Vous êtes sur la page 1sur 15

Ministère de l’Enseignement Supérieur

Université de Monastir
Faculté de médecine dentaire Monastir

Faculté de médecine dentaire Monastir

Introduction à la
Pharmacologie
générale
Cours de Pharmacologie 3ème année Médecine dentaire

Pr.Ag. Mohamed Amine El Kaibi


Janvier 2023
Sommaire
1.La pharmacologie ou science du médicament ……………………..…………...…2
1.1. Définition de la pharmacologie……………..…………...........………………..2
1.2. Branches de la pharmacologie…………………………………..……………...2
2. Le médicament……………………………………………..………….………….3
2.1. Définition légale du médicament…………………………..……………….…..3
2.2. Classification des médicaments……………………………..…………….……3
2.3. Dénominations des médicaments…………………………...…………………..4
2.4. Origine des médicaments………………….………………..…………………..4
2.5. Effet du médicament……………………………………...…………………….4
2.6. Limites du dogme de liaison du médicament à sa cible……………………..…6
3. Généralités sur les cibles des médicaments………………………………..….….6
3.1. Combien de cibles moléculaires?.........................…………………....................6
3.2. Les grandes familles de cibles…………………………………………..……...7
4. Généralités sur la pharmacodynamie ………………………………….…………8
5. Généralités sur la pharmacocinétique…………………………….…………….10
5.1. Voies d’administration des médicaments…………………………..…………10
5.2. Biodisponibilité………………………………………….……………………12
5.3. Distribution des médicaments dans l’organisme………………………..…….13
Liste des figures
Figure 1 : les branches de la pharmacologie………………………………….…..3
Figure 2 : Les grandes étapes du mécanisme d’action des médicaments…….…..5
Figure 3 : Répartition des molécules utilisées actuellement comme médicament en
fonction de la nature de leurs cibles………………………………………..……..7
Figure 4 : Les grandes familles de récepteurs des médiateurs, cibles de
médicaments………………………………………………………………..……..8
Figure 5 : Les différentes étapes entre l’administration et l’effet d’un
médicament………………………………………………………………….……9
Figure 6 : Mécanismes responsables du mode d’action d’un médicament….……9
Figure 7 : Représentation schématique des interactions entre l’absorption, la
distribution, la biotransformation et l’excrétion d’un médicament dans
l’organisme…………………………………….…………………………………11
Figure 8 : Différentes voies d’administration des médicaments…………………11
Figure 9 : (1.) Concept de biodisponibilité : concentration plasmatique en fonction
du temps/(2.) Graphique de la cinétique plasmatique en fonction de la voie
d’administration……………………………………………….………………….13

P a g e 1 | 14
Introduction à la Pharmacologie générale

1.La pharmacologie ou science du médicament


1.1. Définition de la pharmacologie
La pharmacologie est la « science des médicaments ». Elle étudie les mécanismes
d’interactions entre une substance active et l’organisme dans lequel elle évolue, dans
le but d’utiliser les résultats à des fins thérapeutiques. La pharmacologie étudie les
effets bénéfiques et recherchés (effets thérapeutiques) des médicaments ainsi que
leurs effets secondaires et indésirables. Le champ d’expertise de la pharmacologie
est très large, puisqu’elle évalue entre autres aspects les voies d’administration des
médicaments, les interactions médicamenteuses ainsi que les facteurs
physiologiques, pathologiques et environnementaux pouvant modifier l’action des
médicaments. Pour ce faire, la pharmacologie intègre des concepts et des données
issus entre autres champs de la physiologie, la pathologie, la biochimie, la génétique
et la biologie moléculaire.

