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A.

CHIBAH Pathologies liées au métabolisme des glucides

Pathologies liées au métabolisme Glucidique


I. LES HYPERGLYCEMIES
I.1. le diabète sucré
Le diabète sucré est une affection métabolique d'étiologie multiple, caractérisée par
une hyperglycémie chronique avec perturbation du métabolisme des hydrates de carbone,
des lipides et des protéines, et résultant des défauts de la sécrétion d'insuline, de l'action
de l'insuline, ou de leur association... (OMS 1998).

Les critères du diagnostic sont une concentration en glucose dans le plasma à jeun (FPG) ≥
7,0 mmol/l (1,26 g/l) ou une glycémie 2 heures après charge en glucose supérieure à 11,1
mmol/l (2 g/l).
• Glycémie à jeun ≥ 1,26 g/l à 2 reprises,
• Ou 2 h après HGPO ou un repas, glycémie ≥ 2 g/l quel que soit le type de diabète et
hyperglycémie modérée à jeun, si glycémie ≥ 1,10 g/l.
Le diabète sucré se définit comme un état d`hyperglycémie chronique qui englobe 2 grands
types. On distingue :

I.1.1. Le Diabète type I

On le retrouve en général chez l`adulte jeune de moins de 40 ans.


Il est caractérisé par une destruction plus ou moins complète des cellules β des ilots de
LANGERHANS pancréatiques qui sont le siège d`un processus auto-immun. Il s`en suit une
absence de sécrétion d`insuline et une tendance à l`acidocétose.

I.1.2. Le Diabète type II


Il associe à la fois une diminution de l`insulino-sécrétion et une diminution de la
sensibilité périphérique à l`action de l`insuline. Il est aussi appelé diabète de la maturité et
survient en général au-delà de 40 ans. Le diabète de type 2 est la résultante d’une

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insulinorésistance, touchant à la fois les tissus périphérique (principalement muscle et tissu


adipeux) et le foie associé à une insulinopénie.
On a longtemps pensé que l’insulinorésistance était l’élément essentiel mais on sait
maintenant que tant qu’un patient est capable d’augmenter son insulinosécrétion pour
compenser l’insulinorésistance, il ne devient pas diabétique.

QU’EST-CE QUE LE DIABETE?


• C’est un défaut dans l’utilisation et la régulation de l’énergie du corps, du à une
déficience ou à une résistance à l’insuline. Ce qui entraîne une élévation du taux de
sucre sanguin.
• Conduit à des complications multiples et à une mortalité précoce.

✓ Critères diagnostiques
• Symptômes de diabète : polyurie, polydipsie, amaigrissement inexpliqué, somnolence
voire coma et glycémie casuelle (quelque soit l’heure) ≥ 2g/l.
• Glycémie à jeun (8 heures ou + de jeûne) ≥ 1,26 g/l à recontrôler une 2eme fois.
• HGPO 75g, glycémie à 2 heures ≥ 2 g/l.

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Glycémie HGPO

DIABETE ≥ 1,26 g/l ≥ 2 g/l

I.T.G (impaired glucose tolerance) < 1,26 g/l Entre 1,40 - 2 g/l

HGMJ Entre 1,10 g/l - 1,26 g/l < 1,40 g/l


Hyperglycémie modérée à jeun

HGPO: hyperglycémie provoquée par voie orale


conditions:
• Charge = 75g de glucose dissous dans 100ml d’eau.
• prélèvements effectués en 2 temps :
- à jeun (T 0)
- 2h après la charge (T1)

valeurs Normales Intolérance au glucose Diabète sucre


T0 ≤ 1,10 g/l 1,10 - 1,26 g/l ≥ 1,26 g/l
≤ 6,10 mmol/l 6,1 - 7 mmol/l ≥ 7 mmol/l

T1 ≤ 1,40 g/l 1,40 - 2,00 g/l ≥ 2 g/l


≤ 7,80 mmol/l 7,8 - 11,1 mmol/l ≥ 11,1 mmol/l

Classifications des Diabètes :


- Diabète de type 1,
- Diabète de type 2,
- Autres types spécifiques de diabètes (défauts génétiques, pancréatiques,
endocrinopathies, médicamenteux/toxiques, autres),
- Diabète gestationnel

Diabète de type 1
Clinique
• Patient jeune (80 % < 40 ans), maigre,
• Syndrome cardinal,
• Association possibles avec autres maladies auto-immunes (PEAI 2) : Maladie
d’Addison, dysthyroïdies, Biermer, Vitiligo, Connectivites…,
• Risque de décompensation acidocétosique,
• Traitement par insulinothérapie.

