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Introduction à l’hydrologie

Ecole Supérieure Polytechnique de la Jeunesse


Année 2014-2015
Chapitre VII: Etudes des crues
 Définitions et caractéristiques
 Origine
 Les méthodes d’estimation des crues
I. Définitions et caractéristiques
1/2. Généralités
Définitions

 Quantités d’eau extraordinaire qui


est transformée (avec ou sans
débordement) par un système
hydraulique (lac et cours d’eau)

 Caractéristiques d’une crue


 Le débit (m3/s)
 Le volume (m3)
 La durée (h)
 La vitesse d’écoulement (m/s)
 La fréquence d’apparition ou temps
de retour en années
I. Définitions et caractéristiques
2/2. Généralités
Définitions
 La crue s’identifie lorsque Le débit ou la hauteur d’eau au droit d’une ou de plusieurs
sections spécifiques de la rivière dépasse un seuil donné
 On définit alors
 Le débit moyen de crue Q (m3/s)

 Le débit maximal de crue ou le débit de pointe Qp (m3/s)


 Le coefficient de pointe Cp rapport entre Qp et Q(m3/s)

 La durée de la crue t(h) correspondant au temps durant lequel le débit ou la hauteur d’eau
dépasse le seuil fixé
 Le volume de la crue V équivalent au volume d’eau transité par le système durant toute la
durée de la crue
Volume spécifique de crue q max m / s / m , q p m / s / m 
3 2 3 2

valeurs de débits ci-dessus rapportés à la surface du bassin versant
I. Définitions et caractéristiques
1/1. Origine de la crue
 Evènements hydrométéorologiques intrinsèques ou combinés
 Précipitations extraordinaires (liquide ou solide) en intensité ou en durée
 Fonte extraordinaire de neige ou de glace ou fonte normale mais combinée avec
d’autres éléments (précipitations)

 Embâcle ou débâcle de glace de matériaux flottants (bois)


 Provoqué par le dégel printanier des régions où les cours d’eau gèlent durant l’hiver

 Autres causes de générations de crues


 Rupture de barrage
 Crevaisons d’occlusions dans les masses de glace qui peut libérer des gros volumes
d’eau

 Les crues sont souvent associées à:


 Laves torrentielles (transport de matériaux solides par l’eau)
 Glissement de terrain
 Érosion torrentielle
II. Méthodes d’estimation des crues
1/2. Remarques
 Remarques préliminaires
L’estimation des crues se situe à trois niveaux d’appréciations issues :
 De mesures
 D’enquêtes
 De calculs

 Les mesures
 Mesures standard de hauteur d’eau et de débit durant la crue
 Mesures de délaissés (traces) de crue dans l’environnement après la crue: hauteurs des
herbes couchées, de l’érosion, sur les berges, de trace des conséquences des passages de
l’eau sur les cultures, des arbres, des bâtiments etc.)
 Remarques
Les mesures effectives sont souvent inexistantes lors de crues très importantes : matériel
dégradé, endommagé par la pluie, ou
Mesures entachées de grosses erreurs à cause du caractère anormal de l’eau durant ces
évènements
II. Méthodes d’estimation des crues
2/2. Remarques
 Les enquêtes
 Immédiatement après une crue spécifique: permet d’obtenir des informations en temps réel

 En archive et/où par le biais d’autres enquêtes personnelles pour retrouver des
comportements historiques sur le comportement des crues dans une rivière ou une région

 Les méthodes de calcul


 Cas n°1 : peu ou pas de données disponibles
Application de méthodes analogiques, empiriques ou pseudo-empiriques : méthodes
approximatives

 Cas n°2: données concomitantes de pluie et de débit


Application de méthodes déterministes

 Cas n°3: données existantes et suffisantes de pluies et débits


Applications de méthodes statistiques couplées aux méthodes déterministes
II. Méthodes d’estimation des crues
3/20. Fréquence d’apparition et temps de retour
 Fréquence d’apparition et notion de temps de retour
 En admettant que Q représente une variable aléatoire, la probabilité pour qu’un débit Q ne
soit pas dépassé (soit < à une valeur xQ) est :

FQ ( xQ )  P(Q  xQ )
 FQ est appelée fréquence de non-dépassement ou probabilité de non-dépassement

 Probabilité de dépassement : 1  P(Q  xQ )

Temps de retour d’un évènement :


1
T
1  FQ ( xQ )
 un débit de temps de retour est un débit qui sera dépassé en moyenne toutes les T années
II. Méthodes d’estimation des crues
4/20. Les méthodes approximatives

