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Mots-clés : cancer du sein, chirurgie du sein, curage axillaire, chirurgie oncoplastique, ganglion sentinelle.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Clough KB, Heitz D et Salmon RJ. Chirurgie locorégionale des cancers du sein. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales - Gynécologie,
41-970, 2003, 15 p.
41-970 Chirurgie locorégionale des cancers du sein Techniques chirurgicales
1 Anatomie de la glande
mammaire.
1. Clavicule ; 2. deuxième
côte ; 3. ligament de Coo-
per ; 4. muscle grand pecto-
ral ; 5. bourse séreuse de
Chaissaignac ; 6. lobules
glandulaires ; 7. canaux ga-
lactophores ; 8. crêtes de
Duret.
primitif, en deux feuillets. Avec eux sont refoulées les structures 2 Anatomie de l’aisselle
vasculonerveuses. Cela explique la solidarité entre peau et glande, 1. Accessoire du brachial cutané interne ; 2. perforant du deuxième espace intercostal ;
et la grande interdépendance des vascularisations cutanées et 3. pédicule scapulaire inférieur ; 4. vaisseaux mammaires internes ; 5. nerf du grand
glandulaires. dentelé ; 6. paquet vasculonerveux du grand dorsal ; 7. branche antérieure pour le mus-
cle grand dentelé (limite inférieure du curage axillaire) ; 8. muscle grand pectoral (ré-
cliné) ; 9. muscle petit pectoral ; 10. clavicule ; 11. anse des pectoraux ; 12. muscle sous-
¶ Constitution, rapport scapulaire ; 13. nerf du grand dorsal ; 14. veine axillaire.
La glande mammaire est constituée de tissu glandulaire épithélial et
conjonctif, et de tissu adipeux. La proportion varie selon l’âge, le – en dedans, par la paroi thoracique constituée des cinq premières
statut hormonal, le poids... côtes recouvertes par le muscle grand dentelé ;
La glande comporte dix à 15 lobes qui ne peuvent pas être – en arrière, par le muscle sous-scapulaire et le muscle grand
individualisés chirurgicalement. La chirurgie du sein n’est pas dorsal ;
segmentaire, mais obéit surtout à des impératifs vasculaires. – en dehors, par le bord antérieur du muscle grand dorsal.
La face antérieure de la glande comporte des crêtes Son sommet est une pointe.
fibroglandulaires, appelées crêtes de Duret, qui encadrent des L’aisselle comporte des éléments vasculaires et nerveux (fig 2) :
lobules adipeux et s’attachent à une lame conjonctive sous-cutanée
appelée ligament de Cooper. Ce plan des crêtes de Duret doit être – le nerf du grand dentelé (ou nerf de Charles Bell), qui descend le
suivi lors de la réalisation de la mastectomie et de la tumorectomie long du muscle grand dentelé, et qui constitue la limite interne du
(fig 1). curage. Sa section entraîne une ascension du moignon de l’épaule
par paralysie du muscle grand dentelé (scapula alata) ;
En périphérie de la glande, le tissu mammaire s’amincit
progressivement selon des limites floues. – les premier, deuxième et troisième nerfs perforants intercostaux
En arrière, la glande mammaire est séparée du grand pectoral par (ou nerfs inter-costo-brachiaux), qui traversent la paroi thoracique
un espace celluleux, ou bourse de Chassaignac, constitué en avant et l’aisselle transversalement pour innerver les téguments de la face
par le feuillet postérieur du fascia superficialis et en arrière par le interne de l’aisselle et du bras. Il existe une anastomose entre le
fascia prépectoral. Il s’agit d’un plan de clivage facilement deuxième perforant et le nerf accessoire du brachial cutané interne ;
individualisable, traversé par des vaisseaux perforants. – le nerf du grand dorsal, qui court verticalement le long du muscle
sous-scapulaire. L’artère scapulaire inférieure (artère subscapulaire)
¶ Anatomie accompagne ce nerf ; elle se divise pour donner une branche
scapulaire (artère circonflexe) et une branche thoracique (artère
La glande mammaire est située en avant du muscle grand pectoral. thoracodorsale). Cette branche thoracique se divise ensuite en une
Sa base s’étend du bord inférieur de la deuxième côte jusqu’au branche antérieure pour le grand dentelé, une branche externe pour
sixième cartilage costal, et transversalement du bord externe du le grand dorsal et une branche inférieure descendant vers la paroi
sternum à la ligne axillaire antérieure. Ces limites sont cependant thoracique. Cette dernière division constitue la limite inférieure du
variables d’un sujet à l’autre. curage axillaire. La branche thoracique accompagnée de sa veine
Elle comporte à son sommet la plaque aréolomamelonnaire (PAM) forme avec le nerf du grand dorsal le « pédicule vasculonerveux du
composée de l’aréole et du mamelon. grand dorsal » ;
L’aisselle est limitée : – la veine axillaire, transversale en dessous de l’artère, qui constitue
– en avant, par la face postérieure du grand pectoral en superficie, la limite supérieure du curage. L’artère axillaire, au-dessus de la
et par les muscles sous-clavier et petit pectoral en profondeur. Le veine, n’est pas vue lors de la réalisation du curage.