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Facteurs de risques
- Facteurs génétiques
- Facteurs environnementaux
- Auto-immunité : Destruction des cellules β de Langherans conduisant à une carence
complète en insuline (Ac anti-cellules d’îlots (ICA), Ac anti-protéine tyrosine
phosphatase IA-2, Ac anti-glutamate décarboxylase (GAD)).

Diabète de type 2 :
- Pathologie hétérogène, non auto-immune,
- Forme la plus fréquente = + 80 % de l’ensemble des diabètes,
- Prévalence croissante : Dans le monde : 30 millions (1985), 157 millions (2000),
- Fréquence des formes asymptomatiques imposant des prélèvements sanguins
systématiques pour mesurer la glycémie.

Facteurs de survenue du diabète de type 2


- Surpoids androïde avec IMC > 25, diabète familial sédentarité, pour les femmes, enfant
de PN > 4Kg, HTA, hypertriglycéridémie, athérosclérose, syndrome métabolique.
- Facteurs génétiques : Forte influence génétique : antécédent de D2 dans la famille chez
> 50 % des patients.
- Facteurs environnementaux : déséquilibre nutritionnel, activité physique insuffisante
obésité surtout androïde.
- Facteurs métaboliques :
Insulinodéficience : Réduction de la masse des cellules β, disparition du précoce
d’insulinosécrétion, diminution de l’insulinémie à jeûn lorsqu’elle est rapportée à la
glycémie.
Insulinoresistance : Baisse d’efficacité de l’insuline comme facteur d’utilisation du
glucose avec hyperinsulinisme compensatoire.
Malgré une sécrétion résiduelle, l’insuline ne peut agir donc :
• Dans le foie :  captation du glucose et  néoglucogenèse,
• Dans le tissu adipeux :  captation du glucose et  lipolyse,
• Dans le muscle strié :  captation du glucose et de la glycogénèse.

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Diabète Type 1 Type 2

Fréquence relative 10% 85%

Sexe ratio 1 1

Mécanisme essentiel insulinopénie insulinoresistance

Age < 35 ans > 40 ans

Poids N ou < Obésité

Début rapide Insidieux

Circonstance Signes cardin. Découverte fortuite, dépistage


Au diagnostic

Glycémie 15 à 20 mmol/l 7-15 mmol/l

Glycosurie +++ 0 à +++

Cétonurie habituelle Très rare

Complications chroniques retardées Fréquentes d’emblée

Composante héréditaire + +++

Contexte auto immun ++ 0

Syndrome hyperosmolaire 0 ++

Complications chroniques Micro > macro Macro > micro

DIABETE ET GROSSESSE :
• Grossesse survenant chez une diabétique :
- En général, diabétique de type 1
- Parfois, diabétique de type 2
• Conséquences de l’hyperglycémie sur le fœtus
- En début de grossesse : malformations.
- Au 2ème et 3ème trimestre: hyperinsulinisme fœtal (macrosomie et retard de
maturation pulmonaire).
- Accouchement: hypoglycémie néo-natale.

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• Modalités de prise en charge :


- Test de dépistage : O’Sullivan
▪ Glycémie veineuse 1h après prise de 50g de glucose
▪ Positif si glycémie > 1.40 g/l
▪ Si glycémie > 2 g/l : DG
- Test diagnostic: HGPO à 100g
T0 : 0.95 g/l ; T60: 1.80 g/l ; T120 : 1.55 g/l ; T180 : 1.40 g/l.
2 valeurs > aux valeurs indiquées : DG

