liste d’activités qui ne peuvent être exercées que par des personnes
physiques ou morales marocaines(27). Des limitations aux bénéfices des entreprises non-
marocaines sont instaurées. L’État vise ainsi à corriger une répartition des revenus défavorable
aux nationaux en même temps qu’il cherche à limiter le pouvoir des capitaux étrangers sur le
processus de développement économique (Belghazi, 1999). Accroître la souveraineté
économique nationale revêt aussi une dimension politique majeure.
le volontarisme incontestable des années 70 se caractérise par un certain enchevêtrement
d’orientations. Considérée indépendamment, chacune semble circonstanciée et répondre à des
ordres différents de contraintes sans que ne se dégage l’impression d’une impulsion cohérente en
faveur de l’industrialisation. La plus marquante, au cours de ces années, reste l’extension et la
diversification de la participation de l’État au capital industriel à travers deux organismes
principaux, l’ODI et l’OCP. Quant à la marocanisation, elle relance indéniablement la lente
constitution d’un capital privé marocain engagé depuis l’Indépendance, avec l’appui de
protections douanières et de la substitution aux importations ; La trajectoire d’industrialisation
visée se caractérise, jusqu’à présent, par la recherche d’une autonomie relative du processus sans
recherche de déconnexion et par la sélection d’investissements à effets d’entraînements sur le
reste de l’industrie (industrie de base initialement, puis industrie légère avec remontée de
filières). Moins que l’accent mis sur les exportations, présent dès les années 60, la stratégie
naissante d’attractivité amorce la prochaine bifurcation.

III. L’industrie d’exportation, résultante de la stabilisation et de l’ajustement


(1978-1998)
En attendant, la conjoncture favorable s’inverse en milieu de décennie. Les prix du phosphate
chutent à partir de 1975, révélant les failles et les blocages du processus d’industrialisation. La
contrainte de financement public ressurgit et complique l’importation des biens d’équipement
nécessaires à l’industrialisation du pays. En réponse, le Plan de transition (1978-1980) réduit la
portée des objectifs industrialistes reportés à beaucoup plus tard. La montée en puissance de la
dette pousse à privilégier des objectifs de stabilisation et de réduction des importations afin de
réduire les déséquilibres macro-économique internes et externes, préparant la phase d’ajustement
structurel de l’économie.
Dans un contexte de raréfaction des moyens de financement publics, la loi sur la marocanisation,
critiquée pour ses effets repoussoirs sur l’investissement extérieur, est abrogée. Les codes des
investissements de 1982 et 1983 puis ceux de 1984 et 1986 traduisent un renversement de
tendance puisqu’ils activent un « appel aux capitaux extérieurs». La condition de marocanité est
supprimée, les avantages fiscaux sont étendus à de nouveaux investisseurs, aux activités de
services aux entreprises et déclinés par secteur (tourisme, activités maritimes, mines) et par
région. Dans un souci de simplification et de facilitation, la Charte des investissements
remplacera le principe du Code à partir de 1995.
Le modèle des années 60 et 70 de concentration des investissements publics sur les secteurs
modernes est entré en crise-endettement, crise des marchés de destination et dérapage des
dépenses publiques (Collectif, 2006). Les premières mesures du Plan de transition n’y changent
pas grand-chose. La Banque mondiale et le FMI enjoignent les autorités marocaines de s’engager
dans un programme standard de réformes afin de limiter l’endettement et de réduire le déficit de
la balance des paiements. Si l’administration et le gouvernement continuent à produire deux plans
quinquennaux (29) jusqu’en 1992, l’ajustement structurel tient lieu de cadre institutionnel,
économique et stratégique unique pour la réforme, tant de la politique agricole que de la politique
industrielle. La stabilisation, tout d’abord, consiste à ramener la demande globale à un niveau
compatible avec la disponibilité en devises et la capacité productive du pays afin de lutter contre
l’inflation. Elle donne lieu à une politique de rigueur à la fois budgétaire (réduction des dépenses
et réforme fiscale) et monétaire (hausse des taux d’intérêt). Les interventions de l’État, entraînant
des distorsions, sont en principe limitées à l’institution des mécanismes de marché. La croissance
repose sur les gains de productivité que les producteurs, confrontés à la concurrence locale et
internationale, devraient obtenir. Elle se fonde sur le développement d’activités d’exportation.
Les réformes structurelles consistent donc à modifier les structures économiques en donnant la
priorité à la concurrence interne et à l’ouverture aux échanges internationaux. Contre un
engagement à mettre en œuvre une politique de stabilisation et un programme de réformes, l’État
endetté reçoit des prêts permettant de financer cette nouvelle politique.
Le manque de devises étrangères pousse le Maroc à engager des négociations avec la Banque
mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) en mars 1983 puis à signer, la même
année, un premier Programme d’ajustement structurel (PAS). En 1984 et en 1985, un programme
de stabilisation et d’ajustement de l’industrie et du commerce extérieur est élaboré avec ces deux
organismes. En contrepartie, le pays obtient deux prêts successifs et un rééchelonnement de sa
dette.
Les réformes consistent à promouvoir les activités d’exportation de produits industriels en
améliorant leur compétitivité-coût par une réduction de la protection douanière favorable à la
substitution aux importations. La stratégie s’accompagne d’une dévaluation progressive de la
monnaie et d’une série de mesures bancaires et fiscales pour faciliter l’accès des entreprises au
financement.
Après que l’État ait favorisé l’émergence d’un secteur privé marocain dans les années 1970(30)
en le protégeant, au cours des années 80, l’accord de coopération productive et commerciale avec
la CEE – entré en vigueur en 1978 – accélère le développement du secteur des exportations. Le
Maroc adhère au GATT en 1987. De très nombreuses PME marocaines sont créées, bénéficiant
de la mise en place du Trafic de perfectionnement passif(31) (TPP) par la Communauté
européenne. Ce dispositif, il est utile de le rappeler, favorise le développement de la sous-
traitance au sud de la Méditerranée puis à l’est de l’Europe, l’amont de la filière à plus forte
valeur ajoutée restant dans les pays d’origine. Au Maroc, la disposition européenne favorise la
création d’entreprises par de nouveaux entrepreneurs de catégories sociales plus modestes. Ce
sont le plus souvent des entreprises familiales qui se concentrent dans la confection, à tel point
que la structure des exportations du pays s’en trouve modifiée.
Les programmes de stabilisation macro-financière prennent fin en 1993. L’ajustement structurel,
à proprement parler, n’est plus à l’agenda des politiques publiques. La politique industrielle prend
la forme d’un programme de mise à niveau des industries marocaines et des PME. Il s’agit de
conformer l’industrie marocaine aux standards internationaux de la concurrence et de la corporate
governance afin de la préparer à la libéralisation et à l’ouverture qui se poursuivent. Le
gouvernement, en partenariat avec des organismes de coopération bilatérale, des organisations
internationales de financement et des structures nationales de formation, propose des programmes
d’assistance technique pour aider à la formulation de diagnostics stratégiques, accompagne les
entreprises dans la mise en place de leur système de management, subventionne l’analyse des
besoins de formation et propose une série de soutiens financiers sous forme d’apports de fonds de
garantie, de capital-risque, d’ouvertures de lignes de crédit pour la mise à niveau des
équipements, etc.