muscle petit pectoral divise l’aisselle en trois parties : sous-pectorale,
¶ Vascularisation de la glande mammaire
rétropectorale, et sus-pectorale, qui correspondent aux trois étages
de Berg. Entre le grand et le petit pectoral se trouve le ganglion Elle est associée à la vascularisation cutanée. Il existe trois réseaux
interpectoral de Rotter ; vasculaires (fig 3) :
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3 Vascularisation arté-
rielle superficielle du sein.
1. Plan cutané ; 2. réseau
artériel sous-dermique ; 3.
réseau anastomotique au
niveau des crêtes de Duret ;
4. réseau préglandulaire.
4 Vascularisation de l’aréole.
1. Derme de la plaque aréolomamelonnaire ; 2. derme ; 3. réseau vasculaire sous-
dermique ; 4. cercle périaréolaire ; 5. réseau anastomotique profond qui suit les canaux
– un réseau antérieur ou cutanéoglandulaire, composé du réseau galactophores.
sous-dermique (très richement anastomosé, plus dense à proximité
de la PAM), et du réseau préglandulaire à la surface de la glande. Ils sont divisés par les anatomistes en plusieurs groupes : mammaire
communiquent par l’intermédiaire des crêtes de Duret ; externe le long des vaisseaux mammaires externes, brachial le long
– un réseau rétroglandulaire ; des vaisseaux axillaires, scapulaire le long du pédicule scapulaire,
central en arrière du petit pectoral, et sous-claviculaire. Cependant,
– un réseau anastomotique intraglandulaire qui assure la ces groupes ne sont pas individualisés cliniquement dans l’aisselle.
distribution du réseau antérieur. Les ganglions mammaires internes sont situés au niveau des trois
Ces trois réseaux sont alimentés par : premiers espaces intercostaux, en arrière des cartilages costaux et
des muscles intercostaux et en avant de la plèvre.
– deux pédicules principaux : les branches de l’artère mammaire
externe, et les branches perforantes intercostales de l’artère Les ganglions axillaires et mammaires internes se jettent dans des
mammaire interne (deuxième, troisième et quatrième espaces ganglions de second niveau sus-claviculaires. Il existe parfois un
intercostaux) ; drainage direct du sein vers les ganglions sus-claviculaires.
– trois pédicules accessoires (pédicule supérieur en provenance de BASES ET PRINCIPE DU TRAITEMENT CHIRURGICAL
l’artère acromiothoracique, deux pédicules postérieurs et inférieurs
provenant des intercostales ou de la mammaire interne). La chirurgie des cancers du sein est le pôle essentiel du traitement.
Elle a pour objectifs :
Chaque pédicule peut assurer à lui seul la vascularisation de la
glande. La chirurgie conservatrice impose le respect d’au moins un – de pratiquer l’exérèse de la tumeur, soit par tumorectomie
de ces pédicules et du réseau antérieur. (traitement conservateur), soit par mastectomie (traitement radical) ;
La vascularisation de la PAM est double et se fait à partir : – de permettre un diagnostic histologique précis : la taille tumorale,
le type histologique, le grade histologique, la recherche d’emboles
– d’un réseau profond qui vascularise la PAM en suivant les canaux vasculaires ou lymphatiques intramammaires, la mesure de l’index
galactophores ; mitotique qui sont autant de facteurs pronostiques ;
– d’un réseau très superficiel sous-dermique. – de permettre une analyse biologique de la tumeur, avec recherche
Ces deux réseaux alimentent un réseau vasculaire anastomotique de récepteurs hormonaux, mesure de la phase S, dosage de
sous-dermique formant le cercle périaréolaire. marqueurs de prolifération cellulaire ;
Un seul de ces réseaux suffit à vasculariser l’aréole. On peut donc, – d’analyser les ganglions qui drainent la tumeur (GS, ou ganglions
selon les cas, décoller totalement la PAM de la glande mammaire du curage axillaire). L’exérèse de ces ganglions permet d’améliorer
par une incision semi-aréolaire, si on prend soin de conserver le le contrôle local de la maladie et de guider les traitements
réseau sous-dermique en passant à 0,5 à 1 cm sous la peau. À complémentaires ;
l’inverse, on peut réaliser une incision circonférentielle – de minimiser les séquelles esthétiques, en associant parfois à
circumaréolaire. L’aréole est alors vascularisée par les branches du l’exérèse des procédés de chirurgie plastique, qui permettent de
réseau profond (fig 4). laisser un sein d’aspect normal en cas de traitement conservateur,
ou de réaliser une reconstruction mammaire (immédiate ou différée)
¶ Drainage lymphatique en cas de traitement radical.