Objectifs glycémiques :
➢ Glycémie à jeun < 0.95 g/l
➢ Glycémie à 2 h < 1.20 g/l

Complications aiguës (métaboliques) du diabète


a- L’hypoglycémie
- accident thérapeutique le plus fréquent chez le diabétique.
- Signes cliniques: malaise avec sueurs, tremblements, palpitations, vertiges, agressivité,
manifestations psychiatriques.
- Diagnostic : glycémie < 0,50 g/l.

b. Coma acidocétosique
- Révèle ou complique le D1
- Carence profonde en insuline révélatrice du diabète.
- Aspect de gastroentérite fébrile avec déshydratation, altération de l’état général.
Chez le diabétique, la cellule est en manque de glucose. Il s’en suit que la cellule va
puiser sa source d’énergie à partir de la dégradation des AG du fait de l’absence de
l’insuline, seule inhibiteur de la lipase adipocytaire. Cette fourniture d’énergie
s’accompagne d’une accumulation d’acétyl CoA dont la voie principale de réutilisation est
la synthèse des corps cétoniques tels l’acétone (volatile),l’acéto-acétate et le β-
hydroxybutyrate. Ces composés qui existent même dans des situations physiologiques sont
un caractère acide. Leurs accumulation est à l’origine d’une diminution du pH plasmatique
(pH normal = 7.36 – 7.42). Le patient diabétique réagit à cette acidose par des systèmes de
régulation qui sont d’abord le système tampon plasmatique (principalement les
bicarbonates, qui sont réabsorbés au niveau du rein) et la diminution de la pCO 2 par
hyperventilation. Lorsque ce processus de compensation est dépassé, l’acidose devient
sévère (pH < 7.20) et un coma peut alors s’installer.

c. Le coma hyperosmolaire
- Coma avec déshydratation massive chez une personne âgée.
- Grave : 20 à 30% de mortalité.
- Causes : infection, diarrhée, corticoïdes, apport massif de sucres rapides,
déshydratation (canicule).
- Diabète 2 souvent méconnu.

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d. acidose lactique
- un jeûne prolongé.
- Prise de biguanides.
- Atteinte hépatique: hépatite aigue, cirrhose au stade terminale.
- Intoxication alcoolique

Complications chroniques du diabète


Ce sont des complications vasculaires dites dégénératives classées en macro-
angiopathie et micro-angiopathie.
- La macro-angiopathie
Elle est dominée par l’apparition, chez le sujet diabétique, de l’athérome qui est la
conséquence du dysfonctionnement du système de régulation du métabolisme du
cholestérol. L’athérome qui peut toucher les vaisseaux coronariens peut être à l’origine de
l’infarctus du myocarde.
- La micro-angiopathie
L’hyperglycémie chronique entraîne des anomalies dans l’écoulement du flux sanguin, puis
apparition de microthrombi obstruant les microvaisseaux.
Complications de microangiopathie
- La rétinopathie diabétique pouvant aller jusqu’à la cécité,
- La néphropathie diabétique pouvant atteindre l’insuffisance rénale,
- La neuropathie diabétique,
- La coronaropathie diabétique,
- L’artériopathie des membres inférieurs,
- L’artériopathie cérébrale,
- Le pied diabétique : diabétique qui est fragilisé aux infections mycosiques, prévention
par l’éducation.

Traitement :
1. Traitement du diabète de type 1
• Insulinothérapie immédiate : À la pompe sous cutanée+++, à la seringue électrique iv
puis « classique » SC.
• Diététique : Alimentation équilibrée, fractionnée, en connaissant les équivalences
glucidiques. Pas de régime hypocalorique si le poids est normal.

2. traitements du diabète de type 2 :


Non médicamenteux :
Activité physique : thérapeutique fondamentale du diabète, permet d’améliorer
l’insulinosensibilité musculaire. Elle est quotidienne (30 à 60mn /jour) en fonction des
possibilités de chacun.
Diététique :
- Hypocalorique, hypolipidique ++,
- Permet de réduire le tour de taille et le poids.