IV. Plan émergence 2005


Inspiré de l’expérience mexicaine des zones franches d’exportation ainsi que de celle de Shenzen
(Hong Kong) le plan émergence (2005-2009) constitue un prolongement des réformes
institutionnelles. En effet, sur la base d’une étude réalisée par Mc Kinsey & Company à la
demande du gouvernement marocain, la stratégie industrielle appelée « Plan Émergence »
répondait à trois objectifs : attirer de nouveaux investissements industriels au Maroc, développer
certains secteurs porteurs qu’on appelle également les métiers mondiaux du Maroc (MMM) et les
rendre compétitifs à l’export, à savoir : l’offshoring, l’automobile, l’aéronautique, l’électronique,
l’agroalimentaire, etc., ainsi que lacréation des zones franches dédiées aux industriels orientées
vers l’exportation pour lesquels le Maroc dispose d’avantages comparatifs.
Pour réaliser ces objectifs et afin de moderniser le tissu industriel existant, un programme
transversal a été mis en place qui consiste en:
 L’assistance technique et managériale, l’accès au financement, l’environnement des PME,
ainsi que la reconfiguration du tissu et des acteurs.
 Ledit programme a été conçu pour faire face aux faiblesses du système industriel et àleurs
externalités négatives engendrées sur l’économie nationale à savoir: la faible valeur
ajoutée du secteur industriel, la faible productivité des investissements, le déficit
commercial chronique, la désarticulation des filières industrielles, un taux de croissance
économique insuffisant et le faible positionnement du Maroc par rapport aux pays
émergents.
Principaux indicateurs des Industries manufacturières en 2005

Composition du PIB industriel en 2005

Forces et faiblesses de l’industrie marocaine après cette stratégie


o La base industrielle du Maroc est peu diversifiée;
o Le tissu des acteurs est très fragile en raison de sa souscapitalisation, de son niveau élevé
de fragmentation et de sa taille;
o Les facteurs et avantages comparatifs distinctifs sont peu et mal utilisés
o Mais , Les tendances sectorielles demeurent favorables malgré la montée en puissance de
l’Asie,
Stratégie « emergence » : axes stratégiques complémentaires
1. Offshoring ( délocalisation de service ) :
Lignes de force de la stratégie sectorielle
 Positionnement de leadership sur le nearshoring francophone
- Focalisation ciblée sur 10-12 filières clés (sur 145 possibles) particulièrement
adaptées (langue, proximité)
- Marché potentiel très important: 8-10 Mds Euros
 Stratégie d’émergence rapide sur les 3 prochaines années
- Développement de zones spéciales dédiées à l’offshoring présentant tous les
facteurs clés de succès .
- Conclusion de 3-5 transactions de référence (SSII/ captives multinationales)
 Stratégie de développement moyen terme équilibrée (formation, cadre sectoriel,
infrastructures, promotion)
2. MED ZONES (sous-traitance industrielle)
Lignes de force de la stratégie sectorielle
Lancement des MED ZONES
• Développement de zones spéciales
• Ambition: constituer l’arrière-pays de l’UE autour de conditions logistiques optimales et de
coûts de facteurs distinctifs
Ciblage sur l’équipement Automobile
• Focalisation sur 250 à 300 équipements adaptés aux coûts de facteur du Maroc, 28 sites de
production à 3 jours de camion (6,7 millions de véhicules/an)
• Construire la base de l’émergence d’un site majeur d’assemblage
Ciblage sur la sous-traitance électronique
• Potentiels importants sur l’électronique de spécialité/intégrée
• Niches de nearshoring dans un espace très vaste / petites et moyennes séries (PME)
Equipementerie Aéronautique
• Développement du pôle de Nouacer et extension de gamme
3. Agro-industrie
Lignes de force de la stratégie sectorielle
• Développement de 8 à 10 filières en traitant les problèmes structurels (notamment amont)
– Accélération des filières existantes (fruits/ légumes et corps gras)
– Émergence de nouvelles filières à valeur ajoutée (bio, plats cuisinés)
– Filières clés long terme (huile d’olive, jus d’orange)
• Développement de projets intégrés autour de Pôles Agro ou Agrotech dédiés (Agadir, Gharb,
Bipôle FèsMeknès, Oriental)
4. Produits de la mer
Lignes de force de la stratégie sectorielle
• Valorisation industrielle et commerciale des pélagiques (mix produit, diversification, volume)
• Développement des produits congelés élaborés (diversification et montée en gamme) sur une
plateforme régionale de "hubbing " (Agadir Fishing Transformation Hub – AFTH, Dakhla et
Laayoune)
5. Textile
Lignes de force de la stratégie sectorielle
• Logique d’intégration cibl gration ciblée autour de certaines filières.
• Réactivité et qualité de service autour de plate-formes d’exportation exportation bénéficiant
d’une logistique performante.
• Offre plus comp Offre plus compétitive autour de produits finis à plus forte valeur ajoutée .
• Promotion Promotion plus agressive et diversification diversification des marché.

