BAISSE UN PEU LA JALOUSIE

Charles Melman

ERES | « La revue lacanienne »

2012/2 N° 13 | pages 17 à 17
ISSN 1967-2055
ISBN 9782749234564
Article disponible en ligne à l'adresse :
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http://www.cairn.info/revue-la-revue-lacanienne-2012-2-page-17.htm
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!Pour citer cet article :
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Charles Melman, « Baisse un peu la jalousie », La revue lacanienne 2012/2 (N° 13), p. 17-17.
DOI 10.3917/lrl.122.017
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 01 Lacanienne 13 7/09/12 11:45 Page 17
Baisse un peu la jalousie
Charles Melman
Psychiatre, psychanalyste
Bel exemple du savoir déposé dans
lalangue, cet usage du mot pour désigner
le rideau avec lequel la chambre sera pro-
tégée de la lumière pénétrante et aussi bien
d’un regard potentiellement indiscret. Il
s’agit autrement dit de préserver ce lieu
clos de l’intrusion du tiers susceptible de
déranger la jouissance du couple. À cause
de la jalousie présumée de ce tiers sans
doute – le mauvais œil – mais aussi pour
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enfermer les partenaires dans une dualité
désormais protégée contre tout attrait
pour ce qui pourrait leur être extérieur.
Rien que nous deux, cette belle devise des
amants ne dure pourtant que rarement. Si
l’amour en effet impose une fidélité au
même, puisqu’elle est affaire de foi, le
désir, lui, forcément est hérétique puisque
c’est l’hétéros qui l’anime.
Voilà donc l’intrus qui avec lui s’insinue
entre les deux mêmes qui s’aiment, ce dont
chacun pourra dès lors accuser l’autre,
puisque l’effraction aura suffi pour le
rendre autre à soi. Si la fusion des deux
mêmes qui s’aiment – au point de ne plus
faire qu’un – n’a pu s’effectuer qu’au prix
d’une forclusion du partenaire tiers, autre-
ment dit du phallus, on conçoit que le des-
tin le fasse réapparaître dans le Réel
comme le un parfait, rival inégalable de
celui ou celle qui se retrouve alors entamé,
traumatisé, châtré. À la foi propre à
l’amour succède la certitude de la persé-
cution. « Il » doit bien être quelque part,
caché certes mais dont les signes abondent
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dans le champ de la représentation pour
qui sait les dépister. Celui dont la puissance
inégalable amène le jaloux à se féminiser,
ô horreur, pour rivaliser avec celle qu’il
soupçonne. Soupçon à juste titre, il le sait
bien, puisque ce tiers ne peut manquer
d’ex-ister. Mais il ignore que c’est la forclu-
sion qui l’a rendu con-sistant.
On sait depuis toujours que le vrai amour
est une folie à deux. Iago, le « phallus » de
son nom d’origine, est brillant sur la scène
pour le rappeler. Othello et Desdémone
sont ainsi les victimes du meilleur mouve-
ment qui les attire l’un vers l’autre. Emblé-
matique, leur histoire n’empêchera jamais
que ce mouvement ne soit toujours prôné
comme un remède à la discorde, privée
aussi bien que sociale.
Moralité : la structure est plus déterminante
que l’expérience et celle-ci résistera tou-
jours à la sanction, au profit de l’espoir.
L’amour fou est ainsi régulièrement à
recommencer.
La Revue Lacanienne
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