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22-056-S-15

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 22-056-S-15

Limitations d’ouverture de bouche


JF Chassagne
C Wang
S Chassagne
Résumé. – Les limitations d’ouverture buccale sont le plus souvent d’origine locale. Dans la majorité des cas,
E Simon
elles sont facilement rapportées à leur cause, en particulier lorsqu’elles sont dues à des lésions infectieuses en
C Stricker
évolution, à des traumatismes ou des gestes chirurgicaux récents, à un dysfonctionnement discocondylien ou
JP Fyad
une autre pathologie articulaire. En l’absence de telles étiologies, une cause tumorale doit être recherchée.
JE Bussienne
Les étiologies générales sont plus rares et, parmi celles-ci, les limitations d’ouverture de bouche
médicamenteuses sont les plus fréquentes, sans négliger la possibilité exceptionnelle du tétanos.
Le traitement doit être étiologique dans toute la mesure du possible. Un traitement symptomatique peut être
associé, reposant essentiellement sur les myorelaxants et la rééducation maxillofaciale dont les étapes
habituelles sont l’amélioration de la trophicité locale, l’assouplissement des structures capsuloligamentaires
et musculaires, la levée de la sidération musculaire si elle existe, la récupération des amplitudes articulaires et
de la physiologie musculaire, par mobilisation passive et active, et la rééducation active des différents groupes
musculaires.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : limitation d’ouverture de bouche, trismus, constriction permanente.

Introduction Examen clinique


Dans le cadre des limitations d’ouverture de bouche, il est classique La limitation d’ouverture buccale est un motif fréquent de
de distinguer trismus et constriction permanente. consultation. Elle est parfois isolée, sans aucun signe
Le trismus est défini dans le Littré comme un « serrement des d’accompagnement, mais souvent elle s’intègre dans un tableau
mâchoires par contractions spasmodiques des muscles élévateurs de clinique plus riche et évocateur.
l’inférieure, en sorte que la bouche demeure forcément fermée », L’interrogatoire doit naturellement préciser les circonstances de
ainsi nommé à cause du grincement des dents qui l’accompagne survenue de cette limitation d’ouverture buccale (traumatisme, plaie,
(du grec trismos : je grince). Cette définition semble sous-entendre intervention chirurgicale récente), sa date d’apparition et son mode
que le trismus est toujours dû à une contracture des muscles de début (progressif ou brutal), son mode d’évolution. Les
élévateurs, ce qui n’est pas exact du point de vue médical. antécédents personnels et familiaux sont également notés (il est
classique de s’enquérir de l’état de la vaccination antitétanique) et
Le trismus est aussi appelé constriction temporaire des maxillaires.
les traitements médicamenteux en cours.
Chaput a parlé d’un « symptôme transitoire caractérisé par la
limitation d’ouverture buccale due à une contracture des muscles On recherche, s’ils ne sont pas signalés spontanément par le patient,
masticateurs en rapport avec une lésion en évolution ». les signes fonctionnels associés (douleur et ses caractéristiques,
dysphagie) et d’éventuels signes généraux (hyperthermie).
À l’opposé, la constriction permanente des maxillaires se caractérise,
selon Dechaume, comme la perte permanente, complète ou L’examen clinique va naturellement évaluer la limitation de
incomplète, du mouvement d’abaissement de la mandibule. l’ouverture buccale en la mesurant par rapport à une ouverture
buccale normale (qui est de 47 ± 7 mm). On qualifie ainsi le trismus
La différenciation entre une constriction temporaire et une de léger lorsque l’amplitude d’ouverture reste supérieure à 20 mm,
constriction permanente n’est naturellement pas évidente lorsque de modéré lorsque l’amplitude d’ouverture va de 10 à 20 mm, ou de
l’on voit le patient pour la première fois. De plus, la notion de serré si elle est inférieure à 10 mm.
temporaire ou de transitoire dans le trismus peut également prêter à
discussion. La rectitude du trajet d’ouverture ou une éventuelle latérodéviation
est appréciée. Les mouvements de propulsion et de latéralité sont
également appréciés et notés.
Jean-François Chassagne : Professeur de stomatologie et de chirurgie maxillofaciale, faculté de médecine
L’examen exobuccal recherche des signes de traumatisme
de Nancy. (ecchymoses, hématomes, plaies). On s’attache à apprécier la
Christian Wang : Maître de conférences des Universités, praticien hospitalier, service d’odontologie symétrie du visage, l’existence éventuelle d’une tuméfaction,
chirurgicale, faculté de chirurgie dentaire de Nancy.
Sorana Chassagne : Praticien adjoint contractuel. l’existence d’une hypertrophie d’un ou des muscles masticateurs
Étienne Simon : Assistant chef de clinique. (temporal, masséter).
Christophe Stricker : Assistant chef de clinique.
Jean-Pascal Fayard : Assistant-assistant. La palpation intéresse l’articulation temporomandibulaire au repos
Service de chirurgie maxillofaciale.
Jean-Éric Bussienne : Attaché, service d’oto-rhino-laryngologie.
et lors des mouvements, cherchant à apprécier la mobilité
Hôpital central de Nancy, 29, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy, France. condylienne et ses troubles éventuels. Les muscles masticateurs sont

Toute référence à cet article doit porter la mention : Chassagne JF, Wang C, Chassagne S, Simon E, Stricker C, Fyad JP et Bussienne JE. Limitations d’ouverture de bouche. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier
SAS, Paris, tous droits réservés), Stomatologie, 22-056-S-15, 2001, 14 p.
22-056-S-15 Limitations d’ouverture de bouche Stomatologie

palpés à la recherche de zones douloureuses, en particulier au


niveau des insertions. Les structures osseuses accessibles à la 1 Examen tomodensito-
métrique d’une fracture
palpation sont également vérifiées, en particulier dans un contexte sous-condylienne.
traumatique, au niveau des corps mandibulaires et de la région
zygomatomalaire.
La sensibilité cutanée, dans les régions labiomentonnière et sous-
orbitaire, est également à apprécier. Une recherche d’adénopathie
cervicale ou prétragienne est systématique.
L’examen endobuccal est naturellement plus ou moins gêné par
cette limitation d’ouverture buccale. Dans le pire des cas où
l’ouverture buccale est quasi nulle, on peut au moins étudier les
régions vestibulaires supérieure et inférieure, et apprécier en partie
l’état de la région rétromolaire. En fonction de l’ouverture buccale,
il est plus ou moins facile d’apprécier l’état dentaire et l’occlusion
dentaire, l’état de la muqueuse de la cavité buccale et de
l’oropharynx (en particulier au niveau amygdalien, vélaire et
rétromolaire). Une rhinoscopie antérieure est également faite.
Un examen général est effectué, comportant un examen
neurologique.
À la suite de cet examen clinique, dans la grande majorité des cas,
une orientation diagnostique peut être évoquée, demandant à être
éventuellement confirmée par des examens complémentaires.
Parfois, le trismus demeure le seul signe clinique et les examens
complémentaires sont alors nécessaires pour orienter le diagnostic.
Dans un contexte traumatique, les examens radiologiques
indispensables sont demandés en fonction des constatations
cliniques. En dehors de ce contexte traumatique, le premier examen
à demander, examen de débrouillage, est naturellement un surtout pour poser une indication chirurgicale, l’examen
orthopantomogramme (ou un cliché « mordu » si l’ortho- tomodensitométrique avec reconstruction tridimensionnelle doit être
pantomogramme n’est pas réalisable), qui permet d’avoir une réalisé (fig 1).
première idée de l’état dentaire, articulaire et osseux. Ce cliché doit Les fractures du coroné se rencontrent également, entraînant un
être de bonne qualité et permettre de visualiser les deux articulations trismus assez net, suspectées sur une douleur à la palpation de la
temporomandibulaires. région rétromolaire, dépistées sur l’orthopantomogramme.
En seconde intention, sont réalisés : Les fractures de l’arcade zygomatique, succédant à un choc direct
sur l’arcade elle-même, gênant le fonctionnement du temporal dans
– un complément d’imagerie, le plus souvent représenté par un
la coulisse zygomatotemporale, sont classiques et ne posent le plus
examen tomodensitométrique centré sur la région ptéry-
souvent pas de problème diagnostique particulier, en raison des
gomandibulaire et sous-temporale et les sinus de la face ;
signes cliniques locaux (douleur, hématome ou œdème, dépression
– une fibroscopie par voie nasale à la recherche de cause tumorale ; localisée). Elles sont mises en évidence par un simple cliché de type
– en cas de pathologie articulaire d’origine dysfonctionnelle Hirtz à « rayons mous ».
supposée, un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Les autres fractures pouvant entraîner des trismus, fractures du
malaire ou fractures maxillomalaires déplacées, gênant le libre jeu
mandibulaire ou gênant le muscle temporal dans sa mobilité,
Diagnostic étiologique fractures-séparations faciales (par l’intermédiaire, surtout, de la
fracture de l’apophyse ptérygoïde), sont facilement diagnostiquées
sur leurs signes cliniques propres et sur le bilan radiologique.
LIMITATIONS D’OUVERTURE DE BOUCHE On peut également rencontrer des cas de luxation condylienne
DE CAUSE LOCALE
traumatique, soit luxation en arrière qui s’accompagne d’une
fracture du tympanal (suspectée sur l’otorragie et affirmée par
¶ Dans un contexte de traumatisme récent
l’otoscopie), soit exceptionnelle luxation intracrânienne facilement
C’est le diagnostic qui pose en général le moins de problèmes. Le diagnostiquée sur l’examen radiologique et précisée par un examen
trismus est soit d’origine réflexe, réalisant une immobilisation tomodensitométrique.
antalgique, soit provoqué par des lésions traumatiques d’un muscle Il peut aussi exister des lésions au niveau de l’articulation
lui-même ou de son voisinage immédiat. temporomandibulaire sans fracture, entraînant une limitation
Les fractures de l’angle mandibulaire ou de la branche montante d’ouverture buccale douloureuse associée le plus souvent à une
sont facilement diagnostiquées à l’examen clinique ou sur latérodéviation. Cette symptomatologie peut traduire une simple
l’orthopantomogramme (éventuellement sur des clichés de type contusion articulaire avec hémarthrose ou bien des lésions
maxillaire défilé ou face basse si la pratique de l’ortho- capsuloligamentaires plus sévères, associées ou non à une rupture
pantomogramme se révèle impossible). des attaches discales et à une luxation discale antérieure. L’imagerie
Les fractures de la région articulaire, qu’elles soient intra- ou extra- classique ne montre naturellement rien et seule l’IRM est susceptible
articulaires, uni- ou bilatérales, sont aisément suspectées à l’examen de montrer les lésions discales, mais les rendez-vous sont difficiles à
clinique (en se rappelant qu’il existe des fractures bifocales très obtenir en urgence.
fréquentes au niveau mandibulaire, associant une fracture du corps On peut également noter des limitations d’ouverture buccale par
de la mandibule et une fracture de la région articulaire). Elles sont atteinte musculaire, qui peut aller de la simple contusion à la plaie
habituellement vues sur un orthopantomogramme ; cependant, la par arme blanche ou par brûlure, en passant par tous les degrés
qualité de celui-ci est parfois sujette à caution et ce type de fracture d’écrasement ou d’arrachement. Il peut exister un hématome
peut éventuellement passer inaperçu. En cas de doute ou lorsque intramusculaire susceptible d’ailleurs secondairement de s’infecter
l’on veut préciser le type exact du trait et le type de déplacement, ou de se calcifier.

