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I. VIE ET OEUVRES
II. METHODE ET EPISTEMOLOGIE
III. MORALE
IV. METAPHYSIQUE ET THEODICEE
Le rêve de Monsieur Descartes nous amène ainsi à tenter une première réponse à
notre question : qu'est-ce que philosopher pour les modernes? Philosopher, ce n'est pas
aligner quelques concepts qui porte le label de "philosophique. Philosopher, ce n'est pas non
plus balancer quelques phrases d'allure poétique, ou encore développer une pensée dont la
profondeur se mesure à son abscondité, ou rassembler une série de citations des grands
penseurs, Descartes ne cite personne. Philosopherc'est primordialement avoir une
passion ; une flamme au coeur, quelque chose qui vous ronge les entrailles, un démon
dont ne triomphe qu'en succombant. Qu'est-ce que philosopher pour ce moderne qu'est
Descartes ? C'est d'abord avoir rêvé quelque chose et y avoir cru.
L'IDEE CARTESIENNE DE LA PHILOSOPHIE
L'idée cartésienne de la philo se trouve dans la Préface des Principes de la
Philosophie (lettre de l'auteur à celui qui a traduit le livre, laquelle peut servir ici de préface).
Descartes propose comme il dit : « expliquer ce que la philo, en commençant par les chose
les plus vulgaires, comme sont : que ce mot philo signifie l'étude de la sagesse, et que, par la
sagesse, on entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais une parfaite
connaissance de toutes les choses que l'on peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que
pour la conservation de sa santé et l'invention de tous les arts; et qu'afin que cette
connaissance soit elle, il est nécessaire qu'elle soit déduite des premières causes, en sorte que
pour étudier à l'acquérir, ce qui se nomme proprement philosopher, il faut commencer par la
recherche de ces premières causes, cad des principes" (Principes de la Philosophie, Bridoux,
p. 557).
CRITIQUE DE L'IDEE CARTESIENNE DE LA PHILOSOPHIE
Jean François REVEL a sévèrement critiqué cette conception de Descartes, eu égard à
l'avènement de la modernité. pour Revel, la conception de la philo que se fait Descartes, en
plein coeur du modernisme, constitue une régression considérable par rapport à tout le travail
accompli au XVè et XVIè siècle. Descartes commence, dit Revel, a identifié la philosophie à
la totalité de la connaissance et de l'action, écartant, par conséquent, le sentiment des
différences, de la technicité particulière à chaque domaine théorique ou pratique, en raison de
la diversité des objets pris en charge par les différentes branches du savoir.
Enfin, Revel voit dans l'affirmation de la métaphysique par Descartes une
méconnaissance de la vraie révolution intellectuelle du XVIIème siècle consistant à aller des
faits aux causes, et non plus à supposer des principes universels dans la nature pur en déduire
les phénomènes et leur explication. Oubliant des concepts qui naissent sous ses yeux,
LIMITES DE LA CRITIQUE ET NOUVEAUTE CARTESIENNE
Les critiques de J.F. Revel à l'endroit de l'idée cartésienne de la philo sont
apparemment justes. Il est vrai, en effet, que Descartes considère les différentes sciences, non
comme morcelées, mais comme unifiées : elles sont des branches qui sortent du tronc d'un
même arbre (la philo) dont les racines sont la métaphysique. Il est vrai que Descartes voit
dans la philo un commencement inédit, définitif et absolu.
Philosopher, c'est pour Descartes, prôner la totalité du savoir et prétendre à la vérité
en soutenant un questionnement qui mire vers le fondement. Mais dans cette reprise de la
spécificité philosophique, il y a une nouveauté qui s'instaure. C'est ce que Revel n'a pas
relevé, et ce qui condamne sa critique être partielle. Le cheminement de Descartes, au lieu
d'être dogmatique, part d'un long séjour en sciences pour aboutir à la synthèse au niveau
philosophique, est ce qui signale la première nouveauté cartésienne à l'intérieur de la reprise
de l'idée classique de la philosophie comme savoir universel ou totalité du savoir.