V. Pacte National pour l’Émergence Industrielle 2009-2015 :


Le contrat programme intitulé : Pacte National pour l’Émergence Industrielle (2009-2015)
reprend la logique de coordination et de contractualisation des actions de l’État et des opérateurs
économiques initiée par le plan émergence (2005-2009). En effet, ce contrat programme
matérialise les engagements réciproques de l’État, représenté par plusieurs départements
ministériels (Ministère de la justice, MEF, Ministère de l’agriculture, Ministère de l’industrie,
Ministère du Commerce extérieur,..) et du secteur privé, représenté par la Confédération Générale
des Entreprises du Maroc (CGEM) et le Groupement Professionnel des Banques au Maroc. Le
PNEI a pour objectif la dynamisation du secteur industriel, tout en capitalisant sur les efforts
déployés par le pays pour développer la sphère industrielle au Maroc. Dans ce sens, le PNEI
constitue une continuité du plan émergence (2005-2009) adopté par le pays, plus particulièrement
concernant l’aspect relatif au développement des Métiers Mondiaux du Maroc (MMM). Dans ce
sens, le PNEI fixe 6 métiers en particulier :
 L’offshoring, l’automobile,
 l’aéronautique et spatial,
 l’électronique,
 le textile
 cuir
 l’agroalimentaire.
En parallèle, et pour une approche intégrée s’intéressant à l’ensemble du tissu des entreprises, des
mesures transversales visant notamment l’amélioration de la compétitivité des entreprises ont été
définies, et qui visent 4 chantiers transversaux :
 La compétitivité des PME
 le climat des affaires
 la formation et les plateformes industrielles intégrées (P2I).
Globalement, le PNEI s’est fixé à l’horizon 2015 les objectifs suivants :
 La création de 220 000 emplois
 l’augmentation du PIB industriel de 50 MMDH additionnels
 la génération d’un volume supplémentaire d’exportation de 95 MMDH ainsi que
50 MMDH d’investissements privés dans l’activité industrielle.
Préalablement à sa rédaction, une étude initiée conjointement par Ahmed Réda Chami, ministre
du Commerce et de l'Industrie et Moulay Hafid Elalamy, président de la Confédération générale
des entreprises du Maroc a été confiée au cabinet Mckinsey.
Le cahier des charges de cette étude comprenait cinq volets ;
Volet 1 : Métiers Mondiaux du Maroc
Il consiste à développer les métiers mondiaux du Maroc (automobile, aéronautique,
électronique, offshoring, textile et cuir, agroalimentaire) et à les doter de nouveaux espaces
de 3e génération : les Plateformes industrielles intégrées (P2I). Celles-ci devront offrir à tout
industriel, du foncier à prix compétitif et des services mutualisés (guichet administratif unique,
maintenance, restauration, formation, etc.). Ces P2I devront être intégrées à leur environnement
extérieur et se positionner comme véritable poumon économique pour les villes dans lesquelles
elles seront situées.
Volet 2 : Modernisation compétitive des PME
Il s’agit de moderniser le tissu de PME qui est très fragmenté et fragile.
L’objectif est d’intervenir tout le long du cycle de vie de la PME en encourageant la création
d’entreprises, améliorant la compétitivité de celles existantes par de l’assistance technique
et managériale et enfin en agissant sur la reconfiguration du tissu par la facilitation des
mécanismes de consolidation ce qui permettra de créer des champions nationaux au niveau de la
PME.
Volet 3 : Amélioration du climat des affaires
Ce volet a pour objectif d'améliorer le climat des affaires et gagner des places dans les
classements internationaux notamment à travers la réforme des processus liés à l’acte
d’entreprendre.
L’accent a été mis sur les processus critiques à impact direct et important sur l’environnement des
affaires.
Volet 4 : Redynamisation de la formation
Le taux de chômage urbain au Maroc est très élevé alors que paradoxalement certains secteurs ne
trouvent pas les ressources humaines nécessaires.
Une meilleure adéquation entre l’offre et la demande devient un impératif. La démarche a été
d'inciter les opérateurs à prévoir leurs besoins par secteur.
Par ailleurs, l’état et le privé, conscient de la nécessité d'améliorer la qualité de la formation ont
décidé de prendre comme modèle les instituts spécialisés (ex IMA).
Volet 5 : Agence Marocaine de Développement des investissements
La création de cette agence était un impératif pour renforcer l’exécution de la stratégie
industrielle.
Cette Agence a été dotée des moyens humains et financiers nécessaires avec des représentations à
l’étranger ayant pour mission principale d’attirer les investisseurs étrangers à l’instar de
dispositifs similaires mis en place par des pays concurrents.
L'objectif est de faire de ces investisseurs des locomotives suivant l'exemple de ce qui a été
réalisé avec Renault à Tanger.

VI. Plan d’accélération Industrielle 2014-2020


En dépit de réels succès sectoriels, comme dans l’automobile ou l’aéronautique, le bilan
insuffisant des deux premières stratégies industrielles a cependant conduit l’État marocain à
ajuster son approche. En effet, Le Plan d’accélération Industrielle s’inscrit dans une nouvelle
approche basée sur la mise en place d’écosystèmes performants, visant l’intégration des chaines
de valeur et la consolidation des relations locales entre les grandes entreprises et les PME ainsi
que la création d’emplois qualifiés. De ce fait, ces écosystèmes industriels deviennent ainsi l’outil
d’une mise en œuvre coordonnée des divers dispositifs publics de soutien aux secteurs
exportateurs. En effet, chaque écosystème bénéficie de moyens publics dans le cadre d’un
partenariat privé public contractualisé. Les entreprises s’engagent sur un objectif d’emplois et,
dans certains cas récents, sur un taux d’intégration-cible.
D’autre part, le PAI mise sur les effets supposés vertueux et mécaniques d’une meilleure
intégration aux chaînes de valeurs mondiales (CVM) et prévoyait l’extension des partenariats
industriels en direction d’économies du Sud comme la Chine, et inscrit à son agenda un
dynamique d’intégration africaine.
OBJECTIFS ET FINALITÉS DU PLAN D’ACCÉLÉRATION INDUSTRIELLE
 LES FINALITÉS DU PAI

2.dynamiser la capcité 3.accroitre la capacité


1.augmenter la part de
d'exportation et inverser d'absorption des
l'industrie dans le PIB
ka balance commerciale nouveaux actifs

4.amplifier la productivité
5. améliorer les capacités
par un appui industriel
d'accueil des investisseurs
ciblé

 LES OBJECTIFS DU PAI


La stratégie industrielle mise en place en 2014 a assigné au secteur, des objectifs en termes de
création d’emplois et de contribution au PIB :
PILLIERS DU PLAN STRATEGIQUE (2021-2023)