1.2. Branches de la pharmacologie


La pharmacologie actuelle se divise en plusieurs branches telles que :
- la pharmacocinétique, qui étudie le devenir d’une molécule bioactive dans
l’organisme, de son absorption à son excrétion, en passant par sa
biotransformation ;
- la pharmacodynamie, qui étudie les mécanismes par lesquels une molécule
produit un effet sur un organisme ;
- la pharmacogénétique, qui étudie l’influence des gènes sur l’activité des
médicaments dans l’organisme ;
- la pharmaco génomique, qui étudie l’interaction entre l’ensemble des gènes et
un médicament après son administration ;
- la pharmacoépidémiologie et la pharmacovigilance qui ont pour but la
surveillance du risque des effets indésirables résultant de l’utilisation des
médicaments et des produits pour un usage chez l’humain ; et enfin la
toxicologie qui s’intéresse aux effets toxiques des médicaments.

P a g e 2 | 14
Figure 1 : les branches de la pharmacologie

2.Le médicament
2.1. Définition légale du médicament
« On entend par médicament, toute substance ou composition présentée comme
possédant des propriétés curatives ou préventives à l'égard des maladies humaines
ou animales, ainsi que tout produit pouvant être administré à l'homme ou à l'animal
en vue d'établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs
fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique
ou métabolique». Article L 5111. I du Code de la Santé Publique (France.
2.2. Classification des médicaments
Les médicaments peuvent être classés en produits officinaux (détenus par les
pharmaciens et dont les caractéristiques sont inscrites dans un recueil), préparations
magistrales (préparées pour un patient par le pharmacien sur ordonnance du
médecin qui en indique la composition), spécialités pharmaceutiques
(médicaments autorisés par chaque pays et qui ont reçu une autorisation de mise sur
le marché), médicaments essentiels (liste de l’Organisation mondiale de la santé,
OMS) et médicaments dits orphelins (médicaments destinés à combattre une
maladie rare.
P a g e 3 | 14
2.3. Dénominations des médicaments
Tous les médicaments possèdent dans les faits trois dénominations différentes.
La première est la dénomination scientifique (formule chimique) qui doit suivre les
règles fixées par l’Union internationale de chimie pure et appliquée. Cette
dénomination est généralement d’un usage trop complexe et trop laborieux pour être
utilisée tous les jours par les professionnels de la santé.
La deuxième est la dénomination commune internationale (DCI) ou nom générique
qui est proposée par l’OMS. Cette dénomination, qui n’appartient à personne, permet
l’attribution à chaque principe actif d’un nom simple et utilisable dans tous les pays.
Cette dénomination universelle s’écrit avec une lettre minuscule.
Finalement, la troisième est la dénomination commerciale qui consiste en une
marque déposée par un laboratoire pharmaceutique pour un principe actif unique ou
pour une combinaison de principes actifs plus ou moins complexe. Cette dernière
dénomination appartient au laboratoire qui commercialise le principe actif concerné,
elle est souvent différente d’un pays à l’autre et elle s’écrit avec une lettre majuscule
marquant ainsi le droit de propriété. Les professionnels de la santé utilisent
indifféremment dans leurs discussions, et plus particulièrement pour la prescription,
le nom générique ou le nom commercial en usage dans leur pays.
Par exemple, le chlorhydrate de 2-(2,6-dichlorophénylamino)-2-imidazoline, un
agent antihypertenseur, peut être désigné sous son nom générique reconnu
universellement « clonidine », ou sous un de ses nombreux noms commerciaux, soit
« Catapressan® », où ® indique un nom enregistré (registered).

2.4. Origine des médicaments


Les médicaments peuvent être d’origine naturelle et sont alors désignés par le terme
drogues. Ce sont des produits qui sont utilisés tels qu’ils existent à l’état naturel (du
règne minéral, animal ou végétal) ou à partir desquels il est possible d’extraire des
médicaments. Aujourd’hui, la grande majorité des médicaments est obtenue par
synthèse, par réplique de substances naturelles ainsi que par préparation de molécules
de structure apparentée ou totalement différente des substances naturelles. Une
substance naturelle inactive peut de plus être modifiée et transformée en laboratoire
afin de devenir un médicament tel que certains dérivés opioïdes qui sont d’origine
semi-synthétique.

2.5. Effet du médicament


L'effet du médicament est initié par sa liaison à une macromolécule de l'organisme,
ou cible moléculaire, très généralement une protéine cellulaire, voire extracellulaire.