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Médicamenteux
• Insulinosécréteurs
Sulfamides : Stimulent la sécrétion d’insuline par la cellule béta pancréatique
(DIAMICRON, AMAREL, DAONIL…),
Glinides : Proche des sulfamides mais d’action et d’élimination très rapides (NOVONORM).
• Insulinosensibilisateurs
Biguanides : agissent sur la sensibilité des récepteurs à l’insuline (Metformine),
Glitazones : agissent sur la sensibilité à l’insuline des cellules musculaires, hépatiques, et
les adipocytes (AVANDIA).
Inhibiteurs de l’alphaglucosidase
Diminuent l’absorption du glucose intestinal postprandial (GLUCOR, DIASTABOL).

Paramètres de diagnostique et de surveillance du diabète :


A- glycémie et glycosurie
1. Le dosage du glucose sanguin et urinaire : bandelettes réactives au lit du malade
(Dextrotix = glycémie et bandelettes urinaires = glycosurie corps cétoniques et
protéinurie).
2. Méthode enzymatique à la glucose oxydase: peroxydase (0.70 - 1.10 g/l).

B- Hémoglobine A1C (HbA1C)


Ce paramètre représente le meilleur moyen d’évaluer l’équilibre du diabète. Cela
précise en quelques sortes l’histoire de la glycémie des 120 jours. Ce qui donne lieu à une
fréquence de dosage tous les 3 mois.
L’HbA1C constitue une fraction mineure de l’hémoglobine totale. L’hémoglobine
contenue dans les globules rouges est en contact permanant avec le glucose sanguin. Les
taux normaux (valeurs de références) se situent entre 4 – 6 %.
Parmi les techniques de dosage de L’HbA1C, la méthode de référence reste l’HPLC.
Les taux normaux:
- Diabète très bien équilibré: HbA1C < 6,5%

- Diabète à surveiller: HbA1C entre 6,6% - 8%

- Diabète déséquilibré: HbA1C > 8%

A titre indicatif, une  1% de HbA1C

 30 - 35% Complications microvasculaires  14 % Complications macro vasculaires

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Place de l’HbA1C dans la prise en charge du Diabète Sucré (DS):


- Évaluation de l’équilibre glycémique.
- Adaptation thérapeutique.
- Estimation du risque de complications.

C - Fructosamine
Le terme de fructosamine désigne l’ensemble des protéines glyquées présentes dans le
sérum.
1. l’albumine glyguée représente 80 % de la fructosamine.
2. Le principe est le même que l’HbA1C sauf que le renouvellement des protéines est
beaucoup plus rapide que celui des GR.

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3. La fructosamine est le témoin du niveau moyen du glucose au cours des 2 à 3


dernières semaines.

Méthode de dosage :
Tetrazolium + Fructosamine Bleu de Formazan (520nm)
Normes: 200 - 290 umol/l
Intérêt :
- dans le réajustement du traitement.
- chez les personnes ayant une anomalie dans l’Hb venant fausser le dosage de l’HbA1C.

D- Micro albuminurie :
1. La Microalbuminurie est définie par une excrétion urinaire d’albumine comprise entre
20 et 200 ug /mn ou 30 à 300 mg/24h.
2. Une excrétion supérieure à 30 mg/24h signe un résultat positif. Cette positivité n’est
corrélée au diabète que si:
- Elle est retrouvée plusieurs fois,
- Aucune pathologie urinaire n’est observée
Elle est dosée par des méthodes immunochimiques (immunoturbidimetrie).

E- Autres bilans biologiques à surveiller :


− Profil lipidique: LDL, TG, HDL annuel ou semestriel,
− Créatininémie,
− Clairance de la créatinine,
− Protéinurie des 24 heures.

F- dosage à but thérapeutique :


Dosage de l’insulinémie :
Elle n’a de sens que dans certaines atteintes pancréatiques telles qu’une tumeur de type
insulinome qui se traduit par une surproduction d’insuline ; ou dans certaines pancréatites
pouvant s’accompagner d’une diminution de la sécrétion d’insuline.

Dosage du peptide C : l’hydrolyse de la proinsuline donne en quantités équimoléculaires


l’insuline et le peptide C. son intérêt réside dans la recherche d’une insulinosécrétion
résiduelle qui pourrait exister dans le diabète. Ce qui permettrait d’ajuster les doses
d’insuline à administrer. Il est utile de rappeler que l’insuline apportée par le traitement
est produite par génie génétique et ne comprend pas de ce fait de peptide C.