Pilier 1 : Faciliter le Recours au Financement par le Marché des Capitaux


Le financement constitue un enjeu vital pour l’entreprise afin de lui permettre de développer son
activité et assurer sa pérennité. A côté des modes de financements traditionnels, le marché des
capitaux met à la disposition des entreprises une large panoplie d’outils de financement.
Toutefois, force est de constater que le recours au marché des capitaux reste limité, privant les
entreprises de sources de financement importantes et diversifiées. Les entreprises,
particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME), moteurs de l’économie marocaine et
placées aujourd’hui au cœur des réflexions sur la relance économique, feront l’objet d’une
attention particulière et de mesures spécifiques de la part du régulateur afin de les guider et leur
faciliter l’accès au marché des capitaux.
L’attractivité du marché repose également sur un cadre réglementaire flexible, en ligne avec les
évolutions du marché et répondant aux attentes des acteurs. L’AMMC soutiendra la mise en place
d’un tel cadre notamment et déploiera des efforts spécifiques pour la mise en œuvre des
nouveaux textes réglementaires.
Enfin, renforcer l’attractivité d’un marché, c’est également développer la culture financière des
épargnants et investisseurs. L’AMMC intensifiera ses programmes d’éducation financière avec
un double objectif : accompagner les investisseurs et épargnants actuels et contribuer au
développement et à la diffusion d’une culture de l’épargne et de l’investissement en instruments
financiers parmi le grand public.
Une approche plus adaptée aux besoins des entreprises et des porteurs de projets
En constante évolution, le marché des capitaux offre aujourd’hui aux entreprises des solutions
adaptées. En atteste la récente mise en place, au niveau de la Bourse de Casablanca, d’un marché
alternatif dédié aux PME et assorti de règles allégées, ainsi que de compartiments réservés aux
investisseurs qualifiés.
Afin de compléter ce dispositif, l’AMMC, aux côtés des principaux acteurs de l’écosystème,
prévoit le lancement d’une offre intégrée conçue spécifiquement pour les PME.
L’AMMC veillera également au développement d’une offre de produits et de services financiers
adaptée à ces entreprises. De fait, l’AMMC soutiendra le développement et le recours aux modes
de financement alternatifs, tels que les OPCI, les OPCC ou les fonds de titrisation.
Le marché de la dette privée sera appelé aussi à jouer un rôle important dans le financement des
entreprises car ce marché offre des possibilités de développement encore non exploitées. A ce
titre, une série de mesures sera adoptée afin de le dynamiser et sécuriser son fonctionnement.
Un développement réglementaire en phase avec les évolutions et les besoins du marché
Le cadre réglementaire conditionne certains choix stratégiques et les possibilités de
développement des entreprises. S’il a connu plusieurs évolutions ces dernières années, les
attentes des entreprises et du marché restent encore fortes.
L’AMMC contribuera à la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire moderne, flexible
et évolutif, à même de soutenir et de dynamiser le marché et les acteurs qui y opèrent.
L’AMMC veillera également à accompagner la mise en œuvre des textes par des actions
pédagogiques telles que la publication de guides, l’organisation régulière de formations et de
rencontres…
Un engagement continu en faveur de l’éducation financière
Pour accompagner les épargnants actuels et rendre le marché des capitaux plus accessible au
grand public, l’AMMC poursuivra ses efforts et multipliera les initiatives d’éducation financière.
L’Autorité compte notamment accroitre sa présence sur les canaux digitaux pour la diffusion
d’un contenu pédagogique plus dynamique et à destination d’un public plus large.
Enfin, l’AMMC veillera à renforcer les capacités des acteurs de la place grâce au déploiement du
dispositif d’habilitation qui sera consolidé et élargi. En outre, une certification internationale sera
déployée pour certaines fonctions.
Pilier 2 : Promouvoir une Régulation Adaptée à l’Innovation
Pour l’AMMC, assurer l’attractivité et la compétitivité du marché des capitaux c’est aussi
l’ouvrir aux dernières innovations de l’industrie financière tout en préservant son bon
fonctionnement, la protection des épargnants et la stabilité financière. Il s’agit de mettre en place
un cadre sécurisé, une régulation adaptée et une veille rapprochée des risques potentiels pour les
investisseurs. Cela suppose également d’appréhender les évolutions à venir et les perspectives
offertes par les dernières technologies qui parfois, bouleversent les modèles classiques de
financement et de régulation.
Un encouragement continu du développement des produits innovants et durables
Les dernières évolutions technologiques favorisent l’émergence de nouvelles formes
d’organisation et ouvrent de nouvelles perspectives qu’il convient d’investir. Dans l’objectif
d’appuyer et de suivre les innovations dans le secteur financier, l’AMMC prévoit d’élaborer une
feuille de route dédiée aux Fintech. Elle aura pour but d’évaluer les opportunités et de déceler les
nouvelles formes de risques inhérents à ces innovations. Le développement durable constituant
une priorité stratégique nationale, il est aujourd’hui essentiel d’intégrer cette dimension aussi bien
dans la conception des projets et les initiatives de développement que dans leurs modes de
financement.
En matière de finance durable, des réalisations concrètes ont été enregistrées au Maroc, attestant
de la capacité du secteur à innover. L’AMMC entend poursuivre ses efforts de soutien à la
finance durable à travers notamment l’encouragement de l’investissement socialement
responsable ou encore la contribution à l’élaboration d’une taxonomie des activités durables. Le
développement d’une finance responsable permettra de contribuer à une reprise économique plus
durable et résiliente.
Un accompagnement soutenu de l’opérationnalisation des nouveaux produits et marchés.
Au-delà de la mise en place d’un cadre réglementaire adapté à l’innovation, l’accompagnement
de l’AMMC portera également sur l’opérationnalisation des nouveaux marchés, tel que le marché
à terme, et des instruments financiers innovants permettant ainsi de diversifier l’offre et
d’améliorer la liquidité du marché. La finance participative fera l’objet d’une attention
particulière visant à élargir la palette des instruments Shariaa Compliant aux différents segments
de marché. Il en sera de même pour le financement collaboratif, connu sous le nom de
Crowdfunding. Ce nouvel outil de financement constitue un réel levier de développement de
l’entrepreneuriat et d’inclusion financière des jeunes porteurs de projets.
Une veille active des évolutions à l’international
La promotion d’une régulation adaptée à l’innovation requiert aussi une veille active des
évolutions des marchés à l’échelle internationale. Il s’agit pour l’AMMC d’appréhender les
évolutions à venir en participant activement aux travaux internationaux et en évaluant les
opportunités et les risques qu’elles présentent.
La coopération internationale permet également de renforcer les capacités et d’enrichir les
connaissances des collaborateurs de l’AMMC, grâce notamment à une participation régulière aux
programmes de formation organisés par les instances internationales ou encore l’organisation de
programmes d’échange d’expérience et d’assistance technique avec les régulateurs étrangers.
Pilier 3 : Renforcer la Protection de l’Épargne en Consolidant la Nouvelle Approche de
Supervision
L’AMMC est pleinement mobilisée à accompagner la relance et à renforcer l’attractivité du
marché des capitaux. En matière de protection de l’épargne, l’AMMC a renforcé sa vigilance en
déployant une nouvelle approche de supervision depuis 2019, année à partir de laquelle le
dispositif de transparence des émetteurs a également été sensiblement rehaussé. Il s’agit
désormais de consolider cette nouvelle approche et continuer à renforcer l’intégrité et la
transparence du marché. La politique d’intensification des contrôles sera poursuivie et menée
avec davantage d’efficience grâce notamment au recours aux nouvelles technologies.
Un renforcement de l’intégrité et de la transparence du marché
La mission principale de l’AMMC est d’assurer la protection de l’épargne investie en instruments
financiers, de veiller à la transparence et l’intégrité du marché des capitaux, et à l’information des
investisseurs. La mise en place d’un dispositif de surveillance et de contrôle performant et
évolutif permettra une détection plus efficace des abus de marchés. En effet, un programme de
modernisation des outils de supervision grâce notamment au recours à des technologies
innovantes est prévu afin de renforcer les capacités de gestion, de structuration et d’analyse des
données.
Par ailleurs, le dispositif de surveillance sera élargi en fonction des évolutions des marchés et des
risques.
La transparence du marché est également un facteur clé de la confiance des épargnants. De ce
fait, l’AMMC veillera à la qualité du dialogue avec les émetteurs et les accompagnera dans leur
communication financière et extrafinancière. De nouveaux outils d’évaluation de la qualité des
reportings ESG seront développés avec un partenaire international de référence dans l’objectif
d’en améliorer la pertinence et l’utilité pour les utilisateurs. De même, le dispositif de
transparence et de gouvernance continuera à faire l’objet d’améliorations ciblées visant à
renforcer la protection des investisseurs.
Afin de préserver l’intégrité et le bon fonctionnement du marché, l’AMMC a élaboré une feuille
de route en ligne avec les recommandations du GAFI pour le renforcement du dispositif de lutte
contre le blanchiment des capitaux. Cette feuille de route prévoit notamment la conduite de
contrôles ciblés et la sensibilisation des intervenants au respect de leurs obligations de conformité
en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux. D’autres risques tels que ceux liés à la
corruption ou la cybercriminalité, potentiellement amplifiés par le contexte de crise, feront l’objet
d’une vigilance accrue de la part de l’Autorité.
Des contrôles renforcés et une efficience améliorée
La conduite des contrôles par l’AMMC a évolué ces dernières années avec le déploiement de
l’approche par les risques et l’intensification des missions grâce au renforcement des moyens et
la création d’une direction dédiée.
Il s’agit désormais de cibler davantage les contrôles sur la base d’une cartographie des risques
évolutive et de digitaliser les processus de contrôle afin d’optimiser les procédures, de fluidifier
les échanges d’information et d’insuffler plus d’agilité dans la conduite des missions
d’inspection.
Une information préalable des plans de contrôle annuels sera instaurée et, dans une démarche de
prévention et de partage, l’AMMC communiquera sur les bonnes et mauvaises pratiques relevées
lors des missions thématiques.
Pilier 4 : Accélérer la Modernisation de l’AMMC et l’Inscrire dans un Processus de
Transformation Digitale
Le processus d’édification de l’institution en Autorité, entamé en 2016, a nécessité une revue
profonde de l’organisation interne, à la hauteur des nouvelles missions de l’Autorité.
En phase avec les meilleures pratiques à l’international, les modes de travail ont été revus, les
interactions avec l’écosystème renforcées, et la communication avec l’épargnant améliorée.
Capitalisant sur cette expérience, l’AMMC prévoit de consolider les acquis des quatre dernières
années et se voit plus agile et plus innovante pour accompagner les évolutions rapides de son
environnement.
Pour ce faire, l’AMMC place ses collaborateurs au cœur de sa stratégie de développement et
poursuit sa transformation digitale.
Une organisation optimisée et des compétences valorisées
La nouvelle organisation de l’AMMC prône un équilibre entre spécialisation et polyvalence des
équipes, permettant de gagner tant en efficacité qu’en agilité.
L’Autorité entend ainsi poursuivre les efforts de valorisation et d’accompagnement de ses forces
vives, à travers la mise en œuvre d’une ingénierie de formation performante, intégrant les
thématiques nouvelles, et l’adoption d’un dispositif de gestion de carrière qui tient compte des
compétences et aspirations des collaborateurs et besoins futurs de l’Institution.
L’AMMC développera également sa communication interne pour renforcer l’adhésion autour de
projets communs et consolider une culture forte de partage et d’excellence.
Une mise en œuvre accélérée de la stratégie de transformation digitale de l’Autorité
Le contexte actuel a mis en évidence l’importance de la digitalisation et de l’automatisation des
processus dans tous les secteurs. Si l’AMMC a amorcé sa transformation digitale avec le
lancement de son Schéma Directeur SI en 2019, l’Autorité prévoit d’élargir la digitalisation à
l’ensemble de ses métiers et d’accélérer le rythme de dématérialisation des processus et des
échanges tant en interne qu’avec son écosystème.
Pour autant, la transformation digitale de l’AMMC ne se fera pas au détriment de la sécurité.
Consciente des risques, l’Autorité se dotera des moyens nécessaires pour répondre aux enjeux de
la Cybersécurité et renforcera la sécurité de son système d’information, à travers la mise en place
d’un plan de continuité d’activité et d’un plan stratégique de sécurité SI.
Défis et solutions
I. Made in Morocco : entre substitution aux importations et nouveaux
marchés ;
A l’avènement de la crise sanitaire, le Maroc a été l’un des pays les plus réactifs en faveur de la
préservation de l’activité industrielle locale, en la réorientant vers les besoins pressants de la
Nation.
Malgré les perturbations post-COVID et les conséquences de la guerre en Ukraine, les niveaux de
production reprennent en 2023, avec des taux d’utilisation des capacités industrielles retrouvant
leurs niveaux d’avant crise pour la plupart des secteurs. Toutefois, il est nécessaire d’agir vite
pour