P a g e 4 | 14
Cette liaison, ou interaction entre le médicament et sa cible, implique une
reconnaissance mutuelle des deux partenaires, une affinité réciproque.
La liaison du médicament modifie les propriétés de la cible moléculaire. Il en résulte
une réaction, ou réponse, de la cellule. Cette réponse peut être plus particulièrement
contractile (muscles squelettiques, muscle cardiaque, muscles lisses), sécrétoire
(cellules sécrétrices exocrines et endocrines, neurones, cellules immunitaires), ou
métabolique (modification des réserves de lipides ou de glucides ...).
Le médicament modifie ainsi le fonctionnement d'un ensemble de cellules et la
réponse intime de chacune est traduite par la réaction globale d'un organe avec
modification d'une fonction de l'organisme idéalement perturbée dans la pathologie
en cause.
Exemple : certains diabètes sont dus à une sécrétion insuffisante d'insuline par les
cellules β des îlots de Langerhans du pancréas. Les antidiabétiques utilisés dans ce
cas se lient à une protéine à la surface de ces cellules. La réponse de la cellule est une
sécrétion d'insuline qui va favoriser l'entrée de glucose dans tous les organes, avec
pour conséquence globale une diminution du glucose dans le sang.
Ainsi, pour comprendre l'effet thérapeutique d'un médicament, il est nécessaire de
connaître sa cible moléculaire, le fonctionnement intime de cette cible et les
mécanismes biochimiques qui engendrent la réponse de la cellule. Ces mécanismes
sont appelés voies de signalisation, considérant la liaison du médicament à sa cible
comme un signal (figure 2.).

Figure 2 : Les grandes étapes du mécanisme d’action des médicaments

P a g e 5 | 14
2.6. Limites du dogme de liaison du médicament à sa cible
Quelques médicaments n'interagissent pas strictement avec une cible moléculaire ou
macromolécules des cellules de l'organisme auquel ils sont administrés.
Quelques exemples :
• les médicaments destinés à détruire les organismes pathogènes se lient pour la
plupart à une cible de ces organismes;
• les agents de modification du pH sanguin ou du pH de l'estomac comme le
bicarbonate de soude ;
• le surfactant pulmonaire administré pour corn penser l'immaturité pulmonaire chez
le nouveau-né ;
• les laxatifs osmotiques et les laxatifs de lest qui entraînent une hydratation du bol
fécal et facilitent ainsi son évacuation ;
• la cholestyramine, résine chélatrice des sels biliaires, à effet hypolipémiant;
• les agents de chélation des ions di- et trivalents comme l'EDTA utilisé dans les
intoxications par le plomb, ou la pénicillamine utilisée pour ces intoxications et dans
la maladie de Wilson due à un excès de cuivre dans l'organisme; les ions ne sont pas
des macromolécules mais on retrouve cependant un principe de reconnaissance et
d'interaction sélective entre le médicament administré et un composant de
l'organisme.
3. Généralités sur les cibles des médicaments
3.1. Combien de cibles moléculaires?
Les quelque 1200 molécules actives utilisées actuellement se partagent environ 330
cibles, 270 codées par le génome humain et 60 appartenant aux organismes
pathogènes, virus, bactéries et parasites.
Ces 330 cibles actuelles ne représentent qu'un très faible pourcentage des cibles
potentielles comprenant les milliers de protéines codées par le génome de l'homme
et des organismes pathogènes. Une très grande réserve de cibles est donc disponible
pour de nouveaux médicaments.
• Une même cible peut être visée par plusieurs médicaments. Il peut s'agir de
molécules ayant des effets identiques (ensemble d'agonistes d'un même récepteur ou

P a g e 6 | 14
d'inhibiteurs d'un même enzyme) ou de molécules à effets opposés (agonistes et
antagonistes d'un même récepteur).

Figure 3 : Répartition des molécules utilisées actuellement comme médicament en fonction de la


nature de leurs cibles.

