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Fondements des relations

industrielles
Module 5
Les théories en relations industrielles
(d’après G. Bellemare, in Bilodeau et D’Amours,
2015, p. 28-55)

Yves Hallée et Martine D'Amours,


d'après Bellemare, 2015
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Plan
1. L’importance de la théorie en RI
2. Les cadres de référence en RI
3. Les principales théories en RI
1950-1975 : l’approche systémique enRI et le
pluralisme
De 1975 à nos jours : les approches
stratégique, néomarxiste et féministes

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1. L’importance de la théorie
• Le domaine des RI : un rapport ambigu avec
les théories
– Les préoccupations des étudiants, des employeurs
et le rôle des universités
• Pour agir efficacement, il faut apprendre à
« lire » les situations
• Nos actions sont ancrées dans les théories
implicites;
• Une nouvelle théorie permet de mettre en
lumière des évènements ou des éléments
nouveaux.

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2. Les cadres de référence
Budd et Bhave (2006) identifient quatre cadres
de référence en RI :
1. Égoïsme
2. Unitarisme
3. Pluralisme
4. Perspectives « critiques » (classes, genres,
races)
2. Les cadres de référence
(auteur de cette diapo: P.-L. Bilodeau)
Égoïsme Unitarisme Pluralisme Approches
critiques
(classes)

- Métaphore Marché Famille Arène Champ de bataille


- Conflit/Ordre Ajustement Harmonie naturelle Ordre négocié Conflit de classes
d’intérêts
- Relations de Égalité Autorité Rapports de forces Domination
pouvoir
- Nature de la Contrat libre Appartenance à Collaboration Rapport
relation (offreurs et une communauté intéressée d’exploitation
d’emploi demandeurs)

- État Interférence Acteur subsidiaire Médiateur- Objet de conquête


(Monopole) régulateur et instrument de
domination

- Syndicalisme Monopole Agent perturbateur Groupe d’intérêts Véhicule ou école


étranger légitime de lutte / Leurre
Panorama des principales théories en SHS et
en RI
Toutes les théories sont basées sur une philosophie
de la science (épistémologie) et sur une théorie de la
société (figure 2.1 p. 34)

• Axe horizontal : postulats relatifs à la nature de la


science : approche objectiviste (épistémologie positiviste)
ou subjectiviste (anti-positiviste)

• Axe vertical: conception de la société: ordre et régulation


ou conflit et changement social

Le croisement des deux axes dessine 4 quadrants, dans


lesquels on peut situer les approches théoriques
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3. Les théories en RI
3.1 1950-1975 :
3.1.1 la théorie du système de relations
industrielles
3.1.2 le pluralisme
3.2 1975 à nos jours :
3.2.1 la théorie stratégique
3.2.2 la théorie néomarxiste
3.2.3 les théories féministes

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3.1.1 La théorie du système de RI
(Dunlop, 1958)

• La genèse :
– Fondée sur la théorie des systèmes sociaux de Talcott
Parsons (1951), selon laquelle:
– Un système est un ensemble d’éléments coordonnés de
façon à former un tout;
– Chaque système est composé de sous-systèmes et s’insère
dans un système plus large;
– Sources internes et externes d’évolution du système;
– Caractère central de la notion d’équilibre;
– La théorie des systèmes a l’ambition de prédire l’évolution
et les comportements des systèmes ouverts en étudiant
les relations entre ce système et l’environnement.

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La théorie du SRI (suite)
• La description (voir schéma p. 37):
– Un système est considéré comme un ensemble constitué
d’acteurs, de certains contextes, d’une idéologie, qui fait du
système un tout, et d’un corps de règles (conventions
collectives, accords, décrets, politique RH), dont le but est de
régir les acteurs dans leurs conditions de travail et dans la vie
de travail. SRI=système de règles
– Les règles sont la résultante des relations entre les acteurs;
– Les acteurs sont les travailleurs et leurs organisations, les
gestionnaires et leurs organisations et les agences
gouvernementales spécialisées du travail;
– Les contextes technologique, économique et politique sont
déterminants de la nature des règles;
– Une idéologie commune définit le rôle et la place de chaque
acteur dans le système