 En absence de données hydro-météorologique sur le bassin d’étude,


 Procéder à des études hydrologiques sur un ou d’autres bassins analogiques dont on
dispose les données
 Les résultats issus de cette étude sont alors transposés sur le bassin initial moyennant
des règles de transfert à définir:
 La morphologie des bassins versants analogues: pente, orientation, densité de
drainage, type de couverture végétale, pédologie
 La situation géographique des bassins versants analogues: longitude, latitude et
altitude, régime hydrologique et climatique
 Les aménagements réalisés dans les bassins versants analogues: modifications de l’état
de surface, modifications du régime d’écoulement….
 Les caractéristiques physiques des bassins versants analogues: longueur, largeur, forme
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes empiriques 5/20. Les méthodes empiriques
Formules empiriques utilisant les caractéristiques du bassin versant
bassins versants de petites tailles (formules Suisse)

 Formule de Lauterburg (1887)


1120
qmax   
 Pour 1 < A < 500 Km2 31  A
 α est le coefficient exprimant à la fois la pente du bassin versant, le type de sol et la
végétation
 qmax : débit spécifique de crue maximal

 Formule de Hafbauer (1916) 60


qmax   '
 α’ Coefficient exprimant la nature du terrain A

 Formule de Kürsteiner (1917)


a
qmax 3
 Où 9 ≤ a ≤12 A
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes empiriques 6/20. Les méthodes empiriques
Formules empiriques utilisant les caractéristiques du bassin versant
d’autres régions du monde
 Francou et Rodier (1967)
1 0.1 K
 A 
qmax  106  8 
 10 
 K =coefficient égal à 6 pour le Texas sud, Corée, Japon, etc….
 K = 2-4 pour les grandes rivières en Europe
 Pour les évènements extrêmes, la valeur de K peut être plus grande
 Graeger et Justin (1950)
 qmax = débit maximal de crue exprimé en ft3/s
 A = superficie du bassin versant en miles carrés

0.894 A0.848
qmax  4600  A
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes empiriques 7/20. Les méthodes empiriques
Formules empiriques utilisant les caractéristiques du bassin versant
d’autres régions du monde
 Scimemi
1358
qmax   0.054
A  259

 Forti

1125
qmax   0.5
A  125
 De Marchi

500
qmax  5
A  125
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes empiriques 8/20. Les méthodes empiriques
Formules empiriques utilisant les caractéristiques du bassin versant
d’autres régions du monde
 Formule faisant intervenir le temps de retour de l’évènement
 Fuller (1914)
Q(T )  Q1  (1  Log (T ))

 Q(T) = débit moyen journalier de crue de temps de retour T


 Q1 = valeur moyenne des Qmax de chaque année
 T = temps de retour considéré
 Pour passer de Q(T) qui est un débit moyen journalier, au débit de pointe Qp il faut
appliquer un coefficient de pointe Cp. Fuller propose alors:
2.66
Cp  1
A0.3
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes empiriques 9/20. Les méthodes empiriques
Formules empiriques utilisant les caractéristiques du bassin versant
d’autres régions du monde
 Formule faisant intervenir le temps de retour de l’évènement
 Coutagne (1951)

Qmax (T )  Q0  1  K  Log (T ) 
 Qmax(T) = débit de pointe de temps de retour T
 Q0 = débit de pointe de temps de retour T = 1 an
 T = temps de retour considéré
 K varie de 1.82 (la Seine à Paris) à 1.4 (le Nil à Assouan)
 La courbe enveloppe pour le monde est donnée par
3009.2  A
Qm 
41.31  A0.78
 A en km2 et Qm en m3/S
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes empiriques 10/20. Les méthodes empiriques
Formules empiriques utilisant les caractéristiques du bassin versant et les précipitations
 Iskowski (1886)
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes empiriques 11/20. Les méthodes empiriques
Formules empiriques utilisant les caractéristiques du bassin versant et les précipitations
 Possenti
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes empiriques 12/20. Les méthodes empiriques
Formules empiriques utilisant les caractéristiques du bassin versant, les précipitations, le
ruissellement et le temps de concentration
 Turrazza
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes empiriques 14/20. Les méthodes empiriques

Remarque importante:
L’ensemble des formules empiriques quelques soient leurs
formulations font toutes appel à des coefficients empiriques mais
validés à l’endroit où elles ont été établies. Leur généralisation n’est
donc pas possible et il n’est par conséquent pas correct de les
appliquer à l’extérieur de leur domaine de validation.
Ces formules doivent exploitées avec circonspection ou adaptées
aux régions d’études concernées (Musy, 1998)
II. Méthodes d’estimation des crues
15/20. Les méthodes Pseudo-empiriques

 Les méthodes pseudo-empiriques


 Se distinguent des formules précédentes par un degré de conceptualisation évident et d’une
mise en application pouvant faire appel à des réels résultats de mesure.
 La nature de certains coefficients ou la nature de les déterminer peut être strictement
empirique d’où la notion de formules pseudo-empiriques.
 Ces formules concernent :

 La formule rationnelle (Mulvany 1850)