permettre aux industriels de retrouver la confiance, et renouer avec la croissance et le


développement des régions et territoires.
Aussi, afin de réduire la dépendance aux importations, il est essentiel d’encourager les produits
de substitution en donnant tout avantage au Made in Morocco, constituant la future locomotive
qui permettra au Maroc de réaliser un bond significatif en termes de compétitivité. D’ailleurs, le
Message Royal aux participants à la Journée Nationale de l’Industrie a bien défini le Made In
Morocco comme étant une action à prioriser :

Notre industrie est appelée, aujourd’hui plus que jamais, à rendre la production locale plus
concurrentielle pour réduire cette dépendance, à conforter davantage notre résilience et
notre compétitivité, à consolider l’ancrage du Maroc dans les secteurs prometteurs.
Extrait du Message Royal du 29 mars 2023

Pour opérationnaliser cette vision, 3 volets d’action sont à considérer :


1. L’association des programmes de financement et de subvention de l’État à un niveau
d’intégration locale à travers :

 Le conditionnement des subventions octroyées à un niveau minimal de sourcing local ;


 L’incorporation dans la passation des marchés de l’obligation de l’intégration locale et en
profiter pour lancer des écosystèmes associés innovants ;
 Le référencement des produits locaux auprès des grands donneurs d’ordres publics ;
 La simplification de l’accès aux marchés publics et semi-publics à la PME productive.
2. Le développement du niveau d’intégration locale et l’accélération de la politique
d’import- substitution par :

 Accélérer la mise en place des normes des produits industriels marocains et les rendre
obligatoires pour lutter contre des importations massives et sans contraintes ;
 Appliquer de la réciprocité des barrières non tarifaires liant le Maroc avec les autres pays,
la surveillance des marchés, le contrôle aux frontières … ; -
 Soutenir le “Made with Morocco” en renforçant les synergies entre entreprises
marocaines et étrangères dans un esprit de co-développement et co-investissement.