2
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*
B

*
A

2 Possibilités de diffusion de l’infection (d’après Pons et Pasturel [41]).


A. À partir de la face externe de la mandibule.
B. À partir de la face interne de la mandibule.
C. Dans la région ptérygoïdienne et temporale. *
C

Dans le cas de la pathologie traumatique, on rencontre également mandibule, connu sous le nom de phlegmon juxta- ou
des corps étrangers intramusculaires (projectile, éclat métallique ou périamygdalien d’Escat. Lorsque l’infection gagne le tissu cellulaire
de verre). Ils peuvent être décelés soit par l’examen radiologique de la région amygdalienne, la cellulite prend la forme d’un
standard, soit sur l’examen tomodensitométrique. phlegmon sus-amygdalien (de Terracol) avec un pilier antérieur du
voile rouge et douloureux, une asymétrie visible s’étendant jusqu’à
¶ Dans le cadre de la pathologie infectieuse la luette et un hémivoile apparaissant immobile et rigide. Le trismus
est serré, associé à une dysphagie et à des signes généraux marqués.
Ces limitations d’ouverture buccale sont fréquentes. La cause en est Exceptionnellement, ce type de phlegmon peut s’étendre dans la
une contracture des muscles élévateurs de la mandibule, liée à la région latéropharyngée, entraînant une dysphagie très douloureuse.
proximité d’un foyer infectieux. L’examen clinique montre le refoulement amygdalien.
Le diagnostic est le plus souvent facilement évoqué devant une
Lorsque l’infection remonte le long des insertions basses du muscle
infection aiguë, parfois plus difficile dans certaines formes subaiguës
temporal, il peut exister une localisation au niveau de la région
ou chroniques.
temporale, induisant des algies temporopariétales et un trismus
Ces limitations d’ouverture d’origine infectieuse locale sont le plus serré. Parfois, la tuméfaction de la fosse temporale n’apparaît
souvent d’origine dentaire, par l’intermédiaire d’une cellulite ou qu’après quelques jours d’évolution [7, 45] . Lorsque l’infection
d’une ostéite, voire d’une stomatite. contourne le bord antérieur de la branche montante et gagne la loge
massétérine apparaît un trismus particulièrement intense, avec de
Péricoronarite violentes douleurs et une tuméfaction effaçant le relief de l’angle de
La cause classique, et qui reste la plus fréquente dans la tranche la mandibule [30].
d’âge de 18 à 25 ans, est la péricoronarite de la dent de sagesse L’infection peut glisser en avant, dans une gouttière comprise entre
enclavée, qu’il s’agisse d’une dent de sagesse supérieure ou, surtout, le corps mandibulaire et les insertions basses du buccinateur : c’est
inférieure. le classique abcès buccinatomaxillaire de Chompret et L’Hirondel,
Au stade de péricoronarite congestive, le trismus est variable et très avec ses signes bien connus (comblement du sillon vestibulaire qui
souvent modéré, le diagnostic étant posé cliniquement grâce aux est d’apparence inflammatoire et douloureux, œdème de la partie
signes associés : douleur vague dans la région rétromolaire, basse de la joue, douleur). Le pus peut évoluer entre l’os et la
muqueuse rouge œdématiée dans cette région, adénopathies muqueuse du plancher au-dessus de la sangle mylohyoïdienne
satellites éventuelles. Au stade de péricoronarite suppurée, les (abcès du plancher de bouche), avec des douleurs spontanées
douleurs locales sont plus intenses, associées à des otalgies. violentes s’accompagnant d’otalgies et d’une dysphagie importante.
L’érythème gagne le voile, entraînant une dysphagie. La pression L’infection peut passer en arrière du bord postérieur du
locale fait sourdre du pus et le trismus est volontiers plus serré. Le mylohyoïdien et envahir d’emblée la loge sous-maxillaire, avec alors
diagnostic d’enclavement est confirmé sur l’orthopantomogramme. une symptomatologie cervicale dominant le tableau clinique (cou
Ce sont les complications de cette péricoronarite, sous la forme proconsulaire). Enfin, l’infection peut évoluer vers la base de langue,
essentiellement de cellulite, qui sont les plus redoutables et puis vers le pharynx (angine de Senator) avec une dysphagie, une
entraînent volontiers des trismus très serrés (fig 2). L’infection peut protrusion linguale et des douleurs violentes gênant
gagner la région périamygdalienne et le voile, entraînant un abcès considérablement la déglutition, où le trismus est relativement peu
entre le ptérygoïdien médial et la branche montante de la important, mais où il existe un risque asphyxique majeur.

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3 Kyste péricoronaire sur dent incluse.

Toutes les infections périapicales par mortification pulpaire peuvent


s’étendre à l’os et, après traversée d’une table osseuse, rejoindre les
loges celluleuses (fig 3).

Desmodontite
Les desmodontites sont également une source d’infection, entraînant
cependant habituellement plus volontiers des cellulites géniennes 4 Infection d’origine dentaire étendue à la région temporale et ptérygoïdienne.
basses ou hautes, où il existe un trismus (par contracture au niveau
du buccinateur).
Un cas particulier est la possibilité de survenue d’un abcès
ptérygomaxillaire à partir d’une desmodontite de la dent de sagesse
supérieure. Cette localisation au niveau de la face externe du
ptérygoïdien latéral entraîne un trismus très serré avec des douleurs
intenses. Les signes endobuccaux sont assez discrets, avec un
comblement de la partie postérieure du vestibule supérieur et un
aspect œdémateux de la commissure intermaxillaire.
Ces cellulites et phlegmons peuvent survenir également après une
extraction de la dent de sagesse (Terracol).

Cellulite
Les infections des tissus mous et des loges graisseuses de la face 5 Infection d’origine dentaire étendue à la région temporale et cervicale.
prennent d’abord la forme d’une cellulite séreuse avec la
symptomatologie classique : douleur, chaleur, tuméfaction, aspect comme dans l’angine de Senator où l’infection peut prendre
rouge (inflammatoire) de la peau et/ou de la muqueuse. Le trismus naissance dans une crypte amygdalienne. On peut parfois voir des
existe dès ce stade, d’autant plus marqué que la dent causale est trismus séquellaires d’une infection aiguë mal traitée ou bien, plus
distale. Les signes généraux sont peu importants. rarement, se trouver en présence de cellulite ayant pris une allure
En quelques jours, voire en quelques heures, la cellulite aiguë subaiguë ou chronique.
séreuse évolue vers une cellulite aiguë suppurée de tableau plus Quoi qu’il en soit, l’étiologie doit être recherchée sous la forme, le
typique avec une tuméfaction plus limitée, faisant corps avec la table plus souvent, d’un foyer intraosseux qui perpétue l’ensemencement
osseuse de la dent en cause. La douleur devient alors intense et microbien des parties molles ou bien de germes particuliers que
pulsatile. Il existe bien sûr dans les zones accessibles une fluctuation. l’organisme n’est pas capable d’éliminer spontanément et qui
Les signes fonctionnels sont plus marqués, avec des difficultés de continuent leur développement à bas bruit dans le tissu celluleux.
déglutition, la dysphagie et surtout le trismus qui s’accentue. Il En revanche, la localisation exacte des collections suppurées, dans
existe alors des signes généraux sous forme de fièvre, d’asthénie, de les zones profondes, surtout dans la région ptérygoïdienne,
céphalées etc. massétérine et temporale, n’est pas toujours cliniquement facile.
Heureusement rarement, on peut voir des cellulites diffuses où à la Comme il convient d’envisager un drainage efficace de ces
présence du germe s’ajoute en général une déficience du terrain collections, une localisation par examen tomodensitométrique est le
(diabète). Les signes généraux de type toxi-infectieux dominent le plus souvent demandée (fig 4, 5). Certains auteurs pratiquent ce
tableau clinique (dissociation de la température, frissons, sueur, drainage sous contrôle échographique [56].
diarrhée profuse, vomissements). Les signes locaux sont
relativement modérés, se résumant parfois à un œdème peu Ostéite
douloureux, mais il existe souvent un trismus assez serré. Une forme Certains trismus sont en rapport avec une ostéite, ostéite le plus
de cellulite diffuse de ce type, un peu particulière, est représentée souvent également d’origine dentaire. Ces ostéites entraînent
par le phlegmon diffus de Ludwig-Gensoul, qui envahit l’ensemble volontiers un trismus serré. Dans ces atteintes osseuses, on note une
du plancher buccal, puis de la région sous-maxillaire, soulevant la grande intensité des douleurs, provoquant une insomnie. Les signes
langue et la plaquant au palais, entraînant dysphagie et gêne généraux sont relativement accusés. On note l’apparition d’une
respiratoire, d’autant plus intense qu’il existe un trismus serré. tuméfaction osseuse en regard de laquelle les dents sont fortement
Ces phlegmons sont habituellement d’origine dentaire, mais peuvent mobiles. La radiographie montre éventuellement la cause initiale et
avoir d’autres origines locales, en particulier au niveau amygdalien, une décalcification périapicale irrégulière. Ce type d’ostéite

