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l’Homme
Introduction
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La conception des droits de l’Homme qui sera adoptée dans ce cours est la
conception onusienne, c’est-à-dire celle qui procède de l’ONU (l’Organisation des
Nations Unies) et qui fut consacrée dans la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme adoptée le 10 décembre 1948. Le choix de cette conception trouve sa
justification dans deux raisons principales :
La conception onusienne des droits de l’Homme est marquée ainsi par deux
caractéristiques qui l’opposent notamment à la conception particulariste ou
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spécifique des droits de l’Homme : il s’agit de l’universalité et de
l’interdépendance.
Le caractère universel des droits de l’Homme signifie que les droits figurant
dans la déclaration universelle ainsi que dans les différentes conventions qui en
sont l’application (la DUDH étant la source matérielle fondamentale de toutes les
conventions internationales relatives aux droits de l’Homme) doivent être
généralisés à tous les peuples et toutes les nations, ils doivent bénéficier à tous
sans exception, quelles que soit leur culture ou leurs traditions (contrairement à la
conception spécifique des droits de l’Homme qui considère que ces droits doivent
épouser la spécificité culturelle des peuples et des sociétés auxquels ils
s’appliquent et les respecter). Dans la conception onusienne, les spécificités
culturelles ne doivent pas être opposées pour empêcher l’adoption et l’application
de ces droits.
Les droits de l’Homme sont aussi des droits interdépendants en ce sens qu’il
n’est pas possible d’en adopter seulement une partie et d’en rejeter une autre. Ce
sont des droits qui sont liés les uns aux autres, ils sont indivisibles, ils doivent être
adoptés dans leur globalité, sans distinction car ils sont interdépendants,
c’est-à-dire que l’existence de chacun de ces droits dépend de l’existence des
autres, ils doivent donc être adoptées comme un package, dans leur totalité.
Définition de l’Homme :
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s’entend de tout être humain, tout individu humain né vivant est titulaire des
droits prévus dans cette matière sans nulle autre condition. Aucune importance
n’est donc accordée à son âge ou sexe ou langue ou nationalité ou religion ou état
civil ou psychique ou son état de santé ou sa situation économique ou sociale ou
ses opinions politiques ou religieuses ou personnelles ou ses convictions morales
ou mœurs privées. Il s’en suit que tout individu qualifié d’être humain est titulaire
de ces droits même s’il s’agit d’un délinquant ou d’un hors la loi et quelle que soit
la gravité des actes criminels qu’il a pu commettre. Il peut s’agir du plus horrible
des criminels, et quelle que soit l’inhumanité qu’il a su montrer dans les crimes
qu’il a perpétré, il doit cependant bénéficier de ses droits en sa qualité d’être
humain. Les détenus et les prisonniers bénéficient par conséquent de ces droits
comme tout être humain.
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civils et politiques et à l’article 2 alinéa 2 du pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, adoptés tous les deux le 16 décembre 1966,
tous les individus se trouvant sur le territoire des Etats signataires des deux pactes
doivent bénéficier des droits humains qui y figurent sans distinction aucune. Ce
qui rejoint la définition de l’Homme telle que prévue par la DUDH (Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme).
Ceci dit, les droits de l’Homme ne sont pas tous des libertés. Les droits de
l’Homme doivent en effet être distingués d’une notion très proche mais qui n’en
constitue qu’une partie et qui consiste en les « libertés publiques ». Les libertés
publiques peuvent en effet être définies comme « des pouvoirs
d’autodétermination, reconnus et organisés par l’Etat, par lesquels l’Homme,
…choisit lui-même son comportement ». Le Professeur Jean Morange les présente
comme étant des libertés qui « supposent que l’Etat reconnaisse aux individus le
droit d’exercer, à l’abri des pressions extérieures, un certain nombre d’activités
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déterminées. Elles sont donc des libertés car elles permettent d’agir sans
contrainte, et des libertés publiques car c’est aux organes de l’Etat, titulaire de la
souveraineté juridique, qu’il revient de réaliser de telles conditions ».
Les libertés publiques font ainsi partie des droits accordés à l’être humain
au milieu d’autres droits qui ne sont pas forcément des libertés. Les libertés
publiques sont diverses. Elles peuvent être économiques (liberté du commerce et
de l’industrie par exemple), individuelles (liberté de conscience, de pensée,
d’expression ou de circulation) ou collectives (liberté d’association, de réunion ou
de manifestation…).
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droit au bénéfice de la présomption d’innocence…etc.
Ce sont des droits imprescriptibles. Ils n’expirent pas au bout d’un certain
temps, ils sont liés naturellement à tout être humain depuis sa naissance
jusqu’à sa mort même s’il n’en fait aucun usage.
Tels qu’ils sont reconnus aujourd’hui, les droits de l’Homme sont apparus
suite à une lente maturation de la pensée politique et philosophique occidentale.
Leur proclamation solennelle débute en Europe aux 17éme et 18éme siècles. Leurs
véritables origines remontent cependant plus loin dans le temps pour se retrouver
notamment dans les théories du Droit naturel. Plus précisément, les origines
théoriques et idéologiques des droits de l’Homme se retrouvent dans certaines
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théories du Droit naturel qui ont cherché à faire montrer la notion
de dignité comme inhérente à la personne humaine, permettant ainsi de
considérer que l’être humain est, à lui seul, en tant qu’individu et
indépendamment du groupement social ou de la collectivité à laquelle il
appartient, titulaire de droits.
