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Macro B

Université
Paris Nanterre

Introduction à la politique macroéconomique


Macro B

Antonia López-Villavicencio

2023-2024
Macro B

INTRODUCTION: LES CONCEPTS DE


BASE
Macro B

Plan du chapitre

1. Les principaux agrégats macroéconomiques

2. La distinction court terme / long terme


Le court terme
Le long terme

3. Politiques économiques de court et longue terme


Les politiques conjoncturelles
La politique budgétaire
La politique monétaire
Les politiques structurelles

4. Variables endogènes et variables exogènes

5. Exemple. L’effet d’un choc sur le marché des biens et services


Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Les principaux agrégats


macroéconomiques
Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Trois mesures principales de la performance macroéconomique:

• La production globale

• Le taux de chômage

• Le taux d’inflation
Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Le PIB:
• La production globale création de richesses de l’économie dans son
ensemble
• La mesure de la production globale en comptabilité nationale est le
produit intérieur brut, PIB
• Le PIB peut être mesuré selon trois optiques différentes production,
revenu, dépense
Production: valeur des biens et services finaux produits au cours d’une
période
Revenu: somme des revenus distribués à l’ensemble des agents de
l’économie au cours d’une période
Dépense: la dépense totale consacrée à l’acquisition des biens et de
services produits par une économie au cours d’une période
• Remarque: Différents indicateurs de performances du PIB
PIB nominal, PIB réel
PIB par habitant (nominal ou réel)
en niveau, en taux de croissance
Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Figure: Taux de croissance du PIB. 2022


Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Figure: Taux de croissance du PIB. 1980-2022 et prévisions


Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Figure: Taux de croissance du PIB. 1980-2022 et prévisions. France vs pays avancés


Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Figure: PIB par tête


Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Figure: Evolution PIB par tête


Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Le taux de chômage :
La proportion d’individus en âge de travailler qui ne sont pas employés et qui
sont à la recherche d’un emploi.

Figure: Taux de Chômage. 2022


Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Le taux de chômage : Evolution

Figure: Evolution Taux de Chômage. 2022


Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Le taux d’inflation :
• taux de croissance des prix

• 2 mesures du niveau des prix (deux indices de prix )


Le déflateur du PIB
PIB nominal en t
Pt =
PIB réel en t

L’indice des prix à la consommation mesure le coût de la vie ( il est basé sur
l’observation d’un panier fixe de biens et services, actualisé chaque année)
• L’inflation:
Pt Pt 1
Pt =
P t1
Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Figure: Taux d’inflation. 1980-2020


Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Figure: Taux d’inflation. 1980-2022


Les principaux agrégats
Macro B macroéconomiques

Les objectifs macroéconomiques fondamentaux :

• La croissance économique

• Le plein emploi

• La stabilité des prix

La politique macroéconomique: l’ensemble des décisions prises par les autorités


publiques pour modifier l’équilibre global (qui se réaliserait spontanément), et
amener l’économie à un autre équilibre, jugé préférable
• Politiques à court terme
• Politiques à long terme
La distinction court terme /
Macro B long terme

La distinction court terme / long


terme
La distinction court terme /
Macro B long terme

La politique économique peut s’envisager sous deux horizons temporels


distincts:

• À court terme, où la question est celle de la stabilisation de l’activité


économique

• À long terme, où la question est celle de la croissance économique


La distinction court terme /
Macro B long terme

La distinction court terme / long terme

Figure: Évolution du PIB par habitant en France sur très longue période: 1820-2010
La distinction court terme /
Macro B long terme

La distinction court terme / long terme

Figure: La variation du PIB et ses composants: 2015-2017


La distinction court terme /
Macro B long terme

Court terme vs Long terme :


• La distinction n’est pas une affaire de durée

• La distinction repose sur la prise en compte de l’environnement


économique

Prendre une décision à CT = supposer l’environnement constant

Prendre une décision sur le LT = tenir compte d’une évolution de


l’environnement
Example: prix
La distinction court terme /
Macro B long terme Le court terme

A court terme : rigidités et analyse conjoncturelle

• À court terme, certaines variables économiques sont difficiles à changer :


fixité ou rigidité

Exemples: Il est difficile de modifier les équipements productifs d’une


entreprise du jour au lendemain

Les prix affichés, étiquetés dans les magasins, ne changent pas tous les
jours, en fonction du prix des matières premières

• A court terme, les prix sont rigides et les agents ne font pas des
anticipations parfaites sur l’évolution de l’environnement économique dans
son ensemble

• Analyse conjoncturelle
La distinction court terme /
Macro B long terme Le court terme

A court terme : chocs et fluctuations conjoncturelles

• On étudie la détermination des différentes grandeurs macro-économiques


et leurs éventuelles fluctuations conjoncturelles

• Des chocs peuvent être provoqués par l’Etat ) Etude des effets d’une
politique conjoncturelle

• Des chocs peuvent provenir du Reste du monde ) Exemple d’une


récession qui se propage dans les économies qui commercent entre elles

• Ce qui se passe à court terme peut avoir des conséquences à long terme
dans le même sens ou inversées:

Exemple du chômage, à la suite d’un choc conjoncturel, qui ne revient pas


à son niveau d’origine, une fois la crise résorbée (effet d’hystérèse)
La distinction court terme /
Macro B long terme Le court terme

Figure: Example: Taux de chômage


La distinction court terme /
Macro B long terme Le long terme

A long terme : flexibilité et analyse structurelle

• Les prix s’ajustent et seules les tendances lourdes de l’économie agissent


sur la détermination des grandeurs économiques

• Les facteurs de ce développement :


la nature : les richesses naturelles, l’environnement
la population
le progrès technique : l’accumulation des connaissances, l’éducation, les
dépenses en recherche et développement
le capital accumulé
les institutions : ces institutions peuvent être réformées par l’Etat à l’aide
de politiques structurelles

• Evolution en quantité et en qualité de la production


• Analyse structurelle ) croissanceet et développement
La distinction court terme /
Macro B long terme Le long terme

Example. Le chômage:
• Chômage conjoncturel :
chômage qui est lié à l’évolution de l’activité économique
Un ralentissement de l’activité réduit la demande de travail des entreprises
et donc le niveau général d’emploi de l’économie (loi d’Okun).
Cause: la récession
• Chômage structurel (ou d’équilibre ou naturel) :
chômage qui traduit un déséquilibre profond et durable du marché du
travail
Il est lié aux changements de longue période.
Causes : inadéquation des qualifications des offreurs de travail aux besoins
des entreprises, immobilité des salariés ou rigidité des législations sociales
En France depuis 1983, le taux de chômage n’est jamais descendu en dessous
de 7 % de la population active. Il est estimé entre 7% et 10% en France.
Politiques économiques de
Macro B court et longue terme

Politiques économiques de court et


longue terme
Politiques économiques de
Macro B court et longue terme

Politiques économiques de court et longue terme


• Politiques économiques de court terme = conjoncturelles : stabilisation
de la conjoncture
Plein emploi des facteurs de production
Stabilité des prix
Equilibre de la balance extérieure
Croissance économique

• Politiques économiques de long terme = structurelles : actions sur les


caractéristiques structurelles de l’économie afin de promouvoir un
développement équilibré et durable (économie + environnement + social)
Action sur la réglementation
Action sur le fonctionnement des marchés (du travail, du crédit)
Investissement public dans la santé, l’éducation, la recherche et politiques
sociales
Politiques économiques de
Macro B court et longue terme Les politiques conjoncturelles

Les politiques conjoncturelles:


• Les politiques macro-économiques de court terme visent à stabiliser
l’activité économique autour du sentier de la croissance et en particulier
de combattre le ralentissement de la croissance, auquel est associé la
croissance du chômage

• Les attentes et les perceptions des agents économiques ) caractère


non-prévisible des fluctuations à court terme

• Les variations de la masse monétaire peuvent avoir des effets réels (car
ajustement des prix est graduel).
Politiques économiques de
Macro B court et longue terme Les politiques conjoncturelles
Politiques économiques de
Macro B court et longue terme Les politiques conjoncturelles

Deux grands instruments parmi une infinité de politiques:

• La politique budgétaire : l’État prélève de l’argent et le dépense

• La politique monétaire : action sur la masse de monnaie en circulation


Politiques économiques de
Macro B court et longue terme Les politiques conjoncturelles

La politique budgétaire. Objectifs


• Agir à court terme sur la situation économique par l’intermédiaire du
budget de l’État
Recette fiscales (T)
Dépenses publiques (G)
Transferts vers les agents économiques (F)

• Deux orientations possibles


Politique budgétaire de relance (ou expansionniste) : baisse des
prélèvements obligtoires et/ou hausse des dépenses publiques
Politique budgétaire de rigueur (ou austérité) : ralentir l’inflation et limiter
la dette publique, via des augmentations de prélèvements obligtoires et/ou
la diminution des dépenses publiques
Politiques économiques de
Macro B court et longue terme Les politiques conjoncturelles

Les outils:
• Stabilisateurs automatiques : action contracyclique du budget de l’Etat
) augmentation des recettes budgétaires et/ou à la diminution du déficit
budgétaire à mesure que le revenu national s’accroît
en période de récession, les dépenses augmentent et les recettes fiscales
diminuent mécaniquement, d’où l’apparition d’un déficit budgétaire
en période de croissance, les recettes fiscales augmentent et les dépenses
publiques (comme les allocations chômage) ralentissent
• Politique budgétaire discrétionnaire: résulte d’un changement délibéré
de politique économique en matière de dépenses, impôts et transferts
Niveau d’imposition et dépenses publiques
Permet d’influencer le niveau de la demande globale, l’offre globale et la
distribution des revenus
Effet multiplicateur
Politiques économiques de
Macro B court et longue terme Les politiques conjoncturelles
Politiques économiques de
Macro B court et longue terme Les politiques conjoncturelles

La politique monétaire: Objectifs

• le contrôle de l’inflation. La BCE ne peut pas agir en tant que tel sur le
niveau de l’inflation; elle doit donc se fixer des objectifs intermédiaires sur
les indicateurs qui sont à l’origine de l’inflation:

contrôle de la masse monétaire

• la croissance et l’emploi: cet objectif est secondaire,


Politiques économiques de
Macro B court et longue terme Les politiques conjoncturelles

La politique monétaire. Instruments


• Les banques centrales fixent leur taux d’intérêt directeur (action par les
taux directeurs)
• La BC intervienne sur le marché de la monnaie pour s’assurer que le taux
d’intérêt choisi soit le taux d’intérêt d’équilibre: contrôle de l’offre de
monnaie (Action par la liquidité)

via le ratio de liquidités de banques (coefficient de réserve)


Open-market: ventes ou achats par la banque centrale de titres du Trésor
public sur les marchés financiers

• Politique monétaire non conventionnelles (assouplissement )


Politiques économiques de
Macro B court et longue terme Les politiques structurelles

Les politiques économiques structurelles

• Objectifs: La croissance économique et le développement

• Les politiques structurelles agissent dans des domaines très divers: la


concurrence, l’emploi, l’agriculture, la recherche et l’innovation,
l’industrie, l’environnement...
• Instruments:
les nationalisations
les privatisations
la politique de recherche
la politique de l’emploi (baisse du temps de travail)
la politique de réglementation de l’environnement
item flexibilité, déréglementation : on veut redonner sa place au marché
Politiques économiques de
Macro B court et longue terme Les politiques structurelles
Variables endogènes et
Macro B variables exogènes

Variables endogènes et variables


exogènes
Variables endogènes et
Macro B variables exogènes

Variables endogènes et variables exogènes. Une distinction simple dans


tout modèle macroéconomique
• Variable exogène
« dehors du modèle », variable explicative ou prédéterminée
sa valeur peut être évaluée par des conditions extérieures au modèle
toute modification de sa valeur est classée dans la catégorie des variations
autonomes
élément déterminant impactant l’effet de la relation définie par le modèle
• Variable endogène,
« dans le modèle », variable expliquée ou déterminée
sa valeur est déterminée par les caractéristiques internes du modèle
est une des variables composant la relation définie par le modèle
Utilisation de modèles économiques :Variables exogènes ) Modèle
économique ) Variables endogènes
Variables endogènes et
Macro B variables exogènes

Example 1. Les impôts


• Modèle sans variables exogènes:
C = 1 + 0.5PIB
PIB = C + 3

Résolution:
C =5
PIB = 8

• Modèle avec variables exogènes:


C = 1 + 0.5PIB 0.25T
PIB = C + 3

Résolution:
C =5 0.25T
PIB = 8 0.5T
Variables endogènes et
Macro B variables exogènes

Example 2. L’inflation
• Il y a un risque de déflation (baisse des prix) en France du fait de la baisse
de la consommation expliquée par la récession économique (baisse du PIB)
⇡ = f (gconso ))
gconso = h(gy )
Variables endogènes: ⇡, gconso
Variables exogènes:gy
Variables endogènes et
Macro B variables exogènes

Example 3. Le COVID-19

• Le covid est un choc macroéconomique

• Pas une récession normale

• Pas une récession induite par la crise financière

• Cause de santé exogène


Exemple. L’effet d’un choc sur
Macro B le marché des biens et services

Exemple. L’effet d’un choc sur le


marché des biens et services
Exemple. L’effet d’un choc sur
Macro B le marché des biens et services

le marché des b&s:


L’économie est caractérisée par :
• Une fonction de consommation C (YD , i )
+
• Une fonction d’investissement I (Y , i )
+
• Des variables de politiques fiscales G et T
• Le revenu disponible YD = Y T
La demande qui va émaner des agents économiques est alors :
Z = C (YD , i) + I (Y , i) + G (1)

A l’équilibre, la demande doit être égale à l’offre:


Y =Z (2)
Exemple. L’effet d’un choc sur
Macro B le marché des biens et services

Demande agrégée:

Z = C + I + G = C (Y T ) + I (r ) + G (3)

L’équilibre Y = Z , en fonction de r et Y

Y = C (Y T ) + I (r ) + G (4)
Exemple. L’effet d’un choc sur
Macro B le marché des biens et services

Figure: Diagramme à 45 (ou diagramme de Hansen)


Exemple. L’effet d’un choc sur
Macro B le marché des biens et services

COVID-19: choc de demande ) # la demande de biens, quel que soit le


niveau de production
# I ) # Demande ) # I ) # Production # Emploi # Revenu # C )
# Production ) etc

Figure: Diagramme à 45 (ou diagramme de Hansen)


Exemple. L’effet d’un choc sur
Macro B le marché des biens et services

L’amplitude des chocs peut être obtenue au moyen du multiplicateur keynésien


(Chap. 1)

1
Y = ⇥ (C0 c.T̄ + I0 b.r + Ḡ )
|1 {z c}
| {z }

Multiplicateur Dépense autonomne


CHAPITRE 1 –
LE MODÈLE IS-LM ET LES POLITIQUES
MACROÉCONOMIQUES
CONJONCTURELLES

Sophie Harnay
sophie.harnay@parisnanterre.fr
Introduction aux politiques macroéconomiques
Licence 2 économie
2

Introduction et questions du chapitre

• Questions du chapitre :

• Déterminer l’équilibre macroéconomique

• Comment se forment au niveau de l’économie dans son


ensemble des variables telles que niveau de production, taux de
chômage, niveau des prix et des salaires, taux d’intérêt
3

Introduction et questions du chapitre

• Point de départ IS-LM • John Maynard Keynes (1883-


• = extension par Hicks (dès 1946)
1937) de J. M. Keynes
(1936), Théorie générale de
l’emploi, de la monnaie et de
l’intérêt
• Analyse conjointe du marché
des marchés financiers et
des biens
• J. R. Hicks (1937). “Mr.
Keynes and the “classics”, a
suggested interpretation”,
Econometrica, pp. 147-159.
• Ensuite développé par
Hansen => IS-LM
4

Introduction et questions du chapitre

• IS-LM

• Analyse conjointe du marché des biens et du marché de la


monnaie

• Comprendre à court terme la détermination de la production et du


taux d’intérêt

• Le terme ne se rapporte pas à une période de temps, mais à ce qui est


exogène

• IS-LM : les prix sont considérés comme donnés / constants (ainsi que
les salaires, le stock de capital, la technologie et les institutions)

• Le modèle sera complété ultérieurement


5

Plan du chapitre

• 1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• 2. L’équilibre sur le marché de la monnaie

• 3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM


6

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens


• On considère 3 types d’agents:

• Ménages
• Entreprises
• Etat (ou Banque centrale)
• Notion d’agent représentatif

• Les grandes composantes de la demande

• Consommation C
• Investissement I
• Dépense publique G
• (En économie ouverte, balance / solde commercial : X – M)
7

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens


• 1.1. La consommation (C)

• 1.1.1. L’analyse keynésienne de la consommation

C=C(Y)
Y=C+S
• S déterminée de manière résiduelle comme partie du
revenu non consommée : S = Y-C
• Loi psychologique fondamentale:
• « En moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à
accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais
non d'une quantité aussi grande que l'accroissement de leur
revenu » (p.113)
8

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• C = cYD + C0
C
• Une équation
macroéconomique C=cY+C0

• c = propension marginale à
consommer

• 0<c<1, d'après la « loi


C0
psychologique
fondamentale »

• C0 = consommation Y

incompressible ou autonome

• YD revenu disponible = Y - T
9

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Bissectrice: ensemble des


C, S C
points où YD = C épargne

desépargne

C0
Ydispo
0
10

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Remarques :

• Analyse macroéconomique de la consommation

• Représentation « frustre » des comportements de consommation

• Cette fonction de consommation ne rend par exemple pas compte


de toutes les fluctuations de la consommation

• >> D’autres déterminants de la consommation pris en compte par


les économistes (et les sciences sociales)
• Hypothèse du cycle de vie
• Revenu permanent
• …
11

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• 1.2. L’investissement (I)

• Définition de l’investissement

• Taux d'investissement = (BCF/PIB ou FBCF/valeur


ajoutée brute

• En France (INSEE) : 24,5 % 2019


12

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• De quoi dépend l’investissement I ?

• Niveau des ventes courantes et anticipées

• Taux d’intérêt i

𝐼 = 𝐼(𝑌 + , 𝑖 −)
13

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• 1.3. Les dépenses publiques (G)

• Instrument de la politique budgétaire avec T (impôts)


14

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• 1.4. La demande agrégée Z

• Demande agrégée sur le marché des biens

𝑍 = 𝑍 𝑌 − 𝑇, 𝑖, 𝐺 = 𝐶 𝑌𝐷 , 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺
= 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺

• = Capte les effets de Y, T, i et G sur Z


15

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Principe de la demande effective

• >> L’offre (Y) est déterminée par la demande effective (Z)


à laquelle les agents s’attendent à être confrontés
16

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Représentation
graphique de la
demande agrégée Z 45°

A 𝑍 = 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺
• Z augmente lorsque
Y augmente
• Y augmente quand
C augmente
• Y augmente quand I
augmente
• Y augmente quand i
baisse (car I Y Y
augmente quand i
baisse)
17

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Représentation
graphique de la 45° Y = Z
Z
demande agrégée
A 𝑍 = 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺
pour un taux d’intérêt i
• Lorsque le taux
d’intérêt augmente (i’ >
i), Z diminue => nouvel 𝑍′ pour un taux d’intérêt i’ > i
A’
équilibre: A  A’

Y
Y’ Y
18

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Représentation
graphique de la Z 45°
demande agrégée APE

A 𝑍 = 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺

• Possibilité d’un écart


déflationniste
• Y < YPE
• Équilibre de sous-
emploi, chômage

Y YPE Y
19

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Représentation
45°
graphique de la Z APE 𝑍 ′′ = 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺
demande agrégée + 𝒅𝑮
𝑍 = 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺
A
• Possibilité d’un
écart
déflationniste
• Y < YPE
• Équilibre de sous-
emploi, chômage
• Nécessité d’une Y
Y YPE
politique de
relance: C et/ou I
et/ou G
20

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• 1.5. Equilibre sur le marché des biens et courbe IS

• 1.5.1. Construction géométrique de la courbe IS

• A partir du graphique précédent, on peut représenter la


courbe IS

• Courbe IS
21

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

Z 45°

A Z Pour i

Z’ Pour i’ > i
A

Y
Y’ Y

Y
Y’ Y
22

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

Z 45°

A Z Pour i

Z’ Pour i’> i
A

Y
Y’ Y

i’

Y
Y’ Y
23

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

Z 45°

A Z Pour i

Z’ Pour i’ > i
A

Y
Y’ Y

i’

i
Courbe IS
Y
Y’ Y
24

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

Z 45°

A Z Pour un
taux
Pour un i
Z’ d’intérêt
A taux
’ d’intérêt i’
>i

Y
Y’ Y
Lorsque i , I  Y
i
IS est décroissante
dans le repère (Y,i)
i’

i
Courbe IS
Y
Y’ Y
25

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

Z 45°

A Z Pour un
taux
Pour un i
Z’ d’intérêt
A taux
’ d’intérêt i’
>i

Y
Y’ Y
Lorsque le taux
i d’intérêt nominal i
varie, déplacement le
i’ long de IS

i
Courbe IS
Y
Y’ Y
26

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens


• 1.5.2. Détermination algébrique de l’équation de la
courbe IS

• Sur le marché des biens et services, offre = demande:


𝑌=𝑍

• Soit I = .i , avec  < 0


𝑌 = 𝐶0 + 𝑐𝑌𝐷 + 𝛼𝑖 + 𝐺

• On trouve: 𝑌 − 𝐶0 − 𝑐𝑌𝐷 − 𝐺 𝑌 − 𝐶0 − 𝑐(𝑌 − 𝑇) − 𝐺


𝑖= =
𝛼 𝛼
𝑌 1 − 𝑐 − 𝐶0 + 𝑐𝑇 − 𝐺
=
𝛼
27

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

1−𝑐 −𝐶0 + 𝑐𝑇 − 𝐺
𝑖= 𝑌+
𝛼 𝛼
𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒 𝑜𝑟𝑑𝑜𝑛𝑛é𝑒 à 𝑙′𝑜𝑟𝑖𝑔𝑖𝑛𝑒

• i est une fonction linéaire de Y

1−𝑐
• < 0 car  < 0
𝛼

• => IS est représentée par une droite décroissante dans le repère (Y,i)
28

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Récapitulatif :

• Courbe IS : i
• Ensemble des couples (Y,i)
pour lesquels on a un
équilibre sur le marché des i’
biens et services
i
• La courbe IS est Courbe IS
décroissante dans le
repère (Y,i) Y
↓ ↓ Y’ Y
Y = Z = 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺

29

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Pente de la courbe IS:

1−𝑐 −𝐶0 + 𝑐𝑇 − 𝐺
𝑖= 𝑌+ i
𝛼 𝛼
𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒 𝑜𝑟𝑑𝑜𝑛𝑛é𝑒 à 𝑙′𝑜𝑟𝑖𝑔𝑖𝑛𝑒

i’
• La courbe IS peut être
verticale ou horizontale en
fonction de: i
• La propension marginale à
consommer c Courbe IS
• La sensibilité 𝛼 de I à i Y
Y’ Y
30

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Effet de la propension
marginale à consommer c
sur IS?
i

1−𝑐 −𝐶0 +𝑐𝑇−𝐺


• 𝑖= 𝑌 +
𝛼 𝛼
𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒 𝑜𝑟𝑑𝑜𝑛𝑛é𝑒 à 𝑙′𝑜𝑟𝑖𝑔𝑖𝑛𝑒 i1
∆𝑖 = 𝑖2 − 𝑖1

1−𝑐 i2
• Lorsque 𝑐 ↓ ↑
𝛼
IS
• IS devient plus pentue Y
Y1 Y2 Y3
• 𝑐 ↓ et 𝑠 ↑ Y↓
31

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Effet de 𝛼 sur IS?