Le temps chirurgical doit être intégré dans une approche
Drainage mammaire
thérapeutique multidisciplinaire. Si la chirurgie est le plus souvent
Il est constitué : réalisée en première intention, on peut également être amené à
opérer une patiente après un traitement préopératoire (ou
– d’un réseau cutané superficiel, plus dense vers le mamelon,
néoadjuvant).
s’anastomosant autour de la PAM en un réseau périaréolaire (de
On distingue la chirurgie du sein et celle de l’aisselle. La chirurgie
Sappey) ;
reconstructrice fait l’objet d’un autre chapitre.
– d’un réseau glandulaire profond.
INDICATIONS
Ganglions lymphatiques
Elles sont fonction d’école, et l’objet de ce chapitre n’est pas de les
Le drainage lymphatique du sein converge vers deux groupes détailler. Elles dépendent de nombreux facteurs, en particulier du
essentiels. Les ganglions axillaires forment le groupe principal : ils type histologique [21].
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¶ Carcinomes in situ
5 Différents types d’incision.
1. Incision périaréolaire ; 2. incision péria-
Carcinomes lobulaires in situ réolaire avec branche radiée ; 3. incision
De découverte le plus souvent fortuite, ces lésions sont actuellement directe radiée ; 4. incision arciforme ; 5. in-
considérées plus comme un facteur de risque de cancer du sein que cision sous-mammaire ; 6. incision oblique
dans le prolongement axillaire.
comme une véritable lésion précancéreuse. Pour la plupart des
équipes, ils ne justifient aucun traitement.
Carcinomes intracanalaires
– Localisés, ils sont traités par une tumorectomie [18, 31]. En cas
d’atteinte des berges d’exérèse, on peut envisager une reprise par
tumorectomie si le volume du sein le permet, ou une mastectomie.
– Étendus, ils sont traités par mastectomie, avec reconstruction
mammaire immédiate le plus souvent.
En cas de carcinome intracanalaire strict, le curage axillaire n’est pas
indiqué, le risque d’envahissement axillaire étant proche de zéro [54].
¶ Carcinomes infiltrants
Les tumeurs de petite taille (moins de 4 cm), unifocales, justifient une
tumorectomie associée à un curage axillaire [56, 57, 58, 60]. Cependant,
cette taille doit être rapportée au volume mammaire, et le traitement Le diagnostic de cancer peut être affirmé en préopératoire à l’aide
conservateur ne se conçoit que s’il laisse un sein d’aspect normal. d’une biopsie, ou en peropératoire grâce à un examen extemporané.
Par exemple, un traitement conservateur pour une tumeur de 3 cm
dans un petit sein peut entraîner une déformation majeure : on peut
parfois lui préférer une mastectomie ou une chimiothérapie TRAITEMENTS CONSERVATEURS
néoadjuvante pour réduire le volume tumoral [17, 24, 51]. On peut aussi
accepter une réduction importante du volume mammaire, à ¶ Tumorectomie
condition de laisser un sein de forme normale. Une plastie Elle réalise l’exérèse au large de la tumeur (1 à 2 cm de marges
mammaire de symétrisation est alors nécessaire. latérales macroscopiquement saines), en conservant le reste du
Il n’y a pas de différence de survie entre un traitement conservateur parenchyme mammaire [22] . La quadrantectomie (exérèse du
suivi de radiothérapie et une mastectomie [1, 4, 7, 15, 30, 56, 57, 58, 60]. quadrant où est située la tumeur) n’est qu’exceptionnellement
La recherche du GS reste discutée et ne constitue pas en 2003 un réalisée.
standard pour toutes les équipes.
