Vous êtes sur la page 1sur 41

Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Effet de l’association des


Vitamines B6, B9 et B12 sur le
fonctionnement cérébral.

Les vitamines B6, B9 et B12:


~1 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Vitamine B6:
1- Historique:
En 1934, György découvre, dans un extrait de levure, un facteur permettant de
guérir une dermatite pellagroïde du rat et lui donne le nom de vitamine B6.
2- Structure Chimique Et Propriétés Physicochimiques
2.1. Structure Chimique Et Nomenclature
Le terme "vitamine B6" regroupe différentes substances, toutes dérivées de la 3-
hydroxy-2- méthylpyridine. Celles-ci se distinguent par le groupement R1 situé en
position 4, qui peut être alcool [pyridoxol ou pyridoxine (PN)], aldéhyde [pyridoxal
(PL)] ou amine [pyridoxamine (PM)] ; ces substances sont rapidement
interconvertibles. La formule brute de la pyridoxine est C8H1103N, son poids
moléculaire de 169 (Figure 1).
Les trois formes vitaminiques peuvent être phosphorylées en position 5 en
donnant le phosphate de pyridoxine (PNP), le phosphate de pyridoxal (PLP) et le
phosphate de pyridoxamine (PMP). On reconnaît au phosphate de pyridoxal un rôle
métabolique important lié à son activité en tant que coenzyme, le PMP étant plutôt
une forme de stockage. L'acide 4-pyridoxique (4-PA), le principal catabolite de la
vitamine B6, correspond à la forme carbazone obtenue par la liaison entre la fonction
carboxylique en C4 et la chaîne hydroxyméthyle en C5.

2.2. Propriétés Physicochimiques

~2 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Les molécules du groupe de la vitamine B6 sont des poudres cristallines


blanches ou sensiblement blanches, facilement solubles dans l'eau (sauf l'acide 4-
pyridoxique), peu solubles dans l'éthanol, pratiquement insolubles dans le diéthyléther
et le chloroforme. Les solutions aqueuses sont transparentes et incolores, excepté les
solutions de phosphate de pyridoxal (PLP) qui sont jaunes et peu stables en milieu
neutre ou alcalin. Ces molécules sont dégradées par la lumière. Les différentes formes
– PL, PM et PN, et les formes phosphorylées correspondantes – présentent en milieu
chlorhydrique à 0,1 M un spectre UV dont le maximum d'absorption se situe vers 290
nm.
Les spectres à pH 7 montrent pour PN, PM, PNP et PMP deux maximums
d'absorption à 253 et 325 nm, tandis que PL et PLP absorbent de façon spécifique à
390 nm.Les propriétés de fluorescence des différentes formes vitaminiques B6 ont été
utilisées pour le dosage par CLHP de la vitamine B6. Cette fluorescence est
importante en milieu peu acide à neutre, ainsi qu'en milieu très basique pour PL, PN
et PNP, PM et PMP. Pour augmenter cette fluorescence, l'adjonction de différentes
molécules chimiques a été utilisée. Le produit de condensation entre la PN et le 2,6
dibromo-quinone-4-chlorimide ou le 2,6-dichloroquinone-4-chlorimide absorbe à 650
nm. D'autres produits de condensation fluorescents peuvent être aussi obtenus par
adjonction de cyanure de potassium, de métabisulfite de sodium ou d'un
semicarbazide.
3. Métabolisme
3.1. Absorption
La vitamine B6 est présente dans l'alimentation sous les trois formes (alcool,
aldéhyde ou amine) phosphorylées ou non, en grande partie liée aux protéines et aux
glucides.
La vitamine B6 est libérée des protéines alimentaires et les formes
phosphorylées sont hydrolysées par une phosphatase intestinale avant d'être absorbées
au niveau du jéjunum proximal. La forme glycoside est absorbée directement ou après
hydrolyse partielle par une glucosidase intestinale. Les trois formes (PL, PN, PM)
pénètrent dans l'entérocyte par un mécanisme de diffusion passive non saturable où
elles subissent des réactions de phosphorylation suivies de réactions de
déphosphorylation avant de quitter la cellule intestinale pour gagner la circulation
portale jusqu'au foie (figure 2). La vitamine B6 synthétisée par la flore colique n'est
pratiquement pas absorbée.
~3 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

3.2. Métabolisme
Les 3 formes vitaminiques (PN, PL, PM) pénètrent dans la cellule hépatique par
diffusion passive puis sont transformées en phosphate de pyridoxal (PLP), le
coenzyme actif. Cette transformation a lieu d'une part sous l'action de la pyridoxal
kinase, qui permet la phosphorylation au niveau de tous les tissus, et d'autre part sous
l'action de la pyridoxine oxydase, qui catalyse la transformation du phosphate de
pyridoxine et du phosphate de pyridoxamine en phosphate de pyridoxal. Cette
dernière enzyme, FMN dépendante, est présente essentiellement au niveau hépatique,
expliquant le rôle central du foie dans le métabolisme de la vitamine B6 (Figure 3).

Figure 3 : Interconversion des différentes formes de la vitamine B6.

~4 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Du foie, la vitamine B6 diffuse vers tous les tissus. Elle est essentiellement
présente au niveau du cerveau, des reins, de la rate, et au niveau du muscle sous forme
de phosphate de pyridoxal lié à la glycogène phosphorylase.
3.3. Distribution
Dans le sang, la vitamine B6 est retrouvée sous forme de phosphate de
pyridoxal au niveau plasmatique (54 %) liée à l'albumine et au niveau des
érythrocytes liée à l'hémoglobine (Figure 4).

3.4. Élimination
La vitamine B6, hydrosoluble, est éliminée par voie urinaire après
transformation en acide 4-pyridoxique dans le foie et le rein. On trouve également
dans les urines du pyridoxal en très faible quantité. La vitamine B6, sous ses formes
phosphate de pyridoxal et phosphate de pyridoxamine, intervient en tant que cofacteur
enzymatique dans de nombreuses réactions biochimiques, et en tant que régulateur de
l'expression génique.
Le coenzyme est présent sous forme de groupement prosthétique fixé à de
nombreuses enzymes intervenant dans le métabolisme des aminoacides.
4. Mécanisme d'action
Les réactions enzymatiques faisant intervenir le phosphate de pyridoxal comme
coenzyme se réalisent en 3 étapes successives (Figure 5) :
• Formation d'une base de Schiff (aldimine) entre la fonction aldéhyde (-CHO) en C4
de la vitamine B6 et le résidu lysine spécifique du site actif de l'enzyme. Le phosphate

~5 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

de pyridoxal forme de la même façon une imine (aldimine ou base de Schiff) en liant
sa fonction aldéhyde en C4 avec la fonction amine des acides aminés.
• Cette imine va subir une rupture au niveau du carbone avec formation d'une imine
transitionnelle.
• Puis l'imine transitionnelle est hydrolysée en libérant le produit de la réaction avec
régénération du phosphate de pyridoxal (PLP).

Figure 5 : Formation de la base de Schiff


4.1. Enzymes PLP dépendantes
4.1.1. Transaminases
Les transaminases catalysent l'interconversion des acides aminés en oxo-acides
par transfert d'un groupe NH2. La transamination s'effectue selon la réaction suivante
(Figure 6) :
Tous les acides aminés, à l'exception de la lysine, peuvent subir une
transamination réversible – le rôle de donneur de NH2 étant assuré le plus souvent par
l'acide glutamique, l'acide aspartique ou l'alanine. Deux transaminases sont
particulièrement importantes, la transaminase glutamate pyruvate (TGP), ou alanine
aminotransférase (ALAT), et la transaminase glutamate oxaloacétate (TGO), ou
aspartate aminotransférase (ASAT). La TGP est abondante dans le foie et la TGO
dans le myocarde ; leurs taux plasmatiques augmentent en cas de nécrose de ces
tissus. Ces réactions de transamination sont réversibles et essentielles dans le
métabolisme des acides aminés. Elles participent aussi à la synthèse des glucides
(néoglucogenèse) par l'intermédiaire des acides aminés glycoformateurs.

~6 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

4.1.2. Déshydratases
Elles catalysent la déshydratation des acides aminés, première réaction d'un
processus complexe qui conduit à la désamination des acides aminés (exemple :
transformation de la sérine en acide pyruvique).
4.1.3. Transsulfurases
Ces enzymes assurent le transfert d'un groupement thiol (SH). Elles
interviennent entre autre dans le métabolisme de l'homocystéine. Le phosphate de
pyridoxal joue le rôle de coenzyme dans la transformation de l'homocystéine en
cystathionine sous l'influence de la cystathionine - synthase (CBS) et dans la
transformation de la cystathionine en cystéine sous l'influence de la cystathionase
(Figure 7). L'homocystinurie, maladie héréditaire, est caractérisée biochimiquement
par une élévation de l'homocystéine et de la méthionine dans le plasma et par une
diminution de la cystéine, conséquences d'un déficit en cystathionine -synthase.
Cliniquement, on observe des thromboses qui seraient la conséquence de
l'accumulation d'homocystéine dans les cellules endothéliales.