• 𝑖=
1−𝑐
𝑌 +
−𝐶0 +𝑐𝑇−𝐺 i
𝛼 𝛼
𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒 𝑜𝑟𝑑𝑜𝑛𝑛é𝑒 à 𝑙′𝑜𝑟𝑖𝑔𝑖𝑛𝑒

i1
1−𝑐
• Lorsque 𝛼 ↓ ↑
𝛼 ∆𝑖 = 𝑖2 − 𝑖1

i2
• IS devient plus pentue
• Moindre sensibilité de Y à i IS
Y
Y1 Y2 Y3
32

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens


• 1.5.3. Courbe IS et égalité investissement / épargne

• La courbe IS est aussi l’ensemble des points tels que


investissement I = épargne S

• Offre = demande agrégée sur le marché des biens


𝑌 = 𝑍 = 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺
• Epargne = part du revenu non consommée
𝑆 = 𝑌 − 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 − 𝑇
𝑆(𝑌 − 𝑇, 𝑖)

• Réécriture de l’équilibre sur le marché des biens:


𝑆 𝑌 − 𝑇, 𝑖 = 𝑌 − 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 − 𝑇
= 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺 − 𝐶 𝑌 − 𝑇, 𝑖 − 𝑇
= 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺 − 𝑇
33

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens


• Interprétation:

• L’épargne doit être égale à la somme de l’I et du solde


public (G-T)
34

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• 1.5.4. Effet d’une politique


i
budgétaire sur IS
• Politique budgétaire : G, T
• Soit une politique
budgétaire expansionniste
i
dG>0
• 𝑌 = 𝑍 𝑌 − 𝑇, 𝑖, 𝐺 =
IS’
𝐶 𝑌𝑑 , 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺 +
IS
dG
Y
Y Y’
35

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• 1.5.4. Effet d’une politique


i
budgétaire sur IS
• Politique budgétaire : G, T
• Soit une politique
budgétaire expansionniste
i
dG>0
• 𝑌 = 𝑍 𝑌 − 𝑇, 𝑖, 𝐺 =
IS’
𝐶 𝑌𝑑 , 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺 + dG<0
IS’’ IS
dG
Y
Y’’ Y Y’

• Politique budgétaire
restrictive
36

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• 1.5.3. Effet d’une politique


i
budgétaire sur IS
• Politique budgétaire : G, T
• Soit une politique
budgétaire expansionniste
i
dG>0
• 𝑌 = 𝑍 𝑌 − 𝑇, 𝑖, 𝐺 =
IS’
𝐶 𝑌𝑑 , 𝑖 + 𝐼 𝑌, 𝑖 + 𝐺 + dG<0
IS’’ IS
dG
Y
Y’’ Y Y’

• Politique budgétaire > Une politique budgétaire


restrictive induit un déplacement de la
courbe IS
37

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• De même, un choc peut déplacer IS

• Equation de IS:

1−𝑐 −𝐶0 + 𝑐𝑇 − 𝐺
𝑖= 𝑌+
𝛼 𝛼
𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒 𝑜𝑟𝑑𝑜𝑛𝑛é𝑒 à 𝑙′𝑜𝑟𝑖𝑔𝑖𝑛𝑒

• Déplacement de IS si modification de l’ordonnée à l’origine:


• G, T (cf. effet PB)
• 𝐶0
• c
• 𝛼
38

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens


• 1.6. Relation revenu (production) / taux d’intérêt et
effet multiplicateur

𝑌 = 𝐶0 + 𝑐 Y − T + 𝛼𝑖 + 𝐺

𝑌 1 − 𝑐 = 𝐶0 − cT + 𝛼𝑖 + 𝐺

1
𝑌= 𝐶0 − cT + 𝛼𝑖 + 𝐺
1−𝑐
𝑑é𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒 𝑎𝑢𝑡𝑜𝑛𝑜𝑚𝑒
𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖𝑝𝑙𝑖𝑐𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟

1
• Or > 0 car 0 < 𝑐 < 1
1−𝑐
39

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens


• Exemple numérique :

• Soit dG = dY0 = 100 et c = 0,8


• dY1 = 0,8 * 100 = 80
• => dC = 80
• =>>> dY2 = 0,8 * 80 = 64…
• On somme colonne des dY pour obtenir le supplément de revenu
total
40

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Interprétation :

+ + +
𝑑𝐺 𝑑𝑍 𝑑𝑌

• >> L’effet final d’une augmentation des dépenses


publiques sur la production est beaucoup plus large que
l’effet initial
• Mais il n’est pas infini
• Car les accroissements successifs du revenu tendent
vers 0
41

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• 1.7. Les autres multiplicateurs

• (1) Multiplicateur de l’investissement privé (I)

• Avec 𝐼 = 𝐼0 + 𝛼𝑖

𝑌 = 𝐶0 + 𝑐 Y − T + 𝐼0 + 𝛼𝑖 + 𝐺

1
𝑌= 𝐶0 − cT + 𝐼0 + 𝛼𝑖 + 𝐺
1−𝑐
𝑑é𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒 𝑎𝑢𝑡𝑜𝑛𝑜𝑚𝑒
𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖𝑝𝑙𝑖𝑐𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟
42

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• (2) Multiplicateur fiscal

1
𝑌= 𝐶0 − cT + 𝐼0 + 𝛼𝑖 + 𝐺
1−𝑐
𝑑é𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒 𝑎𝑢𝑡𝑜𝑛𝑜𝑚𝑒
𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖𝑝𝑙𝑖𝑐𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟

−𝑐
• Multiplicateur fiscal = < 0 car 0 < 𝑐 < 1
1−𝑐

−𝑐 1
<
1−𝑐 1−𝑐
43

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• (3) Multiplicateur en économie ouverte (tenant compte de l’effet des


exportations X et des importations M)

• Exemple de la relance française 1981-1983 – voir graphique


suivant, OCDE Statistics 2015 in CORE chap. 14, fig. 14-16
44

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens


45

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Stratégie win-win = politique de relance concertée entre pays

• Cf. cours de macroéconomie ouverte (semestre 4)


46

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens


• 1.8. Les débats contemporains sur la valeur du multiplicateur

• Dans le cas de la relance comme dans le cas de l’austérité, le succès


de la politique économique dépend de la valeur du multiplicateur

• Cas 1 : multiplicateur < 0


• ↑ 𝐺 peut conduire à ↓ 𝑌
• ↓ 𝐺 peut conduire à ↑ 𝑌

• Situation envisageable lorsque ↑ déficit budgétaire ↓ de la


confiance

• Cas 2 : 0 < multiplicateur < 1,

• ↑𝐺 ↑ 𝑌 mais dY < dG

• Cas 3 : multiplicateur > 1

• ↑𝐺 ↑ 𝑌 avec dY > dG
• ↓ 𝐺 => ↓ 𝑌 et politique d’austérité renforce la récession
47

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Dans les faits, la valeur du multiplicateur budgétaire dépend de


plusieurs éléments

• (1) Degré d’utilisation de ses capacités de production par l’économie ?

• Effet d’éviction

• 2 motifs:

• i) Economie en situation de plein emploi des facteurs de production

• ii) Expansion budgétaire associée avec une hausse de i


48

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• (2) Anticipations des agents économiques

• Exemples
49

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Plusieurs travaux récents cherchent à mesurer la valeur du


multiplicateur

• Alan Auerbach and Yuriy Gorodnichenko. 2015, “How Powerful are Fiscal
Multipliers in Recessions?”, NBER Reporter 2015 Research Summary
• USA :

• Période de récession : 𝑑𝐺 = +1$ 𝑑𝑌 = +1,50$ à 2$

• Période d’expansion : 𝑑𝐺 = +1$ 𝑑𝑌 = 0,50$


• Résultats similaires pour d’autres pays
• Selon les situations, multiplicateur compris entre – 0,43 et + 3,42

• Fonds monétaire international (FMI), 2012, World Economic Outlook


October: Coping with High Debt and Sluggish Growth
• Effet compris entre 0,9 et 1,7
• Politiques d’austérité budgétaire => dY < 0 au moins égale, voire supérieure à
la baisse de G
50

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• USA : American Recovery and Reinvestment Act de 2009 préparé


avec une estimation du multiplicateur à 1,6 par le Council of
Economic Advisers (Présidence Obama)

• Contestation par Robert J. Barro, 2009, “Government Spending Is No


Free Lunch”, The Wall Street Journal
• Données sur les dépenses de défense nationale au cours de la
Seconde Guerre mondiale
• Multiplicateur à 0,8 (dG = 1 => dY = 0,8)

• Réponse de Paul Krugman, 2009, “War and Non-Remembrance”,


New York Times Blog
• Spécificité des situations de guerre
51

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• 1.9. Quelques exemples historiques de relance


budgétaire

• New Deal, mise en place par Franklin Roosevelt, Etats-


Unis, 1933
• Relance française (J. Chirac) de 1975, mais politique de
rigueur (Barre) l’année suivante
• Relance P. Mauroy 1981
• Plans de relance japonais dans les années 1990
• Plans de relance suite à la crise de 2008
• USA, Chine, Japon, pays européens
• Sous différentes formes
52

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Plans de relance suite à la crise de 2008 – le cas de la


France

• Plan de relance France 2009-2010 (lancé en décembre 2008,


N. Sarkozy):

• Mesures fiscales pour les entreprises


• Prime à la casse
• Aide à l’embauche dans les TPE, mesures pour l’emploi
(indemnisation du chômage partiel, soutien à l’embauche d’apprentis
ou contrats pro…)
• Selon la Cour des comptes, le plan de relance a coûté plus aux
finances publiques qu'il n'a rapporté de croissance
• L'impact sur la croissance du plan de relance serait d'environ 0,5 point de
PIB sur 2009 et 2010, selon la Cour des comptes, très en-deçà de son coût
pour les finances publiques (1,4% du PIB)
• A cependant « atténué les effets de la crise » (D. Migaud)
53

1. Demande agrégée et équilibre sur le marché des biens

• Conséquence:

• Endettement massif des Etats

• => Crise de la dette, poids de la charge de la dette

• Cf. chapitre 4
54

• On a considéré pour l’instant uniquement le marché des biens

• Or le fonctionnement du marché des biens peut avoir des


conséquences sur le marché de la monnaie

• Effet de G et T sur i ?
55

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• 2.1. Les fonctions économiques de la monnaie

• Intermédiaire des échanges

• Numéraire (ou unité de compte)

• Réserve de valeur

• Moyen de paiement
56

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• 2.2. La demande de monnaie chez Keynes

• Demande d’encaisses

• 3 motifs de demande de monnaie


57

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie

• (1) Demande de monnaie de transaction

𝐿1 = 𝐿1 𝑌 = 𝑎. 𝑌

𝑑𝐿1
> 0 ou a > 0
𝑑𝑌
58

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie

• (2) Demande de monnaie de précaution


59

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie

• (3) Demande de monnaie de spéculation

• Préférence des agents pour la liquidité)

• Le taux d’intérêt est le prix de la renonciation à la liquidité

• Pour i = imin, 𝐿2 ∞ et Md = L2

• = Trappe à liquidité
60

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie

• (3) Demande de monnaie de


spéculation Lorsque i > imax,
les agents
détiennent leur
• Demande d’encaisses patrimoine en
titres =>
spéculative est fonction du i i demande de M
spéculative est
𝐿2 = 𝐿2 𝑖 = 𝑏. 𝑖 nulle: L2 = 0

Trappe à
𝑑𝐿2 liquidité
< 0 𝑜𝑢 𝑏 < 0
𝑑𝑖
imin
(M/P)d
n

Encaisses monétaires réelles


61

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie

• La demande de monnaie s’écrit donc :

𝐿 𝑌, 𝑖 = 𝐿1 𝑌 + 𝐿2 𝑖
62

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• 2.3. L’offre de monnaie

• On suppose MS fixée de façon exogène par les autorités monétaires

𝑀
𝑀𝑆 = 𝑀𝑆 =
𝑃

• [Il est fait abstraction ici de la création monétaire et des relations entre
BC et banques de second rang]
63

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• 2.4.L’équilibre sur le
marché de la monnaie

• 2.4.1. Ecriture de l’équilibre


sur le marché de la (M/P)s
monnaie i

𝑀𝑆 = 𝐿1 𝑌 + 𝐿2 𝑖
i*

(M/P)d

Encaisses monétaires réelles


64

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie

• 2.4.2. Représentation
géométrique de LM
i
𝑀𝑆 = 𝐿1 𝑌 + 𝐿2 𝑖

• => LM exprime une relation LM


positive entre Y et i

• Pourquoi?

Y
65

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• Soit une hausse du revenu de Y1 en Y2 accroissant la demande de
monnaie
• =>  i1 en i2
• => LM est croissante

i (M/P)s
i
LM
i2
1) ↑ Y => ↑ L =
i1 (M/P)d…

2) … => ↑ i La courbe LM
synthétise ces
(M/P)d variations

Y1 Y2
Encaisses monétaires réelles Revenu, production
66

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• Soit une hausse du revenu de Y1 en Y2 accroissant la demande de
monnaie
Attention ! Une courbe LM
• =>  i1 en i2 correspond à l’ensemble
• => LM est croissante des points pour une
certaine quantité (M/P)s de
monnaie offerte par la BC
i (M/P)s (donnée)
i
LM
i2
1) ↑ Y => ↑ L =
i1 (M/P)d…

2) … => ↑ i La courbe LM
synthétise ces
(M/P)d variations

Y1 Y2
Encaisses monétaires réelles Revenu, production
67

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• Effet d’une variation de l’offre de monnaie (politique
monétaire) sur LM:
• Politique monétaire expansionniste : LM  LM’

Lorsque (M/P)s varie, LM se


déplace : LM  LM’

(M/P)s (M/P)s’
i i
LM

2) … => ↓ i 1) La BC accroît
LM’
i1 (M/P)s

i2 3) … et la courbe
LM se déplace
(M/P)d
vers le bas

Y
Encaisses monétaires réelles Revenu, production
68

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• Effet d’une variation de l’offre de monnaie (politique
monétaire) sur LM:
• Politique monétaire expansionniste : LM  LM’
• Politique monétaire restrictive : LM  LM’’

(M/P)s (M/P)s’
i i LM’’
LM

2) … => ↓ i 1) La BC accroît
LM’
i1 (M/P)s

i2 3) … et la courbe
LM se déplace
(M/P)d
vers le bas

Y
Encaisses monétaires réelles Revenu, production
69

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• Trappe à liquidités et LM

• Rappel : normalement, on a:
𝑠 ↑ ↓ i
𝑀
= 𝐿1 𝑌 + 𝐿2 𝑖
𝑃
LM

• Dans la trappe à liquidités, i très


faible, 𝐿2 ∞
imin
𝑀𝑑 = 𝐿1 𝑌 + 𝐿2 𝑖
=0
Y
𝐿1 𝑌 = 0 ∀ 𝑌

• >> LM horizontale
70

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie

• Inefficacité
de la politique
monétaire dans la trappe à
liquidités
(M/P)s (M/P)s’
i
• « Normalement », variation de
l’offre de M par la BC => effet
sur i, à demande de M des
agents inchangée 2) … => ↓ i 1) La BC accroît
i1 (M/P)s

i2
(M/P)d

Encaisses monétaires réelles


71

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie

• Inefficacité
de la politique
monétaire dans la trappe à
1) La BC accroît
liquidités (M/P)s

(M/P)s (M/P)s’
i
• « Normalement », variation de
l’offre de M par la BC => effet
sur i, à demande de M des
2) … mais i
agents inchangée ne varie pas

• Dans la trappe à liquidités: imin


(M/P)d
• Même si BC ↑ offre de monnaie, n
i ne diminue pas (i = imin)
• >> PM inefficace Encaisses monétaires réelles
72

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• Exemples :

• 1. Japon à la fin des années 1990s

• 2. Zone Euro 2ème moitié des années 2010

• Peut-on dire que la PM de la BCE est inefficace?

• Effets positifs des taux d’intérêt très faibles


• Solvabilisation à nouveau des États et des emprunteurs privés
• Soutien du crédit
• Soutien de l'immobilier

• Mais effet négatif


• Excès de liquidité => variabilité forte des prix des actifs
73

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• 2.3.3. Détermination algébrique de LM

𝑠
𝑀
𝑀𝑆 = = 𝐿1 𝑌 + 𝐿2 𝑖
𝑃
𝑠
𝑀
= 𝑎𝑌 + 𝑏𝑖
𝑃
𝑠
𝑀
− 𝑎𝑌
𝑃
𝑖=
𝑏
𝑠
𝑀
𝑃 −𝑎
𝑖= + 𝑌
𝑏 𝑏
𝑜𝑟𝑑𝑜𝑛𝑛é𝑒 à 𝑙′𝑜𝑟𝑖𝑔𝑖𝑛𝑒 𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒
74

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie


• 2.3.3. Détermination algébrique de LM

𝑠
𝑀
𝑀𝑆 = = 𝐿1 𝑌 + 𝐿2 𝑖
𝑃
𝑠
𝑀
= 𝑎𝑌 + 𝑏𝑖
𝑃
𝑠
𝑀
− 𝑎𝑌
𝑃
𝑖=
𝑏
𝑠 −𝑎
𝑀 𝑏
> 0
𝑃 −𝑎 𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒
𝑖= + 𝑌 car a > 0 et b < 0
𝑏 𝑏
𝑜𝑟𝑑𝑜𝑛𝑛é𝑒 à 𝑙′𝑜𝑟𝑖𝑔𝑖𝑛𝑒 𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒 >> LM croissante
75

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie

• Sensibilité de i à Y – pente de
LM
𝑠 i
𝑀 LM avec a’>a
𝑃 −𝑎
𝑖= + 𝑌
𝑏 𝑏 LM avec a
𝑜𝑟𝑑𝑜𝑛𝑛é𝑒 à 𝑙′𝑜𝑟𝑖𝑔𝑖𝑛𝑒 𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒
i1
• Lorsque l’élasticité de la
demande de monnaie L1 au i2
revenu est forte (a’ élevé)…
−𝑎′ −𝑎
• … >
𝑏 𝑏
Y
• => Une ‘petite’ variation de Y Y2 Y1
suffit à entraîner une forte
variation de i Y3
76

2. L’équilibre sur le marché de la monnaie

• Sensibilité de i à Y – pente de
LM

𝑠 i
𝑀 LM avec b faible
𝑃 −𝑎
𝑖= + 𝑌
𝑏 𝑏 LM avec b élevé
𝑜𝑟𝑑𝑜𝑛𝑛é𝑒 à 𝑙′𝑜𝑟𝑖𝑔𝑖𝑛𝑒 𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒
i1
• Lorsque l’élasticité b (b<0) de la
demande de monnaie L2 au i2
revenu est faible (en v.a.)…
𝑎
• …− ↑
𝑏
Y
• Une ‘petite’ variation de Y Y2 Y1
entraîne une forte variation de i
Y3
77

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

i
• 3.1. L’équilibre IS-LM
IS
• Définition LM

• Il existe une seule combinaison i*


(Y*,i*) telle que le marché des
biens et le marché de la monnaie
soient en équilibre simultanément

∗ 1 Y
𝑌 = 𝐶0 − cT + 𝛼𝑖 + 𝐺 𝐼𝑆 Y*
1−𝑐
• 𝑀 𝑠
−𝑎𝑌
𝑖∗ = 𝑃
𝐿𝑀
𝑏
78

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• On résout le système :

1 𝛼
𝑌∗ = 𝛼. 𝑎 𝐶0 − cT + 𝑏 𝑖 + 𝐺
1−𝑐+
𝑏
𝑀 𝑠
− 𝑎𝑌 ∗
∗ 𝑃
𝑖 =
𝑏
79

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• => Possibilité d’un équilibre de IS LM


sous-emploi
i*

Y
Y* YPE
80

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• Pour atteindre l’équilibre de plein emploi, on peut utiliser des


politiques conjoncturelles


1 𝛼
𝑌 = 𝛼. 𝑎 𝐶0 − cT + 𝑏 𝑖 + 𝐺
1−𝑐+
𝑏
𝑠
𝑀
− 𝑎𝑌 ∗
𝑃
𝑖∗ =
𝑏

• >> Différents instruments à la disposition des pouvoirs publics

• Politique budgétaire : G, T
𝑀 𝑠
• Politique monétaire : i,
𝑃
• Policy mix
81

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• 3.2. Politique budgétaire

• Politique budgétaire i
expansionniste :  G

• dG => dY
IS LM
i’

• Effet multiplicateur de G i* 3)… et i

+dG
1) IS se déplace
2) => ↑
vers le haut…
revenu

Y
Y* Y’
82

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• Effet d’éviction de I par G


i
𝑑𝐺 𝑑𝑌 𝑑𝐿1 ↑𝑖 ↓𝐼
IS LM
• Nouveau multiplicateur: i’
1 𝛼
𝑌∗ = 𝛼. 𝑎 𝐶0 − cT + 𝑖+𝐺 i*
1−𝑐+ 𝑏
𝑏 +dG
𝑛𝑜𝑢𝑣𝑒𝑎𝑢 𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖𝑝𝑙𝑖𝑐𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟

𝛼.𝑎
• Or >0
𝑏
𝛼. 𝑎 Y* Y’’ Revenu,
1−𝑐+ > 1−𝑐 Y’ productio
𝑏
1 1
<
𝛼. 𝑎 1 − 𝑐
1−𝑐+
𝑏
83

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• Quelles conditions d’efficacité de la politique budgétaire


G?
84

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• Aussi possible de jouer sur T


85

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• PB dans trappe à liquidité


i
1) IS se déplace
• Pas d’effet d’éviction de I vers la droite

par G
IS1 IS2 LM

+dG
• Efficacité maximale de la PB
i
3)… mais i= 0

Y
Y1 Y2
2) => ↑ revenu
86

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM


i
• 3.3. Politique monétaire

• Politique monétaire IS LM1


expansionniste
LM2
i1
3) =>  i
• Mécanisme 1°) L’augmentation
i2 de l’offre de
monnaie déplace
LM vers le bas
• Limite : inflation
Y
Y1 Y2
2) => ↑ Y
87

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• 3.4. Le policy mix

• Utilisation conjointe des politiques monétaire et


budgétaire

• Exemple: policy mix Clinton-Greenspan


88

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• La manière dont
l’économie réagit à la
baisse de T dépend
de la réaction de la i 2) A offre de M
constante, LM ne
BC bouge pas

IS LM
• Cas 1: la BC i1
maintient offre de 4) =>
monnaie constante i2 ↓i IS1
+dT
1) Une hausse

• ↑T 3) Donc ↓ Y
IS2 de T déplace IS

Y
• => Récession Y2 Y1
89

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• Cas 2: la BC maintient i
constant en baissant
offre de monnaie
i 2) BC  Ms pour
LM2 maintenir i
constant
• ↑ T + BC  Ms
IS LM1
i1
• Le revenu diminue
davantage que dans le
IS1
cas 1
+dT
1) Une hausse
IS2 de T déplace IS

Y
Y2 Y1
90

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• Cas 3: la BC
maintient revenu Y
constant en
accroissant offre de i
monnaie 2) BC ↑ Ms pour
1) Une hausse maintenir Y
de T déplace IS LM1 constant
• Y inchangé i1
LM2
• Mais modification de IS1
l’allocation des +dT
ressources dans
l’économie IS2
Y
Y1
91

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM


Le policy mix à l’heure de la Covid?

