Vous êtes sur la page 1sur 4

A.B.

Diallo, UFR SANTE DE THIES QUESTION D’INTERNAT : Biochimie

VITAMINE B1 : NATURE, ORIGINE, BESOINS, ACTIONS PHYSIOLOGIQUES :


I. Introduction :
A. Définition :
- La vitamine B1 ou thiamine est une vitamine hydrosoluble qui joue un rôle essentiel
dans le métabolisme des glucides
- Le composé actif est le pyrophosphate de thiamine ou cocarboxylase, qui intervient
dans les réactions de décarboxylation et de transcétolisation
B. Intérêt :
- Nécessaire au bon fonctionnement du système nerveux central
- Intervient au cours de plusieurs étapes du cycle de Krebs et dans le catabolisme du
glucose par la voie des pentoses
- Pathologies : béribéri, encéphalopathie de Gayet-Wernicke, syndrome de Korsakoff
II. Caractéristiques :
A. Nature :
1. Structure :
La vitamine B1 est formée par 2 cycles :
- Cycle pyrimidique : méthylé et aminé
- Cycle thiazolique : méthylé et portant une chaine éthanolique
- Ces 2 cycles étant réunis par un pont méthylène entre le carbone 5 du noyau
pyrimidique et l’azote du noyau thiazole
Un certain nombre de particularités chimiques sont nécessaires à son activité vitaminique :
- Le pont carbone entre les 2 cycles
- L’hydroxyle de la chaine latérale du noyau thiazole
- Une fonction amine pour le noyau pyrimidique
- Un azote pentavalent pour le noyau thiazolique
2. Propriétés physico-chimiques :
a. Propriétés physiques :
- Le chlorhydrate de thiamine est une poudre blanche cristallisée, soluble dans l’eau,
non soluble dans les solvants des graisses
- Elle est thermostable en milieu acide, détruite par les températures élevées en milieu
alcalin
- Elle possède un spectre d’absorption en 2 pics dans l’ultraviolet
b. Propriétés chimiques :
- Elle peut être réduite en perdant son activité vitaminique
- Son oxydation ménagée donne un thiocrome, colorant jaune à fluorescence bleue
(propriété permettant un dosage colorimétrique)
- Une oxydation plus poussée rompt le pont méthylénique et sépare les noyaux
pyrimidique et thiazolique
- La fonction alcool permet la formation de pyrophosphate de thiamine, ou
cocarboxylase
B. Méthodes de dosage :

1
- Biologiques : basées sur la guérison ou la prévention des manifestations de
l’avitaminose chez certains animaux
- Microbiologiques : utilisent les propriétés de la vitamine B1 sur la stimulation de la
croissance de certaines levures
- Physico-chimiques : colorimétriques et spectrophotométriques
- Biochimiques :
• Détermination de l’activité transcétolasique des hématies
• Etude de la consommation d’oxygène de fragments tissulaires d’animaux
carencés, en présence de thiamine
L’unité internationale, définie biologiquement, correspond à 3 microgrammes de
chlorhydrate de thiamine
C. Origine et apports :
1. Origine :
- La vitamine B1 est très répandue dans la nature, sa synthèse est faite par la plupart
des plantes vertes et par des microorganismes tels que les levures et les bactéries
- Chez l’Homme, il existe une synthèse de vitamine B1 par les bactéries au niveau du
côlon, mais l’absorption est négligeable
2. Apports :
La vitamine B1 se trouve dans la plupart des aliments, mais ceux qui en contiennent le plus
sont : la levure, le pain complet, le germe de blé, le soja
D. Besoins :
- Difficiles à chiffrer, ils sont fixés à 1 mg/24h et sont en général couverts par les
apports alimentaires
- Ces besoins varient avec la diététique :
• Les lipides et les protides épargnent la thiamine
• Les glucides augmentent les besoins en thiamine, celle-ci étant consommée pour
métaboliser le glucose dans le cycle de Krebs
 Danger des perfusions de sérum glucosé chez les sujets en état de
pré carence (vomissements gravidiques, delirium tremens) qui
peuvent provoquer, en l’absence d’apport vitaminique, un état
carentiel avec encéphalopathie
E. Métabolisme :
1. Absorption :
- La vitamine B1 est absorbée sous forme libre par l’intestin grêle
- Le pyrophosphate de thiamine doit être hydrolysé au préalable
- La diarrhée diminue l’absorption
2. Répartition et stockage :
- Une fois absorbée, la thiamine diffuse dans tous les tissus où elle est transformée en
produit actif, mais la phosphorylation a lieu essentiellement au niveau du foie
- Le rein, le foie, le cœur, le muscle et le cerveau sont riches en vitamine B1 estérifiée,
combinée aux enzymes pour former les carboxylases