L’apport de Saint Thomas d’Aquin est à cet égard non négligeable puisqu’il a
révolutionné en quelque sorte la pensée chrétienne au 13è siècle pour prôner la
nécessité du recours à la raison humaine et enclencher l’air du début de la
rationalisation de la vie humaine.
L’évolution historique des droits humains sera par la suite accélérée grâce à
l’apport des penseurs et philosophes des 16è, 17è et 18è siècle. Cette évolution
sera examinée d’un double point de vue :- juridique textuel d’une part
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son frère Guillaume le Roux, lequel abusait de sa puissance royale notamment en
imposant excessivement les barons et en disposant des biens, revenus et sièges
épiscopaux.
Ce document est considéré comme une étape importante dans l’histoire des
libertés en Angleterre dans la mesure où il fut généralement ignoré par les
monarques anglais jusqu’en 1213, lorsque l’archevêque Étienne Langton en rappela
l’existence aux nobles. La charte des libertés, où leurs libertés avaient été garanties
plus d’un siècle auparavant, constitue, à ce titre, un document précurseur de
la Magna Carta.
La Magna Carta ou la Grande Charte, signée en 1215 par Jean sans Terre, a
été elle aussi l’un des tous premiers textes à avoir reconnus des droits et des
libertés individuelles. Rédigé par des barons anglais en révolte contre le roi, ce
texte énumère les privilèges accordés par le roi à plusieurs composantes de la
société anglaise. Il a néanmoins prévu des garanties concernant la liberté
individuelle des sujets : « Aucun Homme libre ne sera arrêté ou emprisonné ou
dépouillé ou mis hors la loi ou exilé et il ne lui sera fait aucun dommage, si ce n’est
en vertu du jugement légal de ses pairs ou en vertu de la loi du pays ». La Magna
Carta énumère ainsi les privilèges accordés à l’église d’Angleterre, aux dignitaires
du royaume ou aux marchands tels que le consentement à l’impôt, le droit de
propriété, la liberté de circulation, les garanties du procès pénal telles que la
nécessité de la proportionnalité de la peine ou l’impartialité du jury…
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Quant à la France, les droits de l’Homme ont fait l’objet de plusieurs
déclarations et ont été consacrés dans plusieurs constitutions. De tous ces
documents, le texte le plus important est incontestablement La Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789. Le premier des droits de
l’Homme et du Citoyen consacrés par cette déclaration est la liberté (article 2). La
déclaration elle-même définit la liberté qui, selon elle, « consiste à pouvoir
faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » et dont les limites « ne peuvent être
déterminées que par la loi » (article 4).
Aujourd’hui, tous les Etats européens et nord américains ainsi que la plupart
des Etats du monde consacrent plusieurs de ces droits, soit dans un chapitre
spécifique, soit de manière éparpillée dans toute la constitution.
Ainsi, et à travers ce bref aperçu historique, il ressort que les premiers droits
de l’Homme consacrés à travers le monde dans un texte positif ont été les droits
libéraux basés sur une conception individualiste des droits de l’Homme, dans
laquelle la liberté sous toutes ses formes, a constitué une revendication
essentielle. Aujourd’hui les droits de l’Homme ne cessent d’évoluer vers une
conception de plus en plus hétérogène.
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B -L’évolution conceptuelle des droits de l’Homme
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conception libérale des droits de l’Homme, à savoir leur aspect naturel et abstrait,
c’est-à-dire d’être des droits liés à la nature humaine.
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famille …Ces droits se trouvent consacrées dans le Pacte international des droits
économiques, sociaux et culturels العهد ال ّدولي للحقوق االقتصاديّة و االجتماعيّة و الثقافيّة
adopté le 16 décembre 1966 et entré en vigueur le 3 janvier 1976.
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droits de la troisième génération : 1- le droit à la paix,
le droit au développement,
le droit à un environnement sain et équilibré
le droit au patrimoine commun de l’humanité.
L’émergence de ces nouveaux droits est en liaison étroite avec l’activité de
certaines organisations internationales dont notamment l’ONU et l’UNESCO.
l’Homme
La matière des droits de l’Homme est l’une de ces matières dont on entend
parler tous les jours, notamment dans les pays où il y a une liberté d’expression, mais
dont le commun des gens et les simples citoyens connaissent peu ou pas assez. C’est
une matière qui nécessite, pour sa compréhension, une bonne connaissance du Droit
en général et du droit constitutionnel ainsi que du Droit international public en
particulier.
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Le présent cours se propose de présenter sommairement la matière, sans trop
entrer dans les détails. A cet effet, une introduction préliminaire est nécessaire. Elle
permettra de comprendre quelques notions de base en Droit, notions nécessaires pour
la compréhension de la matière.