Source: L. Braquet, https://www.melchior.fr/synthese/l-


europe-face-la-crise-du-coronavirus-l-enjeu-d-une-
reponse-solidaire-et-coordonnee
92

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• 3.5. Effet des chocs sur l’équilibre IS-LM

• Les chocs produisent aussi des effets sur IS et LM

1 𝛼
𝑌∗ = 𝛼.𝑎 𝐶0 − cT + 𝑖 + 𝐺
1−𝑐+ 𝑏
𝑏
• 𝑀 𝑠
−𝑎𝑌 ∗
𝑖∗ = 𝑃
𝑏
93

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• (1) Chocs sur IS

• = Variations exogènes de la demande de biens et


services

• Différentes origines possibles


94

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• i) Variations de la
demande de biens i
d’investissement IS2

IS1 LM
• Ex. : anticipations i1
optimistes des entreprises
quant à leurs perspectives i2
de ventes +dI = choc
de
demande
• Anticipations positif
autoréalisatrices Revenu,
Y1 Y2 production
95

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• ii) Variations de la
demande de biens de
consommation
i
IS2
• Ex. : consommateurs
confiants IS1 LM
i2
• =>  Y i1
+dC =
choc de
demande
positif

Revenu,
Y1 Y2 production
96

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM


Exemple : ralentissement activité
économique 2001, Etats-Unis - 3
motifs:

• 1) Recul de la valorisation
i
boursière après euphorie IS1
des 1990s
IS2 LM
i1
• 2) Attentats du 11
septembre 2001
i2
dC < 0
choc de
• 3) Scandales Enron, demande
Worldcom négatif

Revenu,
Y2 Y1
• =>  confiance =>  Y production
97

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM


Exemple : ralentissement activité
économique 2001, Etats-Unis (2)

i 2°) Réaction des autorités


• 3) Réaction des autorités publiques : politique
publiques US dès 2001 IS3 IS1
budgétaire T, G => IS3

IS2 LM
• T pour  Z i1
i3
i2
• Après 11/9/2001, Congrès 1°) dC < 0
autorise  G choc de
demande
négatif
• => Déplacement de IS2 en
Revenu,
IS3 Y2 Y1 production

Y3
98

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM


Exemple : ralentissement activité
économique 2001, Etats-Unis (3) i 2°) Réaction des autorités
publiques : politique
IS3 IS1
budgétaire T, G => IS3
• 4) Poursuite de sa PM
IS2 LM
expansionniste par la Fed i1 LM’
i3
• => Déplacement de LM en i2
1°) dC < 0
LM’ choc de
demande
négatif
• i
Revenu,
Y2 Y1 production
• Succès
Y3
• Croissance forte 2003-2004 3°) Politique monétaire FED
• 2005 : taux de chômage Y4 expansionniste =>  i et  Y
revient à 5%
99

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• (2) Chocs sur LM

• = Variations exogènes de
la demande de monnaie
i

• Ex.: augmentation de la IS LM2


demande de monnaie
LM1
i2
• Déplacement de LM vers le
i1
haut

•  i et  Y Y
Y2 Y1
100

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• > Des chocs économiques peuvent déplacer IS et / ou LM

• >> Chocs à l’origine de fluctuations économiques

• >>> PB et PM peuvent être utilisées pour compenser


certains chocs exogènes

• Faire en sorte que chocs affectant IS et/ou LM n’induisent pas de


fluctuations du revenu et de l’emploi
101

3. Equilibre macroéconomique et modèle IS-LM

• Bibliographie

• Blanchard & Cohen, Macroéconomie (dernière édition


disponible), Pearson Education
• Chap. 6 « les marchés financiers »
• Chapitre 7 « le modèle IS-LM »

• CORE, chapitre 14

• Mankiw, Macroéconomie, (dernière édition disponible)


• Chapitre 11 « la demande agrégée »
CHAPITRE 2 –
MODÈLE WS-PS ET ÉQUILIBRE SUR LE
MARCHÉ DU TRAVAIL

Sophie Harnay
sophie.harnay@parisnanterre.fr

Cours de macroéconomie (introduction aux politiques


macroéconomiques)
Licence 2 économie
Université Paris Nanterre
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
2

Introduction et questions du chapitre

• Questions du chapitre :

• IS-LM analyse l’équilibre


macroéconomique pour un
niveau de prix donné (prix
exogène)
• Les études empiriques
montrent qu’IS-LM est
pertinent pour analyser le
court terme
• A court terme, les
modifications de la demande
ne font pas varier le niveau
des prix
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
3

Introduction et questions du chapitre

• A moyen et long terme, les prix peuvent varier

• => Question 1 : comment les prix sont-ils déterminés, côté offre? (ISLM représente la
demande)
• Intuition : les entreprises fixent les prix en fonction des salaires qu’elles versent
• = Courbe PS “price schedule / price setting”

• Or le prix est une fonction du salaire

• =>> Question 2 : comment les salaires sont-ils déterminés?


• Courbe WS = “wage setting / wage schedule”

• >> Introduction du marché du travail dans l’analyse

• Modèle WS-PS : équilibre sur le marché du travail, à MLT


• Layard, Nickell et Jackman (1991)
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
4

Plan du chapitre

• 1. La courbe WS

• 2. La courbe PS

• 3. Equilibre sur le marché du travail et chômage


d’équilibre

• 4. Politiques de l’emploi et institutions du marché du


travail
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
5

1. La courbe WS

• Wage setting / wage schedule = courbe de salaire

• Les salaires sont déterminés de plusieurs façons :

• Négociation entre salarié et employeur

• Négociations collectives (négociations syndicats/entreprises)


• Différents niveaux de négociation collective
• National (ex. SMIC en France)
• Firme
• Branche
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
6

1. La courbe WS

• De quoi les salaires dépendent-ils?

• 1. Du salaire de réserve des travailleurs

• 2. Du taux de chômage u (« unemployment »)

• Lorsque u , w 
• Lorsque u , w 
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
7

1. La courbe WS

• 3. Du niveau anticipé Pe des prix P

• Remarques

• a. C’est le salaire réel qui est important pour les salariés


et les entreprises, et non le salaire nominal

• b. C’est Pe (niveau des prix anticipés) et non P qui est


important car salaires négociés à l’avance et en termes
nominaux
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
8

1. La courbe WS

• 4. De plusieurs autres facteurs z

• Facteurs affectant la capacité de négociation des salariés

• Dépend de variables institutionnelles (institutions du marché du


travail)

• Syndicats et modalités de négociations collectives


• Salaire minimum
• Réglementation du licenciement…
• Caractère plus ou moins protecteur de l’assurance – chômage
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
9

1. La courbe WS

• Equation de la détermination du salaire dans le modèle


WS-PS:

− +
𝑤 = 𝑃𝑒 𝐹(𝑢 , 𝑧 )
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
10

1. La courbe WS
WS (wage setting / wage
schedule) = courbe de w/P
salaire

• Retrace l’influence du
niveau d’emploi sur la
formation des salaires

• Salaires  avec le taux


d’emploi WS

• => Courbe WS
décroissante u
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
11

2. La courbe PS

• PS = price schedule ou price setting


Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
12

2. La courbe PS

Détermination des prix ?

• Retrace comportement de marge des entreprises

P = (1 + ) w

•  = mark-up, marge du prix par rapport au coût

• Marché parfaitement concurrentiel,  = 0

• Marchés imparfaitement concurrentiels,  > 0 (p> Cm)


Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
13

2. La courbe PS
Une première représentation simplifiée

P = (1 + ) w

𝑃
=1+
𝑤

𝑤 1 1/(1+µ) PS
=
𝑃 1+𝜇

• PS = droite
horizontale dans le
repère (u, w/P) u

•   => P => w/p 


Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
14

2. La courbe PS
Autre représentation de PS
• Objectif de marge
bénéficiaire (p-w)

• => Fixation de P par les


entreprises, donc de (w/P) w/P

• Or w imposé par syndicats


PS
• En période de faible
activité, (w/P) 

• En période de conjoncture
favorable, (w/P) 

• => Courbe PS croissante

u
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
15

3. Equilibre sur le marché du travail et chômage d’équilibre


3.1. Le modèle WS-PS, une
approche en termes
d’équilibre général et de
concurrence imparfaite

w/P
• Marché du travail + marché
des biens
PS
• Agents faiseurs de prix
(price makers)
(w/P)*
• Chômage d’équilibre (taux
de chômage structurel) =
niveau de chômage qui PS
rend compatibles le niveau
de salaire réel souhaité par
Us
les salariés et celui souhaité u
par les entreprises
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
16

3. Equilibre sur le marché du travail et chômage d’équilibre

Remarques

w/P
• 1. Chômage involontaire

PS

• 2. A ne pas confondre avec


le chômage naturel
(w/P)*

PS

Us
u
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
17

3. Equilibre sur le marché du travail et chômage d’équilibre

• 3.2. De quoi le chômage structurel dépend-il?

• 2 illustrations
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
18

3. Equilibre sur le marché du travail et chômage d’équilibre

Chômage d’équilibre peut varier au cours du temps (1)

• Exemple 1 : hausse des allocations chômage


Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
19

3. Equilibre sur le marché du travail et chômage d’équilibre

Chômage d’équilibre peut varier au cours du temps (2)

• Exemple 2: législation antitrust plus stricte

w/p

PS’

1/(1+) PS

WS

Taux de chômage u
us’’ us
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
20

3. Equilibre sur le marché du travail et chômage d’équilibre


• De manière générale, le niveau de chômage structurel dépend de
plusieurs facteurs

• 1. Variables institutionnelles (institutions du marché du travail) affectant le


pouvoir de négociation des travailleurs
• Assurance-chômage
• Droit du licenciement
• Syndicats et modalités de négociations collectives

• 2. Facteurs affectant durablement les coûts des entreprises et donc leur


rentabilité
• Prélèvements obligatoires sur L et bénéfices
• Prix de l’énergie
• Taux d’intérêt réel
• Gains de productivité

• 3. Degré de concurrence sur le marché


• Réglementations de la concurrence (barrières à l’entrée)
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
21

3. Equilibre sur le marché du travail et chômage d’équilibre

• Déplacement de WS et/ou PS vers


la droite et augmentation du
chômage d’équilibre

Salaire
réel (w/p)

PS

PS’

(w/p)*

WS’
WS
U (chômage)

U* U’*
Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
22

3. Equilibre sur le marché du travail et chômage d’équilibre

• Remarques

• 1. Chômage d’équilibre difficile à mesurer

• 2. Taux de chômage structurel vs. chômage effectif


Sophie Harnay - Introduction à la politique
macroéconomique
23

4. Politiques de l’emploi et institutions du marché du travail

• Le modèle WS-PS met en lumière l’effet de certaines institutions du marché du


travail sur le niveau du chômage d’équilibre

• A partir du rapport OCDE (1994), recommandation aux pays européens de


procéder à des réformes structurelles de leur marché du travail pour faire
baisser le chômage

• Remise en cause de certaines institutions du marché du travail

• Institutions = ensemble des lois, règles et normes qui interfèrent avec le libre
fonctionnement des marchés

• 3 types d’institutions particulièrement étudiées dans la littérature économique :


• Modalités de détermination du salaire
• Modes d’indemnisation du chômage
• Règles de protection de l’emploi (LPE)

• Attention, résultats souvent contradictoires !


Introduction à la politique macroéconomique
Chapitre 2: Les prix dans un modèle macroéconomique

Antonia López-Villavicencio

Année universitaire 2023-2024 – Semestre 1


Plan du chapitre

1 Introduction

2 L’offre globale

3 La demande globale

4 L’équilibre de court et moyen terme

5 Politiques économiques

Chapitre 8 du Blanchard, Cohen, Johnson


Introduction
Le modèle en résumé

Comment sont déterminés le niveau des prix, le niveau d’emploi (chômage) et


le niveau de production ? : Nous connaissons déjà les modèles, il suffit de les
adapter : Le modèle OG-DG (AD-AS)
L’offre et la demande sur un certain marché : penser en termes agrégés
(macro) :
I La demande globale est une fonction inverse du niveau des prix :
F Si le niveau des prix augmente, le "revenu" ne peut plus acheter la même
quantité.
F Si le niveau des prix d’un pays augmente, nous préférons acheter des biens et
des services dans d’autres pays
F L’augmentation du niveau des prix entraîne une hausse du taux d’intérêt
I L’offre globale est en pente ascendante (mais pas toujours ? ? ? ?)
F Lorsque les prix augmentent, davantage de producteurs peuvent produire et
survivre
F Les bénéfices sont plus élevés, ce qui incite les producteurs
Le modèle en résumé : attention
Les facteurs entraînant un déplacement le long de la courbe
Facteurs entraînant un déplacement de la courbe
La pente de la courbe AS :
I Dans quelle mesure l’économie est-elle éloignée de la production potentielle ?
I Quelles sont les implications en termes de plein emploi ?
I Que se passe-t-il avec les salaires en conséquence d’un chômage plus élevé ?
flexibilité

Figure: PIB potentiel


Le modèle OG-DG comme extension du modèle IS-LM

Avantages du Modèle IS-LM : simplicité

Limites thèoriques du modèle IS-LM :


I Hypothèse de rigidité des prix
F Ne permet pas d’expliquer les périodes inflationnistes ou déflationnistes et les
interactions entre inflation, emploi et activité économique
F Hypothèse pertinente à court terme mais pas à moyen et long terme
I Il n’y a pas marché du travail
F Est-il vrai qu’à la suite d’un accroissement des dépenses publiques ou de l’offre
de monnaie, les entreprises aient intérêt à embaucher davantage pour accroître
leur production ?
Le modèle OG-DG comme extension du modèle IS-LM

Remise en cause des politiques keynésiennes à partir des années 70


I Modèle IS-LM était le cadre traditionnel pour penser les politiques dans
l’après-guerre : « Nous sommes tous keynésiens », Nixon, 1971
I Crise pétrolière et récession du début des années 70 : politiques keynésiennes
de demande sans effet sur l’activité économique : Stagflation : Inflation +
Chômage

Nécessité de tenir compte des facteurs d’offre et des interactions avec les
variations de prix : modèle Offre Globale - Demande Globale

Quels sont les déterminants de l’offre de biens ?


Le modèle OG-DG comme extension du modèle IS-LM

Motivation : enrichir le modèle IS/LM afin d’avoir une détermination conjointe


des prix et du produit
Courbe de demande agrégée : IS-LM
Courbe d’offre agrégée : WS-PS
Synthèse OG-DG : Explication des fluctuations des quantités et des prix
Principal apport : il arrive à intégrer la dimension des prix

Objectif : Analyser les effets de la politique macroéconomique lorsque les prix ne


sont pas fixes
La politique macroéconomique dans le modèle OG-DG

La politique monétaire expansive à long terme entraîne l’inflation. Il n’y a


pas d’effet sur les variables réelles (production, taux d’intêrét,
investissement) :
I Neutralité de la monnaie
I Mais eficacité à court terme

La politique fiscal expansive à long terme entraîne une réduction de


l’investissement privée. Effet d’evision totale
Les hypothèses

Economie fermée (soit BC = X M = 0)

Prix flexibles, salaires rigides

Variables nominales 6= variables réelles

Antonia López-Villavicencio - Introduction à la politique macroéconomique - Université Paris Nanterre - L2


L’offre globale

Antonia López-Villavicencio - Introduction à la politique macroéconomique - Université Paris Nanterre - L2


L’offre globale : définition

Relation entre offre (production, Y ) et niveau des prix sur marché des biens

Production de biens qui résulte de l’équilibre sur le marché du travail

Différent à court et à long terme :


I A court terme : Relation croissante entre niveau de production et niveau des
prix ) pente positive
F les salaires nominaux sont rigides à court terme : un niveau de prix plus élevé
entraîne des profits plus élevés et augmente le produit global
) Si " P et W̄ ) # W /P ) La baisse du coût réel du travail incite les
entreprises à embaucher davantage et à produire plus
I A longue terme : vertical
F relation entre le niveau général des prix et la quantité de produit global offert
qui existerait si tous les prix, y compris les salaires nominaux, étaient
complètement flexibles

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L’offre globale : Détermination des salaires

Des faits majeurs dans la détermination des salaires :


Dans la plupart des pays, les salaires sont négociés entre les employés et
les employeurs

Les salaires négociés sont relativement rigides à court terme, plus que les
prix

Les salariés se soucient du salaire réel anticipé (W /P e ) au cours de la


période et non du salaire nominal
) Ce qui importe est le pouvoir d’achat réel escompté pendant la période
où le salaire nominal (W ) négocié restera rigide

Ex : négociation annuelle des conventions collectives en France

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L’offre globale : Détermination des salaires

Le niveau du taux de chômage : u :


u affecte le pouvoir de négociation des salariés sur leur rémunération
I Si le taux de chômage est élevé, leur pouvoir de négociation est plus faible )
le salaire négocié W diminue

Les institutions du marché du travail : z


z peut augmentenr les opportunités extérieures à la relation d’emploi
(allocations chômage,...)
ou limitenr les ajustements de salaires (salaire minimum,...)
I Les institutions qui augmentent le pouvoir de négociation des salariés ont un
impact positif sur le salaire

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L’offre globale : Détermination des salaires et curve de
wage-setting (WS)

Possibilité de résumer l’équation de détermination des salaires en fonction du


niveau des prix, du taux de chômage, et des institutions :

W = P e F (u, z) Curve Wage Setting, WS (1)


( , +)

W
Donc : Pe = F (u, z) et relation directe entre salaire réel et emploi

La courbe WS détermine un premier salaire réel : le salaire du point de vue


des travailleurs

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L’offre globale : Détermination des prix et curve de
price-setting (PS)

Marchés non concurrentiels :


I Possibilité de fixer un prix supérieur au coût marginal (monopoles)
I Marge des entreprises mesurée par un taux de mark-up positif µ

P = (1 + µ)W Curve Price Setting, PS (2)

Les entreprises fixent le prix en appliquant une marge (µ) sur les coûts de
production unitaires

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L’offre globale : Détermination des prix et curve de
price-setting (PS)

P = (1 + µ)W
W 1
) =
P 1+µ

Cette courbe définit un “deuxième" salaire réel : celui qui rend la


production rentable pour l’entreprise qui fixe les prix

Ce salaire réel est celui utilisé pour l’entreprise pour déterminer s’il est
rentable ou non d’embaucher des travailleurs

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L’offre globale : Salaire et emploi d’équilibre, WS-PS

Représentation de l’équilibre du marché du travail : le modèle WS PS

Courbe de wage-setting (offre de travail) : W = P e F (u, z) )

W
= F (u, z)
Pe

Courbe de price-setting (demande de travail) : P = (1 + µ)W )

W 1
=
P 1+µ

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L’offre globale : Equilibre du marché du travail

En combinant les relations WS et PS :

W = P e F (u, z)
P = (1 + µ)W
)P = P e (1 + µ)F (u, z)

Relation positive entre prix fixé par les entreprises et prix anticipé par
les travailleurs :
I " P e )" W : (WS)
I " W )" P : (PS) (boucle prix-salaire)
Relation négative entre prix et chômage :
I " u )# W : (WS)
I # W )# P (PS)

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L’offre globale : Détermination

A court terme : Relation positive entre offre de biens et niveau des prix
Emploi et chômage : U
u=
L

u : taux de chômage
U : Chômeurs
L : Population active : tous ceux qui se présentent sur le marché du travail
(ou force de travail disponible)= Employés (N)+Chômeurs (U)

L=N +U

Fonction de production : il faut un travailleur pour produire une unité de


produit : Y =N

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L’offre globale : Détermination
U
u= ; Y =N
L

Et comme :
L = N + U = Employés + Chômeurs ) U = L N

On a : L N N
u= )1
L L

Et comme Y = N :
Y
u=1
L

Relation croissante entre production et emploi


Relation décroissante entre production et chômage

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L’offre globale : Détermination

A partir del modèle WS PS et l’équilibre du marché du travail : :

P = P e (1 + µ)F (u, z)

et comme :
Y
u=1
L

On a une relation croissante entre production et prix. C’est la courbe d’offre


globale :
Y
OG : P = P e (1 + µ)F (1 , z) (3)
L

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L’offre globale : Détermination

Figure: La courbe d’offre globale

W /P ) c’est le coût réel du travail (salaires que les entreprises paient en termes de biens
vendus)
Si le niveau des prix P augmente mais le salaire W reste fixe, le salaire réel W̄ /P diminue,
et le coût (réel) du travail se réduit
La baisse du coût réel du travail incite les entreprises à embaucher davantage et à
produire plus
I " P ) ) W̄ ) # W̄ /P ) " Y ) # u
Elle passe par le point A, où Y = Yn , P = P e ,et W = P e

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L’offre globale : Déplacements le long de la courbe OG

Point A : équilibre « naturel » de la production P = P e ) W /P = W /P e


Au point B :
I La production est au-dessus de son niveau naturel
I Le niveau des prix observé est supérieur au niveau des prix anticipé
I Le salaire réel observé est alors inférieur au salaire réel anticipé
I Les entreprises embauchent des chômeurs
I Y augmente

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L’offre globale : Les implications

Deux cas concernant l’évolution des prix :

1 P 6= P e

2 P = Pe

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L’offre globale : Les implications si P > P e

Si l’anticipation des prix plus bas que le prix observé

Au début de la période, les travailleurs négocient des salaires W en


anticipant des niveaux de prix, P e

Si P e trop bas par rapport aux prix véritables, P , le coût réel du travail,
W /P diminue au cours de la période
I la demande de travail s’accroît et la production aussi

Si P > P e ) W /P < W /P e ) " Emploi et Production

La production est donc une fonction croissante des prix à court terme

Le taux de chômage dépend des anticipations des prix

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L’offre globale : Les implications si P = P e

Si les travailleurs anticipent parfaitement les prix ou peuvent ajuster les


salaires

le coût réel du travail reste identique et l’emploi et la production restent à


leur niveau d’équilibre

Si P = P e ) W /P = W /P e ) Emploi et Production ne varient pas


Taux de chômage d’équilibre lorsque P = P e

Taux de chômage indépendant des anticipations des prix

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L’offre globale : Production d’équilibre

