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Turbomachines : calcul

des écoulements compressibles

par Georges MEAUZÉ


Coordinateur Turbomachines à l’ONERA

1. Aspect tridimensionnel de l’écoulement .......................................... B 4 181 - 3


1.1 Approche quasi 3D ...................................................................................... — 3
1.1.1 Écoulement méridien ......................................................................... — 4
1.1.2 Écoulement aube à aube.................................................................... — 7
1.2 Approche 3D complète................................................................................ — 9
2. Aspect visqueux de l’écoulement ....................................................... — 10
2.1 Calcul stationnaire visqueux d’une roue isolée ........................................ — 11
2.2 Calcul stationnaire visqueux d’un étage.................................................... — 12
3. Aspect instationnaire de l’écoulement.............................................. — 13
4. Conclusion ................................................................................................. — 14
Annexe 1 — Rappel des relations monodimensionnelles
fondamentales dans les machines tournantes adiabatiques ............... — 15
Conservation de la rothalpie ............................................................................... — 15
Théorème d’Euler ................................................................................................. — 15
Équations générales monodimensionnelles ...................................................... — 15
a) Variation de la température d’arrêt........................................................ — 16
b) conservation en débit ............................................................................. — 16
c) Détermination de l’écoulement en une section quelconque 2 — 16
Annexe 2 — Équations d’un écoulement axisymétrique giratoire,
visqueux et instationnaire.............................................................................. — 17
Équation de continuité ......................................................................................... — 17
Équation de quantité de mouvement ................................................................. — 17
Équation d’énergie ............................................................................................... — 17
Annexe 3 — Rappel des équations de Navier-Stokes — 17
Bilan de masse ou équation de continuité ......................................................... — 17
Bilan de quantité de mouvement ........................................................................ — 18
Bilan d’énergie ou principe de conservation de l’énergie ................................ — 19
Équations de Navier-Stokes dans un repère en rotation uniforme.................. — 19
Expression des équations de Navier-Stokes en 2,5D ........................................ — 20
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. B 4 181
11 - 1995

ette synthèse concerne les méthodes permettant une simulation


C numérique du comportement des écoulements qui traversent une turbo-
machine (parties fixes et mobiles des compresseurs et turbines axiales et cen-
trifuges). Seul l’aspect aérodynamique sera étudié à l’exclusion de tout
phénomène réactif. Il convient également de préciser que :
B 4 181

— seuls les fluides compressibles monophasiques (gaz) sont ici considérés ;


— les applications envisagées font intervenir la compressibilité du fluide
excluant ainsi les régimes à basse vitesse ;
— les méthodes de calcul appropriées, les plus avancées, sont surtout déve-
loppées dans le domaine aéronautique.

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TURBOMACHINES : CALCUL DES ÉCOULEMENTS COMPRESSIBLES ______________________________________________________________________________

L’écoulement dans une turbomachine est caractérisé par quatre aspects


essentiels qui sont : la tridimensionnalité, la viscosité, l’instationnarité (même
en régime stationnaire) et les transferts thermiques.
Si les deux premiers apparaissent naturellement, le troisième est à prendre
en compte dès que l’on s’intéresse au défilement d’une ou de plusieurs roues
mobiles par rapport à une ou plusieurs roues fixes, configurations plus cou-
rantes que celle qui consiste à étudier une roue mobile isolée. L’instationnarité
peut également être due à des problèmes de distorsion ou d’hétérogénéités
intrinsèques. En outre, tous les régimes transitoires sont également source
d’effets instationnaires.
La prise en compte des transferts thermiques est indispensable pour déter-
miner les caractéristiques mécaniques des divers éléments fixes ou mobiles,
compresseurs, turbines, disques, carters, et par conséquent leur durée de vie,
mais aussi pour prévoir leur encombrement géométrique et maîtriser les divers
jeux. Deux domaines particuliers d’application de l’aérothermique sont spéci-
fiques aux turbomachines. Tout d’abord, il s’agit de l’écoulement dit interne qui
concerne les cavités interdisques, ainsi que les canaux de refroidissement à
l’intérieur des aubages de turbines fixes et mobiles. Les géométries réelles sont
complexes avec des discontinuités volontaires afin d’améliorer les échanges
convectifs. Enfin, le calcul de l’écoulement dit externe autour des aubages doit
prendre en compte la présence des débits de refroidissement qui sortent de
l’aubage soit par des fentes, surtout au bord de fuite, soit par des multiperfo-
rations. Il en est de même sur les carters internes et/ou externes. La complexité
de l’écoulement est ainsi accrue et ces effets doivent être pris en compte dans
le calcul aérodynamique général.
Il est clair qu’il sera impossible avant longtemps de prendre rigoureusement
en compte tous ces aspects simultanément dans le calcul d’une machine
complète, en particulier pour deux raisons essentielles :
— la première est liée à la capacité de la mémoire et aux temps de calcul
nécessaires, qui sont incompatibles, dans le cadre d’une utilisation fréquente,
avec les ordinateurs les plus performants actuellement sur le marché ;
— la seconde, plus cruciale, résulte du constat que tous les schémas de tur-
bulence actuellement proposés, et qui sont indispensables à la résolution des
équations de Navier-Stokes en régime turbulent, ne rendent pas compte avec
une précision suffisante de la réalité physique, même pour des applications
relativement simples.
Cela étant, il est nécessaire de poursuivre les recherches dans le domaine
afin d’accroître l’efficacité des codes de calcul, notamment par la mise au point
de schémas qui permettent une meilleure prise en compte des phénomènes
physiques, associés si possible à une réduction sensible des temps d’occupa-
tion des ordinateurs.
Face aux problèmes soulevés par la détermination de ces écoulements tridi-
mensionnels, visqueux et instationnaires, de nombreuses approches ont été
entreprises ; elles font appel à des modélisations et à des simplifications
variées qui sont développées ci-après.
Bien que les hypothèses simplificatrices ne soient pas toujours indépen-
dantes, elles vont être analysées séparément pour les différents aspects
évoqués ci-dessus.
L’approche la plus simplifiée correspond à la théorie monodimensionnelle
fondée sur le théorème d’Euler. Rappelée en Annexe 1, elle porte sur les carac-
téristiques moyennes de l’écoulement : pression, température, rendement, etc.
Il s’agit plus précisément des moyennes azimutales et radiales qui sont
considérées sur la surface axisymétrique moyenne entre le moyeu et le carter.
Cette approche est amplement développée dans le chapitre Théorie générale
des turbomachines [B 4 400] de ce traité.

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Nous nous attacherons dans ce chapitre à développer les deux autres voies
restituant l’aspect tridimensionnel :
— la méthode approchée, classique et d’utilisation courante, ou approche
quasi 3D (§ 1.1) ;
— le calcul plus précis ou approche 3D complète (§ 1.2), beaucoup plus
récent et lié à l’emploi d’ordinateurs de plus en plus performants.
La première partie du développement concernera l’aspect tridimensionnel
seul (§ 1), auquel sera ajoutée la prise en compte de la viscosité et des trans-
ferts thermiques par la résolution des équations de Navier-Stokes (§ 2), puis
l’instationnarité (§ 3).
Le tableau suivant regroupe et définit toutes les notations et tous les symboles
utilisés dans les formules de ce chapitre.

Notations et Symboles 1. Aspect tridimensionnel


Symboles Désignation
de l’écoulement
E énergie totale Avant tout, l’écoulement est considéré comme stationnaire ; cela
J rothalpie ne veut pas dire que les effets instationnaires sont négligés ou qu’ils
H enthalpie d’arrêt ne sont pas étudiés, mais cela signifie que la conception et la défi-
M nombre de Mach nition des composants d’une turbomachine sont faites à l’aide de
N nombre d’aubes calculs stationnaires, quitte à vérifier a posteriori les effets d’une
instationnarité.
R constante molaire des gaz
T température
U vitesse tangentielle
V vitesse absolue 1.1 Approche quasi 3D
W vitesse relative
a vitesse du son
b épaisseur d’une nappe de courant méridienne Hormis l’approche réellement tridimensionnelle étudiée au
paragraphe 1.2, le calcul de l’écoulement dans un ou plusieurs éta-
cp capacité thermique massique à pression constante
ges ne peut être abordé que par l’intermédiaire du concept d’écou-
cV capacité thermique massique à volume constant lement moyen élaboré par Lorenz [1], repris et considérablement
f force développé par Wu [2].
h enthalpie
Rappelons que ce schéma d’écoulement moyen (figure 1), à
m abscisse curviligne méridienne l’origine du développement de nombreuses méthodes de calcul,
p pression consiste à admettre que, si le nombre d’aubes est suffisamment
r rayon élevé, l’écoulement demeure en moyenne axisymétrique à la tra-
rm rayon de courbure méridien versée des diverses roues dont l’action peut être simulée par un
champ de forces volumiques. Une justification mathématique et
t temps rationnelle a été proposée par Guiraud et Zeytounian [3]. Le calcul
β arctan (V t /V z) de cet écoulement moyen, dit également méridien, qui est mathé-
(= cp /cv ) rapport des capacités thermiques matiquement bidimensionnel, permet de déterminer, d’une part, la
γ massiques géométrie des nappes de c-ourant de révolution à travers toute la
machine considérée et, d’autre part, les évolutions radiales des
ω vitesse de rotation caractéristiques moyennes du fluide de part et d’autre des roues.
ϕ pente méridienne Les diverses coupes résultant de l’intersection de ces nappes avec
ψ fonction de courant les roues conduisent alors au concept de grilles d’aubes et rendent
µ viscosité dynamique possible le calcul aube à aube, à caractère bidimensionnel sur une
ρ masse volumique nappe de courant donnée (figure 1). En toute rigueur, ce dernier
∆β écart sur l’incidence moyenne de l’écoulement calcul n’est possible, dans une approche stationnaire, que pour
τ contrainte une roue isolée. L’empilement de ces diverses coupes représente
une description quasi tridimensionnelle de l’écoulement.
Indices Le rappel de ces considérations permet de distinguer et de clas-
m : méridien ser les méthodes dont nous proposons la synthèse ci-après.
r : radiale L’aspect mathématique et le principe de calcul des diverses
z : axiale méthodes ne sont rappelés que très brièvement. En revanche,
θ : tangentielle (giratoire ou azimutale) l’accent est davantage mis sur les domaines d’application, les limi-
i : condition d’arrêt isentropique locale tations, les avantages et les inconvénients.
t : turbulent

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Dans le cas d’une roue où l’écoulement relatif amont reste


supersonique sur toute l’envergure de l’aube, le même principe
s’applique et il n’y a en particulier aucune dépendance de l’aval sur
l’amont, bien que les vitesses méridiennes restent subsoniques.
Dans le cas d’une roue transsonique, telle que la vitesse relative
soit supersonique en tête mais subsonique au moyeu, le phéno-
mène est plus complexe ; l’interdépendance amont-aval a lieu sur
la portion subsonique de l’écoulement, tant que n’apparaissent pas
des blocages soniques.
La validité des diverses méthodes tombe en principe en défaut
pour de telles configurations supersoniques. Mais la prise en
compte du principe d’incidence unique pour chaque coupe peut être
faite bien que délicate. Il reste le calcul tridimensionnel exact pour
résoudre le problème (§ 1.2).
Avant d’aborder la description des méthodes de calcul, il convient
de rappeler que leur finalité est la détermination de la géométrie des
nappes de courant, c’est-à-dire leur position radiale (r, z ) et leur
épaisseur b le long de la méridienne, qui servira de base aux calculs
de l’écoulement aube à aube (m, θ ).
Mais la forme de ces nappes dépend étroitement de l’état du
fluide et par conséquent des pertes qui apparaissent à la traversée
des roues successives. Une utilisation correcte du calcul de l’écou-
lement méridien nécessite impérativement une prise en compte de
ces pertes, qui est obtenue en général par l’emploi de lois empi-
riques que l’on peut facilement inclure dans les codes de calcul.