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Stomatologie Limitations d’ouverture de bouche 22-056-S-15

circonscrite peut évoluer vers un tableau d’ostéite diffuse aiguë – un abcès intramusculaire par surinfection d’un hématome
(ostéomyélite). Il y a augmentation du syndrome douloureux, les post-traumatique ;
douleurs devenant paroxystiques avec un fond continu, irradiant de – une myosite postchirurgicale.
toute part, insomniantes. La tuméfaction est importante, avec
épaississement des deux tables osseuses. Plusieurs dents sont Parotidite
mobiles. On constate fréquemment un signe de Vincent au niveau
mandibulaire. La parotidite ourlienne s’accompagne d’une légère limitation
Le bilan radiologique permet tout au plus, au début, de repérer la d’ouverture buccale, mais une parotidite suppurée peut
dent causale. Puis, après quelques jours, apparaît une zone s’accompagner d’un trismus accusé. Le diagnostic est assez facile,
déminéralisée, floue, claire, en « sucre mouillé », traduisant une en raison de la tuméfaction inflammatoire unilatérale, associée à
amorce de séquestre (Achard). Les signes généraux sont marqués. l’écoulement d’une salive purulente par l’ostium du canal de Sténon.
Le trismus existe précocement et, dans tous les cas, il est serré et Il existe à ce stade une atteinte marquée de l’état général avec
gêne l’examen clinique. hyperthermie et violentes douleurs.
Ces ostéites peuvent avoir une origine hématogène (panaris,
Arthrite
furoncle, angine), le germe responsable étant alors le plus souvent le
staphylocoque doré et le streptocoque, mais cette éventualité est Les arthrites de l’articulation temporomandibulaire s’accompagnent
rare. Le tableau clinique débute alors de façon brutale, en dehors de naturellement d’une impotence fonctionnelle. La région prétragienne
toute manifestation dentaire, par un syndrome infectieux sévère est tuméfiée et la paroi antérieure du conduit auditif externe est
(température à 40 °C, frissons, sueurs). Des signes de localisation œdématiée.
mandibulaire apparaissent 4 à 5 jours après, avec une tuméfaction Cette arthrite aiguë suppurée reste rare, succédant à des lésions de
osseuse, un état gingival congestif et un trismus serré. voisinage (ostéite mandibulaire, otite, mastoïdite, parotidite), à des
L’hémoculture est rapidement positive, attestant l’état septicémique. fractures ouvertes, exceptionnellement à une localisation secondaire
Un cas particulier d’ostéite circonscrite est représenté par une hématogène au cours d’une septicémie et surtout à des injections de
alvéolite suppurée à la suite d’une extraction dentaire. Les douleurs corticoïdes intra-articulaires. Il existe quelques rares cas d’arthrite
apparaissent habituellement à partir du troisième jour suivant infectieuse spécifique d’étiologie gonococcique ou tuberculeuse.
l’extraction. La gencive qui entoure l’alvéole est rouge et tuméfiée.
L’alvéole est envahie par des bourgeons charnus hyperplasiques et Thrombophlébite
on note l’existence d’une suppuration locale. Un trismus peut se
rencontrer, selon le territoire concerné (ce qui l’oppose à l’alvéolite Signalons l’existence d’un trismus serré lors des thrombophlébites
sèche où il n’y a pas de trismus). craniofaciales qui sont, là aussi, devenues exceptionnelles. La
thrombophlébite était une possibilité de complication d’une infection
Les ostéites subaiguës ou chroniques restent également très rares, de secteur molaire et prémolaire supérieur ou d’infection cutanée
rencontrées souvent suite à des formes aiguës mal traitées. Les dans la région labiale supérieure ou paranasale. Le tableau clinique
signes radiographiques associent des aspects de condensation et de est marqué par des signes généraux intenses (frissons, hyperthermie,
déminéralisation irrégulières. Il est souvent nécessaire d’effectuer accélération du pouls) avec existence d’un cordon induré rouge et
une biopsie osseuse pour éliminer toute lésion tumorale. douloureux dans le trajet de la veine faciale, ou un œdème des
Stomatite régions géniennes, parotidiennes et temporales. Une fois le sinus
caverneux touché, les signes s’amplifient et il s’y greffe des troubles
Les lésions inflammatoires de la muqueuse buccale peuvent neurologiques d’accommodation visuelle et des signes méningés.
également entraîner un trismus, dans les formes intenses, ulcéreuses
ou nécrosantes, si elles sont postérieures, localiséees au pharynx, au Infections spécifiques
pilier du voile ou aux replis ptérygomaxillaires.
Certaines atteintes chroniques sont dues à des formes particulières :
Une forme particulière de stomatite est représentée par la stomatite
actinomycose cervicofaciale où le trismus paraît disproportionné par
odontiasique neurotrophique (Bercher et Rousseau-Decelle). Cette
rapport aux autres symptômes, exceptionnelle forme syphilitique
stomatite se manifeste sous la forme d’une inflammation de la
localisée aux muscles masticateurs (avec un trismus) ou à de l’os,
gencive entraînant un gonflement des papilles interdentaires qui
ostéite tuberculeuse de l’angle mandibulaire.
s’ulcèrent. On la classe parmi les stomatites ulcéromembraneuses en
raison de la présence de ces petites ulcérations recouvertes d’un
enduit gris jaunâtre qui décapitent les languettes interdentaires ¶ Dans un contexte postopératoire ou postextractionnel
saignantes. Ces lésions occupent l’hémiarcade inférieure, sans dentaire
dépasser la canine du côté opposé (signe pathognomonique pour Le plus souvent, la cause est évidente. C’est le cas des complications
Pons et Pasturel [41] ). Cette stomatite est très douloureuse et infectieuses postopératoires ou celui des fractures de l’angle de la
s’accompagne d’un trismus. Son existence doit faire rechercher la mandibule après extraction de dent de sagesse incluse.
présence d’une dent de sagesse en évolution, s’accompagnant ou
Un abord neurochirurgical de type Cairns traversant le muscle
non d’une péricoronarite.
temporal peut également entraîner une limitation d’ouverture
Infection cutanée buccale persistante en raison des lésions musculaires [24, 37].
On peut noter une limitation d’ouverture buccale dans certaines Les cas de limitation d’ouverture buccale à la suite d’une anesthésie
atteintes infectieuses cutanées, comme les furoncles ou les anthrax, locorégionale à l’épine de Spix sont rares, mais classiques [16].
pouvant éventuellement se compliquer de cellulite. Certains sont d’origine infectieuse, mais d’autres ne s’expliquent pas
d’une façon évidente. L’explication la plus couramment avancée [1]
Adénite est celle d’un hématome entraînant dans un premier temps un
spasme musculaire, puis une fibrose secondaire au sein du
Les adénites, suppurées ou non, et les adénophlegmons peuvent
ptérygoïdien médial.
parfois s’accompagner d’un trismus intense, en particulier dans les
localisations à la région sous-angulomaxillaire ou sous-mandibulaire
postérieure.
¶ Dans le cadre de la pathologie tumorale
Les tumeurs peuvent entraîner une limitation d’ouverture de
Myosite bouche, le plus souvent par envahissement du muscle par la tumeur,
On peut se trouver en présence également de limitation d’ouverture plus rarement par contractures musculaires réflexes [20]. On peut
buccale causée par : également voir des tumeurs de l’articulation temporomandibulaire

5
22-056-S-15 Limitations d’ouverture de bouche Stomatologie

6 Limitation d’ouverture buccale d’installation progressive chez une enfant de 5 ans


sans signe d’accompagnement. Examen en imagerie par résonance magnétique : tu-
meur infratemporale (rhabdomyosarcome).

