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La délibération n°228744 du Conseil municipal de la ville de Grenoble du 16 mai 2022 porte sur le

règlement intérieur de piscine municipale.

L’extrait est divisé en cinq articles, concernant les horaires, les tarifs et les règles sanitaires.

I- L’application contestable du principe d’égalité.

Majeure : le principe d’égalité est concept issu des loi de Rolland, éminent juriste français, au
côté du principe de continuité et de mutabilité. Le principe d’égalité trouve d’abord sa source
dans la jurisprudence, mais aussi dans la constitution trouvant don origine dans le DDHC. Cette
égalité comporte trois dimensions : l’interdiction de traiter de manière différente des personnes
en raison de situations interdites (religion, sexe, race, origines), l’interdiction de traiter de
manière différente des personnes dans des situations identiques, la possibilité de traiter de
manière différente des personnes placées dans des situations différentes ou dans la même
situation si l’intérêt général le justifie. En principe il est donc prohiber de traiter différemment les
usagers d’un service public dans des situations identiques.

En l’espèce, dans l’article 1 er, le règlement de la piscine voté par le conseil municipal de genoble
invite tout usagers à respecter les règles, il y’a donc une uniformité pour tous les individus et un
principe d’égalité respecté.

Aussi, la différenciation des tarifs, selon l’âge, la catégorie socioprofessionnel ou le lieu de


résidence de l’individu, permet dans des situations différentes des usagers du spic d’y accéder
malgré leur contraintes financières, et de jouir de ce service au même titre qu’un autre individu.

Cependant, à l’article 2 concernant les horaires d’accès au service, la prohibition d’accès aux
hommes le vendredi entre 19 et 20h, pour permettre seulement aux femmes la jouissance de ce
service relève une question juridique concernant l’égalité d’accès aux hommes et femmes. En
effet sur le plan juridique, les femmes et hommes doivent être soumis au principe d’égalité, cela
est rappelé à l’article 1 de la Constitution de 1958. La ville permet elle l’égalité du service en
excluant les hommes d’une heure le service.

II- Un principe de neutralité, subordonné à une évidente subjectivité.

La tenue des usagers du service, concernant les piscines, est l’objet de nombre de débats et soulève
régulièrement la question du principe de neutralité du service public. L’accès aux bassins doit être
régulé pour des raisons de salubrité publique et de sécurité publique. Il s’agit, en somme, de
respecter l’ordre public. Ainsi, il apparaît naturel que la délibération présente un article relatif à la
tenue des usagers, afin de garantir le respect des règles d’hygiènes.

Le principe de neutralité du service public s’applique en principe, au gestionnaire du service public,


en limitant la liberté d’expression des agents mais en protégeant leur liberté de conscience. Il
permet, également, d’assurer une égalité de traitement des usagers du service. Dans le cas présent,
une stricte application de ce principe consisterait à n’autoriser qu’une certaine catégorie de tenues,
sans présenter aucune dérogation qui relèverait de d’opinions personnelles, de la culture ou de la
religion d’un usager. Il est de bon ton ici de rappeler que selon deux décisions du Conseil
Constitutionnel, les usagers ne peuvent exiger que le service public les traite différemment en raison
de leurs croyances. Cela n’est pas interdit pour le service public, mais les usagers n’y ont pas
obligatoirement droit. De plus, un traitement différent ne doit pas troubler l’ordre public ou le bon
fonctionnement du service.

En l’occurrence, le motif affiché par la ville de Grenoble, à savoir une préservation de la salubrité et
de la sécurité publique, semble détacher voire oublié par la commune dans le même article. En effet,
il est d’abord prévu que les tenues doivent être « ajustées près du corps », sans aucune
discrimination particulière, puis il est ensuite établi que le port de tenues non près du corps est
autorisé si elles ne sont pas plus longues que la cuisse. L’argument de l’hygiène semble donc être
assez discutable. La commune semble, au vu du contexte et de la date de la prise de la décision,
permettre aux usager.es de déroger à la règle pour porter ce qui est communément appelé un «
burkini ». La seule justification des convictions religieuses des usagers leur permettrait ainsi de
bénéficier d’une rupture caractérisée de l’égalité de traitement des usagers, ce qui méconnaitrait
alors l’obligation de neutralité du service public.

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