1.1.1.1 Calcul de l’équilibre radial

L’équilibre radial constitue l’approche la plus simplifiée de


l’écoulement méridien ; il consiste à se donner a priori la
conicité et la courbure des filets fluides. Sa description sera
Figure 1 – Schématisation de l’écoulement selon les deux concepts : plus détaillée que les méthodes de calcul plus générales car il
écoulement méridien et écoulement aube à aube constitue un outil très précieux et facile à mettre en œuvre.

Dans le cas d’un écoulement axisymétrique, l’équation dans le


1.1.1 Écoulement méridien sens radial, écrite en coordonnées cylindriques sans prendre en
compte les termes de frottement, s’écrit pour un écoulement
permanent :
L’écoulement étudié est considéré comme permanent quel 2
1 ∂p V dV
que soit le repère, ignorant les perturbations instationnaires ----- ------- = ------θ- – ----------r
induites par une roue sur son environnement. Une simplifica- ρ ∂r r dt
tion largement utilisée de cet écoulement est obtenue par le
Les termes dus à la conicité et à la courbure des filets fluides
concept de l’équilibre radial, détaillé ci-après.
sont mis en évidence de la façon suivante.
Appelons V m la projection de la vitesse V dans le plan méridien
D’une façon générale, l’écoulement méridien est toujours subso- et ϕ l’angle de V m avec V z · rm est le rayon de courbure de la pro-
nique, mais la vitesse relative peut dans certains cas être légè- jection méridienne du filet de courant. Il vient alors :
rement supersonique. Certaines méthodes peuvent même
admettre, dans leur principe, des vitesses relatives franchement V r = V m sin ϕ
supersoniques. Mais il faut alors devenir très prudent quant à l’inter-
ce qui donne en dérivant :
prétation et à la validité des résultats. En effet, dans le cas de
vitesses relatives supersoniques, intervient un phénomène qui n’est dV r dV m dϕ
pas a priori pris en compte dans ces méthodes : il s’agit de l’exten- ---------- = ------------ sin ϕ + V m cos ϕ -------
dt dt dt
sion à une roue mobile du principe de l’incidence unique [4] et qui
a deux conséquences principales : dϕ d ϕ dm V m
avec : ------- = ----------- ⋅ --------- = --------
— l’écoulement à l’amont de la roue est indépendant de l’aval si, dt dm dt rm
d’une part, les aubes sont suffisamment rapprochées pour que les
d’où la nouvelle forme de l’équilibre radial :
surfaces caractéristiques montantes sur lesquelles se propagent
les perturbations ne traversent pas la roue et si, d’autre part,
2 2
l’écoulement dans un canal interaube est amorcé ; 1 ∂p V d Vm Vm
------θ- – -----------
- --------- cos ϕ
d r sin ϕ – r m
— pour une vitesse de rotation donnée, l’incidence de l’écoule- ----- ------- =
ρ ∂r r
ment amont pour un nombre de Mach donné et son débit ne











dépendent que de la géométrie de la roue et non plus d’une giration conicité courbure
condition imposée à l’aval.

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Si l’on néglige les deux derniers termes, on obtient l’expression ■ Cas d’un distributeur de turbine avec un angle
la plus simplifiée, dite équilibre radial simplifié, qui peut être inté- de sortie β constant
grée analytiquement dans des cas simples. Considérons un distributeur (fixe) de turbine dans une canalisation
Exemples d’application de l’équilibre radial simplifié à section constante et alimenté par un écoulement uniforme.
On suppose que la géométrie des aubages est telle que l’angle β
■ Cas d’un compresseur à travail constant
de l’écoulement à la sortie est constant et que les pertes restent très
Considérons un compresseur constitué par une roue axiale animée faibles de sorte que la pression d’arrêt à la sortie est constante. Il en
d’une vitesse de rotation ω constante dans une canalisation à section résulte que : V θ = V sin β .
constante et alimentée par un écoulement axial uniforme subsonique
En négligeant les termes de courbure et de conicité, il vient :
(sans giration).
On souhaite obtenir à la sortie du ventilateur un écoulement ayant 2 2
dp V sin β
une enthalpie totale constante, c’est-à-dire indépendante du rayon. Si ----------- = ---------------------
ρ dr r
l’on admet que la variation d’enthalpie est isentropique ou bien que
le rendement isentropique (< 1) reste le même pour chaque coupe et et avec l’hypothèse d’isentropicité :
donc indépendant du rayon, il en résulte que la pression d’arrêt isen-
2 2
tropique à la sortie est constante. V dV V sin β dV 2 dr
------------ = – --------------------- soit ------- = – sin β -----
Le théorème d’Euler permet d’écrire : ∆ H i = ω r V θ (Annexe 1 ). On dr r V r
en déduit que, à la sortie de la roue, l’écoulement absolu comporte V 2 r
une composante giratoire variable en fonction du rayon : V θ = ∆ H i /ω r. d’où : In ------ = – sin β In ----
V0 r0
En dehors du voisinage immédiat de la roue et compte tenu de la
forme de la veine, les termes de conicité et de courbure peuvent être L’écoulement est alors entièrement déterminé.
négligés. L’équilibre radial en aval de la roue s’écrit alors :
Pour les applications numériques, il est commode d’écrire
2
1 d p ( ∆ Hi ⁄ ω ) l’équation précédente en faisant apparaître la composante axiale
----- ------- = -------------------------
- du nombre de Mach :
ρ dr r
3

2 2 2
 M z  dp 2 M z tan β
2
Compte tenu de l’hypothèse d’isentropicité, on a : 2 tan ϕ
 1 – ----------------- -------------- = ( 1 – M z ) ------------------------- + M z ---------------
 cos ϕ 
2 γ p d r r r
dp
------- + V dV = 0 pour chaque filet de courant
ρ 2 2
2 dtan ϕ M z ( 1 – M z )
+M z tan ϕ ----------------- – --------------------------------
3
-
Vm d Vm Vθ d V 2 dr cos ϕ r
VdV V m
soit : – ----------- = – -------------------- – ---------------θ- = ------θ
dr dr dr r On rappelle en outre les relations suivantes :
ωrV dV θ Vθ
Or --------------θ- = Cte entraîne ---------- = – ------ –γ
------------
∆H i dr r γ – 1 2 γ–1
----- =  1 + ------------ M 
p
pi  2 
dV m
d’où : - = 0
----------
dr Mz
M = -------------------------------- avec tan β ϕ = tan β cos ϕ
La composante axiale de la vitesse reste donc constante. Il est alors cos ϕ cos β ϕ
aisé de déterminer tout l’écoulement par :
Si l’on suppose connues les lois de conicité ϕ (r ) et de courbure
2 2 2
V = Vm+Vθ Wθ = Vθ – ω r rm(r ) dans un plan z = Cte donné, l’équation ci-dessus peut s’inté-
grer en distinguant les différents cas suivants.
et sin β = V θ ⁄ V
■ Cas où les conditions d’arrêt locales, p i (r ) et Ti (r ), ainsi que la
giration β (r ) sont connues dans le plan z considéré : c’est le cas
W
tan β rel = -------θ- général à l’entrée d’une première roue.
Vm
L’équation précédente est de la forme générale :
H i étant connu, le nombre de Mach est aisément déterminé par : dp
------- = f [ p, r, ϕ ( r ), r m ( r ), β ( r ), p i ( r )]
γ–1 V 2 –1 dr
= ( V ⁄ a i ) 1 –  ------------  ---
2 2
M -
 2   ai 
qui se réduit à :
2
avec a i = (γ – 1) H i dp
------- = f ( p, r )
–γ
dr
------------
γ –1 2 γ – 1
puis p ⁄ p i =  1 + ------------ M On utilise une méthode numérique (par exemple Runge-Kutta) en
 2  choisissant un pas dr pour une valeur donnée de la pression sta-
tique p sur une des parois ; le débit correspondant est déterminé a
posteriori. Si l’on souhaite une valeur de débit précise, il faut
reprendre le calcul en ajustant itérativement la valeur de la pression.
■ Cas où les conditions d’arrêt locales ne sont pas connues dans le
plan z considéré : c’est le cas où tout l’écoulement est entièrement
défini dans un plan z1 et où l’on souhaite calculer l’écoulement dans
un plan z2 en aval ; on suppose connues les évolutions radiales de la
conicité ϕ (r2) et de la courbure rm(r2).

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● Cas où il n’y a pas de roue entre z1 et z2 Le cas de la roue fixe est obtenu pour ω = 0 ;
Entre les plans z1 et z2 , on a la relation : — le mode inverse, qui consiste à déterminer la géométrie des
aubages pour obtenir une évolution radiale donnée de l’enthalpie
r 1 V θ1 = r 2 V θ2 ou de la pression d’arrêt dans le repère absolu. En réalité, dans
cette approche simplifiée, le calcul ne donne que l’angle de sortie
(conservation de la quantité de mouvement tangentielle) dans le repère relatif β 2 que doit fournir la roue.
soit :
1.1.1.2 Calcul de l’écoulement méridien
T1 T2
r 1 M θ1 γ RT i1 - (M ) =
------- r 2 M θ2 γ RT i2 - (M )
------- Diverses méthodes de calcul existent ou peuvent être
T i1 1 T i2 2 envisagées ; citons les deux plus connues.








r 1 M z1 tanβ 1 γ RT i1 Θ ( M 1 ) = r 2 M z2 tan β 2 γ RT i2 Θ ( M 2 ) ■ Méthode des courbures