Le Droit :
Le droit est une discipline indépendante مادة مستقلة بذاتها. Certains diront que
c’est une discipline scientifique مادة علمية. D’autres considèrent que c’est une
discipline simplement technique, qui concerne les techniques et les modalités
d’organisation de la vie en société. Ce qui est commun à ces deux conceptions du
Droit, et à d’autres, c’est que c’est une discipline fortement liée à la vie en société,
c’est-à-dire la vie des gens, des individus dans un groupe social déterminé.
Dans la langue juridique française (c’est-à-dire la langue du Droit en
français), le terme « Droit » a au moins deux significations (il a d’autres définitions
quand on l’envisage d’autres points de vues, non juridiques) : soit qu’il désigne le
Droit objectif القانون, soit qu’il désigne les droits subjectifs الحقوق.
Le droit objectif
Le droit objectif peut être défini de deux manières au moins, et toutes les
deux sont différentes: soit qu’il est envisagé en tant que science qui a pour objet
l’étude des règles d’organisation de la vie en société, soit en tant que technique,
un moyen ou une manière d’organiser la vie en société (technique, moyen,
manière sont pris ici pour des synonymes même si leurs significations ne sont pas
exactement les mêmes). On va envisager tout d’abord sa définition en tant que
technique avant de voir sa définition en tant que science.
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1. Le Droit en tant que technique :
La règle juridique :
La règle juridique est une règle de conduite humaine ( )قاعدة سلوكية, c’est-à-dire une
règle qui impose un comportement déterminé aux être humains, ou bien leur
interdit une conduite déterminée, ou alors leur donne le choix de suivre un
comportement déterminé. Elle peut être définie juridiquement comme une
prescription (dans le sens de commandement), généralement (mais pas toujours)
sanctionnée par le Droit, qui indique ce qui doit être fait, ou ce qu’il est interdit de
faire ou ce qu’il est permis de faire. Elle prescrit par conséquent les droits subjectifs
الحقوقet les obligations االلتزامات, que ces obligations soient un ordre ou une
interdiction de faire quelque chose.
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humaine telles que les règles morales et religieuses et en diffère par son caractère
juridique.
Il faut dire en effet que toute règle est par définition une prescription générale,
permanente et obligatoire, sinon, elle ne serait pas une règle. Toute règle est par
définition générale car toute règle (morale, religieuse ou autre) s’adresse aux
individus en général sans les nommer personnellement ; elle s’adresse à toute
personne qui répond aux conditions d’application de la règle indépendamment de
son nom.
Toute règle est aussi, par définition, permanente ( )دائمةce qui ne veut pas dire
qu’elle est éternelle ()أزلية. Elle est permanente dans le sens où elle demeure
applicable, c’est-à-dire que l’on continue à l’appliquer tant qu’aucune autre règle
ne l’a abrogée. Autrement dit, tant qu’elle n’a pas été abrogée, la règle reste
toujours en vigueur.
Enfin, toute règle est par définition obligatoire sinon elle ne serait plus qualifiée
de règle mais serait plutôt un conseil ou un simple avis ou une opinion. Une règle
est toujours obligatoire et impose le respect à son destinataire.
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Plus précisément, être générale signifie tout d’abord que la règle juridique
s’applique sur tout le territoire de l’Etat (maritime, terrestre et aérien). Cela
signifie ensuite que la règle juridique est impersonnelle, elle s’applique en effet à
toute personne qui répond aux conditions de la règle et qui se trouve sur le
territoire de l’Etat, sans viser une personne nommément désignée. C’est en ce
sens que la règle juridique est générale du point du territoire et du point de vue
des personnes.
Etre obligatoire ou coercitive signifie que la règle doit s’appliquer toutes les
fois où ses conditions d’application se trouvent réunies, indépendamment de son
acceptation par le destinataire (celui auquel s’adresse la règle) ; le non respect de
la règle pouvant entraîner l’application d’un certain nombre de sanctions عقوبات
pénales, financières ou autres, vis-à-vis de celui qui a refusé de l’appliquer (c’est
en ce dernier sens qu’elle est coercitive c’est-à-dire qu’elle oblige les personnes à
la respecter à travers les sanctions qu’elle prévoie en cas de non respect). Toute
personne visée par la règle doit par conséquent l’appliquer même si elle n’en est
pas convaincue.
Sur ce point, la règle juridique diffère des règles morales ou religieuses non pas
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par leur caractère obligatoire (les autres règles non juridiques sont aussi
obligatoires), mais par la nature de l’obligatoriété (le caractère obligatoire) et la
nature de la sanction appliquée aux personnes qui refusent de se soumettre à la
règle. En effet, la sanction est prévue par le Droit et appliquée par les autorités de
l’Etat. Elle peut être financière, pénale ou administrative et seul l’Etat décide de sa
nature et de sa proportion, contrairement aux règles morales ou religieuses dont
la sanction n’a rien à voir avec l’Etat, elle dépend de la source de ces règles ( مصدر
)القاعدة.