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La théorie du SRI (suite et fin)
• L’apport: SRI vu comme système de règles et non
comme marché
• Les critiques :
– Repose sur une causalité linéaire simple (A cause B)
– Faible capacité explicative pcque n’entre pas dans « la
boîte noire » des relation entre les acteurs (surtout
utile pour décrire)
– Surdétermination par les contextes; les acteurs ne
feraient que réagir sans influencer
– Ethnocentrisme
– Ne considère pas la situation de l’État employeur

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3.1.2 La théorie pluraliste des RI
(Fox, 1973)

• La genèse :
– Reconnaître la légitimité de diverses tendances
politiques ou sociales;
– Lutter contre les ravages du capitalisme naissant sur la
condition ouvrière;
– Offrir une alternative à la perspective unitariste;
– Systématisé dans les travaux de la Commission
Donovan (Clegg, Flanders et Fox).

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La théorie pluraliste des RI (suite)
La description:
– Oppose le pluralisme à l’unitarisme;
– Partage du pouvoir et du leadership dans entre divers groupes
d’intérêts (employés, fournisseurs, actionnaires, gouvernement,
etc.), qui acceptent de collaborer, les termes de la collaboration étant
réglés par la convention collective;
– Syndicalisme vu comme le droit démocratique de se regrouper pour
défendre ses intérêts;
– Établissement d’un cadre légal (soutien à la négociation, lois du
travail) permettant l’équilibre dans les rapports de pouvoir entre le
patronat et les salariés;
– Reconnaissance des conflits d’intérêts, qui peuvent être contenus par
des arrangements institutionnels (ex: négo collective);
– Détermination des règles par le processus de négociation collective
(et non par les contextes comme chez Dunlop).

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La théorie pluraliste des RI (suite et fin)
• L’apport: Mettre les rapports de pouvoir au coeur de
l’étude des RI
• Les critiques :
– Il y aurait lieu de rejeter le postulat d’équilibre du
rapport de forces entre les acteurs des RI;
– Limité au niveau de l’entreprise (sans inclure les
enjeux du pouvoir et de la domination dans le
système économique)
– Ne reconnaît pas l’exploitation d’une classe par une
autre, qui s’approprie la plus grande part de la
propriété

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3.2.1 La théorie stratégique des relations
industrielles
(Kochan, Katz et McKersie, 1986)

• La genèse :
– Critique de la théorie de Dunlop. Cherche à expliquer
les changements intervenus dans les années 1980 et
que le modèle systémique n’arrive pas à expliquer
(baisse du taux de syndicalisation, pas d’idéologie
commune);
– Étend la notion de stratégie au champ des relations
industrielles (nature politique de la prise de décisions
dans les organisations).
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La théorie stratégique des relations
industrielles (suite)
• La description (voir figure 2.3, p. 42):
– C’est la recherche de l’efficacité qui explique les
transformations des RI;
– Les pratiques et les résultats du SRI sont déterminés
par l’interaction entre les forces environnementales,
les choix stratégiques et les valeurs des managers, des
syndicalistes et des décideurs publics. Ce sont les
managers qui auraient contribué le plus à la
transformation des RI
– Élargissement de l’objet d’étude à la GRH;

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La théorie stratégique des relations
industrielles (suite)
• La description (suite) :
– Par rapport au modèle de Dunlop:
• Les trois mêmes acteurs mais valeurs et stratégies des
employeurs au centre
• Les contextes: plus ou moins les mêmes
• Ajout de 3 variables (milieu interne de l’entreprise): histoire,
stratégies d’affaires, valeurs et orientations

– Proposition du modèle des trois (3) tiers où il existe


trois (3) niveaux d’activités en RI :
• La stratégie à long terme des acteurs (niveau stratégique);
• La négociation collective et la GRH (niveau fonctionnel);
• Les relations sur les lieux de travail et les modes
d’organisation du travail (niveau organisationnel)
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La théorie stratégique des relations
industrielles (suite et fin)
• L’apport: attention portée à d’autres acteurs que les
syndicats (notamment employeurs)
• Les critiques :
– Confusion entre le niveau stratégique d’activité de l’État et le
contexte externe des politiques publiques;
– Questionnement sur la croissance du phénomène de la
stratégie;
– Aucune définition opérationnelle de ce qu’est une stratégie en
RI;
– Représentation linéaire de l’action;
– Surdétermination par les acteurs (néglige les contraintes)