Les tumeurs de plus grande taille étaient classiquement traitées par Incisions
mastectomie avec curage axillaire. Cependant, l’apport des Plusieurs types d’incisions peuvent être envisagés (fig 5).
traitements préopératoires permet dans un grand nombre de cas une
réduction du volume tumoral qui autorise ensuite une chirurgie – Incision périaréolaire, arciforme à la jonction de la zone pigmentée
conservatrice. de l’aréole et de la peau du sein. Elle s’adresse aux tumeurs proches
de l’aréole, mais peut être réalisée pour des tumeurs à distance. La
taille de l’incision est fonction de celle de la lésion et de la distance
Techniques chirurgicales entre le bord de l’aréole et la tumeur. Elle peut être circonférentielle
et peut également être agrandie par une branche radiée, ou par deux
branches en « X ».
INSTALLATION – Incision radiée, centrée sur la tumeur, selon un axe en « rayon de
La patiente est installée en décubitus dorsal, à proximité du bord roue » passant par le mamelon.
latéral de la table. Le bras homolatéral repose à angle droit sur un
– Incision concentrique à l’aréole, arciforme dans le sens des lignes
appuie-bras, avec un léger roulis vers le côté opposé.
de Langher et centrée sur la tumeur.
La désinfection cutanée doit être menée de la partie latérale du
thorax jusqu’au mamelon controlatéral, au cou, au coude, et à – Incision sous-mammaire, autorisant un bon abord des lésions des
l’abdomen. La totalité du sein et de l’aisselle doit apparaître dans quadrants inférieurs par décollement rétroglandulaire.
les champs opératoires qui délimitent un rectangle, avec la clavicule – Incision oblique en direction du creux axillaire, pour les tumeurs
en haut, la ligne médiane en dedans, les dernières côtes en bas, la du quadrant supéroexterne et du prolongement axillaire. Elle permet
racine du bras en dehors, et le relief du grand dorsal en arrière. de ne réaliser qu’une seule et même incision pour la réalisation du
Certains incluent la totalité du bras dans le champ opératoire en curage axillaire associé, lorsque la tumeur est très externe. Dans tous
enveloppant celui-ci dans une manchette de Jersey, afin de pouvoir les autres cas, il faut préférer deux incisions séparées.
le relever en cours d’intervention pour mieux exposer les structures – L’incision transaréolaire horizontale est utile pour l’abord des
en arrière du petit pectoral. galactophores, mais peu pour les tumorectomies.
Si un geste de symétrisation est prévu, ou que la tumorectomie est Le choix de l’incision doit se faire en fonction de la taille et la
importante, les deux seins doivent être visibles dans le champ localisation de la tumeur, la taille des seins, la présence d’une
opératoire afin de vérifier la symétrie mammaire en fin ancienne cicatrice, la taille de l’aréole. Elle est également fonction de
d’intervention, et la table doit permettre d’asseoir la patiente en la facilité à décoller la peau de la glande, qui peut être appréciée en
cours d’intervention. préopératoire par l’évaluation des connexions cutanéoglandulaires.
L’opérateur s’installe du côté de la lésion à opérer. Son aide s’installe Une exérèse cutanée n’est pas nécessaire le plus souvent. L’incision
de l’autre côté de la malade. peut être directe en regard de la tumeur, ou à distance. Elle doit
L’anesthésie est le plus souvent générale, cependant, pour des pouvoir être incluse en totalité dans le tracé d’une éventuelle
petites lésions facilement accessibles, l’exérèse peut se faire sous mastectomie ultérieure. Elle se doit d’être suffisante pour réaliser
anesthésie locale. une exérèse carcinologique de la tumeur, sans fragmentation, en
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8 Recentrage de la plaque aréolomamelonnaire (PAM). B. Recentrage de la PAM après désépidermisation de l’aire grisée.
A. Risque de déviation supéroexterne de la PAM. C. Résultat final.
rétroglandulaire. Un des lambeaux est sectionné transversalement. place, soit par drain aspiratif, soit par lame. Ce drain ne doit pas
Il est ensuite mobilisé par rotation, parfois par avancement, avant être sous-cutané pour ne pas créer de dépression cutanée en regard
d’être fixé dans la cavité de tumorectomie. de la zone de tumorectomie.
