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Université de Cergy-Pontoise

Licence d’économie et gestion


Cours de microéconomie L2 S3
Partie 2 : le pouvoir de marché
• Introduction
• Chapitre 5 : les marchés monopolistiques
• Chapitre 6 : l’intervention publique sur le
monopole
• Chapitre 7 : les marchés oligopolistiques
• Chapitre 8 : la discrimination tarifaire
Partie 2 : le pouvoir de marché
Introduction
• Définition : le pouvoir de marché est la
capacité d’un vendeur ou d’un acheteur à
affecter le prix du bien (et donc à en profiter)
• Cette capacité va dépendre de la réactivité des
consommateurs aux variations des prix, donc
à l’élasticité-prix de la demande.
• Si la demande est inélastique, l’entreprise aura
plus de pouvoir de marché.
Les sources du pouvoir de marché
• Pourquoi l’élasticité de la demande qui s’adresse
à une entreprise peut-elle être faible ? Quand les
consommateurs sont captifs.
• Le pouvoir de marché est donc déterminé par :
1. l’élasticité de la demande de marché
2. les interactions entre les entreprises
3. La différenciation entre les entreprises
4. le nombre d’entreprises sur le marché
1. L’élasticité de la demande
de marché
• Si une entreprise est présente sur le marché et en situation
de monopole pur, sa demande est la demande de marché.
– Le pouvoir de marché dépend entièrement de l’élasticité de la demande.

• Si plusieurs entreprises sont en concurrence les unes avec les


autres, alors, l’élasticité de la demande du marché apparaît
comme la limite inférieure de l’élasticité de la demande qui
s’adresse à chaque entreprise.
– Si l’élasticité de la demande de voitures des consommateurs est forte,
alors Renault aura forcément peu de pouvoir de marché.
– La demande de chaque entreprise est plus élastique que la demande de
marché.
– Substitution vers les autres marques + substitution vers les autres
produits
2. Les interactions entre
les entreprises
• Si les entreprises se font concurrence agressivement en
proposant des diminutions de prix afin de capter une plus
grande part de marché, les prix tendent alors à baisser.

• Cependant, si les entreprises s’entendent sur les quantités


produites (en violation des lois antitrust) pour augmenter
les prix, elles peuvent générer du pouvoir de monopole.

• (On reviendra dessus dans les chapitres sur l’oligopole)


3. La substituabilité entre produits
• Si les entreprises ont des produits très différents de leurs
concurrentes, l’élasticité-prix de leur demande est plus faible

• Supposons que les consommateurs de voiture se répartissent en


deux groupes : les fans de Renault et les fans de Peugeot. Renault
pourra beaucoup augmenter ses prix avant que ses fans n’achètent
des Peugeot => Elasticité-prix de la demande faible

• Supposons maintenant que les consommateurs achètent toujours la


voiture la moins chère. Renault pourra très peu augmenter ses prix
avant que ses fans n’achètent des Peugeot => Elasticité-prix de la
demande forte, peu de pouvoir de marché
4. Le nombre d’entreprises
• Le pouvoir de marché d’une entreprise baisse quand le
nombre d’entreprises augmente.
– Ce qui importe le plus, c’est le nombre d’entreprises qui détiennent
une part de marché significative.
– Le marché est fortement concentré si seulement quelques
entreprises réalisent la plupart des ventes.

• Un aspect important de la stratégie concurrentielle est de


trouver des moyens d’ériger des barrières à l’entrée pour
décourager l’entrée de nouveaux concurrents :
– Brevets et licences limitant le nombre de produits concurrents
– économies d’échelle.
– Effets réseau (ex: plateformes, les clients vonts là où sont les
fournisseurs ; facebook)
Université de Cergy-Pontoise
Licence d’économie et gestion
Cours de microéconomie L2 S3
Partie 2 : le pouvoir de marché
• Chapitre 5 : les marchés monopolistiques
• Chapitre 6 : l’intervention publique sur le
monopole
• Chapitre 7 : les marchés oligopolistiques
• Chapitre 8 : la discrimination tarifaire
Plan du chapitre

• 1. Définition du monopole
• 2. Le comportement du monopole
• 3. Identités remarquables
• 4. Lien avec l’élasticité de la demande
• 5. L’analyse du bien-être
1. Définition du monopole
 Une seule entreprise vend un produit sans substitut
 Les clubs de golf, les machines utilisées pour les gisements
pétroliers et certains appareils ménagers: tous utilisent de
béryllium – métal blanc, particulièrement rigide. Un seul
vendeur – Brush Wellman. On dit qu’il est en situation de
monopole.
 Un marché est appelé monopolistique dès lors que sur ce
marché il y a un seul producteur qui fait face à une multitude
d’acheteurs.
 Si peu de marchés sont dans une situation de monopole
parfait - beaucoup s’en rapprochent dans le sens ou il y a une
seule grande firme en position dominante)
 Ex. : une boulangerie dans un village (monopole local), des
secteurs très fortement concentrés (Microsoft)...
Pouvoir de marché : le monopole
• Monopole : un seul vendeur sur le marché

• Mécanisme utilisé par le vendeur :


compromis/arbitrage entre miser sur la
quantité vendue et sur le prix de vente
• Quelles conséquences quand la quantité
vendue change le prix vente ?
Le modèle de monopole
Existence d’un pouvoir de marché (price maker) :
l’entreprise choisit entre vendre beaucoup et bon
marché, ou peu et cher.