3.2. Les grandes familles de cibles


La répartition des molécules utilisée actuellement est schématisée sur la figure 3. en
fonction de la nature fonctionnelle des cibles.
Les grandes familles de cibles sont :
• Les enzymes visées par environ 25% des molécules actives actuelles. Ces
molécules sont essentiellement des inhibiteurs de l'activité enzymatiques.
• Les pompes, transporteurs et canaux ioniques, protéines membranaires qui
régissent les équilibres transmembranaires des principaux ions, visés par environ
15% des molécules actives, des inhibiteurs des mouvements ioniques.
• Les récepteurs membranaires visés par environ 40% des molécules
médicamenteuses, agonistes ou antagonistes. Leur diversité est illustrée sur la figure
4.
• Les récepteurs nucléaires visés par environ 10% des molécules actives, agonistes
ou antagonistes.
Ces quatre familles de cibles correspondent à près de 90% des médicaments. Il faut
y ajouter 5% des molécules se liant à des cibles diverses, par exemple les protéines
P a g e 7 | 14
des microtubules qui lient la colchicine, et les alcaloïdes de la pervenche. Enfin, les
cibles d'environ 5 % des molécules actives reconnues ne sont pas déterminées, par
exemple la cible du paracétamol.

Figure 4 : Les grandes familles de récepteurs membranaires.

4. Généralités sur la pharmacodynamie


Entre le moment où un médicament est administré et celui où son effet thérapeutique
est observé, il existe toute une série d’événements qui peuvent tous être modulés par
différents facteurs (figure 4). Comme mentionné, la pharmacodynamie est l’étude
des effets biologiques ou physiologiques d’un médicament ou d’une substance
chimique dans l’organisme et des mécanismes moléculaires par lesquels ces effets
sont produits. Ainsi, un médicament peut modifier une fonction cellulaire ou la
vitesse de cette fonction, mais il ne peut en aucun cas transmettre une nouvelle
fonction à une cellule ou à un tissu cible. Il peut altérer la fonction cellulaire cible en
modifiant l’environnement de la cellule ou en modifiant sa fonction. Des
changements non spécifiques de l’environnement de la cellule se font par des
substances qui ont des structures non spécifiques et qui ne s’attachent pas à la cellule.
Le mécanisme d’action se produit alors par un changement physique (lotion solaire
protégeant des rayons ultraviolets ou lubrifiant agissant dans le cas de constipation
légère) ou chimique (diurétique osmotique agissant par appel d’eau ou antiacide
P a g e 8 | 14
neutralisant le pH gastrique) à l’extérieur ou à l’intérieur de la cellule. Par ailleurs,
des changements spécifiques de la fonction cellulaire nécessitent une interaction de
la substance chimique avec des macromolécules (protéines ou enzymes) du tissu
cible. Ces macromolécules se comportent alors comme un récepteur. Ce processus,
appelé « interaction médicament-récepteur », se traduit par une augmentation ou une
diminution d’un phénomène physiologique dépendamment du type et de la fonction
du récepteur impliqué (figure 6).

Figure 5 : Les différentes étapes entre l’administration et l’effet d’un médicament