8 Hypertrophie du coroné (dans le cadre de lésion arthrosique de l’articulation).

apparue progressivement, indolore, une limitation des mouvements


mandibulaires dans toutes les directions, sans modification faciale
visible ni anomalie de l’occlusion. Le bilan radiologique montre un
coroné hypertrophié de 25 à 35 mm de haut, alors que la normale
est d’environ 16 mm, ces apophyses coronoïdes sont falciformes à
concavité antérieure (en « bec de toucan » ou en « bec de flamand »).
En fait, cette hypertrophie du coroné semble en pratique courante
7 Limitation d’ouverture buccale monosymptomatique. Tomodensitométrie : tu- réactionnelle à une hyperactivité musculaire, elle-même souvent
meur bénigne développée aux dépens de la base du crâne et créant un obstacle mécani- secondaire à une gêne à la mobilité condylienne contro- ou
que à la course condylienne.
homolatérale (fig 8).
La maladie de Jacob, décrite par Jacob en 1894, est très similaire.
elle-même qui entraînent un retentissement sur les possibilités de la
Dans ce cas, il existe une hypertrophie progressive de l’apophyse
dynamique de celle-ci, voire des tumeurs de voisinage qui viennent
coronoïde qui prend également la forme de faux concave en avant,
constituer un obstacle mécanique aux mouvements d’excursion
la pointe de la coronoïde pénétrant dans la fosse postérieure du
mandibulaires.
malaire, les deux os formant une véritable articulation. L’étiologie
Dans les tumeurs bénignes, la symptomatologie se limite bien post-traumatique évoquée pour cette affection semble bien être sa
souvent à cette limitation d’ouverture buccale, éventuellement seule cause.
associée à une tuméfaction externe visible.
Dans ce cadre, la cause la plus fréquente est une tumeur maligne : le ¶ Dans le cadre de la pathologie de l’articulation
diagnostic est le plus souvent facile car il s’agit d’une tumeur dont temporomandibulaire
le point de départ est à la peau, la parotide, ou bien la muqueuse
buccale, en particulier dans la région rétromolaire. Cette dernière La limitation d’ouverture buccale fait partie de la symptomatologie
localisation s’accompagne très souvent d’un syndrome douloureux. des troubles de l’articulation temporomandibulaire, le plus souvent
Malgré le trismus, la tumeur reste le plus souvent accessible à la en rapport avec une anomalie de l’occlusion dentaire.
vue et le diagnostic est ainsi posé. Cependant, certaines tumeurs, en Lorsque la limitation d’ouverture buccale est isolée, même si elle
particulier au niveau de la paroi postérieure du sinus maxillaire, du s’accompagne d’une symptomatologie douloureuse à l’insertion de
cavum, de la région amygdalienne, peuvent entraîner un trismus certains muscles masticateurs, il est cependant nécessaire de faire la
serré, douloureux ou non, qui empêche de visualiser la tumeur preuve de l’absence d’une lésion profonde ainsi que le souligne
primitive à l’examen clinique. Ceci impose la réalisation d’un Lachard [29].
examen tomodensitométrique ou IRM des cavités aériennes de la Cette limitation d’ouverture buccale peut avoir pour origine
région ptérygomandibulaire [55], associée à la réalisation d’un bilan uniquement un spasme ou une contracture d’un muscle masticateur
endoscopique par fibroscopie nasale (fig 6). (en particulier le ptérygoïdien latéral). Dans ce cas, le port d’une
Ces causes tumorales se doivent d’être évoquées lorsqu’une cause gouttière de relaxation musculaire permet la levée du trismus (au
évidente n’est pas rapidement découverte. Il ne faut pas hésiter à besoin après une injection de toxine botulique dans le muscle en
réaliser les examens complémentaires nécessaires (IRM ou examen cause pour permettre la réalisation des empreintes et la mise en
tomodensitométrique) (fig 7). place de la gouttière), mais il faut avoir auparavant impérativement
Un cas particulier est représenté par l’hyperplasie bilatérale dite éliminé une autre étiologie, en particulier tumorale, pour éviter de
idiopathique des coronés, décrite par Langenbeck en 1853, comme n’en faire le diagnostic qu’après un délai inacceptable.
une « hypertrophie de l’apophyse coronoïde faisant obstacle au jeu Elle peut aussi être due à une luxation discale antérieure
coronoïdomalaire lors de l’ouverture buccale ». Il s’agit d’une irréductible. La limitation d’ouverture buccale est alors assez
affection peu fréquente qui atteint presque toujours le sexe masculin facilement rapportée à sa cause lorsqu’il existe une symptomatologie
entre 12 et 18 ans [35]. On note un développement exubérant des articulaire et en particulier la notion de claquements articulaires
apophyses coronoïdes dans lesquelles Sarnat et Engel [49] évoquent existant depuis longtemps et qui ont brutalement cessé lors de
le rôle de traction du muscle temporal non contrebalancé par le l’instauration de la limitation d’ouverture buccale. Cela signe le
condyle et sa croissance. L’hyperactivité du muscle temporal dans passage à l’irréductibilité d’une luxation discale antérieure qui était
un contexte d’anxiété pourrait être à l’origine de cette hyperplasie. jusqu’alors réductible. Cette luxation discale irréductible peut
Le tableau clinique montre une limitation d’ouverture buccale cependant être, dans de rares cas, inaugurale sans être passée par

6
Stomatologie Limitations d’ouverture de bouche 22-056-S-15

10 Ankylose temporomandibulaire post-traumatique.


9 Examen en imagerie par résonance magnétique : luxation antérieure irréductible
du disque. au niveau du premier arc branchial (Kawamoto, 1997). Les synéchies
membraneuses ou fibreuses seraient dues à des anomalies de
disparition de la membrane buccopharyngienne (Petterson, 1961).
les stades cliniques habituels antérieurs. Il est exceptionnel que cette
luxation irréductible soit bilatérale simultanément. Le plus souvent, Yamashita et Arnet [59] ont décrit une hyperplasie bilatérale
il s’agit d’un phénomène unilatéral qui s’accompagne d’une congénitale des apophyses coronoïdes qui semble être, pour
latérodéviation lors des mouvements d’ouverture de bouche (qui est Mabry [ 3 3 ] , secondaire à un raccourcissement des muscles
limitée). Le diagnostic facilement évoqué cliniquement est confirmé masticateurs.
par l’examen IRM des articulations temporomandibulaires (fig 9). Ce L’arthrogrypose peut comprendre également un trismus dans son
trismus d’origine dysfonctionnelle est fréquent. type II [17, 19, 53]. Il existe une diminution du nombre des fibres
La limitation de l’ouverture buccale peut faire également partie des musculaires striées avec déposition de graisse dans les zones
signes cliniques des atteintes de l’articulation lors d’affections infectées et diminution du nombre des cellules des cornes
rhumatologiques de type inflammatoire ou dégénératif. Le bilan antérieures. Une limitation d’ouverture de bouche peut également
tomodensitométrique met alors en évidence les lésions se rencontrer dans la dysostose cléidocrânienne par déformations
ostéocartilagineuses avec les déformations condyliennes. associées de la tête condylienne [42].
Existe-t-il de véritables ankyloses temporomandibulaires dues à une
¶ Dans un cadre postradiothérapique malformation locale ? Cela est toujours discuté, même si certaines
observations peuvent le laisser penser, qu’elles puissent être isolées
Le trismus peut être une des conséquences gênantes de la ou dans le cadre de syndromes malformatifs non encore
radiothérapie. Bien sûr, un trismus peut exister en période individualisés [22, 27, 57]. Il faut reconnaître que les publications ne
d’irradiation, traduisant simplement une attitude antalgique à permettent pas de se faire une idée claire des lésions de ce type.
l’occasion d’une mucite réactionnelle, mais le plus souvent cette Le diagnostic différentiel est bien sûr à faire avec un traumatisme
limitation d’ouverture de bouche va s’instaurer dans les mois qui néonatal ou survenant pendant l’accouchement [38], ou avec une
suivent la radiothérapie [14]. ankylose néonatale secondaire à une infection ou un traumatisme,
L’apparition d’une limitation d’ouverture de bouche doit bien ou encore avec certaines malformations de la tête condylienne
entendu faire rechercher une récidive tumorale ou l’apparition d’une gênant les mouvements mandibulaires (double condyle de
ostéonécrose, mais il s’agit le plus souvent d’une sclérose des l’observation de Stadnicki [52]).
muscles masticateurs associée à une fibrose du tissu de revêtement.
La myosclérose postradique est une affection fréquente qui doit être ¶ Limitation d’ouverture de bouche d’installation
impérativement prévenue par une kinésithérapie à visée antalgique insidieuse avec des antécédents de traumatisme
et décontracturante, afin de conserver une mobilité mandibulaire ou d’infection plus ou moins anciens
symétrique et fonctionnelle. À défaut, le traitement kinésithérapique
est long, fastidieux, et le résultat fonctionnel aléatoire, à moins d’une Une limitation d’ouverture buccale peut s’instaurer progressivement,
participation active énergique du patient à sa rééducation. sans aucun signe clinique autre. Elle aboutit à l’immobilité quasi
totale de la mandibule. Cette immobilité n’est en fait pratiquement
jamais obtenue : il existe presque toujours un mouvement résiduel
¶ Dans un contexte malformatif
très réduit au niveau des incisives, qui peuvent s’écarter de quelques
Les limitations d’ouverture de bouche congénitales sont tout à fait millimètres dans le sens vertical ou se déplacer parfois légèrement à
exceptionnelles. La cause la plus commune est une synéchie l’horizontale.
maxillomandibulaire avec une adhésion alvéolaire de la région L’examen tomodensitométrique rapidement réalisé va montrer
rétromolaire et l’existence de bandes de fibrose transgingivale [21]. l’existence d’un pont osseux unissant la mandibule au crâne ou au
Les autres causes sont de rares fusions alvéolaires [ 3 , 6 ] , malaire, ou plus exceptionnellement à la région
d’exceptionnelles fusions osseuses zygomatomandibulaires isolées ptérygopalatomaxillaire.
[23, 51]
ou dans le cadre de syndromes malformatifs plus complexes Lorsque le pont osseux siège à l’articulation temporomandibulaire
[5, 26, 54]
, comme le syndrome de Hecht-Beals-Wilson (ou syndrome elle-même, il s’agit de la classique ankylose temporomaxillaire,
trismus-pseudocamptodactylie) où il peut exister des bandes connue depuis la plus haute Antiquité (fig 10).
fibreuses intramassétérines [2]. Dans ce syndrome, il existe une La cause de cette ankylose est presque toujours traumatique,
association d’un trismus avec une petite taille et une inclinaison des survenant soit à la suite d’une fracture de l’articulation, soit
doigts à la dorsiflexion par raccourcissement des fléchisseurs de éventuellement au niveau d’une hémarthrose. Ce traumatisme initial
l’avant-bras. Ce syndrome est de transmission autosomique a pu passer inaperçu, en particulier chez l’enfant, voire survenir au
dominante à degré de pénétrance variable. moment de l’accouchement : les forceps et la manœuvre de
Le traitement de ces fusions osseuses reste assez décevant car la Moriceau ont été incriminés. Exceptionnellement, de nos jours,
séparation chirurgicale par ostéotomie amène la révélation d’un l’ankylose peut avoir une origine postarthritique que cette affection
defect muqueux très difficile à réparer en période néonatale. Les articulaire ait été de cause septicémique, ou lors d’affection primaire
résultats fonctionnels restent très partiels malgré la mobilisation de l’articulation, ou d’extension d’affection de voisinage (mastoïdite,
passive entreprise en période postopératoire. otite, parotidite).
Ces fusions osseuses maxillomandibulaires sont attribuées à une L’ankylose temporomandibulaire aboutit à la destruction partielle
anomalie de la différenciation des procès maxillaire et mandibulaire ou bien souvent complète de l’articulation. Dans les formes totales,

