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Séance 7 : lecture linéaire 3

Support : Postambule de : « Femme, réveille-toi… » à « …vous n’avez qu’à le vouloir »

Olympe de Gouges est une auteure engagée, dont les écrits reflètent ses nombreux combats pour
l’égalité et la justice non seulement entre les êtres humains, mais aussi entre les hommes et les femmes. En
1791, elle a composé le texte engagé la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Ce premier texte
juridique en faveur des femmes contient un postambule, placé à la suite des 17 articles de la Déclaration. Elle
s’adresse ici aux femmes et développe un discours vif destiné à les faire passer à l’action. Nous nous
demanderons en quoi ce texte est un appel à une prise de conscience féminine pour revendiquer une liberté de
penser et d’agir ? Nous identifions 3 mouvements : l’appel convaincant à une prise de conscience l.1 à 5, la
tentative pour persuader les femmes qu’elles ont des droits à revendiquer l.5 à 14, les conseils qui sont des
appels à agir l.14 à la fin.

I/ L’appel convaincant à une prise de conscience

Annonce du mouvement : Dans ce premier mouvement, O de Gouges s’adresse directement aux femmes
pour les convaincre et leur prendre conscience qu’elles doivent agir.

Exemples / cita�ons Ou�ls d’analyse Interpréta�on


« Femme » l.1 Apostrophe au singulier G. interpelle directement la
« réveille-toi » l.1, « reconnais » « tes Tutoiement des�nataire de son texte. Cete
droits » l.2, « aux �ennes » l.5 Impéra�f présent adresse est vive.
Phrases courtes G. établit une complicité
Les injonc�ons invitent à l’ac�on
et en montrent l’urgence, la
nécessité de se réveiller (ce qui
sous-entend sor�r d’une forme de
passivité qu’elle leur reproche)

« le tocsin de la raison se fait entendre » Métaphore et allégorie de la raison Permetent de mieux faire passer
l.1 son message : la femme ne doit
pas rester sourde à l’appel
universel de la raison + urgence
de la situa�on avec l’image du
« tocsin » qu’on sonne en cas de
danger. La « raison » est aussi une
référence au + grand idéal des
Lumières

« le puissant empire de la nature n’est Néga�on marquant une rupture insiste sur le moment qui voit la
plus… » l.2-3, « Le flambeau de la vérité temporelle + le passé composé fin d’une ère d’injus�ce : La Vérité
a dissipé… » l.3 indiquant la fin d’un phénomène et La Nature ont remporté la
victoire contre tous les défauts
humains que l’ancienne société
injuste avait ar�ficiellement
construits

« Le flambeau de la vérité » l.3 Périphrase Désigne de manière symbolique


la raison qui éclaire l’homme.

« préjugés, de fana�sme, de Accumula�on Mise en évidences des vices qui


supers��on, et de mensonges » l.2-3 Vocabulaire péjora�f ont disparu après la Révolu�on.
La femme peut à présent agir car
elle n’est plus sous l’emprise des
pouvoirs poli�ques et religieux

« esclave » l.4, « briser » l.5, « fers » l.5, Champ lexical de l’esclavage


« libre » l.5 + Avant la Révolu�on, l’homme
« esclave » l.4 / « libre » l.5 vivait sous le joug des autorités
“libre” / “injuste” an�thèses poli�ques et religieuses qui
l’empêchaient de penser par lui-
même et d’être libre.
Il s’est libéré grâce à la Révolu�on
et c’était un combat juste, mais le
résultat actuel est illogique.
L’homme qui a profité de cete
jus�ce est injuste envers la
femme qui l’a pourtant aidé.

Récapitulatif du mouvement et transition vers le mvmt suivant : Après avoir fait prendre conscience aux
femmes qu’elles devaient « se réveiller » en étant convaincante dans ses propos, Olympe de Gouges va
davantage faire appel à l’émotion pour persuader ses lectrices.

II/ La tentative pour persuader les femmes qu’elles ont des droits à revendiquer

Exemples / cita�ons Ou�ls d’analyse Interpréta�on


« O femmes ! femmes » l.5 Apostrophe / exclama�on L’adresse devient plus concrète, elle
interpelle les femmes en exprimant
un vif sen�ment
« vous » l.6 … « Votre » l.8 + « femmes » Vouvoiement + déterminant possessif Elle est passée du singulier
l.5 + pluriel « Femme » au début au pluriel
« femmes » ici=
S’adresse plus universellement aux
femmes. Son discours est général,
intemporel, universel.