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II. HYPOGLYCEMIES
Le diagnostic d'hypoglycémie repose sur la constatation simultanée de :
- Signes de neuroglucopénie ;
- d'une glycémie basse ;
- et sur la correction des symptômes lors de la normalisation de la glycémie.
C’est la triade de Whipple.
II y a hypoglycémie lorsque le taux sanguin du glucose (méthode à la glucose oxydase) est
inférieur à 0.50 g/l ou 2.5 mmoles /l.
Dans cette définition, 2 points méritent l’attention :
1. Symptômes et glycémie basse doivent être simultanés.
2. Les symptômes spécifiques de neuroglucopénie doivent être différenciés de ceux, peu
spécifiques et inconstants, de la réaction adrénergique qui accompagne l'hypoglycémie.
Ainsi, une glycémie basse isolée ne suffit pas à porter le diagnostic : la glycémie
normale d'une femme après 72 heures de jeûne peut atteindre 0,30 g/l (1,7 mol/l). La
correction des symptômes se fait après prise d'une boisson sucrée.
La glycémie seuil habituellement retenue pour le diagnostic d'une hypoglycémie en
dehors du diabète est de 0,50 g/l (2,8 mmol/l). Chez le diabétique, la valeur retenue est
0.60 g/l (3,3 mmol/l).

Classification physiopathologique
1) Déficits enzymatiques :
− de la glycogénolyse : glycogénose de type III ou de type VI,

− de la néoglucogenèse ou de la glycogénèse par carence en glucose 6 phosphatase (type

I), en glycogène synthétase, en fructose phosphatase, en phosphoénol pyruvate


carboxylase, en pyruvate carboxylase,
− intolérances au fructose, galactose, glycérol,

− aminoacidopathies

2) Défauts de substrats :
Nutrition : Kwashiorkor, jeune prolongé, hypoglycémie récurrente avec cétose.
3) Hyperinsulinisme :
Pharmacologie : diabète traité par l’insuline, ADO, tumeurs pancréatiques,
insulinomes…
4) Déficits endocriniens :
Insuffisance hypophysaire tumorale, déficit en HGH, déficit ou non réponse à l’ACTH,
hyperplasie congénitale des surrénales, insuffisance surrénalienne.
5) Diverses ou acquises:
− toxiques (alcools, agents hypoglycémiants, aspirine),
− insuffisance hépatocellulaire (hépatites).
Remarque : L’alcool, par son propre métabolisme hépatique, peut occasionner l’inhibition
de la néoglucogenèse.
6) Idiopathique

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Manifestations cliniques :
L'hypoglycémie se manifeste souvent en dessous de 0,50 à 0,55 g/l par deux séries de
signes:
Signe d'alarme en rapport avec la mise en jeu du système nerveux végétatif :
− Décharge adrénergique précoce,
−  du débit cérébral et vasoconstriction périphérique,
− Mise en jeu du parasympathique responsable des signes digestifs.
Signe de souffrance neuronale :
En dehors du jeûne prolongé, le cerveau consomme presque exclusivement du glucose et
est totalement dépendant de l'apport de glucose par le sang.
La souffrance neurologique
− est à l'origine de manifestations cliniques réversibles dans un premier temps,
− et de l'activation du système nerveux végétatif.
Si elle se prolonge, elle aboutit à la mort cellulaire.

A. Manifestations cliniques mineures :


1. Signes d'activation du SNA (système nerveux autonome)
Tachycardies, palpitation, Pâleur, sueurs froides, tremblement, céphalées et lipothymies
(perte de connaissance incomplète et passagère mais ce n'est en aucun cas une maladie),
sensation de faim impérieuse, douleurs abdominales.
2. Signes de glucopénie:
Asthénie, difficulté de concentration, modification de thymie, diplopie (double vision), flou
visuel.
B. Manifestation cliniques graves :
Ce sont surtout des troubles neuropsychiques :
− Confusion ou troubles du comportement divers, convulsions, syndrome déficitaire,
− À l'extrême, coma hypoglycémique, d'abord agité avec hypertonie, hyperréflexie
ostéotendineuse, Babinski bilatéral dans un contexte de pâleur, sueurs froides et
hypothermie. Mais si l'hypoglycémie se prolonge, le coma devient calme, aréflexie.
Ces manifestations graves sont non exceptionnellement suivies de séquelles neurologiques
ou psychiques.