À partir de l’approche simplifiée basée sur l’équilibre radial
Par ailleurs, la conservation du débit permet d’écrire : décrite au paragraphe 1.1.1.1, on calcule n plans successifs comme
précédemment à partir d’une loi arbitraire ϕ (r ) et r m(r ) en chaque
p 1 cos β 1 r 1 dr 1 p 2 cos β 2 r 2 dr 2
---------
- -------------------------------- = ---------
- -------------------------------- plan. On détermine ensuite les lignes de courant en joignant les
T1 Σ ( M 1 ) T2 Σ ( M2 ) points homologues. On calcule les pentes et les courbures locales
et on recommence jusqu’à convergence (un lissage des courbures
avec Σ (M ) fonction reliant le rapport de la section droite du tube est nécessaire).
de courant considéré à la section critique locale Cette méthode est l’une des premières à avoir été programmée
(Annexe 1). [5]. Elle est encore très utilisée chez certains industriels.
L’expression ci-dessus est de la forme :
■ Méthode matricielle
dr 2 L’écoulement méridien est déterminé par la connaissance des
--------- = g [r 2 , β 2 , p 2 , p i2 , T i2]
dr 1 cinq variables scalaires suivantes : la masse volumique, la pression
statique et les trois composantes du vecteur vitesse. Ces grandeurs
sachant que M2 est lié au rapport p2 /p2i . sont indépendantes de la variable azimutale et leur ensemble est
L’équation d’équilibre radial peut se mettre sous la forme : solution d’un système d’équations obtenu à partir des équations
d’Euler complètes en faisant tendre le pas angulaire de l’aubage
dp 2 dr 2 vers zéro. La théorie mathématique exige en outre que l’encombre-
---------- = --------- f [ p 2 , r 2 , ϕ ( r 2 ) , r m ( r 2 ) , β 2 , p i2 ] ment axial d’une roue et la distance séparant deux roues
dr 1 dr 1
consécutives restent de l’ordre de grandeur du diamètre de la
Ces deux équations différentielles s’intègrent par une méthode machine, ce qui est rarement le cas.
numérique (par exemple, une méthode de Runge-Kutta du 4e ordre). La résolution numérique de ce système par la méthode dite matri-
On procède de la façon suivante : on se donne un pas dr 1 dans cielle [6] – ce terme consacré par l’usage est cependant peu caracté-
le plan z1 . On choisit une valeur initiale de la pression p 2 sur l’une ristique de la méthode – consiste à introduire une fonction de
des parois dans le plan z2 . L’intégration permet de déterminer courant méridienne déterminant les deux composantes méri-
l’évolution conjointe de la pression p 2 et du rayon r 2 . En fin de cal- diennes de la quantité de mouvement et une fonction circulation
cul, la valeur de r 2 ne correspond pas en général à la géométrie égale au produit du rayon par la composante azimutale de la
donnée. Il est alors nécessaire de faire une itération sur la valeur vitesse, et à mettre en œuvre un procédé itératif permettant de
p 2 pour obtenir la coïncidence du rayon en fin d’intégration avec découpler artificiellement les différentes équations obtenues. On
la géométrie donnée. On peut noter que ce procédé de calcul asso- peut noter qu’en général la masse volumique et la pression statique
cie les rayons r 2 aux rayons r 1 sur une même surface de courant. peuvent être éliminées à l’aide de la relation de Bernoulli générali-
● Cas où il y a une roue fixe ou mobile entre z1 et z 2
sée et par la condition d’isentropicité (éventuellement remplacée
par une loi de pertes).
Deux modes de calcul sont à considérer :
À chaque étape du procédé itératif, la fonction de courant méri-
— le mode direct, pour lequel on connaît la géométrie des dienne est la solution d’une équation aux dérivées partielles du
aubages et en particulier l’angle relatif de sortie β 2 (r 2). Les deux second ordre de type elliptique lorsque l’écoulement méridien est
équations différentielles précédentes restent identiques mais la subsonique. Après discrétisation par un schéma aux différences
relation correspondant à la conservation de la quantité de mouve- finies, la résolution numérique de cette équation conduit à l’inver-
ment est remplacée par la conservation de la rothalpie J : sion d’une matrice, de façon à calculer les dérivées partielles des
2 2 2 2 2 2 fonctions, d’où le nom de la méthode.
W ω r W ω r
J = H 1 + --------1 – -----------1- = H 2 + --------2 – ------------2- Quant à la fonction circulation, elle est déterminée par une rela-
2 2 2 2 tion finie (condition de glissement) à l’intérieur de la roue et est
dans l’écoulement relatif. constante le long d’une ligne de courant dans les espaces inter-
roues. Les conditions aux limites associées à ces équations font
Le détail du calcul intermédiaire des différents paramètres de intervenir des conditions de raccord déduites de la théorie asymp-
l’écoulement entre les plans z 1 et z 2 pour chaque nappe de courant totique [3], en accord avec celles proposées par Fabri et Siestrunck
fait l’objet de l’Annexe 1. De même, la prise en compte de pertes [7] qui reposent sur une analyse plus physique.
peut se faire par l’intermédiaire de lois empiriques associant les
pressions d’arrêt de l’écoulement relatif dans les plans z 1 et z 2 pour À l’entrée des roues, la continuité de la fonction de courant (ou
chaque rayon homologue. Le résultat final du calcul donne l’évo- continuité de débit) et celle de la vitesse projetée sur la ligne de bord
lution radiale de la pression d’arrêt et de l’enthalpie d’arrêt dans le d’attaque sont imposées ; en revanche, les dérivées premières de
repère absolu. la fonction circulation sont généralement discontinues.
À la sortie des roues, outre la conservation du débit, on impose
celle des grandeurs aérodynamiques le long de la trace méridienne
du bord de fuite.

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Dans les plans à l’infini amont et à l’infini aval, une équation de 1.1.2 Écoulement aube à aube
quantité de mouvement projetée normalement à la direction géné-
rale de l’écoulement est appliquée mais, de façon générale, la loi D’une façon générale, les méthodes de calcul sont appliquées à
d’équilibre est fonction de la géométrie étudiée ; cela suppose que un écoulement permanent (m, θ ) dans un repère relatif à une roue
l’entrée et la sortie de la machine sont précédées ou suivies d’un isolée définie entre deux surfaces de révolution infiniment voisines,
canal à section constante s’il est axial ou à largeur constante s’il est de rayon et d’épaisseur variables, dont la géométrie est connue
radial. pour un écoulement méridien (figure 1).
Un tel calcul d’écoulement peut s’appliquer au compresseur cen- On peut signaler le cas particulier d’une configuration 2D stri-
trifuge, à une turbine centripète ou dans un étage d’une turboma- ctement bidimensionnelle du type grille d’aubes, l’écoulement étant
chine axiale ou hélicocentrifuge, voire dans un canal de retour. plan avec deux coordonnées spatiales x et y (au lieu de m, θ ) ou
Le maillage déterminant les points de calcul dans le champ méri- strictement radiale avec des coordonnées polaires r et θ . De nom-
dien, qui peut comprendre un distributeur, une roue mobile (avec breuses méthodes appliquées en aérodynamique bidimensionnelle
éventuellement des rangées d’aubes intercalaires) et un diffuseur sont utilisables, mais non détaillées dans ce chapitre.
ou redresseur, est réalisé de façon à inclure les traces méridiennes Une telle approche est évidemment très facile et fréquemment
supposées rectilignes des bords d’attaque et de fuite des roues suc- utilisée mais elle est peu réaliste et ne doit être appliquée qu’à des
cessives qui servent de colonnes particulières à partir desquelles les cas très limités. Toutefois, son utilité s’explique par le fait que :
autres sont engendrées. La figure 2 schématise un exemple de
découpage obtenu dans le cas des compresseurs centrifuges. — il s’agit souvent d’une étape utile avant l’élaboration de cas
plus compliqués, en particulier au niveau des méthodes de calcul ;
— les calculs 2D sont souvent suffisants pour analyser l’influence
de certains paramètres comme par exemple le pas relatif, la répar-
tition de la courbure du squelette, la répartition de la loi d’épaisseur,
etc. ;
— la conception de profils de base est souvent effectuée en 2D.
Nous distinguerons les méthodes directes, qui déterminent
toutes les caractéristiques de l’écoulement pour une roue à géo-
métrie donnée, des méthodes inverses, destinées à la restitution de
la géométrie d’une roue correspondant à une répartition de vitesse
ou de pression souhaitée sur le profil.

1.1.2.1 Méthodes directes


Toutes les méthodes présentées utilisent des équations discré-
tisées, nécessitant un maillage approprié du domaine de calcul.
Cela peut entraîner, a priori, un manque de précision dans les
régions où les gradients de vitesse sont très élevés et la densité du
maillage insuffisante.
La périodicité de l’écoulement relatif, permanent sur une telle
surface de révolution, permet le calcul de l’écoulement dans un
seul canal interroue selon les schémas de la figure 3. La figure 3a
montre un maillage simple de type monodomaine. G indique la
condition de glissement imposée sur l’extrados d’une aube et
l’intrados de l’aube adjacente qui forment le canal ; P désigne la
condition de périodicité qui est appliquée sur les frontières supé-
rieure et inférieure en amont et en aval des aubes. La figure 3b
montre un maillage de type multidomaine où les lignes de pério-
Figure 2 – Découpage du champ méridien obtenu dicité sont choisies dans le canal interroue. Ce choix permet une
dans le cas d’un compresseur centrifuge description plus fine des régions de bord d’attaque et de bord de
fuite.
Les limites amont et aval du domaine de calcul sont à distance
Les lois de pertes incluses dans le programme de calcul peuvent finie de la roue mais prises suffisamment éloignées pour qu’il n’y
être très diverses, par exemple : ait plus d’influence des aubes sur l’écoulement local, en particulier
— une force dissipative due au frottement est prise en compte à où le gradient de pression statique est pratiquement nul.
l’intérieur des roues avec un coefficient de frottement supposé Les conditions aérodynamiques imposées sur ces frontières
constant ; extrêmes dépendent à la fois de la nature de l’écoulement et de la
— une perte due à une éventuelle désadaptation à l’entrée des méthode de calcul choisie.
roues entraîne une dissipation d’énergie locale proportionnelle au
carré de l’écart des vitesses tangentielles. Il existe des méthodes de calcul très précises (en particulier bord
d’attaque et bord de fuite), telles que la méthode de singularités,
On convient de noter que ces lois de pertes sont propres à chaque mais leur domaine d’application est restreint aux écoulements sub-
constructeur, qu’elles concentrent une grande partie de leur savoir- soniques, stationnaires et strictement bidimensionnels. Elles ne
faire et que leur domaine de validité est restreint aux configurations sont plus guère développées et ne sont pas explicitées ci-après.
voisines de celles pour lesquelles elles ont été élaborées.
Un grand nombre de publications portent sur le sujet, dont l’une ■ Méthode matricielle
en fait la synthèse [25]. Signalons que le développement d’un nou- Il s’agit de la méthode développée par Katsanis [8]. Cette méthode
veau code de calcul méridien, résolvant les équations générales est mondialement connue mais de moins en moins utilisée ; cepen-
d’un écoulement Navier-Stokes axisymétrique, giratoire, visqueux dant, il peut être utile de rappeler brièvement ses caractéristiques.
et instationnaire, rappelées en Annexe 2, pourrait avantageusement
être fait à partir d’une méthode de type instationnaire (2D aube à
aube ou 3D complète).

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tion), ce qui présente des inconvénients pour la précision des