3. La mise en place d’une politique de valorisation et de rayonnement du Made in


Morocco par :

 L’élaboration d’une stratégie nationale de valorisation et de promotion des marques


marocaines en vue de mettre en place un label du produit fabriqué au Maroc, avec des
campagnes de communication et de sensibilisation auprès des citoyens pour expliquer que
l’acte d’achat d’un produit local déclenche des opportunités d’emploi ;
 Le développement d’un label “contenu marocain certifié” et l’opérationnalisation de la
préférence des produits marocains dans la commande publique.

II. Innovation et R&D, pour une montée en gamme de notre industrie


L’innovation et la R&D jouent un rôle crucial dans le développement industriel mondial,
permettant, à travers la technologie, une amélioration continue des performances des opérateurs,
en vue d’une montée en gamme de l’activité industrielle, ainsi qu’une différenciation en
compétitivité.
Les dépenses en matière de recherche & développement dans le contexte industriel actuel, ne
peuvent plus être considérés comme un coût supplémentaire, mais plutôt comme un
investissement productif dont le rendement est mesurable. D’ailleurs, les 5 pays concentrant plus
de la moitié des dépenses mondiales en matière de R&D figurent parmi les plus industrialisés
dans le monde, à savoir les Etats Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne ou encore la Corée du
Sud. Et cela a un impact direct sur la croissance économique : selon une étude de l’OCDE, une
augmentation de 1% des dépenses de R&D par rapport au PIB entrainerait une augmentation de
0,1% à 0,4% de la croissance économique à long terme.
Au Maroc, les moyens financiers mis à disposition pour le développement de la R&D ont
longtemps été limités. A titre illustratif, les dépenses en R&D se sont situées à moins de 0,8% du
PIB en 2019, par rapport à une moyenne des pays de l’OCDE de 2,3%, ce qui témoigne d’un
certain retard.
Les outils d’intervention publics existants ne permettent donc pas d’atténuer les risques élevés
auxquels sont exposés les entreprises, notamment les plus petites et celles à taille intermédiaire,
quand elles souhaitent investir dans l’innovation pour la montée en gamme ou l’exploration de
nouvelles activités productives. Par manque d’encouragement, il en résulte que la montée en
gamme de l’industrie nationale est plus lente que celle des autres pays émergents.
Le rapport sur le Nouveau modèle de développement renforce ce constat, et consacre
l’innovation comme l’un de ses socles, avec comme objectif d’atteindre un nombre de brevets
déposés annuellement de 1,000 en 2035 (Vs 300 actuellement au Maroc, 2000 au Portugal et en
Malaisie et plus de 10.000 en Turquie).
En effet, comme l’indique le Message Royal aux participants de la Journée Nationale de
l’Industrie, le 29 mars 2023.

Il faudra également mettre en place et élargir les dispositifs d’accompagnement en faveur du renforcement
de l’infrastructure technologique et de la R&D (Recherche et Développement) au sein des entreprises
marocaines .
Extrait du Message Royal du 29 mars 2023