Dans les Principes de la Philosophie, Descartes est plus explicite sur l'utilité de la
philo : "J'aurai ensuite fait considérer l'utilité de cette philo, et montrer que puisqu'elle s'étend
à tout ce que l'esprit humain peut savoir, on doit croire que c'est elle seule qui nous distingue
des plus sauvage et des barbares ... c'est le plus grand bien qui puisse être dans un état que
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d'avoir de vrais philosophes ... pour chaque en particulier, il n'est pas seulement utile de vivre
avec ceux s'appliquent à cette étude, mais qu'il est incomparablement meilleur de s'y
appliquer soi-même ...Or c'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de
les ouvrir, que de vivre sans philosopher ... cette étude est plus nécessaire pour régler nos
moeurs et nous conduire en cette vie que n'est l'usage de nos yeux pour guider nos pas..."
(Principes, Bridoux, p. 558).
Descartes reconnaît à la philo un utilité politique, reprise de Platon : "c'est le plus
grand bien qui puisse être dans un état que d'avoir de vrais philosophes"; «une nation est
d'autant plus civilisée et polie que les hommes y philosophent mieux». Pour lui, la philo est
non seulement utile, mais aussi nécessaire. Descartes ne fondera jamais philosophiquement la
morale et il se contentera d'une morale provisoire.
En concevant la philo, non seulement utile, mais encore comme vitalement nécessaire,
Descartes fonde en tout homme l'exigence de philosopher. Le fondement de cette méthode a
sa racine en l'homme. Cette racine, présente en tout homme, est ce que Descartes appelle "le
bon sens", "la sagesse universelle" ou encore "la raison". La méthode montre comment" bien
conduire sa raison".
II. METHODE ET EPISTEMOLOGIE CARTESIENNES
1. LE DISCOURS DE LA METHODE (1637)
1633 : Condamnation de Galilée en juin. Descartes brûle une partie de ses écrits. (Lettre au
P. Mersenne de novembre 1633).
1634 : Fresques amoureuse avec sa servante Hélène.
1635 : Naissance de Francine, la fille de Descartes.
1636 : Solitude, inquiétude, crise.
Titre premier du DM : "Le projet d'une Science Universelle qui puisse élever notre nature à
son plus haut degré de perfection".
1637 : Discours de la Méthode. Texte et Commentaire d'Etienne Gilson, Vrin, Paris, 1930.
Titre définitif : Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité
dans les sciences.
1640 : Mort de Francine
1641 : Meditationes de prima philosophia
"Tout fait pressentir qu'une telle oeuvre est le dénouement d'une crise intérieure; pour
la comprendre, c'est le sens de la crise qu'elle dénoue qu'il importe avant tout de retrouver.
Expression d'une pensée trop pure de tout alliage pour avoir quoi que ce soit à dissimuler, le
DM nous dit exactement quel homme fut Descartes : une intelligence soucieuse avant tout de
connaître et de se cultiver" (Etienne Gilson, Introduction au DM, p. VII e VIII).
1. Parties du Discours de la méthode
I. Partie : Considérations sur les SCIENCES
II. Partie : Règles de la METHODE
III. Partie : la MORALE
IV. Partie : la METAPHYSIQUE
V. Partie : la PHYSIQUE, MEDECINE
VI. Partie : Recherches de la NATURE
Le Discours de Méthode paraît en 1637. Descartes a 41 ans. Ce discours se situe après
le premier essai inachevé des Regulae ad directionem ingenii. Le D.M. "une histoire de mon
esprit", mais cette histoire est jalonnée tout au long de l'ouvrage par des considérations sur la
méthode.
2. La raison
- "le bon sens", « la chose la mieux partagée » (p. 1),
- la capacité de bien juger,
- la capacité de « distinguer le vrai d’avec le faux pour voir clair en mes actions (p. 10)»
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- "la seule chose qui nous rend hommes et nous distingue des bêtes » (p. 2).
3. Le dessein de Descartes : quel est le dessein de Descartes en écrivant le DM ?
Négativement, le dessein de Descartes n’est pas
- "d'enseigner la méthode que chacun doit suivre pour bien conduire sa raison (p. 5) ou
"apprendre toutes les sciences particulières" (p. 15).
Positivement, le dessein ou projet de Descartes est de
- "chercher la vraie méthode pour parvenir à la connaissance de toutes les choses dont mon
esprit serait capable (p. 17).
- "montrer comment j'ai tâché de conduire ma raison" (p. 4), "auto-écolage rationnel".