Figure 7 : Métabolisme de l'homocystéine.

~7 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

La supplémentation en vitamine B6 ainsi que celle en acide folique, en vitamine


B12 et bétaïne, abaissent l'homocystéinémie. La vitamine B6 aurait, au moins
partiellement, un effet protecteur visà- vis du développement des lésions
athéromateuses chez les malades ayant une hyperhomocystéinémie modérée.
4.1.4. Décarboxylases
Elles agissent selon la réaction générale suivante (Figure 8) :
On peut citer plusieurs exemples de décarboxylations :
• Décarboxylation de l'histidine en histamine.
• Décarboxylation des acides aminés aromatiques jouant un rôle essentiel dans la
biosynthèse de certains neuromédiateurs : dihydroxyphénylalanine décarboxylée en
dopamine, tyrosine en tyramine, 5-hydroxytryptophane en sérotonine.
• Décarboxylation de l'acide glutamique en GABA.

4.1.5. Transférases
Les transférases vitamine B6 - dépendantes catalysent la transformation de la
sérine et de la thréonine en glycocolle. Exemple : conversion de la sérine en glycine
sous l'action de la sérine hydroxyméthyl transférase en présence de phosphate de
pyridoxal et de tétrahydrofolate qui joue le rôle d'échangeur de groupement
monocarboné.
4.1.6. Synthétases
Le phosphate de pyridoxal est le coenzyme de la delta aminolévulinate
synthétase, enzyme assurant la condensation de la glycine et du succinyl-CoA pour
former l'acide deltaaminolévulinique, étape limitante dans la synthèse des porphyrines
et donc de l'hème. Ceci explique l'effet favorable de la vitamine B6 dans le traitement
de certaines anémies.

~8 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

4.2. Autres enzymes


4.2.1. Désamination oxydative : métabolisme de la lysine
Le pyridoxal phosphate est, avec le cuivre, le cofacteur de la lysyl oxydase qui
catalyse, en présence d'oxygène, la désamination oxydative des résidus lysine et
hydroxylysine incorporés dans la tropoélastine et le tropocollagène. Une déficience en
vitamine B6, peut par ce mécanisme, conduire à une altération de la matrice osseuse.
4.2.2. La cinuréninase et la 3-hydroxycinurénine transaminase
Ces enzymes B6 dépendantes interviennent dans le métabolisme du
tryptophane, par la voie métabolique qui aboutit à la synthèse endogène du NAD.
Cette réaction a été à la base du test de surcharge en tryptophane qui explorait la
carence en vitamine B6. Une déficience en vitamine B6 altère le métabolisme du
tryptophane et s'accompagne d'une augmentation de l'élimination urinaire d'acide
xanthurénique. L'augmentation de la concentration de 3–hydroxycinurénine dans le
cerveau en cas de déficience en vitamine B6 serait, au moins partiellement, à l'origine
des troubles neurologiques observés.
4.2.3. La glycogène phosphorylase
Cette enzyme intervient dans le métabolisme du glycogène, surtout au niveau
des cellules musculaires.
4.2.4. Les racémases
Elles assurent la transformation d'un acide aminé de la forme L en forme D. Ces
enzymes sont présentes chez les bactéries.
4.3. Autres fonctions
Transporteur cytosolique et transporteur des hormones stéroïdiennes, le
pyridoxal 5'-phosphate réduirait l'effet nucléaire des glucocorticoïdes. À dose élevée,
la vitamine B6 aurait une légère action hypocoagulante et augmenterait l'élimination
du fer en agissant comme chélateur. Le pyridoxal phosphate s'opposerait également à
l'agrégation plaquettaire provoquée par l'adénosine diphosphate.
En conclusion, le phosphate de pyridoxal, coenzyme indispensable à de
nombreuses enzymes, intervient dans de multiples réactions métaboliques dans tous
les tissus de l'organisme.
5. Apport Et Statut Nutritionnel
5.1. Sources alimentaires
La vitamine B6 est présente dans de nombreux aliments. On la retrouve en
concentrations élevées dans la levure et le germe de blé. Dans l'alimentation classique,
~9 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

elle est surtout apportée par les viandes, les poissons et le foie. Les produits laitiers et
les céréales, les fruits et légumes, en contiennent de plus faibles quantités.
5.2. Carence
La carence spontanée franche est rarement observée dans nos pays
industrialisés, mais l'apport alimentaire serait, chez beaucoup d'individus, suboptimal
avec des signes de carence fruste. Les symptômes de déficience en vitamine B6 sont
de types divers :
• Neuropsychiques : fatigue, apathie, insomnie, états dépressifs avec troubles du
métabolisme du tryptophane conduisant à une élimination majorée d'acide
xanthurénique dans l'urine et neuropathies périphériques.
• Dermatologiques : glossite, stomatite.
• Hématologiques : rarement anémie hypochrome avec hypersidérémie, ainsi que des
anomalies de l'immunité cellulaire et humorale.
• Métaboliques : augmentation de la synthèse d'acide oxalique. En cas de carence en
vitamine B6, l'acide glyoxylique n'est plus converti en glycine par transamination
mais oxydé en acide oxalique.
6. Exploration Du Statut Vitaminique
Le statut vitaminique B6 est exploré dans les circonstances suivantes :
• Pour évaluer l'état nutritionnel et suivre le bénéfice d'une "supplémentation".
• Pour expliquer des perturbations biologiques lorsqu'une anomalie du métabolisme
de la vitamine B6 ou d'une enzymopathie congénitale est mise en cause.
• Dans le cadre d'études épidémiologiques.
On utilise soit des méthodes directes, qui mesurent le niveau des différents vitamères
circulants et des méthodes indirectes, fonctionnelles réalisées in vivo ou in vitro, et
qui évaluent la fonction vitaminique.
Vitamine B9:
1. Historique:
Entre 1935 et 1939, divers auteurs mettent en évidence dans le foie et les
levures, des substances qu'ils désignent sous des appellations différentes : vitamine M,
facteur éluat et vitamine Bc. Ils constatent que leur absence provoque une anémie
chez le singe rhésus, une anémie macrocytaire chez le rat et un arrêt de la croissance
de Lactobacillus casei et de Streptococcus lactis. Il s’agit en fait de composés
chimiquement et biologiquement très voisins qui dérivent de l’acide folique,

~10 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

dénommé ainsi parce qu'il abonde dans les feuilles de certains végétaux. Tous ces
composés sont regroupés sous le terme de folates ou vitamine B9. En 1945,
la détermination de la structure de l'acide folique et sa synthèse sont réalisées.
La même année, T. Spies démontre que l'acide folique est capable de guérir l'anémie
mégaloblastique chez la femme enceinte.
2. Définition:ÉFINITION
La vitamine B9 est représentée par le groupe des folates (du mot latin "folium",
"feuille" à cause de l’abondance de la vitamine B9 dans les végétaux foliacés). Les
différentes formes de vitamine B9 dérivent de l’acide folique (acide ptéroyl-
monoglutamique). L’acide ptéroyl-monoglutamique est formé par l’association d’une
ptéridine, d’un acide para-amino-benzoïque et d’un acide glutamique.
Les formes réduites, dihydrofolate (DHF) et tétrahydrofolate (THF), sont les
seules actives.
3. Structure Et Propriétés Physico-Chimiques
L’acide folique consiste en une partie 2-amino-4- hydroxy-ptéridine (ptérine)
liée par un groupement méthylène en position C-6 à une partie para-aminobenzoyl
glutamique (figure 1). L’acide folique est le premier dérivé à avoir été synthétisé
chimiquement. La synthèse des coenzymes B9 à partir de l’acide folique nécessite
plusieurs étapes :
• La réduction de l'acide folique en dihydro- et tétrahydrofolate, respectivement sur
les positions 7,8 et 5,6.
• l'élongation de la chaîne glutamate par addition de résidus glutamiques en position
gamma.
• la substitution de groupements monocarbonés en position N5 et/ou N10.

F
igure 1 : Acide Folique.