Pour résumer, définir le droit objectif par les règles juridiques qui le
composent permet de le distinguer d’autres modes d’organisation de la vie sociale
qui coexistent avec le Droit mais qui en sont très différents par leurs règles, leur
logique interne et leurs finalités tels que la Morale ou la Religion. Ces deux
derniers concepts sont constitués en effet de règles similaires sur beaucoup de
points à celles du Droit objectif mais qui en diffèrent fondamentalement par leur
philosophie, source et raison d’être : Du point de vue de leurs sources, les règles
morales proviennent de la société et sont établies par elle, elles tendent vers le
Bien et la vertu et c’est là leurs finalité et leur raison d’être. Les préceptes
religieux trouvent leur source dans la volonté divine et tendent vers le Paradis
promis dans l’au-delà. Les règles juridiques quant à elles trouvent leur source dans
l’autorité de l’Etat ()سلطة الدولةet ont pour objectif de faire régner l’ordre( فرض
)النظامafin de permettre la coexistence pacifique( )التعايش السلميdes personnes à
l’intérieur d’une même société.
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lorsqu’elle figure dans un document officiel, c’est-à-dire un document établi par
l’une des autorités de l’Etat (par le Parlement, par le ministre, par le juge…). La
règle juridique est coutumière lorsqu’elle n’est pas écrite, c’est-à-dire qu’elle ne
figure dans aucun document officiel, mais elle consiste en un comportement suivi
en pratique par certaines personnes et appliqué dans les mêmes conditions et de
la même manière par les personnes concernées, et ce pendant une période de
temps déterminée tout en croyant en son obligatoriété, c’est-à-dire en croyant
fermement que le suivi et l’application de ce comportement est nécessaire et
obligatoire.
La règle écrite est bien entendu obligatoire, comme toute règle juridique. Il
faut cependant se rappeler que la règle juridique coutumière est tout aussi
obligatoire.
En effet, le fait que la règle coutumière ne soit pas écrite ne veut pas du
tout dire qu’elle n’est pas obligatoire, au contraire. A partir du moment où c’est
une règle juridique (établie ou reconnue officiellement par l’Etat), elle est
forcément obligatoire. Toute règle juridique est forcément et nécessairement
obligatoire, qu’elle soit écrite ou coutumière.
Définir l’objet du Droit objectif par le fait qu’il organise la vie des personnes
permet de faire une distinction juridique entre les personnes et les simples
individus. En effet, on qualifie d’individu فردtout être vivant (animal ou végétal)
qui présente une unité et ne peut être divisé. Le terme est valable pour qualifier
les êtres humains, il est cependant moins précis juridiquement que le terme
« personne » qui désigne tout individu auquel le Droit reconnait la personnalité
juridique الشخصية القانونيةc’est-à-dire l’existence du point de vue juridique أي وجود
األفراد أو الذوات من وجهة نظر القانون.
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La capacité juridique : c’est l’aptitude à acquérir ou bénéficier d’un certain
nombre de droits (subjectifs), à les exercer et à contracter des obligations. La
capacité juridique est l’un des principaux attributs de la personnalité juridique. Il y
a deux degrés dans la capacité juridique : la capacité de jouissance et la capacité
d’exercice.
Le rapport qui existe entre personnalité juridique et capacité est que la capacité
juridique est une conséquence de l’attribution de la personnalité juridique. Un
individu ne peut donc disposer de la capacité s’il n’a pas la personnalité juridique.
Par contre, il peut disposer de la personnalité juridique mais n’avoir qu’une
capacité limitée (la capacité de jouissance uniquement sans la capacité
d’exercice).
Le droit objectif peut également être défini comme une science, c’est-à-dire
un système de connaissances dont l’objet consiste à étudier et à penser les règles
de Droit objectif afin de les comprendre (son objet n’est donc pas d’organiser la
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vie en société mais de comprendre et d’analyser les règles qui organisent la vie en
société). Défini de la sorte, et du point de vue de sa nature, le Droit objectif ne se
présente plus comme un ensemble de règles (comme il a été défini lorsqu’il était
envisagé en tant que technique), mais comme un ensemble d’idées et
d’informations bien imbriquées qui constituent un système à part. Il n’a pas pour
objectif d’organiser la vie en société mais de comprendre l’organisation juridique
et l’évaluer. Il aurait ainsi des méthodes qui lui sont propres et des objectifs
spécifiques, différents du Droit en tant que technique. Le présent cours concerne
particulièrement la technique du Droit plutôt que la science du Droit.
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personne à un moment donné ne peut jamais être en même temps et pour la
même personne une obligation. Un même acte est pour la personne soit un droit
soit une obligation, il ne peut jamais être les deux en même temps pour la même
personne (d’un point de vue juridique bien entendu).
Un droit subjectif peut cependant faire naître une obligation pour autrui,
c’est-à-dire qu’il peut constituer le fondement d’une obligation qui incombe aux
autres. En effet, lorsque le titulaire d’un droit subjectif choisit de l’exercer, une
obligation naît à l’encontre de tous les autres de ne pas l’empêcher d’exercer son
droit ou l’obstruer (= faire obstruction ou empêcher) dans le choix qu’il a fait. De
même lorsqu’une personne choisit de ne pas faire usage d’un droit déterminé (par
exemple le droit d’aller voter ou de pratiquer une religion), Tous les autres sont
tenus de respecter ce choix et il leur est interdit de le contraindre à exercer ce
droit.
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quelque chose, une prestation, de la part d’une personne.