- "acquérir une connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie" (p. 4).
- ‘apprendre à distinguer le vrai d’avec le faux, pour voir clair en mes actions » (p. 10).
- « étudier en moi-même » (p. 10).
- « me défaire de toutes les opinions reçues auparavant en ma créance » (p; 13, 15).
- "réformer mes propres pensées" (p. 15) et non la pensée d’autrui.
- "bâtir sur un fonds qui est tout a fait à moi" (p. 15), "rejeter la terre mouvante et le sable
pour trouver le roc ou l'argile" (p. 29).
- "user en tout de ma raison, sinon parfaitement, du moins le mieux qui fut en mon pouvoir"
(p. 21).
- "employer mon propre jugement et examiner les opinions d'autrui (p. 27).
- "employer toute ma vie à cultiver ma raison, et m'avancer en la connaissance de la vérité"
(p. 27).
- "conduire généralement toutes mes pensées selon les règles" (p. 29).
- "ne recevoir aucune chose pour vraie qui ne me semblât plus claire et plus certaine" (p. 41).
2. METHODE CARTESIENNE
Descartes fait allusion à sa "méthode" à travers toute son oeuvre : il estime que c'est
sa grande découverte, ce qu'il apporte de neuf au monde. L'exposé de cette méthode se trouve
spécialement dans les Règles pour la direction de l'esprit (1628), Le Discours de la Méthode
(1637) et Les Principes de la philosophie (1644).
Quid methodium?
- "Per methodium intelligo regulas certas et faciles" (Règles, IV).
- "moyen d’augmenter par degré la connaissance, et de l’élever au plus haut point" (p. 3).
- " pour parvenir à la connaissance des choses dont mon esprit serait capable" (p. 17).
- " enseigne à suivre le vrai ordre, et à dénombrer exactement toutes les circonstances de ce
qu’on cherche". Pour Descartes, la philo est le lieu de la dispute, du doute, des doxa et non de
vérité; « il ne s’y trouve aucune chose dont on ne dispute, et par conséquent qui ne soit
douteuse » (p. 8).
Paradigme de cette méthode : les mathématiques : "je me plaisais dans les math à
cause de la certitude et de l’évidence de leurs raisons» (Règles IV // DM, p. 7, 19). Pour lui,
les math sont le lieu de la connaissance vraie, certaine et évidente car les démonstrations
mathématiques conduisent à "quelques raisons certaines et évidentes" (DM, p. 19). La
deuxième partie c'est l'exposé proprement dit de la méthode.
De la troisième à la sixième partie c'est l'application de la méthode, d'abord en morale
(3ème partie), ensuite en métaphysique (4ème partie) et enfin en sciences physiques (5ème
partie) et sciences de la nature (6ème partie).
Dans la 2ème partie du DM, Descartes énumère 4 préceptes ou règles qui, pour lui,
constituent l'essentiel de sa méthode. Il s'agit du précepte de l'évidence, de l'analyse, de
synthèse et du dénombrement. Mais, avant ces 4 préceptes, il y a le principe du doute ou
l'instance critique.
3. LE PRINCIPE DU DOUTE
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visionem". L'intuition (intueri = voir). L'intuition cartésienne est une vision, un in-sight,
legere in (intelligere). Lire Regula III, p; 86-87 et Regula IX, p. 123-126 dans les Oeuvres
Philosophiques de Descartes.
2. LE PRECEPTE D'ANALYSE // Règle XIII
Il requiert de "diviser chacune des difficultés que j'examinerais en autant de
parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre" (p. 18). Pour
Descartes, la raison ne connaît que deux opérations : l'intuition et la déduction.
Cette règle qui divise un élément complexe en élément simple est une règle
préparatoire à la deuxième opération de la raison ou de l'entendement et dont le résultat est la
synthèse. L'analyse vise à simplifier et à diviser les difficultés en parties aussi petites que
possibles (Voir Règle XIII).
3. LE PRECEPTE DE SYNTHESE // Règle VI
"Il recommande de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les
objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter, comme par degrés,
jusqu'à la connaissance des plus composés, et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne
se précèdent pas naturellement les autres" (p. 18-19). Distinctes dans le Discours, les deux
préceptes - l’analyse et la synthèse - sont donnés comme deux moments d'une seule et même
règle dans les Regulae (Voir Règle V).