III. Commande publique, levier de développement de l’industrie nationale


La commande publique a fait l’objet de recommandations claires dans le NMD car elle constitue
un outil stratégique pour stimuler la croissance économique, moderniser les infrastructures du
pays et améliorer les services publics tout en créant de l’emploi.
Au vu de l’importance de l’enveloppe budgétaire d’investissement de l’Etat (l’équivalent de 245
milliards de dirhams au titre de l’année 2022) et aux enjeux importants afférents à la
transparence, la préférence nationale, la libre concurrence et au climat des affaires en général,
l’Etat s’est penché sur la refonte du décret relatif aux marchés publics. Ainsi, le nouveau décret a
été adopté en Conseil du Gouvernement, le 29 décembre 2022 est entré en vigueur le 1er janvier
2023.
Prônant des principes forts tels que le renforcement de la préférence nationale, l’amélioration de
la procédure d’évaluation des offres financières, la promotion de la PME/PMI, ce décret a pour
ambition de devenir un référentiel unique pour l’ensemble du secteur public et d’unifier le cadre
qui régit les marchés publics. Cependant, en attendant que celui-ci soit pleinement mis en place,
il serait judicieux de développer les points suivants :
1. Le développement d’un nouveau capitalisme marocain, avec des mesures clés :
 Encourager les soumissions des PME aux marchés publics. Il s’agit principalement de
mieux allouer les marchés publics afin de leur offrir de nouvelles opportunités de
diversification. Pour cela, il faudrait accompagner les soumissionnaires à se conformer
aux critères d’attribution des marchés afin de permettre à la commande publique d’être un
véritable levier stratégique de développement économique et social.
 Alléger et simplifier les procédures de soumission en réduisant les références
demandées par les institutions publiques afin de faciliter l’accès aux start ups et aux
TPME. A cet effet, il conviendrait de mettre en place des dispositifs moins contraignants
et moins sélectifs. Les exigences actuelles présentent des inconvénients et des obstacles
certains, qui aboutissent à éliminer des entreprises ayant du potentiel comme les start-ups
et les TPME.
 Créer de nouveaux statuts comme « les gazelles marocaines » permettraient de
donner à certaines sociétés un accès privilégié à l’Etat et aux entreprises publiques.
Dans ce sens, les entreprises bénéficiaires de ce statut pourront profiter d’un
accompagnement de haut niveau et un accès privilégié aux marchés publics.
 Promouvoir l’émergence de nouveaux secteurs stratégiques, comme la Tech. A cet
égard, il faudrait mettre en place des plans de commande publique sectoriels avec une
enveloppe pour chaque plan sectoriel et un cadre clair afin de donner de la visibilité aux
acteurs opérants dans le secteur en question.
2. Une meilleure optimisation des ressources de l’État pour en tirer un maximum de
productivité, à travers :
 La mise en place d’une structure unique pour la maîtrise d’ouvrage déléguée de
l’État pour ses infrastructures, avec les meilleures compétences en suivi de projet et de
Value Engineering, dans un objectif de partager les bonnes pratiques et réduire le coût et
les délais de construction.
 Le soutien de différentes formes de PPP face aux contraintes budgétaires et au poids de
la dette publique, pour remplir des missions d’investissement et de prestations de service
d’utilité publique. A ce titre, ces partenariats permettront un essor socio-économique avec
la création d’emploi et l’accès aux services de base.
 Le renforcement du rôle de la Commission Nationale de la Commande Publique
(CNCP) est nécessaire pour la transformer en une agence de régulation et étendre ses
prérogatives à la médiation. A cet effet, elle doit être dotée de plus de pouvoirs avec : la
possibilité d’accélérer le processus d’examen des projets, veiller au suivi de l’exécution
des marchés publics et à l’application du cadre juridique y afférent, tout en étant une force
de proposition pour d’éventuels assouplissements pour faciliter davantage l’accès des
TPME aux marchés publics
 Le lancement effectif de l’observatoire de la commande publique tel qu’annoncé par
la Trésorerie Générale du Royaume (TGR) dans le cadre de la modernisation de la
commande publique afin de disposer d’indicateurs permettant d’évaluer l’impact de la
commande publique par catégorie d’entreprises et par région.
IV. Mécanismes de financement et de soutien à l’investissement
Les Très Petites et Moyennes Entreprises constituent 99,7% de notre tissu économique en
nombre, selon les dernières données du rapport annuel de l’Observatoire des TPME, et jouent
un rôle essentiel dans le développement et la cohésion sociale du Maroc grâce à leur
contribution à la croissance et à la création d’emplois.
Toutefois, comme souligné dans le rapport du NMD, elles souffrent de nombreux maux,
notamment de sous-capitalisation, de difficultés d’accès aux financements et aux marchés
publics, ou encore d’une législation du travail freinant leur croissance et leur compétitivité.
La crise économique liée au Covid-19 ainsi que les facteurs d’incertitude régnants
aujourd’hui, tels que l’inflation, l’augmentation des coûts logistiques, ou encore les
déséquilibres d’offre et de plus importante demande sont venus entraîner une dégradation de
la solvabilité du tissu entrepreneurial marocain.
Ainsi les TPME marocaines ont dû s’endetter lourdement pour traverser ces crises, se
retrouvant fragilisées et risquent de ne pas disposer des capacités financières nécessaires pour
se développer de manière pérenne.
Pour faire face à cela, il y a lieu d’agir sur des facteurs endogènes qui semblent essentiels à
leur écosystème, à savoir :
 Mettre en place une solution de distribution de quasi-fonds propres, pour réduire la
sous-capitalisation des entreprises marocaines de manière ciblée en alliant les
capacités de l’État des investisseurs institutionnels et des investisseurs privés pour
injecter des quasi-fonds propres via le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement
afin de rééquilibrer les bilans des TPME et entreprises performantes affectées par la
crise. Des fonds sectoriels dotés pourraient être déployés pour investir des obligations
convertibles avec des bons de souscription d’actions (OCBSA) auprès des TPME
performantes opérant dans des secteurs stratégiques (p.ex. Tourisme, Industrie) ;
 Encourager l’investissement des “Business Angels” avec des dispositifs fiscaux
incitatifs ou encore en favorisant le développement d’une industrie de capital risque,
capable d’attirer des investisseurs internationaux en créant les conditions nécessaires
pour ériger la destination Maroc en véritable Hub financier continental ;
 Il est également nécessaire de développer de nouveaux mécanismes de financement
dédiés au TPME, à l’instar du financement collaboratif, connu à l’international sous le
nom de « crowdfunding ». Si le potentiel de ce mode de financement de projets est
encore sous-exploité, il n’en constitue pas moins un outil de financement prometteur
pour les entreprises. Dans ce sens, l’accélération des décrets et textes d’application en
matière de crowdfunding et la facilitation de la garantie de l’État à travers l’excellent
outil qu’est TAMWILCOM est primordiale ;
 De renforcer l’offre de financement de BFR, à travers la massification de l’offre de
«Supply Chain Finance» (par ex. reverse factoring).
 Ou encore de créer une offre de prêts moyen terme pour des investissements
immatériels en faveur des TPME sans caution personnelle et sans garantie avec un
différé de remboursement.
Par ailleurs, il est important de noter les avancées sur la loi-cadre n°03-22 formant Charte de
l’Investissement, conçue sous Hautes Instructions de Sa Majesté, et promulguée le 6 décembre
2022.
Le Conseil de gouvernement a adopté, le 26 janvier dernier, le décret 2.23.1 relatif à la mise en
œuvre du dispositif de soutien principal à l’investissement et du dispositif de soutien spécifique
applicable aux projets d’investissements à caractère stratégique. Ce décret vient compléter et
donner un caractère concret à la Charte de l’Investissement, marquant en principe un tournant
historique en matière d’encouragement de l’investissement privé.
Ces années contribueront à atteindre l’objectif commun d’arriver à une proportion de
l’investissement privé de 65% à horizon 2035. Mais pour cela, il est essentiel que chacun
remplisse pleinement son rôle, y compris l’administration et les banques
Dans ce sens, la Confédération est pleinement engagée à remplir son rôle, dans le cadre du futur
«Pacte national pour l’investissement», en partenariat avec le gouvernement et les banques,
visant à atteindre un investissement cumulé de 550 milliards de dirhams à horizon 2026, et la
contribution à la création de 500,000 emplois.
Pour pouvoir parvenir à ces objectifs ambitieux, il est impératif que cette charte soit complétée
par un ensemble de leviers manquants, à savoir :

 L’adoption des décrets spécifiques relatifs aux TPME et au développement à


l’international auxquels la Confédération a contribué activement ;
 La clarification des délais et conditions d’octroi des subventions via un manuel des
procédures ;
 Ou encore le détail de l’engagement fort du Gouvernement en faveur d’une meilleure
attractivité de l’environnement des affaires au Maroc, en agissant sur des leviers de
compétitivité comme la fiscalité, le foncier, l’accès à la commande publique ou encore la
simplification des procédures administratives.

V. Informel, source de concurrence déloyale


L’économie informelle représente au Maroc plus de 30% du PIB selon les dernières données de
BANK AL-MAGHRIB (BAM) (2018), si l’on prend en considération les Unités de Production
Informelles (« UPIs »), les activités illégales (contrebande, contrefaçon...) et l’économie
souterraine (travail au noir, sous-facturation...).
Les travailleurs informels (~4 millions de personnes, dont une grande partie dans les UPIs) se
trouvent dans une situation de grande vulnérabilité du fait des modalités de travail précaires et de
l’absence de contrôle.
L’informel constitue donc un danger pour l’industrie nationale du fait des déséquilibres induits
par l’absence d’impôts, de droits de douanes et de charges sociales - générant un gap de
compétitivité-prix important, allant de 25 à 40 points de différence entre un acteur formel et
informel.
L’économie informelle représente également un manque à gagner pour l’État en matière de
recettes fiscales et de cotisations sociales estimées à plus de 40 Mds MAD.
En plus, l’informel est source de risque pour les consommateurs finaux (risques d’hygiène et
qualité des produits) et impacte la qualité de l’emploi (précarité, instabilité et absence
d’avantages sociaux).
Partant de ce constat, une étude qui a été mené par la CGEM en 2018 sur le sujet a identifié une
série de recommandations, sur la base de benchmarks internationaux, mais avec une
compréhension fine des réalités locales.
Il ressort de ce travail plusieurs projets concrets, qui pourraient être mis en œuvre, afin de
renforcer l’attractivité du secteur formel.
Tout d’abord, il y a lieu de développer une meilleure connaissance de l’écosystème informel
en passant par :