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22-056-S-15 Limitations d’ouverture de bouche Stomatologie

11 Séquelles typiques 12 Limitation d’ouver-


d’ankylose temporomandi- ture de bouche par rétrac-
bulaire. tion cicatricielle.

Les deux formes d’ankylose, articulaire et extra-articulaire, peuvent


coexister. Le diagnostic est maintenant aisé grâce à l’examen
tomodensitométrique qui doit être tridimensionnel.

¶ Limitations d’ouverture de bouche dans un contexte


de cicatrices locales ou locorégionales
les plus habituelles, il existe une véritable soudure osseuse entre
l’extrémité condylienne et la cavité glénoïde, formant un seul bloc La limitation d’ouverture buccale peut être créée par une sclérose
osseux dont la taille et l’épaisseur sont très variables, mais volontiers cicatricielle rétractile progressive, soit du revêtement cutané, soit du
importantes, pouvant atteindre 4 cm de dimension antéropostérieure recouvrement muqueux, soit de structures musculaires, soit de ces
sur 4 cm dans le sens transversal. Parfois subsiste, au sein du bloc différents plans.
osseux d’ankylose, une zone centrale moins calcifiée correspondant Au plan cutané, il s’agit essentiellement de séquelles de brûlures
probablement à l’englobement des structures ligamentodiscales. graves (fig 12), rarement de pertes de substance non traitées,
Dans les formes partielles, une partie de l’articulation peut être exceptionnellement d’affections dermatologiques comme
respectée, ces formes partielles sont volontiers externes [28]. Les l’épidermolyse bulleuse congénitale [58].
formes bilatérales sont rares. Au niveau de la muqueuse, dans la région de la face interne de la
Lorsque l’ankylose survient chez l’enfant, la destruction du cartilage joue, de la région rétromolaire, cette bride cicatricielle peut faire
condylien et l’absence de mouvements entraînent un retentissement suite à des lésions traumatiques, à l’absorption de liquide caustique,
sur la croissance de la mandibule. Dans les formes unilatérales, il mais le plus souvent à l’absence de réparation après exérèse
apparaît une asymétrie faciale avec hypodéveloppement de chirurgicale d’une tumeur maligne, parfois à une fibrose orale sous-
l’hémimandibule du côté de la lésion. Cela se traduit cliniquement muqueuse (étiologie qui, si elle est rare dans les pays occidentaux,
par une déviation du menton du côté de l’ankylose avec est au contraire une cause fréquente de limitation d’ouverture de
aplatissement de la joue du côté sain (« le menton regarde la lésion » bouche dans les pays du Sud-Est asiatique).
[10]
). Dans les formes bilatérales, une micromandibulie plus ou moins Les scléroses de cicatrices musculaires peuvent parfaitement être à
accentuée en résulte, l’enfant finissant par présenter un « profil de l’origine d’une limitation sévère de l’ouverture buccale : dans un
musaraigne » ou « profil d’oiseau » (Vogelgesicht) (fig 11). contexte post-traumatique, postinfectieux (myosite à la suite
L’existence d’une ankylose temporomandibulaire entraîne d’infection osseuse, de mycose, de tuberculose, de cellulite) ou
naturellement une difficulté d’alimentation très importante. Les iatrogénique (cf supra) (abord de type Cairns, radiothérapie).
aliments sont souvent poussés dans la cavité buccale au niveau Toutes les formes précédemment décrites peuvent être associées et
d’une zone édentée ou dans l’interstice interarcade résiduel. des blocs cicatriciels intéresser plusieurs ou tous les plans, en
L’introduction des aliments entre le bloc incisif inférieur et supérieur particulier dans le noma, étiologie responsable d’atteintes
peut entraîner, à la longue, une proalvéolie. Les dents sont en très particulièrement sévères.
mauvais état en raison de l’impossibilité d’une hygiène correcte et Les brides cicatricielles, qu’elles soient extrabuccales (séquelles de
de soins d’odontologie conservatrice ou restauratrice. brûlures, par exemple) ou endobuccales (séquelles d’exérèse
Ses conséquences sur la croissance et sur l’état dentaire ne devraient tumorale), doivent faire l’objet de soins attentifs d’assouplissement
naturellement plus se voir de nos jours, l’ankylose se devant d’être manuel des tissus cutanés, sous-cutanés et musculaires. La précocité
traitée dès le diagnostic posé. du traitement est le meilleur garant de la qualité du résultat.
Parfois l’examen tomodensitométrique va montrer l’existence d’une Dans les formes anciennes, la libération des placards cicatriciels
articulation intacte, mais d’un pont osseux unissant la région du cutanés muqueux et/ou musculaires peut parfois ne plus suffire
coroné soit au malaire, soit à la région ptérygopalatopalatine. Les pour entraîner la sédation de la limitation d’ouverture buccale, une
ankyloses extra-articulaires sont attribuées soit à une fracture véritable ankylose fibreuse (voire osseuse) s’étant installée dans une
maxillomalaire très déplacée et négligée pour une raison ou pour ou les deux articulations temporomandibulaires et pouvant
une autre (le déplacement du malaire, basculé en dehors et en bas, nécessiter alors un geste supplémentaire spécifique.
entraîne dans un premier temps une limitation d’ouverture buccale
par obstacle mécanique ou déplacement du coroné, puis une
véritable synostose probablement par organisation d’un hématome LIMITATION D’OUVERTURE DE BOUCHE
local), soit par simple calcification d’un hématome intratemporal ou DE CAUSE GÉNÉRALE
d’un hématome de la région interptérygoïdienne aboutissant à une Une étude très complète de ces étiologies a été faite par Devoize et
synostose coronoïdomalaire ou coronoïdo-ptérygo-palatine, cet Bedock [9] en 1983. Ces limitations d’ouverture buccale de cause
hématome étant associé à une fracture de l’apophyse coronoïde ou générale restent relativement rares et bien sûr dans ce cadre, ainsi
non. que le soulignait Lorrain, « tout trismus qui ne fait pas sa preuve