La constitution الدستور
La coutumeالعرف
La jurisprudenceفقه القضاء
La doctrineالفقه
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Ces sources permettent donc de déterminer la nature juridique de la règle
( الشكل القانوني للقاعدةselon qu’elle est écrite ou coutumière et selon qu’elle est
constitutionnelle دستورية, conventionnelle معاهداتية, législative تشريعية,
règlementaire ترتيبيةou jurisprudentielle) فقه قضائية. Les sources formelles sont ainsi
limitativement énumérées. Elles sont pour la plupart obligatoires dans la mesure
où elles consistent presque toutes en des règles juridiques, si l’on fait exception
de la doctrine.
CHAPITRE 1er :
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Les droits civils et politiques
Les droits civils et politiques sont les droits de la première génération. Ces
droits ont été les premiers à être consacrés à l’intérieur des Etats. En effet, plusieurs
Etats européens ont commencé par consacrer ces droits jusqu’à l’avènement du
courant idéologique marxiste et l’apparition des droits économiques, sociaux et
culturels. Cependant, sur le plan international, ces droits ont été consacrés en même
temps que les droits de la deuxième génération.
Sur le plan international, ces droits on été proclamés dans la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948. Il importe de signaler
à ce propos que, du point de vue juridique, la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme n’est qu’une résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Elle
n’a donc aucune valeur obligatoire sur le plan juridique ; sa valeur est seulement
morale ou symbolique, dans la mesure où elle a inspiré la plupart des textes
internationaux relatifs aux droits de l’Homme et où elle figure dans les préambules
de plusieurs d’entre eux tels que le Pacte international des droits civils et politiques
ou le Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels ou la
Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés
fondamentales ou la Convention contre la torture et les autres peines ou traitements
cruels et inhumains ou dégradants…etc. Ceci dit, lorsque un Etat se réfère dans l’un
de ses textes juridiques à la déclaration universelle des droits de l’Homme pour lui
donner une valeur obligatoire et pour dire que son respect s’impose aux diverses
institutions de l’Etat, elle acquiert dans ce cas une valeur obligatoire à l’intérieur de
cet Etat.
Il est également à noter que ces conventions internationales et ces pactes
internationaux (tels que le pacte international des droits civils et politiques ou la
convention internationale contre la torture et les autres peines ou traitements cruels
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et inhumains ou dégradants) ne sont obligatoires pour chaque Etat que si ce dernier
les a ratifiés, c’est-à-dire qu’il les a introduits dans son ordre juridique interne. Si
un Etat n’a pas accepté de participer à une convention internationale et qu’il ne l’a
pas ratifiée ou n’y a pas adhéré, elle ne l’oblige pas. Les traités internationaux sont
en effet, des textes juridiques appartenant à l’ordre juridique international النظام
ال ّدولي القانونيqui est un ordre juridique totalement indépendant de l’ordre juridique
interne. Les droits de l’Homme qui figurent dans ces textes internationaux ne sont
obligatoires pour l’Etat et ne sont reconnus pour les citoyens ou personnes résidents
à l’intérieur de cet Etat que si ce dernier ratifie la convention.
Sur le plan international, Les droits civils et politiques trouvent leur
consécration juridique dans le Pacte international des droits civils et politiques du
16 décembre 1966, ainsi que dans d’autres conventions particulières, destinées à la
protection de certains droits de manière spécifique. Le Pacte international des droits
civils et politiques a été ratifié par la Tunisie par la loi n°68-30 du 29 novembre
1968 (JORT n°51 du 29 novembre – 3 décembre 1968, p.1260).
Sur le plan régional, les droits civils et politiques se trouvent consacrés, pour
ce qui est de l’Europe par “ la Convention européenne de sauvegarde des droits de
l’Homme et des libertés fondamentales ”, connue sous le nom de la Convention
européenne des droits de l’Homme, du 4 novembre 1950. Pour ce qui est de
l’Amérique, on note principalement la Convention américaine relative aux droits de
l’Homme adoptée à San José au Costa Rica le 22 novembre 1969.
A l’échelle africaine, on trouve la Charte africaine des droits de l’Homme et
des peuples, adoptée le 27 juin 1981 et entrée en vigueur le 21 octobre 1986, ainsi
que le Protocole relatif à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples
portant création de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples. Pour ce
qui est des Etats arabes, il existe une Charte arabe des Droits de l’Homme, qui est
un traité multilatéral conclu sous les auspices de la Ligue des Etats Arabes le 15
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septembre 1995 et révisée en mars 2004. Elle n’est cependant pas encore entrée en
vigueur.
Une liste des droits civils et politiques est dressée à travers ces conventions,
sur la base notamment de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du
Pacte international des droits civils et politiques. Ce pacte prévoit à cet égard un
certain nombre de principes dont le premier est le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes. L’article 1er du pacte dispose en effet que tous les peuples ont le
droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit ils déterminent librement leur
statut politique et assurent librement leur développement économique, social et
culturel.
A la suite de cette proclamation, plusieurs droits civils et politiques vont être
consacrés dans ce pacte. Dans sa deuxième partie, le pacte énumère un certain
nombre de principes qui s’imposent aux Etats qui ont ratifié le pacte et qui leur
impose des obligations concernant les droits qui figurent dans le pacte.