II.1. GALACTOSEMIE
Maladie héréditaire autosomique récessive rare. C’est une enzymopathie. Le terme
de galactosémie désigne deux erreurs innées du métabolisme du galactose.
On en reconnait deux types :
• La galactosémie "classique" est due à un déficit en ″GAL-1-P Uridyl transférase″
(GALT), elle est typiquement associée à une cataracte, un retard mental et une
cirrhose.
• Le deuxième type, déficit en galactokinase, entraîne principalement une cataracte.

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Normalement, le galactose absorbé est transformé en glucose au niveau du foie. La


première réaction de cette voie concerne la phosphorylation du galactose en galactose-1-P
par la galactokinase. Puis le galactose-1-P en glucose-1-P par la GALT. Cette réaction est
réversible grâce à une épimérase.
Conséquences métaboliques :
Dans la galactosémie classique, le déficit en GALT entraîne l'accumulation de
galactose-1-phosphate et de galactose.
Dans le déficit en galactokinase, le galactose s'accumule dans le sang et les tissus.
Le Gal-1-P inhibe les enzymes de la glycolyse et de la gluconéogenèse.
Le galactose peut aussi entrer dans plusieurs voies métaboliques
Le galactose peut être oxydé de façon limitée par une galactose oxydase
aboutissant à la formation d'acide galactosique, de xylulose et de CO2.
Dans le cristallin, le galactose est transformé par l'intermédiaire d'une aldose
réductase en galactitol, s'accumule dans le cristallin, en conséquence de quoi, il entraîne
une hyperhydratation avec diminution du glutathion lenticulaire qui provoque l'apparition
d'une cataracte.

Signes cliniques :
L'enfant refuse ses biberons, se met à vomir et perd du poids. Un ictère, une
hépatomégalie et l'évidence d'une affection hépatique apparaissent. La cataracte n'est
habituellement pas présente à la naissance mais se développe petit à petit sur une période
de quelques semaines à quelques mois. Le retard mental est difficile à détecter et ne
devient réellement évident qu'après 6 à 12 mois d'évolution. Pendant la période
néonatale, La seule manifestation clinique évocatrice du déficit en galactokinase est la
formation d'une cataracte.

Traitement :
Exclure du régime le galactose et les aliments qui en contiennent et
particulièrement le lait. Les substitues du lait qui peuvent être employés sont le
Dextrimaltose, et le Nutramigen.
Une amélioration spectaculaire peut être constatée chez le nourrisson galactosémique
auquel on donne un régime sans galactose, et tous les symptômes, excepté le retard,
mental disparaissent complètement.

II.2. INTOLERANCE HEREDITAIRE AU FRUCTOSE :


Cette pathologie est due à un déficit en fructose 1-P aldolase 2. C'est une maladie grave
pouvant être rapidement mortelle si l'apport en fructose est maintenu.
Conséquences métaboliques :
1) Accumulation de fructose 1-P à l'origine des lésions toxiques, un apport en fructose
déclenche une hypoglycémie sévère (le F 1-P inhibe plusieurs enzymes in vitro).
2)  du F-1-P après un apport, l'épuration hépatique se trouvant diminuée, par conséquent
il y a  de fructosémie.

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Clinique :
Les nouveaux nés ne présentent aucun trouble à la naissance, après la
diversification, il apparaît un syndrome aigu quelques dizaines de minutes après ingestion
de fructose : on note des vomissements et une hypoglycémie sévère.
Si on élimine le fructose, les signes disparaissent rapidement. Si au contraire les
apports sont poursuivis, il s'installe rapidement une déshydratation et une dénutrition.
On ne constate jamais de diarrhée et, il ne se développe ni troubles oculaires ni retard
mental contrairement à la galactosémie.