« quand cesserez-vous d’être Ques�on rhétorique Ques�on provocatrice qui rend les
aveugles ? » l.6 femmes responsables de leur
servitude pour provoquer une prise
de conscience= elles ont été
aveugles, sont responsables aussi
de leur sort

De « Quels sont les avantages…» l.6 à « à Ques�ons-réponses en cascade, qui Permetent d’interpeler les
répondre » l.14 s’accumulent, des�nataires, elles sont u�lisées
pour metre les femmes face à la
réalité. Cela rend le discours +
vivant (en donnant une impression
de dialogue, de discussion)

« Un mépris plus marqué , un dédain Parallélisme Réponse d’Olympe elle-même, elle


plus signalé » l.7 insiste sur le manque de
considéra�on des femmes et de
leurs droits. Au lieu de la juste
reconnaissance qu’elles méritent,
elles sont exclues.
« vous n’avez régné… » l.8, « Votre passage du passé composé au présent Dorénavant, depuis la Révolu�on,
empire est détruit » l.8-9 les femmes n’ont plus d’emprise
sur les hommes. Avant, elles en
avaient car ils étaient défaillants et
corrompus.

« nous n’avez régné que sur la faiblesse phrase néga�ve restric�ve Restric�on de la portée de leur
des hommes » l.8 pouvoir, en effet le pouvoir des
femmes sur les hommes est limité

« que vous reste-t-il donc ? » l.9 ques�on rhétorique Le ton est vif, provocateur.
Tonalité polémique Elle veut persuader les femmes
qu’elles ne sont pas reconnues à
leur juste valeur par les hommes

« législateur des noces de Cana » l.11 périphrase Elle fait référence à un épisode de
la Bible et montre qu’une certaine
morale chré�enne a longtemps été
au détriment des femmes.
MAIS
« cete morale, longtemps accrochée métaphore
aux branches de la poli�que » l.12 Morale comparée à un animal ou à
une plante : ce n’était qu’une
« saison », un moment passé, qui
arrive à sa fin. Maintenant, Les
femmes n’ont pas à craindre la
jus�ce divine ou celle des hommes.
« qu’y a-t-il de commun entre vous et Ques�on/ Réponse
nous ? » « Tout » l.13-14 ironie Pour les hommes, dans cete
ancienne concep�on, les femmes
étaient dépourvues de qualités
essen�elles. Le pronom « Tout »
permet au contraire de marquer
l’égalité avec eux.

Récapitulatif du mouvement et transition vers le mvmt suivant : En persuadant les femmes qu’elles sont dans
leur droit de réclamer une reconnaissance de la part des hommes et une égalité entre les sexes, O. de Gouges
blâme les hommes avant de finir dans le dernier mouvement sur le ton d’un chef de guerre des femmes
dépeintes comme des combattantes de Lumières.

III/ Les conseils qui sont des appels à agir

Exemples / cita�ons Ou�ls d’analyse Interpréta�on


« S’ils s’obs�naient… » l.14 Prop. sub. circ. de condi�on O. prodigue ses conseils aux
femmes dans le cas où les
hommes con�nueraient à leur
refuser la considéra�on qu’elles
méritent. On voit un
raisonnement très logique,
stratégique de sa part.

Impéra�fs Enuméra�on de 3 conseils :


Lexique du combat l’auteure pousse les femmes à
« opposez » l.15, « réunissez-vous » l.16, metre en œuvre leur force de
« déployez » l.17 « étendards » caractère, à mener un combat de
« barrières » façon stratégique, unifiées et
organisées. Elle a presque l’air
d’une générale qui organise ses
troupes

Opposi�on entre voc. péjora�f G. invitent les combatantes à


(hommes) et voc. méliora�f (femmes) opposer à l’entêtement ridicule
« s’obs�naient » l.114, « faiblesse » l.14, des hommes un courage et une
« inconséquence » l.15, « vaines détermina�on sans faille. A la
préten�ons de supériorité » l.16, Raison des Lumières doit se
« orgueilleux » l.18 rajouter le courage et la
/ détermina�on
« courageusement » l.14, « force » l.16,
« étendards » l.16, « énergie » l.17

GN ironique L’arrogance des hommes est


insignifiante car elle n’a aucun
« préten�ons de supériorité » l.16 fondement

Champ lexical de la pensée et de la L’auteure présente les armes à


sagesse brandir dans ce combat :
« principes » l.15, « raison » l.16, l’intelligence, la raison
« philosophie » l.17, « caractère » l.17
An�thèse + tournure impersonnelle + G. remet aux femmes la clé de
néga�on restric�ve leur combat : c’est à elles
« pouvoir » / « vouloir » + « il est en qu’appar�ent de décider si elles
votre pouvoir » l.20 veulent obtenir l’égalité

Conclusion
Cet extrait du postambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne marque les esprits
des femmes pour leur faire prendre conscience qu’elles doivent revendiquer leur liberté de penser, en faisant
appel à la raison ; leur droit d’agir, si elles veulent jouir d’une plus grande liberté et être sur le même pied
d’égalité avec les hommes. Olympe de Gouges se veut ici à la fois convaincante et persuasive.

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