Figure 6 : Mécanismes responsables du mode d’action d’un médicament


P a g e 9 | 14
5. Généralités sur la pharmacocinétique
5.1. Voies d’administration des médicaments
Les médicaments atteignent généralement leur cible par l’intermédiaire de la
circulation sanguine. Cela signifie que les molécules doivent d’abord parvenir
jusqu’au sang. Ce processus se produit au niveau de la circulation veineuse pour
laquelle il existe différents sites d’entrée. Le médicament peut être administré
directement dans la circulation veineuse (voie intraveineuse ; I.V.) ou, encore, il peut
entre autres être injecté par voie sous-cutanée (S.C.) ou intramusculaire (I.M.). Ces
modes d’administration sont invasifs puisqu’ils impliquent une lésion de la peau et
ils nécessitent des précautions particulières (figure 7).
L’administration par la bouche (orale ou per os) est pour sa part beaucoup plus
simple et moins invasive et elle est donc plus fréquemment employée. Dans ce cas,
le passage de la substance active vers le sang s’effectue au niveau de la muqueuse
stomacale et principalement de la muqueuse intestinale. Le passage des médicaments
à travers la membrane des muqueuses intestinales peut se faire par diffusion passive
si le médicament est liposoluble ou par le biais de transporteurs membranaires. Cette
voie d’administration présente cependant l’inconvénient physiologique
anatomiquement incontournable de faire en sorte que la substance ingérée doive
traverser le foie via le système porte avant de rejoindre la circulation générale. Ce
phénomène est appelé « effet de premier passage ».
Tous les médicaments administrés par voie orale passent d’abord par le foie, mais ce
phénomène est très important pour les agents pharmacologiques qui sont fortement
biotransformés au niveau hépatique et dont les métabolites sont peu ou pas actifs. Il
s’agit alors d’une élimination présystémique du médicament.
L’effet de premier passage peut être par contre court-circuité par une administration
buccale ou sublinguale puisque le système veineux drainant la muqueuse buccale
rejoint directement la veine cave supérieure. De même, lors de l’administration d’un
médicament par voie rectale (suppositoire), l’effet de premier passage est
majoritairement évité puisque les veines de l’extrémité distale du rectum
communiquent directement avec la veine cave inférieure (Figure 8). L’absorption
rectale est par ailleurs souvent irrégulière et incomplète et de nombreux médicaments
peuvent entraîner une irritation de la muqueuse rectale.
Un effet de premier passage est également décrit aux niveaux intestinal et
pulmonaire, bien qu’il soit moins important qu’au niveau hépatique. En effet,
certaines enzymes présentes au niveau intestinal (disaccharidases, dipeptidases,
entérokinases, cytochromes), mais dont l’activité est plus faible qu’au niveau
hépatique, expliquent cet effet de premier passage intestinal qui concerne des
médicaments tels que la morphine, la pénicilline et l’aspirine. De plus, l’effet de
premier passage pulmonaire quant à lui concerne des réactions d’oxydation, de
réduction, de désalkylation, d’hydrolyse ou de sulfoconjugaison, impliquant des
P a g e 10 | 14
substances physiologiques (prostaglandines) et certains médicaments (lidocaïne,
propranolol et nortriptyline par exemple). L’administration par inhalation des
médicaments est par ailleurs possible sous différentes formes : gazeuse, volatile ou
aérosol.

Figure 7 : Représentation schématique des interactions entre l’absorption, la distribution, la


biotransformation et l’excrétion d’un médicament dans l’organisme.

Figure 8 : Différentes voies d’administration des médicaments (Modifiée d’après un schéma tiré
d’un cours de Pr.Germain Bessard, faculté de médecine Grenoble)

L’inhalation permet une action locale (bronchodilatateurs et corticoïdes pour le


traitement de maladies (anesthésiques gazeux ou volatils) des médicaments. Dans ce
P a g e 11 | 14
dernier cas, il y a absorption des substances par l’intermédiaire de l’épithélium
pulmonaire et des muqueuses du tractus respiratoire. L’accès à la circulation
systémique est rapide en raison de la grande surface d’échanges des poumons et il y
a aussi absence de premier passage hépatique.
L’administration de médicaments peut également s’effectuer par voie locale ou
topique. Ainsi, des substances appliquées sur les muqueuses conjonctivales,
nasopharyngées, oropharyngées, vaginales, coliques ou urétrales auront un effet
local. La recherche d’un effet local peut aussi concerner la peau : traitements
dermatologiques, anesthésie locale, traitement anti-infectieux ou antiinflammatoire.
La voie transdermique quant à elle constitue une voie d’administration (à travers la
peau) de médicaments qui rejoignent la circulation systémique. Cela nécessite le plus
souvent l’application cutanée d’un dispositif thérapeutique (timbre ou « patch »)
constitué d’un réservoir contenant la substance active (liposoluble) et d’un système
de fixation à la peau. La substance diffuse progressivement à travers l’épiderme et
elle est absorbée par des capillaires au niveau du derme avant de rejoindre la
circulation sanguine.
L’absorption à travers la peau peut être favorisée en solubilisant le médicament dans
une suspension huileuse, en utilisant un pansement occlusif ou par l’utilisation d’un
dispositif couplé à une iontophorèse (utilisation d’un faible courant électrique afin
de favoriser le passage des substances à travers la peau). Seulement un petit nombre
de molécules peuvent être délivrées par voie transdermique en raison des propriétés
physicochimiques qui sont requises pour cette administration. Par exemple,
mentionnons les dérivés nitrés, le dimenhydrinate, le fentanyl, la buprénorphine, la
nicotine, la scopolamine (hyoscine), la testostérone et les estrogènes.

