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FACULTE DE MEDECINE D’ALGER

DEPARTEMENT DE CHIRURGIE DENTAIRE


CHU MUSTAPHA
SERVICE DE PATHOLOGIE ET CHIRURGIE BUCCALE

Cours de 4ème année

Fractures de la mandibule

PRESENTE PAR Pr. A.KADDOUR

Année universitaire : 2020-2021


Introduction

• Définies classiquement comme une solution de continuité de l’os, les


fractures mandibulaires ont des répercussions à des degrés divers,
selon leur forme anatomo-clinique et leur localisation, sur la fonction
manducatrice et l’esthétique de la face.

• En effet, de par : sa position avancée, sa mobilité, sa forme en fer à


cheval, ses zones de faiblesse ( symphysaire, angulaire, condylienne),
la mandibule constitue un véritable pare-choc de la face, ainsi elle
est souvent le premier obstacle atteint par un agent vulnérant.

• La maitrise des bases anatomiques et biomécaniques de l’os


mandibulaire permet de mieux appréhender les mécanismes de
survenue de ces pathologies traumatiques
1-Rappel
1-1- Anatomie descriptive
- Os impair et symétrique qui constitue le massif facial inférieur.
- Seul os mobile de la face, mobilité assurée par l’articulation temporo-
mandibulaire (ATM.).
Deux parties :
– Le corps mandibulaire : Il présente une forme en « fer à cheval ».
– Les branches montantes ou « Ramus » : Deux parties latérales et verticales en
continuité avec le corps mandibulaire.

Anatomie de la mandibule. 1. Condyle ; 2. col du condyle ; 3. branche montante ; 4. angle mandibulaire ; 5. ligne oblique
externe ; 6. branche horizontale ; 7. trou mentonnier (foramen ovale) ; 8. symphyse mandibulaire ; 9. ligne oblique interne ; 10.
épine de Spix ;11. coroné.
1-2- Bases musculaires
Comprendre les déplacements secondaires provoqués lors de fracture mandibulaire. .

1-2-1-Les muscles élévateurs de la mandibule


Le masséter
L’insertion supérieure ; en haut au niveau du bord inférieur de l’os zygomatique.
L’insertion inférieure : sur l’angle mandibulaire.
Le temporal
Forme d’éventail,
Base située : Sur la ligne temporale inférieure, la fosse temporale
Sommet inférieur correspond au processus coronoïde.
Le ptérygoïdien latéral
Base antérieure correspond à la base du crâne
Sommet postérieur est l’ATM.
Le ptérygoïdien médial
L’Insertion supérieure se fait sur la fosse ptérygoïdienne et la tubérosité du maxillaire
L’insertion inférieure située sur la région goniaque.
1-2-2- Les muscles abaisseurs de la mandibule
Situés entre l’os hyoïde et la mandibule. Moins puissants, ils
sont au nombre de quatre:
• Le digastrique
• Le mylo-hyoïdien
• Le génio-hyoÏdien
• Le stylo-hyoïdien
• 2- Epidémiologie

• Homme jeune +++ (de 20 à 30 ans dans 35% des cas)

• Sex ratio variable mais toujours en faveur du sexe masculin.

• Les causes les plus fréquentes sont :


- Rixes (57 %),
- Accidents de la voie publique (12%).
- Accidents de sport (13,7 %).
Répartition des fractures au sein de la mandibule :
(d’après DINGMAN et NATVIG) :
3- Pathogénie
La mandibule présente plusieurs points faibles :
• Région incisive et prémolaire,
• Région de l’angle et du col du condyle.
3-1- Mécanismes
Deux mécanismes peuvent aboutir à une fracture de la
mandibule :

• Direct : au point d’application du choc, notamment au


niveau des pare-chocs symphysaires ou angulaires.

• Indirect: à distance du point d’impact


Au niveau des zones de faiblesse (angle et col du condyle) ++
+
Exemple : choc sur le menton et retentissement condylien.
4- Démarche diagnostique

4-1-Examen clinique
- D’abord facial puis oral,
- L’examen clinique est complété si nécessaire par d’autres examens,
neurologique, ophtalmologique et général.
Examen facial

• L’inspection met en évidence :

- Les lésions des téguments (ecchymoses, hématomes, plaies).


- Les déformations squelettiques mandibulaires souvent majorée lors des
mouvements d’ouverture et de fermeture buccale (de face : déviation du
menton, élargissement du vissage, de profil : rétro génie).
EXAMEN EXO-BUCCAL

Œdèmes
Ecchymoses
Plaies
La palpation
• Explore le bord basilaire de la mandibule (symphyse, branches horizontales,
angles)

• Dans les fractures peu déplacées, elle recherche une douleur


provoquée à distance :

-Pression antéropostérieure sur la symphyse pour rechercher une


douleur angulaire ou temporo-mandibulaire.

-Pression latérale sur les angles pour rechercher une douleur


symphysaire.

-La palpation bilatérale des conduits auditifs externes et des régions


prétagiennes explore la sensibilité, la mobilité condylienne.
Examen oral

L’inspection permet d’apprécier :

• Les lésions muqueuses.

• Les lésions des arcades alvéolodentaires (dents absentes, caries, obturations,


mobilité dentaire, fractures dentaires, fractures alvéolaires, état du parodonte,
existence de prothèses…).

• Les anomalies de l’occlusion en se référant à l’occlusion préexistante

• La dynamique mandibulaire

La palpation
Explore le bord alvéolo-dentaire, le vestibule inférieur, le bord antérieur de la
branche montante et la base du coroné.
4-2- Examen radiologique
En urgence, la confrontation d’un face basse et d’un panoramique +++
• La radiographie panoramique (ou orthopantomogramme)
Vue étalée de la totalité de la mandibule et de l’ensemble de la denture.
L’étalement ne permet pas de juger de l’importance et de la direction
exacte des déplacements.