En effet, les Etats parties au pacte s’engagent à respecter et à garantir à tous
les individus se trouvant sur leur territoire et relevant de leur compétence les droits
reconnus dans le pacte sans distinction de race ou de couleur ou de langue ou de
religion ou d’opinion politique ou d’origine sociale ou de distinction entre hommes
et femmes. Les Etats parties au pacte s’engagent à garantir également à toute
personne dont les droits et les libertés reconnus dans ce pacte auront été violés, de
disposer d’un recours en justice lui permettant de protéger ses droits.
Le pacte comporte en outre, certains droits auxquels aucune dérogation n’est
permise même « dans le cas où un danger public menace l’existence de la nation et
est proclamé par un acte officiel » comme par exemple une situation de guerre. Il
prévoit cependant aussi des droits auxquels il est possible de déroger uniquement
lorsque des circonstances exceptionnelles le nécessitent. Seront par conséquent
traités les droits civils et politiques déclarés intangibles même en période
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exceptionnelle (I) et les droits déclarés intangibles uniquement en période normale
(II).
Ces droits sont déclarés intangibles, c’est-à-dire que l’Etat ne peut pas les
toucher ou les violer ou leur porter atteinte même lorsqu’il est dans une situation
exceptionnelle.
Il s’agit du droit à la vie (A) ; des droits liés à la dignité de la personne
humaine (B) ; et enfin du droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion
(C).
Le droit à la vie :
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le 2 septembre 1990 reconnaît dans son article 6 que « tout enfant a un droit
inhérent à la vie ». Cette convention a été ratifiée par la Tunisie par la loi n°91-92
du 29 novembre 1991 (JORT n°82 du 10 décembre 1991). Sur cette convention, le
gouvernement tunisien a émis un certain nombre de réserves parmi lesquelles il
affirme que le droit à la vie, tel que prévu par l’article 6, ne sera pas interprété
comme faisant obstacle à l’application de la législation tunisienne relative à
l’interruption volontaire de grossesse.
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d’un acte qu’elle a commis ou qu’une autre personne a commis ou est soupçonnée
d’avoir commis. Le même acte est considéré comme une torture lorsqu’il est fait
dans le but d’intimider une personne ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou
de faire pression sur une autre personne, ou pour tout autre motif fondé sur une
forme de discrimination quelle qu’elle soit. Ces actes sont incriminés lorsqu’une
telle douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction
publique ou toute autre personne agissant à titre officiel ou avec son consentement
exprès ou tacite .
En outre, l’article 7 du Pacte international des droits civils et politiques
ajoute qu’il est interdit de soumettre une personne sans son libre consentement à
une expérience médicale ou scientifique.
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interdit d’emprisonner une personne pour la seule raison qu’elle n’est pas en
mesure d’exécuter une obligation contractuelle. De même l’article 15 du Pacte
garantit le bénéfice de la règle de la légalité des délits et des peines qui prescrit
qu’aucune personne ne sera condamnée pour des actions أعمالou des omissions
امتناع عن العمل qui ne constituent pas un délit d’après le droit national ou
international au moment où elles ont été commises.
Le bénéfice de ce droit repose sur l’idée que l’individu, parce qu’il est libre,
doit disposer de sa liberté d’action comme il le veut, tant qu’il ne commet pas une
infraction pénale punie par la loi. (Par exemple, l’article 143 du code pénal tunisien
prévoit que ceux qui, le pouvant, refusent ou négligent de prêter secours à une
personne qui le leur a demandé et ce dans les circonstances d’accident, de naufrage,
d’inondations, d’incendie ou autres situations de détresse ou dans les cas de pillage
et de vol sont punis d’emprisonnement pendant un mois et d’une amende. C’est ce
qui s’appelle le délit du refus d’obtempérer à une réquisition légale. En droit
français ce délit s’appelle le délit du défaut d’assistance à personne en danger).
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pouvant porter atteinte à sa liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une
conviction de son choix. L’alinéa 4 du même article prévoit que « les Etats parties
au présent Pacte s’engagent à respecter la liberté des parents et, le cas échéant,
des tuteurs légaux de faire assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants
conformément à leurs propres convictions ».
La garantie de ce droit demeure cependant fragile dans la mesure où l’alinéa
3 de l’article 18 ouvre une brèche pouvant éventuellement limiter la liberté qu’il
vient de garantir. Il dispose en effet que la liberté de manifester sa religion ou ses
convictions ne peut faire l’objet que des seules restrictions prévues par la loi et qui
sont nécessaires à la « protection de la sécurité, de l’ordre et de la santé publique,
ou de la morale ou des libertés et droits fondamentaux d’autrui ». Il ressort de cet
article qu’il est possible de limiter la liberté religieuse lorsque son exercice risque
de porter atteinte à la sécurité ou à l’ordre public. Or, des termes aussi généraux et
imprécis que le terme « sécurité » ou « ordre public » peut remettre en cause toute
la garantie apportée par le Pacte à la liberté de religion puisque c’est l’Etat, à
travers ses pouvoirs publics, qui va déterminer si une pratique religieuse constitue
ou non une atteinte à l’ordre public.