résultats, par suite des nombreuses interpolations nécessaires
pour obtenir les grandeurs aérodynamiques sur les aubes.
Le nombre de Mach et l’incidence de l’écoulement sont fixés sur
la frontière amont ; les profils étudiés sont censés comporter un
bord de fuite arrondi, ce qui entraîne la nécessité d’imposer la cir-
culation du fluide. Cela est réalisé en fixant arbitrairement une
direction moyenne de l’écoulement dans un plan de sortie des
aubes.
Par suite de la nature des équations utilisées, le calcul est stric-
tement limité au domaine subsonique. Cependant, au voisinage des
conditions critiques, il existe une difficulté dans la détermination de
la vitesse à partir du produit pV. En effet, la résolution itérative de
cette équation implicite tombe en défaut ; il est nécessaire de recou-
rir à un développement limité près des conditions soniques.
■ Méthode par « éléments finis »
Cette méthode est fondée sur l’utilisation de principes varia-
tionnels pour des écoulements de fluides parfaits et sur leur
approximation par la méthode des éléments finis. Cette méthode
n’a pas donné lieu à des développements ni à des utilisations
industrielles dans le domaine aéronautique.
■ Méthode instationnaire
Il s’agit d’obtenir l’écoulement stationnaire comme solution
limite, pour des temps élevés, des équations instationnaires d’Euler
déduites des équations de Navier-Stokes (Annexe 3) dans lesquelles
sont supprimés les termes visqueux. Le caractère instationnaire de
ces équations apparaît donc comme un artifice de calcul destiné à
les rendre de type hyperbolique quel que soit le nombre de Mach
local, ce qui n’est pas le cas de l’équation de la fonction de courant.
Un seul schéma de discrétisation est ainsi utilisé dans tout le
domaine de calcul, et il n’y a plus aucune limitation pour les
configurations d’écoulement qui peuvent être mixtes, c’est-à-dire
comporter des zones subsoniques et supersoniques avec la pré-
sence éventuelle d’ondes de choc intenses. Divers algorithmes
numériques sont utilisés pour l’intégration numérique des
équations : citons le schéma explicite de type prédicteur-correcteur,
précis au second ordre, proposé par Mac Cormack [9], le schéma
de Lax-Wendroff ou celui de Runge-Kutta d’ordre 2, 3, 4, etc.
La convergence du calcul nécessite l’introduction d’une pseudo-
viscosité.
Remarque : afin de réduire les temps de calcul dont l’importance constitue l’inconvé-
nient majeur de cette méthode, certaines variantes ne comportent pas l’intégration de
l’équation de l’énergie. On considère que l’enthalpie, ou plus généralement la rothalpie
en écoulement relatif, est uniforme et indépendante du temps, ce qui est compatible avec
l’écoulement stationnaire recherché. Cela justifie l’appellation pseudo-instationnaire pour
ces variantes.
Les conditions aux limites sur les frontières amont et aval peuvent
être choisies selon la nature du problème étudié, de la façon
suivante :
— sur la frontière amont, outre les conditions d’arrêt de pression
Figure 3 – Maillages de types mono (a ) et multidomaine (b )
et de température, on impose une condition : en général, l’angle,
le nombre de Mach ou la composante tangentielle de la vitesse
absolue ;
Le calcul numérique intègre l’équation différentielle du second — sur la frontière aval, on impose toujours une seule condition,
ordre sur la fonction de courant Ψ par une méthode de différences généralement la pression statique locale. Pour certaines applica-
finies : tions spécifiques, il est possible de choisir un autre type de
condition aval, par exemple le débit.
2 2
1 ∂ ψ ∂ ψ 1 ∂ ρ ∂ψ sin ϕ 1 ∂ ( b ρ ) ∂ ψ 2b ρω
- -------- -------- + ------------- – -------- --------------- ---------- = --------------- sin ϕ
-----2- ---------2- + ----------- – ---------- Ces calculs s’appliquent sans aucune limitation tant pour la géo-
∂m r ρ ∂ θ ∂ θ b ρ ∂m ∂m
2 2 r V
r ∂θ métrie des roues sur des nappes évolutives que pour la nature de
l’écoulement (régime subsonique, transsonique ou supersonique
∂ψ bρ ∂ψ bρr
avec ---------- = – ------- V θ et -------- = ---------- V m amorcé ou non). La figure 4 illustre les divers types d’écoulements
∂m V ∂θ V
transsoniques rencontrés dans le cas des compresseurs et turbines.
Le canal interroue étudié prend en compte la variation du rayon De plus, on peut noter que seuls les cas où la vitesse axiale reste
et de l’épaisseur de la nappe de courant ; la méthode est donc appli- subsonique sont envisagés ; les écoulements dans les aubes avec
cable aux configurations axiales et centrifuges. un nombre de Mach axial supersonique ne posent aucune difficulté
Le maillage utilisé est de type monodomaine. Dans la méthode de calcul mais ne sont pas utilisés à l’heure actuelle.
originale, il n’y a pas de points de calcul sur les profils (sauf excep-

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1.1.2.2 Méthodes inverses

La recherche d’optimisation de certaines performances peut être


facilitée par l’utilisation du mode inverse. Malheureusement, le cal-
cul conduit fréquemment à des formes d’aubes totalement irré-
alistes. Il est alors nécessaire d’effectuer un nombre important de
calculs de façon à aboutir à un compromis satisfaisant, ce qui dimi-
nue l’avantage par rapport à l’emploi systématique de calculs en
mode direct. En réalité, il est judicieux de s’inspirer des résultats
d’un calcul direct appliqué à une géométrie réaliste et de
considérer la méthode inverse comme une méthode corrective.
À titre historique, signalons la méthode hodographique [13]. Elle
n’est valable que pour un écoulement subsonique strictement bidi-
mensionnel. Elle présente l’avantage d’être très rapide et précise,
mais ne permet pas de s’approcher finement d’une répartition de
pression souhaitée sur le profil.
La méthode pseudo-instationnaire a été adaptée en mode inverse
au cas de roues planes dans un premier temps [14] et étendue
ensuite au cas général d’une nappe à rayon et épaisseur variables
d’aubes en rotation. Le principe de la méthode consiste à remplacer
la condition de glissement sur le profil par une condition de pres-
sion donnée ; le calcul de la direction locale de l’écoulement permet
alors de construire la ligne de courant pariétale. Le processus qui
nécessite une redéfinition du maillage est effectué à chaque itéra-
tion jusqu’à convergence. Le calcul peut être de type mixte et non
strictement inverse, c’est-à-dire que l’on peut choisir des caracté-
ristiques géométriques de la roue, par exemple imposer une varia-
tion d’épaisseur, ou bien une partie ou la totalité de l’extrados ou
de l’intrados. Il existe de nombreuses publications sur le sujet [15].

1.2 Approche 3D complète

L’approche quasi 3D (§ 1.1) est bien adaptée et suffisante pour de


nombreuses applications. Cependant, si l’on veut réellement opti-
miser une machine en cherchant des performances très élevées, il
est nécessaire de déterminer de plus en plus finement l’écoulement
pour connaître d’abord tous les phénomènes qui se produisent et
ensuite améliorer le comportement du fluide en tout point. L’étape
directement 3D devient alors indispensable.
L’aspect réellement 3D de l’écoulement provient essentiellement
du gauchissement des nappes de courant dans les roues sous l’effet
Figure 4 – Écoulements transsoniques dans les compresseurs des gradients de pression radiaux qui varient azimutalement par
et turbines avec les tracés d’isobares pour chacun d’eux calculés suite de la charge des aubes. Il en résulte une évolution azimutale
en approche quasi 3D non négligeable de la pente méridienne de l’écoulement, qui est
totalement ignorée dans l’approche quasi 3D. Cet effet est d’autant
plus important que les aubes sont chargées (figure 1). La prise en
compte rigoureuse de ces phénomènes dans une machine complète
Ces diverses configurations d’écoulement sont illustrées par les (multi-étage) nécessite de ne pas éliminer les effets 3D issus des
tracés d’isobares reportés sur la figure 4. On peut noter que les roues précédentes et, par conséquent, d’utiliser une approche
ondes de choc n’apparaissent pas comme des discontinuités mais nécessairement instationnaire. Ainsi, un calcul 3D stationnaire n’est
sont un peu étalées, ce qui constitue un inconvénient du calcul. envisageable en toute rigueur que pour une roue isolée.
La viscosité de l’écoulement n’étant pas prise en compte, le Il est bien entendu toujours possible d’établir un écoulement
domaine d’application de cette méthode est restreint aux méridien après chaque roue, ce qui supprime automatiquement
configurations où cette viscosité ne provoque pas d’effet important l’aspect 3D évoqué ci-dessus mais rend la solution stationnaire.
comme par exemple l’apparition d’une zone décollée. Cependant un tel calcul, dans une approche non visqueuse, n’est
La validation générale de la méthode a été effectuée dans le cas pas réaliste.
des roues planes, soit par comparaison avec un autre calcul, soit Des codes de calcul 3D Euler existent actuellement [16] [17]. Pra-
par confrontation avec l’expérience [10] [11] [12]. tiquement, tous sont fondés sur la résolution des équations d’Euler
La confrontation dans le cas où il existe des chocs intenses est 3D instationnaires déduites des équations de Navier-Stokes
illusoire, car ces chocs provoquent des décollements importants de (Annexe 3) dans lesquelles sont supprimés les termes visqueux.
la couche limite sur les parois qui bouleversent tout l’écoulement ; Leur emploi, qui nécessite des ordinateurs puissants, commence à
la prise en compte de ces phénomènes visqueux devient être répandu. Un exemple concernant une roue de compresseur
indispensable (§ 2). est donné sur la figure 5.
Il est bien évident que ces calculs, utilisés seuls, ne peuvent pas
permettre la prédiction de la performance d’un élément de

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Figure 5 – Écoulement dans une roue de compresseur,


calculé en approche 3D complète : champ d’isobares

machine ; leur emploi reste cependant justifié pour les raisons


suivantes :
— ils peuvent être associés à des calculs appropriés pour les
zones visqueuses (méthodes de couplage) ;
— la conception ou l’optimisation d’une géométrie peut être
faite en fluide parfait lorsque l’on cherche par exemple à réduire
les gradients de vitesse. Cela a été effectué avec succès dans de
nombreux cas ; les calculs en mode inverse sont d’ailleurs toujours
exécutés sans viscosité ;
— étant beaucoup plus rapides et moins coûteuses que des cal-
culs en fluide visqueux, les méthodes d’Euler 2D ou 3D rendent de
grands services quand on veut analyser un phénomène particulier.

2. Aspect visqueux
de l’écoulement
La viscosité joue naturellement un rôle primordial dans une tur-
bomachine puisqu’elle est la source principale de pertes. Ces pertes
Figure 6 – Schéma des phénomènes visqueux dans une roue
sont usuellement classées en trois catégories :
de compresseur ou de turbine (NASA, Lewis Research Center)
— les pertes de profil, liées au développement des couches vis-
queuses sur les aubes et les sillages qu’elles créent, qui sont d’une roue, la différence entre un calcul en fluide parfait et un cal-
d’autant plus cisaillés que l’effet de gauchissement tridimensionnel cul en fluide visqueux a deux conséquences principales :
rappelé précédemment est important ;
— la vitesse est plus élevée en fluide visqueux suite à l’effet de
— les pertes secondaires, qui apparaissent aux confins des aubes
striction de la veine, résultant des couches limites sur les aubes ;
et qui donnent naissance à d’importants tourbillons, par suite de la
— la déviation de l’écoulement est plus faible en fluide visqueux
déviation de l’écoulement visqueux sur le moyeu et le carter. Il faut
par suite du développement plus important de la couche limite sur
ici noter que l’apparition des tourbillons principaux n’est pas un
l’extrados.
phénomène purement visqueux mais qu’elle résulte du profil hété-
rogène des vitesses à l’entrée de la roue. Des calculs non visqueux Quand cette différence est combinée avec la vitesse de rotation
montrent bien qualitativement ce comportement ; par le changement de référentiel, il apparaît un écart non négli-
— les pertes liées à la présence inévitable du jeu qui existe entre geable sur l’incidence moyenne de l’écoulement à l’entrée de la
l’extrémité des roues, surtout mobiles, et le carter. roue suivante. La figure 7 illustre cet effet dans le cas d’une roue
mobile de compresseur suivie d’un redresseur fixe. Cet écart ∆ β,
Ces comportements tourbillonnaires, qui contaminent très vite
qui peut atteindre plusieurs degrés pour une configuration cou-
l’ensemble de l’écoulement, renforcent évidemment son caractère
rante, est du même niveau que la plage de bon fonctionnement de
tridimensionnel. La figure 6, présentée dans de nombreuses publi-
la roue en question. Cela montre qu’il est impératif de prendre en
cations, schématise ces effets visqueux.
compte d’une façon ou d’une autre et même, approximativement,
La prise en compte de la viscosité est évidemment souhaitable les effets visqueux.
et même indispensable si l’on considère l’écoulement issu d’une
Une prise en compte rigoureuse et précise de la viscosité du
roue et rentrant dans la roue suivante car le changement de réfé-
fluide est illusoire à moyen terme ; il faudrait faire absolument inter-
rentiel amplifie considérablement son action. En effet, à la sortie
venir tous les phénomènes dont une part importante n’est pas