5.2. Biodisponibilité
La biodisponibilité correspond à la fraction ou au pourcentage de la dose d’un
médicament sous forme inchangée qui rejoint la circulation systémique à la suite de
son administration. C’est en fait la « dose efficace » puisque c’est cette quantité de
médicament qui est disponible pour rejoindre le site d’action. Par définition, la
biodisponibilité après une administration par injection intraveineuse est maximale
(biodisponibilité de 100 % ou absolue) (figure 9.1.).

P a g e 12 | 14
(1.) (2.)

Figure 9 : (1.) Concept de biodisponibilité : concentration plasmatique en fonction du temps /


(2.) Graphique de la cinétique plasmatique en fonction de la voie d’administration

5.3. Distribution des médicaments dans l’organisme


Après son absorption, un médicament rejoint le sang. Il est ensuite distribué dans
tout l’organisme en fonction de ses caractéristiques physicochimiques et/ou de la
présence de transporteurs membranaires. La distribution d’un médicament est
représentée par la notion du volume apparent de distribution qui est un volume
virtuel n’ayant pas de bases physiologiques ou physiques réelles. Le volume apparent
de distribution est en fait un artéfact mathématique qui met en relation une dose
administrée d’un médicament et les concentrations sanguines retrouvées. C’est le
volume d’eau dans lequel le médicament se dissout et le volume de tissus auquel il
se fixe. Il peut être utile de mettre en parallèle le volume apparent de distribution et
les volumes des compartiments composant le liquide corporel total.
Par exemple, chez un adulte, l’eau représente environ 60% du poids corporel, soit
environ 42 L pour un homme de 70 kg.
Ce volume total est divisé principalement en deux compartiments : le liquide
intracellulaire (2/3) et le liquide extracellulaire (1/3), ce dernier étant subdivisé en
liquide interstitiel et en plasma. Pour sa part, le volume apparent de distribution qui
est rapporté dans la documentation scientifique pour les différents médicaments varie
de 0,06 L/kg à 20 L/kg de poids corporel, marquant ainsi la non-correspondance avec
une réalité physiologique.
L’arrivée du pic des concentrations sanguines d’un médicament varie en fonction de
nombreux facteurs, mais tout particulièrement en fonction du site d’administration
(figure 9.2.). Ainsi, la concentration sanguine d’une substance administrée par voie
P a g e 13 | 14
intraveineuse est d’emblée maximale et l’effet recherché est donc plus rapide
qu’après une injection intramusculaire, l’effet de cette dernière étant à son tour plus
rapide que celui d’une administration par voie sous-cutanée. De même, après une
administration au niveau de la muqueuse buccale ou par voie sublinguale, le passage
dans le sang est plus rapide que lors d’une administration classique sous forme de
comprimé per os. En effet, l’administration buccale ou sublinguale fait en sorte
qu’après la dissolution dans la salive, des concentrations locales très élevées sont
obtenues. Ces dernières étant en contact presque direct avec le réseau veineux, cela
favorise une absorption au niveau de l’épithélium de la cavité buccale presque
immédiate. Ce mode d’administration ne convient cependant pas pour les substances
peu solubles dans l’eau dont l’absorption est plus difficile.

P a g e 14 | 14

Vous aimerez peut-être aussi