~11 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

L’acide folique est de couleur jaune, peu soluble dans l'eau et les solvants
organiques, mais soluble en milieu alcalin. Il est instable lorsqu’il est exposé à la
lumière et à l’air. L'exposition aux UV induit un clivage rapide de la molécule en
position 9,10 pour donner une partie ptéridine et une amine aromatique libre. La
lumière provoque une oxydation très rapide des folates réduits d'où la nécessité
d’utiliser des agents réducteurs tels que l'acide ascorbique ou le mercaptoéthanol pour
leur dosage.
4. Métabolisme
4.1. Absorption et transport
4.1.1. Étapes intraluminale et entérocytaire
Dans l’alimentation, la majorité des folates sont sous forme méthyl- ou formyl-
polyglutamates réduits. Ils sont liés aux protéines alimentaires dont ils sont libérés
grâce aux protéases digestives. Ces polyglutamates sont ensuite transformés en
monoglutamates activement absorbés par les entérocytes
au niveau du jéjunum. Dans l'entérocyte, les polyglutamates sont scindés en
monoglutamates sous l'effet de la conjugase intestinale qui est une γ-
glutamylhydrolase présente dans la lumière et sur la bordure en brosse. Les
monoglutamates sont ensuite transformés en N5-méthyltétrahydrofolates qui
traversent la barrière intestinale et passent dans le sang portal. Un récepteur spécifique
des folates a été identifié sur la bordure en brosse. Le système de transport à travers
l'entérocyte est saturable et optimal à un pH compris entre 5,5 et 6. Quand des doses
pharmacologiques d'acide folique ou d'autres folates sont administrées, la majeure
partie de la vitamine transportée apparaît sous forme non modifiée dans la circulation
portale.
4.1.1.1. Dans le sang
Dans le sang, une partie importante des folates circulants est liée à des protéines
de faible affinité. Quarante pour cent sont retrouvés associés à l'α2-macroglobuline,
33 % à l'albumine et 23 % à la transferrine. Les concentrations en vitamine B9 varient
de 5 à 15 μg/l dans le plasma et sont 20 fois plus élevées dans les globules rouges. La
captation cellulaire met en jeu deux transporteurs, la folate binding protein (FBP) et le
transporteur des folates réduit (RFC) (Antony, 1992). La FBP transporte
préférentiellement les folates oxydés. Le RFC est la protéine privilégiée du transport
des folates réduits. Le processus d'internalisation des folates par la FBP met en jeu la
potocytose, processus d'endocytose spécifique des protéines à ancre GPI.
~12 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Les structures impliquées sont les cavéoles, qui se présentent sous forme de
vésicules de 50 nm de diamètre et dont la surface est tapissée d'un manteau strié. Ces
vésicules peuvent être ouvertes ou closes, avec une implication probable du manteau
strié dans l'alternance de ces états. Le cholestérol est indispensable au maintien des
structures en radeau. Le processus d'internalisation dure 1 heure.
Les cavéoles sont retrouvées à la surface des cellules endothéliales et des
fibroblastes. La cavéoline, un des composés du manteau strié, est identifiée dans les
fibroblastes. Le retrait du cholestérol entraîne la dépolymérisation du manteau.
4.1.1.2. Dans la cellule
L'acide folique nouvellement internalisé doit nécessairement être réduit pour
être fonctionnel. Il subit aussi une polyglutamation afin d'être retenu au sein de la
cellule, majoritairement sous forme de pentaglutamate. L'enzyme responsable de la
polyglutamation est la folylpolyglutamate synthétase. La polyglutamation semble
aussi nécessaire à une bonne interaction entre les folates et les enzymes du cycle des
folates. Il existe une enzyme lyzosomiale «antagoniste» de la synthétase, la
folylpolyglutamate hydrolase. Les formes monoglutamiques peuvent se fixer aux
enzymes du cycle des folates. La forme active des folates est l'acide tétrahydrofolique
obtenu par deux réductions successives de l'acide folique par la dihydrofolate
réductase (DHFR, EC 1.5.1.3) ou une réduction si le substrat est l'acide
dihydrofolique. La première réduction se fait en positions 7 et 8, la seconde en
positions 5 et 6 (figure 1). Pivot d'un cycle complexe, le tétrahydrofolate se comporte
comme un transporteur d’unités monocarbonées par substitution des azotes N5 et N10
(figure 1). Les réactions d'interconversion sont compartimentées ; elles peuvent
prendre place dans le cytoplasme ou dans la mitochondrie. Il y a sans doute une
canalisation des différentes formes de folates dans le cytoplasme. Les enzymes sont
probablement organisées en groupes, agissant successivement sans laisser diffuser
dans le cytoplasme les unités monocarbonées. Seules les formes polyglutamates
seraient canalisées. La méthylène-tétrahydrofolate deshydrogénase et la méthylène-
tétrahydrofolate cyclohydrolase ont des activités liées. C’est aussi le cas entre la
sérine hydroxy-méthyl transférase, la 10-formyl synthétase et la 10-formyl
deshydrogénase qui réduit le 10-formyl THF en THF avec production de CO2, la
méthylène-tétrahydrofolate cyclohydrolase et la 10-formyl synthétase. Si les folates
ou la vitamine B12 viennent à manquer, la production de méthionine cesse pour
favoriser la production de bases puriques. Pour répondre à un déficit en méthionine, le
~13 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

cycle s'oriente plutôt en faveur du 5-CH3-THF et de la méthionine synthase,


privilégiant les réactions de reméthylation (figure 2). Une proportion importante des
folates cellulaires - jusqu'à 50 % en fonction du tissu et du type cellulaire - est
associée à la mitochondrie. Le pool de folates mitochondrial est distinct du pool des
folates cytosoliques et a des fonctions différentes dans le transfert de radicaux
monocarbonés. Seules les formes monoglutamiques du 5-formyl-THF et du 5-CH3-
THF sont transportées spécifiquement à l'intérieur de la mitochondrie.
Les cellules de mammifères ont une folylpolyglutamate synthétase
mitochondriale. Les formes polyglutamates peuvent être exportées vers le cytoplasme.
4.2. Distribution, stockage et élimination
Le foie capte rapidement 10 à 20 % des folates alimentaires, avec une
préférence pour les dérivés non méthylés et non réduits. Les tissus périphériques
s'enrichissent en dérivés fonctionnels, réduits et méthylés. Dans les tissus, les folates
endogènes sont presque exclusivement des folylpolyglutamates tandis que les
ptéroylmonoglutamates prédominent dans le plasma et les urines. La transformation
des folates en polyglutamates est nécessaire pour la rétention tissulaire et la
concentration des folates transportés ; bien que le métabolisme en dérivés
polyglutamates soit considéré comme un mécanisme de stockage, les
folylpolyglutamates sont aussi des coenzymes actifs.
Le foie est l'organe de stockage essentiel. Les réserves en folates chez l'homme
sont relativement faibles (estimées entre 5 et 15 mg), compte tenu des besoins
quotidiens (300 μg/jour). Les folates hépatiques sont pour partie excrétés dans la bile
et réabsorbés. Cette circulation entérohépatique serait un des mécanismes impliqués
dans la recirculation des folates. Les autres compartiments des folates sont les tissus à
renouvellement rapide, essentiellement la moelle osseuse et les épithéliums buccal,
digestif, vaginal, etc.
Les folates sont filtrés par le glomérule et réabsorbés au niveau du tubule
proximal. En cas de concentration importante des folates plasmatiques, les capacités
de réabsorption sont dépassées et les dérivés de l’acide folique sont éliminés dans les
urines.
5. Rôles biochimiques
De par leur structure chimique, les folates jouent un rôle majeur dans les
échanges de groupements mono-carbonés. Ils ont donc une fonction essentielle dans
le métabolisme de l'histidine, de la glycine, dans la synthèse de la méthionine par
~14 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

reméthylation de l’homocystéine et dans la synthèse des purines et des pyrimidines.


Le cycle des folates et son rôle dans le métabolisme des monocarbones est résumé sur
la figure 2. Il dépend de deux autres vitamines du groupe B, les vitamines B12 et B2.

Figure 2 : Cycle des folates et métabolisme des monocarbones.


dUMP: désoxyuracilemonophosphate ; dTMP :désoxythymidinemonophosphate
; SAH : S-adénosylhomocystéine ; FAD : Flavine-adénosine dinucléotide ; NADP :
Nicotinamide-adénine-dinucléotide phosphate ; THF : Tétrahydrofolate ; DHF :
Dihydrofolate ; MTHF : Méthylène-THF ; Me-THF : Méthyl-THF ; SAM : S-
adénosylméthionine
6. Physiopathologie
6.1. Manifestations de la carence
La carence profonde donne lieu à des signes généraux, hématologiques et
neuropsychiatriques. Lentement, une asthénie et une anorexie apparaissent. L’anémie
peut être précédée par une macrocytose isolée. Elle est de type mégaloblastique,
arégénérative. Il existe souvent une carence combinée en folates et en fer qui se
traduit, au lieu de la classique anémie macrocytaire, par une anémie normocytaire
avec présence de corps de Jolly sur le frottis. Le tableau clinique inaugural peut,
indépendamment ou à côté des signes cliniques de l’anémie, comporter des troubles
du sommeil, de la mémoire et une irritabilité. Parfois, il peut se manifester de manière
aiguë par des nausées, des vomissements et des diarrhées. S’y associent des lésions