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développement. En France, c’est surtout à l’ONERA que sont faits


les travaux dans ce domaine [20].
Les principales caractéristiques des méthodes utilisées sont les
suivantes :
— une approche multidomaine avec des mailles structurées
(i, j, k ) se recouvrant ou non ;
— des schémas centrés en espace avec des techniques d’accélé-
ration de convergence de type multigrille ou lissage implicite des
résidus ;
— un traitement des conditions limites, basé sur les relations
caractéristiques.
Les versions actuelles utilisent des schémas de type Lax-
Wendroff-Ni et, plus récemment, de type Runge-Kutta associés à
une discrétisation spatiale centrée dans les approches cell-vertex
Figure 7 – Effet de la viscosité sur le triangle de vitesses ou cell-centered . Ces schémas sont associés à des méthodes
à la sortie d’une roue de compresseur suivie d’un redresseur d’accélération de convergence de type implicite ou multigrille qui
donnent de bien meilleures performances avec un schéma de
Runge-Kutta à 4 pas, explicité ci-après.
encore bien maîtrisée, comme ceux liés au comportement turbulent Dans l’espace relatif en rotation uniforme autour de l’axe x, les
du fluide. Des hypothèses simplificatrices sont donc nécessaires et équations de Navier-Stokes ( Annexe 3 ) s’écrivent sous forme
différentes approches utilisées. condensée :
Des méthodes simplifiées faisant appel par exemple au concept
∂f
de la couche limite et aux techniques de couplage ont été déve- ------ + div ( F – F v ) = S
loppées pour des applications aube à aube pour une roue isolée ∂t
mais il n’est pas évident qu’elles soient bien adaptées aux calculs avec f = fonction des variables (ρ, ρW x , ρW y , ρW z , ρ E ),
de plusieurs roues, surtout en 3D.
F densité de flux correspondant aux termes convectifs,
La prise en compte rigoureuse de la viscosité étant impossible
avant longtemps, il est nécessaire de faire appel à la modélisation Fv densité de flux correspondant aux termes visqueux,
qui consiste à résoudre des équations de Navier-Stokes moyennées S terme-source lié à la rotation du repère relatif de la roue.
associées à un modèle de turbulence ; l’Annexe 3 contient les diver- La solution en un point P au temps t n + 1 = t n + ∆t dérive de la
ses formes des équations de Navier-Stokes moyennées en 3D et valeur f n au temps t n :
aube à aube. Il faut néanmoins rappeler qu’une telle méthode est
loin de représenter correctement la réalité dans un cas général ; la f n + ak = f n – a k ∆ t [ div ( F n + ak – 1 – F v, n ) – S n + ak – 1 ]
validité des modèles existants n’est pas démontrée surtout si l’on
considère les effets de la rotation, de la tridimensionnalité et de pour chaque pas k (k = 1 à 4), avec les coefficients a 1 = 0,25 ;
l’instationnarité de l’écoulement. En outre, il reste les problèmes liés a2 = 0,33333 ; a3 = 0,5 et a4 = 1.
à l’existence de zones de transition et la prédiction des transferts Ce schéma reste du deuxième ordre en temps dans les zones de
thermiquess n’est pas encore satisfaisante. fluide parfait. Le terme de divergence est donné par la valeur du
De toute façon, il convient d’être réaliste et ne pas croire que tous flux à travers le volume de contrôle situé autour du point P,
les problèmes sont résolus quand on dispose de méthodes sophis- c’est-à-dire la cellule du maillage décalé entourant le point P.
tiquées Navier-Stokes 3D. Pour des raisons de coût, les contraintes visqueuses et les flux
Il faut également mentionner le problème de la validation des thermiques ne sont calculés qu’une seule fois à chaque itération.
codes qui est très important ; il est indispensable de concevoir des Les points fictifs sont utilisés pour le calcul aux points frontières.
expériences appropriées pour cette validation. La réalisation de Les valeurs schémas aux points fictifs sont déterminées à l’aide
telles expériences sur une configuration 2D transsonique ou super- d’une extrapolation à l’ordre zéro des valeurs aux points frontières.
sonique est pratiquement impossible. Il est plus réaliste d’effectuer Cette méthode nécessite l’adjonction d’une dissipation artificielle
des validations directement en 3D. en raison de son caractère non dissipatif au sens de Kreiss. Par
conséquent, la méthode comporte un lissage du quatrième ordre
ainsi qu’une dissipation du second ordre pour capter les ondes de
2.1 Calcul stationnaire visqueux choc correctement.
d’une roue isolée Le terme de viscosité artificielle D appliqué à chaque pas est ana-
logue à celui proposé par Jameson et al. [21] avec un traitement
numérique de bord introduit par Eriksson. Ce terme prend la forme
Il faut avant tout noter que l’approche aube à aube pose certains suivante :
problèmes quand on considère la prise en compte de la viscosité. ∆t
En effet, si le caractère bidimensionnel apparaît clairement dans D ( f n ) = ------------ [ D 2 ( ε 2, f n ) + D 4 ( ε 4, f n ) ]
γ (ω)
l’approche Euler quand on admet l’hypothèse d’axisymétrie de
l’écoulement dans les équations 3D Euler, il n’en est pas de même Les coefficients ε 2 et ε 4 dépendent de la géométrie et d’un para-
avec les équations de Navier-Stokes et des hypothèses simplifica- mètre γ (ω ) évaluant l’intensité de certains gradients (par exemple,
trices sont aussi nécessaires lorsque l’on étudie le comportement pression et vitesse).
transversal des effets visqueux.
Le développement des méthodes utilisées pour les calculs aussi
bien aube à aube que 3D Euler ou Navier-Stokes pour les roues de
compresseurs ou de turbines donne lieu à une activité très soutenue
aux États-Unis, en Europe et au Japon. Leurs caractéristiques évo-
luent assez vite. Deux documents [18] [19] présentent une bonne
synthèse des méthodes actuellement appliquées ou en voie de

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Le pas de temps local ∆t utilisé pour l’intégration en temps est


déterminé à partir du critère de stabilité CFL de type fluide parfait
et du critère de limitation de type fluide visqueux :

2
h ρh
∆t = η ⋅ min ----------------- , -------------------------------------------
W + a 2 γ µ ( Pr + µ t ) Pr t

avec Pr nombre de Prandtl,


a vitesse du son,
h grandeur caractéristique de la taille de maille permet-
tant d’évaluer la dimension du domaine de dépendance
numérique de la maille,
η coefficient de pas de temps par rapport au critère CFL.
Une phase implicite est appliquée à chaque pas ; elle est fondée
sur celle proposée par Lerat et al. [22], et communément appelée
lissage implicite des résidus . Cette phase implicite préserve
l’approche centrée en espace, les propriétés conservatoires, la pré-
cision ainsi que le caractère dissipatif ou non de la phase explicite.
Pour la résolution d’écoulements stationnaires, cette méthode
implicite permet d’utiliser des pas de temps dix fois supérieurs à
ceux permis par l’utilisation de la phase explicite.
Concernant le traitement des conditions limites, les raccords Figure 9 – Champ d’entropie sur les aubes d’une roue
entre sous-domaines et les conditions limites physiques sont effec- de compresseur avec prise en compte du jeu en bout de pale
tués à chaque itération après le schéma numérique pour corriger (visualisation en 3D)
la valeur schéma. Le raccord entre les sous-domaines est assuré par
une moyenne arithmétique des valeurs schémas de chaque sous-
domaine. Il est important de mentionner que ce traitement pour des
points coïncidents entre sous-domaines permet d’obtenir la même
discrétisation en espace pour les points frontières et pour les points
intérieurs. Pour les points frontières autres que les frontières de rac-
cord, le traitement des conditions limites est basé sur l’utilisation
des relations caractéristiques comme celles proposées par Viviand
et Veuillot [11].
Des applications typiques sont illustrées par les figures 8, 9 et 10.

Figure 10 – Visualisation des tourbillons en bout de pale


sur les aubes de turbine (visualisation en 3D)

2.2 Calcul stationnaire visqueux


d’un étage
Figure 8 – Champ d’isoMach sur une coupe de tête de compresseur
transsonique (visualisation en 2D) La proximité des roues fait que leurs interactions réciproques ne
sont pas du tout négligeables et le calcul de l’ensemble des roues
est nécessaire. L’approche stationnaire pose cependant des diffi-
cultés.
Considérons le cas le plus simple de deux roues proches l’une de
l’autre. Deux solutions peuvent être envisagées si l’on veut négliger
les effets instationnaires : les deux roues sont calculées indépen-
damment l’une de l’autre ou bien on effectue le calcul de l’étage
complet avec une interface entre les roues sur laquelle les conditions