 Formule la plus connue et la plus utilisée
 Hypothèse forte :
 intensité de la pluie constante durant l’averse
 Coefficient de ruissellement supposé constant dans le temps et dans l’espace
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes pseudo-empiriques 16/20. Les méthodes pseudo-empiriques
 La formule rationnelle (Mulvany 1850)
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes pseudo-empiriques 19/20. Les méthodes pseudo-empiriques
 Rappel des différents temps
 Le temps d’humectation th ou tu
 En zone rurale il correspond au temps requis pour atteindre la saturation du sol. Une
valeur entre 10 et 20 minutes est normalement adoptée,
 En zone urbaine, il représente le temps requis pour remplir les dépressions et satisfaire le
stockage de surface, il est en général très faible (1 à 3 minutes), car le ruissellement sur
les surfaces imperméables commence généralement en synchrone avec la pluie,

 Le temps de ruissellement est équivalent au temps d’écoulement entre le point le plus


éloigné du bassin versant et le début du cours d’eau,

 Le temps d’acheminement (ta) dans le cours d’eau correspond au temps de déplacement


de l’eau jusqu’à l’exutoire

 Le temps de concentration (tc) est la somme de ces trois composantes


II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes pseudo-empiriques 18/20. Les méthodes pseudo-empiriques
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes pseudo-empiriques
19/20. Les méthodes pseudo-empiriques
Formule des normes suisses SNV
La SNV est l’Association Suisse de Normalisation établie pour le calcul de débit de drainage des routes.
Formule proposée par l’Institut National pour l’Aménagement, l’Epuration et la protection des eaux

12  L
tc  5

Cr  K  I
5/ 3 2/3 1/ 2

 tc = temps de concentration en mn
 L = longueur du cours d’eau principal en m
 Cr = coefficient de ruissellement
 I = pente moyenne du bassin en %
 K = coefficient en fonction du lieu et du temps
de retour
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes pseudo-empiriques 20/20. Les méthodes pseudo-empiriques
Formule des normes suisses SNV :
Valeurs guides du coefficient de ruissellement

Hypothèses relatives au coefficient de


ruissellement dans la méthode
rationnel le et comparaison avec le
comportement réel (Musy, 1998)
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes pseudo-empiriques 1/4. Les méthodes pseudo-empiriques

Formule des normes suisses SNV : Valeurs guides du coefficient de ruissellement (Cr)
Par ailleurs en zone urbaine,
1ère formule : Cr dépend du taux d’imperméabilité du bassin versant:
Cr = 0.9 x Imp + 0.15 ( 1- imp)
Où Imp = taux d’imperméabilité du bassin versant
Cette formule suppose que les pertes en zone imperméable sont très petites et que le
coefficient de ruissellement de la zone perméable en milieu urbain est égal à 0,15
2ième formule : Quand les pertes en zone imperméables sont importantes
Cr = 1.01 x (Imp - 0.12)
Dans cette formule les pertes atteignent 12%
Formule utilisée par Desbordes en France
3ième formule : Cr est exprimée en fonction du taux d’imperméabilité et de la pente
Formule utilisée par Shaake en Allemagne
Cr = 0.14 + 0.65 x Imp + 0.05 x I
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes pseudo-empiriques 2/4. Les méthodes pseudo-empiriques
II. Méthodes d’estimation des crues
 Les méthodes pseudo-empiriques 3/4. Les méthodes pseudo-empiriques

 Il conviendrait de rajouter au temps de ruissellement, le temps d’humectation (th) et le


temps d’acheminement (ta)
 les vitesses d’écoulement en fonction de l’occupation du sol sont fournies par la littérature
II. Méthodes d’estimation des crues
4/4. Les méthodes pseudo-empiriques
 Les méthodes pseudo-empiriques
 La formule SCS : vitesse en fonction de l’occupation du sol et de la pente du sol
IV. Exercices

Exercice d’application
Dans la situation décrite par la figure de la diapositive suivante , on va chercher à déterminer
le débit de projet de temps de retour de 5ans à l’exutoire du bassin versant. La partie amont du
bassin (BV1) couvre 20 ha tandis que la partie occupée par la partie avale (BV2) couvre 40 ha.
A l’amont les écoulements se font uniquement en surface dans le sens de la pente. A l’aval, il
existe un canal à ciel ouvert long de 2000 m, la vitesse d’écoulement des eaux dans ce canal est
de 1m/s.
Pour les deux parties du bassin, on considère que l’occupation du sol est de type « sol
cultivé ». Calculez le débit de pointe.

Données :
Le temps d’humectation tu est supposé égal à 10mn
L’application de la méthode rationnelle suppose une intensité de pluie constante et uniforme
dans le temps et dans l’espace durant toute l’averse. Ceci est contraire aux observations, il est
quasiment rare d’avoir une pluie uniforme
Exercice d’application
L’intensité de la pluie en fonction de la concentration des eaux de pluies a été définie par SNV
en Suisse comme suit:

K
I
B  tc
Ou K est un coefficient dépendant du lieu et du temps de retour et B une constante du Lieu.
Dans l’exercice proposé K a été fixé à 5400 et B égal à 12
MERCI DE VOTRE ATTENTION

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