~15 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

des muqueuses bucco-pharyngées et éventuellement des dermites et/ou un purpura. La


carence en folates est associée à un risque augmenté de maladie cardiovasculaire et de
déficit cognitif du sujet âgé, notamment du fait de l’augmentation des taux
plasmatique et cellulaire de l’homocystéine. Son association avec le risque de cancer
du côlon est également suggérée par certaines études.
6.2. Hématopoïèse
Les cellules souches sanguines se divisent activement en permanence. Si les
purines et pyrimidines constitutives des acides nucléiques sont en quantité
insuffisante, ces cellules ne peuvent plus se diviser, mais continuent à grandir ; ceci
explique en partie le développement de l'anémie mégaloblastique observé dans les
carences en vitamine B9.
6.3. Système nerveux central
La carence en vitamine B9 induit des troubles neuropsychiatriques dont la
pathogénie n’est pas très claire. Il pourrait s’agir d’anomalies de la synthèse de
certaines amines, et de la glycine, elle-même neurotransmetteur. Contrairement à la
carence en vitamine B12, elle n'induit pas de troubles de la myélinisation. Cette
différence n'est pas expliquée.
6.4. Malformations
Il existe un faisceau d'arguments pour penser que la supplémentation en folates
réduit l'incidence des malformations du tube neural et des trisomies dans certaines
populations à risque. Le lien métabolique entre les folates, le métabolisme des unités
monocarbonées et le développement du tube neural n'est pas connu.
7. Sources Et Besoins
Les aliments les plus riches en acide folique sont : la levure sèche, le foie, les
épinards frais en salades, les petits pois, les haricots, les avocats, les tomates surtout
sous forme de jus et certains fruits, les oranges surtout sous forme de jus, les
pamplemousses et les melons. Les céréales de tout type sont des aliments à très forte
teneur en folates ainsi que tous les fruits secs. Enfin, parmi les aliments d’origine
animale, ce sont les abats et notamment le foie de boeuf qui ont la plus grande teneur
en folates. Il existe depuis 1998 un enrichissement des céréales en folates aux Etats
Unis, ce qui s’est traduit par une augmentation sensible de la concentration
plasmatique dans les études épidémiologiques récentes.
Une partie importante (jusqu’à 50 %) des folates est perdue dans l’eau de
cuisson des légumes. Les folates présents dans les aliments sont des ptéroyl-
~16 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

polyglutamates réduits et très sensibles à l'oxydation. Des pertes importantes de


folates alimentaires surviennent lors de la préparation des repas, notamment par
cuisson prolongée des aliments dans l’eau en ébullition, ce qui entraîne une libération
des folates dans l'eau. Les dérivés polyglutamates peuvent être hydrolysés en
monoglutamates durant la conservation ou la préparation des repas.
Vitamine B12:

1. Historique
Le syndrome de carence de la vitamine B12 a été successivement décrit par
Jean-Baptiste Combe, Thomas Addison, puis par Biermer au cours du XIXe siècle. La
manifestation principale est une anémie mégaloblastique, à laquelle s'associent des
troubles neurologiques et des troubles digestifs, l'ensemble constituant l'anémie
pernicieuse.
En 1925, Whipple met en évidence expérimentalement l'action antianémique du
foie de veau. Un an plus tard, Minot et Murphy établissent que cette thérapeutique est
capable d'interrompre l'évolution de l'anémie pernicieuse de Biermer.
En 1928, Castle postule que la substance antipernicieuse est composée, d’une
part, d'un facteur extrinsèque apporté par l'alimentation, en particulier par la
consommation de foie, et d’autre part, d'un facteur intrinsèque présent dans la
muqueuse gastrique. Une série de travaux conduit en 1948 à l'isolement à partir du
foie de la vitamine B12, à l'état de cyanocobalamine sous forme de cristaux rouges. À
partir de 1955, les recherches s’orientent vers la détermination de la structure
chimique de la cyanocobalamine isolée du foie ainsi que de plusieurs facteurs, ayant
une activité vitaminique B12 et un noyau cobalamine. Dorothée Crowfoot Hodgkin,
Prix Nobel de Médecine, établit la structure des cobalamines par cristallographie aux
rayons X. Le facteur intrinsèque, décrit par Castle, est purifié en 1965 par Ralph
Gräsbeck.
En 1973, la synthèse chimique de la cyanocobalamine est réalisée par
Woodward et al. Les deux dernières décennies ont permis d'augmenter
considérablement nos connaissances concernant les mécanismes d'assimilation, le
transport de cette vitamine, mais aussi les différentes étapes de sa biosynthèse par des
micro-organismes.

~17 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

2. Définition
La vitamine B12 est représentée par un ensemble de composés appartenant à la
famille des cobalamines : cyanocobalamine, hydroxocobalamine, méthylcobalamine
et adénosylcobalamine.
Les cobalamines ont une structure chimique proche de l’hème, mais l’atome
central de fer y est remplacé par un atome de cobalt, d’où le nom de cobalamines.
La cyanocobalamine est une poudre rouge violacé, soluble dans l’eau. Elle est
stable à la chaleur, mais sensible à la lumière. Il existe notamment une
photoconversion de l'hydroxocobalamine en aquocobalamine, ou encore une
conversion des coenzymes B12 en cyanocobalamine en présence de cyanure de
potassium. C'est pour cette dernière raison que la forme moléculaire standard utilisée
en chimie clinique est la cyanocobalamine. Elle présente un spectre UV
caractéristique avec deux bandes d’absorption principales respectivement situées entre
315 et 358 nm et 518 et 550nm selon les vitamères. La vitamine B12 est soluble dans
l'eau mais également soluble dans certains solvants, tels que l'acétone. C'est cette
propriété qui a été utilisée pour sa purification.

3. Structure
La vitamine B12 représente un groupe de molécules, les cobalamines, qui sont
des cobamides. Les cobamides sont constituées par l'addition, en dessous de la
structure tétrapyrrolique presque plane (position α) d'un ribonucléotide, uni par
coordinence au cobalt et par liaison ester à l'aminopropanol du pyrrole D, ainsi que
par l'addition au-dessus du plan (position β) d'un deuxième ligand anionique, uni par
coordinence au cobalt. Les cobalamines sont des cobamides dont le ribonucléotide est
un 5,6-diméthylbenzimidazole (Figure 1). Le ligand 5,6-diraéthylbenzimidazole
symétrique par rapport au plan est variable et labile. Ce peut être un groupement
hydroxyle (hydroxocobalamine), méthyle (méthylcobalamine, qui est un coenzyme),
5'-désoxyadénosine (5'-désoxyadénosylcobalamine, qui est la deuxième forme
coenzymatique connue). On retrouve également dans le sang circulant des traces
d'aquocobalamine et de cyanocobalamine.

~18 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Figure 1 : Structure des cobalamines.

4. Métabolisme
4.1. Absorption
La vitamine B12 d’origine alimentaire est essentiellement apportée par les
protéines d'origine animale (foie, oeuf, viande, lait, poissons, crustacés). Les
cobalamines sont d’abord libérées des protéines par l’acidité et la pepsine gastriques.
Elles se lient à l’haptocorrine dans l’estomac, car l’affinité de la vitamine B12 pour
cette protéine d’origine salivaire est supérieure à celle pour le facteur intrinsèque
synthétisé par les cellules pariétales de l’estomac. L’haptocorrine est dégradée par les
enzymes protéolytiques pancréatiques, ce qui permet aux cobalamines de se lier au
facteur intrinsèque. Le complexe cobalamine-facteur intrinsèque est ensuite absorbé
par endocytose au niveau de l’iléon distal, après fixation sur un récepteur multiligand
formé de cubiline associée à la protéine amnionless. Le facteur intrinsèque est alors
dégradé dans le compartiment lysosomial et les cobalamines sont transférées sur la
transcobalamine synthétisée par les entérocytes et le complexe passe ensuite dans la
circulation sanguine. La transcobalamine est une protéine synthétisée par un gène de
ménage qui permet au complexe d’être internalisé par endocytose dans toutes les
populations cellulaires après fixation sur un récepteur dont le gène reste encore non
identifié. L’haptocorrine est également retrouvée dans le sang et dans la plupart des