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moyennes sont définies le plus judicieusement possible. Cette — le fait de considérer au moins deux roues a une autre
homogénéisation élimine l’effet instationnaire de défilement des conséquence très importante : alors que, dans le cas d’une roue
roues. Dans les deux cas, on peut admettre que l’écoulement reste isolée, on peut considérer que l’écoulement est périodique dans
en moyenne périodique sur chaque aube et n’effectuer ainsi le calcul chaque canal et mettre à profit cette propriété pour n’effectuer le
que dans un seul canal pour chaque roue, mais apparaît le problème calcul que dans un seul canal, il n’en est plus de même quand on
de déterminer un écoulement méridien entre les deux roues pour le considère deux roues qui presque toujours n’ont pas le même
cas 2D ou une évolution radiale moyenne pour le cas 3D. nombre d’aubes. Il devient alors nécessaire d’effectuer le calcul
Si la solution retenue consiste à calculer chaque roue de façon dans plusieurs canaux pour chaque roue. Si les nombres d’aubes
isolée, le domaine de calcul doit être nécessairement étendu de sont premiers entre eux, la totalité des canaux doit normalement
part et d’autre de la roue de façon à minimiser l’influence des fron- être prise en compte. Cela alourdit considérablement les calculs et
tières sur lesquelles sont appliquées les conditions aux limites. peut même exclure une solution rigoureuse, du moins pour
Toutefois, ces conditions doivent être ajustées de façon à repro- quelque temps.
duire l’écoulement méridien défini entre les roues. On peut noter Dans le cas d’une roue isolée, à vitesse de rotation constante,
que si les deux solutions peuvent être équivalentes dans le cas soumise à une hétérogénéité périodique, ou bien dans le cas d’un
aube à aube, cela n’est pas vrai en 3D complet où il est impossible étage avec des conditions amont et aval stationnaires, il existe une
d’obtenir pour les deux solutions une même évolution radiale de solution rigoureuse qui consiste à employer la technique de la
l’écoulement méridien entre les deux roues. périodicité spatio-temporelle [23]. Cette solution est également uti-
Si l’on effectue le calcul simultané des deux roues, la condition lisée pour les calculs d’aéroélasticité.
limite moyenne, qui est nécessairement appliquée entre les deux Malheureusement, cette méthode n’est pas applicable dans le
roues, peut conduire à certaines difficultés. Par exemple, le fait cas général et il est alors nécessaire de prendre en compte tous les
d’imposer une condition moyenne très près de l’aube peut être canaux des différentes roues pour obtenir une solution exacte.
incompatible avec la solution physique. Cela arrive en particulier Comme cela a été analysé en détail dans [24], une approche
lorsqu’il y a des ondes de choc qui se propagent entre les roues. consiste à effectuer le calcul instationnaire dans un nombre restreint
De plus, dans le cas 3D, le fait de réuniformiser l’écoulement à d’aubes N 1 pour la première roue et N 2 pour la seconde, de façon
l’entrée de la deuxième roue supprime tout à fait le comportement que le rapport N 1 /N 2 soit le plus proche possible de la réalité. La
3D de l’écoulement entre les roues. périodicité est alors appliquée tous les N 1 canaux pour la première
Ces remarques conduisent à penser que, dans une approche 3D roue et tous les N 2 canaux pour la seconde. Il reste cependant un
complète, il ne convient pas d’analyser une roue d’un étage de problème au niveau de l’interface entre les deux roues. En effet, il
compresseur ou de turbine de façon isolée. La solution qui est nécessaire de conserver le pas relatif propre à chaque roue de
consiste à calculer simultanément les deux roues et qui tient façon à garder un niveau correct des efforts. En realité, on montre
compte en principe de leur interaction réciproque semble préféra- même qu’il est nécessaire en 3D de garder la géométrie exacte des
ble. roues. Les secteurs angulaires calculés correspondant aux deux
Cependant, les études dans ce domaine qui reste d’avant-garde roues sont alors voisins mais pas rigoureusement identiques.
ne sont pas encore suffisantes pour savoir si cette modélisation liée Une hypothèse simplificatrice supplémentaire est alors néces-
à une hypothèse de stationnarité a ou non une influence sur la solu- saire. Nous admettons, pour chaque rayon de l’interface, que le
tion moyenne. Il semblerait que, si l’on ne s’intéresse qu’à l’évolu- gradient des différentes grandeurs aérodynamiques reste azimuta-
tion radiale de moyenne azimutale, l’approche stationnaire donne lement proportionnel au secteur angulaire du domaine considéré.
des résultats tout à fait comparables à ceux obtenus par un calcul Il n’y a aucune justification physique à cette hypothèse si ce n’est
3D instationnaire, les grandeurs comparées provenant d’une qu’elle correspond à la solution exacte quand on prend en compte
moyenne temporelle (sur une période), puis spatiale (en azimut). dans le calcul le vrai nombre d’aubes. Une étude systématique
effectuée en 2D, où une solution exacte peut être obtenue par la
technique spatio-temporelle évoquée ci-dessus, montre cependant
que cette simplification est satisfaisante à condition de ne pas être
exagérée en considérant par exemple un seul canal dans chaque
roue (hormis bien évidemment le cas où les nombres d’aubes sont
3. Aspect instationnaire très voisins). Pour des applications pratiques, il suffit souvent de
considérer un canal dans une roue ou deux dans l’autre.
de l’écoulement Nous estimons que cette approche donne une bonne approxima-
tion des effets instationnaires en ce qui concerne l’amplitude des
phénomènes, mais évidemment pas leur fréquence puisque le trai-
Cet aspect est primordial dans une turbomachine. Outre le cas tement, évoqué plus haut, introduit une pseudo-période propre à la
d’un régime transitoire et celui d’une distorison à l’entrée du simplification considérée.
moteur, le comportement vibratoire des aubes et l’interaction entre
Le calcul instationnaire périodique de plusieurs roues succes-
roues fixes et mobiles génèrent des phénomènes hautement insta-
sives est maintenant possible dans l’approche aube à aube de
tionnaires. Seule la soufflante d’un réacteur à grand taux de dilution
Navier-Stokes. Un résultat est illustré sur la figure 11. Le même
peut être considérée comme stationnaire à condition que l’on se
calcul effectué en 3D est techniquement possible, mais les temps
place dans le repère tournant et que le régime soit établi et sans
de calcul sont actuellement prohibitifs si l’on veut conserver une
distorsion ni phénomène aéroélastique. Il convient de souligner que densité de maillage, c’est-à-dire une précision, du même niveau
l’interaction instationnaire rotor-stator n’est pas encore prise en que pour une roue isolée.
compte explicitement au niveau des méthodes de conception ; c’est
l’expérience et le savoir-faire du concepteur qui, grâce à l’applica-
tion de règles empiriques, évitent des effets néfastes.
Cependant, si l’on veut prendre en compte cette interaction rotor-
stator, on peut faire les remarques suivantes :
— si une condition limite ou si la vitesse de rotation évolue, on
est en présence d’un régime transitoire ; en revanche, si toutes ces
conditions restent constantes, la solution est périodique ;

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■ Études amont
Dans ce cadre, les méthodes de calcul permettent d’améliorer les
performances des composants tout en limitant, voire en réduisant
les coûts et les délais de la recherche. Elles aident à :
— imaginer et concevoir des géométries et des concepts nou-
veaux ; dans cette optique, l’intérêt des méthodes inverses ou
semi-inverses est évident ;
— élargir le domaine exploré en minimisant les risques ;
— limiter à l’indispensable les essais de composants et de
démonstration par une utilisation intensive des outils de calcul.
■ Développement de machines nouvelles
Les procédures de conception, faisant largement appel aux logi-
ciels de dimensionnement et d’analyse validés lors de la phase
d’études amont, permettent de :
— réduire les risques techniques, les délais, et par conséquent les
coûts de développement. En effet, les sommes mises en jeu pour
cette phase sont telles qu’il est nécessaire de minimiser les aléas
dans cette période. Pour fixer les ordres de grandeur, dans la taille
Figure 11 – Champ bidimensionnel d’entropie instantanée des moteurs Turboméca, un développement exploratoire au niveau
dans un étage de turbine transsonique d’un composant représente quelques millions de francs, le coût
d’un démonstrateur est compris entre 50 et 100 MF, le développe-
ment complet d’un moteur est de l’ordre du milliard de francs ;
— rechercher des conditions de fonctionnement aérodynamique,
thermique et mécanique de plus en plus critiques pour chaque
composant dans le souci permanent de simplifier les moteurs
4. Conclusion (réduction du nombre de composants) et d’améliorer des perfor-
mances (augmentation des taux de pression et des températures
entrée turbine) ;
— faire « bien du premier coup » ; à titre d’exemple, la marge
En résumant l’état de l’art des méthodes classiques utilisées d’erreur est de l’ordre du pour-cent pour les performances des
pour la conception et le développement des turbomachines, il composants ;
apparaît que les effets instationnaires d’interaction rotor-stator — restreindre le nombre de configurations à essayer par un choix
ne sont pas encore pris en compte, que l’aspect réellement tri- judicieux des divers paramètres de conception ;
dimensionnel est occulté en calcul d’étages et que la prédiction — optimiser la définition de chaque composant au point nominal
des pertes liées à la viscosité de l’écoulement reste étroitement et hors adaptation, aussi bien du point de vue aérodynamique que
liée à la modélisation de la turbulence, qui n’est pas encore thermique, en particulier pour les systèmes de refroidissement ;
satisfaisante, en particulier pour la prédiction des échanges — reduire les délais et les coûts de certification/qualification au
thermiques. travers de l’agrément de conception et de la limitation du nombre
d’essais spécifiques pour vérifier les hypothèses ;
— réduire le nombre de prototypes et de machines pour le déve-
loppement d’un moteur (aux alentours de 20 machines en 1975 pour
Malgré toutes ces approximations, ces méthodes ont permis des moins de 3 actuellement) ;
progrès considérables ces dernières années et elles seront encore — optimiser les programmes d’essais (choix des zones de
longtemps utilisées. Leur domaine d’application reste cependant mesure et sélection des configurations d’essais les plus pértinentes)
limité et l’obtention de gain de performances significatif, surtout et améliorer la qualité et la rapidité de l’analyse des résultats (uti-
du point de vue de l’accroissement de la charge des aubes, ainsi lisation des mêmes codes de calcul que ceux ayant servi à la
que l’extension du champ de fonctionnement requièrent des outils conception).
de calcul ayant une représentativité de la réalité physique nette-
ment plus réaliste, en s’affranchissant d’hypothèses simplificatri- La figure 12 montre graphiquement l’intérêt de l’apport des
ces. C’est précisément le but visé par le développement des méthodes de calcul, établi par Turboméca, pour les compresseurs
nouvelles méthodes de calcul en cours de mise au point ou en ges- centrifuges.
tation, leur utilisation étant maintenant envisageable industrielle- ■ Amélioration des matériels existants
ment grâce aux progrès des méthodes numériques et à
l’avènement d’ordinateurs très performants. Les méthodes de calcul actuellement disponibles permettent de
faire évoluer les performances des matériels existants (par exemple
Il est clair que toute amélioration de la représentativité de la réa- la durée de vie moyenne d’un programme de turbomoteur aéro-
lité physique à l’aide de simulations numériques est source de nautique est de 50 ans) par :
progrès : tout d’abord, cela permet une meilleure connaisance des
— une évaluation précise des potentiels d’amélioration ;
phénomènes complexes qui prédominent dans une turbomachine
— une analyse des défaillances et un diagnostic fiable ;
car, bien qu’indispensable, l’observation expérimentale reste
— une introduction de modifications avec un risque minimal.
limitée ; en effet, elle se heurte à des difficultés importantes liées
à l’exiguïté, au niveau de température élevé, à la rotation des parties
mobiles et à l’instationnarité à haute fréquence des phénomènes.
Ensuite, l’utilisation par l’industriel de nouvelles méthodes de calcul
présente un intérêt évident pour les trois stades suivants du pro-
cessus de recherche et de développement que sont les études
amont, le développement de machines nouvelles et l’amélioration
de matériels existants.

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C’est la généralisation du cas stationnaire adiabatique pour lequel


l’enthalpie d’arrêt est conservée :
2
V
H i = h + ------- (2)
2
On peut également écrire la rothalpie sous la forme :
2
U
J = H i rel – --------
2
où H i rel est l’enthalpie d’arrêt relative (= h + W 2 /2) qui, dans un
repère mobile, n’est pas en général constante.
Sauf dans le cas où U = ωr ne varie pas, c’est-à-dire quand l’évo-
lution du fluide considéré reste sur une surface à rayon constant,
l’enthalpie d’arrêt relative H i rel reste alors constante.

Théorème d’Euler

d ( H i ) = d ( UV θ ) (3)

avec Hi enthalpie de l’écoulement absolu [relation (2)],


U vitesse tangentielle (= ωr ),
Vθ composante azimutale (ou tangentielle) de la vitesse
absolue.
Figure 12 – Évolution des performances d’une roue
de compresseur centrifuge (doc Turboméca) Ainsi, dans une roue mobile qui échange du travail avec le fluide
qui la traverse, la variation d’enthalpie absolue dépend directe-
ment de la variation de V θ (liée à la variation de quantité de mou-
vement azimutale) et de l’évolution du rayon (liée à l’effet
centrifuge ou centripète).
Il en résulte en particulier que :
— de part et d’autre d’une roue mobile :
Annexe 1 — Rappel ∆H i = (UVθ)sortie – (UVθ)entrée
des relations — de part et d’autre d’une roue fixe :
monodimensionnelles ∆H i = 0 (ce qui est cohérent avec U = 0)
fondamentales — en dehors des roues :
∆H i = 0
(ce qui est cohérent avec la conservation de la quantité de mouve-
Dans cette annexe, nous rappelons les relations monodimension- ment tangentielle rVθ = Cte ).
nelles fondamentales dans les machines tournantes adiabatiques.

Conservation de la rothalpie Équations générales


monodimensionnelles
La décomposition des diverses accélérations qui s’exercent dans
un élément de fluide en rotation et en régime permanent permet La théorie monodimensionnelle classique, telle qu’elle est appli-
d’aboutir à la relation suivante : quée en aérodynamique interne, permet des calculs simples et très
utiles grâce à l’application des relations générales déduites des
2 2 équations de conservation du débit et des relations précédentes.
dh = – W d W + U d U = – d  -------- + d  ------- 
W U
(1)
 2   2  L’extension au cas d’une nappe de courant axisymétrique dans
un référentiel en rotation (figure 1 ), appliquée aux grandeurs
avec U = ωr vitesse tangentielle. moyennes azimutales, peut être faite de la façon suivante.
Si l’évolution est isentropique, on a en outre dp /ρ = dh.
Il en résulte que la variable :
2 2
W U
J = h + -------- – -------
2 2
est une constante. Elle est désignée par le nom de rothalpie.