 Le développement d’une interconnexion plus poussée entre les bases de données des
services des douanes, des impôts, de la CNSS et de l’Office des changes, pour le
recensement détaillé des activités informelles, sous-terraines et illicites, afin d’apporter un
cadre objectif d’évaluation et de contrôle (p.ex. détection efficace des sous-déclarations
de marchandises, de chiffre d’affaires et de salariés).
 L’accélération de la cadence de la stratégie nationale d’inclusion financière, avec
l’utilisation du paiement mobile comme cas d’usage à fort impact pour la
dématérialisation du cash, permettant une meilleure traçabilité des transactions.
Il y a également lieu de renforcer l’accessibilité et l’attractivité du secteur formel, à travers
des mécanismes d’accompagnement :
 Mettre en place un package incitatif encourageant l’intégration des entreprises vers le
secteur formel, notamment en simplifiant l’accès des TPME aux marchés publics, mettant
en place des aides à l’exportation, renforçant l’accès aux solutions de financement
classiques (p.ex. bancaires en limitant le recours aux garanties personnelles) et
alternatives (p.ex. crowdfunding, quasi-fonds propres) ou encore à des procédures
administratives simplifiées seraient à envisager.
 Favoriser le développement des marchés mobiles au profit des marchands ambulants. -
p.ex. le 14 juillet 2022, ouverture du Souk ASSALIHINE à Salé abritant 1.483 locaux sur
une surface de 23 ha (transformation d’un ancien souk traditionnel en une nouvelle
structure commerciale moderne, pour des meilleures conditions de travail des
commerçants, l’éradication des constructions insalubres, la libération des voies
publiques…).
 Encourager les acteurs informels à travers des formations, en région, adaptées à leur
intégration dans l’économie formelle notamment sur le volet comptabilité et relations
avec l’Administration.
Enfin, la généralisation de la protection sociale, le projet royal garantissant les droits des
travailleurs informels, reste un catalyseur de taille :
 Réviser le mécanisme de la Contribution Professionnelle Unique et des droits
complémentaires d’accès à la protection sociale de façon à indexer directement la
cotisation à la capacité de paiement de chacun, dans le sens de plus de progressivité.
 Utiliser la solution des « chèques emploi-service » pour favoriser notamment la
déclaration des travailleurs domestiques. D’un côté, le travailleur est assuré de bénéficier
d’un contrat de travail et des droits y afférents ainsi que d’une couverture sociale
(chômage, maladie, retraite, etc.). Pour sa part, l’employeur profite d’un avantage fiscal
sous la forme d’un crédit d’impôt pouvant atteindre jusqu’à 50% des sommes versées
(salaires et cotisations sociales).

Conclusion : industrie marocaine


durant les 20 prochaines années…
Le Maroc a construit une trajectoire exemplaire sur les 20 dernières années, à travers des
infrastructures de rang mondial, mettant à disposition des industriels un environnement mature et
compétitif via les stratégies industrielles successives, le tout sous l’impulsion d’une vision
souveraine éclairée.
Afin d’atteindre le développement industriel souhaité sur les 20 prochaines années, le Maroc
reste confronté à de nombreux défis. En effet, les crises mondiales vécues ces dernières années
ont démontré la dépendance de beaucoup de pays, dont le Maroc, aux importations. La hausse du
prix de transport conjuguée à la hausse des prix des matières premières a mis à mal la
compétitivité des opérateurs économiques. Afin de réduire cette dépendance aux importations, il
est devenu nécessaire de soutenir les produits de substitution et donc de promouvoir la production
locale.
Dans ce sens, l’État a un rôle majeur à jouer, à travers une meilleure accessibilité aux marchés
publics, mais aussi par la mise en place de mécanismes de financement et de soutien à
l’investissement qui faciliteront aux entreprises l’essor de leur activité. Il a également la
responsabilité de mettre à disposition du foncier industriel de qualité et en volume suffisant,
proche des plateformes logistiques et des bassins d’emploi, pour subvenir aux besoins des
industriels.
De leur côté, les opérateurs industriels doivent préparer l’économie de demain. Pour cela, il est
primordial de renforcer l’investissement en innovation et R&D, pour une valorisation locale plus
importante et l’amélioration de notre productivité pays. Il est aussi essentiel de faire face au défi
environnemental avec ses conséquences commerciales vis-à-vis de nos partenaires historiques, en
mettant en place des pratiques de production durables visant la décarbonation et l’efficacité
énergétique, ainsi que la préservation de la ressource eau.
Toutes ces avancées ne pourront se matérialiser sans le renforcement et la mise à niveau des
compétences face aux nouvelles exigences du marché, afin d’accompagner la montée en gamme
du tissu industriel et la création de nouveaux métiers.
L’amélioration de ces différents facteurs clés pour l’industrie du Maroc, permettront d’accroître
la compétitivité industrielle de la destination Maroc et ses opérateurs industriels et de redéfinir sa
position dans les chaînes de valeur mondiales sous un nouveau prisme.
Les entreprises marocaines pourront alors mettre à profit une position stratégique, géographique
et diplomatique, pour diversifier les marchés à l’export et étendre leur empreinte commerciale sur
la région du Moyen Orient et d’Afrique, tout en contribuant activement au développement de la
souveraineté industrielle continentale.
Pour relever tous ces défis, un partenariat public-privé fort, franc et pragmatique est à perpétuer.
À cet effet, la Journée Nationale de l’Industrie, dont la première édition s’est tenue en mars 2023,
vient consolider ce partenariat public-privé et institutionnaliser le dialogue permanent du secteur
privé avec le Gouvernement en faveur du développement de l’industrie. Cette plateforme
annuelle d’échanges et d’évaluation des avancées sera organisée, dans ses prochaines éditions à
l’échelle régionale, sous les Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, afin de
mettre en avant le potentiel et les opportunités de nos territoires.
Dans ce sens, la CGEM reste pleinement engagée, via l’ensemble de ses forces vives -
Fédérations industrielles, CGEM Régions et Commissions – pour jouer son rôle en faveur de la
préservation et consolidation de l’industrie nationale, aux côtés de l’État, dans l’objectif d’une
croissance renouvelée et une création d’emplois à la hauteur des attentes.

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