~19 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

cellules. Son rôle est mal connu. Elle pourrait participer au stockage sanguin et
cellulaire et surtout à l’élimination dans la bile des cobalamines et d’analogues
structuraux qui constituent potentiellement des facteurs anti-vitaminiques. Il existe un
cycle entéro-hépatique et un stockage hépatique qui permettent à l’organisme de
constituer des réserves pour 3 ans. En effet, le foie est l’organe le plus riche en
vitamine B12. Il contient plus de 60 % de la totalité de la vitamine B12 présente dans
l'organisme.
4.2. Utilisation
La cyanocobalamine et l'hydroxocobalamine utilisées en thérapeutique sont des
dérivés oxydés stables (Co3+). La méthylcobalamine et l'adénosylcobalamine sont
deux coenzymes de formes réduites instables (Co1+).
4.3. Rôles métaboliques
L'activité vitaminique correspond à deux coenzymes, la 5'
désoxyadénosylcobalamine (AdoCbl) et la méthylcobalamine (MeCbl) (P01-II-97-
01). La 5' désoxyadénosylcobalamine est le coenzyme de la méthylcoenzyme A
mutase (EC 5.4.99.2) qui catalyse la conversion de l'acide méthylmalonyle en
succinyl coenzyme A par transfert intrachaîne d'un atome d'hydrogène. Cette réaction
est mitochondriale et permet l'oxydation ultérieure du succinyl-coenzyme A dans le
cycle de Krebs. La méthylcobalamine est le coenzyme de la méthionine synthase (EC
2.1.1.13), qui permet la synthèse de méthionine par transméthylation de
l'homocystéine. Le groupement méthyle transféré est apporté par le
méthyltétrahydrofolate, ce qui permet la régénération du tétrahydrofolate. En cas de
carence en méthylcobalamine, il y a donc une trappe métabolique probable du
méthyltétrahydrofolate avec défaut de régénération.
La cobalamine est un intermédiaire du transfert dont le cobalt se comporte
comme une base catalytique qui suit un cycle réductionnel, lui-même catalysé par une
méthionine synthase réductase. Cette réaction cytoplasmique est particulièrement
importante. En effet, l'homocystéine est un acide aminé pro-oxydant, non incorporé
dans les protéines, dont le taux cellulaire est régulé par cette réaction. L’homocystéine
est un facteur de risque de thrombophilie, de maladies cardiovasculaires et
neurodégénératives. En outre, la méthionine, acide aminé indispensable, est le
précurseur de la S-adénosyl méthionine qui est le substrat des réactions de
méthylation de l'ADN, des lipides, des protéines et de certains biofacteurs essentiels
au métabolisme cellulaire. Enfin, la trappe métabolique du méthyltétrahydrofolate
~20 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

pourrait diminuer la synthèse du thymidylate par défaut de régénération du


tétrahydrofolate. Au total, la carence cellulaire et tissulaire est responsable d'une
accumulation de chromatine avec blocage de la mitose qui affecte en tout premier lieu
les cellules à renouvellement rapide, ce qui se traduit par une anémie macrocytaire
et/ou mégaloblastique avec pancytopénie et par une atrophie des muqueuses,
notamment digestives. Les manifestations neurologiques centrales et périphériques
sont moins bien expliquées. Il existe une neuropathie périphérique avec sclérose
combinée de la moelle, une dégénérescence de la gaine de myéline, ainsi qu'une
atteinte mal systématisée du système nerveux central qui s'accompagne de troubles
des fonctions supérieures pouvant évoluer vers une démence.
4.4. Elimination
La vitamine B12 est éliminée par la bile, les urines et les fèces. La demi-vie de
la vitamine B12 dans l’organisme est d’environ un an.

5. Rôle Physiologique Et Manifestations De La Carence


Etant donné que les réserves en vitamines B12 sont importantes, la carence
s’installe très lentement. Contrairement à la carence en vitamine B9, il faut plusieurs
mois pour voir apparaître les premiers signes de déficit en cobalamines. On observe
alors une asthénie et une anorexie.
5.1. Hématopoïèse
La carence en vitamine B12 induit une diminution globale de l’hématopoïèse et
une anémie mégaloblastique similaire à l’anémie par carence en vitamine B9. Cet
effet est expliqué biochimiquement par les interrelations existant entre le métabolisme
des vitamines B9 et B12, et notamment par un blocage de la reméthylation des folates
en cas de carence cellulaire en méthylcobalamine. L’anémie est macrocytaire et
arégénérative ; si elle est profonde, les signes généraux des anémies s’associent à ceux
de la carence en vitamine B12. La macrocytose est le premier signe de carence en
vitamine B12, elle apparaît avant l’anémie.
5.2. Système nerveux
Les cobalamines jouent aussi un rôle dans l’intégrité du système nerveux. La
carence en vitamine B12 induit une neuropathie par dégénérescence des nerfs
périphériques et des cordons latéraux et postérieurs de la moelle. Le principal trouble
neurologique est une neuropathie sensitive bilatérale et symétrique avec paresthésies
débutant le plus souvent au niveau des membres inférieurs. Il existe des altérations

~21 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

des axones avec dégénérescence de la gaine de myéline dont les mécanismes


moléculaires sont mal expliqués, et qui ne sont pas observés dans la carence en
folates. Les répercussions cliniques de la sclérose combinée de la moelle comportent
des paresthésies, des douleurs, une diminution de la sensibilité superficielle et
profonde pouvant altérer la marche. Le cervelet peut être atteint avec comme
conséquence une démarche ébrieuse. Des signes psychiatriques sont fréquents sous
forme d’instabilité affective, de trouble de la mémoire, ou de dépression.
5.3. Système cutanéo-muqueux
La vitamine B12 intervient également dans l’intégrité du système cutanéo-
muqueux. Lors d’un état de carence, son altération est caractérisée essentiellement par
la glossite de Hunter : la langue apparaît lisse, dépapillée. Enfin, une carence profonde
s’accompagne d’une atrophie villositaire qui majore la malabsorption.

~22 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

1- Anatomie de Cerveau :
Le Cerveau :
le cerveau demeure partie d’un tout. L’individu n’est pas réductible à cet
organe car le cerveau est en constante interaction avec le reste du corps. Le
cerveau est l’organe siège des facultés mentales. Il assure, à la fois, les
fonctions vitales en contrôlant le rythme cardiaque, la température
corporelle, la respiration, etc., et les fonctions dites « supérieures » telles
que le langage, le raisonnement ou encore la conscience. Cet organe
comprend deux hémisphères (gauche et droit) dont la surface se divise pour
chacun en lobes (occipital, pariétal, temporal et frontal). Les principaux
composants du tissu cérébral sont les cellules gliales et nerveuses(neurones).
Le neurone est considéré comme l’unité fonctionnelle de base du cerveau,
qualité conférée par son importante interconnectivité et sa spécialisation en
matière de communication. Les neurones sont organisés en réseaux
fonctionnels localisés dans différentes aires du cerveau.
1.1. La structure du cerveau :
Le corps humain est symétrique par rapport à un axe vertical (un œil, une
main, une jambe à gauche, la même chose à droite). Le cerveau lui aussi est
divisé en deux parties principales, les hémisphères gauche et droit.
L’hémisphère droit contrôle la plupart des actions de la partie gauche du
corps, et vice versa. Ainsi, une attaque ayant endommagé l’hémisphère
gauche se répercute-t-elle sur la partie droite du corps. L’hémisphère droit
traite principalement les capacités spatiales et la reconnaissance des visages.
L’hémisphère gauche, lui, s’occupe plutôt du langage, de mathématiques et
de logique. Entre les deux, un ruban de 250 millions de fibres neurales
baptisé corps calleux sert de passerelle et permet l’échange d’informations.
Même si certaines activités dépendent surtout de l’un des deux hémisphères,
les deux contribuent à l’activité cérébrale globale. D’ailleurs, le
fonctionnement de chaque hémisphère est beaucoup plus complexe qu’on ne
le croit souvent, et les deux communiquent par un système de
neurotransmetteurs. Il est donc simpliste de dire qu’une personne apprend «

~23 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

en utilisant son cerveau gauche » – ou son cerveau droitDans le cerebrum,


on trouve le cortex, sorte de couche feuilletée de cellules, principalement
constitué de substance grise et de substance blanche6. Pour pouvoir se loger
à l’intérieur du crâne, le cortex, d’une surface de 2 000 cm2 et d’une
épaisseur de 2 à4 millimètres, présente de nombreuses circonvolutions, les «
collines » (gyrus, pl. gyri) et les « vallées » (sulcus, pl. sulci). La plupart des
neurones du cerveau humain se trouvent dans le cortex, essentiellement
dévolu au traitement des fonctions dites supérieures.
1.1.1. Les lobes :
Chaque hémisphère est divisé en lobes (voir la figure 1 ). Toute compétence
complexe dépend de l’action coordonnée de plusieurs réseaux neuraux
spécialisés, localisés dans différentes parties du cerveau. Le lobe frontal est
impliqué dans l’action et la planification. Le lobe temporal joue un rôle dans
l’audition, la mémoire et la reconnaissance des objets. Le lobe pariétal est
impliqué dans les sensations et le traitement de l’espace. Le lobe occipital
est essentiel à la vision. Chaque lobe est subdivisé en réseaux de neurones
imbriqués les uns dans les autres, et affectés au traitement d’informations
précises.