4. LE PRECEPTE DU DENOMBREMENT // Règle VII
"C'est de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales
que je fusse assuré de ne rien omettre" (p. 19).
III. MORALE DE DESCARTES
Sources : 1637 : DM : "morale par provision", 1644 : PP : "morale imparfaite", « morale
parfaite ». 1645 : 6 Lettres à la princesse Elisabeth, 1649 : les Passions de l'âme : vita beata,
bonheur, félicité.
Morale provisoire = ad tempus, en attendant, qui ne peut être différée, suspendue,
qui ne peut souffrir de délai. "Une morale imparfaite, qu'on peut suivre par provision
pendant qu'on n'en sait point encore de meilleure" (Principes, Préface, p. 15).
Voici les 4 maximes du DM invoquées par Descartes pour "ne pas rester irrésolu en
mes actions pendant que la raison m'obligeait de l'être en mes jugements et que je ne laissasse
pas de vivre dès lors le plus heureusement que je le pourrais, je me formai une morale par
provision (DM, 3ème partie, p. 22).
Quelles sont les 4 maximes morales de Descartes?
1. "Obéir aux lois et coutumes de mon pays, retenant constamment la religion en
laquelle Dieu m'a fait la grâce d'être instruit dès mon enfance" (p. 22). C'est le conformisme
moral, social et religieux. C'est la soumission à l'autorité civile et religieuse.
2. "Etre le plus ferme et le plus résolu en mes actions" (p. 24). Plus de fermeté, de
résolution et de détermination dans les actions.
3. "Tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et changer mes désirs que
l'ordre du monde; et croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos
pensées" (p. 25). C'est l'indifférence à l'égard du monde et l'individualisme intellectuel
comme principes du bonheur.
4. "Faire une revue sur les diverses occupations qu'ont les hommes en cette vie, pour
tâcher à faire choix de la meilleure" (p. 27). C'est l'option pour la connaissance de la vérité
comme étant l'occupation la meilleure du point de vue moral.
Morale définitive? 6 lettres de 1645 et Passions de l’âme de 1649
1. Certains la justifient en recourant à 6 lettres que Descartes a adressé à la princesse
Elisabeth en 1645. D'autres recourent au livre Les passions de l'Ame de 1649 dont la question
principale est la suivante : comment l'âme n'étant que pensée, peut-elle agir sur le corps qui
n'est que matière; et réciproquement, le corps, comment agit-il sur l'âme?
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QUI SUIS-JE MOI QUI SUIS CERTAIN QUE JE PENSE DONC JE SUIS?
Dans le Discours de la Méthode de 1637, qui suis-je? = "une substance dont toute
l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui pour être, n'a besoin d'aucun lieu, ni ne
dépend d'aucune chose matérielle" (p.33). Pour Descartes, "il est impossible que nous
puissions jamais penser à aucune chose, que nous n'ayons en même temps l'idée de notre
âme, comme d'une chose capable de penser à tout ce que nous pensons" (Lettre à Mersenne,
juillet 1644, tome III, p. 394).
QUI SUIS-JE MOI QUI SUIS CERTAIN QUE JE SUIS , J'EXISTE?
La seconde méditation traite de l'indubitable cogito. Ego cogito, ego sum, "Je suis,
j'existe" (p. 415, 418) « est nécessairement certaine et évidente chaque fois que le prononce et
que le conçois en mon esprit » (415-416).
"Mais, moi, qui suis-je"? (p. 417). Je ne suis pas un animal raisonnable. Je ne suis pas
un corps = un cadavre. Je ne suis pas une présence corporelle (cadavre) douée d'une âme.
Je suis une chose vraie, vraiment existante" (p. 419). Mais quelle chose? "Une chose
qui pense" (p. 419) // DM. "Mais qu'est-ce qu'une chose qui pense? (une res cogitans) cad une
chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui s'imagine
aussi et qui sent" (p. 421). Res Cogitans = res dubitans, intelligens, affirmans, negans,
volens, nolens, imaginans et sentiens. Quid penser? Penser = cogiter, douter, imaginer,
concevoir, affirmer, nier, sentir. Verbes transitifs qui manquent le complément d’objet direct.