Production= Niveau «naturel»= PIB potentiel


d’équilibre de production

Niveau de production Yn qui correspond à l’emploi d’équilibre et donc au


chômage d’équilibre un

A moyen/longue terme : Anticipation correcte des prix et ajustement des


salaires nominaux W par rapport aux variations des prix : W /P reste
constant
Emploi (N) et production (Y ) inchangés suite à une modification de P

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L’offre globale : détermination de l’inflation

Y
OG : P = P e (1 + µ)F (1 , z)
L

OG : l’inflation dépend de trois facteurs

1 des anticipations futures d’inflation p e par les firmes dans l’économie,


2 de l’écart de production (Y Y p ) : la différence entre la production réelle
actuelle et la production potentielle de long terme
3 de chocs d’offre exogènes : tous les autres facteurs touchant l’appareil
productif qui vont favoriser une variation des prix

I un choc sur le prix des matières premières


I une hausse des salaires
I une hausse de la fiscalité des entreprises

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L’offre globale : Déplacements de la courbe

Y
OG : P = P e (1 + µ)F (1 , z)
L

Déplacements le long de la courbe OG : si P > P e ) " Y

Déplacements de la courbe OG : Modifications des bénéfices des


producteurs et des prix anticipés. Trois grandes catégories :
1 Les chocs sur la capacité productive de l’économie : 1 Y
L

2 Les chocs sur la formation des prix : z, µ


3 Les anticipations de prix

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L’offre globale : Déplacements de la courbe

(1) Les chocs sur la capacité productive de l’économie

Y
(OG ) : P = P e (1+µ)F (1 , z)
L

Rélation positive entre les prix et le PIB : Y : PIB observé

L = Y ⇤ : PIB potentiel, interprété comme le niveau maximum de production que


peut atteindre une économie (situation de plein emploi)
Attention : une hausse de la productivité ) " PIB potentiel

une hausse de Y (à Y ⇤ donné) : plus de tension inflationniste

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L’offre globale : Déplacements de la courbe

(2) Les chocs sur la formation des prix :

Y
(OG ) : P = P e (1 + µ)F (1 , z)
L

paramètres z et µ :

I Exemple : une hausse du pouvoir de monopole des syndicats ou des entreprises

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L’offre globale : Déplacements de la courbe

(3) Anticipations des prix :

Y
(OG ) : P = Pe (1 + µ)F (1 , z)
L

Si les travailleurs s’attende à une hausse importante du niveau général des


prix :
I revendications salariales importantes
I pression à la hausse sur les coûts de production
I entreprises réduisent leur production

Antonia López-Villavicencio - Introduction à la politique macroéconomique - Université Paris Nanterre - L2


L’offre globale : Déplacements de la courbe. Synthèse

Choc d’offre négatifs : augmentation du prix du pétrol, hausse du prix des


facteurs de production

Chox d’offre positif : hausse de la productivité

Certains impôts, hausse des coûts de production

Variations du salaires nominaux

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L’offre globale : Déplacements de la courbe. Hausse de p e

Une hausse du niveau anticipé des prix déplace la courbe d’offre globale vers
le haut
Inversement, une baisse du niveau anticipé des prix déplace la courbe d’offre
globale vers le bas
Antonia López-Villavicencio - Introduction à la politique macroéconomique - Université Paris Nanterre - L2
L’offre globale : Déplacements de la courbe. Hausse de p e

Example 1. Les effets d’un choc d’offre négatif ) hausse des prix du pétrole

Un coût de production plus important pour les firmes qui vont alors
augmenter leurs prix de vente

Inflation et en conséquence diminution du PIB réel (Y /P)

Amène à réduire l’activité des entreprises

Chômage

OG vers le haut/gauche : même niveau de production avec des prix plus élevés

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L’offre globale : Déplacements de la courbe. Hausse de p e
Example. Hausse du prix du pétrole

Dégrade les conditions de productions et impose une accélération de


l’inflation pour maintenir les profits à production constante
La courbe d’offre se déplace vers la gauche
Antonia López-Villavicencio - Introduction à la politique macroéconomique - Université Paris Nanterre - L2
L’offre globale : Déplacements de la courbe. Hausse de la
productivité
Y
(OG ) : P = P e (1 + µ)F (1 , z)
L

réduit les coûts de production


réduit les prix
" les firmes sont disposés à offrir la même quantité de produit sur le marché,
mais à un prix inférieur
Déplacement de l’offre vers la droite
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L’offre globale : Déplacements de la courbe. Synthèse

Changements dans la courbe d’offre globale agrégée à court terme :

à droite, si l’effet est positif sur l’offre globale, c’est-à-dire s’il augmente

à gauche, si l’effet est négatif, c’est-à-dire s’il diminue

Antonia López-Villavicencio - Introduction à la politique macroéconomique - Université Paris Nanterre - L2


La demande globale

Antonia López-Villavicencio - Introduction à la politique macroéconomique - Université Paris Nanterre - L2


La demande globale : Définition

Courbe indiquant la quantité de biens et services demandés par l’économie à


chaque niveau de prix

Elle découle des conditions d’équilibre sur les marché des biens et de la
monnaie, décrites par le modèle IS LM
I Demande de biens compatible avec l’équilibre sur le marché monétaire

) Relation décroissante entre demande globale et prix

Antonia López-Villavicencio - Introduction à la politique macroéconomique - Université Paris Nanterre - L2


La demande globale : Construction

Dans IS-LM, P est fixe :

(IS) : Y = C (Y T ) + I (Y , i) + G
= C0 + c(Y d T ) + I0 bi + G

Ms Md
(LM) : = = YL(i) = gY hi
P P

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La demande globale : le prix ne sont plus fixes

On considère une hausse du niveau des prix de P à P 0 (P 0 > P)


LM :
M
(LM) : = YL(i) = gY hi
P

I Si le niveau des prix augmente ) le stock réel de monnaie M/P diminue


I Lorsque M/P diminue, le taux d’intérêt augmente (LM se déplace vers le haut)
IS
(IS) : Y = C0 + c(Y d T ) + I0 bi + G

I la production Y dépend négativement du taux d’intérêt


I Si le taux d’intérêt augmente ) le coût de l’emprunt finançant
l’investissement sera plus élevé ) # I
La hausse du niveau des prix entraîne une baisse du produit global

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Y = Y (M/P, G , T )
(+, +, )

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Rélation de demande globale :

DG : Y = Y (M, P, G , T )
+, , +,

Attention :
Pour une politique monétaire et budgétaire donnée, une hausse du niveau
des prix entraîne une baisse du produit global

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La courbe DG. Caractéristiques :
Déplacements le long de la courbe DG : variations des prix :
I " P ) # M/P ) " i ) # I

Déplacements de la courbe DG : changement des autres facteurs (autre


que P) déplacant les courbes IS ou LM
I Politique monétaire : Variations de l’offre de monnaie (M)
I Politique fiscal. Choc de demande : Variations de G
I Modification des anticipations : entraine une modification de la
consommation, de l’investissement privée
I etc.

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Exemple. Réduction de l’offre de monnaie :

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Exemple. Hausse de dépenses publiques

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Déplacement de la courbe DG : Les effets des chocs (1)

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Déplacement de la courbe DG : Les effets des chocs (2)

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L’équilibre de court et moyen terme

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Définition d’équilibre
Les relations d’offre et de demande globales sont représentées par les équations
suivantes :

Y
OG : P = P e (1 + µ)F (1
, z)
L
) offre de biens compatibleavec l’équilibre sur le marché du travail
DG : Y = Y (M/P, G , T )
) demande compatibleavec l’équilibre sur le marché de la monnaie

à court terme lorsque la quantité totale de produit offert est égale à la


quantité demandée
I Intersection OG et DG : équilibre simultané sur les marchés des biens, du
travail et de la monnaie
à long terme courbe d’offre verticale
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L’équilibre de court terme

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Conclusion à court terme :

Choc de demande négatif se traduit à court terme par une baisse de la


production et des prix

Choc d’offre négatif se traduit à court terme par une baisse de la production
mais une hausse des prix

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Equilibre de moyenne terme

Si les prix observés sont égaux aux prix anticipés, l’économie se trouve à son
équilibre naturel

Si les prix observés sont différents des prix anticipés, l’économie atteint un
équilibre de court terme, mais rejoint l’équilibre naturel à moyen terme

Etude du mouvement de la production au cours du temps dépend de la


formation des anticipations
I on suppose que les agents économiques forment leurs anticipations sur les prix
à partir du passé : Pte = Pt 1

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Equilibre de moyenne terme : les anticipations

Les relations d’offre et de demande globales deviennent :

Y
OG : Pt = Pt 1 (1 + µ)F (1 , z)
L
DG : Yt = Y (M/Pt , G , T )

Attention : Les paramètres (µ, z) et les variables exogènes (L, M, G et T ) ne


comportent pas d’indices ) constants

Dynamique : évolution de la production au cours du temps ) Inflation

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Equilibre de moyenne terme : anticipations et inflation
Dynamique : Courbe en t, t + 1, t + 2,... :

A la période t, supposons que la production agrégée soit au-dessus de son niveau


d’équilibre (A)
Evolution offre globale
I niveau des prix > niveau anticipé ) révision à la hausse des anticipations de
prix pour l’année t + 1 ) Négociation à la hausse des salaires ) Déplacement
vers le haut de la courbe d’offre globale
Pour un même niveau de prix, offre inférieure si coût de production plus
élevé

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et la demande globale ? :

Hausse des prix conduit à une réduction de la quantité réelle de monnaie


(M/P)
DG : Yt = Y (M/Pt ; G ; T )

Le taux d’intérêt augmente pour rééquilibrer le marché monétaire (ISLM slide


50)

baisse de I et de la DG ) Déplacement le long de la courbe de DG et non


de la courbe elle-même (on suppose que M, G et T sont constants, slide 49)

Baisse de la production globale et augmentation des prix : Inflation

La baisse de la production Y se prolonge tant que la production est


supérieure à son niveau d’équilibre et les prix anticipés inférieurs aux prix
réels, jusqu’au retour à la production d’équilibre

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Equilibre de moyenne terme : L’effet de la production
d’équilibre

A court terme, la production agrégée peut-être au-dessus ou au-dessous de


son niveau d’équilibre

Mais à moyen terme, la production revient à son niveau d’équilibre, du fait de


l’ajustement des prix et des salaires

Vitesse d’ajustement dépend de la flexibilité des prix et des salaires, et de la


formation des anticipations de prix

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Equilibre de longue terme : production à son niveau naturel
A longue terme : la courbe OG passe toujours par le point auquel, si la
production est égale à son niveau naturel, les niveau des prix est égal au niveau
anticipé

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Equilibre de longue terme : production à son niveau naturel
La courbe OG passe toujours par le point auquel, si la production est égale à
son niveau naturel, les niveau des prix est égal au niveau anticipé

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Politiques économiques

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Les effets de la politique macroéconomique

La politique budgétaire

La politique monétaire

Nécessité de tenir compte des ajustements de prix

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La politique budgétaire
Politique budgétaire de rigueur (réduction des dépenses publiques G ou hausse
des impôts T ) :
Économie part de son niveau d’équilibre Yn
A court terme : # de G ) déplacement vers la gauche de DG et de Y (De
A à A0 )
I Prédiction conforme au modèle IS-LM
A moyen terme : Tant que Y < Yn la courbe OG (AS) se déplace vers le
bas
I Mécanisme d’ajustement par les prix : # des P ) # des revendications
00
salariales et # des salaires => retour à Y = Yn (De A0 à A )

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La politique budgétaire : cas de une réduction du déficit
budgétaire

La production est revenue à son niveau d’équilibre, mais le niveau du taux


d’intérêt i est plus bas après la réduction du déficit
I la baisse des prix conduit à une hausse de la quantité réelle de monnaie :
DG : Yt = Y (M/Pt ; G ; T )
I le taux d’intérêt baisse pour rééquilibrer le marché monétaire (ISLM)
Mécanisme : baisse des prix ) déplacement vers le bas de la courbe LM )
modification de la composition de Y : " I dans les mêmes proportions que la
# de G
I Y =C +I +G
I Donc pas de modification de la production

Et une politique budgétaire expansioniste ?

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La politique monétaire
Politique monétaire expansionniste (hausse de l’offre monétaire) :
Économie part de son niveau d’équilibre Yn
A court terme : " de M ) déplacement vers la droite de la courbe DG et "
de Y (De A à A0 )
A moyen terme : Ajustement par les prix : " de P ) " des revendications
salariales et " des salaires
déplacement vers le haut de la courbe OG => retour au niveau Yn
Conséquence : niveau de la production n’a pas changé à moyen terme, mais
niveau des prix a augmenté dans les proportions de l’expansion monétaire

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La politique monétaire : la neutralité de la monnaie

Remarque 1 : : La transition de A0 à A00 peut prendre un certain temps,


donc une politique monétaire peut quand même être utile

Remarque 2 : A MT, la hausse de la masse monétaire se répercute


totalement dans une hausse proportionnelle des prix. Elle n’a aucun effet sur
la production ni sur le taux d’intérêt= neutralité de la monnaie

Neutralité de la monnaie : la politique monétaire ne peut pas soutenir en


permanace une production supérieure au niveau naturel

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La politique monétaire contractionniste

Exemple. La BCE décide d’augmenter le taux directeur


Si, par example, la BCE observe une hausse des anticipations d’inflation
ce qui diminue la demande est donc fait déplacer AD vers le bas créant un
choc négatif
le PIB réel diminue tout comme l’inflation

Attention : Il est coûteux en termes de point PIB de lutter contre l’inflation si


l’on s’en tient au modèle OG-DG

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Introduction à la politique macroéconomique
Chapitre 5: La politique monetaire

Antonia López-Villavicencio

Année universitaire 2023-2024 – Semestre 1


Plan du chapitre

1 Introduction

2 Inflation et le taux d’inflation optimal

3 La conduite de la politique monétaire

4 Annexe : questions suggérées


Introduction
Les objectifs de la politique monétaire

la stabilité des prix : politique monétariste

le plein emploi : tradition keynésienne

Les poussées inflationnistes du début des années 1970, jointes à un recul dans la
création d’emploi (la stagflation), incite les autorités monétaires à abandonner la
vision keynésienne et à opter pour une politique monétariste : contrôler avant
tout la masse monétaire pour juguler l’inflation

,! déléguèr la gestion des fluctuations de l’économie à la banque centrale, les


politiques budgétaires jouant un rôle moins important
Comment ? : 3 régimes monétaires
Contrôler avant tout la masse monétaire pour juguler l’inflation
I ralentir le taux de croissance de la masse monétaire, ce qui devrait ralentir le
taux d’inflation

Programmes de stabilisation basés sur les taux de change


I La fixité du taux de change est utilisée comme une contrainte externe que
s’impose les pays pour réussir la désinflation

Cible d’évolution de l’inflation


I Permet d’ancrer les attentes d’inflation ainsi que les décisions en matière
d’économie et de politiques

Débat sur l’efficacité de chaque régime


Figure: Taux d’inflation et taux d’intérêt. France
Figure: Taux d’inflation et taux d’intérêt. Quel lien ? France, 1950-2020
Figure: Taux d’inflation. France, 2001-2022
La politique monétaire actuelle
La politique monétaire actuelle

Durant les années 1990 les BC ont adopté cibles d’inflation

Objectif principal de politique monétaire : inflation faible et stable

Meilleure façon d’atteindre cet objectif : suivre une règle de taux d’intérêt,
directement contrôlé, et qui doit réagir aux variations de l’inflation, et
éventuellement de l’output gap
I le ciblage d’inflation permettrait à la fois de garder une inflation faible et
stable et de minimiser l’output gap

règle vs discrétion

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La politique monétaire actuelle : Règles vs discrétion

Définitions :

Politique monétaire discrétionnaire : banque centrale agit ou réagit sur les


marchés financiers au coup par coup, en analysant à chaque fois la situation
et en prenant les mesures qui lui semblent appropriées à chaque cas
,! flexibilité
,! politiques difficilement anticipables

Règle de politique monétaire : la politique monétaire se fonde sur


l’application d’un principe choisi pour être mis en vigueur pendant un certain
nombre de périodes (ou dans un certain nombre de cas)
,! politiques anticipables

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Les règles de politique monétaire : éviter l’incohérence
temporelle

Example 1 : une crise financière et bancaire (2007-2008)


Ex ante : Il est optimal de considérer que les banques qui prennent de trop
gros risques, et ainsi mettent en danger le système dans son ensemble ne
seront pas soutenues si elles se trouvent en difficulté, afin d’éviter l’aléa moral

Ex post : une fois qu’elles sont vraiment en difficulté, il est optimal de les
soutenir afin d’éviter une panique bancaire.

,! problème d’incohérence temporelle des choix de politique économique

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L’incohérence temporelle
Example 2 : La politique monétaire

Ex-ante : La BC s’engage à maintenir une faible cible d’inflation


Ralentissement économique : le gouvernement cherche à stimuler l’économie
en période de récession ) politique monétaire expansionniste : La BC baisse
le taux d’intérêt

Ex-post : une fois que l’économie commence à se redresser, la banque


centrale est confrontée à un dilemme entre la poursuite de la politique
expansionniste pour maximiser l’emploi à court terme et le fait de dévier de
son engagement initial en faveur de la stabilité des prix
,! ’à court terme, la banque centrale peut privilégier la réduction du
chômage (tentation de dévier et maintenir les taux d’intérêt bas)
,! Impact sur les attentes : si les individus et les marchés estiment que la
banque centrale est susceptible de dévier de son engagement, cela peut
influencer leur comportement. Par exemple, les entreprises peuvent anticiper
une inflation plus élevée à l’avenir et ajuster en conséquence leurs
décisions en matière de prix et d’investissement

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L’incohérence temporelle

Il est avantageux pour un joueur de ne pas respecter ses engagements

Stratégie qui peut marcher à court terme

Cependant les acteurs économique s’y adaptent rapidement ce qui a alors


pour conséquence une hausse du chômage et de l’inflation : une politique
monétaire active qui stimule la croissance et baisse le chômage finit
par être inefficace à long terme

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L’incohérence temporelle : définition

lorsqu’une décision choisie de manière optimale pour une date future n’est
plus optimale lorsque cette date arrive

Solution. Pour éviter l’incohérence temporelle :


Règles plutôt que des politiques discrétionnaires (Kydland et Prescott)
Indépendance des banques centrales : crédibilité afin d’ancrer les anticipations

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L’objectif de 2% d’inflation

Lorsque les prévisions d’inflation sont supérieures ou inférieures à cet objectif,


la banque centrale peut réagir afin d’ajuster le niveau de la demande agrégée
et de l’emploi de façon à orienter l’économie vers la cible de 2% :
I Lorsqu’elles ont la possibilité, les banques centrales utilisent les variations du
taux d’intérêt directeur comme leur instrument de politique monétaire pour
stabiliser l’économie

La politique monétaire repose sur la capacité de la banque centrale à contrôler les


taux d’intérêt et sur le fait que la variation des taux d’intérêt influence par la
suite la demande agrégée :

Comment ? : les canaux de transmission de la politique monétaire

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Régime monétaire de ciblage d’inflation

Quelles sont les exigences ?


1 Banque centrale capable de mener une politique monétaire avec un certain
degré d’indépendance
,! Libre de choisir les instruments
,! Les considérations de politique fiscale ne doivent pas dicter la politique
monétaire
2 Volonté et la capacité des autorités monétaires de ne pas cibler d’autres
indicateurs, tels que les salaires, le niveau d’emploi ou le taux de change.

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Table: Inflation effective et cible. 2015
Cible
Pays Inflation Limite inférieure Limite supérieure
Australia 1.5 2 3
Brazil 9.0 2.5 4.5
Canada 1.1 1 3
Chile 4.3 2 4
Colombia 5.0 2 4
Czech Republic 0.3 1 3
India 4.9 8
Indonesia 6.4 3 5
Israel -0.6 1 3
Japan 0.8 2
Mexico 2.7 2 4
New Zealand 0.3 2 4
Norway 2.2 2.5
Peru 3.5 1 3
Philippines 1.4 3 5
Poland -0.9 1.5 3.5
Romania -0.6 2 4
South Africa 4.6 3 6
Korea 0.7 2.5 3.5
Sweden 0.7 2
Thailand -0.9 1 4
Turkey 7.7 3 7
United Kingdom 0.1 2

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Régime monétaire de ciblage d’inflation. Qu’en est-il de la
BCE ?

La Nouvelle-Zélande a été le premier pays à adopter le ciblage d’inflation, en


1990-1991
Selon la définition de l’objectif du cible de d’inflation :

1 la stabilisation de l’inflation est le seul objectif de la banque centrale


2 caractérisé par l’annonce publique d’une cible quantitative officielle
d’inflation
La BCE ne cible pas l’inflation mais elle vise un taux annuel d’inflation inférieur
à, mais proche de 2% à moyen terme, tel que mesuré par l’indice des prix à la
consommation harmonisé (IPCH)
Une plus grande importance est accordée à l’objectif de stabilité des prix
qu’à l’objectif de faible niveau de chômage

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Les défis de la politique monétaire : la déflation
Et après la crise de 2008 ? : Les défis de la politique monétaire en cas de
déflation

Figure: Taux d’inflation après la crise 2008

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Les défis de la politique monétaire : la déflation et la trappe
à liquidité

Deflation après la crise 2008

Avec la crise on a réévalué la politique monétaire


Du moins, de nouvelles questions ont été ouvertes :
I une bonne politique monétaire permet-elle d’éviter la trappe à liquidité
F Situation "normale" : " la masse monétaire ) # taux d’intérêt ) " I
F Trappe à liquidité : " la masse monétaire ) taux d’intérêt trot faible ) les
individus préfèrent détenir du liquide plutôt que d’acheter des obligations. La
hausse de l’offre de monnaie n’a donc aucune influence sur le taux d’intérêt

I si on se trouve en trappe à liquidité, la politique monétaire peut-elle permettre


d’en sortir ?
I quel doit-être le mandat des banques centrales ? doivent-elles se concentrer sur
le niveau des prix (et éventuellement l’output gap) ou doivent-elles s’inquiéter
du prix des actifs ? si oui, de quels instruments disposent-elles ?

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Les défis de la politique monétaire : la trappe à liquidité

ISLM : Graphique pour la trappe à liquidité

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Les défis de la politique monétaire : et le retor de l’inflation
Inflation depuis quelques années
Les prix de l’énergie ont grimpé en 2021 et devraient rester élevés en 2022 et
2023, aggravant les pressions inflationnistes mondiales et risquant de déplacer la
croissance économique des pays importateurs d’énergie vers les pays exportateurs
d’énergie.

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Mais inflation depuis quelques années

Quel type de politique monétaire sera mis en oeuvre ?