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Stomatologie Limitations d’ouverture de bouche 22-056-S-15

doit être considéré comme tétanique ». Cependant, le tétanos n’est – au cou, avec apparition d’une raideur de nuque et d’une tension
pas la seule cause générale d’un trismus et, en France, il est même de muscles sterno-cléido-mastoïdiens.
devenu exceptionnel. En 2 ou 3 jours, les contractures deviennent généralisées et
¶ Atteintes infectieuses permanentes, c’est la période d’état. Le diagnostic est alors évident.
Les principaux éléments en faveur du tétanos sont :
Tétanos
– l’âge avancé ;
Le tétanos des pays industrialisés est devenu rare, affectant des
sujets non ou mal vaccinés, avec une prédominance féminine [18]. En – l’absence de vaccination et de rappel ;
revanche, le tétanos des pays en voie de développement reste – l’existence à l’interrogatoire et/ou à l’examen d’une plaie datant
fréquent, affectant essentiellement les sujets jeunes [4]. de 3 jours ou plus ;
Rappelons pour mémoire que l’agent causal du tétanos est
Clostridium tetani, bacille à Gram positif, anaérobie strict, qui sporule – l’existence des contractures des autres muscles de la face et du
et persiste dans la terre sous une forme très résistante. Il est plus cou ;
abondant dans les régions humides à sol calcaire. Les spores – l’absence de fièvre ;
peuvent pénétrer dans l’organisme humain par différentes voies :
– l’absence de trouble de la conscience.
– les plaies récentes sont les plus fréquentes (40 à 60 % des cas) ; ce Certaines formes cliniques de tétanos peuvent poser des problèmes,
sont souvent des plaies minimes ayant de ce fait échappé à la en particulier le tétanos céphalique dans lequel la porte d’entrée est
prévention ; certains rites (percement d’oreilles, circoncision, une plaie de la face, du cuir chevelu ou une souillure d’une lésion
tatouage) peuvent s’avérer très dangereux ; orificielle (ulcération nasale, otite chronique, lésion dentaire). On
– les plaies chroniques (10 à 30 % des cas) sont dominées par des décrit ainsi le tétanos de Rose, secondaire à une plaie du territoire
ulcères de jambe ; on retrouve également les verrues plantaires, les du nerf facial, raideur de nuque et crise de dyspnée s’associent à
cancers ulcérés et les suppurations chroniques de tout siège ; une paralysie faciale périphérique homolatérale à l’inoculation. Le
– les tétanos chirurgicaux deviennent maintenant exceptionnels, tétanos ophtalmique de Worms succède à une plaie du globe
pouvant survenir après réintervention sur d’anciennes fractures oculaire ou de la région orbitosourcilière et réalise une
ouvertes, après chirurgie digestive ou génitale, après avulsion ophtalmoplégie intéressant le nerf oculomoteur (III) et plus rarement
dentaire ; le trochléaire (IV) et l’abducens (VI). Le tétanos auriculaire de Borries
fait suite à une plaie du conduit auditif externe et ressemble
– les tétanos succédant à une injection médicamenteuse sont le fait
cliniquement au tétanos de Rose.
de manœuvres septiques (tétanos des toxicomanes) ;
On peut se trouver en présence d’un tétanos fruste à
– les tétanos néonataux ombilicaux [15] sont un fléau des pays sous-
symptomatologie atténuée, s’observant chez des sujets
développés, expliqués par l’absence de vaccination maternelle, par
incomplètement vaccinés. Les signes cliniques se limitent à un
l’absence d’asepsie lors des soins du cordon ou par certaines
trismus, une certaine raideur des muscles de la nuque. Les signes
traditions (application de terre ou de végétaux sur la section
généraux sont inexistants ; cependant, une aggravation est toujours
ombilicale) ;
possible.
– des cas de trismus ont été rapportés après vaccination
antitétanique [34]. Rage
Après effraction du revêtement cutanéomuqueux, la spore trouve
dans un foyer d’attrition cellulaire des conditions favorables La rage est tout à fait exceptionnelle dans nos régions, compte tenu
d’anaérobiose et d’optimum thermique pour se multiplier et se de la politique de prévention qui doit être suivie après morsure
transformer en un bacille capable de sécréter deux exotoxines : la animale.
tétanolysine et la tétanospasmine, neurotoxine extrêmement Rappelons que la rage est une méningoencéphalomyélite
puissante, seule responsable de la symptomatologie. Cette d’évolution presque toujours fatale dont l’agent causal est le virus
tétanospasmine diffuse le long des nerfs périphériques et rabique, dont les principaux réservoirs sont les animaux sauvages.
accessoirement par voie sanguine ou lymphatique jusqu’au système La transmission se fait par la salive, très riche en virions, et l’homme
nerveux central où elle se fixe par l’intermédiaire des connexions se contamine après morsure ou par contact avec un animal enragé.
synaptiques sur les cornes antérieures de la moelle et sur les noyaux Le virus rabique chemine le long des nerfs périphériques jusqu’au
des nerfs crâniens moteurs. L’action caractéristique de la toxine système nerveux central où il se multiplie et crée des lésions par
tétanique est l’altération de l’inhibition postsynaptique : les destruction neuronale. Le trismus n’est qu’une partie du tableau
motoneurones alpha sont libérés des influences inhibitrices clinique puisque le développement de l’atteinte nerveuse est
auxquelles ils étaient soumis, occasionnant une contracture annoncé par des paresthésies au niveau de la cicatrice de morsure et
musculaire avec paroxysme. par une irritabilité avec une hyperexcitabilité à toute stimulation :
La période d’incubation varie de 3 à 15 jours en moyenne. Cette les secousses musculaires, les convulsions, les contractures parfois
phase est muette jusqu’à la survenue du premier signe de la maladie généralisées, mais aussi une hypersialorrhée et des spasmes laryngés
qui est habituellement le trismus. Cette contracture des masséters qui répondent à toute tentative d’alimentation.
s’explique par une sensibilité plus importante de ces muscles à la
toxine (Émile). La période d’invasion dure environ 48 heures, du Méningites
premier symptôme à la généralisation de cette contracture. Le trismus est un signe le plus souvent noyé au milieu d’autres qui
Le trismus qui amène habituellement le patient à consulter est permettent le diagnostic dans le cadre des méningites
caractéristique : il est indolent, permanent, symétrique, souvent sans cérébrospinales.
signe d’accompagnement et invincible. Au contraire, il s’exagère
lorsqu’on essaie de le vaincre (signe de l’abaisse-langue captif), ¶ Causes toxiques et médicamenteuses
interdisant l’alimentation solide, puis liquide.
La contracture s’étend ensuite progressivement : Neuroleptiques
– au pharynx, responsable d’une dysphagie indolore avec stase Le trismus fait partie des manifestations neurologiques aiguës et
salivaire ; précoces des neuroleptiques, survenant après quelques jours de
– à la face, donnant au faciès un aspect « sardonique » évocateur : traitement, parfois quelques heures, voire quelques minutes, après
commissures labiales attirées en bas et en dehors, rétrécissement des une administration unique. Ces crises sont le plus souvent
fentes palpébrales, surélévation des sourcils et plissement du front ; dyskinétiques mais peuvent également être purement dystoniques.

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22-056-S-15 Limitations d’ouverture de bouche Stomatologie

Elles prédominent toujours dans la musculature cervicocéphalique : – soit à une atteinte nucléaire pontomésencéphalique : le trismus
grimace, crises oculogyres avec plafonnement du regard, torticolis. n’est pas toujours permanent, apparaissant lors des efforts
Le trismus n’est jamais isolé. d’ouverture de bouche et pouvant même être associé à un déficit
Les produits les plus fréquemment en cause sont les neuroleptiques des muscles masticateurs au repos et lors de la fermeture ;
dits « incisifs » (Haldolt, Majeptilt, Terfluzinet). Selon Bourgeois, le – soit à un trouble du tonus, de type extrapyramidal, par atteinte
problème diagnostique vient des neuroleptiques « dissimulés », soit des noyaux gris centraux ; les perturbations toniques intéressent tous
dans une association avec un antidépresseur (Mutanxiont, les muscles de la face, réalisant un faciès particulier ; il s’y associe
Motovalt) ou un anticholinergique (Vésadolt), soit dans des toujours une hypertonie axiale ;
médicaments de pratique médicale courante dans des indications
non psychotropes comme les antiémétiques (Primpérant), – quelques cas de trismus dus à une atteinte corticale (operculaire)
antiulcéreux (Dogmatilt), antalgiques (Tiapridalt), antivertigineux ont été décrits.
(Torecant), anxiolytiques (Sedallinet, Moditent). Les étiologies de ces atteintes neurologiques sont variées :
La régression des signes cliniques est rapide après suspension du – encéphalite : le trismus a été décrit dans l’encéphalite vaccinale du
traitement et éventuellement injection d’anticholinergiques. sujet jeune, dans la maladie du sérum qui peut compliquer une
injection d’antitoxines tétaniques, à la phase terminale de la
Antihistaminiques panencéphalite sclérosante subaiguë de Van Bogaert, dans
Certains antihistaminiques ont été occasionnellement incriminés de l’encéphalite épidémique de von Economo, et dans les formes
dyskinésie aiguë avec trismus : il s’agit de la diphénhydranine et de encéphalitiques de la poliomyélite ;
la doxylamine. – lésions vasculaires : des lésions vasculaires corticales, sous-
corticales ou protubérantielles peuvent être cause de trismus
Intoxications à la strychnine (syndrome de l’opercule rolandique, infarctus de la protubérance) ;
Elles surviennent essentiellement lors de tentatives d’autolyse, les – lésions tumorales : extension dans le bulbe d’une cavité
intoxications accidentelles ou criminelles étant rares. La dose toxique syringomyélique entraînant une atteinte des derniers nerfs crâniens
est de l’ordre de 20 mg chez l’adulte. et du tractus trigéminal descendant, tumeurs pontiques (gliome) ;
La symptomatologie est dominée par des crises toniques de type – syndrome parkinsonien : où le trismus peut s’observer lors de crises
tétanie avec trismus, ou opisthotonos, contractures générales et arrêt hypertoniques axiales à la phase terminale de la maladie, maladie
respiratoire. Les contractures sont douloureuses. La coloration verte de Steel-Richardson (ophtalmoplégie supranucléaire progressive),
de la vision est la plus évocatrice. syndrome parkinsonien après intoxication oxycarbonée, intoxication
Le traitement repose sur la ventilation assistée, le diazépam au manganèse, maladie de Wilson.
injectable.
¶ Affections musculaires
Curare
Les phénomènes hypertoniques, pseudomyotoniques, des
La survenue d’un spasme massétérin après injection de syndromes d’hyperactivité continue de la fibre musculaire atteignent
succinylcholine doit être considérée comme un signe précoce tardivement la face. Dans le cadre des affections musculaires, la
d’hyperthermie maligne jusqu’à preuve du contraire et doit faire dermatomyosite, qui frappe de façon diffuse les muscles
prendre les mesures appropriées. Le spasme précède souvent de squelettiques striés, peut toucher les muscles masticateurs et être
quelques dizaines de minutes l’apparition des autres signes, en responsable d’une constriction permanente.
particulier l’hyperthermie et les troubles de l’équilibre
acidobasique [12]. Une cause musculaire classique est la myosite ossifiante progressive
ou maladie de Münchmeyer, anomalie congénitale du tissu
¶ Causes métaboliques et carentielles conjonctif qui se dévoile plus ou moins tardivement au cours de la
vie, avec des périodes de rémission. La transmission autosomique
dominante est suspectée. Les manifestations au niveau de la tête et
Encéphalopathie de Gayet-Wernicke
du cou surviennent dans environ 20 % des cas. La manifestation la
Due à une carence aiguë en vitamine B1, elle survient en cas de plus habituelle se localise au sterno-cléido-mastoïdien, entraînant un
dénutrition, le plus souvent chez l’alcoolique, en particulier lors torticolis, mais les autres muscles du cou peuvent aussi être
d’une alimentation parentérale hyperglucidique sans apport intéressés. La limitation d’ouverture buccale est une complication
vitaminique ou lors de la réhydratation d’un delirium tremens. bien connue de cette affection [25]. Le plus souvent, elle est évoquée
Il existe le plus souvent une hypertonie oppositionnelle des devant l’existence d’une calcification ou d’une ossification des
membres et axiale apparaissant avec le mouvement passif, muscles de la mastication, en particulier le masséter et le
augmentant avec la vitesse de celui-ci. Certaines formes cliniques buccinateur, voire le ptérygoïdien latéral [39, 48] . Des myosites
sont tétanoïdes avec trismus. ossifiantes secondaires ont été décrites : après tétanos (Gunn et
La vitaminothérapie B1 à fortes doses (20 g/j en intramusculaire) Young, 1959), poliomyélite (Lutwack, 1964), paraplégie et
doit être administrée en urgence. brûlures [13] , traumatismes [40] . La pathogénie de ces myosites
secondaires reste très discutée.
Hypoglycémie Après bilan tomodensitométrique, l’exérèse du muscle intéressé peut
être envisagée, exérèse devant comporter une marge de tissu
Parmi les manifestations neurologiques polymorphes, des
musculaire sain (Camron et Setzer, 1945 ; Nizel et Prigge, 1946) [36].
contractures peuvent s’observer, souvent localisées aux muscles de
Un traitement médical par diphosphanates peut être tenté
la mâchoire. Le diagnostic est le plus souvent facile. La crise de
auparavant [50].
tétanie peut s’étendre aux muscles du visage (aspect du « museau
de tanche »).