Diagnostic :
Examen de première intention :
a. L'hypoglycémie postprandiale est l'élément clé pour la recherche du fructose.
b. Recherche de fructose dans les urines par la liqueur de Fehling puis par CCM.
Exploration biochimique pour confirmer le diagnostic :
c. Epreuve de charge au fructose :
30 g de fructose /m2 sous forme de soluté à 20 % on prélève à t0 , 30, 60, 120 et 180
minutes et on dose le glucose et le fructose.
- La fructosémie chez un sujet normal est de 0,15 à 0,20 g/l à la 60éme minute,
- la glycémie varie au cours de l'épreuve,
- la fructosurie et la glucosurie restent négatives.
En cas d'intolérance au fructose, on observe une fructosémie élevée, de 0,2 à 1 g/l et
persiste plus de 2 heures. L'hypoglycémie se manifeste à la 30éme minute et atteint un
maximum après 1 heure.
d. Mesure de l'activité de la F 1-P aldolase sur biopsie de foie dont l'activité est
extrêmement faible.

Traitement :
Elimination du fructose de l’alimentation à vie.

II.3. LES GLYCOGENOSES


Définition des glycogénoses :
• Ce sont des maladies qui se manifestent par une accumulation anormale de glycogène
dans différents tissus en fonction de l’enzyme déficiente.
• Actuellement 8 glycogénoses sont décrites, ce sont toutes des maladies autosomiques à
transmission récessive sauf la glycogénose type VIII qui est liée au chromosome X.

1. Glycogénose de type I ou maladie de VON GIERKE :


Les glycogénoses de type I sont dues à un dysfonctionnement du système de la
glucose-6-phosphatase. Le glucose-6-P n’est pas converti en glucose. C’est la forme la plus
fréquente. C’est en général une atteinte hépato-rénale engendrant une hypoglycémie
sévère allant jusqu’aux convulsions (le jeûne est mal toléré).

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Le début survient généralement dès les premières semaines de vie avec


hépatomégalie très importante due à une augmentation du glycogène et de ses
métabolites (cholestérol, TG, acide urique).
Le traitement essentiellement diététique vise à corriger les troubles métaboliques, éviter
les atteintes neurologiques. Le régime inclue une alimentation entérale (usage de sonde)
nocturne et des repas à base d’amidon fréquents dans la journée. Des apports en fructose
et galactose risquent d'aggraver I'hyperlactacidemie.

Méthodes de diagnostic biologique


▪ Le bilan de base à jeun révèle une hypoglycémie, une hyperlactacidemie, une
hypertriglycéridémie, une hypercholestérolémie et une hyperuricémie dans 50 % des cas.
▪ Les tests indirects :
Les tests indirects montrent une absence de réponse glycémique et une aggravation de
l'hyperlactacidemie après injection de glucagon (1 mg/m2 de surface corporelle) à jeun ou
2 heures après un repas riche en glucides. L'injection de galactose à 1 g/kg ne permet pas
de corriger I'hypoglycémie ou ne provoque pas d'hyperglycémie.
▪ L'étude du système de la glucose-6-phosphatase dans une biopsie de foie.
Diagnostic génotypique
60 mutations ont été identifiées. L'identification des mutations permet le diagnostic des
hétérozygotes et facilite le conseil génétique dans les familles.

2. Glycogénose de type II ou maladie de POMPE :


La glycogénose de type II est due à un déficit en α-1,4-glucosidase acide ou maltase
acide lysosomiale. Le glycogène de structure normale s’accumule dans le lysosome, ce qui
se traduit par une dégradation tissulaire d’ordre mécanique. C’est une affection à
transmission autosomique récessive touchant presque tous les tissus et qui peut se
manifester sous des formes différentes, selon l'âge de début et les organes atteints. Les
symptômes cliniques sont les faiblesses musculaire et respiratoire et une atteinte
cardiaque (fatale).
On peut distinguer trois formes.
- La forme infantile est la plus fréquente et la plus grave. Elle débute avant 3 mois :
hypotonie, pseudohypertrophie musculaire, atteinte des muscles respiratoires. Le cœur est
rapidement défaillant et habituellement très gros (cardiomégalie).
- La forme adulte de la maladie survient au-delà de 20 ans (entre 20 - 70 ans) : sans
atteinte cardiaque, faiblesse musculaire lentement évolutive.
- Maladie de Pompe à début tardif.
Diagnostic
Le diagnostic de la glycogénose de type II est basé sur la mise en évidence de l'absence ou
du déficit de l'enzyme maltase acide. L'examen est pratiqué par prélèvement sanguin sur
les leucocytes, dans les cultures de fibroblastes de la peau et par prélèvements de tissu
musculaire et/ou de foie. L'analyse de la biopsie musculaire montre une accumulation de