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L’inflation

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Quelques définitions : Inflation

Inflation :

IPCt IPCt 1 PPIt PPIt 1


I ⇡= IPCt 1
⇥ 100 ; ⇡ = PPIt 1
⇥ 100
I Perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation
générale et durable des prix.
I Taux d’inflation positif
I Phénomène qui frappe l’économie nationale dans son ensemble, sans
discrimination entre les catégories d’agents
I Pour évaluer le taux d’inflation, l’INSEE utilise l’indice des prix à la
consommation (IPC)

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Quelques définitions : Inflation. Catégories

1 Inflation des actifs : les actions, l’or, le pétrole, l’immobilier, etc.


l’inflation des actifs peut certainement être préjudiciable à l’économie )
2 Inflation des salaires : la rémunération des travailleurs augmente plus
rapidement que leur coût de la vie
3 Stagflation : inflation qui se produit pendant une récession. Cette forme
d’inflation implique une forte inflation ainsi que des niveaux élevés de
chômage et une croissance économique minimale. Phénomène anormal
4 Inflation de base (core) : L’inflation de base est l’augmentation du prix de
tous les biens/services à l’exception de l’énergie et de l’alimentation

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Quelques définitions : Déflation, désinflation

Inflation zéro :
I Un niveau des prix constant d’une année sur l’autre signifie que l’inflation est
égale à zéro

Déflation :
I Gain du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une diminution
générale et durable des prix.
I Taux d’inflation négatif

Désinflation :
I La baisse de l’inflation.
I Taux d’inflation positif mais qui baisse

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Hyperinflation : inflation qui dépasse les 50% par mois.
I Exemples d’hyperinflation : Allemagne, Autriche, Hongrie, Pologne
(1921-1925), Argentine, Turquie, Venezuela

Pouquoi ?

Lorsque le gouvernement (ou plutôt la banque centrale) imprime trop de


monnaie, les prix montent
Dans certains cas/pays l’hyperinflation est générée par des déficits excessifs :
I Quand l’Etat augmente la masse monétaire pour financer ses dépenses, il lève
un « impôt inflation »
I L’impôt inflation est comme une taxe imposée sur tous ceux qui détiennent
des liquidités

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Figure: Quelques chiffres

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Figure: Quelques chiffres

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Objectifs du chapitre : Ce que vous avez déjà appris :

À CT, la politique monétaire a un effet sur Y , i et E . A travers les effets sur


i et E , elle affecte la composition du produit. Chapitre 1 : IS-LM

A MT et LT, les prix s’ajustent et la politique monétaire laisse la production


et l’emploi inchangés. Chapitre 3 : OG-DG

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Ce que vous avez déjà appris : Dans le modèle OGDG, l’inflation est due à

Une augmentation du pouvoir de négociation des entreprises face aux


consommateurs : une moindre concurrence, ce qui permet aux entreprises de
fixer une marge plus élevée ) déplacement vers le bas de la courbe des prix

D’une augmentation du pouvoir de négociation des travailleurs face aux


entreprises : cela leur permet d’obtenir un salaire plus élevé en échange de
leur grande implication dans leur travail

A LT : Politique monétaire, fiscale expansives

Y
OG : Pt = Pt 1 (1 + µ)F (1 , z)
L
DG : Yt = Y (M/Pt , G , T )

Ce que vous devez savoir : comment les courbes évoluent


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Ce que vous apprendrez dans ce chapitre :

Section 2 : Inflation et le taux d’inflation optimal


I Quel est le lien entre taux d’intérêt et taux d’inflation ?
I Que signifie le taux d’intérêt réel ?
I Quel est le problème posé par l’inflation ? et la déflation ?

Section 3 : La conduite de la politique monétaire


I Les stratégies de la Banque Centrale : croissance monétaire, cible d’inflation
I Divine coincidence
I Règle de Taylor
I La transmission de la politique monétaire
I La trappe à liquidité et la politique monétaire après 2008

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Inflation et le taux d’inflation optimal

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La rélation entre taux d’intérêt et inflation
Les banques centrales utilisent les variations du taux d’intérêt directeur
comme leur instrument de politique monétaire pour stabiliser l’économie
La variation des taux d’intérêt influence par la suite la demande agrégée
(canaux de transmition)
Mais c’est le taux d’intérêt réel qui affecte les dépenses :
I Lorsque la banque centrale fixe le taux directeur, elle le fixe en termes
nominaux
I En fixant un certain taux nominal, elle vise en réalité un taux d’intérêt réel
spécifique et elle prend donc en compte, pour ce faire, l’effet de l’inflation
anticipée

i )I )P )r

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La rélation entre taux d’intérêt et inflation

Taux d’intérêt nominal : taux effectivement convenu et payé, i


I taux que les propriétaires d’un bien immobilier paient sur leur crédit
hypothécaire
I taux qu’une banque verse aux épargnants sur leurs dépôts

,! Si vous êtes le prêteur, le taux d’intérêt indique combien de dollars vous


recevrez à l’avenir en renonçant à utiliser 1 euro aujourd’hui

Taux d’intérêt réel : pouvoir d’achat de la monnaie obtenu par un


placement, r
,! Si vous êtes un prêteur, ce que vous voulez réellement savoir c’est quelle
quantité de biens vous recevrez plus tard en contrepartie des biens que vous
ne consommez pas aujourd’hui

Les ménages et les entreprises prennent des décisions basées sur les taux
d’intérêt réels

Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal- inflation


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Figure: Inflation, taux d’intérêt. France

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La rélation entre taux d’intérêt et inflation. Exemple
Un épargnant dépose 1000 euros sur un compte pour une année et reçoit un taux
d’intérêt nominal de 2, 5%

Au bout d’un an, il a donc 1025 euros à sa disposition : (1000 ⇥ 0.025) + 1000

Si, cependant, les prix ont augmenté de 3% pendant cette même année, alors
il aura besoin de 1030 euros pour acheter les mêmes biens ou services qui lui
auraient coûté 1000 euros un an plus tôt

Dans ce cas, le rendement réel de cette épargne est en fait négatif :


3 2, 5 = 0, 5%. Tel est donc le taux d’intérêt réel

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L’effet de Fischer
Rappelons que :
L’effet de la masse monétaire sur les prix : la neutralité de la monnaie,
une augmentation de la masse monétaire n’affecte pas le PIB , mais
seulement l’inflation générale :
M P
= =⇡
M P

Implication : L’inflation est liée à la croissance de la masse monétaire et


uniquement à celle-ci ("l’inflation est partout et de tout temps un phénomène
monétaire", Friedmann)

L’effet de la masse monétaire sur les taux nominaux : Une augmentation


de la masse monétaire impacte le taux d’intérêt nominal (i) mais est
totalement neutre sur le taux d’intérêt réel (r ).
Implication : La politique monétaire est totalement neutre sur le taux
d’intérêt réel. Ce taux réel indépendant de la banque centrale est appelé taux
d’intérêt naturel (¯
r)

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Quel lien entre taux d’interêt, masse monétaire et inflation ? L’effet de Fischer :

i = r¯ + ⇡ e

La prémisse sous-jacente de l’effet Fisher est que les investisseurs ne prêteront


de l’argent que s’ils reçoivent un retour sur investissement adéquat :

Si l’inflation est élevée, les investisseurs exigeront des taux d’intérêt


nominaux plus élevés pour les compenser pour l’érosion du pouvoir d’achat
de leur argent

À l’inverse, si l’inflation est faible, les investisseurs seront disposés à accepter


des taux d’intérêt nominaux plus bas

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L’effet de Fischer :

i = r¯ + ⇡ e

Implication : L’inflation dépendant de la croissance de la masse monétaire, la


banque centrale devra accommoder son taux nominal : elle n’a pas le contrôle à
long-terme du taux nominal, excepté via le contrôle de l’inflation.
Les attentes de l’inflation sont cruciales :
Les taux d’intérêt nominaux augmenteront par le taux d’inflation prévu

Si les attentes de l’inflation sont faibles, les taux d’intérêt resteront


également bas.

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L’effet de Fischer :

i = r¯ + ⇡ e

Le rôle de la politique monétaire :

En ajustant la masse monétaire et en fixant des taux d’intérêt, ils peuvent


influencer les attentes de l’inflation et les taux d’intérêt réels.

Cependant, les banques centrales doivent équilibrer leur désir de contrôler


l’inflation avec leur besoin de soutenir la croissance économique, ce qui peut
être difficile.

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L’effet de Fischer :

i = r¯ + ⇡ e

Les taux nominaux varient alors exactement comme l’inflation, avec des
hausses-baisses de 1 pour 1.
Implication : Pour contrôler à long-terme le taux nominal, la BC doit contrôler
l’inflation anticipée :

Une politique monétaire restrictive fera baisser l’inflation, et donc le taux


d’intérêt nominal
M P
+ =+ =+ ⇡ )+ i
M P

Un taux d’intérêt bas est le signe que la politique monétaire a été restrictive

Une politique accommodante aura l’effet inverse

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Les coûts de l’inflation
Hors des cas d’hyper-inflation, qui ne concernent pas les pays développés
directement, on peut distinguer, entre autres, les coûts suivants d’une inflation
élevée

1 distorsions fiscales

2 illusion nominale

3 volatilité de l’inflation

4 redistribution arbitraire des richesses

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1. Les coûts de l’inflation : Distorsions fiscales

L’inflation génère des distorsions fiscales car les régimes fiscaux sont
essentiellement basés sur des variables nominales et non réelles
Exemple 1 :
I vous achetez une maison 50000e
I si dans 10 ans vous la revendez 50000(1 + ⇡)10 alors la plus value réelle
réalisée est nulle
I si l’état taxe les plus value à hauteur de 30% :
F si ⇡ = 0 pas de plus value nominale, imposition nulle
F si ⇡ = 4%, plus value de 24012e soit 7203e d’impôts à payer

50000(1 + 0.04)10 = 74012, 21


74012 50000 = 24012
24012 ⇥ 0.30 = 7203

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2. Les coûts de l’inflation : Illusion nominale (monétaire)
Confusion entre les variables nominales et les variables réelles
,! Comportement par lequel un agent économique confond une variation du
niveau général des prix avec une variation des prix relatifs.

Exemple : quand son salaire augmente de 2%, l’individu pense s’enrichir or si


les prix sur la période ont augmenté de 3%, il s’est en réalité appauvri

L’illusion monétaire consiste donc à raisonner à partir des valeurs nominales


de l’économie et non des valeurs réelles

Un agent est victime d’illusion monétaire s’il pense que seul son salaire a
augmenté (variation d’un prix relatif) en cas de hausse générale des prix,
c’est-à-dire d’inflation

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3. Les coûts de l’inflation : La volatilité de l’inflation

Une inflation plus élevé est aussi souvent plus volatile


Cela correspond à une augmentation du risque sur les actifs proposant un
rendement fixe
Exemple :
I Imaginez une obligation qui rapporte 10000e dans 5 ans
I Si l’inflation est stable, on connait facilement la valeur réelle de 10000e dans 5
ans
I Si l’inflation est très volatile, c’est plus compliqué

En période d’inflation volatile, une prime de risque va être exigée par les
agents ) effet négatif sur I

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4. Les coûts de l’inflation : Transfert de la richesse des créanciers aux
débiteurs

La valeur de la dette dépend du taux d’intérêt

Dette nominal
Dette reel =
Inflation

L’nflation élevée enrichit les débiteurs au détriment des créanciers (et


inversement) : redistribution de richesse en faveur des débiteurs (généralement
les plus pauvres de la population) au détriment des créditeurs (généralement les
plus riches de la population)

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Les avantages de l’inflation

1 Seigneuriage

2 Taxe inflationniste

3 Taux d’intérêts réels négatifs

4 illusion nominale

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1. Les avantages de l’inflation : Seigneuriage

Créer de la monnaie est un moyen de financer les dépenses publiques

Dans la pratique, la Banque Centrale achète, via la création monétaire, les


bons du trésor émis par le gouvernement pour financer ses dépenses

Dans les faits, les possibilités de seigneuriage jouent peu dans le débat entre
cible à 2% ou 4% dans les pays de l’OCDE

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2. Les avantages de l’inflation : Taxe inflationniste

La dette est libellée en valeur nominale

Si les prix augmentent, le PIB nominal augmente

Le ratio Dette/PIB diminue sans action spécifique du gouvernement

On parle de taxe inflationniste car si l’inflation a bénéficié aux agents


endettés, elle a affecté tous les détenteurs nets de richesse

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3. Les avantages de l’inflation : Réduction du taux d’intérêts

r =i ⇡

Si ⇡ est suffisamment élevé, des taux d’intérêts nominaux faibles peuvent


mener à des taux réels negatifs

Si l’inflation est a 0, on a des taux réels qui peuvent, au plus bas, être a 0
(hors cas particulier de taux nominaux négatifs)

plus ⇡ est faible, plus le plancher sur r est élevé, et plus la marge de
manoeuvre de la politique monétaire pour réduire r est faible (exemple de
la politique monetaire pendant la crise)

Une cible plus élevé libere alors des marges de manoeuvre

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Exemple. Les arguments en faveur d’une inflation de 4% (L. Ball, 2013)
De nombreuses banques centrales visent un taux d’inflation proche de 2%
Mais un objectif de 4% atténuerait les contraintes sur la politique monétaire
découlant de la limite à zéro des taux d’intérêt (nominal) :
I r ⇤ : niveau à long terme du taux d’intérêt réel
⇡ ⇤ : objectif d’inflation
I Supposons que r ⇤ = 2% et ⇡ ⇤ = 2% et récession ) la BC réduit les taux
d’intérêt

I Le taux nominal initial : i = r ⇤ + ⇡ ⇤


I La BC peut réduire i de r ⇤ + ⇡ ⇤ = 2% + 2% = 4%
I si ⇡ = 4%, alors la BC peut réduire de 6%

Un objectif d’inflation plus élevé implique que les taux peuvent baisser
davantage, ce qui rend plus probable le rétablisment du plein emploi

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4. Les avantages de l’inflation : L’illusion monétaire

L’illusion monétaire est le comportement par lequel un agent économique


confond une variation du niveau général des prix avec une variation des prix
relatifs.

I Exemple : un agent est victime d’illusion monétaire s’il pense que seul son
salaire a augmenté (variation d’un prix relatif) en cas de hausse générale des
prix, c’est-à-dire d’inflation
I L’illusion monétaire consiste donc à raisonner à partir des valeurs nominales de
l’économie et non des valeurs réelles

Comme les agents sont victimes de l’illusion monétaire, celle-ci peut-être


utilisée pour réduire le coût réel du travail

,! ajustements, sans réduction explicite des salaires (nominaux)

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Et pour la déflation ? :
La déflation procure aux ménages un gain de pouvoir d’achat. A priori, on
pourrait penser que cela est bon pour la consommation et donc pour l’activité
économique et la croissance. Or, la déflation :

1 La déflation augmente le taux d’intérêt reel (r = i ⇡) ) " le coût réel de


la dette

I Dégradation de la situation financière des particuliers et institutionnels qui


ont recours à l’emprunt

2 Incite les ménages à reporter leurs décisions d’achats ) # la


consommation globale ) " stocks des entreprises

I Effets néfastes sur l’activité des entreprises

I Effets néfastes sur la demande globale

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Le taux d’inflation optimal. Deux visions :

Taux d’inflation bas mais positif (4% par exemple) :


I certains coûts de l’inflation peuvent être évités
I ce faisant, les coûts de l’inflation seraient inférieur aux bénéfices
) l’inflation graisse les rouges de l’économie

Taux d’inflation 0% :
I l’inflation est mauvaisse : il faut l’éliminer
I 0% est un niveau très different de tous les autres car stabilité pure des prix, ce
qui simplifie un grand nombre des décisions
) l’inflation met du sable dans les rouges de l’économie

Dans les faits, la plupart des BC ciblent 2%, pour eviter le risque de déflation si
retournement de conjoncture

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Pour la BCE. La « norme » des 2% : un plafond-cible qui s’évalue à moyen
terme

En l’absence de définition précise dans le traité de Maastricht, le Conseil des


gouverneurs de la BCE a adopté dès 1998 sa propre référence en indiquant
que :
“la stabilité des prix est définie comme une progression sur un an de l’indice
des prix à la consommation harmonisé (IPCH) inférieure à 2% dans la zone
euro. La stabilité des prix doit être maintenue à moyen terme"

Puis il a été précisé en 2003 que la progression de l’indice compatible avec la


stabilité des prix est :
“inférieure à, mais proche de 2%"

cette nuance montrant la volonté de se prémunir contre le risque de déflation

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La conduite de la politique monétaire

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Les stratégies de la BC :
La théorie quantitative débouche spontanément, pour la réalisation d’un objectif
final libellé en termes d’inflation, sur la définition d’un objectif intermédiaire :
Les stratégies de la BC

1 La croissance monétaire

2 Les cibles d’inflation et règles de taux d’intérêt

3 Il est à noter qu’un troisième type d’objectif intermédiaire s’impose en régime


de parités monétaires fixes : le taux de change (L3 : Economie ouverte !)

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1. Les stratégies de la BC : Croissance monétaire et inflation

Conduite de la politique monétaire à partir de la masse monétaire implique


une relation étroite entre cette dernière et l’inflation

Les principaux agrégats monétaires : M1, M2, M3 et M4 (ordre de liquidité


décroissante) :

M1 = monnaie au sens strict de moyen de paiement :


= les billets et pièces (monnaie manuelle)+ dépôts à vue
M2 = M1 + dépôts à terme (jusqu’à deux an. Exemple : livrets A
M3 = M2 + placement liquides (Example : certificat de dépôt)
M4 = M3 + les bons du Trésor, les billets de trésorerie
et les bons à moyen terme émis par les sociétés non financières

Attention : La base monétaire, ou « monnaie de banque centrale », désigne


la monnaie qui a été créée directement par la banque centrale

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Figure: Les agrégats monétaires

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Stratégie : Croissance monétaire et inflation :

La banque centrale fix une cible de croissance de M1

Mais différents éléments altèrent la pertinence de la masse monétaire comme


indicateur et prescripteur de la politique monétaire
I Il y a des déplacements de la demande de monnaie
I Exemple. Beaucoup d’actifs financiers sont très liquides (ex. : SICAV
Monétaires aux US), ce qui en fait des substituts très intéressants à la
monnaie, et ils ne sont pas inclus dans M1

Les arbitrages du public entre les encaisses liquides et ces actifs sont le
facteur principal des déplacements de la demande de monnaie : la frontière
entre M1 et M2 est très fine

La relation entre croissance de M1 et inflation n’est pas étroite

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Stratégie : croissance monétaire et inflation (USA et France) :
Le graphique 1 compare l’évolution de l’inflation (en gris) avec les taux de
croissance de la masse monétaire mesurée par M1 en France (en blue) et aux USA
de 19670 à 2000.
Le graphique 2 compare l’évolution de l’inflation (en bleu) avec les taux de
croissance de la masse monétaire mesurée par M1 (en jaune) et M3 (en rouge),
aux USA de 1960 à 2017.

Figure: Croissance de M1 et inflation. France et Etats-Unis

Aucune corrélation substantielle

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2. Les stratégies de la BC : Cibles d’inflation et règles de taux
En raison des difficultés à utiliser une cible de croissance monétaire, les BC
choisissent souvent d’utiliser une cible d’inflation plutôt qu’une cible de croissance
monétaire

La cible d’inflation :
I La poursuite d’une cible d’inflation limite les fluctuations du produit autour
de son niveau naturel
I Cela vient de la courbe de Phillips :

⇡t = ⇡t 1 ↵(ut un )
) ⇡t = ↵(ut un )

Si inflation stabilisée, chômage à son niveau naturel :


,! si ⇡t = ⇡ ⇤ ) ut = un
C’est ce qu’on appelle la divine coïncidence

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La transmission de la politique monétaire. Le lien entre taux d’intérêt à la
croissance économique :

Figure: La transmission de la politique monétaire

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La transmission de la politique monétaire. Le lien entre taux d’intérêt à la
croissance économique :
Les canaux par lesquels la politique monétaire influe sur l’économie :

Canal de taux d’intérêt : taux directeur ) taux auquel les banques


accordent des crédits

Canal des actifs : effets que la variation des taux d’intérêt a sur les prix des
actifs. Exemple : Une baisse de taux directeur
I rendre les obligations moins attractifs ) les investisseurs se tourneront vers
d’autres actifs plus rentables, comme les actions
I baisse de taux directeur ) augmentation du cours des actions ) ceux qui
détiennent ces titres verront leur richesse augmenter ) hausse de la
consommation
I Deux effets : les ménages qui possèdent des actifs se sentent plus riches,
stimule l’investissement des entreprises cotées

Canal des anticipations : action claire et crédible de la BC ) anticiper


l’évolution ) adapter en conséquence les décisions économiques

Canal de taux de change : L3


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Figure: La transmission de la politique monétaire en economie ouverte. L’impact sur
l’inflation

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Un cas de règles de taux : La règle de Taylor
Si l’on adopte la vision selon laquelle la BC doit cibler inflation : comment peut
elle faire ?

La BC ne contrôle pas directement l’inflation

Puisque c’est ce le taux d’intérêt (i) qui a des répercussions sur la demande,
la BC devrait s’intéresser au choix de i plutôt qu’à la croissance de MS

Règle de Taylor :

i = i ⇤ + ↵(⇡ ⇡⇤ ) (u un ) (1)

ou i ⇤ est le taux d’intérêt visé, i.e. compatible avec un niveau d’inflation


⇡ = ⇡ ⇤ à moyen terme
Attention :
↵ > 0 et i est le taux d’intérêt nominal

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i = i ⇤ + ↵(⇡ ⇡⇤ ) (u un )

Si ⇡ = ⇡ ⇤ et u = un ) i = i ⇤

Si ⇡ > ⇡ ⇤ (et/ou u < un ) ) i > i ⇤

Si ⇡ < ⇡ ⇤ (et/ou u > un ) ) i < i ⇤

↵ représente l’aversion de la BC a l’inflation


représente l’aversion de la BC au chômage

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Faut-il explicitement adopter une règle ?

Pour :

réponse “automatique" pour stabiliser output gap et inflation

transparence de la politique monétaire

crédibilité BC

) meilleur ancrage des anticipations d’inflation

Contre :

perte de flexibilité qui ne permet pas de répondre de manière optimale aux


chocs

écart entre taux effectif et taux prédit par la règle oblige BC à se justifier

) perte de crédibilité

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La politique monétaire à partir de 2008 : Les défis
Eviter la trappe à liquidité :
Modèle ISLM ) Politique monétaire expansionniste ) hausse de l’offre de
monnaie ) baisse taux d’intérêt ) hausse I et REVENU
Mais que se passe-t-il si l’augmentation de la masse monétaire va à la
spéculation ? ) il n’y a pas de hausse I ni de REVENU
Une fois que le taux d’intérêt a chuté en dessous d’un certain niveau ) tout
le monde préfère conserver de la monnaie plutôt que de détenir de la dette
La banque centrale devient incapable de stimuler l’économie par la
voie monétaire

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La politique monétaire à partir de 2008 : La trappe à liquidité

1 Comment éviter de tomber dans la trappe ?

2 Comment en sortir ?

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1. Éviter la trappe :

Nous avons vu que cela pouvait être fait en adoptant une cible d’inflation
plus élevée, disons 4%

Ca vaut le coup si le risque de connaître une crise suffisamment forte pour


retomber dans la trappe est assez élevé, et ce n’est pas le point de vue des
principales BC...

