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Le sens des RH

Durant de longues années, j’ai cherché un nouvel intitulé pour la fonction que j’aime et dans
laquelle j’interviens depuis plus de 20 ans.

Le terme « ressource » me faisait trop penser à l’extraction minière ou à la course effrénée à


la consommation qui affiche aujourd’hui ses limites face à la finitude de ce que notre planète
peut nous offrir.

Alors comment mieux rendre compte de la richesse de ce métier qui met en avant l’humain
au sein des organisations ? Oui, vous l’aurez compris, je n’avais aucun souci avec le second
mot, qui m’allait très bien. « Gestion du personnel » semblait poussiéreux et impersonnel,
« direction du développement des Hommes » un brin trop perché… bref, je tournais en rond.

Et elle était bien là, justement, la solution !

Pourquoi changer l’intitulé alors qu’il suffit d’y poser un autre regard, de changer l’angle
d’approche pour saisir tout ce qui en fait son sens, son essence.

Cette fonction n’a-t-elle pas comme mission principale de permettre à chaque personne
d’utiliser et de développer ses ressources pour co-construire avec son équipe et ses
collègues le succès de son organisation ?

Les ressources dont je parle ici sont l’ensemble des compétences, aussi bien techniques que
comportementales, ainsi que les valeurs fondamentales desquelles vont jaillir la motivation
et l’engagement !

Effectivement, à travers la stratégie d’acquisition de compétences, le recruteur va bel et bien


rechercher des compétences et de la motivation. Il pourrait aussi lui prendre l’envie de partir
en quête de tel diplôme, ou de telle expérience très précise. En réalité, ce n’est pas tant l’âge
du capitaine qui compte, mais précisément ces fameuses ressources, qui feront la différence
et permettront à la personne choisie d’être efficace dans ses nouvelles missions.

Cette même différence qui amènera, par ailleurs, une diversité créatrice là ou un processus
de sélection standardisé conduit souvent à un simple copier/coller qui semble oublier les
bienfaits de la complémentarité, pourtant démontrée à travers de nombreuses recherches.

Une fois réalisé son travail de sourcing, de sélection puis d’intégration, le recruteur changera
de casquette pour passer de l’expérience candidat à l’expérience collaborateur. Il cherchera
alors à fidéliser cette nouvelle personne, à accroître sa motivation, à développer ses
compétences… Le new deal du marché du travail sera à l’œuvre à travers un échange
d’employabilité contre de l’engagement et de l’efficacité.

La fonction RH a de nombreuses cordes à son arc, puisqu’elle s’occupe également de la paie,


des assurances sociales, des arrêts maladies et accidents… autant d’activités administratives
aussi nécessaires que non-stratégiques !
Le cœur de notre métier réside bel et bien dans notre capacité à rendre possible le
déploiement de la stratégie de notre organisation1. Et qui d’autre que l’ensemble des
personnes travaillant au sein de l’organisation pour pouvoir réussir ce tour de force ?
Et pour le réussir, sur quoi vont-elles prendre appui ?

Leurs ressources… celles-là même que notre chère fonction va chercher à choisir avec
pertinence en supprimant, autant que faire se peut, tous les filtres qui pourraient venir
biaiser notre capacité à choisir la bonne personne. Celles-là même que nous allons chercher
à impliquer et développer à travers un management par les compétences prenant appui sur
l’ensemble des managers de notre organisation et sur chacune des personnes qui y
travaillent.

Les ressources donc. Quant à l’humain, l’évidence de son rôle central ne faisant plus l’ombre
d’un doute, il est inutile de rappeler que c’est la finalité de l’organisation, le profit n’étant
que le moyen pour cette dernière de continuer à vivre et à se développer, comme l’a si bien
démontré Simon Sinek dans son dernier opus2.

Ressources Humaines donc, un intitulé qui fait finalement beaucoup de sens !

1
Toute relation de cause à effet entre l’oubli de cette réalité et l’incapacité de la fonction RH à assumer son
rôle stratégique et/ou accéder à la table des décideurs serait purement fortuite…
2
The infinite Game, Simon Sinek, Edition Penguin, 2019.

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