La fermeture se fait par quelques points dermiques inversants au fil
Recentrage de la PAM résorbable 3/0 ou 4/0, puis par un surjet intradermique au fil
Lors d’exérèses importantes, l’aréole peut être déviée vers le lit résorbable 3/0 ou 4/0.
tumoral. Il faut alors la repositionner au sommet du dôme Complications
mammaire, à l’opposé du lit tumoral. Il est nécessaire d’avoir pris
soin de placer les deux seins dans le champ opératoire, et de pouvoir Les hématomes sont rares. Ils peuvent justifier une reprise
asseoir la patiente en cours d’intervention. chirurgicale pour hémostase et mise en place d’une lame de
drainage. La lymphocèle du lit de tumorectomie se traite par
Le principe de ce recentrage est de réaliser deux cercles excentriques,
ponctions. La meilleure prévention des hématomes et des
l’un périaréolaire, l’autre décalé à l’opposé du lit tumoral.
lymphocèles repose sur une hémostase rigoureuse et sur le
L’incision est circumaréolaire, et suit le tracé des deux cercles comblement du lit de tumorectomie par la confection de lambeaux
dessinés. Elle est superficielle, en prenant soin de respecter le derme. glandulaires.
On désépidermise le croissant cutané situé entre les deux cercles, de L’abcès nécessite une reprise chirurgicale pour lavage et drainage.
manière à conserver la vascularisation dermique. Le recentrage se
Les déformations séquellaires sont de réparation difficile, en
fait ensuite par une succession de points inversants au fil résorbable
particulier après radiothérapie. La meilleure prévention de ces
placés sur les berges des deux cercles. On repositionne ainsi l’aréole
déformations réside dans le remodelage du sein lors de la
au sommet du sein (fig 8).
tumorectomie, qui doit être systématique. Ce remodelage peut faire
Lorsque ces techniques sont insuffisantes, il faut alors faire appel appel aux techniques de chirurgie plastique.
aux techniques de chirurgie oncoplastique.
Cas particuliers : tumeurs non palpables
Drainage et fermeture L’incidence des cancers non palpables découverts par
Dans la quasi-totalité des cas, le drainage n’est pas nécessaire si le mammographie ou échographie a augmenté ces dernières années
lit de tumorectomie est comblé et que l’hémostase est minutieuse. grâce au dépistage systématique.
Pour les plus grands décollements, ou en cas de troubles de La tendance actuelle est de réaliser des prélèvements percutanés afin
l’hémostase ou de suintement diffus, un drainage peut être laissé en de réduire le nombre d’interventions à visée diagnostique. Lorsque
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14 Mastectomie : décolle-
ment rétroglandulaire.
Incision
Elle doit répondre à des objectifs carcinologiques et esthétiques.
Elle doit emporter la plaque aréolomamelonnaire en totalité, ainsi
que les éventuelles cicatrices préalables de tumorectomie ou de
Le décollement cutané de la berge inférieure se fait de la même
biopsie, et la peau en regard de la tumeur si la lésion est
façon. Le plan est plus délicat à trouver : on doit prendre soin de
superficielle.
laisser deux lambeaux cutanés d’épaisseur identique et constante.
L’incision est fusiforme, oblique en haut et en dehors plutôt
qu’horizontale. Elle reste à distance du bord latéral du sternum et On réalise ensuite un décollement entre la glande et le muscle grand
de la ligne axillaire postérieure. Elle est menée jusqu’à la région pectoral (fig 14). On débute par la partie supérieure de la glande,
axillaire pour permettre la réalisation du curage. L’exérèse cutanée qu’on décolle en progressant vers la région parasternale. L’aide
doit être suffisante afin d’éviter un excès cutané disgracieux, en coagulera au fur et à mesure les vaisseaux perforants avant qu’ils ne
particulier au niveau des extrémités de l’incision (« oreilles » se rétractent, en particulier dans les quadrants internes du sein, d’où
cutanées). Elle doit aussi être limitée pour permettre une fermeture émergent des branches de l’artère mammaire interne. Désinsérée
sans tension excessive et ne pas gêner une reconstruction ultérieure. dans sa portion interne, la glande est soulevée et basculée en dehors,
facilitant le décollement prépectoral qui se présente sous forme d’un
Le tracé est fusiforme en dedans. Chez les patientes obèses ou qui feutrage blanc. Le fascia du grand pectoral peut être respecté en cas
présentent un excès cutané latérothoracique, cet excès cutané de tumeur superficielle, ce d’autant que l’on réalise une
axillaire doit être excisé. On est alors amené à élargir l’exérèse reconstruction mammaire immédiate avec mise en place de prothèse
cutanée externe par un tracé en forme de quadrilatère, qui permet rétropectorale. En revanche, si la tumeur envahit le plan profond,
de rabattre le lambeau cutané inférieur sur le lambeau supérieur, en on réalise une résection partielle du muscle grand pectoral en regard
décalant la partie inférieure vers le dedans (fig 12). de celle-ci. La dissection est poursuivie jusqu’au-delà du bord
externe du grand pectoral jusqu’à l’aponévrose clavi-pectoro-
Exérèse
axillaire. Celle-ci est largement ouverte le long des muscles grand et
L’incision cutanée est réalisée au bistouri froid, avec hémostase des petit pectoraux pour aborder l’aisselle.