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2. Sortir de la trappe. Politique monétaire non conventionelle

Politique monétaire conventionelle (Introduction) :


Taux d’intérêt directeur
Ratio de liquidités de banques (coefficient de réserve)
Open-market : ventes ou achats par la banque centrale de titres du Trésor
public sur les marchés financiers
exemple

Politique monétaire non conventionelle : à partir de 2008 des mesures


inhabituelles, qui vont au-delà de la politique monétaire « conventionnelle ».
Ayant déjà porté les taux directeurs à des niveaux très bas, elles ont imaginé de
nouveaux moyens pour améliorer les conditions de financement de l’économie
Taux d’intérêt négatifs
Forward guidance (politique de direction) : annoncer à l’avance les
orientations de leurs futures décisions
Assouplissement quantitatif (quantitative easing)

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Exemple de politique monéraire conventionelle expansive : la banque centrale veut
réduire i
Open-market : elle achète la dette publique ) augmente la montant des
argent en circulation ) Les banques commerciales ont alors plus d’argent à
prêter ) elles réduisent les taux de prêt ) des prêts sont moins chers
La banque centrale abaisse le taux d’intérêt ) les banques commerciales
peuvent emprunter auprès de la banque centrale ) élargir leurs bilans )
augmenter le crédit disponible pour l’économie
la réduction de la proportion des actifs totaux que les banques doivent
conserver (les réserves) ) libère des fonds pour que les banques puissent
augmenter prêts
politique conventionelle

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Taux d’inrérêt nominal négatif :

Figure: Évolution du taux d’intérêt nominal, du taux d’intérêt réel et de l’inflation en


France

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Taux d’inrérêt nominal négatif :
Les banques commerciales qui déposent des liquidités à la banque centrale en
zone euro payent pour placer leurs excédents de trésorerie

Figure: Taux d’intérêt negatif

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Politique monétaire non conventionelle : Assouplissement quantitatif

Mesures de politique monétaire d’une BC qui, pour rétablir la confiance des


marchés financiers, achète en quantité considérable des titres détenus par
des entreprises, des banques ou des investisseurs

La BC qui, lorsqu’elle accorde aux banques commerciales les liquidités qui


leur manquent, accepte de prendre en garantie, des créances de moins
bonne qualité que celles qu’elle exige généralement
,! renforcer la liquidité des établissements de crédit

L’idée est de provoquer un choc de confiance parmi tous les agents


économiques en leur donnant ainsi l’assurance qu’ils peuvent ou pourront
revendre les titres qu’ils ont achetés

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Le cas de la zone euro : Pas de politique monétaire nationale

La politique monétaire n’est pas nécessairement un outil disponible pour tous les
pays.

Les membres de la zone euro ont renoncé à leur propre politique


monétaire quand ils ont rejoint l’union monétaire
La zone euro est appelée une zone monétaire commune (union monétaire) :
I Un groupe de pays qui utilisent la même devise
I Une seule politique monétaire pour l’ensemble de la zone euro
I La BCE fixe le taux d’intérêt directeur
I Ce taux d’intérêt peut être plus approprié pour certains pays membres que
pour d’autres
I En particulier, après la crise financière, le chômage était faible et en baisse en
Allemagne, alors que dans les pays du sud de la zone euro, il était élevé et en
forte hausse
I La BCE jugée trop restrictive

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Annexe : questions suggérées

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Exercice. Laquelle des affirmations suivantes est correcte ?
1 Le Japon a connu une période de désinflation constante avant 2011
2 Au Royaume-Uni, le prix des biens et services est resté stable entre 2001 et 2015
3 La Chine a connu une pression déflationniste pendant la période 1996-2015
4 Le niveau des prix du Soudan du Sud est plus élevé en 2015 qu’il ne l’était en 1996

Figure: taux d’inflation annuel (le déflateur du PIB) du Japon, du Royaume-Uni, de la


Chine et du Soudan du Sud pendant la période 1996-2015

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Réponse.
1 Le Japon a connu une période de désinflation constante avant 2011
I Faux : Le Japon a connu une baisse du niveau des prix, c’est-à-dire une
déflation, entre 1996 et 2010. La désinflation décrit une baisse du taux
d’inflation, mais le taux d’inflation est devenu moins négatif avec le temps
2 Au Royaume-Uni, le prix des biens et services est resté stable entre 2001 et 2015
I Faux : Au Royaume-Uni, le taux d’inflation est resté stable. Ceci signifie que le
niveau des prix a augmenté à un taux stable, et non que le niveau des prix est
resté stable
3 La Chine a connu une pression déflationniste pendant la période 1996-2015
I Faux : La Chine a connu une pression désinflationniste (une baisse de
l’inflation) et non une pression déflationniste (qui consiste en une baisse du
niveau des prix)
4 Le niveau des prix du Soudan du Sud est plus élevé en 2015 qu’il ne l’était en 1996
I Correct : Le niveau des prix est inférieur en 2015 à celui de 2011 car l’inflation
était négative. Néanmoins, elle n’était pas suffisamment négative pour
l’emporter sur le taux d’inflation élevé pendant la période 1996-2000

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Exercice. Laquelle des affirmations suivantes est correcte ?
1 Le taux d’intérêt réel en 1996-2000 était de 0, 4%
2 Le taux d’intérêt réel du Japon n’a fait qu’augmenter constamment pendant cette période
3 Le taux d’intérêt réel du Japon est passé d’un taux positif à un taux négatif pendant cette
période
4 Le taux d’intérêt réel a diminué plus rapidement que le taux d’intérêt nominal.

Figure: Taux d’intérêt nominal et le taux d’inflation annuel (déflateur du PIB) du Japon
pendant la période 1996-2015

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Réponse
1 Le taux d’intérêt réel en 1996-2000 était de 0, 4%
I INCORRECT. À l’aide de l’équation de Fisher, le taux d’intérêt réel entre 1996
et 2000 était r = 1, 5 ( 1, 9) = 3, 4%
2 Le taux d’intérêt réel du Japon n’a fait qu’augmenter constamment pendant cette période
I INCORRECT. Les taux d’intérêt réels pour ces quatre périodes sont
respectivement de 3, 4%, 2, 3%, 1, 8% et 0, 4%. Ainsi, le taux d’intérêt réel a
constamment diminué pendant cette période
3

Le taux d’intérêt réel du Japon est passé d’un taux positif à un taux négatif pendant cette pér

I CORRECT. Il était positif pendant les trois premières périodes et il est devenu
négatif entre 2011 et 2015
4 Le taux d’intérêt réel a diminué plus rapidement que le taux d’intérêt nominal
I CORRECT. La baisse du taux d’intérêt réel chaque année est plus importante
que celle du taux d’intérêt nominal car le taux d’inflation était également
croissant

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Exercice. Laquelle des affirmations suivantes est correcte ?

1 Lorsque les taux d’intérêt baissent, les prix des actifs augmentent
2 Le plancher zéro réfère à l’incapacité de la banque centrale à établir le taux
d’intérêt réel en dessous de zéro
3 Le quantitative easing suppose que la banque centrale diminue son taux
d’intérêt officiel
4 Les taux d’intérêt ne peuvent pas être fixés dans une union monétaire

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Exercice 1. Immigration d’entrepreneurs :

Supposez qu’une partie des immigrants décide de créer leur propre affaire
plutôt que de devenir employés

Expliquez comment vous anticipez que cela affectera la courbe des salaires, la
courbe des prix et l’équilibre du marché du travail.

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Réponse
Dans le cas où des immigrés se sont ajoutés à la population active :
I La courbe des salaires a diminué et la population active a augmenté
Mais dans cette question tous les immigrants choisissent de créer une
entreprise
I Le nombre d’entreprises dans l’économie augmenterait ) augmente le niveau
de concurrance ) La marge, qui dépend du niveau de concurrence, se réduit
) courbe de fixation des prix à la hausse ) augmente le salaire réel
d’équilibre ) baisse du chômage

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Exercice. Choisissez la ou les bonnes réponses

La Figure représente le modèle d’un marché du travail comprenant 90


millions de travailleurs
L’équilibre actuel du marché du travail se trouve en A
Considérez à présent le cas où l’offre de travail totale augmente pour
atteindre 100 millions

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À partir de ces informations, lesquelles des affirmations suivantes sont correctes
concernant le processus d’ajustement du marché du travail ?
1 Dans un premier temps, le chômage double.
2 Un chômage plus élevé conduit à une baisse de la rente d’emploi perçue par
les travailleurs employés au salaire en vigueur
3 Les entreprises sont contraintes d’augmenter les salaires pour inciter les
employés à travailler dur
4 La courbe des salaires se déplace vers le bas.

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Elements de réponses :
Avant l’accroissement de l’offre de travail, il y a 10 millions de chômeurs
Avec les 10 millions de travailleurs supplémentaires rejoignant l’offre de
travail, le chômage double initialement pour atteindre les 20 millions de
travailleurs
Une hausse du chômage implique une hausse de la rente d’emploi
I Cela signifie que les entreprises peuvent se permettre de payer un salaire plus
faible tout en étant en mesure d’inciter les employés à travailler dur
Cela est vrai en tout points de la courbe des salaires, et par conséquent la
courbe des salaires se déplace vers le bas

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Réponses :
1 Dans un premier temps, le chômage double.
2 Un chômage plus élevé conduit à une baisse de la rente d’emploi perçue par les travailleurs
employés au salaire en vigueur
3 Les entreprises sont contraintes d’augmenter les salaires pour inciter les employés à
travailler dur
4 La courbe des salaires se déplace vers le bas.

Antonia López-Villavicencio - Introduction à la politique macroéconomique - Université Paris Nanterre - L2


Chapitre 4 : Inflation et activité économique
Patricia Renou-Maissant

p.maissant@parisnanterre.fr

Licence 2 – Année 2023-2024


Plan du chapitre :

1. Introduction
2. Inflation, inflation anticipée et chômage
3. La courbe de Phillips originelle
4. La courbe de Phillips augmentée des anticipations
5. La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel (structurel)
6. La courbe de Phillips et les anticipations rationnelles
1. Introduction
Introduction

• L'inflation et le chômage sont deux indicateurs clés de l'état de l'économie.


• L’existence d’un lien direct entre inflation et chômage est donc une
question fondamentale.
• La courbe de Phillips établit empiriquement une liaison négative entre le
taux d'inflation et le taux de chômage.
Toute variation du chômage entraîne une variation de sens opposé du taux
d'inflation.
• L'enjeu pour la politique économique est considérable :
Selon la courbe de Phillips :
• vouloir diminuer le chômage implique d'accepter un accroissement de
l'inflation ;
• inversement réduire l’inflation est couteux en termes de chômage.
⇒ C'est ce que l'on a qualifié de dilemme inflation-chômage.
Introduction

Deux articles fondateurs :


• Alban W. Phillips (1958) “The Relation between Unemployment and the Rate of
Change of Money Wage Rates in the United Kingdom, 1861-1957”, Economica,
Vol. 25, No. 100, pp. 283-299.
• Paul A. Samuelson and Robert M. Solow (1960) “Analytical Aspects of Anti-
Inflation Policy”, The American Economic Review, Vol. 50, No. 2, pp. 177-194.
Introduction

En 1958, A. W. Phillips met en évidence une corrélation négative entre le taux de


croissance des salaires et le taux de chômage sur des données britanniques
couvrant la période 1861-1957.

Source : Phillips (1958)


Introduction
En 1960, P. Samuelson et R. Solow ont reproduit l’exercice sur des données
américaines sur la période 1900-1960. Ils retrouvent (sauf pour la période
correspondant à la Grande Dépression) cette relation négative qu’ils baptisèrent
“courbe de Phillips”.

P. A. Samuelson R. M. Solow Source : Samuelson et Solow (1960)


(1915-2009) 1924
Introduction

Remarque :
Dans ces deux études (Phillips (1958) et Samuelson et Solow (1960)) le
taux de croissance du salaire nominal est utilisé comme mesure de
l’inflation.
On trouve des résultats similaires en utilisant le taux de croissance de
l’indice des prix courants comme mesure de l’inflation pour de
nombreux pays.
Exemples : les Etats-Unis et la France sur la période 1900-1960.
Introduction

Inflation et chômage aux Etats-Unis sur la période 1900-1960

Les triangles correspondent aux années


de la Grande Dépression.
Sur la période 1900-1960, un fort taux
de chômage était généralement associé
à une faible inflation et un faible taux
de chômage à une inflation élevée.
1931-1939

Source : Blanchard et Cohen


Introduction

Inflation et chômage en France sur la période 1900-1960

A l’exception de la période de fort


chômage des années 1930, il semble
qu’il y ait une relation négative entre le
taux de chômage et le taux d’inflation.

Source : Blanchard et Cohen


Introduction

• En mettant statistiquement en évidence une corrélation négative


entre les dynamiques des taux d’inflation et de chômage, la courbe
de Phillips s’est inscrite au cœur des débats entre les différents
courants de pensée de la science économique.
• En effet, la mise en évidence d’un arbitrage entre inflation et activité
réelle, a eu pour conséquence de réaffirmer l’utilité des politiques de
régulation de l’activité réelle.
⇒ véritable consensus autour de la vision keynésienne de
l’évolution de l’économie dans les années 1960.
Introduction

Implication importante en matière de politique économique :


• La courbe de Phillips suggère que les gouvernements peuvent choisir entre
différentes combinaisons de taux de chômage et de taux d’inflation.
En particulier, il est possible de choisir le niveau du chômage avec une
politique de demande inflationniste.
• Dans les années 1960, l’administration américaine a suivi les conseils de
Paul Samuelson et Robert Solow, en menant des politiques expansionnistes
dans l’espoir de diminuer le chômage, au prix d’une augmentation de
l’inflation.
La majorité des pays industrialisés ont également reproduit cette
expérience d’arbitrage entre inflation et chômage.
Introduction

• La courbe de Phillips, est devenue rapidement une relation macroéconomique


« classique », tout en devenant également l’une des plus controversées.
A partir des années 70, on observe une forte inflation jointe à un taux de
chômage élevé.
⇒ contradiction avec la courbe de Phillips
• Malgré cela, la courbe de Phillips s’est avérée très résiliente.
Chaque remise en cause a donne lieu a une reformulation et, plus de soixante
ans après l’article initial, le concept de courbe de Phillips demeure central dans
un grand nombre d’analyses macroéconomiques, particulièrement dans le
domaine de la politique monétaire, mais sous des formes très éloignées de la
formulation initiale.
Introduction

Questions :
• Que s’est-il passé ?
• Quels sont les fondements théoriques derrière la relation empirique ?
• Pourquoi et comment la courbe de Phillips a-t-elle évolué dans les années 70 ?
• Quelles sont les implications de ces modifications pour la politique monétaire ?
Introduction

Ce chapitre présente les principales modifications apportées à la courbe de Phillips


permettant d’explorer la relation inflation chômage.
La relation proposée par Phillips est une relation d’offre globale et les mutations
de la courbe de Phillips résultent de changements dans la façon dont les ménages
et les entreprises forment leurs anticipations.
2. Inflation, inflation anticipée et chômage
Inflation, inflation anticipée et chômage

Nous pouvons déduire de la relation d’offre globale (OG) une relation entre taux
d’inflation, taux d’inflation anticipé et taux de chômage.
On reprend la relation d’offre globale du chapitre 2 : W = Pe F(u, z) (WS)
𝑃𝑡 = 𝑃𝑡𝑒 1 + 𝜇 𝐹(𝑢𝑡 , z) P = (1+ μ)W (PS)
La fonction F décrit les effets du taux de chômage 𝑢𝑡 et des autres facteurs z
pouvant affecter le salaire nominal (courbe WS).
Nous allons supposer que F s’écrit :
𝐹(𝑢𝑡 , z) = 1 - α 𝑢𝑡 + z
• Plus le taux de chômage est élevé, plus le salaire est faible.
• Plus z est élevé, plus le salaire est élevé (et donc le niveau des prix puisque les
entreprises augmentent leurs prix en réponse à une hausse des salaires (PS)).
• Le paramètre α mesure l’intensité de l’impact du taux de chômage sur les
salaires. Plus α est élevé, plus le niveau des prix est sensible aux variations du
taux de chômage.
Inflation, inflation anticipée et chômage

• En remplaçant F dans l’équation d’offre globale, on obtient ∶


𝑃𝑡 = 𝑃𝑡𝑒 1 + 𝜇 (1 − α 𝑢𝑡 + z)
↑ 𝑃𝑒 ⇒ ↑ P
↑u ⇒↓P

• La relation peut être réécrite comme une relation entre l’inflation,


l’inflation anticipée et le taux de chômage :
𝝅𝒕 = 𝝅𝒆𝒕 + 𝝁 + 𝒛 − α 𝒖𝒕 (1)
↑ π𝑒 ⇒ ↑ π
↑u ⇒↓π
Inflation, inflation anticipée et chômage

Où :
π𝑡 est le taux d’inflation, c’est-à-dire le taux de croissance des prix entre l’année
passée et l’année présente :
𝑃𝑡 −𝑃𝑡−1
π𝑡 =
𝑃𝑡−1

π𝑒𝑡 est le taux d’inflation anticipé, c’est-à-dire le taux de croissance des prix entre
l’année passée et l’année présente anticipé par les partenaires sociaux :
𝑃𝑡𝑒 −𝑃𝑡−1
π𝑒𝑡 =
𝑃𝑡−1
Inflation, inflation anticipée et chômage

Relation entre le taux d’inflation, le taux d’inflation anticipé et le taux de


chômage
A partir de la relation d’offre globale :
𝑃𝑡 = 𝑃𝑡𝑒 1 + 𝜇 (1− α 𝑢𝑡 + z)
On divise chaque membre de l’équation par 𝑃𝑡−1 , on obtient :
𝑃𝑡 𝑃𝑡𝑒
= 1+ 𝜇 (1− α 𝑢𝑡 + z)
𝑃𝑡−1 𝑃𝑡−1
Or :
𝑃𝑡 𝑃𝑡 −𝑃𝑡−1
=1+ = 1 + π𝑡
𝑃𝑡−1 𝑃𝑡−1
𝑃𝑡𝑒 𝑃𝑡𝑒 −𝑃𝑡−1
=1+ = 1 + π𝑒𝑡
𝑃𝑡−1 𝑃𝑡−1
Inflation, inflation anticipée et chômage

L’équation d’offre globale devient :


1 + π𝑡 = (1 + π𝑒𝑡 ) 1 + 𝜇 (1 − α 𝑢𝑡 + z)
Ou encore :
1+π𝑡
𝑒 = 1 − α 𝑢𝑡 + z
(1+π𝑡 ) 1+𝜇
Tant que le taux d’inflation, le taux d’inflation anticipée et le taux de marge ne sont
pas trop élevés, on peut établir une approximation de cette équation :
1+π𝑡 𝑒
𝑒 ≃ (1 + π𝑡 )(1 − π𝑡 ) 1−𝜇
(1+π𝑡 ) 1+𝜇
1+π𝑡
𝑒 ≃ (1 + π𝑡 )(1 − π𝑒𝑡 − μ + π𝑒𝑡 μ)
(1+π𝑡 ) 1+𝜇
≃ 1 − π𝑒𝑡 − μ + π𝑒𝑡 μ + π𝑡 − π𝑡 π𝑒𝑡 - π𝑡 μ + π𝑡 π𝑒𝑡 μ
Inflation, inflation anticipée et chômage

Ainsi :
1+π𝑡
≃ (1 + π𝑡 − π𝑒𝑡 − μ)
(1+π𝑒𝑡 ) 1+𝜇

L’équation peut s’écrire :


1 + π𝑡 − π𝑒𝑡 − μ = 1 − α 𝑢𝑡 + z

On a donc :
𝝅𝒕 = 𝝅𝒆𝒕 + ( 𝝁 + z) − α 𝒖𝒕 On retrouve l’équation (1)
Inflation, inflation anticipée et chômage

Remarque :
L’inflation des prix πt et l’inflation salariale πwt sont identiques dans la mesure où
les prix et les salaires sont proportionnels : P = (1+μ)W.
L’équation peut être réécrite sous la forme :
𝝅𝒘𝒕 = 𝝅𝒆𝒕 + ( 𝝁 + z) − α 𝒖𝒕
Inflation, inflation anticipée et chômage

Interprétations :

• L’inflation augmente avec le taux d’inflation anticipé.


Pour des niveaux donnés de 𝑢𝑡 , z et μ, l’inflation (comme le taux de croissance des
salaires nominaux) croît avec l’inflation anticipée.
Si on anticipe une inflation plus forte cela revient pour un niveau de prix de la
période précédente 𝑃𝑡−1 donné, à 𝑃𝑡𝑒 > 𝑃𝑡−1 : 𝑊𝑡 = 𝑃𝑡𝑒 F( 𝑢𝑡 , z) (WS)
⇒ ↑ 𝑊𝑡 ⇒ ↑ 𝑃𝑡 ⇒ ↑ π𝑡 𝑃𝑡 = (1+ μ) 𝑊𝑡 (PS)

⇒ Une augmentation de l’inflation anticipée conduit à une augmentation de


l’inflation réalisée.
Inflation, inflation anticipée et chômage

• Pour un niveau d’inflation anticipée donné, plus la marge μ choisie par


les firmes est forte ou plus les facteurs z déterminant le salaire sont
élevés, plus le taux d’inflation est élevé.
Une marge μ plus élevée accroît les prix courants, donc accroît l’inflation.
Il en est de même pour z : une augmentation des facteurs z affectant les salaires
(par exemple : le salaire minimum) accroît également le taux d’inflation à taux
d’inflation anticipé donné.
Inflation, inflation anticipée et chômage

• A inflation anticipée donnée, un taux de chômage plus élevé conduit à un


taux d’inflation réalisé plus faible.
Pour π𝑒𝑡 , z, et μ donnés, plus le taux de chômage est élevé, plus l’inflation courante
est faible car en période de fort chômage, les revendications salariales sont moins
virulentes ce qui réduit le niveau courant des prix et donc (pour 𝑃𝑡−1 donné)
l’inflation courante.
↑ 𝒖𝒕 ⇒ ↓ 𝑊𝑡 ⇒ ↓ 𝑃𝑡 ⇒ ↓ π𝑡
Inflation, inflation anticipée et chômage

Comment se forment les anticipations ?


Les macro-économistes considèrent différents processus de formation des
anticipations.