• L’incidence face basse (front-nez-plaque)


Vue symétrique, très allongée de l’arc mandibulaire de face (condyle,
ramus, angle, partie postérieure du corpus).

• D’autres incidences peuvent éventuellement êtres demandées :


face basse, profil de la face, maxillaires défilés, Schuller.

• La TDM
Explorer la région condylienne.
En cas de fractures plurifocales et associées.
5- Formes anatomo-cliniques
5-1-Fractures uni-focales
5-1-1- Fractures de la région dentée
Fractures symphysaires et parasymphysaires
- Localisées entre les faces distales des deux canines.
- Trait de fracture : médian, paramédian, oblique ou vertical
- Localisation préférentielle le canine +++
- Dans les formes unifocales, les signes cliniques sont le plus
souvent discrets. Ils peuvent même être tardifs avec des
déplacements secondaires.

- Une simple plaie de la muqueuse gingivale est parfois le seul


signe clinique révélateur de la solution de continuité.

- Tout traumatisme, avec ou sans trait de fracture, sur la région


mentonnière, doit faire rechercher une lésion au niveau des
condyles mandibulaires.
Attention ! Plaie du menton

Douleurs
LOB
Déviation du chemin
d’ouverture

FRACTURE CONDYLIENNE
• Fractures de la branche horizontale

• Portion comprise entre la canine et la deuxième molaire.


• Mécanisme le plus souvent direct
• Le trait est vertical ou plus souvent oblique en bas et en arrière.

Fracture de la branche horizontale


• Déplacements plus marqués;
- Décalage par ascension du fragment postérieur (avec une béance
incisive)
- Chevauchement (avec une latérodéviation du coté fracturé et un
déplacement vestibulaire ou lingual des molaires voisines du trait de
fracture).
• L’anesthésie mentonnière +++
• Rupture de l’artère alvéolaire inférieure cause exceptionnellement
une hémorragie gravissime.
• Fractures alvéolodentaires

• Peuvent être :
Isolées ou
associées à une solution de continuité de l’os basal

• Le trait horizontal détachant l’os alvéolaire et peut entraîner :

- Le déplacement d’une ou plusieurs dents (linguoversion)

- Des fractures dentaires (radiculaires, coronaires

• Une mobilité anormale des dents avec l’os qui les supporte.

• Une perte des dents (bloc incisivo-canin surtout).


Fractures de l’angle mandibulaire
• Région comprise entre une ligne verticale, passant par la face
distale de la deuxième molaire, et une ligne horizontale,
passant par le rebord alvéolaire.
• De mécanisme direct ou indirect,
• Le trait de la fracture oblique en bas et en arrière longeant
l’une des faces de la dent de sagesse, lorsqu’elle existe.
Lorsque la dent de sagesse est absente :
- Le ramus est attiré vers le haut, en avant et en dehors par le
masséter
- Le corpus est attiré vers le bas et en dedans par le mylohoidien.
Le déplacement peut être très discret, si les fragments restent bien
enserrés par la sangle musculaire
5-1-2- Fractures de la région non dentée
Fractures de la branche montante

• Elles concernent la région s’étendant de l’angle


mandibulaire aux apophyses du condyle et du coroné.

• Déplacements sont peu fréquents,

• Limitation d’ouverture buccale associée +++


• Dans les fractures déplacées: Contact prématuré
homolatéral dû à une diminution de la longueur de la
branche montante.
Fractures du coroné

• Le plus souvent consécutives à un choc latéral direct en


bouche ouverte.

• Elles provoquent une contraction du muscle temporal :


- Trismus serré
- Processus coronoïde attiré en haut et en arrière.
• Fractures du condyle
Traumatisme indirect +++
Fractures sous condylienne basse (ou basicervicale) :
• Habituellement, sans déplacement,
• Pas de modification de l’occlusion.
• Douleurs spontanées en avant de l’oreille ou lors des mouvements
d’ouverture et de fermeture.
Fractures sous-condyliennes hautes (ou cervicales) :
• Le trait au niveau du col anatomique
• Le déplacement est important, entraînant une perte de
l’occlusion avec une béance incisive et une latérodéviation
• Fractures capitales (ou fractures condyliennes vraies) :
Tête du condyle, (décapitant le condyle à son union avec le col),
Parfois éclatement du condyle.
• 5-2- Fractures mandibulaires plurifocales :

• 5-2-1- Fractures bifocales symétriques


Les forces musculaires qui agissent sur les fragments sont, en
principe équilibrées et les déplacements symétriques.
• - Fractures bi-parasymphysaires
• -Fractures bi-angulaires

• .5-2-2- Fractures trifocales


- L’atteinte de la symphyse et des deux condyles.
- L’atteinte de la symphyse et des deux angles mandibulaires.
6- Complications

6-1-Complications immédiates
Troubles respiratoires par œdème ou hématome du plancher buccal, ou
par glossoptose en cas de fracture bi parasymphysaire.
6-2-Complications secondaires
Troubles sensitifs dans le territoire du nerf alvéolaire inférieur
Ces troubles sont le plus souvent et transitoires en cas de simple
contusion. Ils peuvent être définitifs en cas de traumatismes nerveux plus
sévères (hypo-, anesthésie, dysesthésies ou paresthésies définitives).
Risque septique
Le risque septique (abcès au niveau du foyer de fracture, ostéite,
pseudarthrose septique) est toujours possible. Une prise en charge
thérapeutique habituellement rapide et la mise en route d'une
antibioprophylaxie systématique ont rendu ce risque rare.
Ankylose temporo mandibulaire, en cas de fracture condylienne non
traitée.
Retard de consolidation et pseudarthrose
Conclusion

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