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a) Variation de la température d’arrêt c) Détermination de l’écoulement


en une section quelconque 2
L’équation de conservation de la rothalpie J dans le repère relatif
permet d’écrire : Nous supposerons connu l’écoulement dans le plan 1. Deux cas
sont à distinguer suivant que l’écoulement se situe à l’intérieur ou
2 2
ω r à l’extérieur de la grille d’aubes.
c p T i rel = J + --------------
2
■ À l’intérieur de la grille d’aubes et à la limite
avec T i rel température d’arrêt dans le repère relatif, par analogie dans le plan de sortie
avec la température d’arrêt dans le repère absolu. L’angle βrel de l’écoulement relatif étant donné, le nombre de
Comme la capacité thermique massique à pression constante est Mach Mrel se détermine par itérations rapidement convergentes à
liée à la constante des gaz et à l’exposant isentropique γ par partir de la relation (5) si l’on connait la pression d’arrêt relative
c p = γ R /(γ – 1), on obtient entre deux plans d’indices 1 et 2 : p i rel2 .
2 2
À cet effet, il est intéressant d’utiliser le concept d’efficacité par
γ RT i rel1 ω r 1 γ RT i rel2 ω r 2 analogie avec les prises d’air et les diffuseurs de la façon suivante.
---------------------
- – ---------- = ---------------------- – ----------
γ–1 2 γ–1 2 Si la transformation est isentropique, la pression d’arrêt est uni-
quement liée à la température d’arrêt par :
soit en introduisant le nombre de Mach de rotation :
γ
------------
M = ω r ⁄ γ RT p i rel2 T i rel2 γ – 1
-------------- =  --------------
T 2 p i rel1  T i rel1
et avec ----- = Θ ( M ) = -----------------------------------2-
Ti 2 + ( γ – 1 )M Il est alors possible de définir une efficacité relative :
il vient : p i rel réel en 2
η 12 = ------------------------------------------------------------
- (toujours < 1)
2 p i rel isentropique en 2
T i rel2 γ–1 2 r 2 
-------------- = 1 + ------------ M 1  -----2-  – 1 Θ ( M rel1 ) (4)
T i rel1 2 r 1  On peut alors écrire :
γ+1
Ainsi, si tout l’écoulement est déterminé dans un plan 1, la --------------------
T i rel2 2(γ – 1) b 2 r 2 cos β rel2
relation (4) permet le calcul de la température Ti rel2 qui ne dépend Σ ( M rel2 ) = Σ ( M rel1 )  -------------- -η
--------------------------------- (6)
 T i rel1 b 1 r 1 cos β rel1 12
que du rayon r 2 dans le plan 2 (il est rappelé que les seules hypo-
thèses sont un écoulement relatif permanent et adiabatique à
l’exclusion de toute hypothèse sur l’entropie). η 12 est tout à fait caractéristique des pertes aérodynamiques
internes et peut être déterminée à partir de lois empiriques que
l’on trouve dans la littérature [4].
b) Conservation en débit ■ À l’extérieur de la grille d’aubes, la conservation de la rothalpie
impose rVθ = Cte, soit :
Si b est la hauteur du tube de courant suivant la normale à la
2 2
surface de courant et Wm la composante méridienne de la vitesse r 2 W 2 sin β rel2 = r 1 W 1 sin β rel1 + ω ( r 1 – r 2 )
relative, l’équation de conservation du débit s’écrit :
ce qui, compte tenu de la relation (4), peut s’écrire :
ρWmbr = Cte
2 2
Si β rel est l’angle de la vitesse Wm avec la direction axiale sur la  r 
M rel1 sin β rel1 + M 1  1 – -----22-
surface de courant, on peut encore écrire : 2
M rel2 sin β rel2
2
 r 1
------------------------------------------- = -------------------------------------------------------------------------------- = A
ρ Wbr cos β rel = Cte (γ – 1) 2  r
2
 T
1 + ----------------- M rel2 2  i rel2  γ–1 2 
2  -----2-  --------------  1 + ------------ M rel1
Pour les calculs numériques, il est commode de faire apparaître  r 1 T i rel1 2
la fonction Σ(M ) qui représente le rapport de la section de passage
à la section sonique correspondant aux valeurs locales de la pres- De son côté, l’équation de conservation du débit [relation (6)]
sion d’arrêt et de la température d’arrêt, soit : donne :
γ+1 2 2
2 --------------------
2(γ – 1)
M rel2 cos β rel2
1 2 + ( γ – 1 )M -----------------------------------------------------
-
Σ ( M ) = -------  ------------------------------------  γ+1
M  γ+1 
γ–1 2 
------------
γ–1
 1 + -----------
- M rel2
d’où la forme la plus pratique de l’équation de conservation du  2 
débit : γ+1
2 2 ------------
M rel1 cos β rel1 r 1 b 1 2 T
γ–1
br p i rel cos β rel -  -----------
= ----------------------------------------------------------------
i rel1
-------------
- =B
------------------------------------------- = Cte (5) γ+1
------------  r 2 b 2  T i rel2
T i rel Σ ( M rel ) – 1 2  γ – 1 η2
 1 + γ----------- - M rel1
 2  12

On en déduit :
γ+1
------------
γ–1 2 γ–1 2 γ–1
M rel2 = A  1 + ------------ M rel2 + B  1 + ------------ M rel2
2
(7)
 2   2 

que l’on résout par itération, A et B étant entièrement déterminés.

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Remarques : et les équations de quantité de mouvement sont :


● En dehors du voisinage immédiat des carters et moyeux, η 12
2
peut être considéré comme égal à 1 pour des calculs simplifiés, ce ∂ ∂r ( ρ W r + p – τ rr ) ∂ ( ρ W r W z – τ rz )
------ ( ρ W r ) + -----------------------------------------------
- + -------------------------------------------
qui revient à négliger les pertes par mélange en dehors des roues. ∂t r ∂r ∂z
● Le calcul peut être fait dans le repère absolu en considérant p + τ θθ
ω = 0 et les grandeurs absolues. = ρ F r – ----------------- + ρ f centrifuge + ρ f Coriolis
r
● En effectuant le calcul itératif de la façon suivante :

γ+1 ∂ ∂r ( ρ W r W θ – τ rθ ) ∂ ( ρ W θ W z – τ θz )
------------ ------ ( ρ W θ ) + -----------------------------------------------
- + --------------------------------------------
γ–1 2 γ–1 2 γ–1 ∂t r ∂r ∂z
= A  1 + ------------ M k + B  1 + ------------ M k
2
Mk + 1
 2   2  ρ W r W θ – τ rθ
= ρ F θ – ---------------------------------
- + ρ f centrifuge + ρ f Coriolis
r
la convergence est très rapide et donne la valeur correspondant à
une vitesse débitante W m subsonique. 2
∂ ∂r ( ρ W r W z – τ rz ) ∂ ( ρ W z + p – τ zz )
Pour obtenir la solution supersonique, il faut effectuer le calcul ------ ( ρ W z ) + --------------------------------------------- + ----------------------------------------------
itératif suivant : ∂t r ∂r ∂z
= ρFz + ρfcentrifuge + ρfCoriolis
γ–1
 M 2 – A  1 + γ----------- – 1 2 
- Mk
------------
γ+1 avec F somme des forces extérieures (nulle dans la plupart des
2 2  k  2 
Mk + 1 = ------------  ----------------------------------------------------------- –1 applications en pratique).
γ–1  B 
 

Équation d’énergie
Annexe 2 — Équations
∂(ρE) ∂ ∂
d’un écoulement --------------- + ----------- ( ρ E + p ) r W r + ------ ( ρ E + p ) W z
∂t r ∂r ∂z
axisymétrique giratoire, ∂  ∂T 
visqueux et instationnaire = -----------  r W r τ rr + W θ τ rθ + W z τ rz + λ ------- 
r ∂r  ∂r 

Dans un repère en rotation uniforme, pour un écoulement axisy- ∂  ∂T 


métrique (∂ / ∂ θ = 0), les équations de Navier-Stokes sont les sui- + -------  W z τ zz + W r τ rz + W θ τ zθ + λ ------- 
∂z  ∂z 
vantes [J.P. Veuillot et F. Desbois, ONERA].
+ ρ F ⋅ W + ρψ R + ρ f centrifuge ⋅ W

Équation de continuité avec ρψR apport de chaleur exercé directement dans la masse.

∂ ρ ∂ ( ρ rW r ) ∂ ( ρ W z )
------ + ---------------------- + -------------------- = 0
∂t r ∂r ∂z
Annexe 3 — Rappel des
équations de Navier-Stokes
Équation de quantité de mouvement
Avec le tenseur des contraintes : Se reporter au chapitre Mécanique des fluides [A 1 870] dans le
traité Sciences fondamentales.
σ = – ρ1 + τ
= = =
et, avec :
Bilan de masse ou équation de continuité
∂rW ∂W
divW = --------------r + -----------z
r ∂r ∂z
Ce bilan utilise le principe de conservation de la masse m.
l’expression du tenseur des contraintes visqueuses est la suivante :
Ainsi :
∂W r ∂W W ∂W ∂W
λ divW + 2 µ -----------
∂r
µ  -----------θ- – -------θ-
∂r r
µ  -----------r + -----------z
∂z ∂r d
-------
dt
 dm =  ∂ρ
 -----
 ∂t
- + div ρV  d τ = 0

∂W W Wr ∂W θ Ω Ω
τ = µ  -----------θ- – -------θ- λ divW + 2 µ  ------- µ  ------------
= ∂r r r ∂r Or, cette relation est valable quelle que soit l’étendue du domaine
∂W ∂W ∂W θ ∂W z de fluide considéré ; en chaque point du fluide, l’équation locale sui-
µ  -----------r + -----------z µ  ------------ λ divW + 2 µ ----------- vante est donc vérifiée :
∂z ∂r ∂r ∂z
λ coefficient de conductivité thermique (coefficient de ∂ρ
avec ------ + div ρ V = 0
Lamé), ∂t
Cette équation, aussi appelée équation de continuité, suppose le
fluide continu.