1) La théorie des esprits animaux (expression introduite par Keynes pour désigner
les variations imprévisibles de l’investissement).
Idée fondamentale : nous ne sommes pas rationnels et omniscients et la plupart
de nos décisions sont influencées par nos « esprits animaux » (pulsions).
Chez Keynes, la notion d’esprits animaux est liée à l’incertitude : puisque nous
savons très peu de choses concernant ce que peut rapporter un investissement
dans le long terme, nos décisions d’investissement relèvent nécessairement des
« esprits animaux ».
⇒ Les variations des anticipations sont totalement aléatoires.
Inflation, inflation anticipée et chômage

2) Les anticipations adaptatives


Elles ont été proposées par Phillip D. Cagan en 1956.
Phillip D. Cagan (1956) « The monetary dynamic of hyperinflation », In: Studies in
the Quantity Theory of Money, ed. by Friedman, M., pp. 25-117, University of
Chicago Press, Chicago and London.
Les anticipations adaptatives supposent que les agents révisent leurs
anticipations en fonction de l’erreur d’anticipation commise à la période
précédente.
On peut donc écrire l’équation d’anticipation sous la forme :
𝝅𝒆𝒕 − 𝝅𝒆𝒕−𝟏 = β(𝝅𝒕−𝟏 − 𝝅𝒆𝒕−𝟏 )
Où : β est le coefficient adaptatif, 0 ≤ β ≤ 1.
𝑒
𝜋𝑡−1 − 𝜋𝑡−1 est l’erreur d’anticipation commise à la période t-1.
Inflation, inflation anticipée et chômage

Selon la valeur de β, on retrouve :


• Si β = 0 : hypothèse d’anticipations statiques 𝝅𝒆𝒕 = 𝝅𝒆𝒕−𝟏 . Les anticipations ne sont
jamais révisées.
• Si β = 1 : hypothèse d’anticipations naïves 𝝅𝒆𝒕 = 𝝅𝒕−𝟏 . Les anticipations ne
prennent en compte que de la dernière observation de l’inflation.
• Dans le cas général, 0 < β < 1, la mémoire du processus est plus longue :
• 𝝅𝒆𝒕 = 𝜷 σ∞ 𝒊
𝒊=𝟎(𝟏 − 𝜷) 𝝅𝒕−𝟏−𝒊
Plus β est élevé, plus l’adaptation des anticipations suite à une erreur
d’anticipation est rapide.
L’anticipation dépend exclusivement des observations des valeurs passées de la
variable anticipée.
Inflation, inflation anticipée et chômage

Démonstration :
𝝅𝒆𝒕 − 𝝅𝒆𝒕−𝟏 = 𝜷(𝝅𝒕−𝟏 − 𝝅𝒆𝒕−𝟏 )
𝑒 𝑒
𝜋𝑡𝑒 = 𝜋𝑡−1 + 𝛽(𝜋𝑡−1 − 𝜋𝑡−1 )
𝑒
𝜋𝑡𝑒 = 𝛽𝜋𝑡−1 + (1 − 𝛽)𝜋𝑡−1
𝑒 𝑒
𝜋𝑡𝑒 = 𝛽𝜋𝑡−1 + (1 − 𝛽)[𝜋𝑡−2 + 𝛽(𝜋𝑡−2 − 𝜋𝑡−2 )]
𝑒
𝜋𝑡𝑒 = 𝛽𝜋𝑡−1 + 𝛽(1 − 𝛽)𝜋𝑡−2 +(1 − 𝛽)2 𝜋𝑡−2
𝑒 𝑒
𝜋𝑡𝑒 = 𝛽𝜋𝑡−1 + 𝛽(1 − 𝛽)𝜋𝑡−2 +(1 − 𝛽)2 [𝜋𝑡−3 + 𝛽(𝜋𝑡−3 − 𝜋𝑡−3 )]
𝑒
𝜋𝑡𝑒 = 𝛽𝜋𝑡−1 + 𝛽(1 − 𝛽)𝜋𝑡−2 + 𝛽(1 − 𝛽)2 𝜋𝑡−3 + (1 − 𝛽)3 𝜋𝑡−3
𝝅𝒆𝒕 = σ∞
𝑖=0 𝛽(1 − 𝛽) 𝑖
𝜋𝑡−1−𝑖 + (1 − 𝛽) ∞ 𝑒
𝜋𝑡−∞
or 0 < 𝛽 < 1
Inflation, inflation anticipée et chômage

3) Les anticipations rationnelles


Les anticipations adaptatives reposent sur un comportement relativement
« simpliste » dans la mesure où elles sont fondées uniquement sur le passé.
Une telle hypothèse est peu satisfaisante puisqu’elle implique qu’une information
nouvelle n’affecte pas les anticipations présentes, ni le comportement présent des
agents économiques.
• Ainsi, une annonce de politique économique ne modifie pas les anticipations
des agents puisque les anticipations dépendent uniquement du passé.
• Puisque les agents ne tiennent pas compte de l’information présente, ils
n’utilisent pas l’information de manière optimale et commettent des
erreurs de prévision systématiques.
Inflation, inflation anticipée et chômage

⇒ Ces limites ont conduit John F. Muth (1961) à introduire la notion d’anticipations
rationnelles.
John F. Muth (1961) “Rational Expectations and the Theory of Price
Movements”, Econometrica, Vol. 29, No. 3, pp. 315-335.

• Les agents forment leurs anticipations sur les valeurs futures des variables en
faisant le meilleur usage possible de l’information dont ils disposent (information
sur le passé et le futur).
• Ils utilisent de manière rationnelle, c’est-à-dire optimale toute l’information
disponible.
3. La courbe de Phillips originelle
La courbe de Phillips originelle

• La courbe de Phillips originelle est une relation entre le taux de


croissance des salaires nominaux et le taux de chômage.
• L’idée sous-jacente à cette relation est l’existence d’un mécanisme
d’ajustement sur le marché du travail : un surcroît de demande de
travail fait baisser le chômage, ce qui augmente le pouvoir de
négociation des salariés et pousse les salaires à la hausse.
• Pour simplifier, la relation de Phillips originelle est souvent présentée
comme une relation linéaire entre le taux de chômage et le taux de
croissance des salaires.
La courbe de Phillips originelle
Lors de la première formulation de la courbe de Phillips, par Phillips puis par
Samuelson et Solow, l’inflation moyenne était quasiment nulle sur la période
étudiée.
Si l’inflation est nulle dans le passé, il est raisonnable d’anticiper que
l’inflation sera nulle dans les années à venir.
Si on retient cette hypothèse, 𝜋𝑡𝑒 = 0, on peut réécrire l’équation (1), on
obtient une relation modifiée entre inflation et chômage :
𝝅𝒕 = (𝝁 + z) − α 𝒖𝒕 (2)
Cette équation correspond exactement à la relation négative entre inflation
et chômage mise en évidence par Phillips, Solow et Samuelson.
⇒ Un faible taux de chômage entraîne un niveau d’inflation élevé.
La courbe de Phillips originelle

Phillips (1958) Samuelson et Solow (1960)


La courbe de Phillips originelle

Taux d’inflation Taux de croissance


des salaires

Taux de Taux de
chômage chômage
La courbe de Phillips originelle

Ce mécanisme est appelé la boucle prix-salaire ou encore la spirale prix-salaire.


Un faible chômage entraîne :
⇒ une hausse des salaires nominaux ;
⇒ les entreprises augmentent leurs prix ;
⇒ les salariés demandent une hausse des salaires ;
⇒ les entreprises augmentent à nouveau leurs prix ;
⇒ etc.
➢ Inflation continue des prix et des salaires
La courbe de Phillips originelle

Inflation et chômage aux Etats-Unis sur la période 1948-1969

La courbe de Phillips a été largement adoptée


par les macro-économistes et les hommes
politiques dans les années 1960.
La baisse régulière du chômage aux Etats-Unis
dans les années soixante a été associée à une
hausse régulière de l’inflation.
De 1961 à 1969, le taux de chômage est passé
de 6,8 % à 3,4% alors que l’inflation
augmentait de 1% à 5,5%.

Source : Blanchard et Cohen


La courbe de Phillips originelle

Inflation et chômage en France sur la période 1953-1966

Dans le cas français, l’évolution est moins


nette.
La baisse régulière du chômage de 1953 à
1957 a été associée à une hausse régulière
de l’inflation.
Le pic d’inflation se situe en 1959 avec les
débuts de la Vème République et la guerre
d’Algérie.
Une politique de rigueur fit baisser le taux
d’inflation dans les années suivantes.

Source : Blanchard et Cohen


La courbe de Phillips originelle

• Pour l’Europe et de façon plus nette encore pour les Etats-Unis, la relation
décroissante entre inflation et chômage a été vérifiée dans les années 50 et 60.
La courbe de Phillips implique que des politiques de régulation de la demande
agrégée permettent de déterminer la combinaison optimale de chômage et
d’inflation.
• Mais comment expliquer la stagflation des années 70 où chômage et inflation
coexistent ?
En effet, à partir des années 1970, la relation entre inflation et
chômage disparaît.
La courbe de Phillips originelle
Inflation et chômage aux Etats-Unis
sur la période 1947-2020

1971-2020 :
Il n’y pas de relation
négative entre le
taux de chômage et
le taux d’inflation.

▪ 1947-1970
• 1971-2020
Source : François Geerolf, 2020
La courbe de Phillips originelle
Inflation et chômage en France sur la
période 1970-2019

Si l’on regarde l’ensemble des points :


une relation décroissante semble
persister entre taux de chômage et
taux d’inflation.

Si l’on compare les 2 sous périodes :


⇒ pas de relation entre inflation et
chômage.

Source : Blanchard et Cohen


4. La courbe de Phillips augmentée des anticipations
La courbe de Phillips augmentée des anticipations

Pourquoi la courbe de Phillips a-t-elle disparu ?

• Les deux chocs pétroliers des années 1970 ont entraîné une hausse des coûts non
salariaux et ont contraint les entreprises à accroître leurs prix, à salaires donnés,
c’est-à-dire à augmenter μ.
Or d’après l’équation (1) :

𝝅𝒕 = 𝝅𝒆𝒕 + 𝝁 + 𝒛 − α 𝒖𝒕
0
une hausse de μ induit une hausse de l’inflation quel que soit le taux de chômage.
La courbe de Phillips augmentée des anticipations Inflation aux Etats-Unis, 1900-2012

• A la suite d’une modification du processus


d’inflation, les agents ont modifié leur
processus de formation des anticipations.
A cours des années soixante :
• le taux d’inflation reste constamment
positif ;
• l’inflation devient persistante (une
inflation forte une année est susceptible Inflation en France, 1891-2012
d’être suivie d’une inflation forte l’année
suivante).
La courbe de Phillips augmentée des anticipations

• La persistance de l’inflation a conduit les entreprises et les salariés à revoir


leur mode de formation des anticipations.
Quand l’inflation est constamment positive, il est systématiquement faux
d’anticiper que les prix de demain seront égaux aux prix d’aujourd’hui.
⇒ Les agents ne vont pas répéter systématiquement les mêmes erreurs :
Quand l’inflation devient constamment positive et persistante, les
anticipations intègrent la présence de l’inflation.
⇒ Cette modification dans la formation des anticipations a changé la
nature de la relation entre inflation et chômage.
La courbe de Phillips augmentée des anticipations

Dès la fin des années soixante, Milton Friedman et Edmund Phelps remettent en
cause la validité de la courbe de Phillips.

Milton Friedman (1968) “The Role of


Monetary Policy”, The American Economic
Review, Vol. 58, No. 1, pp. 1-17.

Edmund S. Phelps (1967) “Money-Wage


Dynamics and Labor-Market Equilibrium”,
Journal of Political Economy, Vol. 76, No. 4,
Part 2: Issues in Monetary Research, pp. 678-
711. M. Friedman E. S. Phelps
(1912-2006) 1933
La courbe de Phillips augmentée des anticipations

• Friedman et Phelps reprochent aux économistes keynésiens d’avoir raisonné en


termes de salaires nominaux (illusion monétaire).
• Ils placent les anticipations et leur mode de détermination au cœur de l’analyse de
la dynamique de court terme avec l’apparition du concept de courbe de Phillips
augmentée des anticipations.
• L’efficacité des politiques de régulation de la demande dépend désormais des
anticipations d’inflation des agents.
• L’arbitrage inflation et chômage n’est possible que si les agents sous-estiment
systématiquement l’inflation dans leurs anticipations.
• Dans la formulation monétariste de la courbe de Phillips, l’arbitrage ne peut être
effectif qu’à court terme. À long terme, l’inflation réalisée et l’inflation anticipée
tendent à s’égaliser, l’activité réelle s’établissant à son niveau naturel.
⇒ L’inflation est un phénomène purement monétaire.
La courbe de Phillips augmentée des anticipations
Taux
d’inflation
La courbe de Phillips selon Friedman

L’économie se situe au point A.


On considère une politique conjoncturelle
expansive.
• A court terme :
⇒ ↑ inflation
⇒ ↑ niveau de l’emploi
⇒ ↓ chômage B
Illusion monétaire : arbitrage inflation Déplacement de
A
court terme
chômage
Déplacement le long de la courbe de court Taux de
terme : A → B chômage
La courbe de Phillips augmentée des anticipations

• A long terme : Taux


Fin de l’illusion monétaire : les salariés se rendent d’inflation
compte que parallèlement à l’augmentation de leurs
salaires nominaux, les prix ont augmenté et qu’ils Courbe de Phillips de
n’ont donc pas gagné en pouvoir d’achat. long terme

⇒ Ils réclament alors de nouvelles augmentations de


salaires, ce qui augmente à nouveau le chômage puis
crée de l’inflation. Les anticipations des agents sont
adaptatives.
Déplacement du point B au point C : on retrouve le
taux de chômage initial avec un taux d’inflation plus
B C
élevé.
A long terme, la courbe de Philips est verticale. Déplacement de
A
court terme

⇒ Remise en cause des politiques conjoncturelles


expansionnistes (seul résultat : ↑ inflation). Taux de
chômage
La courbe de Phillips augmentée des anticipations

Supposons que les anticipations soient de la forme : 𝝅𝒆𝒕 = θ𝝅𝒕−𝟏


où θ (0 ≤ θ ≤ 1) mesure la sensibilité de l’anticipation d’inflation à l’inflation passée.
Plus θ est élevé, plus l’inflation de l’année passée incite les salariés et les firmes à
réviser leurs anticipations d’inflation pour l’année en cours, plus l’inflation
anticipée est élevée.
La valeur de θ s’est accrue dans les années 70 :
• Tant que l’inflation était faible et peu persistante, les salariés et les firmes
ignoraient l’inflation passée et supposaient que les prix futurs seraient à peu prés
identiques aux prix passés.
Pour la période antérieure aux années 60, θ était proche de 0, 𝜋𝑡𝑒 = 0 et la
relation entre le taux d’inflation et le taux de chômage correspondait à l’équation
(2).
La courbe de Phillips augmentée des anticipations

• Lorsque l’inflation devient plus persistante, les salariés et les firmes modifient
leur comportement d’anticipation. Ils considèrent que si l’inflation a été forte
cette année, elle le sera également l’année prochaine : θ augmente.
Si l’on introduit 𝝅𝒆𝒕 = θ𝝅𝒕−𝟏 dans l’équation (1), on obtient :
𝝅𝒕 = θ𝝅𝒕−𝟏 + ( 𝝁 + z) − α 𝒖𝒕
θ : effet de l’inflation de l’année passée sur l’inflation anticipée.
• Quand θ = 0, on retrouve la courbe de Phillips originelle (relation décroissante
entre inflation et chômage).
• Quand θ > 0, le taux d’inflation ne dépend pas seulement du taux de chômage
mais également du taux d’inflation de l’année précédente.
• Quand θ = 1, la relation d’offre globale devient :
𝜋𝑡 = 𝜋𝑡−1 + ( 𝜇 + z) − α 𝑢𝑡
La courbe de Phillips augmentée des anticipations

Ou encore :
𝝅𝒕 − 𝝅𝒕−𝟏 = ( 𝝁 + z) − α 𝒖𝒕 (3)
Quand θ = 1, le taux de chômage n’affecte pas l’inflation mais la variation du taux
d’inflation.
Un taux de chômage élevé entraîne une baisse de l’inflation, un taux de chômage
faible entraîne une hausse de l’inflation.
L’équation (3) est appelée :
• Courbe de Phillips modifiée ;
• Courbe de Phillips augmentée des anticipations ( 𝜋𝑡−1 intervient dans la
formation des anticipations) ;
• Courbe de Phillips accélératrice (un taux de chômage faible entraîne une hausse
du taux d’inflation et donc une accélération du niveau des prix).
La courbe de Phillips augmentée des anticipations

On peut expliquer l’évolution de l’inflation et du chômage dans les années 1970 par
une augmentation de la valeur de θ.
θ est passé d’une valeur proche de 0 dans les années 60 à une valeur proche de 1
dans les années 70.
⇒ Alors que θ a augmenté, la relation simple entre inflation et chômage a disparu
pour faire place à une relation entre chômage et variation de l’inflation.
La courbe de Phillips augmentée des anticipations

Variation de l’inflation et chômage aux


Etats-Unis sur la période 1971-2011
Sur la période 1971-2011, on observe une
relation négative entre le taux de chômage
et la variation du taux d’inflation aux Etats-
Unis.
La droite s’ajustant le mieux au nuage de
points pour la période 1971-2011 est :
𝝅𝒕 − 𝝅𝒕−𝟏 = 𝟑, 𝟑% − 0,5𝟐 𝒖𝒕
Pour un taux de chômage faible, la
variation de l’inflation est positive, pour un
taux de chômage élevé, la variation de
l’inflation est négative.
La courbe de Phillips augmentée des anticipations

Pour la France, une relation entre le taux de chômage et la variation de l’inflation


salariale a été estimée sur la période 1970-2008.
La droite s’ajustant le mieux au nuage de points est :
𝝅𝒘𝒕 − 𝝅𝒕−𝟏 = 𝟕, 𝟗% − 0,𝟖𝟏 𝒖𝒕
Comme aux Etats-Unis, il y a bien une relation négative entre le taux de chômage et
une mesure de la variation du taux d’inflation.
Remarques :
• Inflation salariale 𝝅𝒘𝒕 et inflation 𝝅𝒕 sont identiques à une constante prés :
l’inflation résulte de l’écart entre le taux de croissance des salaires nominaux et le
taux de croissance de la productivité du travail.
• Une économie dans laquelle la productivité du travail augmente peut accepter une
inflation salariale de même ampleur que le gain de productivité sans répercussion
sur l’inflation.
5. La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Les développements de la courbe de Phillips sont étroitement liés au concept de


taux de chômage structurel / naturel (chapitre 2).
• Selon Friedman, il n’est pas possible de faire baisser durablement le niveau du
chômage car il existe un taux de chômage naturel (structurel).
• Le taux de chômage naturel reflète les caractéristiques structurelles de
l’économie (législation sur le travail, pouvoir de négociation des salariés,
allocations chômage,...), il dépend de l’équilibre sur le marché du travail (WS-PS).
• Le taux de chômage naturel est indépendant des chocs temporaires, il ne peut
donc pas, par définition, être impacté par des politiques conjoncturelles.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Définition : Le taux de chômage structurel est défini comme le taux de chômage


pour lequel le niveau réalisé des prix (ou de l’inflation) est égal au niveau anticipé
des prix (de l’inflation).
Soit 𝒖𝒏 le taux de chômage structurel, il est tel que : 𝝅𝒆𝒕 = 𝝅𝒕 = 𝝅𝒆𝒘𝒕

L’équation (1) s’écrit alors :


𝟎 = (𝝁 + z) − α 𝒖𝒏

On en déduit le taux de chômage structurel :

𝝁+𝒛 Plus la marge des prix par rapport aux coûts (μ) ou plus les
𝒖𝒏 = autres facteurs affectant la détermination des salaires (z) sont
𝜶 élevés, plus le taux de chômage structurel est élevé.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

D’après l’équation précédente :


α 𝒖𝒏 = 𝝁 + z

En remplaçant 𝜇 + z par α 𝑢𝑛 dans l’équation (1), on obtient :


𝝅𝒕 − 𝝅𝒆𝒕 = α 𝒖𝒏 − α 𝒖𝒕

𝝅𝒕 − 𝝅𝒆𝒕 = - α ( 𝒖𝒕 - 𝒖𝒏 ) (4)
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Hypothèse d’anticipations adaptatives :


Supposons que les agents s’attendent à ce que les prix augmentent cette année au même
rythme que l’année dernière, alors :
𝝅𝒆𝒕 = 𝝅𝒕−𝟏
L’équation (4) s’écrit :
𝝅𝒕 − 𝝅𝒕−𝟏 = - α ( 𝒖𝒕 - 𝒖𝒏 ) (5)
Cette nouvelle courbe de Phillips correspond à une relation entre le taux de
chômage courant, le taux de chômage structurel et la variation du taux
d’inflation.
La variation de l’inflation dépend de la différence entre le taux de chômage courant
et le taux de chômage structurel.
• Quand le taux de chômage est supérieur à son niveau structurel, l’inflation
décroît.
• Inversement, quand le taux de chômage est inférieur à son niveau structurel,
l’inflation augmente.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

L’équation (5) permet de définir le taux de chômage structurel comme étant le taux de
chômage nécessaire pour maintenir l’inflation constante.
⇒ Le taux de chômage structurel est également appelé le NAIRU (Non-Accelerating-
Inflation-Rate of Unemployment) : le taux de chômage n’accélérant pas l’inflation.
• Si le taux de chômage est à son niveau non inflationniste (NAIRU), et en l’absence de
chocs d’offre, les prix vont continuer à croître au taux d’inflation courant, sans
accélération, ni décélération.
• Quand le taux de chômage observé dépasse le NAIRU, l’inflation ralentit, ce qui permet
à terme une hausse de l’emploi et une baisse du chômage.
• Quand il se trouve sous le NAIRU, le mécanisme inverse conduit à une hausse de
l’inflation, à des réductions d’emplois et à un retour du chômage à son niveau
d’équilibre.
⇒ Contrairement à la relation de Phillips originelle, cela montre le caractère temporaire
de l’arbitrage entre inflation et chômage. A moyen terme, la relation négative entre ces
deux agrégats tend à disparaître.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Remarques :
• On appelle NAWRU (Non-Accelerating-Wage-Rate of Unemployment) le taux de
chômage nécessaire pour maintenir la stabilité des salaires nominaux.
• Pour Friedman, le taux de chômage naturel a un caractère optimal, ce qui le
conduit, à préconiser l’absence de politiques de stabilisation.
• Pour Phelps, le taux de chômage naturel n’est qu’un taux d’équilibre, que l’on
peut éventuellement souhaiter modifier, et les politiques peuvent permettre de
ramener plus rapidement le taux de chômage à son niveau naturel.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Quel a été le taux de chômage structurel aux Etats-Unis sur la période 1971-2011 ?
Selon l’estimation de la courbe de Phillips augmentée :
𝝅𝒕 − 𝝅𝒕−𝟏 = 𝟑, 𝟑% − 0,52 𝒖𝒕
𝑢𝑛 est tel que :
0 = (𝜇 + z) − α 𝑢𝑛
𝜇+z
𝑢𝑛 = = 3,3%/0,52 = 6,34%
α
⇒ Les estimations suggèrent que sur la période 1971-2011, le taux de chômage
requis pour que l’inflation reste constante aux Etats-Unis était en moyenne de 6,34%.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Quel a été le taux de chômage structurel en France sur la période 1970-2008 ?