vaisseaux sous-cutanés. L’abord axillaire est aisé, permettant de réaliser un curage monobloc,
On réalise un décollement entre la peau et la glande mammaire dans dont la technique est décrite (cf infra).
le plan des crêtes de Duret, en respectant le réseau vasculaire du
derme (fig 13). On débute par la partie supérieure du sein. L’aide, à Drainage et fermeture
l’aide de crochets, tend la peau à la verticale, tandis que l’opérateur
L’hémostase est soigneusement vérifiée. La fermeture se fait après
tire la glande de sa main gauche. On met alors en évidence un plan
mise en place de deux drainages aspiratifs, l’un dans la loge de
relativement peu vasculaire, formé de crêtes blanchâtres. Ces crêtes
mastectomie, l’autre dans l’aisselle en cas de curage axillaire, qui
seront sectionnées au bistouri électrique en prenant soin de rester
sortiront dans le bas de l’aisselle.
parallèle à la peau. L’opérateur vérifiera régulièrement l’épaisseur
du tissu sous-cutané qui doit être constante. Les deux écueils sont Pour une fermeture sans tension, on peut compléter le décollement
d’entrer en contact avec la face profonde du derme, avec risque de cutané vers le haut et vers le bas en dehors de la base d’implantation
nécrose cutanée, ou de laisser du parenchyme glandulaire. Le du sein.
décollement est mené jusqu’au bord supérieur de la glande, où on On réalise un rapprochement des berges par plusieurs points
prend contact avec le fascia prépectoral. dermiques inversants de fil lentement résorbable 2/0. Pour éviter la
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– les hématomes, qui nécessitent souvent une reprise chirurgicale ; ¶ Curage axillaire
– les désunions cutanées, en cas de fermeture sous tension excessive
ou d’antécédent d’irradiation ; Indications
– les nécroses cutanées, en cas de dissection trop proche du derme, La réalisation d’un curage axillaire doit être systématique pour tous
en particulier après radiothérapie ; les cancers du sein infiltrants. Le caractère infiltrant de la tumeur
doit être connu en préopératoire à l’aide d’une biopsie, ou en
– les lymphocèles qui peuvent nécessiter des ponctions après
peropératoire par un examen extemporané.
l’ablation du drainage.
Limites anatomiques
¶ Variantes
Les limites anatomiques de l’aisselle ont été développées plus haut,
Mastectomie avec conservation de l’étui cutané et sont rappelées sur la figure 16. Le curage axillaire doit respecter
le nerf du grand dentelé, le nerf du grand dorsal et le pédicule
En cas de reconstruction mammaire immédiate (avec mise en place vasculaire qui l’accompagne, et si possible les premier et deuxième
de prothèse ou d’un lambeau musculocutané), on peut réaliser une nerfs perforants intercostaux. En cas de traitement conservateur,
mastectomie conservant l’étui cutané (skin sparing mastectomy). Elle l’artère et la veine mammaire externe peuvent également être
consiste à réaliser une mastectomie totale avec ablation de la PAM, disséquées et respectées.
en conservant le maximum de peau.
Elle ne doit pas être confondue avec la mastectomie sous-cutanée, Incision
qui conserve l’aréole et la région rétroaréolaire, et qui de ce fait laisse
du tissu mammaire source de récidive. Celle-ci n’a donc pas En cas de mastectomie, l’incision permet toujours de réaliser
d’indication carcinologique. facilement un curage axillaire, même lorsqu’elle reste en dedans de
la ligne axillaire antérieure.