Il y a, chez Descartes, un primat du "cogito" sur le "sum" : de la pensée à l'être, du
concept ("cogito") à l'être ("sum"). Je suis une res cogitans cad je suis une chose, une
substance, une existence dont l'essence, la quiddité, l'activité première, fondamentale,
principielle, essentielle est de penser, de cogitare. "Je suis une substance dont l'essence ou la
nature n'est que de penser".
Conclusion : "je connais évidemment qu'il n'y a rien qui me soit plus facile à
connaître que mon esprit" (p. 429).
"Cogito ergo sum" (Descartes in DM). "Ego cogito ergo sum, sive existo" (Descartes
in Méditations). "Ego sum, ego existo" (Descartes in Méditations). "Sum ergo cogito"
(Husserl, Merleau Ponty). "Ego cogito cogitata" (Husserl). editationes de prima philosophia
de 1641 comprend 6 parties: Ière Méditation : Du doute
II Méditation : De la nature de l'esprit humain qu'il est aisé à connaître : l'indubitable
Cogito. III Méditation : De Dieu : qu'il existe. IV Méditation : Du vrai et du faux. V
Méditation : Du monde sensible et de la preuve ontologique de Dieu. VI Méditation : De
distinction entre l'âme et le corps
THEODICEE : EXISTENCE DE DIEU
1. Dans Discours de la Méthode (1637), p. 33-36, 40
Existence de Dieu à partir de l'idée du parfait. "Mon être n'étant tout parfait ...
chercher d'où j'avais appris à penser à quelque chose de plus parfait que je n'étais, je connus
évidemment que ce devait être de quelque nature que ce devait être qui fut de plus parfaite"
(p. 33-34).
"L'idée d'un être plus parfait que le mien, la tenir du néant (ex nihilo), c'était chose
manifestement impossible ... elle a été mise en moi par une nature (innéisme) qui est
véritablement plus parfaite que je n'étais ... Dieu" (p. 32). "Puisque je connais des perfections
que je n'avais point, qu'il fallait de toute nécessité, qu'il ait quelque autre plus parfait, duquel
je dépendisse et duquel j'eusse acquis tout ce que je suis" (p. 32).
Preuve ontologique :De l’idée de Dieu à l’existence de Dieu. "Examiner l'idée que
j'avais d'un être parfait, je trouvais que l'existence y était comprise. Dieu, qui est cet être
parfait, est ou existe, qu'aucune démonstration de géométrie ne saurait être" (p. 36).
Dieu comme fondement. Le fait que "les choses s que nous concevons très
clairement et très distinctement sont vraies n'est assuré qu'à cause de Dieu qui est ou existe, et
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qu'il est un être parfait, et que tout ce qui est en nous vient de lui" (p. 38). "Les ides doivent
avoir quelque fondement de vérité" (p. 40). Dieu comme fondement des idées claires, de la
vérité" (p. 40).
2. Dans les Meditationes de prima philosophia (1641)
De Dieu, qu'il existe : la troisième méditation. "Je suis certain que je suis une chose
qui pense, mais je ne sais pas ce qui est requis pour me rendre certain de quelque chose" (p.
431). Preuve ontologique : "Il ne reste plus que la seule idée de Dieu, dans laquelle il faut
considérer s'il y quelque chose qui n'ait pu venir de moi-même. Il faut nécessairement
conclure que Dieu existe" (p. 445). "Il faut nécessairement conclure que j'existe et que l'idée
d'un être souverainement parfait (cad Dieu) est en moi, l'existence de Dieu est très
évidemment démontrée" (p. 452-453). L'idée de Dieu est innée; l'idée du moi, elle est née et
produite avec moi dès lors que j'ai été créé" (p. 453). "Il ne serait pas possible que ma nature
fût telle qu'elle est cad que j'eusse en moi l'idée d'un Dieu, si Dieu n'existait pas
véritablement" (p. 454).