Pour ce qui est des garanties constitutionnelles tunisiennes concernant cette
liberté, l’article 5 de la constitution tunisienne garantit l’inviolabilité de la personne
humaine et la liberté de conscience et protège le libre exercice des cultes, sous
réserve qu’il ne trouble pas l’ordre public. D’autres textes viennent garantir le libre
exercice des cultes comme par exemple le code pénal tunisien qui punit de 6 mois
de prison et d’une amende toute personne qui entrave l’exercice d’un culte ou de
cérémonies religieuses ou les trouble (article 165 du code pénal).
période normale :
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Il s’agit ici des droits qui, en dehors des périodes où joueront les
circonstances exceptionnelles, sont à respecter absolument et n’admettent aucune
limitation. Ces droits sont liés notamment à la liberté individuelle.
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infraction pénale est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité soit
légalement établie.
En outre et en vertu de l’article 10, toute personne privée de sa liberté doit
être traitée avec humanité et avec le respect de sa dignité. Ainsi, les prévenus
doivent, sauf en cas de circonstances exceptionnelles, être séparés des condamnés
et soumis à un régime distinct, approprié à leur condition de non condamnés.
41
individus. L’alinéa 3 de ce même article prévoit en effet que l’exercice de la liberté
d’expression comporte des devoirs spéciaux et des responsabilités spéciales. Il peut
par conséquent être soumis à certaines restrictions qui doivent toutefois être
expressément fixées par la loi et qui sont nécessaires :
Au respect des droits ou de la réputation d’autrui ;
A la sauvegarde de la sécurité nationale, de l’ordre public,
de la santé ou de la moralité publiques.
6- Les droits politiques. Les droits politiques sont les droits liés à la
participation à la vie politique. Ainsi l’article 5 du Pacte international des droits
civils et politiques prévoit que tout citoyen a le droit et la possibilité, sans
discrimination aucune, de prendre part à la direction des affaires publiques, soit
directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis. Il a
également le droit de voter et d’être élu au cours d’élections périodiques, honnêtes,
au suffrage universel et égal et au scrutin secret, assurant l’expression libre de la
volonté des électeurs.
L’article 2 de la charte prévoit enfin que toute personne a le droit de jouir des
droits et libertés que la charte reconnaît sans distinction de race, d’ethnie, de
couleur, de religion, d’opinion ou de toute autre distinction. Le bénéfice de ces
droits doit donc se faire sur la base de l’égalité entre tous les africains.
CHAPITRE 2
Les droits économiques, sociaux et culturels
Ce sont les droits de la deuxième génération. Ces droits sont aussi appelés les
droits-créance, c’est-à-dire des droits qui appellent une action positive de la part de
l’Etat pour permettre leur mise en œuvre et leur exercice. Le principal de ces droits
figure dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels du 16 décembre 1966, entré en vigueur le 3 janvier 1976. La Tunisie a
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adhéré à ce Pacte par la loi n° 68-30 du 29 novembre 1968.
Dans son alinéa 2, le Pacte prévoit que « chacun des Etats parties au présent
Pacte s’engage à agir, tant par son effort propre que par l’assistance et la
coopération internationale, notamment sur les plans économique et technique, au
maximum de ses ressources disponibles, en vue d’assurer progressivement le plein
exercice des droits reconnus dans le présent Pacte par tous les moyens appropriés,
y compris en particulier l’adoption des mesures législatives ».
Par cette énonciation qui préfigure les droits économiques et sociaux qu’il est
censé garantir, le Pacte limite déjà considérablement la portée des garanties qu’il va
comporter en matière de droits économiques et sociaux. L’application et la garantie
de ces droits sont en effet déjà liées aux moyens dont disposeraient les Etats ;
moyens qui proviennent de leurs ressources propres ou des fonds internationaux
dans le cadre de l’assistance fournie par des Etats voisins ou par des organisations
internationales. De plus, l’application de ces droits est déjà annoncée comme
pouvant être progressive, ce qui laisse aux pouvoirs publics, à l’intérieur des Etats,
une grande marge de manœuvre.
Contrairement au Pacte international des droits civils et politiques, le Pacte
international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels n’a pas distingué
entre les droits intangibles en période normale et ceux intangibles en période
exceptionnelle. L’article 5 du pacte prévoit cependant qu’aucune disposition de ce
Pacte ne peut être interprétée comme donnant à un Etat ou à un individu le droit de
se livrer à une activité ou d’accomplir un acte qui vise la destruction des droits et
libertés reconnus dans ce Pacte ou de prévoir des limitations plus larges.
En outre, comme pour la Pacte international des droits civils et politiques, le
premier droit reconnu par la Pacte international des droits économiques, sociaux et
culturels est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le premier article du
Pacte prévoit en effet que tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes.
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En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent
librement leur développement économique, social et culturel. Pour atteindre ces
fins, le Pacte prévoit que tous les peuples peuvent disposer librement de leurs
richesses et de leurs ressources naturelles. En aucun cas le peuple ne pourra être
privé de ses propres moyens de subsistance.
Le Pacte s’attache par la suite à dénombrer les droits économiques sociaux et
culturels reconnus aux êtres humains. Ce sont :
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égale. A cet égard, les femmes doivent avoir la garantie que les conditions de
travail qui leur sont accordées ne sont pas inférieures à celles dont bénéficient les
hommes et recevoir la même rémunération qu’eux pour le même travail.