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3.2.2 La théorie néomarxiste (théorie du job
control)
(Hyman, 1975, 1989)
• La genèse :
– Critique du marxisme:
• Se développe dans les années 1970 à la suite des échecs du
« communisme réel » ainsi que du cadre positiviste et
déterministe du marxisme;
• Les néomarxistes vont critiquer le marxisme sur trois (3)
aspects : le rôle de l’État, les notions de patronat et de
travailleur.
– Critique du pluralisme:
• Le néomarxisme aborde la problématique du job control en
opposition au pluralisme, à qui il reproche de ne parler que
du pouvoir par les règles. Un autre type de pouvoir, le
contrôle des travailleurs sur le processus de production
existe aussi.
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La théorie du job control (suite)
• La description :
– Le néomarxisme est moins déterministe que le marxisme (on
ne peut déduire les RI des contextes);
– Les structures sociales ne sont pas seulement contraignantes,
mais aussi habilitantes (capacité de résistance des salariés);
– La lutte sur les lieux de travail se fait autour d’une frontière
implicite de contrôle, qui est sans cesse redéfinie dans un
processus de pressions et de luttes;
– L’étude des RI est définie comme l’étude des processus de
contrôle sur le travail (permet d’étudier l’origine et la nature
des règles, les limites imposées aux acteurs, les moyens de
dépasser ces règles et limites)
– L’inégalité comme enjeu fondamental en RI et pour la société
dans son ensemble

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La théorie du job control (suite et fin)

• L’apport: met l’accent sur les conflits pour le contrôle en


milieu de travail; accent sur l’action et le pouvoir des
acteurs
• Les critiques :
– N’est centrée que sur les relations formelles et informelles sur
le lieu de travail;
– Ne met l’accent que sur les fonctions directement liées au
processus de production;
– Analyse le management comme un bloc monolithique en
négligeant l’étude des conflits qui existent entre les diverses
fractions
– Néglige l’interaction du travail avec les autres rapports sociaux
(ex: genre, ethnicité)
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3.2.3 Les théories féministes et autres

• La genèse :
– Les approches féministes, postmodernistes, modernistes
avancées, etc. mettent à l’avant-scène ce que la modernité avait
refusé d’aborder : l’expression de soi, les émotions, les femmes,
les minorités raciales, sexuelles, etc.
– Les organisations reposent sur des principes opératoires et sur
des rationalités qui engendrent des contradictions, qui se
reflètent dans les pratiques managériales;
– Les enjeux liés au champ politique de la vie ont montré que les
nouveaux mouvements sociaux (féministes, écologistes,
pacifistes, etc.) peuvent constituer une base efficace de
mobilisation et produire des gains pour la population;

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Les théories féministes
(Calas et Smirchich, 1996; Forest, 1993)

• La description :
– Le marché du travail est empreint d’une
discrimination envers les femmes; leur place sur le
marché du travail découle de leur assignation
première à la sphère domestique
– Au plan épistémologique: rejet d’une conception
positiviste de la science (« On ne naît pas femme, on
le devient »)
– Critique des théories systémique, stratégique et
marxiste qui ont négligé l’étude des rapports de
genre;
– Le rapport capital-travail s’appuie sur, et influence en
retour, les rapports structurés par le genre, l’ethnie, la
racisation, l’orientation sexuelle, etc.
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Les théories féministes (suite et fin)
• L’apport: introduisent et articulent les rapports sociaux
de travail avec d’autres rapports sociaux; permettent de
comprendre et d’expliquer des enjeux que els autres
théories laissaient dans l’ombre
• Les critiques :
– Une tendance à l’universalisation de la situation des
femmes ce qui a pour effet de négliger les différences
importantes de situation et d’enjeux que vivent les
femmes dans différentes situations (ex: femmes
racisées).

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Questions de révision

– Les questions de révision 1 à 3 (Bellemare, p. 52)


– Quelles sont les principales distinction entre le
pluralisme et l’unitarisme ?
– Quelles sont les principales critiques adressées par le
néomarxisme au pluralisme?
– Quel était le constat principal des auteures
féministes à propos des relations industrielles ?

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