L’incision emportant la PAM peut être fusiforme, en raquette,
périaréolaire, ou en « T inversé » selon un dessin de plastie En cas de traitement conservateur, une incision distincte peut être
mammaire (fig 15). réalisée :
Le reste de l’intervention ne diffère pas de la mastectomie radicale – elle peut être transversale, située à un ou deux travers de doigt
modifiée. La réalisation d’un curage axillaire peut se faire par la sous le sommet de l’aisselle, dans l’axe des plis. Elle ne doit pas
même incision ou par un abord électif de l’aisselle. dépasser en avant le bord externe du grand pectoral. En arrière, elle
est prolongée jusqu’au bord externe du grand dorsal ;
Mastectomie avec ablation des muscles pectoraux
– elle peut aussi être verticale, en arrière du bord externe du grand
L’intervention d’Halsted comporte l’ablation de la glande pectoral. Elle doit alors rester à distance du sommet de l’aisselle afin
mammaire, des deux muscles pectoraux et des ganglions d’éviter des cicatrices rétractiles.
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veine axillaire existe une zone graisseuse (lipome préveineux) qui curage reste alors retenu par ses attaches inférieures. La libération
constitue le sommet du curage et qui peut être liée séparément. Il de la partie inférieure du curage se fait par ligature-section à la
faut prendre soin de ne pas léser l’anse des pectoraux qui court le partie basse de l’aisselle, au contact du prolongement axillaire du
long de la paroi thoracique. sein. Les ligatures permettent d’assurer la lymphostase et
La lame graisseuse axillaire est ainsi détachée en haut en en dedans. l’hémostase.
Tractée par une pince en cœur, il faut la détacher en dehors et en
Cette séparation du curage du prolongement axillaire du sein peut
bas. On décroise le curage du deuxième perforant intercostal en
également précéder la dissection du sommet de l’aisselle, et être
suivant ce nerf au dissecteur, et en sectionnant le paquet
réalisée dès les temps initiaux, après avoir repéré le nerf du grand
ganglionnaire transversalement pour pouvoir le faire passer en
dentelé et le bord antérieur du muscle grand dorsal : le curage est
arrière du perforant (fig 21).
ainsi facilité, car la lame ganglionnaire se mobilise alors facilement.
La lame graisseuse axillaire est ensuite réclinée en dehors. Il faut
alors disséquer la partie terminale du pédicule scapulaire inférieur. En fin d’intervention doivent être visibles : le bord inférieur de la
Ce pédicule doit être suivi au dissecteur jusqu’à sa division en trois veine axillaire, le nerf du grand dorsal qui chemine avec le pédicule
branches (une branche pour le grand dentelé, une pour le grand scapulaire inférieur, le nerf du grand dentelé, et les rameaux nerveux
dorsal, une thoracique). Le point d’entrée de l’artère dans le muscle perforants intercostaux s’ils ont pu être respectés.
grand dorsal constitue la limite inférieure du curage. Plusieurs L’hémostase doit être parfaite, et vérifiée en particulier au niveau
petites branches vasculaires émergent de ce pédicule vers le curage, du prolongement axillaire du sein, du sommet de l’aisselle, et des
et doivent être liées ou clipées (fig 22). branches du pédicule scapulaire inférieur.
Les attaches externes du curage se situent au sommet de l’aisselle La lymphostase doit aussi être soigneuse pour réduire le risque de
en dehors du pédicule scapulaire inférieur. Ces insertions seront lymphocèle, en particulier à la base de l’aisselle en cas de traitement
sectionnées après une succession de préhensions et de ligatures. Le conservateur.
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Techniques chirurgicales Chirurgie locorégionale des cancers du sein 41-970
Tableau I. – Corrélation entre la taille tumorale et le risque d’envahissement ganglionnaire axillaire pour les petites tumeurs, d’après
Maibenco [37].
< 3 mm 4 mm 5 mm 6 mm 7 mm 8 mm 9 mm 10 mm
% d’atteinte ganglionnaire 7,4 8,2 9,9 9,8 10,6 12,8 13,3 17,4
n 337 477 1 171 1 054 1 321 1 941 1 299 4 416
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41-970 Chirurgie locorégionale des cancers du sein Techniques chirurgicales
• Méthode combinée
Elle fait appel à l’injection d’un colloïde marqué et d’un colorant.