Selon l’estimation de la courbe de Phillips augmentée :
𝝅𝒘𝒕 − 𝝅𝒕−𝟏 = 𝟕, 𝟗% − 0,𝟖𝟏 𝒖𝒕
Si l’on considère que les gains de productivité ont été de 1,5% par an en moyenne.
Le taux de chômage structurel est égal à :
𝑢𝑛 = (7,9 – 1,5) % / 0,81 = 7,9%
⇒ Les estimations suggèrent que sur la période 1970-2008, le taux de chômage
requis pour que l’inflation reste constante en France était en moyenne de 7,9%.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

En résumé :
La courbe de Phillips s’est modifiée lorsque l’inflation est devenue persistante.
La formation des anticipations s’est alors modifiée en réponse.
⇒ La relation entre inflation et chômage est susceptible d’être modifiée avec le
processus d’inflation.
On observe dans les pays à forte inflation une modification :
• de la formation des anticipations ;
• des accords institutionnels.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

• Quand le taux d’inflation devient élevé, l’inflation a tendance à être plus volatile.
Si l’inflation se situe autour de 5% par an, les agents sont à peu près sûrs que le
taux d’inflation s’établira entre 3 % et 7%.
Si le taux d’inflation se situe autour de 30%, les agents ne peuvent pas faire mieux
que d’anticiper que le taux d’inflation s’établira entre 20% et 40%.
Une fois le salaire nominal fixé, le salaire réel peut varier de 2% au-dessus ou au-
dessous de ce qu’ils avaient prévu dans le premier cas, contre 10% dans le second
cas.
⇒ L’incertitude est donc beaucoup plus forte quand l’inflation est élevée.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

• Quand le taux d’inflation est élevé, les salariés et les entreprises deviennent plus
réticents à l’idée de fixer le salaire nominal pour une longue période :
• si l’inflation est plus forte que prévu, les salaires réels risquent de fortement
baisser et le niveau de vie des salariés sera dégradé ;
• si l’inflation est plus faible que prévu, les salaires réels risquent d’augmenter
fortement, entraînant la faillite de certaines entreprises.
⇒ Les contrats salariaux changent avec le niveau d’inflation.
▪ Les salaires nominaux sont fixés pour des périodes beaucoup plus courtes.
▪ L’indexation des salaires se développe (les salaires nominaux augmentent alors
simultanément avec l’inflation).
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Considérons une économie avec deux types de contrats de travail :


• Une proportion λ des contrats de travail est indexée : les salaires nominaux suivent
exactement les variations du niveau des prix ;
• Une proportion 1 - λ des contrats n’est pas indexée : les salaires nominaux sont
fixés sur la base de l’inflation anticipée.
On suppose que l’inflation anticipée est égale à l’inflation de l’année précédente.
L’équation (4) devient :
𝝅𝒕 = [λ 𝝅𝒕 + (𝟏 − λ)𝝅𝒕−𝟏 ] - α ( 𝒖𝒕 - 𝒖𝒏 ) (6)
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

• Quand λ = 0, tous les salaires sont fixés sur l’inflation anticipée, égale à l’inflation de
l’année passée : on retrouve l’équation (5).
• Quand λ est positif, une proportion λ des salaires est fixée sur l’inflation réelle et non
sur l’inflation anticipée.
On peut réécrire l’équation (6) :
𝜋𝑡 − 𝜆 𝜋𝑡 = (1 − 𝜆)𝜋𝑡−1 - α ( 𝑢𝑡 - 𝑢𝑛 )
(1 − 𝜆) (𝜋𝑡 − 𝜋𝑡−1 ) = - α ( 𝑢𝑡 - 𝑢𝑛 )
α
𝜋𝑡 − 𝜋𝑡−1 = - ( 𝑢𝑡 - 𝑢𝑛 )
(1−𝜆)
α
L’indexation accroît l’effet du chômage sur l’inflation (0 < λ < 1, > α).
(1−𝜆)
Plus la proportion λ de contrats indexés est forte, plus l’effet du chômage sur la
variation de l’inflation est important.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Quand le taux de chômage est faible, les salaires augmentent ce qui accroît les prix.
• Sans indexation, la boucle prix-salaire s’interrompt jusqu’à la prochaine négociation
salariale ;
• Lorsqu’il existe une indexation, la hausse des prix engendre immédiatement une
nouvelle hausse des salaires, suivie par une nouvelle hausse des prix, etc…
⇒ L’effet total d’un faible taux de chômage sur le niveau général des prix est
beaucoup plus fort.

• Quand λ est proche de 1, la plupart des contrats de travail sont indexés : de petites
variations du taux de chômage peuvent entraîner de très fortes variations de l’inflation
et finalement, la relation inflation-chômage n’est plus très claire.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Hétérogénéité spatiale et temporelle du taux de chômage structurel


• Les variations du taux de chômage structurel dans l’espace (selon les pays)
Le taux de chômage structurel dépend :
• de tous les facteurs affectant la détermination des salaires, représentés par la
variable agrégée z ;
• de la marge des entreprises, μ ;
• et de la sensibilité de l’inflation au taux de chômage, représentée par α.
Dans la mesure où ces facteurs diffèrent selon les pays, il en résulte que les taux de
chômage structurel diffèrent également.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Exemple : comparaison Etats-Unis, Japon


On peut considérer le taux de chômage moyen sur longue période comme une
approximation du taux de chômage structurel (non directement observable).
Depuis 1960, le taux de chômage moyen a été de 6,1% aux Etats-Unis contre 2% au
Japon.
⇒ Le taux de chômage structurel était sur la période trois fois plus faible au Japon
qu’aux Etats-Unis.
L’écart entre les 2 pays provient essentiellement du mode de fonctionnement du
marché du travail.
• Au Japon, les flux d’entrées et de sorties de l’emploi sont beaucoup plus faibles qu’aux
Etats-Unis.
• Les licenciements sont rares.
• La plupart des réallocations de main d’œuvre se font au sein des entreprises et non par
l’intermédiaire du marché du travail.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

• Les variations du taux de chômage structurel dans le temps


En supposant les paramètres μ, et z constants, nous avons obtenu un taux de chômage
structurel constant dans le temps.
Cependant, il n’y a aucune raison de considérer que ces paramètres sont constants dans
le temps.
La taille de la population active, sa composition, les formes de la négociation salariale, le
système d’allocations chômage, etc... peuvent varier dans le temps et conduire à une
modification du taux de chômage structurel.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel
Estimation du NAIRU pour la France

Sources : OCDE, AMECO


La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel
Estimation du NAIRU pour l’Union européenne
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel
Estimation du NAIRU pour les Etats-Unis
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel
Estimations du NAIRU
1995 2000 2005 2010 2014
Autriche 3,8 4,1 4,4 4,3 4,3
Belgique 8,3 8,1 8,0 8,0 7,9
Danmark 6,4 5,3 5,0 5,5 5,7 Le taux de chômage structurel
Finlande 12,8 10,5 8,4 7,7 7,2
France
européen qui était beaucoup plus
9,8 9,0 8,7 8,9 9,2
Allemagne 7,1 7,6 8,1 7,1 6,3
faible que le taux américain
Grèce 8,4 9,9 10,4 12,5 16,8
jusqu’au début des années 1970, a
Hongrie 8,5 6,5 7,1 9,4 10,6 constamment augmenté depuis.
Irelande 11,6 8,5 7,5 9,7 10,6 En 2014, le NAIRU était estimé à
Italie 9,4 9,1 7,8 7,6 9,9 6,1% aux Etats-Unis, contre 9,1%
Luxembourg 2,6 3,1 4,3 5,4 5,5
Pays-Bas
pour la zone euro.
5,7 4,0 3,9 3,7 3,8
Pologne 13,2 15,3 15,6 10,0 10,0
Portugal 6,0 5,8 7,4 9,5 12,2
Espagne 15,8 13,0 11,8 15,6 20,7
Royaume-Uni 8,2 6,1 5,6 6,7 6,9
Etats-Unis 5,6 5,4 5,6 6,1 6,1
Japon 3,1 3,8 4,1 4,3 4,3

Source : OCDE
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

La désinflation et la dynamique de l’ajustement


La banque centrale doit-elle réduire brutalement ou progressivement la croissance
de la masse monétaire ?
Quelles sont les conséquences sur le chômage ?
D’après la courbe de Phillips :
𝜋𝑡 − 𝜋𝑡−1 = - α ( 𝑢𝑡 - 𝑢𝑛 )
• La désinflation ne peut être obtenue que si le taux de chômage est supérieur à
son niveau structurel.
• Le montant de chômage supplémentaire que nécessite la désinflation ne
dépend pas de la vitesse à laquelle la désinflation est conduite. Que la
désinflation soit rapide ou progressive, le coût en terme de chômage sera le
même.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Exemple :
Supposons que la banque centrale souhaite réduire l’inflation de 14 % à 4 % et que α = 1.
L’équation de la courbe de Phillips est :
𝜋𝑡 − 𝜋𝑡−1 = - ( 𝑢𝑡 - 𝑢𝑛 )
• Si la banque centrale veut atteindre son objectif en 1 an, le taux de chômage doit être
supérieur de 10 % à son taux structurel pendant 1 an.
• Si la banque centrale veut atteindre son objectif sur une période de 2 ans, le taux de
chômage doit être supérieur de 5 % à son taux structurel pendant 2 ans (l’inflation
baisse de 5 % chaque année).
• Par analogie, si la banque centrale veut atteindre son objectif sur une période de 5 ans,
le taux de chômage doit être supérieur de 2 % à son taux structurel pendant 5 ans
(l’inflation baisse de 2 % chaque année).
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Définitions
• Si on appelle point de chômage supplémentaire un écart de 1 % entre le taux de
chômage et le taux de chômage structurel pendant 1 an, nous constatons que le
nombre de points de chômage supplémentaires requis pour une baisse de 10%
de l’inflation est indépendant de la vitesse à laquelle baisse l’inflation.
⇒ La banque centrale peut choisir la distribution du chômage supplémentaire
au cours du temps (vitesse à laquelle la désinflation est réalisée) mais elle
ne peut pas modifier le montant total de chômage supplémentaire.
• Si on appelle ratio de sacrifice (SR) le nombre de points de chômage
supplémentaires nécessaires pour baisser l’inflation de 1 %, alors ce ratio est égal
à 1/ α.
1
𝑢𝑡 - 𝑢𝑛 = - (𝜋𝑡 − 𝜋𝑡−1 )
𝛼

-1%
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Si α est proche de 1 alors le ratio de sacrifice est également proche de 1, cela


signifie que pour baisser l’inflation de 1 point de pourcentage, 1 point de chômage
supplémentaire est nécessaire.

Remarque :
• L’arbitrage inflation/chômage implique qu’une désinflation aura un coût en
termes de chômage à court terme.
• Le ratio de sacrifice (SR) fournit une mesure de ce coût : il est égal au surcroît de
chômage par rapport au chômage structurel généré par une baisse de 1 point de
l’inflation.
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel

Si le ratio de sacrifice est constant, peut-on conclure que la vitesse à laquelle la


désinflation est réalisée est indifférente ?
Exemple :
Supposons que α = 1
1) Supposons, que la banque centrale décide d’atteindre son objectif de baisse de
10 points de l’inflation en 1 an :
• Le taux de chômage doit-être 10% au dessus du taux de chômage structurel
durant 1 an.
• Pour un taux de chômage structurel de 6%, cela signifie que le taux de chômage
doit s’établir à 16% pendant 1 an.
Irréalisable : Aucun gouvernement n’est prêt à mettre en place une telle politique de
désinflation.
⇒ Les conséquences d’une désinflation brutale sont dramatiques (violente récession,
chômage,…).
La courbe de Phillips et le taux de chômage naturel
2) Supposons, que la banque centrale décide d’atteindre son objectif de baisse de
l’inflation en 5 ans :
L’équation de la courbe de Phillips pour α = 1 et un taux de chômage structurel de 6
% est :
𝜋𝑡 − 𝜋𝑡−1 = - ( 𝑢𝑡 - 6%)
Le sentier de désinflation :
Année

Avant Désinflation Après Trajectoire de l’inflation :


0 1 2 3 4 5 6 7 8
L’inflation passe de 14 % (année 0) à 4 %
(année 5), elle baisse de 2% chaque année
Inflation (%) 14 12 10 8 6 4 4 4 4 pendant 5 ans, pour se stabiliser à 4%.
Taux de chômage (%) 6
La dynamique de l’ajustement : l’exemple de la désinflation

Le sentier de désinflation
Trajectoire du taux de chômage :
Année
Elle est donnée par la courbe de Phillips.
Pour α = 1 et un taux de chômage structurel de 6 % :
Avant Désinflation Après
𝜋𝑡 − 𝜋𝑡−1 = - ( 𝑢𝑡 - 6%)
0 1 2 3 4 5 6 7 8 L’évolution du taux de chômage est donnée par :
𝑢𝑡 = - (𝜋𝑡 − 𝜋𝑡−1 ) + 6%
Inflation (%) 14 12 10 8 6 4 4 4 4
De l’année 1 à l’année 5 : 𝜋𝑡 − 𝜋𝑡−1 = −2 % donc le
Taux de chômage (%) 6 8 8 8 8 8 6 6 6 taux de chômage est égal à 8%.
A partir de l’année 6, le taux de chômage rejoint son
niveau initial (𝜋𝑡 −𝜋𝑡−1 = 0 ).
La dynamique de l’ajustement : l’exemple de la désinflation

Remarques :
• Nous avons envisagé deux trajectoires possibles de désinflation en 1 an et en 5
ans.
• Ce ne sont que deux trajectoires possibles parmi d’autres.
• Toutes les trajectoires ont une caractéristique commune : le coût total en
termes de chômage est le même.
⇒ Quelle que soit la vitesse à laquelle l’inflation baisse, le montant total de
chômage supplémentaire sera toujours le même.
• Cependant, la vitesse à laquelle la désinflation est réalisée n’est pas
indifférente : une désinflation brutale a des conséquences économiques
dramatiques (violente récession, taux de chômage,…).
La dynamique de l’ajustement : l’exemple de la désinflation

• Nous pouvons calculer le ratio de sacrifice à partir du tableau.


Cumul des excès de chômage par rapport à 𝑢𝑛
SR =
Réduction de l′ inflation
𝑢 −𝑢 + 𝑢2 −𝑢𝑛 +⋯+ 𝑢5 −𝑢𝑛
SR = 1 𝑛
𝜋0 −𝜋5
5 𝑋2
SR = =1
10
On retrouve bien pour α = 1.
1
SR = = 1
α
Il faut 1 point de chômage supplémentaire pour faire baisser l’inflation de 1%.
La dynamique de l’ajustement : l’exemple de la désinflation

• Cette analyse correspond aux analyses qui étaient réalisées par les économistes
de la Fed à la fin des années 1970.
⇒ la politique économique peut jouer sur la vitesse à laquelle la désinflation
est conduite mais pas sur le montant total de chômage supplémentaire
requis.
• Cette approche a depuis était remise en cause par deux groupes d’économistes.
Les critiques portent sur le processus de formation des anticipations (hypothèse
d’anticipations adaptatives).
⇒ un changement dans le processus de formation des anticipations peut
modifier le coût en chômage de la désinflation.
6. Courbe de Phillips et anticipations rationnelles
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles

Remise en cause du processus de formation des anticipations :


⇒ Anticipations adaptatives versus anticipations rationnelles
• Anticipations rationnelles et crédibilité de la politique monétaire
Robert Lucas et Thomas Sargent
• Anticipations rationnelles et rigidités nominales et contrats de travail
Stanley Fisher et John Taylor
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles

Anticipations rationnelles et crédibilité de la politique monétaire


La critique de Lucas
Robert E. Lucas and Thomas J. Sargent (1979) «After Keynesian Macroeconomics»,
Federal Reserve Bank of Minneapolis Quarterly Review, 3(2), pp. 1-16.

R. E. Lucas T. J. Sargent
1937 1943
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles

Remise en cause du processus de formation des anticipations :


Si l’on considère la courbe de Phillips avec anticipations adaptatives :
𝝅𝒕 = 𝝅𝒕−𝟏 - α ( 𝒖𝒕 - 𝒖𝒏 ) (5)
Cela revient à supposer que les agents économiques anticipent pour le futur la même
inflation que dans le passé, et qu’un changement de politique économique ne modifie
pas le mode de formation des anticipations.
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles

Selon Lucas :
• Si les agents savent que la banque centrale s’engage à réduire l’inflation :
⇒ ils vont anticiper une inflation plus faible dans le futur.
• S’ils révisent à la baisse leurs anticipations :
⇒ l’inflation courante baissera sans qu’il y ait nécessairement une augmentation du
taux de chômage.
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles

Si les agents forment leurs anticipations de façon rationnelle, et si l’Etat annonce


par exemple une politique monétaire restrictive, les agents révisent à la baisse
leurs anticipations d’inflation.
Le mécanisme à la base de l’arbitrage entre inflation et chômage disparaît alors :
• En effet, sauf en cas de surprise ou de choc, les anticipations des agents sont
vérifiées (𝜋𝑡 = 𝜋𝑡𝑒 ) et la courbe de Phillips se réduit à 𝑢𝑡 = 𝑢𝑛 .
• Dans ce cas, l’arbitrage entre inflation et chômage n’existe ni à moyen terme ni à
court terme.
• A n’importe quel niveau d’inflation correspond le taux de chômage 𝑢𝑛 .
• Pour les théoriciens des anticipations rationnelles, la courbe de Phillips est
verticale même à court terme.
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles
Exemple :
Si les agents anticipent que l’inflation va baisser de 14 % à 4 % et que l’inflation passe
effectivement de 14 % à 4 %, le taux de chômage reste au niveau 𝑢𝑛 :
𝜋𝑡 = 𝜋𝑡𝑒 - α (𝑢𝑡 − 𝑢𝑛 )
 4 % = 4 % - 0%
• La croissance de la masse monétaire, de l’inflation et de l’inflation anticipée peuvent être
réduites sans qu’il y ait nécessairement un accroissement du taux de chômage.
• Une baisse de la croissance de la masse monétaire serait alors non seulement neutre à
moyen terme mais aussi à court terme.

Remarque :
Lucas et Sargent ne pensaient pas réellement qu’une désinflation pouvait être réalisée sans
une certaine hausse du chômage.
⇒ Si les agents forment leurs anticipations de façon rationnelle, le coût de la désinflation
est plus faible.
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles

Sargent à partir de travaux empiriques a montré que la hausse du chômage peut être
faible.
Le ratio de sacrifice (RS) peut être beaucoup plus faible que celui obtenu à partir d’ un
modèle avec anticipations adaptatives.
• La clé de la réussite de la désinflation est la crédibilité de la politique monétaire : il
est nécessaire que les agents soient convaincus que la banque centrale tiendra son
engagement de réduire l’inflation.
• Seule une crédibilité forte peut inciter les agents à modifier leurs anticipations
d’inflation à la baisse.
• Selon Sargent, un programme de désinflation rapide est bien plus crédible qu’un
programme de désinflation lente, qui risque d’être contesté et annulé lors de
changements politiques.
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles

Rigidités nominales et contrats


Stanley Fisher et John Taylor ont mis en
évidence l’existence de rigidités
nominales :
• La plupart des salaires sont fixés en
termes nominaux pour plusieurs
années ;
• Ils ne sont généralement pas réajustés
en cas de changement de politique
monétaire.
J. B. Taylor S. Fisher
1946 1943
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles

La crédibilité des autorités n’est pas une condition suffisante pour réaliser une
désinflation sans coût en termes de chômage.
L’existence de contrats de travail courants sur plusieurs périodes accroît le coût de
la désinflation.
Pour Fisher, une baisse trop rapide de la croissance de la masse monétaire, même
si elle est crédible, entraîne un fort chômage :
• Les salaires fixés avant le changement de politique monétaire prennent en
compte les anticipations d’inflation formées avant le changement, reposant
sur une inflation forte.
• L’inflation ne peut donc pas être réduite instantanément et sans coût.
• Une désinflation devrait donc être annoncée suffisamment à l’avance pour
que les salariés et les entreprises en tiennent compte lors de la détermination
des salaires.
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles

Taylor rappelle qu’une caractéristique importante des négociations salariales est


leur étalement dans le temps.
• Les contrats salariaux ne sont pas tous signés en même temps ; il existe un
échelonnement des décisions salariales.
• Les salariés sont soucieux de préserver leur salaire relativement à celui des autres
salariés : chaque nouvelle négociation de contrat s’établira à un niveau de salaire
proche des niveaux de salaire des contrats déjà existants.
⇒ Une baisse rapide du taux de croissance de la masse monétaire ne peut pas
engendrer une baisse proportionnelle de l’inflation.
⇒ Le stock d’encaisses réelles est alors diminué, ce qui entraîne une récession et
une hausse du chômage.
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles

⇒ Afin de réduire le coût du chômage, il faut laisser le temps aux agents de


prendre en compte la politique de désinflation dans la détermination des
nouvelles négociations salariales.
La banque centrale doit mener une politique de désinflation graduelle.

Problème :
La banque centrale qui annonce aujourd’hui que la désinflation sera très forte
dans deux ans ne sera pas crédible.
⇒ Si la politique de la banque centrale n’est pas crédible, les anticipations
d’inflation ne seront pas modifiées.
⇒ La désinflation se fera au prix d’une hausse temporaire du chômage.
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles

La prise en compte des anticipations rationnelles par les deux groupes


d’économistes a abouti à des conclusions différentes.
• Pour les partisans de la « crédibilité » de la politique monétaire :
Une désinflation courte est plus crédible qu’une désinflation longue.
La crédibilité réduit le coût en emplois de la désinflation.
⇒ La banque centrale doit donc mener une politique de désinflation rapide.
• Pour les partisans des « rigidités nominales » :
Il faut laisser le temps aux agents de prendre en compte la politique de
désinflation dans la détermination des nouvelles négociations salariales de
manière à réduire le coût du chômage.
⇒ La banque centrale doit mener une politique de désinflation graduelle.
Courbe de Phillips et anticipations rationnelles
Laurence Ball a estimé des ratios de sacrifice de 65 désinflations réalisées dans 19 pays
de l’OCDE.
Laurence Ball (1994) « What determines the Sacrifice Ratio? », In Monetary Policy, ed.
N. Gregory Mankiw, 155-82. Chicago: University of Chicago Press.
Il énonce trois résultats principaux :
• En général, une désinflation entraîne une hausse temporaire du chômage.
⇒ Une baisse de la croissance de la masse monétaire n’est pas neutre à court terme.
• Les désinflations rapides sont associées à des ratios de sacrifice plus faibles.
⇒ Cela contredit les conclusions de la courbe de Phillips avec anticipations adaptatives
et accrédite les théories de Lucas et Sargent : des effets d’anticipations et de
crédibilité semblent jouer.
• Les ratios de sacrifice sont plus faibles dans les pays ayant des contrats salariaux plus
courts ou des processus de négociations salariales souples.
⇒ Cela est conforme aux théories de Fischer et Taylor : la structure et la détermination
des salaires jouent un rôle important.

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