¶ Causes neurologiques Généralités sur la prise en charge


Il s’agit de trismus ou des atteintes anatomiques du système
nerveux. Les affections responsables sont peu courantes ou ne se TRAITEMENT ÉTIOLOGIQUE
compliquent de trismus que de façon exceptionnelle. Le traitement doit être naturellement étiologique dans toute la
Le trismus peut être dû : mesure du possible.

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Stomatologie Limitations d’ouverture de bouche 22-056-S-15

Dans les limitations d’ouverture buccale de cause générale, nous


n’insistons pas sur les diverses thérapeutiques à envisager en 13 Aspect peropératoire
d’une ankylose osseuse tem-
fonction de cette étiologie, nous rappelons simplement l’importance poromandibulaire.
de la séroprophylaxie antitétanique et des mesures de prévention
obligatoires en cas de morsure animale pour la prévention de la
rage.
Dans les limitations d’ouverture buccale de cause locale, il est
impossible d’envisager l’ensemble des cas de figure possibles.
Naturellement, les fractures doivent être réduites et immobilisées
d’une façon correcte. Ce sont les fractures de la région articulaire de
la mandibule qui posent le plus de problème, tant d’indication que
de thérapeutique. De toute manière, elles nécessitent une
rééducation et une surveillance prolongées, en particulier chez
l’enfant.
La rééducation fait appel :
– à la réduction des œdèmes par drainage lymphatique facial ;
– à l’échauffement musculaire à visée antalgique et
décontracturante ;
– aux massages relaxants de l’ensemble de la musculature faciale
sans omettre les peauciers du cou, de la musculature mandibulaire
Dans les formes de constriction osseuse extra-articulaire, ainsi que
(extra- et intrabuccale) et si nécessaire de l’ensemble de la région
dans la maladie de Jacob, la résection du bloc osseux se fait au cours
cervicoscapulaire ;
d’une coronoïdectomie. Elle doit être complète et est parfois fort
– au travail actif symétrique en position assise devant un miroir afin difficile. Lorsqu’il existe un cal vicieux d’une fracture zygomatique
de permettre une autocorrection de l’antépulsion puis de ou maxillomalaire, celui-ci doit être corrigé par ostéotomie,
l’antépulsion-ouverture ; reposition du bloc osseux et ostéosynthèse.
– plus rarement, mais si nécessaire, à des exercices de facilitation Dans le cadre des limitations d’ouverture de bouche dues à des
par un travail des mimiques faciales ou de la langue en cas rétractions cicatricielles cutanées, musculaires ou muqueuses, les
d’inhibition musculaire, voire, à 6 semaines, à des postures gestes sont parfois fort difficiles. Si les brides isolées sont de
manuelles ou instrumentales en cas d’insuffisance de résultats. traitement simple à l’aide de plasties en « Z » simples ou multiples,
l’excision des blocs cicatriciels laisse souvent des pertes de substance
L’adhésion pleine et entière du patient à sa rééducation est un
étendues, qui nécessitent des gestes de reconstruction par lambeau
facteur déterminant dans la qualité du résultat fonctionnel.
cutané ou muqueux, habituellement microanastomosé compte tenu
Dans les causes infectieuses locales, le traitement doit comporter une de l’étendue de la perte de substance. Dans les cas de limitation
antibiothérapie, associée au traitement causal (dentaire) et à un d’ouverture buccale par fibrose orale sous-muqueuse, Yeh [60] a
drainage d’une collection suppurée lorsqu’elle existe. Ce drainage proposé l’utilisation d’un lambeau de boule de Bichat.
peut parfois nécessiter la réalisation d’un examen Dans ces cas chirurgicaux de constriction permanente par ankylose
tomodensitométrique pour visualiser avec précision la localisation temporomandibulaire ou ankylose extra-articulaire, ou séquelles
de la ou des collections suppurées. Une arthrite aiguë de cicatricielles, la chirurgie ne représente qu’un temps du traitement
l’articulation temporomandibulaire nécessite une immobilisation de et une physiothérapie est indispensable dans les suites si l’on veut
courte durée suivie, dès que le syndrome infectieux est jugulé, d’une éviter une récidive.
rééducation.
Dans le cadre des ankyloses de l’articulation temporomandibulaire,
rappelons que l’indication chirurgicale doit être posée dès le TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE
diagnostic assuré et le bilan du bloc d’ankylose effectué par un Un traitement symptomatique a été proposé dans le cas de trismus
examen tomodensitométrique de préférence tridimensionnel. Le bloc pour permettre l’examen à visée étiologique et les manœuvres
d’ankylose (fig 13) se doit d’être réséqué. Cette résection a au thérapeutiques. Cela repose en fait le plus souvent sur l’anesthésie
minimum 1 cm de hauteur et la synostose est enlevée dans toute générale avec intubation, suivie de l’administration de curarisants
son étendue. Le bord supérieur de section du bloc se situe au niveau qui font céder tous les trismus d’origine musculaire.
de l’ancien interligne articulaire. Les tranches de section sont
soigneusement régularisées. Une interposition ou la mise en place ¶ Infiltrations
d’une prothèse d’articulation temporomandibulaire est
Les différentes techniques d’infiltration et d’anesthésie locale qui ont
habituellement effectuée. Dans les formes bilatérales, les deux côtés
été décrites semblent avoir un intérêt surtout historique.
sont opérés dans le même temps.
Rappelons pour mémoire qu’il avait été ainsi proposé :
Les anciennes interventions de type ostéotomie simple (Ollier),
ostéotomie modelante cherchant à donner à la ligne d’ostéotomie la – une anesthésie du nerf massétérin (Bercher) ;
forme d’une tête condylienne (Dufourmentel [10]), résection dans la – des infiltrations périartérielles de novocaïne (Dechaume) au
région sous-condylienne, contournant l’obstacle osseux (Tixier et niveau de l’artère faciale et de l’artère temporale superficielle ;
Freidel), résection large à la partie moyenne de la branche montante
(Rochet) ou au niveau de l’angle de la mandibule (Levret), n’ont – l’attouchement endonasal de la région du ganglion sphénopalatin
plus qu’un intérêt historique. (Dechaume) à l’aide d’une solution de cocaïne à 10 % ou de liquide
de Bonain ;
Ces interventions étaient associées également à des interpositions
de nature variée. Une radiothérapie postopératoire est conseillée par – des anesthésies extraorales du nerf dentaire inférieur selon la
certains auteurs, à la dose de 10 ou 20 Gy [11, 44, 46]. technique de Ciezynski ou de Sicher.
Les conséquences sur la croissance des ankyloses traitées
¶ Traitements médicaux
tardivement doivent naturellement être corrigées : elles nécessitent
des gestes d’ostéotomies mandibulaire et/ou maxillaire ou la On a proposé de simples bains de bouche prolongés « antalgiques »
réalisation de distraction [8]. avec des solutions à base de Xylocaïnet ou de prométhazine à 5 %