Figure 1: Les lobes de cortex cérébrale

Le lobe frontal comporte quatre circonvolutions principales : le cortex


moteur primaire, le gyrus frontal supérieur, le gyrus frontal moyen et le
gyrus frontal inférieur (voir la figure 02 ). Le cortex moteur primaire est
associé aux mouvements volontaires, le gyrus frontal supérieur à la

~24 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

planification comportementale, le gyrus frontal moyen aux fonctions


exécutives supérieures et aux processus de prise de décision. L’aire de
Broca, dans le gyrus frontal inférieur, est associée à la production
langagière, au traitement et à lacompréhension du langage. Elle est reliée à
l’aire de Wernicke, à la jonction des lobes temporal et pariétal, associée à la
reconnaissance du langage parlé. Les lobes frontaux sont associés à de
nombreuses fonctions cognitives supérieures, dont la planification, le
jugement, la mémoire, la résolution de problèmes et le comportement. On
peut dire que globalement, le cortex frontal a pour fonction exécutive le
contrôle et la coordination du comportement, y compris les comportements
socialement indésirables. À mesure que le cerveau gagne en maturité, il se
myélinise progressivement, de l’arrière vers l’avant. Puisque les axones
myélinisés transmettent l’information plus vite que ceux qui ne le sont pas,
la maturation du cerveau permet probablement un meilleur fonctionnement
exécutif. Au contraire, la démyélinisation (perte de myéline) est liée à des
maladies comme la sclérose en plaques Le lobe pariétal est constitué du
lobule pariétal supérieur et du lobule pariétal inférieur, séparés par le sillon
intrapariétal. Le precuneus, le gyrus postcentral, le gyrus supramaginal et le
gyrus angulaire en font partie. Certaines aires du lobe pariétal sont associées
à l’apprentissage des mathématiques (voir le chapitre 5). Le lobe pariétal
sert aussi à intégrer l’information sensorielle et traite les données visuelles et
spatiales. Le gyrus angulaire traite du langage et de la cognition, y compris
les métaphores et l’abstraction. Le lobe temporal gère les signaux sonores et
l’audition, y compris le traitement de la parole – surtout le lobe temporal
gauche. Il est associé aux noms, à la compréhension et aux autres fonctions
langagières. Le gyrus fusiforme gauche, lui, est associé à la reconnaissance
des mots, des nombres, des visages, et au traitement des couleurs. Le lobe
occipital se trouve à l’arrière du cerveau, au-dessus du cervelet, et abrite le
cortex visuel primaire. Il est associé au traitement des informations
visuelles, à la différentiation des couleurs et des mouvements.

~25 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Figure 02: Le lobe frontal

1.1.2. Ventricules cérébraux:


Les ventricules latéraux , ou ventricules I et II, sont de grandes cavités dont
le forme en C rappelle le déroulment de la croissance cérébrale. On trouve
un ventricule latérale enfoui dans chaque hémisphère cérébrale . à l’avant ,
les ventricules latéraux ne sont séparés que par une mince membrane
appelée sptume pellucidume (cloison transparete ) (voire la figure 03 )
chaque ventricule latérale communique avec le troième ventricule, assez
étroit et situé dans le dieenciphale. Par le truchement d’un petit orfice appelé
foramen interventriculaire du cervaeu,ou trou de Monro , le troisième
vontricule communique à son tour avec le quatrième vontricule par
l’intermédaire d’un canal qui traverse le mésencéphale, appelé aqueduc du
mésencéphale, ou aqueduc de sylvice. Le quatrième vontricule apparait
comme une cavité située enter le pont et le cervelet: ca partait inférieure
communique avec le canale centrele de la moelle épinière . ses paroi latérale
sont percées de deux orifices. Nommés ounertures latérales du quatrième
vontricule, ou trous de luschka: l’orifice situé sur son toit est appelé
ouverture médiane du quatrièm ventricule, on trou de Magendie. Ces orifice
relient les ventricules à la cavité subarachnoÏdienne, ou espace sous-
arachnoÏdien cranien. Qui entoure l’encéphale et la moelle épinière et qui
est remplie de liquide cérébro-spinale. C’est grace à tout ce système
d’ouvertures que le liquide cérébro-spinale peut circule dans les différent
cavités internes de l’encéphale et s’couler vers la cavité subarachnoÏdienne.

~26 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Figure03: les Ventricules cérébraux

Le liquide cérébro-spinal (LCS), ou encore liquide céphalo-rachidien


(LCR) en ancienne nomenclature, est un liquide biologique transparent dans
lequel baignent le cerveau et la moelle spinale.
Il absorbe et amortit les mouvements ou les chocs qui risqueraient
d'endommager le cerveau.
Il est également le liquide dans lequel sont évacuées les molécules et les «
déchets » provenant du cerveau et joue également un rôle de protection
immunologique. Sa composition est ainsi supposée refléter l'état
physiopathologique du cerveau : inflammation, infection, présence de
molécules pharmacologiques, etc.(
https://www.fondation-fondamental.org/liquide-cerebro-spinal )
1.1.3. Diencéphale:
Le diencéphale est recouvert des hémisphères cérébraux et forme avec eux
le cerveau. Il est composé essentiellement de trois structures présentes dans
les deux hémisphères, soit le thalamus, l'hypothalamus et l'épithalumus,
situées de chaque côté du troisième ventricule (voir la figure 04).
1.1.3.1. La thalamus:
La thalamus (thalamos = chambre interne] est de forme ovoÏde : Il
représente 80% du diencéphale. Il constitue les parois supéro-latérales
du troisième ventricule. Il est composé de deux masses jumelles de
substance grise retenues par une commissure médiane appelée
adhérence interthalamique, ou commissure grise. Le thalamus
~27 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

comprend de nombreux noyaux aux functions spécifiques dont la


plupurt sont nommés d'après leur situation relative. Chacun de ces
noyaux projette des neurofibres vers une région définie du cortex, et
chacun reçoit des neurofibres issues de cette même région. Les
afférences provenant de tous les organes des sens et de toutes les parties
du corps convergent dans le thalamus et y font synapse avec au moins
un de ses noyaux. Dans le noyau ventral postéro-latéral, par exemple.
on trouve d'importantes synapses entre les neurofibres qui acheminent
les influx en provenance des récopteurs sensoriels somatiques (du
toucher, de la pression, etc.). De même, le corps géniculé latéral et le
corps géniculé médial sont d'importants relais pour les influx visuels et
auditifs respectivement. Le tri et une certaine l’orme de traitement de
l'information s'effectuent dans le thalamus. Les influx reliésà des
fonctions semblables y sont groupés et retransmis aux aires sensitives
et associatives appropriéus par l'intermédiaire des faisceaux
d'association et des neurofibres de la capsule interne. À mesure que les
afférences sensitives atteignent le thalamus, nous pouvons distinguer
grossièrement si la sensation que nous sommes sur le point d'éprouver
sera agréable ou désagréable. Toutefois, la localisation et la distinction
des stimulus se déroulent dans les différentes aires du cortex cérébral.
En fait, la quasi-totalité des influx nerveux envoyés au cortex cérébral
passent par les noyaux thalamiques: los influx qui participent à la
régulation des émotions et des fonctions viscérales traversent les
noyaux antérieurs du thalamus en provenance de l'hypothalamus:
certains de ceux qui dirigent l'activité des aires motrices traversent le
noyau ventral latéral et le noyau ventral antérieur en provenance du
cervelet et des noyaux basaux respectivement. Quelques-uns des
noyaux thalamiques (le pulvinar, le noyau latéral dorsal et le noyau
latéral postérieur) participent à l'intégration des informations
sensorielles et projettent dos neurofibres vers des aires associatives
précises. L'ensemble des noyaux thalamiques est enveloppé par une
mince couche de cellules qui constituent le noyau réticulaire du
thalamus: ce noyau semble influer sur la concentration et l'attention en
exerçant des effets inhibiteurs sur tous les autres noyaux du thalamus.
~28 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Le thalamus joue donc un rôle essentiel dans la sensibilité, la motricité,


l'excitation corticale, l'apprentissage et la mémoire; il constitue
véritablement la porte d'entrée du cortex cérébral.
1.1.3.2. Hypothalamus :

L'hypothalamus (littéralement. « sous le thalamus ») couronne le tronc


cérébral. il compose les parois et le plancher du troisième ventricule.
Pénétrant par sa partie inférieure dans le mésencéphale, il s'étend du
chiasma optique (le point de croisement des herfs optiques) à
l'extrémité postérieure des corps mamillaires, Les corps mamillaires
(littéralement, s petits seins») sont deux noyaux jumeaux en forme de
pois qui font saillie à l'arrière de l'hypothalamus; ils servent de relais
pour les stimulus olfactifs. L'infundibulum est une tige de tissu
hypothalamique (principalement formée de neurofibres) qui relie la
base de l'hypothalamus à l'hypo- physe; il est situé entre le chiasma
optique et les corps mamillaires. Comme le thalamus, I'hypothalamus
contient de nombreux noyaux importants du point de vue fonctionnel
(figure 12.15b). En dépit de sa petite taille, l'hypothalamus constitue le
principal centre de régulation des fonctions physiologiques et il est
essentiel au maintien de l'homéostasie. La plupart des organes du corps
se trouvent sous son influence. Nous résumons ci-dessous ses
principales onctions homéostatiques.

- Régulation des centres du SNA.


- Régulation des réactions émotionnelles et du com- portement.
- Régulation de la température corporelle.
- Régulation de l'apport alimentaire.
- Régulation de l'équilibre hydrique et de la soif.
- Régulation du cycle veille-sommeil.
- Régulation du fonctionnement endocrinien.