2
- Il n’existe pas de stockage (l’ensemble de l’organisme ne contient que 25 mg de B1),
ce qui entraine :
• Une élimination rapide en cas de surcharge, que le sujet soit carencé ou non
• La survenue rapide des manifestations carentielles : en cas de troubles digestifs
(diarrhée, vomissements gravidiques) ou d’alimentation parentérale par sérum
glucosé, entrainant de graves encéphalopathies
- La presque totalité de la thiamine sanguine est localisée dans les éléments figurés du
sang : hématies et surtout leucocytes
3. Catabolisme et élimination :
- Elimination essentiellement urinaire
- Dans les selles, on retrouve :
• La thiamine non absorbée
• La thiamine synthétisée par la flore intestinale
III. Actions physiologiques :
A. Décarboxylation des acides α cétoniques :
Porte surtout sur l’acide pyruvique et l’acide α cétoglutarique :
- La thiamine agit comme groupement prosthétique de l’apoenzyme protéique
- En anaérobiose :
• La décarboxylation non oxydative de l’acide pyruvique conduit à l’éthanol
• Celle de l’acide α cétoglutarique donne l’aldéhyde succinique
- En aérobiose :
• La décarboxylation de l’acide pyruvique conduit à l’acétyl-CoA
• Celle de l’acide α cétoglutarique aboutit à la libération de succinyl CoA
B. Interventions de la vitamine B1 dans le cycle de Krebs :
- Elle permet l’entrée de l’acide pyruvique sous forme d’acétyl-CoA
- L’acétate se condense sur l’acide oxalo-acétique pour former l’acide citrique. La
vitamine B1 permet d’augmenter la quantité d’oxalo-acétate disponible par
carboxylation de l’acide pyruvique, qui donne l’acide oxalo-acétique
- La décarboxylation de l’acide α cétoglutarique issu de l’acide citrique donne l’acide
succinique
C. Réactions de transcétolisation :
- C’est le transfert d’un groupement cétol d’un sucre à un autre ; ce mécanisme
intervient dans le shunt des pentoses
- En cas de carence, on note :
• Une augmentation des pentoses dans les hématies
• Et une diminution de l’activité de transcétolisation des globules rouges
- La voie des pentoses est importante dans le système nerveux central
D. Autres actions :
- Sur le métabolisme de l’acétylcholine : la vitamine B1 contribue à la synthèse de
l’acétylcholine au niveau des fibres nerveuses en favorisant l’apparition de radicaux
acétyls

3
-
Sur le métabolisme du tryptophane : elle assure la transformation du tryptophane en
formyl cynurénine
IV. Interrelations vitaminiques :
A. Vitamine B2 :
- La carence en vitamine B1 s’accompagne d’une élévation du taux de la vitamine B2
avec augmentation de l’activité de la succinique-déshydrogénase
- Un excès en vitamine B1 diminue l’activité de la D-amino-acide-oxydase dont le
coenzyme est le FAD (vitamine B2)
- Cette inhibition est de nature compétitive
B. Vitamine PP et acide folique :
Inhibent la phosphorylation de la thiamine et augmentent donc les besoins en thiamine
C. Vitamines C et B6 :
Epargnent les besoins en thiamine
D. Vitamine B12 :
Augmente les besoins en thiamine
V. Avitaminose humaine :
A. Circonstances de survenue :
- Carence d’apport : le béribéri, dont il existe 2 formes cliniques :
• Forme sèche, à prédominance neurologique : tableau de psycho-polynévrite
• Forme humide, où domine l’insuffisance cardiaque, avec polysérite
- Intoxication éthylique chronique
- Carences nutritionnelles multiples
B. Encéphalopathie de Gayet-Wernicke :
- Encéphalopathie due à une carence en vitamine B1 et observée chez l’alcoolique
chronique dénutri
- Associe confusion mentale, paralysies oculomotrices et ataxie
- Doit être prévenue au cours d’un délirium tremens : administration de vitamine B1
avec du sérum glucosé
C. Syndrome de Korsakoff :
Psychose d’origine alcoolique, caractérisée par un syndrome confusionnel, avec
désorientation, amnésie de fixation avec fabulations et hallucinations, accompagné en
général de signes de polynévrite
D. Traitement par la vitamine B1 :
- L’utilisation de la vitamine B1 par voie intraveineuse expose au choc thiaminique
- Si bien qu’elle est administrée par voie orale et par voie intramusculaire
VI. Conclusion :

Vous aimerez peut-être aussi