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En coordonnées cylindriques, le vecteur vitesse a pour expres- Ainsi, on obtient l’expression suivante de τ :
sion :
V (r, θ, z ) = Vr (r, θ, z ) e r + Vθ (r, θ, z )e θ + Vz (r, θ, z ) e z 2
τ = – --- µ div V 1
=
+ 2µD
=
= 3
et sa divergence est :
L’équation de quantité de mouvement prend donc, compte tenu
∂ ( ρ rV r ) ∂ ( ρ V θ ) ∂ ( ρ V z )
div ρ V = -------------------- + ------------------ + ------------------ des relations précédentes, la forme dite conservative (cette forme
r ∂r r ∂θ ∂z n’est pas simplifiée à l’aide de l’équation de continuité) :
On obtient alors l’équation de continuité en coordonnées cylin- ∂
driques : ------ ( ρ V ) + div ( V ⊗ ρ V – σ ) = ρ F
∂t =
∂ ρ 1 ∂ ( ρ rV r ) ∂ ( ρ V θ ) ∂ ( ρ Vz )
------ + ---- -------------------- -=0
+ ------------------ + ----------------- C’est à partir de cette formulation conservatrice que s’effectue le
∂t r ∂r ∂θ ∂z
traitement numérique des équations. En effet, c’est cette seule for-
mulation qui permet de traduire correctement le principe de
conservation, en particulier à travers d’éventuelles discontinuités
Bilan de quantité de mouvement qui peuvent apparaître dans un modèle fluide simplifié, au
moment de la discrétisation du problème.
La variation de quantité de mouvement du domaine fluide Le tenseur des contraintes visqueuses se met sous la forme :
s’obtient en posant U ≡ V soit :
τ rr τ rθ τ rz
d
-------
dt
  Vdm =    ∂
 ------
 ∂t

( ρ V ) + div ( V ⊗ ρ V ) d τ =

∑ Fapp τ= = τ θr τ θθ τ θz
τ zr τ zθ τ zz ( O, er, eθ , ez )
Ω Ω

[ ⊗ produit tensoriel] De plus, on a :


Pour déterminer la somme des forces appliquées on prend en
compte les forces externes exercées directement sur la masse de ∂V ∂V r V θ ∂V
fluide (par exemple, la force de pesanteur, les forces d’inertie, etc.) ---------r --------- – ------ ---------r
∂r ∂θ r ∂z
et les forces internes qui dépendent de la nature du fluide. Ainsi,
∂V θ ∂V θ V r ∂V θ
la somme des forces appliquées sur le domaine Ω s’écrit : gradV = ---------- ------------ – ----- ----------
= ∂r r ∂θ r ∂z
∂V z ∂V z ∂V z
∑ Fapp =   ρ F dτ +  σndS
=
---------
∂r
------------
r ∂θ
---------
∂z ( O, e r, e θ, e z )

Ω Σ
Ainsi, on obtient le tenseur des taux de déformation :
avec σ tenseur des contraintes,

 
=
∂V r ∂V ∂V V ∂V r ∂V z
tel que : σ ndS =
=
divσdτ
= 2 --------- ----------r- + ---------θ- – -----θ- --------- + ---------
∂r r ∂θ ∂r r ∂z ∂r
Σ Ω
1 ∂V r ∂V θ V θ  ∂V θ V r ∂V z ∂V θ
D ( V ) = --- ----------- + ---------- – ------ 2 ----------- + ----- ----------- + ----------
Le tenseur des contraintes se met sous la forme σ = – p 1 + τ, si
= 2 r ∂θ ∂r r r ∂θ r r ∂θ ∂z
on suppose que le fluide est newtonien. Dans cette expression, p ∂V r ∂V z ∂V ∂V ∂V z
est la pression statique, 1 est le tenseur identité, et τ est le tenseur
--------- + ---------
∂z ∂r ----------z- + ---------θ- 2 ---------
∂z
r ∂θ ∂z
des contraintes de viscosité.
et on détermine le tenseur des contraintes visqueuses :
Le tenseur des contraintes de viscosité τ est déterminé par les
relations d’origine expérimentale schématisant le milieu et son
∂V r ∂V ∂V V ∂V ∂V
comportement. Pour un fluide newtonien, on a un comportement λ divV + 2 µ --------- µ  ----------r- + ---------θ- – -----θ- µ  ---------r + ---------z
linéaire du type suivant : ∂r r ∂θ ∂r r ∂z ∂r

τ= ∂V ∂V V ∂V V ∂V ∂V
τ = λ divV 1 + 2µ D = µ  ----------r- + ---------θ- – -----θ- λ divV + 2 µ  ----------θ- + -----r µ  ----------z- + ---------θ-
r ∂θ ∂r r r ∂θ r r ∂θ ∂z
avec D tenseur des taux de déformation du mouvement,
∂V ∂V ∂V ∂V ∂V z
tel que : D = ---  grad V + ( gradV ) 
1 T µ  ---------r + ---------z µ  ----------z- + ---------θ- λ divV + 2 µ ---------
2  ∂z ∂r r ∂θ ∂z ∂z

λ
coefficient de Lamé et µ coefficient de viscosité dyna- 1 ∂rV ∂V ∂V
avec avec divV = ----  ------------r + ---------θ- + ---------z
mique. r  ∂r ∂ θ  ∂z
De plus, si on suppose que l’hypothèse de Stokes, consistant à Ainsi, on peut déterminer les équations de conservation de la
admettre que les changements de volume, dilatation ou quantité de mouvement dans le repère cylindrique (O, er , eθ , ez ).
compression, s’effectuent sans viscosité, est vérifiée, on a la En effet, si on met en coordonnées cylindriques l’équation suivante :
relation :
3K = 3λ + 2µ = 0 ∂
------ ( ρ V ) + div ( V ⊗ ρ V – σ ) = ρ F
∂t =
avec K coefficient de viscosité volumique.

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on obtient, en supposant que : on obtient l’équation de l’énergie sous la forme suivante :


F(r, θ, z ) : Fr(r, θ, z )er + Fθ(r, θ, z )eθ + Fz(r, θ, z )ez ∂(ρE) ∂ ∂ ∂
--------------- + ---------- ( ρ E + p ) r V r + ---------- ( ρ E + p ) Vθ + ------- ( ρ E + p )Vz
∂t r ∂r r ∂θ ∂z
∂  r ( ρ V r + p – τ rr )
2
∂ ∂T
∂   ∂ ( ρ Vθ Vr – τr θ ) = ---------- r  V r τ rr + V θ τ rθ + V z τ rz + λ ------- 
------ ( ρ V r ) + -------------------------------------------------- + --------------------------------------- r ∂r  ∂r 
∂t r ∂r r ∂θ
∂ ∂T
∂ ( ρ V r V z – τ rz )
2
ρ V θ + p – τ θθ + ----------- V θ τ θθ + V r τ rθ + V z τ θz + λ -----------
+ ------------------------------------- = ρ F r + ----------------------------------
- r ∂θ r ∂θ
∂z r
∂ ∂T
+ ------- V z τ zz + V r τ rz + V θ τ zθ + λ ------- + ρ ( F r V r + F θ V θ + F z V z ) + ρψ R
∂z ∂z
∂  r ( ρ V θ V r – τ rθ )
∂   ∂ ( ρ V 2θ + p – τ θθ )
------ ( ρ V θ ) + ---------------------------------------------- + ------------------------------------------
-
∂t r ∂r r ∂θ
∂ ( ρ V θ V z – τ θz ) ρ Vθ Vr – τ r θ Équations de Navier-Stokes
+ -------------------------------------- = ρ F θ – ------------------------------
-
∂z r dans un repère en rotation uniforme
∂  r ( ρ V r V z – τ rz )
∂   ∂ ( ρ V z V θ – τ θz ) Pour calculer les écoulements dans les turbomachines, il est
------ ( ρ V z ) + --------------------------------------------- + --------------------------------------
∂t r ∂r r ∂θ nécessaire d’écrire les équations de Navier-Stokes dans un repère
2
relatif en rotation uniforme.
∂ ( ρ V z + p – τ zz )
- = ρ Fz
+ ------------------------------------------ On note V la vitesse du fluide dans le repère absolu et W la
∂z vitesse dans le repère relatif. On suppose que la rotation se fait sui-
vant l’axe Oz, si bien que la vitesse angulaire ω est portée par l’axe
Oz. On passe U vitesse de rotation dans le repère absolu.
Bilan d’énergie ou principe Ainsi, on obtient comme expression de la vitesse :
de conservation de l’énergie V = W + U = W + ω · OM
avec OM le vecteur entre le centre O du repère relatif et le
point M.
Le travail des forces de contact au cours du déplacement du
domaine fluide Ω s’écrit : On peut alors exprimer les équations bilan dans le repère relatif
sous forme différentielle c’est-à-dire locale.

Ws = σ ( n ) ⋅ VdS
=
■ Conservation de la masse
Σ ∂ρ
------ + div ρ W = 0
Le tenseur des contraintes étant symétrique, on a la relation : ∂t

■ Conservation de la quantité de mouvement


Ws =  div (σ V ) dτ
=
Pour tenir compte du mouvement de rotation, il faut ajouter deux
forces :

— la force de Coriolis définie par unité de masse par :
avec div (σ V ) = div σ V + σ gradV.
f Coriolis = – 2ω · W
Ainsi, l’équation de l’énergie s’écrit, en tenant compte des calculs
précédents, sous forme conservatrice : — la force centrifuge définie par unité de masse par :
∂ f centrifuge = ω 2R
------ ( ρ E ) + div ( ρ EV – σ V – λ grad T ) = ρ F ⋅ V + ρψ R
∂t =
R étant la composante du vecteur position perpendiculaire à l’axe
avec ρψ R apport de chaleur exercé directement dans la de rotation.
masse (par exemple, chaleur apportée par rayon-
Ainsi, l’équation différentielle de quantité de mouvement sous
nement),
forme conservative s’écrit :
λ grad T apport de chaleur par conduction, résultant du
gradient de température du fluide. ∂
------ ( ρ W ) + div ( ρ W ⊗ W ) = div ( – p1 + τ ) + ρ F + ρ f Coriolis
∂t = =
∂T ∂T ∂T
Étant donné que : gradT = ------- e r + ---------- e θ + ------- e z + ρ f centrifuge
∂r r ∂θ ∂z
et que : ρ EV = ρ EV r e r + ρ EVθ e θ + ρ EVz e z avec τ tenseur des contraintes de viscosité exprimé comme
une fonction des vitesses relatives.

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■ Conservation de l’énergie ■ Bilan de quantité de mouvement


Dans un système en rotation uniforme, cette équation est obte-
∂  r b ( ρ W m + p – τ mm )
2
nue en ajoutant le travail des forces centrifuges puisque les forces
de Coriolis n’interviennent pas dans le bilan énergétique du fluide ∂ ( ρ Wm ) 1   ∂ ( ρ W m W θ – τ mθ )
---------------------- + ------- --------------------------------------------------------------- + ----------------------------------------------
-
(le produit scalaire entre les forces de Coriolis et la vitesse relative ∂t rb ∂m r ∂θ
est nul), d’où l’équation : 2
ρ W θ + p – τ θθ dr p – τ αα db
∂ρE = ------------------------------------- ----------- + ------------------ ----------- – ρ m ( f centrifuge + f Coriolis ) + ρ F m
---------- + div  ( ρ E + p )W  = div (τ W + λ grad T ) r dm b dm
∂t  
+ ρF · W + ρψ R + ρW · f centrifuge ∂ ( ρ W θ ) 1 ∂ ( rb [ ρ W m W θ – τ mθ ] ) ∂ ( ρ W θ + p – τ θθ )
2
- + ------- ----------------------------------------------------------- + ---------------------------------------------
-------------------
∂t rb ∂m r ∂θ
τ mθ – ρ W m W θ dr
= --------------------------------------- ----------- – ρθ ( f centrifuge + f Coriolis ) + ρ F θ
Expression des équations r dm
de Navier-Stokes en 2,5D 2
avec ταα = – --- div W + 2 µ W m --------------- ,
db
3 bdm
2 ∂ Wm
■ Bilan de masse τmm = – --- div W + 2 µ ------------- ,
3 ∂m
∂W Wm d r
∂ ρ 1 ∂ ( ρ rbW m ) ∂ ( ρ W θ ) τθθ = – div W + 2 µ  -----------θ- + ---------- ----------- ,
2
--- 
------ + ------ ----------------------------
- + -------------------- = 0 3 r ∂θ r dm
∂t rb ∂m r ∂θ
 Wθ
 ∂W m ∂  -------- 
 r 
τmθ = τ mθ = µ  ------------- +r -----------------
 r ∂θ ∂m 
 

■ Bilan d’énergie

∂ ( ρ E ) 1 ∂ ( rb [ ρ E + p ]W m ) ∂ ( [ ρ E + p ]W θ )
--------------- + ------ ------------------------------------------------ + ---------------------------------------
∂t rb ∂m r ∂θ
1 ∂ ( rb [ τ mm W m + τ mθ W θ – Q m ] ) ∂ ( τ mθ W m + τ θθ W θ – Q θ )
= ------- ----------------------------------------------------------------------------------- + -----------------------------------------------------------------
rb ∂m r ∂θ
+ ρF · W – (ρfcentrifuge · W )
avec Q = λ gradT.

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Turbomachine : calcul R
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