1.1.3.3. Épithalamus :

L'épithalamus est la partie postérieure du diencéphale; il forme le toit


du troisième ventricule. De son extrémité postérieure pointe le corps
pinéal, ou glande pinéale (littéralement, en forme de cône de pin »),
visible de l'extérieur. Le corps pinéal sécrète l'hormone appelée
mélatonine; cette glande semble participer, avec les noyaux
hypothalamiques, à la régula- tion du cycle veille-sommeil et de
l'humeur. L'épithalamus comprund aussi une structure appelée plexus
choroïde, qui sécrète le liquide cérébro-spinal .

~29 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Figure 04: le Diencéphale (La thalamus, Hypothalamus et Épithalamus)

1.1.4. Tronc cérébral :

De haut en bas, le tronc cérébral est composé du mésencéphale, du pont et


du bulbe rachidien (voir la figure 05). Chacune de ces régions mesure
environ 2,5 cm de longueur. Le tronc cérébral est semblable (mais nan
identique) à la moelle épinière sur le plan histologique, c'est-à-dire qu'il est
constitué de substance grise entourée de faisceaux de substance blanche. Les
centres du tronc cérébral produisent les comportements automatiques et
immuables qui sont nécessaires à la survie. Placé entre le cerveau et la
moelle épinière, le tronc cérébral constitue un passage pour les tractus et
faisceaux ascendants et descendants qui relient les centres inférieurs et
supérieurs. En outre, le tronc cérébral est un élément primordial de
l'innervation de la tête, car ses noyaux sont associés à 10 des 12 paires de
nerfs crâniens .

~30 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Figure 05: le Tronc cérébral

1.1.5. Cervelet :

Le cervelet, dont la forme évoque celle d'un chou-fleur, est la plus grasse
partie de l'encéphale, après le cerveau. Il représente environ 11 % de la
masse de l'encéphale. Le cervelet est situé à l'arrière du pont et du bulbe
rachidien (dont il est séparé par le quatrième ventricule). Il fait saillie sous
les lobes occipitaux des hémisphères cérébraux.

dont il est séparé par la fissure transverse du cerveau (vair la figure 06). Il
repose dans la fosse crânienne postérieure.

Le cervelet traite les informations sensorielles reçues de l'aire motrice, de


divers noyaux du tronc cérébral et de plusieurs récepteurs sensoriels. il
synchronise les contractions des muscles squelettiques de manière à
produire des mouvements coordonnés, comme ceux que nous accomplissons
pour conduire une voiture, dactylographier un texte et jouer d'un instrument
de musique. L'activité du cervelet est subconsciente, c'est-à-dire que Tnous
n'en avons nullement connaissance.

~31 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Figure 06 : le cervelet

2- Physiologie de cerveau:
2.1. Les neurones :

Les neurones (ou cellules nerveuses) sont des cellules hautement différenciées,
spécialisées dans la communication intercellulaire. Ils reçoivent, traitent et
transmettent des informations (des signaux). Chez l’adulte, les neurones matures
ne se renouvellent pas, car ce sont des cellules horscycle qui ne se divisent pas.
Les cellules neuro-sensorielles olfactives font exception : elles se renouvellent
pendant toute la vie à partir de cellules-souches situées dans la couche basale de
l’épithélium olfactif. De nombreux travaux insistent actuellement sur l’existence
dans le cerveau adulte d’une population de cellules-souches capables de se
différencier en neurones et en cellules gliales Leur rôle et leur importance ne
sont toutefois pas encore clairement établis dans l’espèce humaine. Un neurone
seul, isolé, n’a pas de signification. La fonction du système nerveux (SN)
implique que les neurones communiquent entre eux, au niveau des synapses,
réalisant ainsi des chaînes, des boucles, des circuits, des réseaux nerveux
extraordinairement compliqués. Le neurone comprend un corps cellulaire, des
dendrites et un axone Délimitée par sa membrane plasmique, la cellule nerveuse
est constituée par un corps cellulaire(ou soma ou périkaryon) d’où partent des
prolongements (ou neurites) de deux types, les dendrites et l’axone, qui diffèrent

~32 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

par de nombreux caractères. Les dendrites, habituellement multiples, et toujours


très courts, conduisent l’influx nerveux (ou signal nerveux) vers le corps
cellulaire, alors que l’axone, toujours unique, parfois très long (pouvant
atteindre 1 mètre), conduit l’influx nerveux à partir du corps cellulaire et en s’en
éloignant, jusqu’à ses cibles.(voire la figure 07)

2.1.1. La structure des neurones est caractéristique :

Le noyau, volumineux et sphérique, contient un gros nucléole

La plupart des neurones possèdent, au milieu de leur corps cellulaire, un noyau


unique, volumineux, sphérique, clair, à chromatine dispersée, avec un gros
nucléole, arrondi, dense, bien visible en MO. Le cytoplasme est riche en
organites, mais leur répartition n’est pas homogène L’appareil de Golgi,
habituellement volumineux, est situé dans le corps cellulaire, en position juxta-
nucléaire Les corps de Nissl se situent dans le corps cellulaire et éventuellement
dans les dendrites L’examen en MO de préparations colorées par des bleus
basiques montre que le cytoplasme du corps cellulaire neuronal et de la partie
proximale des dendrites contient un matériel intensément basophile réparti de
façon variable et se présentant sous forme de blocs assez volumineux ou au
contraire d’un fin semis de granulations. Ces corps de Nissl correspondent, en
ME, à des amas de citernes de réticulum endoplasmique granulaire entre
lesquels se trouvent de nombreux ribosomes libres souvent arrangés en petites
rosettes de 5 à 6 grains(polysomes). L’abondance de cet ergastoplasme est le
témoin de l’importance des synthèses protéiques de la cellule nerveuse. Présents
également dans les dendrites, les corps de Nissl sont par contre totalement
absents de l’axone et de son cône d’implantation.

Les mitochondries et le cytosquelette sont ubiquitaires, dans tout le cytoplasme


neuronal

— Les mitochondries sont nombreuses et réparties dans le corps cellulaire, les


dendrites et l’axone

— Le cytosquelette est particulièrement riche. Présent dans le corps cellulaire,


les dendrites et l’axone, le cytosquelette est composé de microfilaments
d’actine, de filaments intermédiaires (constitués de protéines de neurofilaments)
et de microtubules. Les microtubules sont indispensables à la réalisation du flux
axonal(ou transport axonal) qui permet les transports bidirectionnels d’organites
(mitochondries, vésicules synaptiques, lysosomes), de canaux ioniques, de
neurotransmetteurs et neuromodulateurs, d’oligomères des protéines du
cytosquelette, de molécules diverses entre le corps cellulaire et les extrémités
axonales. Les synthèses protéiques ont lieu dans le corps cellulaire du neurone
et ne peuvent se produire dans l’axone. Ainsi, les produits nouvellement
synthétisés doivent cheminer le long de l’axone pour permettre le maintien de
l’intégrité de la terminaison nerveuse qui est parfois très éloignée du site du

~33 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

corps cellulaire. On distingue un flux axonal antérograde (rapide ou lent) allant


du corps cellulaire vers la périphérie et un flux axonal rétrograde cheminant en
sens inverse. Le flux axonal rapide antérograde est assuré par les kinésines qui
se lient aux organites à transporter et aux microtubules axonaux. Le flux axonal
rétrograde est assuré par les dynéines cytoplasmiques qui réalisent comme
précédemment un pont protéique entre l’organite et les microtubules. Dans les
deux cas, le mouvement est généré par l’activité ATPasique de ces molécules.
Les mécanismes du flux axonal lent sont mal connus.

Les autres organites:

En plus des principaux organites précédemment décrits, on trouve encore dans


le cytoplasme neuronal du réticulum endoplasmique lisse, des lysosomes, des
amas de lipofuscine (pigment jaune-brun dont l’abondance augmente avec
l’âge). Les neurones adultes ne possèdent habituellement pas de centrosome.