Par comparaison avec la concurrence : l’entreprise ne


peut vendre qu’au prix du marché.

Pertinence plus large que la définition économique du


monopole : par exemple une seule grande entreprise
en position dominante.
2. Le comportement du monopole
• Le monopole représente l’offre totale de marché
et possède le contrôle complet de la quantité
offerte à la vente.
• Une entreprise en monopole est consciente du
fait que la quantité qu’elle va mettre sur le
marché va affecter le prix auquel elle pourra
vendre cette quantité.
• Les profits sont maximisés au niveau de
production tel que la recette marginale est égale
au coût marginal :
2. La décision de production du
monopole
• Les profits sont maximisés au niveau de
production Q* tel que Rm(Q*)=Cm(Q*)

 = R −C
 R C
= − =0
q q q
= Rm(q ) − Cm(q ) = 0
Rm(q ) = Cm(q )
3. Identités remarquables
La recette totale s’écrit comme le produit de la
quantité produite et de la demande inverse (le
prix auquel sera vendu cette quantité)
• RT(Q) = Q x p(Q)
La recette moyenne est donc égale à la
demande inverse :
• RM(Q) = p(Q) x Q / Q = p(Q)
3. Identités remarquables
La recette marginale se calcule comme la dérivée
de la recette totale et est inférieure à la recette
moyenne (égale à la demande inverse) :
Rm(Q) = RT’(Q) = p(Q) + Q x p’(Q) < p(Q) = RM(Q)
Car p’(Q) < 0 (la demande est décroissante)
(rappel : (uv)’=u’v+uv’)
Rappel : en concurrence, RM(q) = Rm(q) = p*
4. Lien avec l’élasticité de la demande
On a vu que la recette marginale :
• Rm(Q) = p(Q) + Q x p’(Q)
Or, l’élasticité-prix de la demande en un point :
• Ed = Q’(p) x p / Q
Alors :
• Rm(Q) = p(Q) [1 + 1/ Ed]
4. Lien avec l’élasticité de la demande
Au maximum du profit :
• Rm(Q*) = Cm(Q*)
Donc Cm(Q*) = p(Q*) [1 + 1/ Ed]
Ecrivons p* = p(Q*) le prix d’équilibre en
monopole et développons,
• Cm(Q*) = p* + p*/ Ed
Donc [p* - Cm(Q*)] / p* = -1 / Ed
Mesure du pouvoir
de marché
• On peut mesurer le pouvoir de marché par la différence entre
le prix qui maximise le profit et le coût marginal, ou l’indice du
pouvoir de marché/monopole de Lerner :
L = (P – Cm)/P (avec 0 < L < 1)
– Plus L est grand (entre 0 et 1), plus grand est le pouvoir de
marché/monopole.

• L peut aussi être exprimé en termes de Ed :


L = (P – Cm)/P = -1/Ed
Le pouvoir de marché
P
• Le pouvoir de marché d’une entreprise
correspond à sa capacité à choisir entre
quantité vendue et prix de vente.

• Elle a plus de pouvoir de marché si la


courbe de demande inverse est pentue,
ou plus précisément quand l’élasticité-prix
de la demande est faible en valeur absolue
D1
(D2)

• L’entreprise a moins de pouvoir de marché


si la courbe de demande inverse est
presque plate, ou plus précisément quand D2
l’élasticité est forte en valeur absolue (D1)

Q
Élasticité de la demande et pouvoir de
marché
D1: l’élasticité-prix de la demande est forte P
(en valeur absolue)

• Pour un changement de prix donné, la


quantité change beaucoup

• Les consommateurs sont tellement


D1
réactifs que les entreprises sont presque
price-taker

• En concurrence parfaite : les D2


consommateurs sont infiniment réactifs,
si l’entreprise augmente ses prix, plus
aucun consommateur
Q
Élasticité de la demande et pouvoir de
marché
• D2: l’élasticité-prix de la P

demande est faible (en valeur


absolue).

• Vrai pouvoir de monopole : les


consommateurs réagissent peu D1
à une variation de prix

• Les entreprises vont alors D2

pouvoir en profiter pour


augmenter leurs prix.
Q
5. Equilibre de monopole:
l’analyse du bien-être
$/Q
Surplus des
consommateurs
Cm
Perte
Sèche
Pm

Po

RM

Surplus
du producteur Rm
Qm Qo Quantité
Analyse du bien-être
• Optimum
- Toutes les unités telles que Cm<P(Q) échangées
- Atteint en concurrence
- P=Cm comme en concurrence

• Surplus du Consommateur en monopole


- Plus petit qu’à l’optimum

• Surplus du producteur en monopole


- Plus grand qu’à l’optimum
- Le monopole pourrait choisir p=Po s’il le voulait

• Perte sèche
- Unités entre Qm et Qo ne sont pas échangées
- Disposition à payer > Cm
- La somme des différences disposition à payer – Cm est la perte sèche.

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