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glycogène (de structure normale) dans les vacuoles.


Le diagnostic moléculaire réalisé à partir de l'ADN (après prélèvement de sang) doit être
fait à cause de l'existence d'une cinquantaine de mutations connues à ce jour.
Traitement
Limiter les efforts, aménager des temps de repos, surveiller le régime alimentaire, lutter
contre les infections respiratoires…

3. Glycogénose de type III ou maladie de FORBES:


La glycogénose de type III est due au mauvais fonctionnement de l'enzyme
débranchant ou amylo 1-6 glucosidase dans les muscles ou dans le foie ou dans ces deux
tissus à la fois.
Sur le plan physiopathologique, ceci se traduit par une accumulation d’un glycogène de
structure anormale au niveau des points de branchements.
Cliniquement, il ya une hypoglycémie (moins sévères que dans le type I), une
hépatomégalie et un retard de croissance structural.
Le traitement peut se résumer en des repas fréquents, un régime riche en protides et une
supplémentation en amidon.

4. Glycogénose de type IV ou maladie d’ANDERSEN:


Elle est due à un déficit en enzyme branchant. Ce qui donne une anomalie de
structure. Elle entraîne l’accumulation de glycogène à chaines périphériques longues, le
glycogène ressemble à de l’amylopectine, un constituant de l’amidon, très peu soluble
dans l’eau.
Elle se manifeste par une hépatomégalie, cirrhose et ascite. Ceci par le fait du risque
de stimulation du système immunitaire. Ce qui s’explique par l’attaque du glycogène
normal.
Le diagnostic est posé par dosage de l’activité de l’enzyme branchant leucocytaire.

5. Glycogénose de type V ou maladie de Mc ARDLE:


La glycogénose de type V est due au déficit d'une enzyme, la phosphorylase
musculaire (b) (myophosphorylase).
Il en résulte une accumulation d’un glycogène musculaire par impossibilité de dégradation
(recherche de lactates dans le sang veineux).
Il n’existe pas de traitement spécifique sauf limiter l’exercice musculaire. C’est une
pathologie à bon pronostic à long terme.

6. Glycogénose de type VI ou maladie de HERS:


Appelée également maladie de Hers (chr 14), est due à un déficit en «
phosphorylase hépatique »; elle entraîne une hypoglycémie, une acidose et la perturbation
d’autres paramètres (TG, Chol ...).
Le diagnostic est posé par dosage de l’activité enzymatique sur biopsie hépatique.

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7. Glycogénose de type VII :


Dans la glycogénose de type VII, il y a un déficit de l'enzyme phosphofructokinase. Il en
résulte une insuffisance d'apport énergétique lors de l'effort musculaire et une
accumulation de glycogène dans les muscles.
C'est une maladie très rare. Elle touche environ une trentaine de personnes.

Type Enzyme Organe hypoglycémie acidose Autre


déficiente affecté paramètre

I Von Glu 6-Pase Foie, rein Hyperuricémie


+++ +
Gierke intestin Chol, TG  

II Pompe Maltase acide ou Foie _


cœur _ _
α-1,4-glucosidase

III Forbes Enzyme Foie Hyperuricémie


+ _
Débranchant Muscle Chol, TG  

IV Andersen Enzyme Foie _


_ _
branchant

V McArdle Phosphorylase Muscle Myoglobinurie


_ _
musculaire après effort

VI Hers Phosphorylase Foie +


+ +
hépatique

VII Tarui PFK Muscle Anémie


+ _
GR hémolytique

VIII Lewis Glycogène Foie rein _


++ _
synthétase

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