Figure 07 : le neurone

2.1.2. Définition et composition d’une synapse:

L’établissement des synapses chimiques entre un axone et la dendrite d’un autre

neurone nécessite la mise en place de structures spécialisées. L’axone va


développer des boutons axonaux représentant la partie pré‐synaptique de la

~34 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

synapse, tandis que la partie post‐synaptique est caractérisée par la présence


d’une densité post‐synaptique (PSD pour « post‐synaptic density ») à la
membrane plasmique de la dendrite. Dans la plupart des synapses excitatrices,
la partie post‐synaptique prend la forme de protubérances membranaires
appelées « épines dendritiques », alors que les synapses inhibitrices en sont
dépourvues. Dans le cas des synapses excitatrices, les boutons axonaux
permettent la transmission d’un signal à la partie post‐synaptique par
l’exocytose d’un neurotransmetteur, le glutamate, chargé à l’intérieur de
vésicules synaptiques (VS) Un ensemble 60 protéines différentes orchestre le
relargage du glutamate en plusieurs étapes comprenant l’acheminement et la
séquestration des vésicules au niveau du bouton axonal, le chargement des
neurotransmetteurs (NT) dans les VS, la fusion des vésicules avec la membrane
plasmique au niveau de la zone active du bouton permettant le relargage des NT
et enfin la reformation des vésicules à partir de la membrane (Wilhelm et al.,
2014). De son coté, l’épine dendritique, responsable de la réception de
l’information, est composée d’au moins autant de protéines permettant
l’activation de voies de signalisations en réponse aux NT. Brièvement, les NT
fixent et activent des récepteurs canaux rassemblés à la surface de l’épine au
niveau de la densité post‐synaptique qui laissent passer des ions sodiques (Na+),
induisant ainsi la dépolarisation de la membrane post‐synaptique, l’activation de
cascades de signalisation et ainsi la transmission du signal.(voire figure 08 )

Figure 08 : structure d’une synapse

2.1.3. Potentiel de membrane et potentiel d’action:

Le potentiel de membrane (Vm) au repos des cellules est le fruit d’un


déséquilibre ionique entre le milieu intracellulaire et le milieu extracellulaire. Le
Vm au repos est en fonction de la concentration des ions de part et d’autre de la

~35 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

membrane, de leur perméabilité et de la température. L’équation de Goldman–


Hodgkin–Katz permet le calcul du potentiel membranaire (Goldman 1943).
Comme au repos la perméabilité membranaire est nettement plus élevée pour le
K+, le Vm se situe près de la valeur d’équilibre de ce dernier. Le Vm se situe
généralement autour de -65mV dans les neurones sensitifs des fibres C et Aδ.
Un mouvement d’ions de part et d’autre de la membrane influencera donc le
Vm.

Le potentiel d’action se définit comme la modification transitoire du Vm. Il


survient lorsque les cellules excitables sont stimulées et permet la transmission
d’un signal électrique. Les PAs sont créés par le mouvement rapide d’ions entre
le milieu intracellulaire et extracellulaire. Tel que décrit par Hodgkin & Huxley,
le potentiel d’action est un événement tout ou rien (Hodgkin and Huxley 1939).
C’est-à-dire qu’il sera déclenché par un stimulus, mais que ce dernier
n’influence pas l’amplitude du PA. De façon générale, une fois le seuil atteint, il
y a la phase de dépolarisation rapide, suivi de la repolarisation, de
l’hyperpolarisation et du retour au potentiel de repos (Augustine et al. 2001).

De façon simplifiée, voici la séquence générique d’un potentiel d’action. De


faibles variations de potentiels de membrane par différents stimuli (Figure 3 ii)
permettront d’atteindre le potentiel seuil, c’est-à-dire le potentiel où il y aura
ouverture des canaux Na+ et dépolarisation rapide de la membrane. L’activation
des canaux Na+ étant si rapide que le voltage atteint sera près du potentiel
d’équilibre des ions Na+. En quelques dixièmes de millisecondes, il y aura
fermeture des canaux sodiques et ouverture des canaux potassiques qui
permettront l’entrée de potassium et ainsi la repolarisation de la cellule. La
fermeture des canaux potassiques étant lente, une entrée supérieure de
potassium créera une hyperpolarisation de la membrane. La pompe Na+-K+
ATPase permettra le retour aux conditions ioniques initiales par le transport
actif de 3 ions Na+ vers l’extérieur pour 2 ions K+ vers l’intérieur de la cellule
par ATP dégradé.

2.2. Les cellules gliales:

Il existe 4 variétés de cellules gliales : les astrocytes, les oligodendrocytes, les


cellules épendymaires et les cellules microgliales. Les termes de cellules
névrogliques, de névroglie ou de glie sont synonymes de celui de cellules
gliales.

2.2.1. Les astrocytes :

Se reporter à l’Atlas of Ultrastructural Neurocytology, sur les astrocytes. De


forme étoilée, les astrocytes sont faits d’un corps cellulaire contenant le noyau
et de prolongements cytoplasmiques diversement ramifiés. En ME, ils se
caractérisent par l’abondance, dans le cytoplasme du corps cellulaire et des
prolongements, de filaments intermédiaires (gliofilaments) riches en GFAP

~36 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

(protéine glio-fibrillaire acide) et de grains de glycogène. Ce stock glycogénique


constitue la principale réserve énergétique cérébrale. La membrane astrocytaire
contient de nombreux canaux ioniques voltage-dépendants (canaux- Na+,
canaux-K+, canaux-Ca++, canaux-Cl-) ainsi que des canaux ioniques
mécanosensibles activés par l’étirement (et probablement impliqués dans la
régulation du volume cellulaire). On y trouve également un certain nombre de
transporteurs ioniques actifs (pompes et échangeurs) et des récepteurs
membranaires pour de nombreux ligands (neurotransmetteurs, neuropeptides,
cytokines, etc). Enfin, de nombreuses jonctions communicantes existent entre
les astrocytes et entre les neurones et les astrocytes. Les astrocytes synthétisent
et sécrètent des neurostéroïdes. Ils contiennent des récepteurs nucléaires pour
les hormones thyroïdiennes, pour les stéroïdes sexuels et pour les
corticostéroïdes surrénaliens. Les nombreux prolongements cytoplasmiques des
astrocytes sont de 4 grands types : 1) un grand nombre de prolongements
cytoplasmiques forment une sorte de réseau qui joue un rôle de support
structural au sein du parenchyme du SNC ; 2) de petites languettes partant des
prolongements cytoplasmiques précédents entourent étroitement les synapses et
permettent ainsi la sélectivité de la transmission nerveuse en empêchant la
diffusion des neurotransmetteurs ; 3) certains prolongements cytoplasmiques
(ou pieds vasculaires des astrocytes) entourent complètement les capillaires
sanguins et les séparent des neurones ; 4) enfin, la surface du névraxe est formée
par la juxtaposition de prolongements cytoplasmiques astrocytaires réalisant le
revêtement astrocytaire marginal du SNC. (voire figure 09 )

Figure 09 : astrocyte et neurone

~37 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

2.2.2. Les oligodendrocytes:

Consulter l’Atlas of Ultrastructural Neurocytology, sur les oligodendrocytes.


Les oligodendrocytes possèdent un corps cellulaire de petit volume d’où partent
quelques prolongements cytoplasmiques, plus fins et moins nombreux que ceux
des astrocytes. Les oligodendrocytes de la substance blanche élaborent la
myéline du SNC. (Voire la figure 10 )

Figure 10 : oligodendrocyte

2.2.3. Les cellules microgliales appartiennent au système des


monocytes/macrophages :

En MO, les cellules microgliales (ou microglie) apparaissent comme des


cellules de petite taille, avec un noyau arrondi ou ovalaire, dense et un
cytoplasme visualisé soit par des colorations argentiques, soit surtout
actuellement par des lectines ou des anticorps monoclonaux. Les cellules
microgliales proviennent des monocytes sanguins ayant pénétré dans le
parenchyme du SNC et peuvent, lors de lésions du tissu nerveux, s’activer et se
transformer en macrophages. Les cellules présentatrices de l’antigène dans le
SNC sont les cellules microgliales. Lorsqu’elles sont activées, les cellules
microgliales sécrètent de nombreuses molécules dont plusieurs cytokines, des
protéases, des anions superoxyde et de l’oxyde nitrique NO. (Voire figure 11)

~38 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

Figure 11 : cellule microgliales

2.2.4. Les épendymocytes constituent le revêtement du système


ventriculaire :

Les épendymocytes (ou cellules épendymaires) forment un épithélium cubique


ou prismatique simple cilié assurant le revêtement des cavités ventriculaires du
SNC (ventricules latéraux, troisième ventricule, aqueduc de Sylvius, quatrième
ventricule, canal de l’épendyme) et jouent ainsi un rôle dans les échanges entre
le LCR et le SNC. Les faces latérales des cellules épendymaires sont reliées par
des zonula adhaerens et d’abondantes jonctions communicantes, mais il n’existe
pas de zonula occludens. Leur pôle apical est cilié et présente, entre les cils, de
nombreuses microvillosités dont le glycocalyx joue un rôle important dans les
échanges avec le LCR. Leur pôle basal émet un prolongement cytoplasmique
qui s’enchevêtre avec les prolongements cytoplasmiques des astrocytes sous-
épendymaires. Les cellules épendymaires expriment la GFAP et la vimentine.
L’épendyme règle les mouvements d’eau entre le LCR et le compartiment
extracellulaire du système nerveux central ; il exerce également une activité
d’endocytose, de phagocytose et de dégradation lysosomiale vis à vis de
diverses molécules ou particules présentes dans le LCR.(voire figure 12 )

Figure 12 : l’épendymocyte

~39 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

~40 ~
Chapitre I: Les vitamines B6, B9 et B12

~41 ~

Vous aimerez peut-être aussi