- Une existence décente pour eux et pour leurs familles.
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Le même article prévoit également que les Etats parties au présent Pacte
reconnaissent le droit de toute personne d’être à l’abri de la faim. Pour atteindre ce
but, les Etats doivent adopter les mesures nécessaires pour améliorer les
méthodes de production, de conservation et de distribution des produits
alimentaires par la pleine utilisation des connaissances techniques et scientifiques,
par la diffusion des principes d’éducation nutritionnelle et par le développement
des régimes agraires األنظمة الزراعيّةpour assurer au mieux l’utilisation des
ressources naturelles.
Le Pacte prévoit enfin dans ce cadre, que les Etats parties au Pacte
s’engagent à prendre les mesures nécessaires pour assurer le développement et la
diffusion de la science et de la culture. Ils s’engagent également à respecter la
liberté indispensable à la recherche scientifique et aux activités créatrices.
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que toute personne a le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale
qu’elle soit capable d’atteindre. Le même article impose aux Etats parties à la
charte de prendre les mesures nécessaires en vue de protéger la santé de leurs
populations et de leur assurer l’assistance médicale en cas de maladie.
Quant à l’article 17 de la charte il garantit le droit de toute personne à
l’éducation et le droit de toute personne à prendre part librement à la vie culturelle
de la communauté. En plus, la promotion et la protection de la morale et des
valeurs traditionnelles reconnues par la communauté constituent selon la charte un
devoir de l’Etat dans le cadre de la sauvegarde des droits de l’Homme.
CHAPITRE 3 :
Les droits de la solidarité
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clair et définitif, tel qu’une convention internationale générale et complète, qui
précise ces droits et prévoit les obligations que les Etats doivent respecter. On ne
dispose que d’un projet de Pacte des droits de la troisième génération qui est encore
au stade préparatoire, outre quelques textes généraux qui manquent de précision et
parfois même d’obligatoriété.
Le droit à la paix :
Ce droit trouve sa base dans la nécessité pour tous les peuples du monde de
ne pas avoir à subir une guerre qui les prive de leur vie. Une reconnaissance
implicite de ce droit se retrouve dans la reconnaissance dans le Pacte international
des droits civils et politiques du droit à la vie pour tous. Elle se retrouve également
de manière tout aussi implicite dans l’article 20 du même Pacte qui prévoit que
« toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi ».
De manière un peu plus claire, ce droit se retrouve dans la Charte des
Nations Unies qui prévoit dans son 1er article que le but de l’organisation est de
maintenir la paix et la sécurité internationale et de prévenir ou d’écarter toute
menace à la paix internationale. L’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté
plusieurs résolutions relatives au droit à la paix qui, bien qu’elles soient dépourvues
de caractère obligatoire, reconnaissent l’existence d’un droit à la paix. La plus
importante serait la résolution 39/11 du 12 décembre 1984 portant déclaration sur
le droit des peuples à la paix.
Dans cette résolution, l’Assemblée proclame « solennellement que les
peuples de la terre ont un droit sacré à la paix ». L’Assemblée souligne que
l’exercice de ce droit implique que la politique des Etats « tende à l’élimination des
menaces de guerre, surtout des guerres nucléaires, à l’abandon du recours à la
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force dans les relations internationales et au règlement pacifique des différends
internationaux sur la base de la charte des Nations Unies ».
Le droit à l’environnement :
C’est le droit de la troisième génération le mieux établi et qui se trouve
difficilement contesté. La nécessité de ce droit a été observée suite aux dangers
qu’une mauvaise gestion des ressources naturelles pouvait provoquer. Ce droit se
trouve notamment consacré dans certaines conventions bilatérales ou multilatérales
en plus des déclarations des conférences internationales organisées autours des
questions environnementales.
La conférence internationale sur l’environnement organisée à Stockholm par
les Nations Unies et ce en 1972 est l’une des plus importantes en la matière. La
déclaration qui a fait suite à cette conférence a prévu dans son dernier article que
« les ressources naturelles de la terre, y compris l’air, l’eau, la terre, la flore, la
faune, et surtout les zones représentatives des éco-systèmes naturels, doivent être
préservés pour les générations présentes et à venir ».
Le droit au développement :
Ce droit a commencé par être consacré au plan interne avant de trouver une
certaine consécration au plan international. Il se rapproche en effet des droits
économiques et sociaux puisqu’il consacre le droit au développement de la
personne humaine. C’est pour cette raison qu’il a commencé par être consacré
notamment dans les constitutions des Etats à aspiration socialiste tels que la France
en 1848 ou l’URSS en 1977.
On peut retrouver une définition de ce droit dans la résolution de
l’Assemblée Générale des Nations Unies n°41/128 du 4 décembre 1986 qui prévoit
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dans son article 1er que le droit au développement est un droit inaliénable de
l’Homme en vertu duquel « toute personne humaine et tous les peuples ont le droit
de participer et de contribuer à un développement économique, social, culturel et
politique dans lequel tous les droits de l’Homme et toutes les libertés
fondamentales puissent être pleinement réalisés et de bénéficier de ce
développement ».
l’humanité :
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