11
22-056-S-15 Limitations d’ouverture de bouche Stomatologie

(Lattes et Bataille), voire des remèdes homéopathiques : Eneiranthus sédative et décontracturante, faute de quoi cette technique
200 CH (Verdier), bien que Lokken [31] ait montré que cette conduirait à l’hypertonie, voire à la contracture des élévateurs et,
thérapeutique n’avait pas d’efficacité prouvée. par voie de conséquence, à la limitation de l’amplitude de
Le traitement symptomatique fait souvent appel à des myorelaxants l’ouverture buccale.
qui agissent à différents niveaux : fibres musculaires ou système La mécanothérapie est une méthode de traitement qui consiste à
nerveux. Il s’agit essentiellement du chlormézanone (Trancopalt), faire exécuter aux articulations des mouvements actifs ou passifs au
de la méphénésine (Décontractylt), du tétrazépam (Myolastant) ou moyen d’appareils spéciaux (mobilisateurs). De très nombreux
surtout du baclofène (Liorésalt). On trouve certaines associations appareils mobilisateurs permettent de réaliser une mécanothérapie,
dans la pharmacopée telles que l’association phenbrobanate et les forces appliquées devant s’exercer dans le plan vertical, mais
aspirine (Diaflexolt) ou chlormézanone-aspirine (Trancogesict). aussi dans les plans sagittal et horizontal. L’intensité des forces
L’inconvénient majeur des myorésolutifs est représenté par les appliquées doit être réglée en fonction de l’état de la musculature
risques de somnolence dont il faut prévenir les sujets, en particulier mais, dans tous les cas, elle ne doit pas entraîner de douleur. Des
pour la conduite automobile. périodes de repos doivent être ménagées entre les séries d’exercices.
On peut parfois utiliser une injection de toxine botulique dans un Deux à trois séries de dix exercices successifs, de trois à six fois par
muscle spasmé, en particulier le ptérygoïdien latéral, susceptible de jour, paraissent suffisants.
faire céder une contracture, en particulier dans le cadre des troubles Si l’action engendrée par le mobilisateur est purement verticale, les
dysfonctionnels des articulations temporomandibulaires, en rapport condyles sont bloqués dans leur glène, limitant l’ouverture à son
avec un trouble de l’articulé dentaire [32]. premier temps : la réhabilitation fonctionnelle est alors limitée. Il
faut adjoindre à cette force verticale une force postéroantérieure
¶ Chirurgie permettant de désenclaver les condyles, favorisant ainsi le deuxième
temps de l’ouverture. Il faut que l’appareil mécanothérapique puisse
On peut réaliser une résection du coroné dans les limitations aussi corriger les latérodéviations mandibulaires rencontrées dans
d’ouverture buccale dues à des cicatrices rétractiles du muscle certaines pathologies. L’importance de la traction élastique est réglée
temporal ou des affections musculaires au niveau du temporal. Le en fonction de l’état de la musculature. Il ne faut pas utiliser une
coroné est abordé par voie intrabuccale. Il est dégagé de l’insertion traction trop forte : l’appareil doit assister les contractions
des fibres tendineuses du muscle. L’apophyse coronoïde est musculaires des abaisseurs, mais ne doit pas se substituer à elles. Il
sectionnée au ciseau frappé à sa base et réséquée. Ce geste est constitue en outre une résistance élastique pour exercer les
effectué du côté de la lésion. Il s’agit bien d’une résection et non élévateurs. Chaque exercice de mobilisation doit être de courte
d’une simple ostéotomie. Il peut être effectué d’une façon bilatérale durée, mais répété plusieurs fois dans la journée. Le malade doit
en cas d’hypertrophie des coronés. Il peut être un geste nécessaire arrêter sa mobilisation au stade fatigue et ne jamais atteindre le stade
complémentaire dans le cadre du traitement d’une ankylose douleur. Les appareils mobilisateurs sont, selon leur action, divisés
temporomandibulaire ancienne. en appareils à action continue ou discontinue, à ressort ou élastique,
standard ou individuel.
¶ Physiothérapie De très nombreux appareils de ce type ont été décrits [43] (fig 14).
La physiothérapie est fondée sur la rééducation maxillofaciale et la – Appareils de mobilisation passive ou écarteurs : l’appareil de Pitch et
mécanothérapie, aidée par d’autres techniques comme l’appareil de Gernez et Gires sont actionnés par des poids, alors que
l’électrothérapie, l’ultrasonothérapie et la thermothérapie. les écarteurs à coins de Ponroy, les ouvre-bouches chirurgicaux et
Cette rééducation vise à rétablir le fonctionnement normal du l’appareil de Delguel sont actionnés à la main.
complexe articulaire et l’équilibre des muscles qui interviennent tant – Appareils de mobilisation active actionnés par un dispositif de force :
dans la mastication que dans la mobilité du visage, de la langue et le dispositif de force est intrabuccal pour l’appareil de Moriceau, de
du rachis cervical. Huguet, de Darcissac, de Van Ommen, et pour la bielle de Villain-
L’amélioration de la trophicité locale, l’assouplissement des Hertbst. Il est extrabuccal dans le cas de la « pince à linge », des
structures capsuloligamentaires et musculaires, la levée de la appareils de Pont, de Chenet, de Besson et Solas, de Lebedinsky, de
sidération musculaire, si elle existe, la récupération des amplitudes Ginestet, de Darcissac, de Benoist, de Sada, de Shearer, de Michelet
articulaires et de la physiologie musculaire par mobilisation passive et Festal, de Rigault, de Rahn et Boucher.
et active, la rééducation active des différents groupes musculaires, Après libération d’une ankylose, Sada [47] a proposé de réaliser une
sont des étapes habituelles de ce traitement. traction continue au niveau de l’angle de la mandibule, par
l’intermédiaire d’un fil d’acier passé par une petite incision sous-
Toute la panoplie des moyens de la rééducation doit être utilisée en
angulomandibulaire, réalisée sur une barre métallique solidarisée à
réponse aux difficultés rencontrées.
un appui extracrânien, la traction étant dirigée vers le bas et l’avant.
L’amélioration de la trophicité repose sur l’utilisation de la chaleur Si cette traction postopératoire permet de maintenir un écart entre
(coussins chauffants et/ou ultrasons) au niveau des élévateurs, du les deux pièces osseuses avivées, son maintien ne peut être réalisé
drainage lymphatique facial en cas d’œdème postchirurgical pendant une durée très longue, exceptionnellement supérieure à
important, et surtout de massages décontracturants de l’ensemble 2 ou 3 semaines, ce qui semble insuffisant pour éviter une récidive,
de la musculature de la face, de la mandibule et de la région malgré l’instauration rapide d’une rééducation (fig 15).
cervicoscapulaire.
– Travail musculaire : l’éveil de la motricité analytique de chaque
L’assouplissement des structures capsuloligamentaires et groupe musculaire (élévateurs, abaisseurs, antépulseurs,
musculaires présuppose de maintenir le gain chirurgical par un rétropulseurs et diducteurs) habituellement sidérée, fait appel à des
calage en ouverture adaptée, mais surtout de respecter les limites techniques de facilitation à partir de mouvements de langue ou de
cinésiologiques de la mandibule et plus particulièrement la mimiques faciales. Le travail musculaire est dès que possible
propulsion. complété par une sollicitation active des mêmes muscles, en veillant
Toutes les techniques de mobilisation passive et autopassive sont scrupuleusement au respect de la symétrisation de la propulsion
utilisées, complétées par des postures manuelles puis mécaniques, mandibulaire. Si nécessaire, au terme de ce traitement, une
voire instrumentales. Jamais ces techniques d’étirement ne sont tonification musculaire contre résistance permet de parfaire le
pratiquées sans une préparation préalable de la musculature à visée résultat.

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Stomatologie Limitations d’ouverture de bouche 22-056-S-15

*
A
*
B

*
F
*
C

*
E

*
D

*
H
*
I

*
J
*
K

*
G

14 Appareils mobilisateurs (d’après Psaume-Vandebeek et Benoist [43]). F. Appareil de Huguet.


A. « Pince à linge ». G. Mobilisateur de Darcissac.
B. Appareil de Delguel. H. Mobilisateur de Rigault.
C. Mobilisateur de Van Ommen. I. Appareil de Lebedinsky.
D. Appareil de Gernez et Gires. J. Mobilisateur de Benoist.
E. Appareil de Besson et Solas. K. Appareil de Ginestet.

15 Appareillage de trac- Conclusion


tion continue postopératoire,
d’après Sada [47].
Le maintien, puis l’amélioration des amplitudes libérées
chirurgicalement, est un travail long (plusieurs mois), déprimant
(phase de plateau sans amélioration, voire de régression), qui nécessite
une étroite complicité entre le patient et son thérapeute. Ici plus
qu’ailleurs, tout gain d’amplitude doit être communiqué au patient afin
de l’encourager à persévérer dans sa propre prise en charge.

Références ➤

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22-056-S-15 Limitations d’ouverture de bouche Stomatologie

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