Cette méthode permet de diriger l’incision grâce à la recherche
percutanée du site de radioactivité. La recherche du GS est ensuite
L’intervention se termine par une exploration digitale de l’aisselle à guidée par le colorant. Une fois le ganglion identifié, on vérifie sa
la recherche d’un ganglion macroscopiquement suspect qui sera radioactivité ex vivo. Tous les ganglions colorés et chauds sont
prélevé. La fermeture cutanée se fait sans drainage. prélevés, mais aussi ceux uniquement chauds ou uniquement
colorés.
La non-détection du GS coloré peut relever d’une faute technique,
de conditions défavorables (obésité, tumeur interne, seins Cette méthode permet une augmentation du taux de détection, et
volumineux, patiente âgée), d’un drainage extra-axillaire de la une diminution du taux de faux négatifs [39]. Mais elle présente les
tumeur, ou d’un envahissement massif du ganglion qui réalise alors inconvénients des deux méthodes.
un obstacle à la diffusion du colorant [40, 42].
Biopsie ganglionnaire mammaire interne
Le principal avantage de cette méthode est sa simplicité et son faible
coût. Mais elle requiert de l’expérience de la part de l’opérateur, et Le curage mammaire interne n’était plus réalisé. Du fait de certains
ne permet pas de retrouver des GS extra-axillaires. Une coloration marquages isotopiques vers la chaîne mammaire interne lors de la
cutanée résiduelle est souvent observée, et de rares accidents recherche du GS, cet abord a repris un intérêt récent. La valeur de
allergiques ont été mentionnés. l’exérèse du GS à ce niveau est encore discutée, mais il est
intéressant d’en connaître la technique opératoire [59].
• Méthode isotopique L’espace intercostal où se situe le GS « chaud » est repéré en
Le colloïde marqué (sulfure de rhénium marqué au technétium 99) préopératoire. L’abord de l’espace intercostal se fait en parasternal,
est injecté de la même façon quelques heures avant l’intervention. au niveau des cartilages costaux. Le muscle grand pectoral est incisé
Une scintigraphie, avec clichés de face et de profil, permet de réaliser transversalement entre deux côtes, en regard du point chaud. Le
une cartographie des GS, d’en connaître le nombre et la localisation muscle intercostal est ouvert transversalement en prenant soin de
(axillaire, mammaire interne, ou mixte) (fig 24). ne pas léser le pédicule intercostal, situé au bord interne de l’espace
En préopératoire, on localise au travers de la peau à l’aide d’une intercostal. Une rugine est glissée sous la côte, afin de décoller le
sonde gamma, les zones de radioactivité correspondant aux GS (GS muscle intercostal. Le pédicule mammaire interne est ensuite repéré,
« chauds »). La sonde ne doit pas être orientée vers le site d’injection en prenant garde de ne pas le léser. Le GS « chaud » est disséqué et
du radio-isotope afin d’éviter tout parasitage. L’incision se fait prélevé. La fermeture se fait par quelques points séparés de fil
directement en regard de la zone de radioactivité. Le (ou les) résorbable au niveau du muscle pectoral.
ganglion « chaud » est disséqué et prélevé après mise en place de Si on souhaite réaliser un curage mammaire interne, les espaces
clips sur les lymphatiques afférents et efférents. Un contrôle de la intercostaux doivent être numérotés en préopératoire. On réalise un
radioactivité du ganglion sera effectué « ex vivo ». La sonde gamma abord et un prélèvement de la même manière sur les deuxième,
permet ensuite de contrôler l’absence de radioactivité résiduelle en troisième et quatrième espaces intercostaux. Le pédicule mammaire
fin d’intervention, et de mesurer le bruit de fond. interne peut être lié en haut au niveau du deuxième espace
L’avantage de cette méthode est de permettre une détection des intercostal, et en bas au niveau du quatrième.
ganglions extra-axillaires, de localiser le GS en percutané avant La plèvre peut parfois être lésée. On peut alors la suturer après avoir
l’intervention, d’inciser directement en regard du GS, et de vérifier rétabli le vide de la cavité pleurale par hyperpression. Le drainage
l’absence de radioactivité résiduelle en fin d’intervention. En n’est pas nécessaire. Une blessure du pédicule mammaire interne
revanche, la méthode est coûteuse et plus difficile à mettre en place, est aussi possible, et son hémostase peut être délicate, ce qui justifie
car nécessite le recours d’un service de médecine nucléaire. pour certains une ligature préventive.
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Techniques chirurgicales Chirurgie locorégionale des cancers du sein 41-970
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