RENE DESCARTES et ZERA YACOB (28.8.1599-1692)
En 1626, le roi Susenyos se convertit au christianisme et Zera, philosophe éthiopien, est
obligé de s'enfuir. Il va s'installer dans la vallée de Takkaze, où il vivra dans une cave pendant
2 ans. Dans sa solitude, il réfléchit et écrit son Treatise qui sera publié en 1667. De Takkaze, il
ira à Enfraz où il sera prof de philo pendant 25 ans; de là, il ira à Askun. Zera Yacob est
révolutionnaire dans sa philo en ce qui concerne la philo traditionnelle éthiopienne, la
révélation, la vie monastique et le jeûne. Pour lui, la lumière de la raison est le critère pour
distinguer ce qui relève de Dieu et de qui relève de l'humain. Il insiste sur "the goodness of
the created nature". "Yacob's treatise is "a real contribution to the history of human
thought" (Enno Litmann, "Geschischte des athiopischen Literatur", 1909, p. 202; 219). "Zera
Yacob rose above the ups and downs of his throne by his hatata (inquiry), by his power to
investigate, to criticise, to discriminate and to evaluate" (Claude Summer in "The Significance
of Zera Yacob's Philosophy".
3. "Penser que la philosophie moderne commence avec Descartes est une vue simpliste,
voire fausse ... Descartes a révélé la pensée à elle-même" (R. Verneaux).
"Descartes ne va au fond du problème : son "cogito" ne lui livre encore qu'un "Moi-
Objet", une Res cogitans, sans que s'en dégage le "Moi transcendantal" qui est le vrai
"Sujet" que la critique moderne va considérer" (J. Maréchal).
"Ce serait un puissant briseur de mythe, l'auteur qui parviendrait à défaire le lien établi
entre l'adjectif "cartésien" et la notion de rationalité, qui nous délivrerait de l'usage
habituel de "cartésien comme synonyme de "méthodique" et de "logiquement
cohérent". Une grave erreur historique serait ainsi effacée, et d'autre part, on verrait
disparaître un tic de langage bien superflu : l'invocation du patronage cartésien à propos
de toute démarche impliquant âprement quelque suite dans les idées ... "Descartes est
parti en guerre contre "l'Ecole", ce qui n'a rien de bien neuf puisqu'il y avait deux
siècles que cette guerre avait commencée, mais contrairement à Montaigne et à Galilée,
il part en guerre contre elle, non pas pour substituer un nouveau type de pensée à
l'ancien, mais pour substituer de nouvelles thèses aux anciennes à l'intérieur du même
type de pensée" ((J-F. Revel, Histoire de la philo occidentale, la philo classique, pp.
193-202).
VALIDITE
1. Philosopher = bien conduire sa raison selon les regulas certas et faciles et chercher
la vérité dans les sciences.
2. Importance et efficacité des idées, de la pensée, de la raison, des « enjeux de la
rationalité » (Jean Ladrière).
3. Elaboration de la méthode cartésienne en 4 préceptes, à savoir, l'évidence, l'analyse,
la synthèse et le dénombrement.
4. Radicalisation de l'instance critique, du doute cartésien en épistémologie (IIème
partie du DM et Première Méditation) et en métaphysique (IIIème et Vème
Méditation).
5. Le rôle principiel et fondamental, du sujet, du "cogito", du "je", du « je pense »
dans l'acte philosophique (IIème partie du DM et IIème Méditation).
6. L'intuition cartésienne : le cogito ergo sum est le premier connu, "le premier
principe de la philosophie", "un commencement absolu de la philosophie" (J.
Maréchal).
7. En morale, les 4 règles de la morale provisoire « pour ne pas rester irrésolu dans les
actions ».
8. Véritable génie en math, créateur de la géométrie analytique qui permet de résoudre
par l'algèbre des problèmes de géométrie.
LIMITES
1. Le caractère hyperbolique du doute cartésien marque un échec partiel du
radicalisme critique de Descartes en morale et théodicée.
2. Dualisme entre le cogito et le sum (existo), l’âme et le corps, la res cogitans et la
res extensa, entre la pensée et l’être, conduit au fameux problème du pont. Sur le plan
épistémologique, comment la pensée, les idées, le cogito, le sujet rejoint-il l’être, la
réalité, les choses, l'objet?
3. Conformisme moral, social et religieux car le doute n’est pas si radical en morale et
en théodicée.
4. « Bien juger pour bien faire», bien agir. "Bien juger" ne conduit pas nécessairement
au "bien faire". Il faut en plus d’un bon jugement, des motivations, de la volonté pour
bien agir // l’intellectualisme de Socrate pour qui connaître le bien c’est le faire.
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